Etendu
sur plus de 1 900 000 kilomètres carrés, peuplé de 250 millions d'habitants (la
quatrième population du monde après celles de la Chine, de l'Inde
et des Etats-Unis), l'archipel indonésien demeure très mal connu en
Europe, si l'on excepte les souvenirs exotiques de la Nouvelle-Guinée
des Papous ou du Bornéo des Dayaks, et les images touristiques du
sanctuaire de Borobudur ou des danses traditionnelles balinaises. La
nature volcanique du pays a également de quoi fasciner tous ceux qui
affectionnent les spectacles offerts par Les Rendez-Vous du diable,
mais les anciennes Indes néerlandaises sont aussi riches d'une
histoire et d'un héritage culturel tout à fait exceptionnels. Très
tôt, cette Insulinde a vu se développer des sociétés complexes
rapidement soumises, dans les îles les plus peuplées et les plus
favorables à l'installation humaine, aux influences de la
civilisation indienne. Gagnées à l'hindouisme puis au bouddhisme,
elles entretiennent également des relations avec le monde
indochinois, avec le Champa et le royaume khmer du Cambodge ou le
Siam, sans oublier les contacts avec les commerçants persans puis
arabes qui seront les principaux vecteurs de la progression, pour une
fois pacifique, de l'islam dans sa version chaféite. C'est ce monde
complexe que vont atteindre, au début du XVIe siècle, les
navigateurs et conquérants portugais, à l'époque où ils faisaient
de l'océan Indien leur espace réservé et poussaient même, au delà
de Malacca, jusqu'aux Moluques, à Macao et au Japon. Petit royaume
aux ressources limitées, le Portugal ne peut, quels que soient les
mérites de ses marins et de ses soldats, maintenir longtemps son
empire des épices, et il est rapidement supplanté par ses rivaux
hollandais et anglais sur les mers d'Asie du Sud. C'est le temps qui
voit la Compagnie hollandaise des Indes orientales installer sur la
région un pouvoir sans partage, avant que la Révolution française
et ses répliques ne viennent transformer en colonie des Pays-Bas un
archipel divisé le plus souvent entre principautés et royaumes
rivaux. Véritable laboratoire de l'exploitation coloniale, les Indes
néerlandaises ne peuvent survivre au grand suicide européen de
1914-1945 et c'est tout naturellement que le nationalisme indonésien,
né en réaction à la domination occidentale et encouragé par le
Japon, puis par les Etats-Unis, voit ses efforts et ses sacrifices
finalement récompensés par l'accès à l'indépendance en 1949.
Elle est largement dévoyée par les dérives autoritaires et par les
incohérences du régime de Sukarno, le « père » de la nouvelle
nation, mais l'effacement de ce dernier laisse la place à un régime
militaire, certes modernisateur, mais autoritaire et affecté par la
corruption. Les troubles qui accompagnent la fin de cette séquence
politique accouchent difficilement d'une république qui demeure
imparfaite, mais qui ouvre des perspectives de développement et
d'insertion dans la mondialisation économique, porteuses d'espoir
pour un pays s'inspirant des modèles du Japon, de la Corée du Sud
ou de la Chine. En paix avec ses voisins et soucieuse de
développement, l'Indonésie du président Susilo Bambang Yudhoyono
regarde l'avenir avec confiance, même si la radicalisation d'une
partie de sa population musulmane, longtemps sous-estimée,
constitue un défi redoutable.
Des îles équatoriales au relief tourmenté
Le
nom de l'Indonésie s'est tardivement imposé, au début du XXe
siècle. Il réunit deux mots grecs évoquant, l'un le monde et les
hommes de l'Inde, l'autre signifiant « l'île » (nêsos). C'est
l'ethnologue anglais George Earl qui, en 1850, crée le terme
d'Hindunesians
pour désigner les habitants des archipels d'Asie du Sud et c'est
l'un de ses étudiants, James Richardson Logan, qui utilise le nom
d'Indonésie
comme synonyme « d'archipel indien ». Les Hollandais parlent plutôt
à l'époque « d'archipel malais » ou « d'Indes orientales
néerlandaises ». Le terme d'Insulinde, aujourd'hui bien vieilli, a
également eu ses partisans.
Dans ses limites nationales d'aujourd'hui, l'Indonésie compte
plus de treize mille îles, réparties au nord et au sud de
l'équateur. Seules six mille sont habitées et moins d'un millier
le sont de façon permanente. De Sabang, au nord-ouest de Sumatra, à
Merauke, à la frontière orientale de l'Irian Jaya (la partie
indonésienne de la Nouvelle-Guinée), le territoire s'étend sur
5 000 kilomètres d'ouest en est et sur 2 000 kilomètres du nord au sud, et correspond
à une superficie d'un peu moins de deux millions de kilomètres carrés, mais sur un
espace qui s'étendrait de Lisbonne jusqu'à Téhéran. Les quatre
îles les plus grandes sont Kalimantan (Bornéo, qui n'est pas exclusivement indonésienne, 540 000 kilomètres carrés), Sumatra (473 000 kilomètres carrés),
Sulawesi ou Célèbes (189 000 kilomètres carrés) et Java (132 000 kilomètres carrés). La Nouvelle-Guinée occidentale (Irian Jaya), qui correspond à un autre monde,
s'étend, pour sa part, sur 421 000 kilomètres carrés. Vers l'est, l'archipel des
Moluques a une superficie de 74 500 kilomètres carrés² et, vers le sud, les îles de
la Sonde (Lombok, Flores, Timor, Sumba...) comptent seulement pour 67
000 kilomètres carrés. Le morcellement insulaire est le résultat de violents
plissements tertiaires engendrés par le contact entre la plaque
indienne, la plaque eurasiatique et la plaque australienne. Le
relief, jeune et violent, est marqué par le volcanisme et par la
fréquence des séismes. Avec ses 4 884 mètres d'altitude, le Puncak Jaya
est, en Irian Jaya, le point culminant de l'archipel indonésien, mais
les reliefs sont partout très énergiques. Les volcans de Sumatra
dépassent 3 000 mètres, tout comme le mont Rantematio à Sulawesi (3 440
mètres) De petites îles telles que Bali, Lombok ou Ceram ont des sommets
supérieurs à 3 000 mètres. A l'inverse, les plaines sont rares et peu
étendues (côte orientale de Sumatra, septentrionale de Java,
méridionale de Kalimantan). Le pays compte 400 volcans, dont 80
actifs, parmi lesquels le Tambora, le Mérapi et le Krakatoa, qui
ont été à l'origine de catastrophes de grande envergure et de
modifications passagères mais importantes de la météorologie
planétaire. L'éruption, il y a 70 000 ans, du supervolcan Toba a
été une catastrophe à l'échelle de la Terre et, plus récemment,
on connaît le bilan tragique (près de 200 000 victimes pour la
seule Indonésie) du tsunami survenu en décembre 2004. L'activité
volcanique a cependant un effet positif en ce qu'elle contribue
largement à la fertilité des sols. Les fleuves les plus longs du
pays, le Mekaham et le Baritio, se trouvent à Kalimantan où la
disposition du relief fait qu'ils bénéficient des eaux fournies par
de vastes bassins d'alimentation.
Sa situation en latitude, son relief, son caractère insulaire et
sa position intermédiaire entre l'Asie et l'Australie déterminent
les caractéristiques climatiques de l'Indonésie. Le climat
équatorial domine, avec son amplitude thermique très faible (les
moyennes de température mensuelle sont autour de 25 et 26 degrés° toute
l'année) et ses pluies abondantes et régulières sur la majeure
partie des territoires (3 à 4 mètres de précipitations annuelles dans la
plupart des stations, avec un maximum de 6 mètres dans les montagnes
centrales de Java). La répartition des pluies introduit toutefois
localement un élément de variété car l'archipel subit l'influence
des moussons. Le climat en général humide (certaines régions
relèvent davantage d'un climat tropical humide proche de l'équateur,
que du climat proprement équatorial, ce qui explique l'existence,
toute relative, de « saisons sèches ») a donné naissance à une
végétation de forêt dense et, quand celle-ci est défrichée, à
une vie végétative qui permet aux agriculteurs de réaliser
plusieurs récoltes annuelles. La forêt a certainement recouvert
jadis l'ensemble de l'archipel, au moins jusqu'au détroit de
Macassar à l'est. Elle occupe encore la majeure partie de l'espace à
Sumatra, à Kalimatan et en Irian Jaya, mais plus que le quart de
celui-ci à Java où la densité de peuplement a entraîné des
défrichements massifs. Le déboisement excessif, notamment en Irian
Jaya, engendre aujourd'hui des problèmes environnementaux propres à
toutes les grandes forêts équatoriales et tropicales du globe.
Même si l'Indonésie entend être, selon sa devise officielle «
diverse et unie à la fois », c'est la variété qui caractérise ses
populations. Certaines ethnies, aborigènes puis protomalaises, sont
longtemps demeurées isolées et primitives (Dayaks de
Borméo-Kalmantan, Bataks de Sumatra, Torajas du centre de Sulawesi,
Papous de l'Irian Jaya) et coexistent avec des populations qui ont
été précocement marquées par l'influence de la civilisation
indienne et ont pratiqué de bonne heure la riziculture (à Java et à
Bali notamment). Cette diversité des ethnies, des sociétés et des
cultures peut apparaître comme un atout, mais peut aussi favoriser
d'éventuelles forces centrifuges qu'entend bien maîtriser le
pouvoir de Jakarta. Cependant, la pratique d'une langue commune –
distincte du javanais qui est celle de la majeure partie de la
population – et les réponses récemment apportées aux
revendications des minorités (à Aceh et aux Moluques notamment)
tendent à atténuer les tensions qui se sont manifestées naguère.
Les
anciens royaumes à l'arrivée de l’islam
Longtemps négligée par les
orientalistes qui se tournaient prioritairement vers les mondes
anciens de l’Inde, de l’Indochine et de la Chine, l’histoire de
l’archipel indonésien est progressivement sortie de l’ombre et
elle est aujourd’hui reconstituée dans ses grandes étapes. Cet
espace insulaire de l’Asie méridionale a connu en effet des
civilisations brillantes au cours de la quinzaine de siècles qui ont
précédé l’arrivée des Portugais. Colonisé par les populations
de type malais qui ont progressivement refoulé les ethnies
installées plus anciennement, l’archipel a vu se développer les
diverses phases de l’évolution préhistorique qui a conduit des
populations de chasseurs-cueilleurs à l’expansion de la
riziculture et à l’apparition de sociétés sédentaires.
Entre-temps, ce carrefour géographique a sans doute été, à la faveur des
glaciations et de la baisse du niveau des mers qui les accompagnait,
un « pont » entre l’Asie du Sud et l’Australie, même
si les étapes de ces migrations anciennes demeurent difficiles à
reconstituer. Quand le monde « indonésien » entre
dans l’Histoire, c’est à travers l’influence qu’exerce sur
lui la civilisation indienne qui se répand durant les siècles
précédant immédiatement l’ère chrétienne. L’hindouisme
s’impose et, avec lui, les fondamentaux de la culture indienne
tels qu’ils s’expriment dans les grands cycles épiques du
Ramayana
et du Mahabharata, mais il est bientôt supplanté par le bouddhisme. Parallèlement, des
ensembles politiques d’envergure se constituent, parmi lesquels se
dégagent successivement, durant la période correspondant à notre
Moyen Age, les empires de Srivijaya et de Modjopahit. Mais les
thalassocraties ainsi établies en Insulinde sont bientôt soumises à
l’influence de l’islam persan ou arabe. C’est à travers les
contacts commerciaux et la conversion progressive des princes locaux
que l’islam va étendre tardivement en Asie du Sud-Est (jusqu’aux
Philippines) son espace géographique. C’est peu de temps après
que les caravelles portugaises vont aborder à Malacca et aux
Moluques, ouvrant une ère nouvelle dans l’histoire de la région.
Au
Pléistocène : le Pithecanthropus
Erectus, dont les restes
fossiles ont été découverts en 1891 à Trinil sur l'île de Java,
fut vraisemblablement le premier habitant de l'Indonésie.
Vers
100 après J.-C. : Le royaume de Dvipantara (Jawa Dwipa)
s’étendant sur Java et Sumatra est mentionné dans des récits
indiens. Introduction à Java d’un système d’écriture issu de
l’Inde du Sud. Des rois hindous règnent dans les environs de Kutaï
(Kalimantan, partie indonésienne de Bornéo).
Autour
de 400 : La première civilisation de Java et de Sumatra est
pétrie d’influences indiennes. C’est à cette époque que sont
introduits le poivre et le teck dans l’archipel.
Autour
de 425 : Le bouddhisme atteint Sumatra. Des commerçants perses
et arabes connaissent dès cette époque l’archipel.
Autour
de 500 : Débuts du royaume de Srivijaya, dans la région de
Palembang à Sumatra.
Autour
de 600 : Le royaume Melayu se développe dans la région de
Jambi à Sumatra. Des archives chinoises de cette période mentionnent ces royaumes et trois autres sur l’île de Java. Vers
670, le voyageur chinois I Ching visite Palembang, la capitale de
Srivijaya. C’est à cette époque que se développe le premier
royaume de Sunda.
686 :
Le royaume de Srivijaya s’empare du royaume de Melayu et s’en
prend aussi aux royaumes de Java.
Vers
700 : Srivijaya se lance dans la conquête de Kedah, sur la
péninsule malaise.
Vers
770 : Le roi
Sailendra entreprend la construction de Borobudur, achevée vers 825
sous le règne de son successeur Samaratunga.
835 :
Samaratunga s’éteint. Son jeune fils Balaputra voit son trône
pris par le père du mari de sa sœur, Patapan de Sanjaya, lequel
remplace sur Java le bouddhisme par l’hindouisme.
846 :
Un représentant du
calife al-Mutawakkil de Bagdad visite l’île de Tidore, dans
l’archipel des Moluques.
Vers
850 : Le Ramayana est
traduit dès cette époque dans un vieil idiome javanais.
898 :
Le roi Balitung, héritier de la lignée des princes Sanjaya, apparue
en 732, impose son pouvoir sur le centre de Java, autour de Mataram.
910 :
Le roi Daksa succède à
Balitung et commence l’édification des plus importants temples
hindous à Prambanan.
929 :
Le roi Sanjaya Mpu Sindok prend le pouvoir et déplace sa cour de
Mataram vers l’est de Java (près de Jombang) après une violente
éruption du volcan Mérapi.
985 :
Dharmavamsa devient roi de Mataram. Il conquiert Bali et établit un
comptoir à l’ouest de Kalimantan (Bornéo). Il ordonne la
traduction du Mahabharata
en javanais.
990 :
Dharmavamsa envoie, sans succès, une armée outre-mer pour attaquer
le royaume de Srivijaya et prendre Palembang.
992 :
Le roi de Srivijaya envoie un ambassadeur en Chine pour demander une
protection face aux Javanais.
1006 :
Srivijaya attaque et détruit la capitale de Mataram. Dharmavamsa est
tué. Airlangga,
qui n’a alors que 15 ans, échappe à la destruction. S’en
suivent plusieurs années de chaos à l’est de Java.
1017 :
Le roi indien Rajendra Chola attaque Srivijaya.
1019 :
Après avoir vécu en ascète dans les forêts, Airlangga s’impose
sur l’est de Java ; il fonde le royaume Kahuripan, fait la
paix avec Srivijaya et protège aussi bien les hindous que les
bouddhistes. Il étend son pouvoir sur le centre de Java ainsi que sur
Bali. Il est reconnu en Indonésie aujourd’hui comme un modèle en
matière de tolérance religieuse.
1025 :
Rajendra Chola s’empare durant vingt ans de la péninsule malaise
au détriment de Srivijaya. Alors que Srivijaya s’affaiblit,
Airlangga étend la puissance et l’influence du royaume de
Kahuripan.Sous
le règne d’Airlangga, les ports de la côte nord de Java,
particulièrement Surabaya et Tuban, deviennent, pour la première
fois, d’importants centres de commerce.
1030 :
Airlangga se marie avec la fille du roi de Srivijaya. Il divise en
1045 Kahuripan en deux royaumes afin de les donner à ses deux fils ;
il abdique pour vivre une vie d’ascète et meurt
quatre ans plus tard.
1108 :
Fondation du royaume (qui deviendra plus tard un sultanat) de Tidore
(Moluques).
1117 :
Un mariage permet de réunifier le royaume d’Airlangga, désormais
dénommé royaume de Kediri où règne, de 1135 à 1157, Joyoboyo.
C’est l’âge d’or de l’ancienne littérature javanaise.
1221 :
Ken Angrok, potentat
local de Tumapel (non loin de Malang), défait les forces du royaume
de Kediri et le conquiert l’année suivante.
1268-1292 :
Règne du roi Kertanegara qui promeut un syncrétisme d’hindouisme
et de bouddhisme. Il unifie, par alliance ou par conquête militaire,
différents royaumes ou principautés voisins de Java, s’empare de
Bali et réunit Sumatra sous son autorité. On a deux portraits
totalement différents du personnage. Certains le décrivent comme un
ivrogne lubrique, d’autres comme un ascète et un
saint. En 1289, l’empereur chinois Yuan Kubilaï Khan lui envoie
des messagers pour exiger le paiement d’un tribut ; Kertanegara
leur lacère le visage et les renvoie chez eux.
leur
demande de payer unus à Srivijaya.tan (Bornéo).mes de Sumatra et de
>Java0000000000000000000000000000000000000000000000001292 :
Marco Polo fait le tour de Sumatra et de Java. Kertanegara est tué
dans une rébellion de palais ; son gendre Wijaya établit une
nouvelle cour à Majapahit (aujourd’hui Trowulan) alors que Bali
retrouve son indépendance.
Kubilaï
Khan met en place l’invasion de Java par une flotte d’un millier
de navires, mais celle-ci est en partie dispersée par un typhon, et
Majapahit apparaît, avec l’Egypte des Mamelouks et le Japon, comme
l’un des rares pays de l’époque à avoir survécu à une
invasion mongole, car Wijaya, devenu roi, repousse en 1293 les
envahisseurs.
1297 :
Pasai (sur Sumatra) se convertit à l’islam. Le sultan Malek Saleh
est le premier potentat musulman de ce qui deviendra l’Indonésie.
1328 : Odoric
de Pordenone, un moine franciscain italien visite Java, Sumatra et
Kalimantan.
1330 : Gajah
Madah devient Patih (Premier ministre) de Majapahit et régent du
royaume. Une des seules régions à ne pas avoir été conquises par
Majapahit fut la zone sundanaise à l’ouest de Java, le royaume de
Pajajaran. Il paya occasionnellement un tribut au royaume de
Majapahit, mais reste connu pour avoir conservé une certaine
indépendance.
1343 :
Gajah Madah bat le roi de Bali et annexe ainsi l’île au royaume de
Majapahit.Sous
son autorité, ce dernier contrôle un ensemble de territoires sur
lequel il collecte des tributs et qui correspond à l’Indonésie
d’aujourd’hui.
1345 :
Le voyageur et écrivain musulman Ibn Battuta se rend à Pasai
(Sumatra). Il
rapporte que les musulmans qu’il rencontre suivent le rite
shaféite, le rite de la plupart des Indonésiens aujourd’hui.
1350 :
Majapahit s’empare des royaumes islamiques de Pasai et d’Aru,
plus tard de Deli, au nord de Sumatra.
1351 :
Le royaume de Pajajaran devient une
dépendance de Majapahit pour de nombreuses années.
1364 :
Mort de Gajah Madah.
1377 :
Le royaume de Majapahit s’empare de Palembang, dernier témoin de
l’ancienne puissance du Srivijaya.
1389 :
La mort du roi Hayam Wuruk ouvre, jusqu’en 1406, une lutte de
succession difficile et voit le début du déclin du Majapahit.
1400 :
Aceh se converti à l’islam.
1405 :
L’amiral chinois Cheng Ho se rend à Semarang (côte nord de Java), puis à Malacca en 1409.
1414 :
Parameswara – un prince
originaire de Palembang qui a fondé Malacca – se convertit à
l’islam et prend le nom d’Iskandar Syah, après un mariage avec
la fille du sultan de Pasai. Malacca devient alors un sultanat.Les
conversions à l'islam se multiplient quand les souverains locaux
adoptent la nouvelle religion. Aceh et Malacca sont parmi les
premiers territoires à devenir musulmans. La grande partie de Java
ne devient musulmane qu’au début du XVIe siècle. Une première
mosquée est construite sur l’île d’Amboine, dans les Moluques.A
la différence de ce qui s’est passé dans la plupart des régions
gagnées à l’islam, ce n’est pas la conquête militaire, mais la
présence commerciale et la conversion des détenteurs du pouvoir qui
ont ici joué le rôle le plus important.
1419 :
Iskandar Syah de Malacca
se rend en Chine pour demander de l’aide face à la menace
siamoise.
1445 :
A Malacca, la révolte hindoue déclenchée contre l’islam
est brisée.
1447 :
Kertawijaya devient roi
de Majapahit et se convertit à l’islam sur les conseils de sa
femme, Darawati, une princesse de Champa (centre du Vietnam
actuel). Son neveu,
Sunan Ampel, s’efforce
de répandre l’islam autour de Surabaya. Ampel est ainsi le premier
des « neuf saints » (Walisongo), ou prédicateurs qui ont participé
à l’islamisation à Java au cours du XVe siècle.
1456 :
Bhre Wengker devient roi de Majapahit. C’est à cette époque que
Palembang se converti à l’islam.
1475 :
Ternate et Tidore (îles des Moluques) se convertissent à l’islam.
1478 :
La région de Daha se
révolte, et le royaume de Majapahit sombre dans le chaos. La cour de
Majapahit se déplace vers Kediri.
Le
sultan Mahmud de Malacca est considéré comme un monarque faible.
Ses dernières années sur le trône voient d’incessants conflits
avec le Siam, jusqu’au moment où intervient en 1511 la conquête
portugaise.
De la conquête portugaise à la domination hollandaise
L’ouverture du monde réalisée depuis la fin du XVe siècle à
partir de l’Europe atlantique, allait fatalement bouleverser
l’histoire des mondes lointains d’Amérique et d’Asie. Après
avoir réalisé la circumnavigation de l’Afrique et traversé
l’océan Indien pour ouvrir une nouvelle route maritime des Indes,
les Portugais installés à Goa vont tout naturellement pousser vers
l’est en direction de l’Insulinde. Dès 1511, ils s’emparent de
Malacca et sont bientôt présents dans l’archipel indonésien
avant de pousser jusqu’à Macao, au sud de la Chine. Ils vont tirer
grand profit du commerce des épices récoltées dans la région et
vont réussir, pendant près d’un siècle, à faire de l’océan
Indien un lac portugais. Mais les ressources limitées du royaume
lusitanien, son annexion par l’Espagne (1580-1640) et la guerre
avec la Hollande rebelle, dans laquelle les Portugais se trouvent
entraînés, vont faire qu’ils seront progressivement supplantés
par leurs concurrents et ennemis bataves dans cette partie du monde.
1509 :
Attirés par les épices produites dans cette région (clou de
girofle, muscade, poivre...), les Portugais arrivent à Malacca avec
l’intention de prendre le contrôle de leur commerce.
1511 :
Partie de Goa en avril, l’expédition d’Albuquerque s’empare
de Malacca le 10 août, mais les navires portugais affrontent
une tempête et perdent une partie de leur butin en revenant vers
Goa. En décembre, Albuquerque fait partir de Malacca trois
navires qui, sous le commandement d’António de Abreu, doivent
explorer les contrées plus à l’est.
1512 :
L’expédition d’António de Abreu reconnaît Madura (Est de
Java), Bali, Lombok, Aru et les îles Banda (Moluques du Sud). Deux
des navires font naufrage aux îles Banda.Abreu
revient vers Malacca, mais Francisco Serrão poursuit sa route
vers Amboine, Ternate et Tidore.
1513 :
En mars, les Portugais envoient un émissaire auprès du roi
de Pajajaran qui leur permet de construire un fort à Sunda Kelapa
(aujourd’hui Jakarta).
1515 :
Premier voyage portugais sur l’île de Timor. Le Portugais Tomé
Pires, publie la Suma Oriental que trata do Mar Roxo até
aos Chins (Court traité oriental, de la mer Rouge jusqu’aux
Chinois), ouvrage qui décrit l’état politique des territoires
asiatiques et sera une aide précieuse à la décision car il
servira de guide aux capitaines envoyés par Lisbonne.
1521 :
Les Portugais prennent Pasai sur l’île de Sumatra.
1522 :
En février, l’expédition portugaise menée par Antonio da Brito
arrive sur l’île de Banda, atteint Ternate en mai et y construit
un fort. Un autre fort est établi à Hitu, sur l’île d’Amboine.
1526 :
Les Portugais construisent un premier fort sur l’île de Timor.
1527 :
Les sultans de Demak se proclament héritiers du royaume de
Majapahit.
1529 :
Suite au traité de Saragosse conclu entre les rois d’Espagne et du
Portugal, les Moluques sont dévolues au Portugal et les Philippines
à l’Espagne. Le Sacre et La Pensée, deux navires français des frères Parmentier, abordent Sumatra.
1530 :
Surabaya se soumet à Demak qui s’empare de Balambangan, le
dernier Etat hindou à l’est de Java.
1546 :
Saint François Xavier voyage jusqu’à Morotai, Amboine et
Ternate (Moluques).A
cette époque, les missionnaires Portugais commencent à étendre la
religion catholique dans l’archipel, surtout à l’est.
1550 :
Les Portugais entament la construction de forts sur Flores.
1552 :
Aceh envoie une ambassade auprès du sultan ottoman à Istanbul.
1559 :
Les missionnaires portugais posent pied sur Timor.
1560 :
Les Portugais établissent une mission ainsi qu’un poste commercial
à Panarukan (à la pointe est de Java).
1568 :
Aceh attaque sans succès les Portugais à Malacca.
1570 :
Le sultan Khairun de Ternate signe un traité d’amitié avec les
Portugais, mais il est retrouvé empoisonné le jour suivant.
1575 :
Le sultan Babullah chasse les Portugais de Ternate. Ces derniers
construisent alors un fort, en face, sur l’île voisine de Tidore.
1579 :
La principauté musulmane de Banten s’empare des derniers
territoires de Pajajaran et y impose l’islam.En
novembre, Sir Francis Drake arrive à Ternate où il est bien reçu
par le sultan Babullah. Les habitants du royaume de Pajajaran qui ne
se sont pas convertis à l’islam s’établissent dans les
montagnes ; ce groupe deviendra les Badui (à l’ouest de
Java).
1580 :
Le Portugal passe sous la couronne espagnole, ce qui compromet
l’entreprise coloniale portugaise. Sur sa route de retour vers
l’Angleterre, Francis Drake visite Célèbes et Java.Les
navires hollandais commencent leurs voyages en direction des Indes
orientales.
1587 :
Les Portugais signent une trêve avec le sultan d’Aceh.Sir
Thomas Cavendish visite Java.
1593 :
Ternate assiège les Portugais d’Amboine.
1594 :
Un nouveau type de bâtiment pouvant emporter beaucoup de vivres et
une grosse cargaison est construit aux Pays-Bas, alors que se
constituent les premières petites compagnies hollandaises, appelées
« Compagnies des régions lointaines ».
1595 :
Le 2 avril, une expédition hollandaise, placée sous la direction de
Cornelis de Houtman, part en direction des Indes. Elle atteint
Sumatra le 5 juin 1596, puis Banten le 23 juin. Les contacts avec les
indigènes se révèlent difficiles.
1597 :
Les derniers membres de l’expédition de De Houtman (89 sur les 248
du départ) retournent en Hollande non sans emporter avec eux des
épices. A leur retour, de nombreuses autres petites compagnies
hollandaises se forment.
1598 :
Vingt-deux navires hollandais, répartis en cinq expéditions, font
voile vers les Indes.La
seconde expédition de De Houtman ne s’avère pas rentable, mais les
entrepreneurs hollandais perçoivent néanmoins l’important
potentiel que recèle le commerce des épices.
1599 :
L’expédition hollandaise conduite par Van Neck atteint les
Moluques. C’est le début d’un commerce fructueux avec les îles
de Banda, Amboine et Ternate.En
juin, De Houtman est tué lors d’un accrochage avec le sultan
d’Aceh.
1600 :
En septembre, à Amboine, l’amiral hollandais Van den Haghen signe
un traité d’alliance avec la principauté de Hitu contre les
Portugais établis sur l’île.Etablissement
de la Compagnie anglaise des Indes orientales (East India Company)
par la reine Elisabeth Ière, le 31 décembre.
1601 :
Les Portugais envoient depuis Goa une flotte de trente navires, dans
le but d’évincer les Hollandais des Indes orientales, mais les 25
et 27 décembre, elle est battue par cinq
navires hollandais dans le port de Banten.
1602 :
Le 20 mars, plusieurs sociétés hollandaises se réunissent
pour former la Vereenigde Oost-Indische Compagnie (VOC), la compagnie
des Indes orientales, dirigée par le conseil des Dix-Sept (les
fameux « Heeren XVII ») représentant les différentes
régions des Provinces unies. Les Etats-Généraux donnent le
pouvoir à la VOC de lever des armées, construire des forts, de
négocier des traités et de faire la guerre en Asie. La VOC
commence par envoyer de grands navires bien armés aux Indes
orientales (trente-huit les trois premières années). Sir James Lancaster
dirige de son côté une expédition britannique de la compagnie des
Indes orientales ; il atteint Aceh (Sumatra) et établit un poste
commercial à Banten.La
VOC avait quasiment tous les pouvoirs d’un Etat souverain en grande
parie du fait de la distance et de l’état des communications entre
les Provinces unies et l’Asie qui faisaient qu’elle ne pouvait
pas être dirigée directement depuis les Provinces unies.
1603 :
Un poste commercial de la VOC est établi à Banten.
1604 :
L’expédition britannique de la East India Company, sous la
direction de Sir Henry Middleton visite Ternate, Tidore, Amboine, et
Banda.
1605 :
A Amboine, c’est la reddition des Portugais devant les navires de
la VOC.
1606 :
La VOC lance une attaque infructueuse contre les Portugais à
Malacca.
1607 :
En mai, le sultan de Ternate fait appel à la VOC pour le
protéger contre les Espagnols.Goa
se lance dans trois ans de guerre contre le royaume voisin de Bone.
1609 :
La forteresse portugaise de Bacan tombe aux mains de la VOC.
1610 :
Le poste de gouverneur général est créé pour la VOC en Asie, par
le Raad van Indie (le Conseil d’administration des Indes).
1611 :
Les Britanniques commencent à établir de nombreux postes aux Indes
orientales dont Makassar,
Aceh et Jambi.
1613 :
La VOC installe un poste à Timor.
1614 :
Fondation de la ville de Bandung.
1615 :
Création de la première église réformée hollandaise à Amboine.
La VOC, avant tout établissement commercial, sans grand intérêt
pour l’évangélisation, interdisait le catholicisme dans les
territoires sous son contrôle.
1618 :
Jan Pieterzoon Coen devient gouverneur général de la VOC.
Les rapports se font souvent conflictuels avec les royaumes
indigènes.
1619 :
Le 12 mars, les Hollandais nomment Batavia le poste de
Jayakerta (l’actuelle Jakarta). Le 28
mai, Coen arrive à Jayakerta et incendie la ville ancienne, laissant
debout uniquement le poste hollandais qui va devenir le quartier
général de la VOC. En août, la VOC
commence la construction de la nouvelle ville de Batavia.
1620 :
La VOC, sous le commandement de Coen, extermine une grande
partie de la population de Banda afin de prévenir toute
« contrebande ».
1621 :
Les Britanniques établissent un poste commercial à Amboine
(Moluques) où leurs agents sont arrêtés et exécutés par les
Hollandais de la VOC pour « complot » en 1623.
1623 : L’expédition
de Carstenz au profit de la VOC explore la côte sud de la Papouasie
occidentale.Coen
retourne en Hollande. Carpentier devient le nouveau
gouverneur général de la VOC.La
VOC revendique formellement les îles Aru (dans la mer d’Arafura,
entre la Papouasie et Timor).
1625 :
Premières expéditions « Hongi » aux Moluques. Ces
expéditions consistaient en des attaques brutales et meurtrières,
habituellement menées par des alliés indigènes de la VOC, contre
quiconque faisait pousser des clous de girofles sans l’autorisation
de la compagnie.A
cette période, la VOC était probablement la plus grande entreprise
commerciale du monde, avec des dizaines de milliers d’employés.
Les territoires qu’elle contrôlait ne se limitaient pas seulement
à ceux de l’Indonésie actuelle ; en effet, au milieu du XVIIe siècle, ils comprenaient également le Sri Lanka (Ceylan), Taiwan,
la zone du Cap (Afrique australe). La VOC possédaient aussi des
manufactures, des dépôts et des bureaux au Siam (Thaïlande), au
Japon, en Perse, au Yémen ainsi qu’à Canton (Chine).
1636 :
Van Diemen devient gouverneur général de la VOC qui interdit toute correspondance privée (cette interdiction
durera jusqu’en 1701). En pleine période mercantiliste, tout
commerce opéré en dehors de la VOC est considéré comme de la
contrebande et réprimé comme telle.
1640 :
Le Portugal reprend son indépendance vis-à-vis de la couronne espagnole.
1641 :
Le 14 janvier, la VOC s’empare de Malacca, aux mains des
Portugais, avec l’aide du sultan de Johor. Avec la prise de Malacca
par la VOC, c’est le signe de la fin de la présence significative
des Portugais dans la région. Avec la quasi éviction des
Britanniques et des Portugais, et avec Batavia et Amboine à l’abri
relatif des puissances voisines, la VOC est en position de force.
1642 :
En revenant de la Nouvelle-Zélande, Tasman explore les côtes de la
Papouasie occidentale pour le compte de la VOC. Les « statuts
de Batavia », inspirés du droit romain, sont promulgués et
font office de code législatif sur l’ensemble des territoires sous
contrôle de la VOC. Ce code est l’œuvre d’un expert en droit
d’Amsterdam, Joan Maetsuyker, envoyé pour ce faire par la
compagnie aux Indes orientales.
1646 : Le
sultan Agung de Mataram meurt et Susuhunan Amangkurat Ier lui succède.
Mataram contrôle quasiment l’île de Java, excepté Banten et Batavia. Au début du règne d’Amangkurat Ier, ses relations avec la
VOC sont bonnes. Le 24 septembre est signé un traité entre la VOC
et Mataram ; parmi les clauses du traité, une promesse d’aide
mutuelle face à d’éventuels ennemis et l’extradition de
débiteurs en fuite. Les navires de Mataram peuvent commercer dans
tous les ports de la VOC excepté Amboine, Ternate ou Banda
(territoires des Moluques) ; dans le cas où les navires
feraient route vers Malacca, une autorisation est requise auprès de
Batavia.
1652 :
La VOC amène le sultan Mandarsyah de Ternate à Batavia et
lui fait signer un accord stipulant l’interdiction de faire pousser
du clou de girofle.
1659 :
Les soldats de la VOC détruisent Palembang.
1663 :
Banten commence à commercer directement avec Manille (Philippines).Le 6
juillet, c’est le traité de Painan ; les côtes du pays
Minangkabau (dont Padang) deviennent un protectorat de la VOC, la
protégeant des incursions en provenance d’Aceh.
Vers
la fin de la décennie 1660 : Banten commerçait directement avec la Chine,
le Japon, le Siam, l’Inde et l’Arabie ; ses navires
entraient donc en compétition avec les Britanniques, les Français,
les Hollandais de la VOC. Le sultan Agung de Banten était un
farouche opposant du monopole institué par la VOC et souhaitait
entrer en relations commerciales avec qui il souhaitait.
1664 :
Création en France de la Compagnie royale des Indes orientales.
1667 :
L’expédition de la VOC sous le commandement de Speelman force
le sultan de Tidore à se soumettre à la VOC. Les Britanniques
abandonnent toute revendication sur les îles Banda en échange de
l’île de Manhattan (Aujourd'hui New-York).
1669 :
Les commerçants de la VOC à Banjarmasin (Sud de Bornéo) sont
massacrés.
L’archipel
de la Compagnie des Indes orientales (XVIIe-XVIIIe siècle)
La fin du XVIIe siècle et le XVIIIe voient la Compagnie hollandaise
des Indes Orientales – la VOC – exercer une domination à peu près
totale sur la région, dont les produits exportés – les épices
pour l’essentiel – font alors la fortune d’Amsterdam et des
Provinces unies des Pays-Bas. A des milliers de kilomètres de la
métropole néerlandaise, les dirigeants de la Compagnie ont les
mains tout à fait libres pour gouverner leur immense domaine comme
ils l’entendent. S’imposant par la force aux princes locaux ou
entretenant avec eux de profitables alliances, ils imposent aux
indigènes des cultures forcées à vocation spéculative et envoient
leurs capitaines vers les côtes d’Australie ou de Nouvelle Guinée.
Après avoir mis hors-jeu les Portugais – réduits à ne conserver
qu’une partie de l’île de Timor –, ils sont en mesure de
dissuader toute concurrence. Tout va cependant changer avec les
événements révolutionnaires qui affectent l’Europe, notamment
les Pays-Bas en 1795 et l’intention des Anglais de profiter de
cette situation.
1670 :
La VOC établit un avant-poste à Bengkalis (une des îles au sud du
détroit de Malacca) et un autre à Perak (à l’entrée du détroit,
en Malaisie actuelle), dans le but de contrôler le commerce de
l’étain.
1672 :
Eruption du volcan Merapi au centre de Java.La
VOC reconnaît Arung Palakka comme roi de Bone.La France de Louis XIV envahit les Pays-Bas, mais ce qui se passe en Europe
affecte très peu les activités de la VOC.
1676 :
La VOC envoie l’amiral Speelman combattre les rebelles
musulmans au nord de Java et à Madura.
1677 : La VOC conclut un traité le 25 février avec le souverain de Mataram
Amangkurat Ier, par lequel la VOC aidera Mataram ; les
territoires de la VOC autour de Batavia seront étendus vers l’est ;
la Compagnie est en droit de construire, où elle le souhaitera, des
manufactures ou des dépôts et pourra importer et exporter sans
aucune restriction. Mataram fera en sorte de limiter l’installation
de Malais, d’Arabes ainsi que de tout autre étranger sur son
territoire et dédommagera la VOC pour le travail
accompli par la Compagnie contre la rébellion. Speelman se voit
octroyer, par ailleurs, le droit d’établir des traités au nom
d’Amangkurat Ier.Amangkurat
Ier meurt en juillet. Amangkurat II fait appel à la VOC contre les
rebelles.La
VOC occupe les îles Sangir (ou Sangihe, entre Célèbes et
Mindanao).Durant
cette période, les dirigeants de Mataram empruntent de l’argent à
la VOC, mais aucune des parties n’en tire vraiment bénéfice. Si
les dirigeants de Mataram y perdent leur pouvoir et leur
souveraineté, la VOC, pour sa part, ne verra jamais sa dette
totalement payée.
1684 :
Le 17 avril, la VOC renouvelle le traité de 1659 établi avec
Banten ; les clauses additionnelles affirment le monopole de la VOC
dans le commerce du poivre. Le 28 avril,
la VOC annule la dette du sultan de Banten, à la seule
condition que les précédents traités entre la VOC et Banten seront
respectés.
1686 :
Le 15 février, la VOC obtient un monopole total sur le poivre à
Banten.Amangkurat
II envoie des lettres, sous le sceau du secret, à Johore,
Minangkabau, à la East India Company britannique et même au Siam
pour tenter de trouver de l’aide contre la VOC.
1690 :
Introduction du thé à Java.
1699 :
La VOC introduit la culture du café à Java.
1702 :
Antonio Coelho Guerreiro prend ses fonctions de premier gouverneur en
titre du Timor portugais. Durant le XVIIIe siècle, les
avant-postes portugais sur Timor se limitent à la côte nord.
1705 :
Le 5 octobre, le prince de Mataram signe un accord avec la VOC
: sa dette auprès de la compagnie est effacée ; la partie orientale
de l’île de Madura passe sous contrôle de la VOC et Semarang
devient officiellement une ville sous contrôle de la VOC ; Cirebon
devient, pour sa part, un protectorat de la compagnie ; la VOC obtient
des droits commerciaux étendus ; les navigateurs javanais doivent se
cantonner à leurs zones maritimes immédiates ; Mataram doit fournir
du riz sur demande à la VOC et ce, à un prix fixé par la
compagnie. De plus, les deux parties s’entendent sur le fait
qu’aucune autre nation européenne n’aura le droit de construire
des bâtiments, des fortifications où que ce soit sur Java.
1708 :
Les armées de la VOC débarquent à Surabaya pour combattre
Amangkurat III, qui se rend le 17 juillet, après avoir reçu une
fausse promesse de la VOC (des terres et la liberté s’il se
rendait). Il est en fait arrêté et exilé à Ceylan.
1710 :
La VOC ouvre des mines d’étain à Bangka.
1714 : Le
sultan de Tidore se défait de ses ambitions sur la Papouasie
occidentale au profit de la VOC. A partir de ce moment (surtout après
le traité d’Utrecht de 1713, lequel met fin à treize années de
guerre entre les puissances européennes et leurs colonies), les
Hollandais et la VOC perdent peu à peu de leur influence et les
Britanniques deviennent la puissance coloniale et navale majeure.
1718 : Le nouveau gouverneur général de la
compagnie est Hendrick Zwaardecroon, arrivé dans les Indes
orientales en 1684 comme secrétaire du commissaire général de la
VOC.
1722 :
La VOC se voit octroyer le monopole de l’étain à Bangka et
Belitung par le sultan de Palembang.
1723 :
La VOC commence une production intensive de café à Priangan.
Pendant près d’un siècle, le café de Java dominera le marché
mondial.
1729 :
Le roi de Roti (Timor) devient chrétien.
1735 :
Création des archives officielles de la VOC à Batavia.
1740 :
La VOC débute sa campagne visant à déporter vers Ceylan et
l’Afrique australe, les « Chinois superflus ». Des
rumeurs se répandent disant qu’une fois à bord et en haute mer,
les Chinois seraient éliminés. Certains Chinois commencent alors à
s’armer afin de se défendre. Des émeutes antichinoises éclatent
à Batavia face à cette menace. Au moins dix mille Chinois sont tués
et les quartiers chinois de la ville sont brûlés.
1742 :
La VOC inflige une défaite aux derniers résistants
chinois. Une amnistie générale est décrétée.
1745 :
Le gouverneur général van Imhoff fonde la ville de Buitenzorg
(l’actuelle Bogor).
1751 :
Les forces de la VOC réduisent la rébellion de Banten ; autour de
Batavia, une guérilla se poursuit contre les plantations
de la compagnie.
1756 :
La VOC signe des traités avec les chefs coutumiers des îles de Savu
et de Sumba (petites îles de la Sonde) et avec des chefs locaux de
Timor.
1769 :
Une expédition française dérobe des clous de girofle et de la noix
de muscade à Amboine, brisant ainsi le monopole de la VOC. Les
Portugais construisent un poste à Dili (Timor oriental).
1770 :
Le capitaine britannique James Cook fait relâche à Batavia.
1778 :
Création du Bataviaasch Genootschap van Kunsten en Wetenschappen
(Société batave des Arts et des Sciences) ; ses collections seront
à la base du futur Musée national et de la Bibliothèque
nationale indonésiens.
1780 :
Guerre entre les Pays-Bas et la couronne britannique.
1784 :
Le traité de Paris posant le principe de la liberté des
mers modifie la donne monopolistique hollandaise ; il faut
composer non seulement avec les Britanniques et les autres nations
européennes, mais aussi avec un nouveau venu : les Etats-Unis
d’Amérique. Les Indes orientales sont ouvertes au libre commerce.
1786 :
Les Britanniques fondent Penang sur l’île du même nom (côte nord-ouest de la Malaisie). Le sultan de Banjar de Bornéo cède ses droits
et souveraineté à la VOC.Construction
d’une route reliant Batavia à Bandung.
1795 :
En janvier, des révolutionnaires néerlandais appuyés par les
troupes françaises proclament aux Pays-Bas la République batave. Le
stadhouder des Pays-Bas s’enfuit
à Londres. Le nouvel Etat se
retrouve en guerre avec le Royaume-Uni.Le 7
février, le prince d’Orange, stadhouder de Hollande en exil,
envoie une lettre à tous les gouverneurs coloniaux leur demandant de
se rendre aux Britanniques ; la VOC de Batavia déroge à cet
ordre, mais, en août, la VOC abandonne Malacca au profit de la East
India Company britannique. Réalisation d’un premier
recensement à Java.
1796 :
Le 1er mars, le conseil des Dix-Sept (Heeren XVII)
transfère l’administration de la VOC au comité pour les affaires
des Indes orientales. Les Britanniques occupent Padang (Java) et
Amboine (Moluques).
1797 :
Création à Amsterdam de la Société missionnaire
hollandaise (Nederlands Zendelinggenootschap) pour
« promouvoir le développement du christianisme parmi les
païens ». C’est le début d’une activité intense menée
par les missionnaires protestants aux Indes orientales, pas seulement
à Java et Sumatra, mais également dans les endroits encore peu
explorés, jusqu'en Papouasie occidentale.
1798 :
Le gouvernement hollandais révolutionnaire met fin à la
charte de la VOC et prend à son compte dettes et actifs de la
compagnie. La VOC perdait beaucoup d’argent dans ses intrigues
politico-commerciales et dans le recours à la corruption, à tel
point qu’à la fin du XVIIe siècle, la compagnie était en
faillite totale (elle cessa d’exister officiellement au 1er
janvier 1800).
1799 :
Le 27 avril, le comité pour les affaires des Indes orientales
envoie une lettre d’instruction à Batavia, précisant que les
idées révolutionnaires de la République (liberté et égalité) ne
peuvent pas être appliquées aux Indes. Des
officiers hollandais assiégés à Ternate se rendent aux
Britanniques. En cette année 1799, les
Britanniques avaient pris à leur compte l’ensemble des possessions
et des protectorats de la VOC dans la région, à l’exception de
Java, de Banjarmasin, de Palembang, du Timor occidental et de
Makassar. La plupart de ces territoires reviennent dans le giron
hollandais en 1802 pour être repris toutefois quelques années plus
tard par les Britanniques.
Les
Indes néerlandaises traversent la Révolution et l’Empire
La transformation des Provinces unies en une République batave
proclamée, contre son gré, « République-sœur » de son homologue
française, entraîne d’importants bouleversements pour les Indes
néerlandaises. La Compagnie hollandaise des Indes orientales est
dissoute et c’est le nouveau pouvoir établi à La Haye qui prend
en compte les destinées de l’immense espace colonial bâti à
l’autre bout du monde. Le traité d’Amiens de 1802 ne rétablit
qu’une paix éphémère et les Indes néerlandaises vont très vite
se trouver sous la menace britannique. Placé à la tête de la
colonie, Hermann Daëndels, un officier hollandais attaché aux idées
révolutionnaires, puis à Napoléon, va tenter de transformer
l’archipel tout en essayant d’assurer sa défense. Quand Napoléon
décide d’en finir avec le royaume de Hollande, initialement donné
à son frère Louis, c’est à la France que revient l’archipel,
mais pas pour longtemps, car le rapport des forces est trop
défavorable face à la puissance anglaise. Londres admet cependant
en 1815 la rétrocession de ses Indes orientales au nouveau royaume
des Pays-Bas. Cette période voit également apparaître, dans une
partie de l’archipel un islam inspiré par le wahhabisme
saoudien, celui qui a temporairement pris le contrôle de la
péninsule arabique au début du XIXe siècle. C’est une nouveauté
en des terres acquises jusque-là à l’islam sunnite chaféite.
1800 :
Dissolution officielle de la VOC au 1er janvier ; ses propriétés
reviennent entièrement au gouvernement hollandais.
Le
sultan du Kraton Kanoman de Cirebon se voit interdire Amboine par les
Hollandais.
Une
révolte de basse intensité (mais qui dure néanmoins six ans)
éclate sous la houlette de Bagus Rangen, un homme sans instruction
notable et qui se présente comme fondateur d’une religion
nouvelle ; il a, dit-on, près de dix mille sectateurs.
Jusqu’à l’arrivée du gouverneur Daëndels, seulement une partie
des fonctionnaires hollandais sur place approuvent le gouvernement
d’Amsterdam.
1802 :
Par le traité d’Amiens, Malacca et les Moluques sont restituées
par les Britanniques aux Hollandais.
1803 :
Le gouvernement de la République batave met en place une charte
coloniale rendant le gouvernement des Indes orientales responsable
devant les Pays-Bas (à la différence de la VOC en son temps).
Trois
pèlerins issus du pays Minangkabau reviennent d’un voyage à la
Mecque où ils ont rencontré des partisans du mouvement wahhabite, lequel se développe dans la péninsule arabique. Les trois
pèlerins, appelés « Padri », lancent un mouvement
qui commence à s’étendre dans le pays Minangkabau ; ce
mouvement défend un islam orthodoxe, à l’opposé des pratiques
traditionnelles. Les Britanniques restituent Amboine aux Hollandais.
1806 :
Création du ministère hollandais des Colonies. La République
batave des Pays-Bas, sous contrôle français, devient le royaume de
Hollande, attribué à Louis Bonaparte, frère de Napoléon.
1807 :
Le gouvernement des Pays-Bas, sous influence française, nomme
Hermann Willem Daëndels au poste de gouverneur général des Indes.
Il arrive sur place le 1er janvier 1808. Cet officier
hollandais a participé aux guerres de la Révolution et du Premier
Empire et va se révéler très actif et très énergique.
1808 :
La « période française » des Indes orientales ne va
durer que de février 1808 à août 1811. Daëndels, qui établit sa
résidence à Buitenzorg (aujourd’hui Bogor) doit faire face au
blocus britannique qui paralyse l’économie. Le 18 août, il
redécoupe Java en neuf « préfectures », organise la
défense du territoire et fonctionnarise les princes javanais, les
potentats locaux et chefs de village. Le gouverneur général
développe les communications (la route est-ouest de Java) et crée
un nouveau port à Banten (ouest de Java). Les ouvriers se révoltent
sous l’énormité de la tâche ; le représentant hollandais à
Banten est tué. Daëndels envoie des soldats sur place et remplace le sultan de Banten, exilé à Amboine.
1809 : Daëndels fait construire une route de montagne entre Batavia et
Cirebon.
A
Batavia, Daëndels commence une campagne pour assainir les canaux de
la ville.
1810 :
En mai, les Britanniques reprennent Amboine, Ternate et Tidore.
Napoléon
annexe la Hollande à la France. Daëndels fait hisser le drapeau
français à Batavia.
Stamford
Raffles qui, en 1808, a convaincu les autorités anglaises de
conserver Malacca, rend visite à Lord Minto, gouverneur général
des Indes à Calcutta, pour lui demander instamment de chasser les
Français et les Hollandais de Java ; Lord Minto se laisse
convaincre.
1811 :
En mai, Daëndels est remplacé par Jan Willem Janssens (Daëndels rejoindra bientôt Napoléon en Russie). Le 3 août, les Britanniques
débarquent à Java. Des princes locaux de Banten, qui était encore
une zone de troubles suite aux travaux routiers ordonnés par Daëndels, prennent en otage le sultan de Banten et entrent en
relation avec les Britanniques qui s'emparent de Batavia le 26 août, sous
la direction de Lord Minto. Le 18 septembre, à Salatiga (au centre
de Java), les Hollandais se rendent aux Britanniques.
Thomas
Stamford Raffles est nommé lieutenant-gouverneur de Java. Il est
reconnu pour le travail effectué au service de l’East India
Company, et se voit chargé du gouvernement de Java et Sumatra. Il
sera quelques années plus tard le fondateur de Singapour.
1812 :
Le 12 janvier, Raffles proclame la mise en œuvre d’une réforme du
système judiciaire, afin de le réorganiser et de le moderniser.
Raffles,
tout comme Daëndels, est persuadé qu’il met fin à l’oppression
alors qu’en fait, il met en place une rude domination coloniale. Ce
qui peut être mis à son crédit, c’est le fait qu’il a libéré
l’économie de Java par le biais de réformes favorables aux
fermiers.
Il
met ainsi fin au travail forcé et aux cultures obligatoires ;
il tente également d’en finir avec le commerce des esclaves. Bien
que les cultivateurs puissent, sous Raffles, faire pousser ce qu’ils
désiraient, ils devaient toujours cependant s’acquitter du
versement de 40 % de leur récolte au gouvernement.
1813 :
Raffles abolit le sultanat de Banten ; le sultan reçoit toutefois
une pension du gouvernement britannique.
1814 :
Le 21 juin, accord entre les nations qui ont combattu Napoléon
sur la fondation d'un nouveau royaume des Pays-Bas.
Le 13 août, les Britanniques s’accordent sur une éventuelle
rétrocession des Indes aux Hollandais.
1815 :
Le gouvernement de Hollande met en place des règlements afin de
régir les Indes néerlandaises ; ces règlements feront plus ou
moins office de Constitution et ce, jusqu’en 1942. Eruption du
Tambora (Sumbawa) qui fait 12 000 morts (auxquels s’ajoutent 50 000
autres du fait de la famine qui a suivi) et affecte le climat sur
l’ensemble du globe.
1816 :
Le 19 août, les Hollandais retournent à Batavia. Cornelis Theodorus
Elout, un des trois commissaires-généraux envoyés par la Hollande
pour reprendre en main les Indes, poursuit la politique de réforme
entamée par Raffles. Les Hollandais échouent dans la tentative
d’amener les rajas de Bali à reconnaître leur autorité.
1818 :
Fin du commerce des esclaves à Java.
1819 :
Le 19 janvier, Raffles établit Singapour, après avoir
acheté l’île au sultan de Johor.
Les
Hollandais reviennent à Padang.
1821 :
Début de la guerre des Padri, fondamentalistes musulmans
inspirés par le wahhabisme.
1823 :
Les forces bataves sont battues par les Padri à Lintau (Sumatra du
Sud).
Le
gouverneur général van der Capellen abolit les baux fonciers dans
le centre de Java ; par ce geste, il supprime la principale
ressource de la noblesse, poussant cette dernière à des sentiments
anti-hollandais.
1824 :
Le 17 mars, les Britanniques et les Hollandais signent le traité de
Londres et se partagent l’Insulinde. Les Hollandais exigent
Sumatra, Java, les Moluques, la Papouasie occidentale, etc. Les
Britanniques quant à eux, veulent la péninsule malaise, Singapour, ainsi que la partie nord de Bornéo. Aceh (au nord de Sumatra) est
censé rester indépendant.
1825 : Fondation,
le 29 mars, de la Nederlandsche Handel Maatschappij (Compagnie
commerciale hollandaise). Les Padri s’emparent du Sud de Tapanuli
(au nord de Sumatra). Les Hollandais demandent à présent aux
pèlerins de la Mecque de se munir d’un passeport et de s’acquitter
d’une taxe. En juillet, suite à un différend à propos de la
construction d’une route qui aurait coupé un verger, les
Hollandais envoient des troupes et se heurtent à une rébellion, la
« guerre de Java », qui s’achèvera en 1830.
1826 :
La guérilla s’étend au Centre et à l’Est de Java. Les
Hollandais réorganisent leurs forces et prennent l’offensive
contre les groupes rebelles.
1830 :
Fin du conflit. Le chef des insurgés est exilé.
L'Indonésie, une expérience coloniale
Le XIXe siècle voit la généralisation
de l’expansion coloniale européenne et, dans
ce contexte bien précis, fondé sur la supériorité matérielle et
culturelle des sociétés de la vieille Europe ; la position occupée
par les Hollandais
dans l’archipel indonésien ne saurait être remise en question. La
mainmise coloniale s’affirme. Les dernières dissidences indigènes
sont brisées et la richesse de la colonie s’accroît au rythme du
développement des échanges, favorisés par l’ouverture du canal
de Suez. L’aménagement de routes et de voies ferrées,
l’introduction de la culture de l’hévéa, l’installation des
premières liaisons télégraphiques –
notamment par câbles sous-marins jetés entre l’Indonésie et
l’Inde d’une part, l’Australie
d’autre part, font que l’archipel et sa capitale Batavia
s’insèrent toujours davantage dans l’économie mondiale. Mais la
période voit aussi l’apparition des premières revendications
identitaires, au moins à Java.
1830 :
Le nouveau gouverneur général, Johannes van den Bosch, met en œuvre
le « cultuurstelsel »,
le système des cultures forcées. Sous ce système, les Javanais
doivent favoriser les productions exportables (café, sucre, épices
et indigo) au détriment du riz, l’aliment de base. Les produits
issus du cultuurstelsel,
sont vendus par le biais de la
Nederlandse Handel-Maatschappij
(agence étatique hollandaise) laquelle conserve l’ensemble des
profits. Le roi des Pays-Bas a des parts non négligeables dans
la NHM et développe ainsi sa fortune.Cette
année-là, le premier bateau à vapeur arrive aux Indes.La
Nederlands
Zendelinggenootschap (la
Société missionnaire hollandaise) commence à œuvrer dans
l’instruction et l’éducation offerte aux enfants indigènes.Le
4 décembre, van den Bosch structure officiellement les forces armées
hollandaises issues de la guerre de Java ; constitution de la
Oost-Indische Leger
(armée des Indes orientales, qui deviendra plus tard la KNIL).
1831 : Le gouvernement des Indes néerlandaises dispose d’un budget
équilibré.Les
soldats hollandais combattent les Padri à Sumatra alors que des
navires de la marine américaine arrivent sur les côtes d’Aceh
pour lutter contre la piraterie.
1833 :
La guerre des tait
pas 'les rangs hollandais zone sont
massacrés00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000Padri
reprend.
1838 :
La victoire hollandaise de Daludalu met fin à la guerre des Padri
dans le pays Minangkabau.
1841 :
Les rajas de Bali
signent des traités reconnaissant la souveraineté hollandaise mais
conservent certaines prérogatives. James Brooke, un aventurier
britannique, entreprend de construire un empire privé au Sarawak
(ouest de Bornéo) ; il deviendra le premier « raja blanc
du Sarawak ».
1842 :
Sous la pression britannique, les
Hollandais se retirent de la côte orientale de Sumatra, au nord de
Palembang.
1843 :
Le raja de Lombok
accepte la souveraineté hollandaise.
1845 :
Début de l’exploitation de la vanille à Java.
1848 :
Nouvelle constitution aux Pays-Bas : les Etats-Généraux de Hollande
conservent leurs pouvoirs sur les affaires coloniales. Révision des
Codes commerciaux, civils et pénaux pour les Indes néerlandaises ;
ils ne sont applicables qu’aux personnes issues d’Européens.Manifestation
à Batavia, menée par le baron van Hoevell (un ministre hollandais),
réclamant au roi des Pays-Bas la défense de la liberté de la
presse, l’école publique second degré et la présence des Indes
néerlandaises aux Etats-Généraux.
1849 :
En avril, les autorités de Batavia prennent le contrôle de Buleleng
et de la côte nord de Bali.
1850 :
Les Indes néerlandaises
interdisent aux missionnaires catholiques de se rendre chez les Batak
à Sumatra et chez les Torajas de Célèbes. Seuls les missionnaires
protestants sont admis dans ces contrées.
1851 :
Création, à Gambir (Batavia), des écoles « Dokter-Jawa » –
qui deviendront bientôt les STOVIA (School
Tot Opleiding Van Inlandsche Artsen) – où sont enseignés des rudiments de médecine aux enfants des
classes favorisées.
Le
Cola est introduit sur Java.Les
Hollandais mettent fin à la taxe sur le Hajj (pèlerinage à La Mecque).
1854 :
Le gouvernement hollandais met en place une réforme
constitutionnelle pour les Indes néerlandaises (la
Regeeringsreglement).
Les potentats locaux indigènes auront officiellement la possibilité
d’exercer leur pouvoir traditionnel sur leurs sujets, mais ceci au
nom du gouvernement hollandais des Indes.Une
stricte séparation entre Européens et indigènes des îles est
établie dans la loi.Le
gouverneur général des Indes néerlandaises reçoit le pouvoir
d’expulser et d’exiler quiconque, sans possibilité d’appel.Introduction
de la culture de la cinchona (la quinine) à Cibodas, dans l’Ouest
de Java.
1856 :
Promulgation d’un règlement sur les publications, lequel donne
autorité au gouverneur général d’établir la censure de la
presse sans possibilité d’appel.En
mars, Eduard Douwes Dekker est démis de ses fonctions au poste de
vice-résident à Lebak (Java), après avoir dénoncé la
corruption des régents locaux.Plus
tard, sous le nom de plume de « Multatuli », il écrira un
roman intitulé Max Havelaar, dénonçant la situation
coloniale à Java aux lecteurs hollandais.
1857 :
Edification de la première ligne de télégraphe entre Batavia et
Buitenzorg.
1859
: Les Portugais signent
un accord avec les Hollandais ; ils abandonnent au profit
des Hollandais leurs avant-postes et prétentions sur Florès et
Solor, mais gardent cependant leur possession du Timor oriental
(partition de l’île en deux).Une
ligne de télégraphe, reliant Batavia à Singapour, est posée.
1862 :
Fin de la culture obligatoire du poivre.
1863 :
Le 1er
juillet, l’esclavage est officiellement aboli dans les Indes
néerlandaises.La
culture du tabac est lancée dans le Nord de Sumatra. Fransen van de
Putte, un ancien propriétaire de plantations sur Java et opposant au
système des cultures forcées, devient ministre des Colonies. Fin de
la culture forcée du clou de girofle et de noix de muscade.
1864 :
Le 1er
avril, le premier timbre des Indes néerlandaises est émis.Première
tentative hollandaise d’hévéaculture à Java et Sumatra.
1865 :
Fin de la culture forcée du thé, de la cannelle, de la cochenille et
de l’indigo.Les
Hollandais introduisent le tabac à Deli et dans le Nord de Sumatra.
De nouvelles lois et réglementations forestières sont introduites.
1866 :
Fin de la culture forcée du tabac.
1867 :
Une loi sur la responsabilité budgétaire prescrit que, désormais,
les finances des Indes néerlandaises doivent être séparées de
celles des Pays-Bas.Mise
en place d’un ministère de l’Education.
1869 :
Aceh sollicite la protection de l’Empire ottoman. L’ouverture du
canal de Suez réduit considérablement le temps de voyage entre
l’Europe et l’Asie et donne plus d’importance stratégique à
Aceh. Dès 1870, une ligne régulière passant par Suez est mise en
service entre les Indes néerlandaises et les Pays-Bas.
1871 :
La loi agraire encourage la privatisation de l’agriculture,
démantèle le système des cultures forcées. Un câble télégraphique
est posé entre Banyuwangi (Java) et l’Australie. En novembre, le
traité de Sumatra, conclu entre Britanniques et Hollandais, voit ces
derniers concéder la Côte de l’Or (en Afrique occidentale) aux
Anglais. Les Hollandais ont les mains libres à Sumatra, Grande-Bretagne et Pays-Bas conservant des droits commerciaux sur Aceh.
1872 :
La guerre avec les Batak commence au nord de Sumatra ; elle
durera jusqu’en 1895.
1873 :
Le 25 janvier, un émissaire d’Aceh s’entretient avec le consul
américain à Singapour ; mais les Etats-Unis rejettent toute
possibilité d’aide. En mars-avril, les forces hollandaises
débarquées à Aceh sont repoussées. Un nouveau débarquement a
lieu en novembre. Les premiers rails de chemin de fer sont posés
cette année-là à Java.
1875 :
Les Indes néerlandaises, l’Australie et l’Allemagne fixent les
frontières en Nouvelle-Guinée.
1876 :
Introduction à Java de la culture de l’hévéa.
1878 :
L’expédition du général van der Heijden, réduit en cendres des
dizaines de villages en Aceh où la résistance aux Hollandais
persiste.
1880 :
Achèvement de la ligne ferroviaire Batavia-Bandung. Une ordonnance
sur les coolies (Koelie
Ordonnantie) précise et
clarifie les contrats de travail.
1883 :
Eruption du Krakatau (Krakatoa) ; on compte environ 36 000 morts
à l’ouest de Java ainsi qu’à Lampung. A. J. Zijlker reçoit
l’agrément des Hollandais pour débuter le forage du pétrole à
Langkat, au nord de Sumatra.
1888 :
Le Nord de Bornéo (le Sabah) devient un protectorat britannique.Création
de la Koninklijke Paketvaart Maatschappij ; c’est la compagnie
principale de transport de passagers et de fret. Durant cette
période, on dénombre à Java plus de quatre-vingt potentats locaux possédant
le titre de sultan, susuhunan ou bupati (régent), alors que, dans les
faits, seuls les Hollandais détiennent le pouvoir réel.
1893 :
Les premières écoles
pour indigènes voient le jour.
1894 :
Réussite de la dernière
intervention hollandaise sur Lombok. Les rapports sur ces événements
ébranlent la société hollandaise. Près de 3 000 volontaires
s’engagent pour les Indes et pour défendre la couronne des
Pays-Bas, mais d'autres sont choqués et leurs réactions permettent
le lancement d’une réforme du gouvernement colonial (la etische
koloniale politiek),
réforme qui sera connue sous le nom de « politique éthique »,
qui se donnait pour ambition
l’« avancement intellectuel et moral » des indigènes
des Indes orientales.
1901 :
6 juin, naissance de
Sukarno, lequel deviendra le premier président de l’Indonésie
indépendante en 1945.
La reine Wilhelmine des
Pays-Bas annonce la mise en place aux Indes de la « politique
éthique ».
1902 :
Les Hollandais mettent fin aux restrictions touchant au Hajj
(pèlerinage à La Mecque).
1903 :
Le Sultan d’Aceh,
Tuanku Daud Syah, se rend aux Hollandais.
Les trente ans de la
guerre d’Aceh ont coûté la vie à 60 000 Achénais (dont
25 000 cultivateurs), à plus de 2 000 soldats hollandais
morts sur le champ de bataille et à plus de 10 000 autres
soldats atteints par les maladies.La
loi sur la décentralisation accorde un petit nombre de sièges aux
indigènes au sein des gouvernements locaux et provinciaux.
Les premières élections
jamais tenues sur Java ont lieu. Séparation du Trésor des Indes
néerlandaises et du Trésor hollandais.
1904 :
Van Heutsz, gouverneur militaire d’Aceh, devient (jusqu'en 1909) gouverneur général. Une expédition menée sous la direction du
capitaine van Daalen dans les hautes-terres d’Aceh, conduit au
massacre de près de 3 000 villageois dont plus d’un millier
de femmes et d’enfants.Dewi
Sartika crée les sekolah
isteri (écoles pour
filles).
1905 :
La résistance achénaise prend contact avec le consul japonais à
Singapour afin de demander de l’aide. Mise en place d’un conseil
municipal à Batavia et à Bandung.La
production de caoutchouc se développe à Sumatra.
1907 :
La guérilla achénaise attaque les Hollandais à Banda Aceh. La
compagnie pétrolière Zijlker's Royal Dutch fusionne avec la Shell
Transport and Trading pour devenir la Royal Dutch Shell.
1908 :
Création de la VSTP (syndicat des chemins de fer) qui compte des
Indonésiens en son sein.Le
20 mai voit la fondation du Budi Utomo, pas vraiment un parti
politique, mais plutôt un mouvement dédié à la promotion de la
culture javanaise, en une sorte de revendication identitaire. L'Indische Vereeniging
est créée pour les étudiants indonésiens aux Pays-Bas. Mise en
place de la taxe sur le revenu aux Indes néerlandaises.
1910 :
La résistance islamique en Aceh est anéantie.
La naissance du nationalisme indonésien
Comme dans les autres colonies
européennes, la première guerre mondiale a révélé les faiblesses
des métropoles lointaines perçues jusque-là comme toutes
puissantes. Au moment où, en Inde, en Indochine ou dans l'espace
musulman, un sentiment national inspiré par les modèles européens
du siècle précédent commence à émerger, les pouvoirs coloniaux
sont de plus confrontés à la grande dépression des années trente.
Autant de conditions qui fragilisent les empires européens. Aux
Indes néerlandaises, divers mouvements –
islamistes pour certains, nationalistes modernistes pour d’autres –
remettent en cause la domination hollandaise et, déjà, commencent à
s’affirmer les figures, notamment celle de Sukarno, qui conduiront
le pays vers l’indépendance.
1912 :
L’Indische Partij
est créé par Setiabudi (Douwes Dekker), le docteur Cipto
Mangunkusumo et Ki Hajar Dewantoro. Les trois seront exilés dans
l’année qui suit.Le
18 novembre, le Kyai Haji Ahmad Dahlan crée la Muhammadiyah
à Yogyakarta, une organisation islamique de type moderniste ;
elle est une des deux plus grandes organisations religieuses de
l’Indonésie actuelle.
1913 :
En janvier, se tient le congrès du syndicat Sarekat
Islam à Surabaya ; en
cette occasion, il est décidé d’étendre les activités du
mouvement sur l’ensemble de l’archipel. Le gouverneur général
Idenburg reconnaît le Sarekat
Islam en tant
qu’organisation légale. L'Indische
Partij est interdit ; ses
chefs vont aux Pays-Bas.Le
gouvernement des Indes orientales peut emprunter de l’argent sans
en référer ni recevoir l’autorisation préalable des Pays-Bas.
Suwardi Suryaningrat (connu aussi sous le nom de Ki Hadjar Dewantoro)
publie Als Ik Eens
Nederlander Was (« Devenir indigène et/ou rester un colonial »), un ouvrage
nationaliste ; il est exilé aux Pays-Bas jusqu’en 1919.
1914 :
Le 9 mai, un Hollandais présent aux Indes néerlandaises, Hendricus
Josephus Franciscus Marie Sneevliet, crée l'Indische
Sociaal-Democratische Vereeniging
(ISDV, Association démocratique et sociale des Indes), qui deviendra
le Parti communiste indonésien (PKI, Partai
komunis indonesia). Guerre
en Europe : le gouvernement hollandais envisage la mise en place de
milices aux Indes orientales.
1915 :
Haji Agus Salim rejoint le Sarekat
Islam et met en avant le
modernisme islamique ; il sera membre des premiers gouvernements de
la république d’Indonésie dans les années quanrante.
1916 :
Une délégation constituée de membres du Budi
Utomo, du Sarekat
Islam ainsi que d’autres
organisations, se rend aux Pays-Bas.En
décembre, les Etats-Généraux des Pays-Bas promulguent une loi
instaurant un parlement aux Indes orientales ; c’est le
Koloniale Raad
qui deviendra plus tard le Volksraad.
1917 :
Le Sarekat Islam
commence à adopter une position franchement antigouvernementale.Le
port de Surabaya (à l’est de Java) se développe et devient une
plateforme importante pour le transport maritime aux Indes
orientales. La guerre a perturbé le commerce entre les Indes
orientales et l’Europe, mais les affaires avec les États-Unis et le
Japon se sont développées. La pénurie de main-d’œuvre pendant
la guerre a conduit à des grèves et à des salaires plus élevés.
1918 :
Le 18 mai, c’est la première réunion du Volksraad,
l’Assemblée (39 % de ses membres sont indigènes). Ses membres
sont élus par des conseils locaux ; son rôle est purement
consultatif. L’ISDV
commence l’organisation
de soviets à Surabaya, aussitôt interdits par le gouvernement. La « Promesse de novembre » : le gouvernement hollandais annonce que l’Indonésie aura un
gouvernement autonome dans un futur indéterminé. Le 14 novembre,
des membres indonésiens du Volksraad
protestent contre le gouvernement des Indes, car il favorise les
intérêts européens.
Au
début des années vingt, la compagnie aérienne hollandaise KLM (en néerlandais, Koninklijke Luchtvaart Maatschappij, littéralement Compagnie royale d'aviation) crée
une ligne longue distance reliant Amsterdam à Batavia.
1921 :
En octobre, se tient le
sixième congrès du Sarekat
Islam ; le syndicat
interdit à ses membres d’appartenir à d’autres mouvements et, en
particulier, au PKI.Le
jeune Sukarno commence ses études à la Technische
Hoogeschool de Bandung.Le
8 juin, naissance de Soeharto, futur général et président de
l’Indonésie.
1922 :
Création du Perhimpunan
Mahasiswa Indonesia ou
Association des étudiants indonésiens aux Pays-Bas où l’Indische
Vereeniging change de nom
et devient le Perhimpunan
Indonesia (Association
indonésienne).
1923 :
Grève d’inspiration communiste dans les chemins de fer ; de
nombreux syndicats sont phagocytés par les communistes. En février,
Tjokroaminoto réorganise le Sarekat
Islam lequel devient le
Partai Sarekat Islam.
Les membres communistes quittent le mouvement, entraînant avec eux de
nombreux membres de l’organisation ; les factions rouges du Sarekat
Islam deviennent le Sarekat
Rakyat.Semaun
est exilé. Tan Malaka est nommé agent du Komintern pour l’Asie du
Sud-Est.
1924 :
Fin du califat
islamique, ce qui génère de nombreux débats au sein des
communautés islamiques indonésiennes.
1925 :
Nouvelle constitution : le Conseil des Indes devient consultatif, le
Volksraad
voit son pouvoir législatif limité, le gouverneur général et
l’administration ne sont pas affectés. Le nombre de membres au
Volksraad
est de 60 : 30 Hollandais, 25 Indonésiens et 5 membres d’origine
chinoise ou arabe.Le
PKI (parti communiste) lance des grèves et, en décembre, ses chefs
se réunissent à Prambanan pour préparer une insurrection.
1926 :
En novembre, soulèvements du PKI à Banten, Batavia, Bandung,
Padang. Le PKI proclame la république. La révolte est écrasée
par les Hollandais ; il y a plus de 13 000 arrestations.Après
ces révoltes, l'activité communiste diminue considérablement pour
devenir clandestine et, en quelques années, les mouvements de masse
disparaissent. Sukarno
publie une série d'articles sur « Le nationalisme, l'islam et le
marxisme », appelant à une coopération entre ces trois
mouvements. Jonkheer Andries Cornelis Dirk de Graeff devient
gouverneur général (jusqu’en 1931).Le
31 décembre, Kyai Haji Hasjim Asjari crée le Nahdlatul
Ulama (NU), une
organisation musulmane orientée vers l’éducation, la charité et
l’aide économique. Le NU, plutôt d’essence traditionaliste,
deviendra le premier mouvement religieux musulman d’Indonésie et
ce, jusqu’à aujourd’hui.
1927 :
Le 4 juillet, Sukarno et le docteur Cipto Mangunkusumo créent
le Perserikatan Nasional
Indonesia (PNI, l’Union
nationale Indonésienne). Les Hollandais jouent sur les troubles
communistes pour arrêter de nombreux chefs indonésiens pourtant non
communistes.
1928 :
Le PNI change de nom, tout en conservant son acronyme, pour devenir
le Partai Nasional Indonesia
(Parti national indonésien) ; il adopte le drapeau rouge et
blanc (merah-putih),
le bahasa indonesia
comme langue nationale et l’Indonesia
Raya comme hymne national
(c’est toujours l’hymne de la république d’Indonésie).Cette
période correspond au véritable début du nationalisme indonésien,
appelé la Renaissance nationale (Kebangkitan
bangsa).
1929 :
En août, le gouvernement des Indes néerlandaises demande au PKI de
mettre fin à ses activités. Les Indonésiens obtiennent une
majorité de sièges à la Volksraad,
organe toujours consultatif. Le 29 décembre, Sukarno et ses
partisans sont arrêtés à Yogyakarta ; ils sont conduits à la
prison de Bandung.
1930 :
Ouverture, le 18 août, du procès de Sukarno à Bandung. Il est
condamné le 22 décembre à quatre ans de prison pour activités
nationalistes.
Le
PNI est dissout par le gouvernement des Indes orientales.
1931 :
Le 25 avril, le PNI s’auto-dissout ; le Partai
Indonesia (ou Partindo)
le remplace quatre jours plus tard. Sukarno est libéré par le
gouverneur général de Graeff, mais les Indes orientales renforcent
les mesures de censure de la presse.
1933 :
En août, Sukarno est de
nouveau arrêté et exilé sans procès sur l’île de Flores.
L’armée coloniale hollandaise, la Oost-Indische
Leger prend le nom de KNIL
(Koninklijk
Nederlands-Indisch Leger).
1934 : Les
Hollandais commencent à mettre en œuvre la « préférence
impériale » en prenant des mesures protectionnistes contre les
produits japonais.
1936 :
T. Van Starkenborgh est
nommé gouverneur général (il le sera jusqu’en 1945).Le
29 septembre, le Volksraad
vote en faveur de la pétition pour l’autonomie de l’Indonésie
dans le cadre de la Constitution hollandaise. A cette époque, la
moitié des exportations agricoles de l'Indonésie est issue de
terres appartenant à des Indonésiens. En 1900, presque aucune des
exportations agricoles ne provenait de leurs terres.
1937 :
Création, le 17 décembre, de l’Agence de presse Antara
(elle existe encore aujourd’hui).
1938 :
Moscou demande au PKI de mettre un terme aux activités
anti-hollandaises.Le
16 novembre, le gouvernement hollandais rejette la pétition de 1936
sur l’autonomie de l’Indonésie. A la fin des années trente, les
Hollandais construisent des ouvrages de défense à Surabaya,
Amboine, Cilacap par crainte d’une invasion japonaise dans la
région ; toutefois, ils se refusent à armer les Indonésiens
pour défendre l’archipel.
1940 :
En février, les Hollandais rejettent de nouveau toute idée
d’autonomie pour les Indes orientales.
En
mai, les Pays-Bas sont envahis par les forces allemandes et le
gouvernement néerlandais trouve refuge à Londres.
L'Indonésie dans la seconde guerre mondiale
Le second conflit mondial vient
bouleverser la donne en Asie du Sud. La guerre-éclair conduite par
le Japon permet à l’empire du Soleil Levant d’écarter les
Hollandais, de tenir à distance Anglais et Américains et de
chercher à établir aux Indes néerlandaises l’un des piliers de
la construction de la fameuse sphère de coprospérité de l’Asie
orientale qui constitue l’objectif ultime de l’impérialisme
nippon. Aux Indes néerlandaises, les nationalistes locaux voient
dans la victoire japonaise l’opportunité de préparer
l’indépendance, au risque de devoir collaborer avec l’occupant.
Au final, la défaite japonaise de 1945 ouvre la voie vers une
indépendance que les nationalistes indonésiens comptent bien
arracher aux Hollandais.
1940 :
Le 10 mai, l’Allemagne envahit les Pays-Bas ; le 15 mai, la
Hollande capitule et le gouvernement néerlandais se réfugie à Londres.Les
autorités des Indes néerlandaises déclarent l’état de siège et
mettent le territoire sur le pied de guerre. Les citoyens allemands
sont envoyés dans des camps d’internement.Le
28 juin, le Japon annonce qu’il veut renégocier les traités
commerciaux avec les Pays-Bas et suggère en août que l’Indochine
française et les Indes néerlandaises soient incorporées
volontairement au sein de la « sphère de coprospérité d’Asie
orientale ».
En
septembre, les troupes japonaises entrent en Indochine française.Le
12 septembre, le gouvernement des Indes néerlandaises entame des
négociations commerciales avec une délégation japonaise.
Hubertus van Mook, le dernier chef du gouvernement des Indes
néerlandaises, ne répond pas favorablement aux exigences japonaises
concernant le carburant d'aviation, mais, le
12 novembre, suite à un accord, un quota des ventes de pétrole des
Indes vers le Japon est arrêté. Malgré l’invasion allemande, la
Hollande tient toujours ses colonies ; depuis plus d'un an et
demi, bien que relevant du gouvernement en exil-néerlandais à
Londres, le gouvernement des Indes néerlandaises est toujours en
place dans l’archipel indonésien.
1941 :
Le 6 janvier, les Hollandais arrêtent des leaders nationalistes.
Thamrin meurt en détention cinq jours plus tard et Douwes
Dekker est exilé au Surinam. Le gouvernement des Indes néerlandaises
soupçonne Thamrin et les autres personnes arrêtées de collaborer
secrètement avec les Japonais.Le
11 janvier, de nouveaux négociateurs japonais arrivent à Batavia,
sous la direction de Yoshizawa, pour demander au gouvernement des
Indes néerlandaises de rejoindre la « sphère de coprospérité
d’Asie orientale », mais Hubertus van Mook ne fléchit
pas.Le
14 mai, ultimatum japonais au gouvernement des Indes néerlandaises,
exigeant une reconnaissance de l’influence et de la présence
japonaise dans la région.Le
6 juin, les pourparlers entre Néerlandais et Japonais échouent. Le
gouvernement des Indes néerlandaises déclare qu'aucune concession
ne sera faite au Japon.Le
11 juillet, le Volksraad
met sur pied une milice indonésienne.Le
26 du même mois, les actifs japonais dans les Indes néerlandaises
sont gelés.Le
30 juillet, le gouvernement hollandais en exil promet de tenir une
conférence sur l’Indonésie après la guerre.En
août 1941, signature de la charte de l'Atlantique par les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les gouvernements en exil de la
plupart des nations occupées de l'Europe, y compris les Pays-Bas.
La
charte en appelle, entre autres choses, au « droit de tous les
peuples à choisir la forme de gouvernement sous laquelle ils vont
vivre ».En septembre de la même année, les diplomates
néerlandais précisent qu'ils ne pensent pas que cela s’applique à
l'Indonésie.En
1941, les Britanniques et les Américains ainsi que les Néerlandais
commencent à limiter les échanges commerciaux avec le Japon et, notamment, ceux portant sur les équipements qui pourraient être
utilisés à des fins militaires. En réponse, le Japon annonce qu'il
va organiser une « grande sphère est-asiatique de coprospérité »,
un bloc qui fournira des matières premières au Japon et qui recevra
en retour les exportations nippones. Le bloc sera dirigé par l'armée
japonaise. La propagande japonaise avance également l'idée que les
colonies asiatiques des puissances européennes doivent être
exemptes de tout contrôle occidental.Le
5 décembre, le gouvernement des Indes néerlandaises demande à
l’Australie de bien vouloir envoyer des troupes à Amboine et au
Timor.Le
8 décembre, au lendemain de Pearl Harbour, les Japonais envahissent
la Malaisie et attaquent au même moment les Philippines. Les
Pays-Bas déclarent la guerre au Japon. Le 16 décembre, les Achénais
anti-hollandais prennent contact avec les forces japonaises entrées
en Malaisie.
Le 17 décembre, raid
de l’aviation japonaise sur Ternate (Moluques).Les
Japonais débarquent au Sarawak (Nord-Ouest de Bornéo).Le
leader nationaliste Hatta appelle les Indonésiens à s’opposer aux Japonais.
1942 :
Le 2 janvier, les Japonais prennent Manille (Philippines). Le 3,
c’est le tour de la province de Sabah (Nord de Bornéo). Le 6,
c’est Brunei ; le même jour, ils effectuent leur premier raid
aérien sur Amboine (Moluques).Entre
le 10 et le 13 janvier, les Japonais commencent leur invasion de
l’Indonésie ; à Tarakan (côte nord-est de Bornéo) où se
trouvent des puits de pétrole et une raffinerie.Le
12 janvier, Hubertus van Mook fait un voyage d'urgence aux
Etats-Unis, demandant des renforts et que les Indes néerlandaises
ne soient pas oubliées dans le système de défense des alliés.Le
16 janvier, des agents achénais reviennent de Malaisie avec la
promesse japonaise qu’ils bénéficieront d’un soutien contre les
Hollandais.Le
30 janvier, les Japonais prennent Amboine en seulement 24 heures.Les
troupes britanniques évacuent la Malaisie et se dirigent vers
Singapour.Après
la perte de la Malaisie et de Singapour par les Britanniques, après
la perte des Philippines par les Américains, la défense des Indes
néerlandaises devient impossible. Le 3 février, les Japonais
bombardent Surabaya. Le 4, c’est la bataille du détroit de
Makassar. Singapour tombe le 15 février. Les Japonais débarquent
sur Bali le 19 février. Premier raid de l’aviation nippone sur
Darwin (Australie). Le 20 février, les Japonais débarquent sur
Timor. Le 23, une révolte soutenue par les Japonais éclate à Aceh
contre les Hollandais. Lors de son transfert, Sukarno s’échappe.
Entre le 27 février et le 1er mars, c’est la bataille de la mer de
Java. L’amiral hollandais Karel Willem Frederik Marie Doorman y est
tué, coulant avec son navire le HNLMS
De Ruyter.
Le
1er
mars, c’est aussi la bataille du détroit de la Sonde ; les
Japonais débarquent à Banten.Le
7 mars, Rangoon (Birmanie) tombe aux mains des Japonais. Le 8, à
Java, les Hollandais, sous le commandement de Starkenborgh, font leur
reddition près de Bandung. Le 28 mars, les dernières forces
hollandaises de Sumatra font à leur tour leur reddition dans le Sud
d’Aceh.
Les
Japonais interdisent toutes les activités et les partis politiques.
Le Volksraad
est dissous. Les drapeaux indépendantistes rouges et blancs
(Merah-Putih)
sont interdits. La XVIe armée japonaise prend en charge Java ; la
XXVe, Sumatra alors que la marine impériale contrôle la partie
orientale de l’archipel.Les
Britanniques et les Américains se répartissent les tâches : la
Grande-Bretagne essayera de reprendre la Malaisie et Sumatra ainsi
que la Birmanie. Le Pacifique et l'Indonésie sont sous la
responsabilité des Etats-Unis (en collaboration avec l'Australie).Le
17 juin, le gouvernement hollandais en exil à Londres met en place
un Conseil consultatif pour les affaires des Indes néerlandaises.En
juillet 1942, les Japonais regroupent Sukarno, Hatta et Sjahrir à
Jakarta. Ces trois leaders nationalistes se répartissent les
tâches : Sukarno s’occupera de rallier les masses pour
l'indépendance, Hatta sera en charge des affaires diplomatiques et
Sjahrir coordonnera les activités souterraines. Sukarno accepte
l'offre japonaise d'être chef du gouvernement indonésien, mais
toutefois responsable devant l'armée japonaise. Le Commandement
japonais ordonne de développer les sentiments pro-japonais dans les
zones occupées.Le
7 décembre, la reine Wilhelmine des Pays-Bas, en exil, fait un
discours dans lequel elle promet une relation nouvelle avec les
colonies une fois la guerre terminée.Le
27 décembre, les Japonais ouvrent le premier camp d'internement pour
les femmes hollandaises à Ambarawa (Sud de Sumatra).
1943 :
Le 9 mars, les Japonais mettent sur pied le Putera (Pusat
Tenaga Rakyat, une
organisation politique auxiliaire). Sukarno en est nommé président ;
Hatta et Ki Hadjar Dewantoro en sont membres.Le
même jour, les Japonais organisent les auxiliaires militaires locaux
(le Heiho),
attachés à des unités régulières japonaises. Les soldats du
Heiho
indonésien comprenaient des volontaires et des conscrits forcés. Le
7 juillet, le Premier ministre japonais Tojo, dans un discours à
Gambir (Jakarta), promet aux Indonésiens une autonomie limitée.Durant
cette période, de nombreuses églises protestantes sont dirigées
par des Indonésiens, les ecclésiastiques et missionnaires
hollandais ayant été envoyés dans des camps d'internement
japonais.
Le
3 octobre, les Japonais mettent sur pied le « Giyugun »
(forces de défense locales) pour Sumatra et Java. Celle pour Java
est appelé PETA (Pembela
Tanah Air). De nombreuses
personnalités notables ont intégré la PETA, dont Soedirman et
Suharto. Les militants indépendantistes envisageaient cette
formation militaire non pas tant comme un soutien apporté au Japon, mais plutôt comme une préparation à une éventuelle indépendance.
A la mi-1945, il y avait 120 000 combattants armés au sein de la
PETA. Ce groupe sera à l’origine des nouvelles Forces armées
indonésiennes (TNI, plus tard ABRI) après la proclamation de
l'indépendance.En
octobre, le Miai
devient le Masyumi
(le Majlis Syurah Muslimin
Indonesia, le Conseil des
musulmans d’Indonésie) sous supervision japonaise.Le
3 novembre, Hatta fait un discours exhortant les Indonésiens à se
joindre au Giyugun
(PETA).Le
10 novembre, Sukarno, Hatta, et Kyai Bagus Hadikusumo sont amenés
par avion à Tokyo pour être décorés par l'empereur du Japon.
1944 : En
janvier, le Putera
est remplacé par le Jawa
Hokokai (Association de
service javanais). Sukarno en est le président.Le
8 septembre, le général japonais Koiso promet que l'Indonésie
(entendons : tous les territoires des Indes néerlandaises) sera
indépendante « très prochainement ».En
novembre, Harada est remplacé, comme gouverneur militaire, par
Yamamoto.
1945 : Le
14 février, à Blitar, des soldats de la Peta attaquent l’armurerie
japonaise.Le
1er
mars, le Badan Penyelidik
Usaha Persiapan Kemerdekaan Indonesia
(BPUPKI), un comité pour la préparation de l’indépendance
indonésienne, est
mis en place par les Japonais. Ses membres comptent Sukarno, Hatta,
Wahid Hasyim et beaucoup d’autres. Le 2 mai, le BPUPKI tient
sa première session (jusqu’au 1er
juin). Supomo parle au comité en faveur de l'intégration nationale.
Muhammad Yamin propose que la nouvelle nation comprenne le Sarawak,
le Sabah et le Timor portugais, ainsi que tous les territoires des
Indes néerlandaises.Les
polémiques se poursuivent, entre membres du BPUPKI, au sujet du rôle
et de la place de l’islam dans la nouvelle Indonésie.Le
1er juin, Sukarno, dans un discours au comité pour l’indépendance,
développe sa doctrine du Pancasila
(panca-sila, les cinq principes, en Sanskrit). Ces principes sont :
la croyance en un Dieu unique ; une humanité juste et
civilisée ; l'unité de l’Indonésie ; une démocratie guidée
par la sagesse à travers la délibération et la représentation ;
et, enfin, la justice sociale pour tout le peuple indonésien.Le
22 juin, sous la direction de Sukarno, la commission spéciale
chargée de résoudre les différends sur le rôle et la place de
l'islam dans la nouvelle république remet un texte de compromis – plus tard connu sous le nom de Piagam
Jakarta ou « charte
de Jakarta ». Le texte de compromis prévoit que les musulmans
sont tenus de suivre la loi islamique (Shari’ah).En
juillet, des responsables militaires japonais se retrouvent à
Singapour ; des plans sont élaborés pour remettre l’Indonésie
aux chefs de l’indépendance indonésiens.Le
10 juillet, se tient la deuxième session du BPUPKI (jusqu’au 17
juillet) ; elle élabore une ébauche de la future constitution
indonésienne.
Hatta
critique les déclarations nationalistes de Yamin et suggère que la
Papouasie occidentale pourrait être exclue des limites de la
nouvelle Indonésie. Sukarno soutient Yamin. Haji Agus Salim suggère
que les ressortissants des possessions britanniques et portugaises
pourraient peut-être voter pour rejoindre ou non l'Indonésie. Une
majorité de la commission vote pour que l'Indonésie nouvelle
comprenne la Malaisie, le Sarawak, le Sabah et le Timor portugais,
ainsi que toutes les Indes néerlandaises.
De la révolution à l'indépendance
La défaite du Japon ouvre une ère de
grande incertitude aux Indes néerlandaises où l’ancienne
puissance coloniale entend bien rétablir son autorité. Le mouvement
national indonésien ne l'imagine évidemment pas ainsi, mais le
processus qui va conduire en 1949 à l’émancipation du nouvel Etat
indonésien va se révéler extrêmement complexe. Il faut compter
avec l’hypothèque communiste qui inquiète Washington, mais,
dans la capitale américaine, acquise à l’idée d’une
décolonisation inéluctable, on voit d’un mauvais œil l’exigence
hollandaise d’un rétablissement du statu quo ante. Il faut
également compter avec les nombreuses forces centrifuges qui
révèlent le caractère largement artificiel de la construction
coloniale que constituaient les Indes néerlandaises. Les musulmans
d’Aceh, les Moluquois, les habitants de nombreuses îles
périphériques ne se reconnaissent pas forcément dans un mouvement
national largement dominé par les Javanais. La déstabilisation mise
en œuvre par les Hollandais –
avec notamment les opérations conçues par le maître de guérilla
que fut Westerling – fragilisent les ambitions de Sukarno et des
leaders nationalistes, mais leur réaction face aux entreprises
communistes rassurent les Américains qui vont exercer sur les Pays-Bas de telles pressions (la menace d’une suspension éventuelle de
l’aide Marshall) que ceux-ci sont contraints de céder et de
reconnaître l’indépendance de l’Indonésie nouvelle.
1945 :
Le 7 août, le BPUPKI devient le PPKI (Panitia
Persiapan Kemerdekaan Indonesia).Le
15, le Japon se rend aux Alliés et convient de restituer l’Indonésie
aux Hollandais.Sukarno
et ses compagnons rencontrent le général Yamamoto et se voient
confirmer que le Japon n’a plus les moyens de prendre des décisions
concernant le futur de l’Indonésie.Le
17 août, Sukarno lit la brève et unilatérale
« proclamation » (Proklamasi)
: c’est la déclaration d’indépendance. Cette date restera, pour
les Indonésiens, celle de l’indépendance du pays, quant bien même elle fut unilatérale et non reconnue internationalement (elle le
sera quatre ans plus tard).Le
18 août, le PPKI se transforme pour devenir un gouvernement
intérimaire, avec Sukarno en tant que président et Hatta comme
vice-président ; la « charte de Jakarta » (Piagam
Jakarta) mentionnant l’islam
dans les principes du Pancasila est évincée du préambule de la
nouvelle constitution. La nouvelle république est constituée de
huit provinces : Sumatra, Bornéo, l’Ouest de Java, le Centre
de Java, l’Est de Java, Célèbes, les Moluques et les petites îles
de la Sonde.Le
23 août, le BKR (Badan
Keamanan Rakyat), première
force armée indonésienne, commence à s’organiser à partir des
anciens membres de la Peta et du Heiho.Les
forces néerlandaises débarquent à Sabang et à Aceh.Le
29 août, la constitution qui avait été rédigée par le comité
préparatoire PPKI et annoncée le 18, est adoptée. Sukarno est
déclaré officiellement président, Hatta vice-président. Le PPKI
devient le KNIP (Comité national indonésien central). Le KNIP est
l'organe de direction temporaire jusqu'à ce que des élections
puissent avoir lieu. Le nouveau gouvernement est mis en place le 31
août.Le
1er
septembre, van Mook, le lieutenant-gouverneur des Indes
néerlandaises, rencontre le Britannique Lord Mountbatten à Ceylan
et demande que les troupes japonaises encore présentes en Indonésie
soient commandées par les Britanniques afin de supprimer le
gouvernement républicain. Lord
Mountbatten est d'accord, mais les Japonais temporisent.Le
8 septembre, les premières troupes britanniques sont parachutées
sur l'aéroport Kemayoran de Jakarta.Le
16 septembre, l’amiral britannique Patterson atterrit à Jakarta.
Il annonce que la mission britannique est « de maintenir la loi
et l'ordre jusqu'à ce que le gouvernement légitime des Indes
néerlandaises fonctionne de nouveau ». Les Hollandais demandent
à Patterson d’arrêter les dirigeants de la république, mais
Patterson leur répond que le haut commandement britannique
n’interfère pas dans les affaires politiques.Le
17 septembre, manifestation de masse en faveur de la république, à
Jakarta.Le
27, de jeunes républicains prennent le bâtiment central des PTT
(Postes, Télégraphes et Téléphones) à Bandung.De
jeunes républicains prennent les chemins de fer et les stations de
radio de Jakarta. Des rassemblements de masse célébrant
l'indépendance sont organisés à Jakarta et Surabaya.Les
troupes australiennes apportent leur soutien à la NICA
(l’administration civile des Indes néerlandaises) pour conserver
le contrôle du gouvernement dans les régions orientales, Célèbes
et Kalimantan.Le
5 octobre, la Tentara Keamanan Rakyat (qui deviendra plus tard l’ABRI
puis la TNI) est créée : ces sont les forces armées
indonésiennes. Les forces navales sont également créées ;
c’est l’Angkatan Laut Republik Indonesia (ALRI puis, plus tard,
la TNI-AL). La date du 5 octobre sera instituée plus tard comme la
Journée des Forces armées ; c’est encore le cas aujourd’hui.C’est
l’escalade dans les affrontements entre les jeunes républicains
indonésiens et les forces étrangères européennes.Les
troupes japonaises repoussent les républicains hors de Bandung et
remettent la ville aux Britanniques.Le
14 octobre, de jeunes républicains commencent une bataille de cinq
jours, contre les troupes japonaises, à Semarang.Le
16 octobre, décret du gouvernement autorisant la formation de partis
politiques.Le
17 octobre, van Mook envoie un télégramme au gouvernement
néerlandais demandant que les négociations avec la république
soient rejetées.Le
22 octobre, le Nahdlatul Ulama proclame que le djihad est licite
contre les Hollandais, rendant ainsi la participation des musulmans
obligatoire.Le
23 octobre, sous la pression britannique, van Mook rencontre Sukarno
pour des entretiens informels. Aucune des deux parties ne cède.Le
27 octobre, des avions britanniques lâchent des tracts sur Surabaya,
demandant la reddition des forces républicaines sous 24 heures.
Le 29 octobre, Sukarno et Hatta arrivent à Surabaya en avion.
Sukarno et le général Mallaby se mettent d'accord sur le principe
d’une trêve.Le
30 octobre, le major-général britannique Hawthorn part en avion de
Jakarta vers Surabaya. Sukarno, Hatta, Mallaby et Hawthorn signent un
cessez-le-feu. Cinq heures plus tard, Mallaby est tué.Les
Britanniques bombardent Surabaya en mesure de représailles, il y a
des milliers de morts ou de sans-abri.Le
1er
novembre, le gouvernement républicain publie un manifeste
d’orientation politique (Manifesto
Politik ou
ManiPol).Le
3 novembre, Hatta annonce que l'interdiction des partis politiques
est levée (Maklumat
Pemerintah 10).Le
10 novembre, contre-attaque indonésienne à Surabaya ; cette
date deviendra le Hari
Pahlawan, le Jour des
héros. Les combats se poursuivent pendant trois semaines. 600
soldats des troupes indiennes font défection et rejoignent les
Indonésiens.Le
11 novembre, Sjahrir fait passer une proposition à la KNIP qui a pour
conséquence de retirer des pouvoirs à la présidence et de les
transférer à un Premier ministre et au gouvernement. Le but étant
de rendre la position de Sukarno moins puissante pendant un certain
temps.Le
14 novembre, Sjahrir devient le premier Premier ministre de l'Indonésie.Certaines
troupes japonaises se battent contre les forces républicaines sur
Java, Sumatra et Bali.Les
Hollandais abandonnent définitivement Aceh.Barisan
Tani Indonesia (Le Front des paysans indonésiens) est mis sur pied
par le PKI dans le but de promouvoir une réforme agraire et prendre
des mesures contre les propriétaires fonciers.Le
23 novembre, le secrétaire britannique aux Affaires étrangères,
Bevin, en appelle instamment à des négociations entre les
Hollandais et la république.Le
PKI commence à fonctionner à nouveau à travers de nombreuses
organisations de façade.
1946 : La
question de l’Indonésie est abordée, pour la première fois, à
l'Organisation des Nations unies.Le
10 février, van Mook envoie une proposition de « partenariat
démocratique » entre les Pays-Bas et l'Indonésie à Sjahrir, mais
une véritable indépendance n’est pas évoquée.Le
12 mars, Sjahrir répond publiquement à l'offre de van Mook datant
de février, exigeant une reconnaissance immédiate et sans délai de
la souveraineté de l'Indonésie.Les
forces néerlandaises remplacent les Britanniques à Bandung.
Politique de la terre brûlée (Bandung Lautan Api), les Indonésiens
commencent à brûler la ville plutôt que de se rendre aux
Hollandais.Le
14 avril, les représentants hollandais et indonésiens entament des
pourparlers à Hoge Veluwe aux Pays-Bas. Les pourparlers échouent.En
juillet, les Alliés restituent officiellement l'ensemble de
l'Indonésie aux Néerlandais, à l'exception de Java et de Sumatra.Le
15 juillet, van Mook organise une conférence à Malino (Célèbes)
afin de mettre en place le nouvel Etat d’Indonésie orientale,
soutenu par les Hollandais.Les
Philippines deviennent indépendantes des Etats-Unis, le 4 juillet
1946. Le gouvernement britannique annexe le territoire du Sarawak
(Bornéo), le 1er
juillet, mettant fin à la domination de la famille Brooke, et fait
du Nord de Bornéo, une colonie de la couronne, le 15 juillet.Du
22 au 24 septembre, de violentes manifestations contre la guerre ont
lieu à Amsterdam.En
novembre, première émission de billets libellés en roupies
indonésiennes par la république.Le
15 novembre, c’est l’accord de Linggajati : les Néerlandais
reconnaissent l'autorité de la république d’Indonésie à Java,
Sumatra et Madura. Les deux parties conviennent de former les
Etats-Unis de l'Indonésie, sous la couronne (symbolique) des
Pays-Bas.Le
20 novembre, c'est la bataille de Marga : la résistance balinaise
est vaincue par les forces néerlandaises.Le
29 novembre, les dernières troupes britanniques quittent
l'Indonésie.Le
capitaine Raymond Westerling commence sa campagne dans le Sud de
Célèbes contre les républicains.Du
18 au 24 décembre, les Néerlandais créent l’Etat d'Indonésie
orientale (Negara Indonesia Timur) lors d'une conférence à Denpasar
(Bali). La capitale de cet Etat est Makassar ; il inclut toute
la partie orientale de l'Indonésie.1947 :
Sukarno et Hatta menacent de démissionner si l'accord de Linggajati
n’est pas ratifié.Entre
décembre 1946 et février 1947, les forces néerlandaises (KNIL)
exécutent près de 3 000 personnes sans procès.Le
25 mars, le gouvernement des Pays-Bas ratifie enfin l’accord de
Linggajati.Le
11 mai, les Néerlandais créent l’Etat de Kalimantan-Ouest avec le
sultan de Pontianak à sa tête ; protestations de Sjahrir.En
juin, les Néerlandais se plaignent que l'Indonésie bloque les
livraisons de riz dans les zones contrôlées par les Hollandais.L’Egypte
et la Syrie reconnaissent la république d'Indonésie.Le
3 juin, la Tentara Keamanan
Rakyat (l’armée
indonésienne populaire) est renommée Tentara
Nasional Indonesia (force
armée indonésienne) ou TNI.Le
26 juin, les forces néerlandaises se mobilisent pour envahir Madura,
voire Java. William Foote, un diplomate américain, intervient et
propose de servir de médiateur entre les Néerlandais et les
Indonésiens. L'invasion est ajournée.Le
27 juin, Sjahrir quitte le gouvernement et devient le représentant
de l'Indonésie à l'ONU. Amir Sjarifuddin devient Premier ministre.Le
8 juillet, le gouvernement Sjarifuddin fait une offre de conciliation
aux Hollandais : la république d'Indonésie va cesser de chercher
une reconnaissance internationale ; les fonctionnaires néerlandais
peuvent avoir des postes au sein de la république.Le
20 juillet, premières « opérations de police » opérées par les
Hollandais : les troupes néerlandaises occupent Java-Ouest,
Java-Est, Madura, Semarang, Medan, Palembang, Padang et bombardent de
nombreuses villes.Le
24 juillet, manifestation de 20 000 personnes contre la guerre à
Amsterdam.Le
29 juillet, les forces indonésiennes effectuent des bombardements
sur Semarang, Ambarawa et Salatiga avec trois avions récupérés.
Les Hollandais avaient pourtant annoncé que l’ensemble de
l’aviation indonésienne avait été détruite.Le
30 juillet, de jeunes étudiants font sauter un pont à Bumiayu,
empêchant ainsi les forces néerlandaises de prendre Purwokerto.Les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne font état de leur mécontentement devant les « actions de police » ; l'Inde, l'Australie
et l'Union soviétique soutiennent la république d'Indonésie à
l'ONU.Le
1er
août, le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à un cessez-le-feu
en Indonésie.Le
4 août, le cessez-le-feu est accepté par les Hollandais et Sukarno,
mais il est ignoré sur le terrain. Les Hollandais tracent la « ligne
Van Mook », limite de l’avancée de leurs troupes sur Java et
Sumatra.Une
mission de « bons offices » des Nations unies est
organisée, avec l'objectif de parvenir à un règlement de la
situation en Indonésie. Le 8 décembre, des représentants
hollandais et indonésiens se rencontrent à bord de l'USS
Renville, un transporteur
de la marine américaine basé aux Philippines, mais ancré au port
de Jakarta pour les pourparlers.Le
25 décembre, les Hollandais créent l’Etat de Sumatra-Ouest.
1948 :
Le 17 janvier, l’accord du Renville sous les auspices de l'ONU
dresse une ligne de cessez-le-feu plutôt favorable aux Néerlandais.Le
23 janvier, Sjarifuddin démissionne de son poste de Premier ministre
; les partis de « gauche » passent dans l'opposition.Sukarno
nomme Hatta à la tête d'un gouvernement d'urgence. Les Hollandais
créent un gouvernement « Banjar » (Daerah
Banjar) sur Bornéo.
En
février, Sjahrir crée le PSI
(Partai Sosialis Indonesia) et soutient Sukarno.Sjarifuddin
critique l'accord du Renville.Le
9 mars, van Mook crée un gouvernement provisoire pour fédérer
Indonésie : le « Voorlopige Federale Regering »
(Gouvernement fédéral de transition). Le nom « Nederlands-indie »
(Indes néerlandaises) est remplacé par « Indonésie »
dans la constitution des Pays-Bas.Le
8 juillet, les représentants des treize Etats contrôlés par les
Hollandais et créés par van Mook, sont convoqués à Bandung, pour
entamer le processus de création des Etats-Unis d'Indonésie.Le
17 septembre, la division Siliwangi évince le PKI de Surakarta ; le
PKI recule sur Madiun. « L’incident de Madiun » est la
deuxième fois que le PKI tente, en vain, une révolte. Les
événements de Madiun changent l'opinion des diplomates américains
à l'égard de la nouvelle république. Anciennement suspecte, les
Etats-Unis à présent considèrent l'Indonésie comme un allié
potentiel contre le communisme.Le
18 septembre, le PKI tente un coup à Madiun ; des officiers
pro-gouvernementaux sont tués. L’armée indonésienne se
souviendra toujours de ce « coup de poignard dans le dos »
de Madiun, donné par les communistes.Le
19 septembre, des figures du PKI sont arrêtées à Yogyakarta ;
Sukarno dénonce le coup de Madiun et l'opinion populaire penche pour
lui.Le
11 octobre, van Mook démissionne de son poste de
lieutenant-gouverneur des Indes.Le
26 novembre, les Hollandais créent l’Etat de Jawa
Timur dans les zones qu’ils
occupent dans l'Est de Java.Les
Hollandais suppriment le poste de gouverneur général et le
remplacent par celui de « Haut représentant de la Couronne ».Le
11 décembre, les Hollandais informent les représentants de l'ONU
que de nouvelles négociations avec la république sont « futiles ».Le
18 décembre, les Hollandais créent le Negara
Sumatra Selatan (l’Etat
du Sud de Sumatra), avec, pour capitale, Palembang.Le
18 décembre, les représentants néerlandais disent à leurs
homologues des Etats-Unis et de la république d'Indonésie à
Jakarta qu'ils mettent fin à l'accord du Renville.
Le
19 décembre, la deuxième « action de police » des
Hollandais commence à 5 h 30 du matin, sans avertissement. Le
gouvernement civil de la république, dont Sukarno, Hatta et Sjahrir,
se laisse capturer en comptant sur l’indignation de l’opinion
mondiale. Toute d'Indonésie sauf Aceh et quelques parties de Sumatra
sont sous contrôle hollandais. La guérilla reprend.L'ONU
est scandalisée par l’attitude des Hollandais. Dix-neuf pays
asiatiques boycottent la Hollande.Les
Etats-Unis suspendent leur aide financière aux Pays-Bas (plan
Marshall) car cet argent est utilisé pour faire la guerre en
Indonésie.Le
31 décembre, les Hollandais acceptent l’appel de l'ONU pour un
cessez-le-feu à Java.
1949 :
Le 5 janvier, les Hollandais acceptent l’appel de l’ONU au
cessez-le-feu à Sumatra. Le
sultan Hamengkubuwono IX de Yogyakarta refuse la proposition
hollandaise de prendre la tête du nouvel Etat javanais, démissionne
de ses fonctions de chef du gouvernement de Yogyakarta et apporte son
aide aux combattants de la république.Le
28 janvier, le Conseil de sécurité de l'ONU demande la libération
du gouvernement républicain et l'indépendance de l'Indonésie pour
le 1er juillet 1950.Le
7 février, une résolution est présentée au Sénat des Etats-Unis
pour que cesse toute l’aide du plan Marshall aux Pays-Bas ;
cette résolution est rejetée le 8 mars.Le
31 mars, le secrétaire d'Etat américain Dean Acheson fait part en
privé aux Hollandais que l’aide du plan Marshall dont ils
bénéficient est toujours menacée.Le
6 avril, le Sénat des Etats-Unis adopte une résolution mettant fin
au plan Marshall pour les Pays-Bas, mais seulement si le Conseil de
sécurité de l'ONU vote des sanctions contre la Hollande.Le
7 mai, c’est l’accord de « Roem-Royem » : les
Hollandais sont d'accord pour rétablir le gouvernement de la
république d'Indonésie, tenir des pourparlers compte-tenu de la
résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 28 janvier,
et œuvrer à un règlement de la situation établi à partir de
l'accord du Renville (Renville
agreement).Le
24 juin, les soldats néerlandais commencent à évacuer Yogyakarta ;
le 29 juin, les troupes indonésiennes entrent dans la ville.Le
6 juillet, le gouvernement républicain revient à Yogyakarta.
Le
11 août, cessez-le-feu à Java ; le 15 août à Sumatra.Les
Hollandais libèrent près de 12 000 prisonniers.Le
23 août, la conférence de la Table ronde commence à La Haye. Hatta
mène la délégation de la république d'Indonésie, le sultan de
Pontianak, quant à lui, mène la délégation des Etats néerlandais
d’Indonésie créés par les Hollandais.Le
2 novembre, l'accord de La Haye est le résultat de la conférence de
la Table ronde : la « Republik
Indonesia Serikat »
(la République des Etats-Unis d’Indonésie) est placée – de façon
symbolique – sous la couronne des Pays-Bas, a pour président
Sukarno, et Hatta en tant que vice-président. Elle comporte quinze Etats
néerlandais créés dans l’archipel indonésien ainsi que la
république d’Indonésie originelle. La souveraineté est censée
être transférée le 30 décembre.Le
27 décembre, les Hollandais transfèrent formellement la
souveraineté à la république des Etats-Unis d’Indonésie.Le
28 décembre, Sukarno retourne à Jakarta.
1950 :
Le 22 février,
Westerling, qui a envisagé un coup de force, quitte l’Indonésie
pour Singapour. Le 13 mars, la roupie indonésienne est dévaluée de
moitié.Le
4 avril, le sultan de Pontianak est arrêté pour son implication dans
le complot de Westerling. La république des Etats-Unis d’Indonésie
intègre l’Etat de Kalimantan-Ouest.Le
25 avril, la république des Moluques du Sud (Republik Maluku
Selatan ou RMS) est proclamée à Amboine, mais écrasée en juillet
par les troupes républicaines.
Près
de 300 000 citoyens hollandais quittent l’Indonésie pour la
Hollande au tout début des années cinquante.
Le
17 août, nouvelle Constitution. Il n’y a plus de république des
Etats-Unis d’Indonésie. La nouvelle république est constituée de
la république originelle, de l’Est de Sumatra (Sumatra
Timur) et de l’Indonésie
orientale (Negara Indonesia
Timur). Jakarta est la
capitale de la république. En théorie, la Hollande et l’Indonésie
demeurent au sein d’une « union constitutionnelle », mais, dans les faits, l’Indonésie est pleinement indépendante.
Le temps de Sukarno
Comme ce fut le cas dans de nombreux
pays décolonisés au lendemain de la seconde guerre mondiale ou au
cours des années cinquante, l’indépendance de l’Indonésie va se
confondre avec une figure charismatique, celle de Sukarno, devenu, de
fait, le « père de la patrie ». Après avoir été un
leader indépendantiste habile et efficace, Sukarno, une fois parvenu
au pouvoir, va exercer celui-ci pendant une quinzaine d’années, et
le prestige que lui a valu son rôle dans la lutte contre la
puissance coloniale va quelque peu estomper un bilan aux aspects
discutables du régime né de l’indépendance. L’Indonésie
nouvelle va sans doute connaître sa plus grande heure de gloire avec
l’organisation, au printemps de 1955, de la conférence de
Bandoung, qui réunit les leaders afro-asiatiques et met sur pied le
camp des non alignés. Dans le même temps, le régime se laisse
aller à des dérives autoritaires et les résultats économiques ne
sont pas à la hauteur des progrès attendus. Sur le plan
international, Sukarno s’enlise dans une confrontation aussi vaine
que stérile avec la Malaisie et surprend par son inconstance quant à
ses relations avec les deux blocs. L’expérience se termine en
1965, quand l’armée prend la situation en mains.
1950 :
Le 26 septembre, l’Indonésie est admise à l'Organisation des
Nations unies.En
novembre, Amboine, centre de la république des Moluques du Sud, tombe
aux mains des forces indonésiennes.Début
de la politique de transmigrasi
(transmigration ou réinstallation) au départ de Java et de Bali
vers les îles les moins peuplées, notamment Kalimantan.L'Assemblée
qui avait été constituée directement après l'adoption de la
constitution d’août 1950 n’est pas élue. Elle restera ainsi
jusqu'aux élections de 1955.
1951 :
En janvier, il y a un changement au sein de la direction du PKI. La
nouvelle ligne du parti est nationaliste, anti-néerlandaise,
anti-occidentale et anticapitaliste.Le
3 mars, signature d’un traité d'amitié avec l'Inde.En
avril, le gouvernement Natsir tombe à cause de ses programmes
d'austérité économique.
Des
grèves et des troubles fomentés par le PKI éclatent en août. En
1951, les adhérents au parti étaient seulement quelques milliers ;
en 1958, ils seront 1,5 millions. Le PKI proclamera fréquemment
avoir des liens étroits avec Sukarno, afin de se protéger ; Sukarno
à son tour tentera de manipuler le PKI pour servir ses propres
intérêts ou pour contrebalancer les autres forces politiques (les
militaires ou les partis musulmans) afin qu’aucune force ne
devienne trop puissante.
1952 :
Le 23 février, le gouvernement Sukiman tombe sur la question
d’accepter ou non l'aide militaire des Etats-Unis.Le
4 avril, Wilopo devient Premier ministre et libère de nombreux
prisonniers politiques.
Les Pays-Bas déclarent qu'ils ne renonceront pas à l'Irian occidental
(Papouasie).
1953 :
En janvier, Sukarno fait un discours dans lequel il rejette les
propositions en faveur d’un Etat islamique. En mai,
l’Indonésie envoie un ambassadeur en république populaire de
Chine.
1955 :
En avril se tient la Conférence afro-asiatique de Bandung ; des
délégués de vingt-quatre nations y participent, y compris Chou En-Lai, Nehru
et Nasser. C’est le début du mouvement des non-alignés.En
décembre, des élections ont lieu ; elles ont pour but de
mettre en place une assemblée constituante. Il s’agit en effet
d'élaborer une nouvelle constitution.
1956 :
En mai, Sukarno visite les Etats-Unis. Le 8 mai, l’union
constitutionnelle entre l'Indonésie et les Pays-Bas est dissoute.Le
4 août, le gouvernement indonésien rejette 85 % de sa dette envers
les Pays-Bas.Le
28 octobre, Sukarno fait un discours appelant la nation à « enterrer
les partis politiques » – c’est la première suggestion du concept
de « démocratie dirigée ».Le
10 novembre, la « Konstituante » se réunit pour examiner
une nouvelle constitution. Les sessions butent toujours sur la
question de savoir si c’est l'islam ou bien le Pancasila qui doit
être le principe directeur de la nation.
1957 :
Le 21 février, Sukarno propose la « démocratie dirigée »
dans un discours. Dès le début de sa présidence, Sukarno est
insatisfait de l’instabilité apportée par le règne des partis ;
l’objectif de son concept était d’unifier le gouvernement en y
incluant les membres de tous les partis politiques et de créer un
nouveau Conseil national afin de contrebalancer une Assemblée
instable. Dans les faits, la « démocratie dirigée » a
plutôt conduit à un renforcement du pouvoir de Sukarno lui-même.Le
2 mars, le lieutenant-colonel Sumual prend le contrôle du
gouvernement dans l'Est de l'Indonésie et exige plus de pouvoir
pour Sukarno, moins pour l'Assemblée et le gouvernement. Le 14 mars,
Sukarno proclame la loi martiale. La censure de la presse est
réintroduite.En
mai, Sukarno nomme quarante-et-un dirigeants de « groupes fonctionnels »,
membres d’un Conseil (Dewan
Nasional).En
octobre, le gouvernement promeut et coordonne un boycott
anti-néerlandais.Une
résolution de l'ONU, du 29 novembre, demandant le transfert de
l'Irian occidental à l’Indonésie échoue.Le
1er
décembre, Sukarno annonce que les avoirs des 246 entreprises
néerlandaises seront nationalisés.Le
5 décembre, le gouvernement ordonne l’expulsion de 46 000 citoyens
néerlandais.Durant
l’année 1957, le général va à Washington pour demander
un prêt de 650 millions de dollars à des fins militaires. Les
Etats-Unis lui refusent ce prêt ; il part alors pour Moscou et reçoit 250 millions de dollars de crédit de l'Union soviétique. En 1958,
l'Indonésie demandera à nouveau aux Etats-Unis une aide militaire et
la recevra. Ce jeu entre les deux grandes puissances est typique
de la présidence de Sukarno.
1958 :
En octobre, campagne
anti-chinoise visant les magasins, des journaux et d'autres
institutions ayant des liens avec la Chine nationaliste (Taiwan).
1959 :
En janvier, Londres
signe un nouveau traité avec Brunei : la Grande-Bretagne sera
responsable de la défense et des Affaires étrangères ; Brunei sera
autonome. Le sultan de Brunei promet des élections dans les deux
ans.Le
5 juillet, Sukarno rétablit la Constitution de 1945 par décret ;
il dissout l'Assemblée, puis la réinstitue sous l’empire de la
Constitution de 1945. Sukarno ajoute 94 membres supplémentaires afin
de représenter les provinces et 200 autres pour représenter les
« groupes fonctionnels » – avec les 281 d’origine, cela
fait un nouveau total de 575, la plupart d'entre eux choisis par
Sukarno.L’armée
commence à déplacer les Chinois des zones rurales vers les villes.
Pas moins de 100 000 Chinois quittent l'Indonésie pour la république
populaire de Chine au cours de l’année qui suit ; 17 000 autres
partent pour Taiwan.L’armée
tente de refuser au PKI de tenir son congrès. Sukarno intervient
pour permettre au congrès de se tenir et y intervient lui-même.
1960 :
Sukarno commence à utiliser son nouveau slogan « Nasakom »,
pour Nationalisme, Agama
(religion) et Komunisme.En
janvier, Khrouchtchev visite Jakarta. Les Soviétiques apportent une
aide militaire à l'Indonésie.En
mars, l'Assemblée élue (DPR) rejette le budget de Sukarno. Aussi
bien les représentants du PKI que des membres de partis musulmans
critiquent le mépris de Sukarno pour les procédures parlementaires.Le
5 mars, Sukarno dissout l'Assemblée et la remplace par une Assemblée
nommée : le « DPR-Gotong Royong ». Des officiers militaires
sont au DPR pour la première fois.Le
17 août, l'Indonésie rompt ses relations diplomatiques avec les
Pays-Bas.
1961 : En
avril, Sukarno se rend aux Etats-Unis et rencontre le président
Kennedy. Sukarno dit à Kennedy que si les Etats-Unis le soutiennent,
il s’opposera au communisme.Le
26 septembre, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas,
Luns, annonce à l'Assemblée générale de l'ONU que les Pays-Bas
sont prêts à céder l'Irian occidental à l'administration de l'ONU.Sukarno
signe un traité d'amitié et de coopération avec la république
populaire de Chine.Le
19 décembre, Sukarno annonce qu'il va prendre l'Irian occidental par
la force si nécessaire.
1962 : En
janvier, tentative d'assassinat de Sukarno en visite à Célèbes ;
de nombreux anciens rebelles et des personnalités critiques du
gouvernement sont emprisonnés.Deux
navires de guerre néerlandais affrontent quatre torpilleurs
indonésiens au large de l’Irian occidental. Un bateau indonésien
est coulé, un autre est endommagé.Le
1er
février, un avion charter avec 110 soldats néerlandais à bord, en
route pour l'Irian occidental, s’arrête pour se ravitailler en
Alaska. En représailles, une émeute a lieu devant l'ambassade
américaine à Jakarta.Le
11 février, Robert F. Kennedy arrive à Jakarta pour mener les
négociations sur l'Irian occidental.Le
25 février, Robert Kennedy part pour les Pays-Bas ; il informe le
gouvernement des Pays-Bas que les Etats-Unis ne soutiendraient pas
la Hollande si le conflit dégénérait.Le
12 mars, le gouvernement des Pays-Bas annonce qu'il va négocier avec
Jakarta au sujet du transfert de l'Irian occidental à l’Indonésie.Le
2 avril, le « plan Bunker » (d’après le nom du
diplomate américain Ellsworth Bunker) est annoncé ; il s’agit
d’une proposition visant à mettre fin au conflit en Irian
occidental. Les Pays-Bas abandonnent l’Irian occidental à
l'administration de l'ONU, et un plébiscite doit avoir lieu pour
déterminer l'avenir du territoire.L’Indonésie
rejoint l'OPEP.Le
15 août, les Hollandais conviennent de transférer l'Irian
occidental aux Nations unies le 1er
octobre. Les Nations unies doivent transférer l'Irian occidental à
l’Indonésie, le 1er
mai 1963. Des élections doivent décider du sort ultime du
territoire.
1963 :
Le 14 février, Sukarno déclare publiquement l'opposition de
l'Indonésie à la création de la nouvelle Malaisie.Le
1er
mai, les Nations unies transfèrent le contrôle de l'Irian
occidental à l’Indonésie.Entre
les 7 et 11 juin, poursuite des pourparlers entre la Malaisie,
l'Indonésie et les Philippines à Manille ; il en résulte
l'accord de Manille : le futur du Sabah sera assuré par des moyens
pacifiques ; chaque nation conserve sa propre souveraineté tant
que les pourparlers sur la fédération continuent.Le
9 juillet, la Malaisie et la Grande-Bretagne signent des accords
définitifs à Londres pour une création effective de la nation de
Malaisie fondée au 31 août. Sukarno est furieux.L’Assemblée
fait de Sukarno le Président à vie.Le
16 septembre, création officielle de la Malaisie. Des émeutiers
attaquent les ambassades britanniques et malaises à Jakarta.
L’Indonésie rompt ses relations avec Kuala Lumpur. Le 17
septembre, la Malaisie rappelle ses ambassadeurs en Indonésie et aux
Philippines. L’ambassade indonésienne à Kuala Lumpur est
attaquée. Une manifestation du PKI brûle l'ambassade britannique à
Jakarta ainsi que quarante-huit résidences britanniques. Les propriétés
britanniques en Indonésie – d'une valeur de 400 millions de dollars – sont nationalisées.Le
Président des Etats-Unis, LB Johnson, retire l’aide économique
accordée à l’Indonésie ; toutefois, l’aide militaire
secrète aux militaires indonésiens pro-américains se poursuit.
1964 :
Le 25 janvier, un cessez-le feu entre en vigueur entre la Malaisie et
l'Indonésie, après plusieurs voyages diplomatiques entrepris par
Robert F. Kennedy.Le
25 mars, Sukarno, lors d’un rassemblement public, dit à
l'ambassadeur américain présent : « Allez au diable avec votre
aide. »Le
9 septembre, les raids indonésiens en Malaisie sont rapportés
devant le Conseil de sécurité des Nations unies.Le
17 septembre, le Conseil de Sécurité des Nations unies vote à 9
contre 2 la condamnation des raids indonésiens, mais l'Union
soviétique oppose son veto à la résolution.En
novembre, le PKI met en place un bureau secret pour coordonner
l'infiltration des unités de l'armée.
Sukarno
voyage en Chine pour des réunions secrètes.En
décembre, Chaerul Saleh affirme avoir la preuve que le PKI prévoit
un coup d'Etat.Le
4 décembre, des émeutiers attaquent et brûlent les bibliothèques
du Service d'information des Etats-Unis (USIS) à Jakarta et
Surabaya.Le
17 décembre, le Badan
Pendukung Sukarnoisme – un
mouvement pour contrer l'influence du PKI sous l’égide des
principes du Pancasila de Sukarno – est interdit par Sukarno sous
prétexte qu’il s’agit en fait d’un « complot de la CIA ».
1965 :
Le 1er
janvier, la Malaisie obtient un siège au Conseil de sécurité des
Nations unies. Le 7 janvier, l’Indonésie quitte l'Organisation des
Nations unies (ce sera effectif le 1er
mars), pour protester contre l'admission de la Malaisie.En
février, les journaux anti-PKI sont fermés.Le
3 février, l’Australie envoie des troupes de combat au Sarawak et
au Sabah.Le
24 avril, Sukarno ordonne que toutes les entreprises appartenant à
des étrangers soient nationalisées.Le
29 mai, Sukarno accuse des éléments de l'armée de comploter
contre lui, avec l’aide de l'ambassade britannique (la lettre est
généralement considérée comme étant un faux).Le
19 juillet, le général Nasution fait un discours rejetant l’idée
du PKI selon laquelle il faut « armer le peuple ».Le
20 juillet, Sukarno déclare que si des raids britanniques se
produisent sur le territoire indonésien, « Singapour sera
détruit ».En
juillet, 2 000 partisans du PKI commencent à recevoir une formation
militaire par les officiers de l’armée de l’Air, sur la base
aérienne de Halim, près de Jakarta.Le
30 juillet, une manifestation s’attaque au consulat américain de
Medan.Le
7 août, des manifestants occupent le consulat américain de Surabaya
pendant cinq jours.Sukarno
rompt les liens de l’Indonésie avec le FMI, la Banque mondiale et
Interpol.Le 17
août, Sukarno fait un discours sur la place Merdeka
(place de la Liberté), promouvant une alliance anti-impérialiste
avec la Chine et d'autres régimes communistes d'Asie ; il somme
l'armée de ne pas intervenir. Il déclare également qu'il prendra
en considération l'idée du PKI d’ « armer le peuple »
et qu’il prendra la décision finale sur la question.Le
25 septembre, Sukarno fait un discours indiquant que l'Indonésie
entre dans la « deuxième phase de la révolution »,
laquelle sera la « mise en œuvre du socialisme ».Le
30 septembre, les organisations du PKI, le Pemuda Rakyat et le
Gerwani organisent des manifestations de masse contre l'inflation
galopante à Jakarta.Le
30 septembre, dans la soirée, le lieutenant-colonel Untung, chef du
régiment Cakrabirawa (Garde présidentielle), se rassemblent à la
base aérienne de Halim, et tentent de s’emparer de sept généraux
de haut rang. Nasution s’échappe en sautant par-dessus le mur de
sa maison ; sa jeune fille est abattue. Le général Ahmad Yani
est tué dans sa maison. Trois autres généraux sont pris vivants et
amenés à Halim, avec les corps des tués. Les captifs vivants
restant sont assassinés et jetés dans un puits. Les soldats
rebelles prennent la place Merdeka
à Jakarta, les stations de radio et de télévision.Le
1er
octobre, le général Suharto s’assure de la fidélité de ses
troupes, au moment où la radio annonce que le « Mouvement du
30 Septembre » est pro-Sukarno, anti-corruption et
anti-américain.
Suharto
annonce à la radio que six généraux sont morts, qu’il contrôle
l'armée et qu’il va mettre un terme à la tentative de coup d'Etat
et protéger Sukarno.Le
5 octobre, funérailles publique, à Jakarta, pour les généraux
morts.Le
6 octobre, Sukarno se réunit avec son gouvernement à Bogor et fait
une déclaration dénonçant la tentative de coup d'Etat.Le
8 octobre, grande manifestation à Jakarta (plus de 100 000
personnes) qui exige la dissolution du PKI. Le siège du PKI à
Jakarta est brûlé.Le
16 octobre, Sukarno démet Omar Dhani de son poste de chef de
l’armée de l’air. Suharto est nommé chef de l'armée de terre.Le
18 octobre, près d'une centaine de communistes sont tués dans un
affrontement avec des jeunes de l’Ansor.
C’est le début du massacre général des partisans du PKI dans le
Centre et l'Est de Java.En
décembre, 10 000 partisans du PKI sont arrêtés, plusieurs milliers
sont tués. Les massacres anti-communistes sont terribles sur Bali.
Le commandant de l’armée à Aceh annonce que la province est
maintenant libre de communistes.
Les
tribunaux militaires spéciaux commencent à organiser le procès des
membres du PKI.
Le régime militaire de Suharto
C’est une ère
nouvelle qui s’ouvre avec la mise à l’écart de Sukarno et
l’installation au pouvoir du général Suharto. Celui-ci instaure
un régime autoritaire qui se légitime d’emblée en faisant la
chasse
aux communistes, accusés d’avoir voulu, à la faveur des choix un
peu erratiques de Sukarno, déclencher une révolution. La répression
est très sévère et, pendant plus de trente ans, l’Indonésie va
vivre dans le cadre d’un régime dictatorial, mais qui se veut, en
même temps, modernisateur. Le trait le plus marquant de la période
est le clair retournement de l’Indonésie en faveur du camp
occidental, en un domaine où Sukarno avait constamment mené une
politique incertaine visant à s’appuyer successivement sur l’un
ou l’autre bloc, pour ne rien dire des illusions entretenues autour
du poids réel des « non alignés ».
1966 :
En janvier, des rafles de partisans PKI continuent et dégénèrent
en violences spontanées dans de nombreux endroits.Sukarno
tient une réunion des conseillers économiques pour discuter de la
nationalisation par décret présidentiel des propriétés de la
compagnie pétrolière américaine. Suharto se rend à la réunion et
indique que la nationalisation ne se produira pas.Le
13 février, les tribunaux commencent à juger les personnes accusées
d'implication dans le coup d'Etat du 30 septembre (presque 900
seront jugés par ces tribunaux spéciaux jusqu’en 1978).Le
6 mars, Suharto avertit Sukarno de l'insatisfaction grandissante
parmi le corps des officiers des forces armées indonésiennes.Le
9 mars, des étudiants attaquent l'ambassade de Chine à Jakarta.Sukarno
fait savoir fermement à l’ABRI qu'il est toujours président.Le
11 mars, Sukarno signe un document donnant de larges pouvoirs à
Suharto qui interdit officiellement le lendemain le PKI.Le
16 mars, Sukarno fait, en vain, une annonce disant qu’il a toujours
pleine autorité en tant que chef de l’exécutif.Le
27 mars, le nouveau gouvernement est annoncé ; il comprend
Suharto, le sultan Hamengkubuwono IX de Yogyakarta qui coordonne la
politique économique, et Adam Malik, nouveau ministre des Affaires
étrangères.En
avril, purge des partisans de Sukarno au sein du PNI, et à
l'Assemblée nationale.Adam
Malik se rend à New York et y annonce que l'Indonésie va rejoindre
l'Organisation des Nations unies.En
mai, Adam Malik rencontre Tun Abdul Razak de la Malaisie, à Bangkok,
et annonce que la « konfrontasi » avec la Malaisie a pris fin.Le
gouvernement japonais accorde à l'Indonésie une aide d'urgence.En
juillet, l’Indonésie commence le rééchelonnement de la dette. Réintégration au sein du FMI. Le 3 octobre, Suharto annonce de
larges réformes économiques libérales.
1967 :
En février, les propriétés britanniques et américaines sont
restituées à leurs propriétaires.Le
12 mars, l’assemblée, présidée par le général Nasution,
reçoit un rapport d’une commission sur le rôle de Sukarno dans
les événements du 30 septembre 1965. L'Assemblée retire tout
pouvoir à Sukarno et nomme Suharto président par intérim.L’Indonésie
rompt ses relations diplomatiques avec la Chine.En
août, Suharto met toutes les forces armées sous son contrôle.Le
8 août, création de l’ASEAN, l’Association des Nations d’Asie
du Sud-Est (équivalent de l'OTAN pour l'Asie). Les membres fondateurs sont l'Indonésie, la Malaisie,
Singapour, les Philippines et la Thaïlande.
1968 :
Le ministre des Affaires étrangères, Adam Malik, dit que
l'Indonésie aura une politique étrangère indépendante et une
politique d’amitié envers les Etats-Unis.Le
21 mars, Suharto remporte l'élection présidentielle à l'Assemblée.
En
septembre, premiers prêts de la Banque mondiale à l’Indonésie.
1969 : En
avril, 80 000 Chinois de souche perdent leur nationalité
indonésienne.Le
président des Etats-Unis, Richard Nixon, visite Jakarta.Entre
le 15 juillet et le 2 août, les Conseils de village en Irian Jaya,
sous la pression de forces spéciales « Opsus » dans la
région, votent en faveur de l'intégration à l’Indonésie. Le
nombre de suffrages exprimés est de 1 022.Le
17 septembre, l’Irian Jaya devient formellement une province
indonésienne.Freeport-McMoRan
construit une route de près de cent kilomètres, partant de la côte
de l'Irian Jaya vers la zone d'exploitation minière (cuivre) à
l'intérieur des terres.
1970 :
En janvier, Suharto est en visite à Washington.Le
21 juin, Sukarno meurt à Bogor.A
partir des années soixante-dix, le gouvernement de l’Ordre nouveau (Orde
baru, par opposition à
l’Orde
Lama,
l’ordre ancien de Sukarno) commence une forte propagande en faveur
des programmes de planification familiale.
1972 :
En juin, un temps très sec et l’inaction du gouvernement
conduisent à des pénuries de riz sur Java. Les prix mondiaux du riz
augmentent car le gouvernement indonésien est obligé d’importer
du riz. C’est le début de la « crise du riz ».
1973 :
En octobre, Suharto, sous la pression du FMI, fait passer un décret
stipulant que tous les prêts internationaux aux entreprises
publiques doivent être approuvés par la Banque d'Indonésie et le
ministre des Finances.La
« crise du riz » (de 1972 et 1973) plonge de nombreux
Indonésiens dans une situation difficile.Après
1973, et jusqu'à la fin de la présidence de Suharto, il n'y a que
trois partis politiques autorisés en Indonésie : le Golkar, qui
a un statut spécial et le soutien du gouvernement, le PPP qui
est sensé représenter les intérêts musulmans et le PDI, qui
combine les restes du PNI de Sukarno et les petits partis
chrétiens.
1975 :
En décembre, l'Indonésie lance une invasion du Timor oriental et
installe un nouveau gouvernement à Dili. Mais, le 12 décembre,
l’assemblée générale des Nations unies demande à l'Indonésie
de se retirer du Timor oriental.
1976 :
En février, les dirigeants de l'ASEAN se réunissent à Bali.Le
17 août, Palapa A,
le premier satellite de communications indonésien, est lancé.
1977 :
En décembre, libération
de nombreux prisonniers des événements de 1965.
1978 :
Le 22 mars, Suharto est élu par l'Assemblée (MPR) pour un troisième
mandat.
1981 :
Le 28 mars, des musulmans radicaux détournent le vol 206 de la
compagnie nationale Garuda
reliant Palembang à Medan. L'avion, un DC-9, est pris d'assaut par
les forces spéciales indonésiennes (les Kopassandha,
qui deviendront plus tard les Kopassus)
conjointement avec les commandos de l’armée de l’air
thaïlandaise, à Bangkok ; il y a sept tués au total, aucun parmi
les passagers.
1982 :
Le 4 mai, le Golkar remporte 2/3 des voix aux élections. Le PPP
remporte la majorité des voix à Jakarta. Le Golkar n’atteint pas
la majorité des voix dans la province d'Aceh.
1983 :
Le 23 mars, un cessez-le-feu est signé entre le gouvernement
indonésien et les représentants du Fretilin
(les guérilleros du Timor oriental hostiles à l’annexion de 1975), mais il ne dure que quelques mois.En
mars, Suharto est élu par l'Assemblée (MPR) pour un quatrième
mandat en tant que président.
1984 :
Entre le 8 et le 10
septembre, un différend entre une mosquée locale dans le quartier
de Tanjung Priok de Jakarta et des agents de sécurité envoyés pour
enquêter sur des tracts anti-gouvernement conduit à des violences
et des arrestations. Le 12 septembre, une manifestation à Tanjung
Priok exigeant la libération des militants arrêtés est la proie de
tir de l’armée ; il y a soixante-trois tués. Des émeutes générales
éclatent dans la région. On compte des centaines d'arrestations.Le
4 octobre, des attentats tuent deux personnes à Jakarta. Des
attentats sont perpétrés dans des églises le 24 décembre dans
l’Est de Java.
1985 :
Le 21 janvier, des musulmans radicaux font exploser des bombes à
Borobudur.
1986 :
Le 10 avril, Sydney Morning
Herald publie un article
sur la corruption du clan Suharto.En
octobre, un rapport la Banque mondiale critique les campagnes de
« Transmigrasi » (transmigration) du gouvernement.
1987 : Le
23 avril, le Golkar rafle 3/4 des voix aux élections.
1988 :
Le 10 mars, Suharto est
élu par l'Assemblée (MPR) pour un cinquième mandat en tant que
président.
Le
27 octobre, la déréglementation bancaire est engagée ; les banques
sont autorisées à ouvrir des succursales à l'extérieur des
villes. Les marchés de capitaux et les investissements étrangers
sont partiellement déréglementés.Le
21 novembre, les contrôles à l’importation sont assouplis ; la
navigation et le commerce sont partiellement déréglementés.
L’économie entame une croissance rapide.
1989 :
Affrontement entre des militants islamistes et des militaires à
Bima.En
septembre, Suharto se rend en visite à Moscou.Le
12 octobre, le pape visite le Timor oriental ; émeutes à Dili.
1990 :
L’Indonésie et la
Chine rétablissent leurs relations diplomatiques.Le
11 novembre, le président Suharto part pour un voyage de deux
semaines au Japon, en Chine et au Vietnam.
1991 :
Le 23 janvier, Siti Hardiyanti Rukmana (dite « Tutut »),
fille de Suharto, fonde le réseau de télévision TPI.Le
12 novembre, troubles au Timor oriental ; des soldats tirent sur des
manifestants à Dili, il y a plus de 200 morts.
1992 :
En avril, Suharto met fin au consortium d'aide étrangère (IGGI) ;
il dit en particulier aux Hollandais, d’ « aller en
enfer » avec leur aide. En juin, le Golkar remporte 70 % des
voix aux élections. En septembre, l’Indonésie prend la présidence
du Mouvement des non-alignés pour trois ans.
1993 :
En mars, Suharto est élu
par l'Assemblée pour un sixième mandat.
1994 :
En novembre, l’Indonésie préside l'APEC pour 1994 et organise une
conférence au sommet à Bogor.
1995 :
Le 10 avril, l’Indonésie annonce qu'elle va augmenter les
patrouilles aériennes autour des champs de gaz naturel de Natuna
(mer de Chine méridionale), en réponse à une éventuelle expansion
des revendications chinoises dans la région.
1996 :
En novembre, l’évêque
Belo du Timor oriental et José Ramos-Horta, un défenseur du
Fretilin à l’étranger, se voient décerner le prix Nobel de la
paix.
1997 :
Des violences ethniques éclatent à Kalimantan-Ouest entre les
Dayaks (animistes ou chrétiens) et les colons madurais (musulmans) ;
il y a près d’un millier de tués. En mai, le Golkar obtient 74 %
des voix aux élections.En
juillet, la crise financière en Thaïlande ouvre une période de
troubles économiques à travers l'Asie. La roupie indonésienne
commence à chuter avec d'autres monnaies régionales. Le gouvernement
indonésien appelle le Fonds monétaire international à l’aide. En
novembre, le FMI approuve un prêt pour l'Indonésie qui nécessite
qu’elle réforme son économie, mette fin à de nombreuses
subventions étatiques et réduise le népotisme.En
décembre, des rumeurs persistent selon lesquelles le président
Suharto serait malade.
1998 : En
janvier, Camdessus, directeur du FMI, se rend à Jakarta pour obtenir
de Suharto la signature d’une nouvelle lettre d'intention à
remplir les obligations du FMI.Presque
toutes les entreprises indonésiennes qui ont emprunté auprès des
banques étrangères sont maintenant techniquement en faillite.24
janvier, des émeutes commencent à éclater dans l'Est de Java, à
cause de la hausse des prix des denrées alimentaires.12
février, émeutes dans plusieurs villes de l'Ouest de Java.14
février, émeutes sur Lombok. La violence continue dans les villes
de Java-Ouest.
Suharto
envisage un plan afin de stabiliser la roupie. En mars, il est réélu
par l'Assemblée pour un autre mandat de cinq ans. De grandes
manifestations étudiantes ont lieu à travers Java et dans Ujung
Pandang.Les
protestations continuent en avril sur les campus universitaires à
travers l'Indonésie.Des
protestations à Medan conduisent à des émeutes, des pillages et
des incendies.
Un
chemin incertain vers la démocratie
Les années qui suivent immédiatement
la chute de Suharto correspondent à une longue période
d’incertitude, marquée par les hésitations du nouveau pouvoir,
confronté à la fronde généralisée d’une population lasse d’un
demi-siècle de régime autoritaire. Il faut contenir les diverses
forces centrifuges qui mettent en cause l’unité d’une Indonésie
toujours
confrontée aux revendications des musulmans
d’Aceh, des Moluquois ou des indigènes papous de l’Irian Jaya.
Le référendum organisé au Timor oriental annexé par l’Indonésie
à la faveur de la révolution portugaise de 1974-1975, aboutit, sous
le contrôle de l’ONU, à l’indépendance de la province, ce qui
suscite des revendications d’autodétermination dans certaines
régions indonésiennes. Désavoué par le Parlement, le président
Wahid doit finalement céder la place à Megawati Sukarnoputri qui
accède, en juillet 2001, à la présidence de l’Indonésie.
1998 : En
mai, les protestations étudiantes se propagent à travers le pays.Le
12 mai, six étudiants sont tués lors d'une manifestation à
l'Université Trisakti à Jakarta. Plusieurs jours de graves émeutes
et de pillages font plus de 500 morts dans la capitale. Suharto
quitte avant la date prévue la réunion du G-15 (pays en voie de
développement) au Caire. Les Chinois de souche commencent à quitter
le pays.Le
19 mai, Suharto apparaît à la télévision, déclare qu'il ne
démissionnera pas, mais que de nouvelles élections seront tenues
bientôt et qu’il ne se représentera pas.
Le
20 mai, 500 000 personnes manifestent dans la capitale, de grandes
manifestations ont également lieu à Surakarta, Medan et Bandung.Onze
ministres démissionnent.Le
21 mai, Suharto annonce sa démission à 9 heures. Le vice-président
BJ Habibie devient le nouveau Président de l'Indonésie.Le
22 mai, Habibie annonce un nouveau « gouvernement de réforme ».Le
16 juin, le procureur général Soedjono Atmonegoro présente un
rapport au président Habibie sur la corruption répandue dans le
« Yayasan » ou « Fondations » organisé par le président Suharto et
sa famille. Il est démis de ses fonctions par le président Habibie cinq
heures plus tard.En
juillet, les partisans d’Habibie prennent du poids au sein de la
direction du Golkar. Suharto est renvoyé du parti.Le
5 août, le gouvernement fait une offre d '« autonomie à grande
échelle » au Timor oriental.Le
15 août, le président Habibie présente ses excuses au nom du
gouvernement pour les violations aux droits de l'homme.Le
14 novembre, Habibie ordonne à l'armée de prendre des mesures
énergiques contre les manifestants.Le
13 décembre, le général Wiranto annonce un plan pour former des
civils à agir en tant qu'auxiliaires de l’ABRI dans la lutte
contre des troubles intérieurs.
1999 :
Le 1er
janvier, émeutes et troubles à Bandung et dans d'autres villes lors
des célébrations du Nouvel An.A
partir de janvier, les violences entre les factions au Timor oriental
s’accroissent.Le
24 février, l’Australie annonce la réouverture de son consulat au
Timor oriental.Le
gouvernement annonce que Xanana Gusmao sera libéré de son
assignation à résidence.L’ONU
annonce un plan pour la tenue d’un référendum sur l'autonomie au
Timor oriental.Le
12 avril, début du procès de Tommy Suharto pour corruption.Le
21 avril, un accord de paix est signé entre représentants
pro-indépendance et pro-Indonésie au Timor oriental.
Le
23 avril, Habibie préside une conférence durant laquelle il suggère
que les Moluques soient divisées en deux provinces et l’Irian Jaya
en trois provinces avant les élections de juin.
Le
5 mai, les représentants indonésiens et portugais signent un accord
à New York selon lequel le Timor oriental sera autorisé à voter
soit pour l'autonomie au sein de l'Indonésie, soit pour
l'indépendance.Le
14 mai, le Golkar annonce que Habibie est son candidat officiel à la
présidence.Le
28 mai, huit partis islamiques signent un accord pour les élections.Le
7 juin, vote pour 462 des 500 sièges à l'Assemblée.Le
12 juin, 25 % des bulletins de vote du 7 juin ont été comptés.
Le
21 juin, le KPU annonce que la publication finale des votes est
reportée au début de juillet.Le
1er
juillet, le gouvernement dit qu'il va poursuivre le constructeur PT
Timor Putra Nasional (détenu par Tommy Suharto).Le
4 juillet, des miliciens pro-Indonésiens attaquent des agents de
l'ONU à Liquiça, au Timor oriental.Le
15 juillet, les résultats officiels des élections sont enfin
proclamés.
Le
14 août, la campagne pour le référendum du 30 août sur
l'indépendance du Timor oriental commence.Le
30 août, vote au Timor oriental. Le 4 septembre, les fonctionnaires
des Nations unies annoncent que le référendum au Timor oriental a
abouti à un vote de 78 % en faveur de l'indépendance, avec un taux
de participation de plus de 99 %.Le
7 septembre, des pillages, des incendies et des émeutes ont lieu au
Timor oriental. Les installations de la MINUTO à Baucau sont
attaquées par des émeutiers pro-Indonésie et la plupart du
personnel de l'ONU est évacué. La loi martiale est déclarée, dans
un communiqué conjoint, par le général Wiranto, Habibie et
plusieurs ministres.Le
14 septembre, le Conseil de sécurité de l'ONU autorise la force
pour de maintien de la paix au Timor oriental. Le 16 septembre,
l’Indonésie annule l’accord de sécurité existant avec
l'Australie.Le
18 septembre, Xanana Gusmao quitte Jakarta pour Darwin, en Australie.Le
21 septembre, Habibie lève l'état d'urgence militaire au Timor
oriental.Le
6 octobre, Akbar Tandjung du Golkar est choisi pour être le
président de l'Assemblée (DPR).Le
7 octobre, le PAN et le Partai Keadilan apportent leur soutien à Gus
Dur pour le poste de président du pays.Le
10 octobre, des troupes australiennes de l’Interfet tuent un
policier indonésien lors d'une escarmouche à la frontière du Timor
oriental.Le
20 octobre, Abdurrahman Wahid (Gus Dur) est élu Président et
annonce le 26 un
nouveau gouvernement.Le
31 octobre, les dernières forces indonésiennes quittent le Timor
oriental.Le
8 novembre, rassemblement d’une centaine de milliers de personnes à
Banda Aceh en faveur d’un référendum pacifique pour décider de
l'avenir de la province d'Aceh.Le
FMI annonce qu'il va rouvrir les discussions d'aide financière avec
le gouvernement indonésien.Le
15 novembre, le président Wahid visite Tokyo, obtient des assurances
sur une aide financière du gouvernement japonais.La
Banque mondiale exprime sa préoccupation par rapport au budget de
l'Indonésie.
Le
16 novembre, le président Wahid annonce qu'un référendum pour Aceh
est possible. Mais le porte-parole de l'armée, le major-général
Sudrajat, dit que l'indépendance d'Aceh est hors de question.Le
22 novembre, le président Wahid commence un voyage de cinq jours au
Koweït, au Qatar et en Jordanie.Le
1er
décembre, le président Wahid commence une visite d'Etat en Chine ;
un communiqué de presse indique que les mesures administratives
anti-sino-indonésiens seront levées.Le
8 décembre, le président Wahid annonce qu'il ne tolérera aucun
mouvement appelant à l'indépendance complète d’Aceh.Le
31 décembre, le président Wahid visite Jayapura (Irian Jaya) et
présente ses excuses pour les actions militaires excessives dans la
province, mais exclut tout mouvement pour l'indépendance. La
province d’Irian Jaya est officiellement rebaptisée « Papouasie ».
2000 : Le
31 mars, les avocats de l'ex-président Suharto annoncent que leur
client est trop malade pour répondre à une convocation du procureur
général.Le
19 août, l’Assemblée permet à l'armée de conserver 38 sièges
jusqu'en 2009.
Le
4 décembre, s’appuyant sur un référendum dans son territoire, le
gouverneur d'Aceh annonce l'imposition de la loi islamique à Aceh.
Le
5 décembre, le gouvernement affirme que la politique de
transmigration entre les provinces a cessé à partir d’août 2000.
2001 : Le
22 février, le président Wahid part à l'étranger pour des visites
diplomatiques et le Hajj (pèlerinage à la Mecque).Le
24 avril, l’équipe de négociation du FMI quitte Jakarta sans
parvenir à un accord avec le gouvernement concernant le traitement
du déficit budgétaire.Le
12 juin, le président Wahid remanie son gouvernement.Le
13 juin, le représentant du FMI à Jakarta exhorte le gouvernement à
finaliser le budget 2001 dès que possible.Le
29 juin, le Japon reporte le paiement sur une partie significative de
la dette de l'Indonésie à son égard.Le
9 juillet, le président Wahid fait une déclaration disant que si
l'Assemblée ne parvient pas à un compromis avec lui au 20 juillet,
il va imposer l'état d'urgence, suspendre l'Assemblée et appeler à
des élections spéciales.Le
19 juillet, l’Assemblée adopte un projet de loi donnant plus
d'autonomie à Aceh, y compris une plus grande part des revenus du
pétrole et du gaz pour les huit prochaines années.Le
20 juillet, l’Assemblée se réunit pour préparer l'ouverture de
la session extraordinaire. Le 23 juillet, Wahid émet un décret
d'urgence, suspend l'Assemblée et toutes les activités du Golkar et
appelle à des élections générales d'ici un an. L'armée et la
police ignorent le décret et six ministres démissionnent.
Le
23 juillet, l'Assemblée vote à 591 voix pour et zéro contre, le
retrait des pouvoirs au président Wahid. Megawati Sukarnoputri est
instaurée cinquième Président de l'Indonésie.
2001-2004 :
une transition difficile
Avec sa nouvelle présidente,
l’Indonésie s’achemine laborieusement vers l’instauration d’un
régime de démocratie parlementaire sur le modèle occidental ;
iI faut toutefois compter avec l’héritage du passé – ce qui
conduit à dénoncer les scandales de corruption liés au régime
Suharto –, mais aussi avec une opposition musulmane qui se
radicalise, au point que l’Indonésie se trouve, notamment lors de
l’attentat de Bali, en première ligne face au terrorisme islamiste.
La présidente reconnaît les erreurs et les injustices commises
auparavant vis-à-vis des minorités. Sur le plan international, elle
travaille à l’intégration de l’Indonésie dans l’ensemble
Asie-Pacifique en train de monter en puissance. A l’issue de trois
années incertaines, elle doit laisser la place, lors des élections
présidentielles de 2004, à Susilo Bambang Yudhoyono.
2001 :
Le 26 juillet, Abdurrahman Wahid part pour Baltimore (Etats-Unis) pour
un traitement médical.Le
1er
août, des bombes explosent à Jakarta, au centre commercial de
l'Atrium Senen.Le
9 août, la présidente Megawati annonce son nouveau gouvernement
(« Gotong Royong » ou gouvernement de « coopération
mutuelle »).Le
10 août, Siti Hardiyanti Rukmana (« Tutut »), fille de l'ancien
président Suharto, est interrogée par la police pendant cinq heures
au sujet de la disparition de son frère Tommy.Le
13 août, Ari Sigit Harjodjudanto, petit-fils de l'ancien président
Suharto, est arrêté.Le
17 août, le président Megawati présente des excuses aux habitants
d'Aceh et de Papouasie occidentale pour les violations des droits
humains.Le
27 août, un petit groupe de fondamentalistes islamiques manifeste
contre le président Megawati à Jakarta, affirmant qu'une femme ne
doit pas être président.Le
6 septembre, le recteur de l’université Syiah Kuala de Banda Aceh
est assassiné.Le
7 septembre, le président Megawati présente le budget 2002 à
l'Assemblée.Le
9 septembre, le Partai
Demokrat est crée par des
partisans de Susilo Bambang Yudhoyono.Le
18 septembre, le président Megawati arrive à Washington pour une
visite d'Etat. Megawati condamne les attaques terroristes du 11
septembre. Les Etats-Unis et l'Indonésie sont d'accord pour rétablir
certains liens militaires annulés du fait de la crise au Timor
oriental.
Le
13 octobre, le vice-président Hamzah Haz critique les actions
américaines en Afghanistan.
Le
19 octobre, des militants islamistes manifestent à nouveau devant
l'ambassade américaine, mais Hamzah Haz demande un arrêt des
manifestations et des appels au boycott contre les Etats-UnisLe
20 octobre, lors de la réunion de l'APEC à Shanghai, les pays
membres passent une résolution contre le terrorisme ; l'Indonésie
appuie la résolution.Le
31 octobre, une commission de l'Assemblée parvient à un accord pour
des changements constitutionnels, dont ceux permettant l'élection
directe du président et du vice-président.Le
7 novembre, le Premier ministre chinois Zhu Rongji visite Jakarta.Le
8 novembre, les pays membres du Groupe consultatif sur l'Indonésie
approuvent un prêt de 3,14 milliards de dollars pour couvrir le
déficit budgétaire du gouvernement indonésien pour 2002.Le
11 novembre, Theys Eluay, chef du mouvement pour l'indépendance de
la Papouasie, est retrouvé mort dans une ville à l’est de
Jayapura. Le corps a été retrouvé dans un véhicule accidenté
avec des plaques d'immatriculation de la police, et il recèle des
traces de coups. Des émeutes éclatent autour de Jayapura. Le
lendemain, la TNI (les forces armées indonésiennes) à Jakarta,
nient que l'armée a été impliquée dans le meurtre de Theys Eluay.Le
26 novembre, un rapport publié à l'issue d'une réunion entre les
membres de l'Assemblée et le ministre des Finances Boediono, affirme
que 40 % des fonds destinés aux gouvernements locaux sont détournés.
Le vice-président Hamzah Haz demande une enquête le lendemain.Le
28 novembre, les combattants du Laskar Jihad brûlent quatre villages
chrétiens près de Poso (Célèbes).
Le
28 novembre, Tommy Suharto (Hutomo Mandala Putra) est retrouvé et
arrêté par la police à Tangerang.Le
12 décembre, le porte-parole de l'armée annonce que les camps de
militants islamistes extrémistes sur Célèbes ont eu des liens avec
le réseau international Al-Qaïda.
2002 :
Le 17 janvier, le
gouvernement augmente le prix du pétrole de 22 % ; les prix futurs
seront ajustés en fonction des prix du marché international.Le
18 février, le président Megawati fait du Nouvel An chinois une
fête nationale.Le
20 mars, procès de Tommy Suharto à Jakarta.Le
24 mars, le président Megawati fait une visite d'Etat en Chine, en
Corée du Nord et en Inde. Sur place, elle critique les actions
israéliennes dans les territoires palestiniens. La Chine offre 400
millions de dollars de prêt.Le
27 mai, la réunion des Nations unies sur l'environnement s’ouvre à
Bali, avec plus de 6 000 délégués.Le
26 juillet, Tommy Suharto est condamné à 15 ans de prison pour
assassinat.Le 12
octobre, un attentat islamiste perpétré à Bali tue 202
personnes dont 88 Australiens.
Le
19 octobre, le président Megawati signe deux nouveaux décrets
anti-terroristes, donnant à la police la possibilité de détenir
des suspects de terrorisme pendant six mois sans procès et
autorisant la peine de mort pour les actes terroristes. Le 28
octobre, le président Megawati fait une visite surprise à Bali sur
le chemin de retour d'une conférence de l'APEC au Mexique ;
elle se rend au chevet des blessés et sur le site des attentats.Le
3 novembre, le sommet annuel de l'ASEAN se tient à Phnom Penh, au
Cambodge, sous haute sécurité. Les dirigeants participant au sommet
conviennent de prendre des actions communes contre les groupes
terroristes régionaux.Le
28 décembre, des observateurs commencent à surveiller le processus
de paix à Aceh. Les équipes sont composées de représentants de
l’armée indonésienne, du GAM et d'observateurs militaires de la
Thaïlande et des Philippines.
2003 :
Le 9 février, 50 000 personnes assistent à une manifestation
organisée par le Partai
Keadilan (PK) contre une
éventuelle guerre en Irak.Le
4 mars, institution du tribunal islamique pour les affaires pénales
à Aceh.Le
5 août, un attentat-suicide devant l'hôtel Marriott à Jakarta tue
dix personnes.Le
6 octobre, l’ASEAN, les dirigeants chinois, indiens et japonais se
rencontrent à Bali pour discuter de la formation d'une communauté
économique asiatique.
2004 : Le
5 avril, lors des élections législatives, le Golkar remporte le
plus grand nombre de sièges (21,6 %), suivi par le PDI-P de Megawati
(18,5 %).Le
20 avril, Wiranto devient le candidat officiel du Golkar pour les
présidentielles.Le
5 juillet, Susilo Bambang Yudhoyono arrive en tête avec 33 % de suffrages au
premier tour de l'élection présidentielle.Le
20 septembre, Susilo Bambang Yudhoyono gagne, avec près de 61 % des
voix au deuxième tour de l'élection présidentielle. Il devient, le
20 octobre, Président de la république d’Indonésie.
L’Indonésie
face aux défis du XXIe siècle
Les premières années du XXIe siècle
voient le poids de l’Indonésie s’affirmer dans les affaires
asiatiques, et la réunion, à Jakarta, du sommet de l’ASEAN en
2011, puis celle du sommet de l’APEC à Bali en 2013 traduisent bien
la place qu’ont su, une soixantaine d’années après leur
indépendance, occuper les anciennes Indes néerlandaises dans
l’espace Asie-Pacifique. En octobre 2014, l’élection à
la présidence de Joko Widodo témoigne d’une alternance pacifiée
qui semble de bon augure pour l’avenir.
2004 :
En décembre, plus de 220 000 personnes sont mortes ou portées
disparues en Indonésie après un tsunami causé par un puissant séisme
sous-marin au large de Sumatra. Les vagues meurtrières atteignent la
Thaïlande, l'Inde, le Sri Lanka et la Somalie.
2005 :
En août, le
gouvernement et les séparatistes du mouvement Aceh libre (GAM)
signent un accord de paix prévoyant le désarmement des rebelles et
le retrait des soldats gouvernementaux de la province. Les rebelles
commencent la remise des armes en septembre ; le gouvernement retire ses
troupes en décembre.En
octobre, trois attentats suicides sur l'île touristique de Bali
tuent vingt-trois personnes, y compris les assaillants.
2006 :
En janvier, un rapport
du Timor oriental accuse l'Indonésie d'atrocités durant ses vingt-quatre ans
d’occupation, qui auraient entraîné la mort de plus de 100 000
personnes.
En février-mars,
manifestations meurtrières dans la mine d'or et de cuivre de
Grasberg, dans la province de Papouasie.
En décembre, les
premières élections directes ont lieu dans la province d'Aceh ;
conséquence bénéfique de l'accord de paix d’août 2005. L’ancien
chef rebelle séparatiste Irwandi Yusuf est élu gouverneur.
2007 :
En août, le groupe
islamiste Hizb ut-Tahrir organise une conférence internationale à
Jakarta appelant à la création d’un Etat islamique (Califat)
pour le monde musulman.
2008 :
En janvier, l'ancien
président Suharto meurt. En juillet, le rapport final conjoint
(Indonésie-Timor) de la commission Vérité accuse l'Indonésie de
violations des droits de l'homme en 1999 et l'exhorte à présenter
des excuses. Le président Yudhoyono exprime ses « profonds
regrets », mais ne formule aucune excuse.En
novembre, trois militants islamistes condamnés pour les attentats de
2002 à Bali sont exécutés.
2009 :
Le Parlement, la plus
corrompue des institutions gouvernementales de l'Indonésie, adopte
une loi qui affaiblit la Commission d'éradication de corruption.En
février, le secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton dit que
l’Indonésie aura un rôle essentiel dans la politique étrangère
de la nouvelle administration Obama.En
avril, le Partai Demokrat
(Parti démocrate) du président Yudhoyono augmente son nombre de
voix aux élections parlementaires, ce qui en fait le parti le plus
fort à même de former une coalition viable.Le
8 juillet, le président sortant Susilo Bambang Yudhyono remporte
l'élection présidentielle indonésienne. Il est réélu.Le
17 juillet, la Jemaah
Islamiyah commet deux
attentats à la bombe dans les hôtels JW Marriott et Ritz-Carlton de
Jakarta ; il y a neuf tués et de nombreux blessés.
2010 :
En février-mars,
plusieurs militants islamistes sont arrêtés dans une série de
raids policiers sur les camps d'entraînement de groupes liés à la
Jemaah Islamiyah
(JI) dans la province d'Aceh. Quatorze hommes sont accusés d'avoir
comploté pour lancer des attaques terroristes.
En mars, la police, au
cours d'un raid dans un cybercafé de Jakarta, abat Dulmatin, un
membre dirigeant de la Jemaah
Islamiyah et le dernier
principal suspect des attentats de Bali de 2002.Le
25 octobre, le volcan Merapi entre en éruption. Plus de 350 000
personnes sont évacuées, 353 personnes sont tuées. Le temple
de Borobudur est couvert de cendres volcaniques.En
novembre, visite du président américain Barack Obama. Il loue
l'Indonésie comme l’exemple même d’un pays en développement
ancré dans la démocratie et fort de ses diversités.
2011 :
Le 7 mai, Jakarta reçoit
le 18e
Sommet de l'ASEAN ; début de la présidence indonésienne.En
décembre, des problèmes de salaires insuffisants déclenchent trois
mois de grève des 8 000 travailleurs de la mine de cuivre et d'or
appartenant à la société américaine Freeport-McMoRan dans la
province de Papouasie.
2012 :
Mise en place du nouveau
système d'alerte et d’interventions d'urgence pour les
tremblements de terre et les tsunamis.
2013 :
Entre le 5 et le 7
octobre, l’Indonésie accueille le sommet de l'APEC 2013 à Bali.
2014 :
En janvier, le Brésil
et les Pays-Bas rappellent leurs ambassadeurs d'Indonésie après
l'exécution par un peloton de deux de leurs citoyens pour trafic de
drogue.Le
9 avril, l’Indonésie tient ses élections législatives ; le
PDI-P est en tête, suivi de près par le Golkar
et le Gerindra.Le
9 juillet, Joko Widodo, dit « Jokowi », est annoncé vainqueur aux
élections présidentielles, face à l'ancien général Prabowo
Subianto (gendre de Suharto) ; cependant, les deux côtés
revendiquent la victoire. Le
22 juillet, la Commission électorale indonésienne déclare Joko
Widodo officiellement vainqueur avec 53,15 % des voix ; son
rival, Prabowo Subianto, obtient 46,85 %.Le
20 octobre, Joko Widodo et Jusuf Kalla (vice-président) prêtent
serment pour la période de 2014 à 2019 au cours d’une session
plénière de l'Assemblée consultative du peuple (MPR). Des milliers
de personnes participent à la cérémonie d'inauguration et à la
parade le long des avenues Sudirman et Thamrin.Au
cours de son discours inaugural, le président Widodo met fortement
l’accent sur la relance de la politique maritime de l’Indonésie.
Le
28 décembre, le vol AirAsia 8501, sur son chemin entre Surabaya et
Singapour, s’écrase en mer de Java, au large des côtes de
Pangkalan Bun (Kalimantan central), tuant les 155 passagers et ses
sept membres d'équipage.
2015 :
Le ralentissement de l’activité mondiale et la chute des cours
des matières premières ont réduit le taux de croissance et
contribué à creuser les inégalités. Adepte des recettes libérales
le président Widodo espère faire de son pays un carrefour entre les
deux pôles de développement indien et chinois, en renouant
notamment avec la vocation maritime de l’archipel. Il met en œuvre
un ambitieux programme de création d’infrastructures et
d’animation économique des régions périphériques de l’archipel,
longtemps défavorisées par rapport à Java. Sa réputation de
démocrate et de libéral été écornée par son refus de gracier
treize étrangers condamnés à mort pour trafic de drogue.
2016 :
La situation de l’économe mondiale a empêché l’Indonésie
d’atteindre les 7 % de croissance espérés par son président. Le
pays n’a connu en effet qu’une croissance de 5 %, assurée pour
l’essentiel par les progrès de la consommation intérieure et par
les investissements publics. Le gouvernement cherche à attirer les
investisseurs chinois, qui peuvent contribuer au développement des
infrastructures (routes, ports, chemins de fer). Sur le plan
intérieur on constate la radicalisation d’une part non négligeable
de la communauté musulmane, très largement majoritaire (85 % des
260 millions d’habitants). Cette radicalisation s’est manifestée
lors de la campagne engagée contre Basuki Tjahaja Purnama, un
gouverneur chrétien d’origine chinoise accusé de blasphème pour
s’en être pris à un verset du Coran. On constate ainsi, après
les séquences nationalistes « laïques » correspondant
aux régimes de Soekarno et de Suharto, une réislamisation qui se
manifeste, notamment dans les classes moyennes, par le respect
grandissant du jeûne du Ramadan et par la généralisation du port
du voile.
2017 :
Cible d’une campagne lancée par les islamistes le gouverneur
Basuki Purnama a été battu en avril lors des élections locales qui
devaient lui permettre d’obtenir un second mandat et il a même été
condamné à deux ans de prison pour « blasphème ».
L’intéressé avait pourtant un bilan gestionnaire positif et cette
condamnation a vivement inquiété la minorité chrétienne.
Première
puissance économique du Sud-est asiatique - avec un PIB de 850
milliards d’euros selon le FMI - l’Indonésie doit toutefois
compter avec le relatif ralentissement de la croissance chinoise,
l’Empire du Milieu important moins de pétrole et de gaz, des
ressources qui représentent la moitié des exportations
indonésiennes. L’essor continu de la consommation intérieure,
portée par la rapide croissance d’une classe moyenne dynamique,
compense cependant ce ralentissement. La modernisation des
infrastructures et la lutte contre la corruption demeurent toutefois
des points de passage obligés pour que le pays soit en mesure de
développer dans l’avenir ses riches potentialités économiques et
géopolitiques.