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L'Alcazar de Séville
Mille ans d'histoire andalouse

Classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1987, l'Alcazar constitue au cœur de Séville un extraordinaire ensemble de palais, cours, patios et jardins. Son histoire remonte au IXe siècle, aux premiers siècles de la domination arabe. Si la plupart des édifices qui s'offrent aujourd'hui au regard furent bâtis à l'initiative des rois chrétiens d'Espagne, l'influence mauresque fut à jamais inscrite dans la pierre à l'époque de Pierre Ier le Cruel (1350-1369), qui souhaitait, pour sa résidence sévillane, le même faste que celui déployé à Grenade par son contemporain Muhammad V, le souverain nasride installé à l'Alhambra. Le roi de Castille fit ainsi appel à nombre d'artistes musulmans ou chrétiens, ayant parfaitement assimilé ce double héritage, et l'Alcazar devint le fleuron de l'art de cour mudéjar.
Malgré les nombreuses transformations qu'il subit au cours des siècles, l'empreinte arabo-andalouse demeure partout dominante. En 1831, le marquis de Custine s'exclamait : « Vous ne lisez plus les Mille et Une Nuits, vous les jouez : vous vivez de la poésie, de la vie de l'Orient » ou encore : « On s'abandonne à l'impression magique d'un monument bâti par des fées. Ce n'est plus de la pierre, du marbre, du jaspe, du bois, c'est de l'étoffe, c'est un palais de draperies ouvragées, un temple de mousseline brochée, une prison de brocart » !
Citadelle d'al-Andalus
Le terme « alcazar » vient de l'arabe al Kasr ou al Ksar, qui signifiait « château », « citadelle ». Sa construction commence en 844, sous le règne d'Abd al-Rahamn II, émir de Cordoue. L'Alcazar sert alors de résidence aux représentants locaux des maîtres du « pays des Vandales » devenu al-Andalus, mais c'est à partir de 1031, après la chute du califat, qu'il devient véritablement un somptueux palais princier, sous l'égide des Abbadides, puis des Almohades. Au XIIe siècle, ces derniers élisent Séville comme capitale de leur royaume, et leur souvenir transparaît encore aujourd'hui dans le Patio de Yeso où s'étire un long jardin rectangulaire dont le raffinement et la quiétude donnent à imaginer la beauté et le faste d'antan. Traversé en son centre par un canal, il est bordé vers l'intérieur d'un portique ouvragé dont les sept arcades, en dentelle de pierre, semblent suspendues dans les airs.
Le style mudéjar et l'apogée artistique de l'Alcazar
Après avoir reconquis Séville en 1248, le roi de Castille, Ferdinand III, installe sa cour à l'Alcazar, qu'il marque de son empreinte en modifiant l'ordonnance générale des bâtiments. Par la suite, son fils Alphonse X le Sage, roi, poète et musicien, auteur des Cantigas de Santa Maria, fait édifier un palais gothique qui sera presque totalement remanié à l'époque de Charles Quint. Mais c'est surtout sous le règne de Pierre Ier (1350-1369) que l'Alcazar se pare du visage que nous lui connaissons aujourd'hui. Après avoir franchi la porte du Lion, au nord-est d'une enceinte crénelée, on pénètre par la cour sur une ancienne salle d'audience, où Pierre, surnommé « le Cruel », avait l'habitude de rendre la justice, sans pour autant hésiter à faire couler le sang. Pourtant, ce qui prévaut alors dans l'esprit du visiteur, ce n'est pas ce terrible souvenir, ni la réputation sulfureuse du souverain, mais bien l'extraordinaire apogée artistique atteint sous son règne.
En effet, au-delà des trois arcs ajourés délimitant ce premier patio, on aperçoit la façade de son palais éponyme – le palacio de don Pedro – chef-d'œuvre de l'art mudéjar, réalisé par des artisans maures venus de la Grenade nasride. Dentelle ciselée, arcades lancéolées, rangée de fines ouvertures ponctuées de colonnes légères confèrent à l'édifice sa délicatesse ornementale d'inspiration toute orientale. Au sommet, une frise en carreaux de faïence blancs et bleus, appelés « azulejos », indique en écriture coufique : « Il n'y pas d'autre vainqueur qu'Allah », et seule une inscription gothique, figurant à côté des armes de Castille et de Léon, nous rappelle que l'édifice vit le jour en 1364 sous domination chrétienne.
Les artistes musulmans étaient passés maîtres aussi dans l'art du gypse et des plafonds marquetés. Nombre des plus belles pièces de l'Alcazar furent décorées par eux ou par leurs émules chrétiens. C'est notamment le cas du splendide salon des Ambassadeurs dont la coupole en bois de cèdre fut réalisée en 1427 par Diego Ruiz. Les murs couverts d'or, mais aussi de stuc et de faïences multicolores demeurent en revanche inchangés depuis l'époque de Pierre Ier et les triples baies intérieures, épousant la forme d'un fer à cheval, sont posées à même de puissants piliers, eux-mêmes issus d'anciens palais mauresques.
L'Alcazar, témoin intemporel de la grandeur de l'Espagne
Cette influence mudéjare perdurera de longues années encore dans les réalisations ultérieures des rois ou reines d'Espagne, en s'associant harmonieusement aux goûts du temps. Ainsi, dans le salon des Amiraux, Isabelle la Catholique fera installer un plafond à caissons, aux incrustations géométriques peintes et dorées. Dans ce décor, mêlant le souvenir de l'Orient à l'esthétique de la Renaissance, elle fondera en 1503 la Chambre de commerce des Indes. Christophe Colomb y sera reçu après son second voyage en Amérique et Magellan avant d'accomplir son premier tour du monde. La chapelle attenante abrite d'ailleurs le magnifique retable de La Madone des navigateurs, réalisé par Alejo Fernandez dans la décennie 1530. Telle une Vierge de miséricorde, elle étend son manteau protecteur au-dessus des marins associés aux grandes découvertes.
En 1526, est réalisé le pavillon de Charles Quint, à l'occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal. Ici encore, c'est une véritable symbiose des styles artistiques qui s'opère et l'on décèle à nouveau, associée aux décors de carreaux d'inspiration Renaissance, l'influence mauresque des siècles passés, inscrite dans les plafonds marquetées et les décors de stucs. Détruite par le terrible séisme de 1755, l'entrée est par la suite transformée en un majestueux portique baroque. Au milieu du XIXe siècle enfin, les Bourbons engagent dans certaines salles des palais de l'Alcazar des restaurations qui, rompant cette fois véritablement avec l'ancien esprit des lieux, introduisent l'esthétique néoclassique. Souvent contestées, elles traduisent aussi le goût d'une époque et parachèvent, mille ans après sa fondation, un ensemble architectural considéré comme le plus vieux palais royal d'Europe.

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Hauts lieux d'Andalousie, Séville, Grenade, Cordoue
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