On assimile souvent l’Etrurie
antique à la seule Toscane, et c’est à tort. C’est bien du
peuple étrusque que cette région tire son nom : les Etrusques
étaient en effet appelés en latin Etrusci, mais aussi Tusci,
d’où le nom géographique de Tuscie puis de Toscane. Florence et
la Toscane des Médicis ont été à la source du renouveau
étrusque. Mais les Etrusques avaient largement débordé cette
région pour dominer en fait la majeure partie de l’Italie, comme
le faisait déjà remarquer Caton l’Ancien. Et, ainsi, les
historiens du Risorgimento qui, au début du XIXe siècle, voulaient eux
aussi légitimer la politique de l’unité italienne en se référant
à des précédents historiques, ne se trompaient pas en attribuant
aux Etrusques la première réussite en ce domaine, au cours du Ier
millénaire avant notre ère.
Sans doute n’est-ce pas
toute l’Italie actuelle qui a été sous domination ou sous
influence étrusque, mais c’en est vraiment la majeure partie,
puisque cette zone s’étend du Nord du Pô (Mantoue, Milan) au Sud
de Naples : il ne faut en exclure que la région proprement alpine,
l’Italie méridionale et la Sicile correspondant plus ou moins à
ce qui était la Grande Grèce, ainsi qu’une frange de la côte
adriatique. On distingue traditionnellement l’Etrurie tyrrhénienne
ou proprement dite qui constitue le vrai cœur de la civilisation
étrusque, et qui est délimitée par le fleuve Arno au nord, par le
Tibre à l’est et au sud – lequel marque la frontière avec les
Ombriens, les Sabins et les Latins –, et à l’ouest, évidemment, par
la mer justement dite « tyrrhénienne », c’est-à-dire, en grec, « la mer
étrusque ». En termes de régions administratives, c’est donc non
seulement la Toscane, mais aussi une partie de l’Ombrie – Pérouse et
Orvieto sont en Ombrie – et surtout, une grande partie du Latium dans
lequel se trouvent quelques-unes des plus grandes cités étrusques
comme Caeré ou Tarquinia. Par ailleurs, au nord et au sud de cette
Etrurie tyrrhénienne, s’étendent donc les deux grandes zones
d’expansion étrusque que sont, d’une part, l’Etrurie padane,
dans la plaine et le delta du Pô – et l’Etrurie touche ainsi à
l’autre mer, à l’Adriatique – et, d’autre part, l’Etrurie campanienne dans la région qui va de Capoue à Salerne et
Pontecagnano.
L’Etrurie heureuse :
la fertilité des
campagnes
Les sources antiques insistent
toutes sur la richesse des terres d’Etrurie qui a permis à ses
dirigeants d’acquérir des surplus de pouvoir et de pratiquer des
échanges commerciaux : ces ressources ont favorisé l’émergence
d’une grande civilisation. « Comme ils habitent une terre fertile
en fruits de toute sorte et la cultivent assidûment, ils jouissent
d'une abondance de produits agricoles... Mais ce qui a concouru plus
que tout à les livrer à la mollesse fut la qualité de leur
terroir, car, habitant un pays qui produit tout et qui est d'une
fécondité sans limites, ils mettent de côté une abondance de
fruits de toute espèce. L'Etrurie, en effet, est très fertile, se
déployant en général sur des plaines que séparent des collines
aux pentes cultivables, et elle est modérément humide, non
seulement dans la saison d'hiver, mais encore pendant la période
d'été » (Diodore de Sicile, 5, 40). Le paradis ? L’âge
d’or ? En réalité, un paysage agraire aux reliefs modérés et au climat tempéré, avec juste ce qu’il faut de pentes pour
favoriser la viticulture. Et la critique habituelle chez les
écrivains grecs d’une Etrurie adonnée à la mollesse – le terme
grec est généralement celui de truphê – est ici corrigée par ce qui est dit du travail assidu de ses
paysans.
Les Etrusques, experts en
hydraulique
D’autant que les Etrusques,
maîtres de la science et des techniques hydrauliques, ont su mettre
en valeur des terres qui n’étaient pas toujours naturellement
propices à l’agriculture. En Etrurie méridionale, les sols
imperméables restent facilement inondés, et il a donc fallu les
drainer grâce à un réseau de cunicules, de galeries souterraines
qui s’étendent, par exemple à Véies, sur plusieurs kilomètres :
des puits verticaux conduisent les eaux stagnantes vers ces cunicules
qui les déversent ensuite dans les ruisseaux, puis dans le Tibre.
Lors du siège de Véies au début du IVe siècle avant notre ère, les
Romains sauront d’ailleurs utiliser un de ces cunicules pour
prendre la ville. Ces opérations de drainage ont aussi permis de
lutter plus efficacement contre la malaria qui sévissait et qui
sévira de nouveau dans toute la région après l’époque étrusque.
A Rome même, pendant les premiers siècles de la République, il est
sans cesse question de « pestes », d’épidémies dans lesquelles
il faut sans doute reconnaître la malaria. A Véies, il faut encore
citer cette autre réalisation qu’est le « Ponte Sodo » :
cette longue galerie creusée dans le tuf permettait d'évacuer les
eaux de la Valchetta qui auraient inondé régulièrement toute une
partie des terres de la cité et les auraient rendues impropres à
l'agriculture. Rome a bénéficié des mêmes soins hydrauliques de
la part des Etrusques et, grâce à la Cloaca
Maxima, le Très
Grand Egout, qui fut longtemps à ciel ouvert, on a pu drainer les
eaux de ce marécage qui deviendra le forum républicain, centre
politique, judiciaire, commercial et religieux de l'Urbs.
Des plateaux, des fleuves
côtiers et des villes
Dans l’Etrurie méridionale
maritime qui s’est développée avant les autres régions, le
paysage est surtout celui de plateaux de tuf (avec une variété un
peu noirâtre qu’on appelle le « nenfro ») sur lesquels est construite
la ville : le plateau est longé par un cours d’eau ou par plusieurs
ruisseaux qui ont contribué à sa formation, et, tout autour, s’étendent des plaines exploitées intensivement, qui fournissent
une grande partie des ressources alimentaires de la ville. Au pied de
la cité, ou sur des plateaux parallèles, se développent les
nécropoles qui sont souvent aujourd’hui le seul témoin des fastes
passés de ces orgueilleuses capitales toscanes. L’Etrurie a connu,
en particulier dans cette zone, une véritable urbanisation, et les
villes étrusques pouvaient avoir, pour les plus grandes d’entre
elles en tout cas, une population avoisinant les 30 000 habitants.
Ainsi, Caeré, l’actuelle Cerveteri, était bâtie à quelques kilomètres de la mer, sur un plateau longé par les fossés du Manganello et de
la Mola, cependant que ses immenses nécropoles occupent les plateaux
avoisinants (la Banditaccia, aujourd’hui inscrite sur la liste du
patrimoine mondial de l’Unesco, Sorbo, Monte Abatone). Un peu plus
au nord, Tarquinia était édifiée sur le plateau dit de « Cività »,
cependant que le fleuve Marta, émissaire du lac de Bolsena, coule au
nord de la cité, favorisant par là-même la liaison avec la mer
Tyrrhénienne et les ports comme Gravisca ; la plus importante
nécropole, dite « des Monterozzi », célèbre par ses hypogées couverts
de fresques, et également inscrite à l’Unesco, s’étend sur un
plateau parallèle à la Cività.
Les petits fleuves côtiers
sont nombreux et ont facilité les communications vers l’Etrurie
intérieure : le Fiora, qui coule à Vulci, l’Ombrone, qui remonte
jusqu’à Murlo, et le Cecina qui porte encore le nom d’une grande
famille étrusque puis romaine. On n’oubliera pas les lacs
(Bolsena, Bracciano), installés dans d’anciens cratères. Si l’Etrurie septentrionale intérieure présente un faciès un peu
différent, on y retrouve aussi fleuves et lacs (le Tibre, avec le
Chiana et le Paglia, l’Arno et, bien sûr, le lac Trasimène), mais
on peut observer là des sommets qui culminent à plus de 1000 mètres
(monts Amiata, Cetona). Et si Pérouse est bâtie sur une des
collines qui surveillent la vallée du Tibre, Orvieto est établie
sur un extraordinaire plateau de tuf, qui mérite bien son nom de « Rocher » (Rupe).
L’Etrurie des forêts, de
l’huile et du vin
L’Etrurie au sol fertile ne
disposait pas de grandes plaines avant la conquête de la Campanie et
de la plaine du Pô. Les textes de Polybe (2, 17, 1-3) et Strabon (5,
4,3) sont révélateurs à ce sujet, même si la « colonisation » au VIe siècle de ces provinces a eu aussi des raisons commerciales. Sans
oublier l’élevage, les images étrusques de laboureurs sont là
pour nous convaincre de l’importance de l’activité agricole :
un petit chariot de bronze de Bisenzio (nécropole de l’Olmo Bello,
tombe 2, aujourd’hui au musée de Villa Giulia) nous montre, dès
la fin du VIIIe siècle, non seulement des guerriers, des chasseurs, un
groupe familial, mais aussi une scène de labour avec deux bœufs
tirant l’araire. Autre témoin emblématique de cette activité, le
petit groupe de bronze d’Arezzo, représentant, vers 400, un
laboureur à sa charrue tirée par deux bœufs attelés sous le joug :
car, même si ce n’est pas là une scène strictement rustique,
d’après le vêtement du personnage, mais plutôt un moment rituel
dans la fondation d’une cité, le geste du laboureur renvoie à
cette activité fondamentale. Il faut encore citer les grands
conteneurs de terre cuite que sont les dolia ou pithoi en impasto à
engobe rouge et ornés de reliefs estampés : fabriqués en Etrurie
méridionale et, en particulier, à Caeré à la fin de l’époque
orientalisante, ils étaient évidemment destinés à engranger
divers produits de l’agriculture régionale, et leur présence en
nombre dans le mobilier de tombes princières est une allusion
directe à la source de la richesse et de la puissance de ces grandes
familles.
Les Etrusques ont su produire
en quantité céréales, vin et huile : pendant la période
républicaine, l’Etrurie est un véritable grenier à blé de Rome.
Lors de la seconde guerre punique, les paysans étrusques vont
assurer le succès de son expédition en fournissant à Scipion
l’Ancien les céréales nécessaires aux troupes (Tite-Live, 28,
45). Certaines cités interviennent surtout pour l'équipement des
navires : Tarquinia donne des toiles de lin pour les voiles,
Volterra, Chiusi, Pérouse et Roselle livrent du bois en quantité pour la construction des bateaux, bois qui pouvait arriver à Rome
par flottage (Strabon, 5, 2,5), selon une technique reprise à
travers les siècles. Denys d'Halicarnasse avait noté que ce pays
était riche en forêts : « Mais le plus étonnant de tout, ce
sont les forêts, qui poussent dans les lieux escarpés, dans les
vallons et sur les collines incultes, d'où l'on tire un bois qui est
aussi abondant et beau pour les constructions navales qu'il se prête
facilement aux autres utilisations. » (Antiquités romaines,1, 37,4).
On songera au bois de chauffage, utilisé en grandes quantités pour
alimenter les fours métallurgiques, et ces forêts abritaient
beaucoup de gibier : la chasse au sanglier étrusque, Tuscus
aper, a toujours
été appréciée (Stace, Silves,
4, 6,10). La très belle fresque de la tombe tarquinienne dite
justement « de la Chasse et de la Pêche » illustre bien cette activité
et ce loisir essentiels pour la classe dominante.
Les Etrusques ont au départ
importé leur huile de Grèce, avec le nom même de ce produit (un
petit aryballe de bucchero étrusque des années 650-630 porte
l’inscription presque grecque de Gaska eleivana, ce qui
signifie « petit vase à huile »). Mais bientôt ils vont fabriquer
sur leur propre sol, à Vulci, à Tarquinia, des aryballes et des
alabastres dits « étrusco-corinthiens », qui contenaient de l’huile
parfumée : il est clair qu’ils produisaient désormais aussi
le contenu, c’est-à-dire l’huile. Et ils vont même devenir les
rivaux commerciaux des Grecs, comme on peut en juger par les
exportations massives de ces petits vases étrusco-corinthiens un peu
partout en Méditerranée et, par exemple, à Carthage.
Le vin – dont le nom étrusque,
« vinum », est manifestement emprunté cette fois au
latin – était lui aussi produit un peu partout en Etrurie, et la
viticulture, d’après les analyses génétiques et l’outillage
identifié, est considérée aujourd’hui comme remontant au moins à
la période villanovienne, sinon à l’âge du bronze. Ce vin est
exporté sur différents marchés étrangers depuis la fin du VIIe
siècle, en particulier autour de la Méditerranée occidentale (Carthage,
Lattes près de Montpellier), comme on le voit bien par la découverte
d’amphores, qui étaient fabriquées à Caeré, à Vulci mais
aussi à Pise, par celle de vases de bronze ensuite, et, en
particulier, de ces cruches à long bec que l’on découvre sur de
nombreux sites européens, au nord des Alpes, et jusque dans
l’actuelle Tchéquie : l’absence d’amphores de transport
étrusques dans les régions de Gaule intérieure – mais on en connaît
maintenant à Lyon – ne prouve rien, puisque le vin étrusque a
parfaitement pu être transporté dans des outres ou des tonneaux (on
a même retrouvé de petits tonneaux en bois dans des tombes de
Cerveteri). Non seulement les Etrusques obtenaient des rendements
élevés, comme à Caeré (Columelle, 3, 3,3) où l’on fait encore
du vin aujourd’hui, mais ils étaient capables de produire autre
chose que la piquette de Véies dénoncée par plusieurs poètes
latins : Pline, dans son Histoire
naturelle (14, 68),
signale par exemple que les vins de la zone Tarquinia-Vulci pouvaient
être les égaux des meilleurs. Et Denys d’Halicarnasse n’hésite
pas à comparer les vignobles étrusques à ceux du Falerne, au nord
de Naples, qui fournissaient le roi des vins de l’Italie antique.
Toute cette richesse agricole étrusque trouve son expression la plus
parfaite, et non sans pittoresque, dans les raisons qui, selon
plusieurs auteurs, auraient poussé les Gaulois à envahir l’Italie :
c’est en leur faisant goûter le vin et l’huile d’Etrurie
qu’Arruns de Chiusi aurait séduit les Gaulois, et les aurait
finalement convaincus de faire le grand voyage vers le sud, vers
cette région qui produisait bien au-delà des besoins de ses
habitants (Tite-Live, 5, 33,2).
La
richesse du sous-sol. L’Etrurie du fer
Les
ressources du sous-sol, les gisements miniers ont été également
loués par les écrivains grecs et romains : malheureusement, les
fouilles sont un peu décevantes sur ce point, et, la plupart du temps, il est impossible de localiser et de dater précisément les mines.
Celles-ci ont en effet continué à être exploitées à travers les
siècles, et, bien souvent, les traces et vestiges remontant à la
période étrusque ont été totalement oblitérés. Mais on a mis au
jour des fours et un certain nombre d’installations métallurgiques
étrusques à Populonia et d’autres sites comme celui du lac de
l’Accesa, près de Massa Marittima, livrent des informations
révélatrices.
Il
est un point sur lequel tous s’accordent : c’est
l’importance du district minier et métallurgique constitué par
l’île d’Elbe et Populonia, cette dernière cité étant même
qualifiée parfois de « Pittsburgh de l’Antiquité ».
De Virgile, chantant à la fin du Ier siècle av. J.-C. l’île « généreuse en mines de fer inépuisables » (Enéide,
10, 173-174) à Rutilius Namatianus, lors de son voyage de retour en
Gaule en 417 de notre ère, beaucoup d’auteurs ont souligné les
richesses en métaux et, surtout, en fer, de l’île, surnommée en
grec Aithaleia, « noire de suie » (Diodore de Sicile, 5, 13,2).
On sait qu’avec la quête de terres agricoles, la recherche de ces
minerais a été un des moteurs, sinon le moteur principal de la
colonisation grecque le long des côtes de la mer Tyrrhénienne au
VIIIe siècle, et la découverte d’hématite elbaine à Ischia, dans les
îles Pithécousses des Anciens, parle d’elle-même : les
Chalcidiens venus de l’Eubée étaient eux-mêmes des spécialistes
du métal et on tient là un des termes de l’échange avec les
Grecs ; c’est le véritable essor de la civilisation étrusque qui
était en jeu, avec le phénomène d’acculturation qui s’ensuivait.
Mais si, à l’époque villanovienne, les Etrusques étaient
suffisamment puissants pour empêcher la progression des colons grecs
plus au nord, il n’en est plus de même après leur défaite de
Cumes en 474. Or, les Grecs de Syracuse sont toujours intéressés
par ces mêmes richesses de l’île d’Elbe. En 453-452, les
Syracusains s'en prennent donc au cœur économique de l'Etrurie, à
son district minier de l'île d'Elbe. Et, en 384, après l'expédition
athénienne de Sicile, ces mêmes Syracusains, placés désormais
sous le pouvoir de Denys, sont de nouveau en chasse le long des côtes
tyrrhéniennes, sans doute pour remonter une fois de plus jusqu'à
l'île d'Elbe et Populonia : au cours de leur raid, ils saccagent et
pillent au passage le très riche sanctuaire de Pyrgi.
Lorsqu'au VIe siècle, le minerai de fer de l’île d’Elbe a été transporté
sur le continent à Populonia pour y être traité – le bois
nécessaire aux fours venant à manquer –, les masses de scories
résultant de ces opérations métallurgiques ont fini par noyer sous
plus de dix mètres de hauteur les tombes de l’époque
orientalisante : étant donné l’imperfection des techniques de
réduction antiques et le faible rendement dans l’obtention de
métal, ces scories ont été exploitées au début du XXe siècle pour en
extraire le métal restant. On a connu le même phénomène dans le
Berry moderne avec les scories d’époque gallo-romaine. D’ailleurs, le poète Rutilius Namatianus rapproche encore, au
début du Ve siècle de notre ère, les richesses minières de l’île d’Elbe
et celles du Berry gallo-romain : « ... L’île fameuse par les
mines des Chalybes, Ilva, dont le produit [...] n’est pas inférieur à
celui que le Biturige traite dans ses généreuses fournaises... »
(De reditu suo,
349-354).
Un
récit de Diodore de Sicile est bien instructif, même si cet auteur
décrit des faits postérieurs à la grande époque étrusque
(Diodore écrivait à l’époque de César, mais s’appuie sur
Posidonius d’Apamée, lequel nous ramène à la fin du IIe siècle avant
notre ère) : « L’île d’Elbe contient en abondance une roche
sidérifère que l’on brise en morceaux en vue de la fonte et de la
préparation du métal. Ceux, en effet, qui s’adonnent à ces
opérations concassent le minerai et le torréfient dans d’excellents
fours : là, sous l’effet d’un feu puissant, ils le fondent et le
réduisent en lingots de dimensions convenables, qui ressemblent à
de grosses éponges. Des marchands les achètent en gros et les
transportent à Pouzzoles et dans les autres places de commerce. Des
entrepreneurs achètent cette marchandise, la font travailler par une
foule d’artisans forgerons qui sont à leur service, et produisent
ainsi toutes sortes d’objets de fer. Ils fabriquent soit des armes
diverses, soit des hoyaux, des faux et autres outils de très bonne
qualité. Les marchands les exportent ensuite dans toutes les parties
du monde, qu’ils font participer ainsi à ces commodités. »
(Diodore de Sicile, 5, 13, 1-2). Ainsi, le fer elbain se retrouvait-il
à cette époque à Pouzzoles, grand port du golfe de Naples, situé
face à Ischia (les îles Pithécousses) qui importait cette même
hématite étrusque plusieurs siècles auparavant : le choix de
Pouzzoles à la fin de la République n’a rien de surprenant,
puisque c’était le plus grand port de toute la région et même de
l’Urbs,
avant l’aménagement du site d’Ostie sous Claude puis Trajan.
Mais
l’île d’Elbe n’était pas la seule zone minière d’Etrurie.
C’était aussi le cas, non seulement pour l’arrière-pays de
Populonia, autour de Campiglia Marittima, mais aussi pour toute la
région située entre Volterra et Massa Marittima qui porte le nom
révélateur de « colline Métallifère ». On exploitait le fer et le
cuivre, mais aussi le plomb, l’argent et l’étain : on connaît
le rôle essentiel de ce dernier dans la production du bronze, cet
alliage qui nécessitait environ 10 % d’étain mélangé au cuivre,
et l’étain était beaucoup moins répandu que le cuivre. La zone
principale d’extraction se trouvait dans les fameuses îles
Cassitérides correspondant à notre Bretagne et, surtout, à la
Cornouaille anglaise : la longue route de l’étain, qu’il avait
fallu instituer depuis le Sud de l’Italie, a sans doute laissé
beaucoup de traces, à commencer par le cratère de Vix (dans le
mobilier funéraire de la princesse celtique on trouvait aussi des
bassins de bronze étrusques). Dans les environs de Massa Marittima,
des fouilles très fructueuses, conduites ces dernières années
autour du lac de l’Accesa, ont permis de dégager un habitat du
VIIe et du VIe siècle qui était certainement celui des ouvriers et des
ingénieurs exploitant les mines toutes proches : le fouilleur a pu
montrer que tout cet ensemble dépendait manifestement de la cité de
Vétulonia.
Autres
régions métallifères à signaler : les Alpes Apuanes au nord de
Pise, les environs d’Arezzo et, surtout, pour le fer, le cuivre, le
plomb et l’argent, les monts de la Tolfa situés entre les deux
grandes cités méridionales de Tarquinia et de Caeré, qui ont dû
évidemment s’en disputer la domination. Il n’est pas sûr en
revanche que les Etrusques aient déjà exploité dans ces monts de
la Tolfa l’alun qui a donné son nom à la ville d’Allumiere, et
qui fera plus tard la richesse des papes souverains de tout le Latium
: l’alun est essentiel entre autres pour fixer les couleurs sur les
tissus, pour le traitement des peaux, et devait être auparavant
importé de contrées lointaines.
Si
les Etrusques ont sans doute parfois exporté leur minerai, comme on
l’a vu avec l’exemple d’Ischia, ils ont aussi fabriqué pour
leur propre usage ou pour leurs trafics commerciaux des outils
agricoles, des armes, de la vaisselle métallique, des ex-voto,
statues et statuettes chefs-d’œuvre de l’art étrusque. En
témoignent ces merveilles que sont la Chimère d’Arezzo et
l’Arringatore du lac Trasimène, ou encore ces trépieds de Vulci,
ces très nombreux candélabres, tous ces vases en bronze de service
à boire, oenochoés à bec, situles, cistes, stamnos, bassins à
rebord perlé ou non, qui ont été exportés sur les rivages de la
Méditerranée et en Europe continentale. Les oenochoés à bec
(Schnabelkanne) ont, en particulier, envahi le monde celtique par les
cols alpins pendant tout le Ve siècle, et les formes de ces vases
métalliques ont été beaucoup imitées par les peuples indigènes, et, peut-être, les décors figurant sur les anses de ces vases de
bronze étrusco-italiques ont-ils influencé la formation de l’art
celtique. Preuve de la richesse métallique des Etrusques, le fait
qu’ils pouvaient déposer déjà dans leurs tombes villanoviennes
un mobilier de bronze considérable, écrasant celui des nécropoles
grecques contemporaines. Au début du VIIe siècle, le dépôt de piazza
San Francesco à Bologne comprenait 14 838 objets et fragments de
bronze qui attendaient d’être fondus pour une nouvelle
utilisation. Le savoir-faire des bronziers toscans n’était pas
moins reconnu : ce n’est pas un hasard si Pline l’Ancien
(Histoire naturelle,
34, 34) peut attirer l’attention sur les « signa
tuscanica »
(statues ou statuettes étrusques). En 264 avant notre ère, lors de
la prise du Fanum
Voltumnae, près
d’Orvieto, les Romains pourront razzier deux mille statues de
bronze qui surmonteront des bases votives sur des places de l’Urbs.
Les origines du monde étrusque
XIIe-Xe siècle avant J.-C. : Culture
protovillanovienne (âge du bronze final) : passage de l’inhumation
(culture apenninique) à l’incinération dans les futures régions
étrusques.
La question des origines est
un des piliers de ce qu’on a appelé « le mystère étrusque ». Depuis
l’Antiquité, deux théories principales s’affrontent :
celle, soutenue par Hérodote, d’une origine orientale, et plus
précisément lydienne (dans l’actuelle Turquie), et celle, soutenue
par Denys d’Halicarnasse, d’une origine autochtone. A l’époque
moderne, on a émis l’hypothèse d’une origine septentrionale. On
fonde aujourd’hui certains espoirs pour résoudre ce « mystère » sur l’analyse de l’ADN
parfois présent dans quelques squelettes de tombes étrusques.
IXe-VIIIe siècle avant J.-C. : Premier
âge du fer : en Etrurie, culture villanovienne (ainsi appelée
d’après le site de Villanova di Castenaso, près de Bologne,
fouillé peu après 1850). Ce faciès villanovien, marqué en
particulier par la présence dans les tombes d’une urne cinéraire
de forme biconique, se rencontre non seulement autour de Bologne, mais
aussi à Verucchio, près de Rimini, ainsi que dans une partie de la
Campanie (autour de Pontecagnano).
775 avant J.-C. : Arrivée des premiers
colons grecs en « Italie », les Chalcidiens d’Eubée, dans les îles Pithécousses
(l’actuelle Ischia).
814 avant J.-C. : Date traditionnelle de
la fondation de Carthage.
753 avant J.-C. : Date traditionnelle de
la fondation de Rome.
750 avant J.-C. : Les Eubéens fondent à
Cumes la première colonie grecque d’Occident : c’est en
même temps la plus septentrionale de toutes les colonies grecques,
preuve de l’attrait des Grecs pour les richesses minières
d’Etrurie.
720-580 avant J.-C. : Phase
orientalisante de la civilisation étrusque.
700 avant J.-C. : Premières inscriptions
et début de la grande peinture funéraire (à Véies : tombe
des Lions rugissants ; et à Tarquinia : tumulus de la Reine).
L’alphabet étrusque résulte d’un emprunt à des alphabets
grecs, en particulier à celui des Eubéens de Cumes, et les
Etrusques sauront adapter cet instrument à leur propre phonologie
(ainsi, ils n’utilisent pas les consonnes sonores comme le B, le D et le G). Quant à leur langue, elle reste aujourd’hui isolée, en
dépit de toutes les tentatives de rapprochement : l’étrusque
ne fait pas partie du groupe des langues indo-européennes. Dans ces
conditions, on lit l’étrusque de façon satisfaisante, mais le
lexique reste en grande partie inconnu, même si on comprend beaucoup
d’inscriptions au demeurant souvent très courtes. (On possède un peu plus de 10 000 inscriptions étrusques.)
675 avant J.-C. : Début de la production
du bucchero (Caeré, Tarquinia), céramique noire nationale des
Etrusques, obtenue par une cuisson réductrice très bien maîtrisée : les premiers exemplaires, fins et brillants, forment le bucchero
sottile qui sera suivi, en particulier à Chiusi, du bucchero dit « pesante ».
Tombes princières, comme la
tombe Regolini-Galassi de Caeré (Cerveteri) qui comprend de superbes
bijoux en or illustrant toute la technique des orfèvres étrusques
(filigrane, granulation).
657 avant J.-C. : Le marchand corinthien
Démarate, père du futur Tarquin l’Ancien, s’installe à
Tarquinia après son exil, entraînant avec lui artistes et artisans
grecs. C’est l’illustration même du commerce en Méditerranée
entre Etrusques et Grecs : mais les échanges sont importants
avec bien d’autres régions comme Carthage ou le Sud de la Gaule.
630 avant J.-C. : Début de la production
de la céramique étrusco-corinthienne.
615 avant J.-C. : Début du règne de
Tarquin l’Ancien, premier roi de la dynastie étrusque de Rome.
Les modalités de cette présence étrusque à Rome sont l’objet de
discussions : conquête militaire menée par différentes cités
étrusques (Véies, Caeré, Vulci, Tarquinia, Chiusi…) ou
immigration de populations venues d’Etrurie à différentes
époques ? Rome n’a jamais été vraiment une « ville
étrusque ».
600 avant J.-C. : Fondation de
Marseille par des colons phocéens.
C’est peut-être à ce
moment que se forme la confédération étrusque des Douze Peuples
dont la principale unité est d’ordre religieux. L’Etrurie ne
sera jamais qu’un ensemble de cités, avec leur capitale et leur
territoire, et en aucun cas un empire homogène et centralisé. Parmi
les principales cités, Véies, Caeré, Tarquinia, Vulci, Volterra,
Arezzo, Cortone, Pérouse, Volsinies (l’actuelle Orvieto).
Phases archaïque et
classique
Vers 580 avant J.-C. : Fondation de
Gravisca, un des ports de Tarquinia. Il s’agit là d’un exemple
d’emporium, sorte de port-franc et de sanctuaire, dans lequel des
marchands et armateurs étrangers (ici des Grecs venus en particulier
d’Egine, comme le célèbre armateur Sostratos) sont accueillis par
les Etrusques et placés sous la protection de leurs propres dieux
(Héra, Apollon, Aphrodite, Déméter).
578-534 avant J.-C. : Règne de Servius
Tullius (appelé en étrusque « Maxtarna ») arrivé à Rome de Vulci avec
les frères Vibenna : tous trois sont considérés comme des
condottieri, spécialistes de l’art de la guerre (cf la tombe
François de Vulci).
Vers 565 avant J.-C. : Fondation de la
colonie phocéenne d’Alalia (= Aléria) sur la côte orientale de
la Corse.
Vers 550 avant J.-C. : Fondation de Pyrgi,
port-emporium de Caeré qui accueillait des marchands et des dieux
carthaginois. Ce sanctuaire, qui deviendra célèbre et riche, était
relié à sa métropole par une voie sacrée. Il était composé en
fait de deux parties : au nord, un ensemble de deux grands
temples (cf la plaque de terre cuite illustrant un épisode des Sept
contre Thèbes) entre lesquels on a trouvé une vasque avec les trois
lamelles d’or, et un sanctuaire méridional abritant plusieurs
chapelles.
Vers 540 avant J.-C. : Bataille navale dite « d’Alalia » ou encore « de la Mer sarde ». Victoire des flottes de Caeré
et de Carthage sur celles des Phocéens et des Marseillais. Les
Phocéens doivent quitter la Corse qu’ils laissent aux Etrusques.
C’est l’apogée de la thalassocratie étrusque, c’est-à-dire
de la domination militaire et commerciale des Etrusques sur les mers.
Illustration de cette domination, le fait que les deux mers entourant
l’Italie portent encore des noms rappelant l’antique Etrurie : à l’ouest, la mer Tyrrhénienne (= Etrusque en grec), et, à
l’est, l’Adriatique tirant son nom du port étrusque d’Adria,
au nord du delta du Pô.
A partir de cette date, la
nécropole des Monterozzi à Tarquinia a livré de nombreux hypogées
aux murs couverts de fresques, qui représentent environ 2 % de
l’ensemble des tombes : ces tombes peintes appartiennent à
la catégorie la plus riche de la population. On trouve des
peintures, mais beaucoup plus rarement, dans d’autres cités, et
surtout à Chiusi.
534-509 avant J.-C. : Règne de Tarquin le
Superbe (cet adjectif renvoyant à sa conduite tyrannique).
509 avant J.-C. : Le tyran Tarquin est
chassé de Rome qui institue la république. Porsenna, roi de Chiusi,
met le siège devant la ville. Inauguration du temple dédié à
Jupiter Capitolin, dont le décor de terre cuite est l’œuvre
d’artisans étrusques (Vulca de Véies).
504 avant J.-C. : L’armée d’Arruns,
fils de Porsenna, est vaincue par Aristodème de Cumes et les Latins
à Aricie, au sud de Rome.
480 avant J.-C. : Victoire des Syracusains
sur les Carthaginois à Himère (Sicile) : synchronisme établi par
les historiens anciens avec la bataille de Salamine (recul général
des Barbares en Méditerranée devant les Grecs).
477 avant J.-C. : Guerre entre Rome et Véies
: désastre au Crémère pour l’armée gentilice des Fabii.
474 avant J.-C. : Victoire navale de Hiéron
de Syracuse sur les Etrusques à Cumes (casques étrusques dédiés à
Zeus olympien).
423 avant J.-C. : Prise de Capoue par les
Samnites.
415-413 avant J.-C. : Les Etrusques
envoient trois navires pour soutenir Athènes lors de son expédition
contre Syracuse.
406-396 avant J.-C. : Dernière guerre
romano-véienne et siège de Véies mené par le général Camille
pendant dix ans (c’est la guerre de Troie des Romains) : la ville
est détruite et son territoire confisqué.
390 avant J.-C. : Invasion gauloise et siège de Rome.
384 avant J.-C. : Raid syracusain mené
par le tyran Denys contre le très riche et célèbre sanctuaire de
Pyrgi.
358-351 avant J.-C. : Guerre impitoyable
(sacrifices humains) entre Tarquinia et Rome, suivie d’une longue
trêve de quarante ans, cependant que Caeré penche du côté romain.
Phases hellénistique et
romaine
302 avant J.-C. : Rome intervient à
Arezzo pour mater une révolte servile et remporte une victoire
sur Roselle.
295 avant J.-C. : Troisième guerre
samnite : victoire romaine à Sentinum sur une coalition formée
d’Etrusques, de Gaulois, d’Ombriens et de Samnites.
280 avant J.-C. : Triomphe romain après
la victoire sur Vulci et Volsinies.
273 avant J.-C : Fondation de la colonie de Cosa en face d’Orbetello, sur le territoire de l’ancienne Cossa, après la victoire sur la cité étrusque vaincue de Vulci. Cette colonie parmi les plus anciennes fondées par Rome connaît un aspect distinct des fondations précédentes : sans doute en raison du relief, son plan ne suit qu’assez peu le plan orthogonal et la spectaculaire muraille de plus de 1500 mètres au plan irrégulier qui l’entoure est réalisée selon le type architectural étrusque. Probablement que la fondation de cette cité avait un triple objectif : empêcher une « revanche » étrusque, protéger la côte de possibles incursions carthaginoises et défendre la frontière nord d’un éventuelle nouvelle descente gauloise.
264 avant J.-C. : Volsinies (Orvieto),
dernière cité étrusque indépendante et capitale de la
confédération, est conquise par Rome : les habitants sont chassés
de leur ville et contraints de s’installer au bord du lac de
Bolsena.
Le sanctuaire confédéral du
Fanum Voltumnae
est en partie pillé, mais continuera sans doute à vivre au ralenti,
jusqu’à ce qu’Auguste ou Claude restaurent une sorte de ligue
étrusque, plus ou moins folklorique, dans le cadre de leur politique
italienne.
217 avant J.-C. : Deuxième guerre
punique : victoire d’Hannibal sur les Romains au lac
Trasimène, au pied de la ville étrusque de Cortone.
205 avant J.-C. : Plusieurs cités
étrusques, de bonne grâce ou non, apportent leur contribution
(matériaux pour la flotte et l’armée, ravitaillement) à Scipion
partant en Afrique : il s’agit de Caeré, Tarquinia, Volterra,
Pérouse, Arezzo, Chiusi, Roselle et Populonia.
191 avant J.-C. : Fondation d’une
colonie romaine à Pyrgi, l’ancien port de Caeré.
91-88 avant J.-C. : Guerre « sociale »,
c’est-à-dire entre Rome et ses alliés : les Italiens situés au
sud du Pô et, donc, les Etrusques, reçoivent la citoyenneté romaine à
l’issue du conflit.
83-40 avant J.-C. : Guerres civiles entre
imperatores
romains (Marius-Sylla, César-Pompée, Octave-Antoine) dont l’Etrurie
subit les conséquences : exil de partisans de Marius, siège de
Pérouse.
27 avant J.-C. : Réformes
administratives d’Auguste : l’Italie est divisée en onze
régions, l’Etrurie étant la VIIe. Le latin est désormais la
langue officielle, même si certains érudits continuent sans doute à
étudier l’étrusque.
Vers 15 de notre ère : Dernière
inscription étrusque connue : c’est une inscription bilingue
étrusco-latine trouvée à Arezzo.
41-54 : Règne de l’empereur
Claude, lyonnais et premier historien du peuple étrusque. Il
rédige en grec un ouvrage sur les Etrusques. Mise en place de la
ligue des XV peuples d’Etrurie, qui succède à la dodécapole
dont le sanctuaire confédéral du fanum
Voltumnae a dû
subsister après la défaite de 264 : ce fanum se trouvait
aux pieds du rocher d’Orvieto et est aujourd’hui l’objet de
fouilles prometteuses.
47 : Réorganisation du collège
des haruspices. L’haruspicine est une science divinatoire qui
repose sur l’examen des entrailles et, en particulier, du foie (cf le Foie de Plaisance), des victimes sacrifiées. La science
religieuse des Etrusques ou Etrusca
disciplina
comprenait des livres consacrés aux foudres (libri
fulgurales), aux
rites (libri
rituales) et à
l’haruspicine (libri
haruspicini) : ces livres sacrés avaient été traduits en latin au cours du Ier
siècle av. J.-C.
337 : Rescrit d’Hispellum. Cette inscription, mise au jour à Spello en Ombrie et datant du
règne de Constantin, est un des rares documents permettant de
supposer que le fanum
Voltumnae se
trouvait près de Volsinies (l’actuelle Orvieto).
409 : Siège de Rome par Alaric. Les haruspices étrusques proposent encore leurs services. Les
Etrusques ont toujours été considérés dans l’Antiquité comme
un peuple particulièrement religieux (cf Tite-Live, 5, 1,7)
et leur religion a gardé son importance tout au long de l’empire,
à tel point qu’elle a été considérée comme « le dernier
rempart du paganisme romain » (D. Briquel).
Moyen Age et Temps
modernes
Début du XIIIe siècle : Fréquentation médiévale de tombes (tomba Bartoccini) de la
nécropole des Monterozzi à Tarquinia : des graffiti ont été
laissés par certains personnages, entre autres des membres de
l’ordre des Templiers, qui indiquent avoir copulé dans cette « grotte ».
1498 : Annio da Viterbo, moine
dominicain, publie en latin ses douze volumes d’Antiquités
variées qui font
la part belle aux Etrusques, mais aussi à des faux et à des
divagations renvoyant à la Bible.
1507 : Mise au jour d’un grand
tumulus orientalisant à Castellina in Chianti, qui a peut-être
inspiré à Léonard de Vinci son dessin d’un mausolée.
1537-1575 : Principat de Côme
Ier de Médicis qui promeut la redécouverte des Etrusques à des
fins politiques. En 1570, il obtient le titre de Grand-duc de
Toscane (en latin Magnus
Dux Etruriae, comme
on peut le voir sur la base de sa statue équestre à Florence).
1553 : Découverte de la Chimère
d’Arezzo.
1566 : Découverte de
l’Arringatore (le « Harangueur ») près du lac
Trasimène, que l’on prend comme exemple de l’orateur romain,
mais dont une inscription, gravée sur le bas de sa toge, montre bien
qu’il s’agit d’un personnage étrusque.
1619 : Th. Dempster rédige un
remarquable ouvrage d’ensemble sur les Etrusques, le De
Etruria regali,
lequel ne sera publié que plus d’un siècle plus tard.
1726 : Fondation de l’Accademia
Etrusca de Cortone, une société savante qui jouera un rôle
important dans les études étrusques et qui existe encore
aujourd’hui.
1789 : L’abbé Luigi Lanzi
publie son Saggio di
lingua etrusca e di altre nazioni d’Italia,
qui fait le point sur l’alphabet et la langue étrusques.
1829 : Fondation de l’Institut
de Correspondance archéologique (Rome)
1836 : Découverte de la tombe
Regolini-Galassi à Cerveteri (en 1820, l’édit Pacca avait
institué des règles concernant les fouilles archéologiques dans
les Etats du Pape : première initiative d’une politique
patrimoniale).
1837 : Inauguration du Museo
Etrusco Gregoriano au Vatican.
1870 : Inauguration à Florence,
alors capitale du royaume d’Italie, du Musée archéologique,
censé devenir le grand musée italien des antiquités étrusques.
1889 : Inauguration à Rome,
désormais capitale du royaume d’Italie, du musée de Villa
Giulia.
1916 : Mise au jour de l’Apollon
de Véies.
1928 : Premier Congrès
international étrusque à Florence et Bologne (la revue Studi
Etruschi avait vu le jour l’année précédente).
1955 : Première exposition étrusque
d’envergure à l’échelle européenne (présentée à Paris,
Milan, Zurich, La Haye, Oslo, Cologne).
1985 : Année étrusque : plusieurs
grandes expositions dans différentes villes d’Italie, et Second
Congrès international étrusque à Florence.
1992-1993 : Exposition « Les
Etrusques et l’Europe » (Paris, Grand Palais et Berlin,
Altes Museum).