Riverain
de l'océan Pacifique, situé entre la Colombie et le Pérou, l’Equateur
est le plus petit des Etats andins, mais aussi le plus densément
peuplé. Ses milieux sont très divers. On distingue en effet l’aire
andine où alternent montagnes tropicales sèches et équatoriales
humides, le Bassin amazonien et la côte du Pacifique où l’on
passe en 300 kilomètres du semi-désert à la forêt dense. Quatre
ensembles se détachent. Tout d’abord, les Andes équatoriennes ou
Sierra sont étroites d’une centaine de kilomètres, avec des
bassins internes très peuplés et entourés de deux cordillères de
volcans. Le climat, adouci par l’altitude, permet de cultiver des
fruits, légumes et céréales, dans les vallées fertiles.
L’Amazonie ou Oriente est couverte de forêts denses équatoriales,
en partie défrichées par des fronts pionniers. C’est une région
chaude et humide. La côte est l’une des régions les plus
fertiles : on y produit notamment les bananes et les ananas.
Enfin, les îles Galapagos comportent six îles principales et une
douzaine d’îlots qui sont les parties émergées d’édifices
volcaniques pour la plupart éteints. Riches d’une faune
exceptionnelle, elles sont situées dans l’océan Pacifique, à
mille kilomètres au large de Guayaquil.
Au
sein de la population, les métis (ceux qui ont des ancêtres
espagnols et amérindiens) sont les plus nombreux (65 %), suivis des
Amérindiens (25 %), des Créoles (descendants directs des colons
espagnols) et des Afroéquatoriens.
Le passé indien et inca
Les premières populations dont l'existence a été identifiée en Equateur au cours des millénaires antérieurs à la période de l'hégémonie des Incas demeurent longtemps hors de l'Histoire. Elles sont dispersées en communautés autonomes qui ne se regroupent en une sorte de confédération politique centrée sur l'actuelle région de Quito qu'aux alentours du VIIIe siècle de notre ère. L'irruption des Incas, à la fin du XVe siècle, entraîne la mise en place d'une nouvelle organisation administrative et des progrès significatifs en matière agricole, mais la conquête s'est avérée longue et difficile et la population autochtone demeure longtemps rétive.
8000
avant J.-C. : Premières traces de présence humaine en
Equateur. Certains archéologues pensent qu’elle est même
antérieure à cette date.
3500
avant J.-C. : Période de la culture Valdivia, située dans la
péninsule Santa Elena. Des sites préhistoriques ont été retrouvés
dans les provinces côtières, ainsi que dans les hautes terres du
Nord, du Sud et de l’Ouest du pays. L’Equateur fut probablement
l’une des zones les plus tôt humanisées, mais sa population
demeura longtemps éparse et diversifiée.
VIIIe après siècle J.-C. : Royaume de Quito (ou confédération de Quito), fondé
autour de l’actuelle capitale par les Caras. Ils rassemblent, sous
la conduite de leurs chefs, les régions de Cayambé, Otavalo, Huaca,
Tusa, Latacunga et Ambato. Les peuples de la confédération étaient
le plus souvent guerriers et résistèrent à l’invasion inca, en
vain. Au sud de l’Equateur vivaient les Cañaris qui formaient un
ensemble linguistique sans être pourvus d’une organisation
politique centrale. On a, par ailleurs, fort peu d’éléments sur les
peuples d'Amazonie.
1463 :
Invasion inca. A cette époque, on dénombre neuf groupes
linguistiques principaux sur la côte : les Malaba, les Cayapa,
les Nigua, les Compaz, les Caraques, les Manta, les Chono, les
Hunacavilca et les Puna, sans compter les nombreux groupes présents
dans le reste du pays. Les peuplades installées le long de la côte
étaient globalement organisées en tribus ou petites chefferies
vivant de l’agriculture, de pêche et de gibier et cultivant
principalement le maïs, le yucca et les patates douces. Les
groupes de la sierra étaient dotés d’un système agricole et
commercial plus perfectionné. Pour l’agriculture, ils utilisaient
l’irrigation, les engrais, le drainage ou encore des terrasses. Ils
obtenaient les produits qu’ils ne pouvaient cultiver en recourant à
un système d'échanges élaboré. Les petites communautés étaient
liées à de des chefferies qui, dirigées par des caciques selon
une organisation tribale, pouvaient rassembler jusqu’à 10 000
âmes. La majorité de la population précolombienne était
concentrée dans les hautes terres et aurait avoisiné les 800 000
âmes. Les populations installées à l’est du pays étaient les
moins développées et vivaient selon un mode d'existence
semi-nomade. Leur nombre ne semble pas avoir dépassé les 150 000
habitants.
La conquête inca a représenté une rupture importante en ce qu’elle a eu des
répercussions en matière économique, sociale, politique et
religieuse pour une grande partie des groupes indigènes, notamment
ceux des hautes terres. L'invasion fut longue et difficile. Les
Incas n’eurent en revanche presque aucune influence sur les
populations côtières et sur celles de l’Oriente. La conquête
commença sous le règne du neuvième inca, Pachakutik Inca Yupanqui
qui lança son fils à la tête d’une armée de 200 000 hommes
contre le Nord du Pérou. Après la conquête de la région, les
soldats poursuivirent leur entreprise en combattant les Cañari, dans
les hautes terres méridionales. La guerre contre les Cañari retarda
l’armée de Tupa Inca Yupanqui vers le nord et c’est son
successeur Huayna Capac qui acheva l’intégration de la région de
Quito à l’empire. Les Incas établirent un contrôle militaire
puis leur domination politique, notamment par le biais des mitimaes,
de fidèles colons, dans les centres administratifs qu’ils
développèrent. Certains chefs locaux furent intégrés au nouvel
ordre. Le territoire fut divisé en provinces, elles-mêmes réparties en hanan ou hurin. Chaque province, dirigée par un
gouverneur qui recevait ses ordres de l’empereur de Cuzco,
comprenait en théorie 40 000 habitants.
Toutes
les terres et leurs revenus, jusqu’alors détenus de manière
personnelle, devinrent la propriété de l’Etat inca. Ce nouveau
système avait pour but d’augmenter les rendements et la
productivité, ce qui se traduisit par le perfectionnement de
l’irrigation et de l'aménagement des terrasses.
La
population fut mobilisée pour divers services d’utilité publique.
Les conscrits – ou yanaconas – étaient le plus souvent des
artisans qualifiés. Certaines femmes appelées aklla furent
envoyées comme concubines de l’inca ou comme épouses de nobles
incas tandis que d’autres, les mamakuna, demeuraient
vierges, dans les temples, au service des divinités. Le quechua
devint la langue officielle, bientôt parlée par la majorité de la
population des hautes terres.
L’inca
Huayna Capac établit à Quito une cour qui put rivaliser avec celle
de Cuzco et où il mourut vers 1525-1527, de manière totalement
inattendue. Sa disparition fut suivie d’une lutte fratricide entre
Atahualpa, son fils préféré, et son demi-frère Huascar.
1531 :
Après la momification de son père, Atahualpa se proclama roi de
Quito et affirma son indépendance du royaume de Cuzco. Huascar lança
alors contre lui une armée qui fut défaite. A la suite de la
victoire d’Atahualpa, Huascar fut capturé et fait prisonnier. Les
Equatoriens considèrent Atahualpa comme le premier grand héros
national, « créateur de la nationalité de Quito ».
La conquête et la société coloniale
1524 :
Francisco Pizarro (« Pizarre »), noble Estrémadure, mène une expédition à
partir du Panama pour explorer les côtes occidentales de l’Amérique
du Sud, à la recherche de la ville mythique d’Eldorado. Il ne
trouve rien, mais revient avec l’idée qu’un vaste empire s’étend
au sud.
1526 :
Seconde expédition de Pizarre qui explore les côtes de l’actuel
Equateur et se heurte à l’hostilité des indigènes, dans la
région d’Esmeraldas. Un campement est établi sur l’île Gallo,
près de Tumaco, en Colombie, et Pizarre ordonne à ses navires de
retourner au Panama. A l’embouchure de la rivière Tumbez, Pizarre établit des liens avec des représentants de Huayna Capac. Il est alors convaincu d’avoir trouvé une civilisation équivalente à
celle des Aztèques du Mexique, découverte par Cortes. Il décide
alors d’organiser la conquête de cet espace nouveau, mais fait face au refus du gouverneur de Panama. Il retourne en Espagne pour exposer
ses projets au roi Charles Ier qui est à ce point
convaincu par ses dires qu’il le nomme gouverneur et capitaine
général du Pérou. L’explorateur peut alors entreprendre une
expédition en vue d’une conquête, avec l’aide de Diego de
Almagro.
janvier
1531 : Pizarre accoste sur la côte septentrionale de
l’Equateur. Il aborde dans un village paisible où il trouve de
l’or et des émeraudes. Il traverse le pays sans trouver de
véritable résistance. Bientôt, Sebastian de Belalcazar et une
centaine d’hommes dirigés par Hernando de Soto le rejoignent dans
le golfe de Guayaquil.
15
novembre 1532 : Pizarre et ses hommes capturent l’Inca
Atahualpa dans la ville de Cajamarca. Bien que sa rançon ait été
payée, ce dernier est condamné à mort et étranglé. Belalcazar
est envoyé de la ville de Piura pour conquérir la partie
septentrionale de l’Empire inca tandis que Pizarre s’empare
rapidement de Cuzco. Il ne parvient pas à battre l’armée du
général inca Ruminahui qui se retire dans Quito où il détruit la
plupart des bâtiments qui peuvent être utiles à l’ennemi.
Cependant, Belalcazar obtient le renfort d’une expédition
commandée par Pedro de Alvarado, gouverneur du Guatemala, dont les
troupes se joignent aux siennes pour assaillir Quito. Ruminahui
ordonne de faire brûler la ville et est finalement capturé et
exécuté par les Espagnols.
6
décembre 1534 : Belalcazar fonde la ville de San Francisco de
Quito, après avoir créé celle de Guayaquil l’année précédente.
A Quito, il fait édifier un palais, une église et établit un
gouvernement municipal. Il quitte l’Equateur pour la Colombie en
1536.
décembre
1540 : Gonzalo Pizarre, demi-frère de Francisco, devient
capitaine général de Quito. Avec ses hommes, il entreprend une
expédition de grande envergure qui le déçoit car il trouve peu de
trésors dans la région de Quito. Accordant du crédit à la rumeur
selon laquelle Ruminahui aurait caché tous les trésors dans des
cavernes de la cordillère, à l’est du pays, il part à leur
recherche.
février
1541 : Accompagné de Francisco de Orellana, de deux cent dix soldats
espagnols et de quatre mille porteurs indiens, Pizarre quitte Quito pour
la cordillère. La moitié des hommes trouvent la mort lors de la
traversée de la forêt équatoriale. Au niveau de la rivière Coca,
Orellana et deux cent cinquante hommes sont envoyés en éclaireurs : cependant,
le Coca se jetant dans le Napo, lui-même affluent de l’Amazone, il
leur est impossible de le remonter. Ils traversent ainsi toute
l’Amérique du Sud jusqu’à l’océan Atlantique et se
retrouvent en Espagne. Pizarre les croit pour sa part perdus et
renvoie des hommes qui parviennent à Quito en août 1542.
1546 :
Nunez de Vela arrive à Lima comme vice-roi du Pérou. Il tente
d’imposer des règles dans la colonie et se heurte à l’opposition
des colons. Il est arrêté par les juges de l’Audience de Lima et
renvoyé par bateau à Panama. Il réussit à convaincre le capitaine
du navire de le libérer à Tumbes et s’allie avec Belalcazar pour
reprendre la vice-royauté.
18
janvier 1546 : Nunez de Vela est tué par les rebelles, menés
par Gonzalo Pizarre, à la bataille d’Anaquito.
1548 :
Gonzalo Pizarre est à son tour défait et capturé par l’armée
royale. Avec sa mort, Quito entre dans une ère de paix et de
stabilité.
Après que Pizarre et ses compagnons se sont emparés de l'Empire inca au lendemain du guet-apens réussi à Cajamarca contre l'Inca Atahualpa, le nouveau maître du Pérou envoie l'un de ses lieutenants, Sébastien de Belalcazar, conquérir le Nord de l'empire vaincu, la région de l'actuelle Quito d'où Belalcazar ira rejoindre peu après, sur les hauts-plateaux de l'actuelle Colombie, au cœur du pays chibcha, Gonzalo de Quesada venu des côtes caraïbes et l'Allemand Fedemann arrivé du Venezuela après avoir traversé les llanos de l'Orénoque. C'est sur les hauts plateaux andins que s'établit alors une société coloniale marquée par l'installation du système de l'encomienda. L'Audience de Quito jouit d'une réelle autonomie jusqu'au XVIIIe siècle qui va la voir réunie à la Nouvelle-Grenade dont la capitale est fixée à Santa Fé de Bogota. Durant les deux siècles qui suivent la conquête, les ordres religieux espagnols réalisent une œuvre considérable d'évangélisation, contribuant ainsi à intégrer le nouveau monde sud-américain à la Hispanidad.
1544
à 1563 : L’Equateur est gouverné directement par la
vice-royauté du Pérou avec, pour seules unités administratives, les
cabildo, sortes de conseils municipaux.
1563 :
L’Audience de Quito est établie, elle est en charge des affaires
judiciaires. Son autorité s’étend bien au-delà du territoire de
l’actuel Equateur, jusqu’en Colombie et au Pérou. Certains des
territoires qu’elle comprend sont totalement inconnus et
inexplorés. Les frontières n’étant pas précisément définies,
des dissensions territoriales apparaissent avec le Pérou et la Nouvelle-Grenade. La sierra, zone montagneuse et la plus peuplée, correspond à la région où l’autorité hispanique est la plus forte. La
population indigène s’y trouve totalement dominée. La ville
espagnole de Quito est construite au-dessus de la cité inca tandis
que d’autres villes, telles qu’Ibarra, Ambato, Riobamba, Cuenca
et Loja, sont fondées dans les vallées andines. Cependant, les
Espagnols ne parvinrent jamais à intégrer les basses terres et les
régions côtières et à en faire un ensemble unifié politiquement
et économiquement. L’espace oriental demeure en grande partie
inexploré.
Quito
est le centre espagnol religieux, culturel, social et politique de
l’Equateur colonial. L’église d’El Belen est le premier
bâtiment à y être construit ; la première messe de Quito y
est célébrée. De nombreux monastères sont construits dans le
pays, signe de l’effervescence religieuse. Les divers ordres
religieux fondent également des écoles, des hôpitaux, des
universités, des orphelinats.
En
haut de la hiérarchie sociale se trouvent les chapetones,
c’est-à-dire les Espagnols issus de la péninsule ibérique.
Viennent ensuite les Créoles, leurs enfants nés en Equateur :
ce sont de grands propriétaires terriens, des officiers, des
commerçants. Les métis, nés de l’union d’Espagnols avec des
indigènes, représentent un groupe relativement diversifié. Les
indigènes sont les plus marginalisés et les Africains sont, en raison de leur aptitude au travail, mieux payés qu’eux.
La
richesse de l’Equateur n’était pas minière mais agricole, et les
Espagnols y introduisirent le système des encomiendas, grandes
propriétés terriennes sur lesquelles travaillaient des indigènes
réduits à une condition de quasi esclaves. Les hautes terres
fournissaient la majorité des récoltes du pays ainsi que de la
laine et du coton. Le nombre d’encomiendas a probablement
atteint celui de 500 à l’époque coloniale. Ceux qui ne
travaillaient pas dans les encomiendas étaient rassemblés
dans des villes, ou reducciones, dirigées par un chef, ou
kuraka, qui servait d’intermédiaire entre les indigènes et
les autorités espagnoles. Chaque ville indigène devait, en théorie, fournir des produits artisanaux.
1534 :
Début de la construction du monastère de San Francisco par le frère
Jadoco Ricke.
1605 :
Début de la construction de l'église de la Compañia de Jesus par les jésuites,
un chef-d’œuvre du style rococo, à Quito. La ville de Guayaquil
se développe comme centre de commerce : ce port permet
l’exportation de nombreux produits d’Equateur vers la métropole.
La construction de navires occupe également une place importante
dans l’économie de la ville.
1717 :
Création de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade, incluant
l’Equateur, la Colombie, le Venezuela et le Panama actuels. Bogota
est choisie comme capitale.
1736 :
Une équipe de scientifiques de l’Académie française des
sciences, menée par Charles de La Condamine, arrive pour déterminer
le lieu exact de l’équateur. Ils apportent avec eux des ouvrages
des philosophes des Lumières qu’ils diffusent auprès des
intellectuels créoles. Grâce à cette expédition, le monde accorde
plus d’importance à cette région jusqu’alors peu connue. Elle
explique le choix qui fut fait ultérieurement par le pays du nom d’Equateur,
lors de l’indépendance.
Fin
du XVIIIe siècle : Le système de l’encomienda est
remplacé par celui de l’hacienda, possédée par des
Espagnols ou des Créoles. Les indigènes y sont employés en échange
d’un lopin de terre qui leur permet de subvenir à leurs besoins.
L'indépendance et les débuts de la république
L'Equateur, qui ne prend ce nom qu'en 1830, accède difficilement à l'indépendance dans les premières décennies du XIXe siècle. Demeuré longtemps loyaliste, le pays de Quito est entraîné dans le tourbillon de l'aventure bolivarienne et se retrouve un temps annexé à la Grande Colombie fondée par le Libertador. Il doit ensuite s'affirmer face à ses divers voisins, le Pérou, la Nouvelle-Grenade, appelée à devenir la Colombie, et même le Brésil. Une fois l'indépendance assurée, il peine à trouver son équilibre politique entre conservateurs et libéraux.
1809 :
Premier manifeste déclarant l’indépendance de l’Equateur. C’est
à cette époque qui naît l’idée de l’Equateur comme nation.
A Quito, un certain Francisco Eugenio de Santa Cruz y Espejo,
intellectuel et physicien, fait office de secrétaire de la Société
patriotique des amis du pays. Il s’agit d’un zambo, né
d’un père noir et d’une mère indigène, mais son talent lui permet d’accéder à l’élite créole.
1792-1795 :
Espejo utilise le bulletin de la Société patriotique des amis du
pays pour plaider l’indépendance et l’établissement d’une
république. Il propose notamment un changement social radical, la
nationalisation des biens du clergé, la confiscation des biens des
ordres religieux et l’expulsion des Espagnols originaires de la
métropole qui détiennent une grande part des offices
administratifs. Arrêté et emprisonné pour avoir rédigé ses
manifestes, il meurt en prison, en ayant cependant fait des émules
auprès des Créoles tels que Juan Pio Montufar y Larrea qui mènera
première révolte contre les Espagnols. Espejo est ainsi considéré
comme le père de l’indépendance et comme le premier martyr
politique de la nation.
1808 :
Invasion de l’Espagne par Napoléon. Le roi Charles IV abdique et
l’Empereur place son frère Joseph Bonaparte sur le trône. Ce
dernier entreprend des réformes telles que l’abolition de la
féodalité, la diminution de l’autorité de l’Eglise ou encore
l’intégration de l’Espagne au système continental créé par
Napoléon. Elles provoquent une réaction en Equateur et la
formation d’une junte pour soutenir Ferdinand VII, fils de Charles
IV. Les autorités étouffent rapidement cette conspiration. Le
groupe passe dans la clandestinité et se réunit chez un important
personnage de Quito, Manuela Canizares. Il proclame la Junte
souveraine de Quito et affirme sa légitimité comme gouvernement de
remplacement de l’Audience.
10
août 1809 : Jour officiel de l’indépendance de l’Equateur.
Selva Alegre est nommé président et l’évêque de Quito, José
Cuero y Caicedo, devient, pour sa part, vice-président. La garnison
espagnole présente à Quito soutient la junte et arrête le
président de l’Audience. Un Conseil ouvert (cabildo abierto),
composé d’éminents citoyens, approuve les actes de la junte dont
les objectifs sont la préservation de la religion, la défense de la
patrie et de la monarchie de Ferdinand VII. Si la junte gouverne
Quito pendant trois mois, elle est dans l’impossibilité de
convaincre les villes de Cuenca et de Guayaquil. Elle doit faire face
à des luttes internes qui apparaissent rapidement tandis que les
vice-rois du Pérou et de Nouvelle-Grenade condamnent la révolte et
envoient des troupes pour y mettre fin.
5
octobre 1809 : Fuite de Selva Alegre.
28
octobre 1809 : Les troupes royales reprennent le contrôle de la
ville et arrêtent plus d’une centaine de patriotes, condamnés à
l’exil ou à mort.
septembre
1810 : Un fils de Selva Alegre, le lieutenant-colonel Carlos
Montufar, arrive à Quito afin de calmer la population et de rétablir
le calme. Avec le soutien d’un comité créole, il établit le
gouvernement de la Junte supérieure avec le comte Ruiz comme
président et Selva Alegre comme vice-président, deux hommes qui ne
s’apprécient guère. La junte demeure au pouvoir de septembre 1810
à décembre 1812.
11
octobre 1811 : Nouvelle révolte de Quito qui se déclare
indépendante. Selva Alegre quitte alors la junte pour devenir, en
janvier 1812, le président de l’Etat libre de Quito. L’armée,
commandée par le général Toribio Montes, est lancée contre lui
par le vice-roi du Pérou et le contraint à l’exil.
janvier
1812 : Montes prend le pouvoir où il reste jusqu’en 1817. Les
royalistes ont remporté la victoire et l’Equateur demeure dans
l’empire jusqu’en 1820.
à
partir de 1820 : Le cœur de la révolte se déplace de Quito vers
Guyaquil.
9
octobre 1820 : Le port de Guyaquil se soulève, sous la houlette
de José de Villamil et de Leon Febres Cordero. Un gouvernement
provisoire, dirigé par le poète José Joaquin Olmedo, est établi
tandis qu’un conseil ouvert voit bientôt le jour. Les habitants de
la ville organisent une armée patriotique qu’ils envoient vers les
hautes terres.
3
novembre 1820 : La ville de Cuenca déclare son indépendance.
22
novembre 1820 : A la bataille de Huachi, l’armée royale
remporte la victoire sur les patriotes qui doivent se replier vers la
côte.
février
1821 : Simon Bolivar, le « libérateur » du
Venezuela et de la Colombie, envoie des renforts armés en Equateur,
dans l’espoir de l’incorporer à la république de Grande-Colombie qu’il vient de créer. Il envoie le général Antonio José
de Sucre à Guyaquil afin de rallier les rebelles à sa cause. Arrivé
lui-même en mai, il lève une armée qu’il conduit dans la sierra
avec, pour objectif, de s’emparer de Quito. En dépit de ses
premières victoires, il est défait à la seconde bataille de Huachi
le 22 novembre. Après avoir signé un armistice, il se retire à
Guayaquil.
janvier
1822 : Le général Sucre reprend ses opérations visant à
déloger les Espagnols des hautes terres équatoriennes.
21
janvier 1822 : Sucre et ses 1 700 hommes s’emparent de la ville
de Cuenca, puis de Riobamba en avril et de Latacunga en mai.
25
mai 1822 : Sucre et son armée entrent victorieusement dans
Quito. Le général apparaît comme le grand libérateur de
l’Equateur, en dépit de ses origines vénézuéliennes.
16
juin 1822 : Entrée triomphale de Bolivar à Quito. Désormais,
l’Equateur est libéré du joug espagnol, mais son futur demeure
incertain.
11
juillet 1822 : Bolivar marche sur Guayaquil et abolit le
gouvernement d’Olmedo. Il annexe la ville à la Grande-Colombie.
Pendant huit ans, l’Equateur demeure annexé à la
Grande-Colombie de Bolivar, sous l’appellation de « district du Sud ».
Des différences apparaissent entre les diverses régions,
dominées respectivement par Quito, Guayaquil et Cuenca. Un
Vénézuélien, le général Juan José Flores, se trouve à la tête
du district et l’Equateur est écrasé par des dettes, supposées
correspondre au coût des guerres d’indépendance.
1826 :
Flores est promu général par Bolivar et fait gouverneur du
département d’Equateur. Il établit des liens étroits avec des
membres de l’élite de Quito et épouse une femme de l’aristocratie
locale. Bien que considéré comme un étranger, il mène le pays
vers la véritable indépendance.
28
février 1829 : Flores s’illustre lors de la bataille de
Tarqui à l'occasion de laquelle il inflige une défaite cinglante aux
Péruviens qui tentent d’incorporer l'Equateur à leur
territoire. Cependant, l’Equateur fait toujours partie de la
Grande-Colombie, d’autant que Flores refuse d’abandonner Bolivar
et de céder à la pression de ceux qui voudraient faire sécession.
13
janvier 1829 : Le général José Paez, ancien lieutenant de
Bolivar, proclame l’indépendance du Venezuela incorporé jusqu'alors dans la Grande-Colombie, faisant des émules
en Equateur.
Mai
1830 : Le district du Sud pense sérieusement à l’indépendance.
D’importants citoyens de Quito forment un cabildo abierto et
invitent Flores à les aider à acquérir leur indépendance. Ce
dernier accepte et reçoit le titre de Citoyen suprême et magistrat
militaire le 13 mai. Quelques jours plus tard, Guayaquil rejoint le
mouvement.
4
juin 1830 : Tout espoir de réconciliation avec la Grande-Colombie s’évanouit avec l’assassinat du maréchal Sucre, en
route vers Quito où il comptait ouvrir des négociations.
22
septembre 1830 : Le jeune Flores, âgé de trente ans, devient
président de la nouvelle république d’Equateur, après avoir
juré sur les Saintes Ecritures. La constitution prévoit un
gouvernement fédéral qui respecte l’égalité entre les trois
départements du pays. Un congrès de trente membres doit voir le jour.
Le mandat de Flores et de son vice-président José Joaquim Olmedo
est de quatre ans. Le nom d’Equateur est choisi en référence au
parallèle qui traverse la nouvelle nation, ce qui ne satisfait pas
les partisans du nom de Quito.
20
décembre 1830 : L’un des premiers souhaits de Flores est de
déterminer les limites du territoire national. Il décrète ainsi
que l’ancien département de Cauca, qui faisait autrefois partie de
la Grande-Colombie et que lui dispute la Nouvelle-Grenade, appartient
à l’Equateur, ce qui provoque immédiatement des tensions avec
cette dernière. Les revendications territoriales de l’Equateur
engendrent des confrontations avec ses voisins de Colombie, du Pérou
ou encore du Brésil.
décembre
1832 : Flores doit concéder le Cauca à la Nouvelle-Grenade, mais annonce en même temps sa décision d’annexer les îles
Galapagos, ce qui passe alors inaperçu.
1833 :
Naissance d’une opposition politique favorable au républicanisme
libéral, menée par le colonel anglais Francis Hall et le libéral
Vicente Rocafuerte qui critiquent ouvertement Flores.
10
octobre 1833 : Assassinat du colonel Hall et de trois de ses
proches. L’opposition de Rocafuerte se poursuit avec la guerre des
Chihuahuas tandis que le rebelle fait campagne pour devenir président
de l’Equateur. En dépit de cette violente opposition, Flores
parvient à aller au bout de son mandat, sans pour autant réussir à
remettre les finances du pays sur pied ni à effacer les inégalités
sociales. Deux grandes tendances politiques voient le jour :
libéraux et conservateurs s’apprêtent à s’affronter pendant
plusieurs décennies, tandis que l’armée continue à jouer un rôle
essentiel dans le paysage politique du pays.
8
août 1835 : Arrivée au pouvoir de Rocafuerte, premier
président équatorien, élu par la convention constitutionnelle.
L’homme, originaire de Guyaquil, est très influencé par la pensée
des Lumières et par le modèle américain, à la suite de son séjour
aux Etats-Unis. Il gouverne avec une nouvelle vision de l'avenir de
l’Equateur et les réformes débutent. La Garde nationale doit
contrebalancer le poids de l’armée dont il fonde les académies
navales et militaires. Il crée une école pour les filles et diminue
l’influence de l’Eglise de diverses manières. Il libéralise le
système judiciaire en introduisant des jurys pour les affaires
criminelles. Son mandat s’achève dans la paix le 31 janvier 1839.
1839-1845 :
Retour de Flores au pouvoir. De manière surprenante, il poursuit
certaines réformes de son prédécesseur. Cependant, ce sont les
affaires extérieures qui retiennent le plus son attention et il
tente d’acquérir Pasto, ce qui provoque une nouvelle guerre avec
la Nouvelle-Grenade et la rupture des relations diplomatiques avec le
Pérou. Il négocie en parallèle un traité avec l’Espagne qui
reconnaît l’indépendance de l’Equateur.
1er
avril 1843 : Flores est réélu pour un troisième mandat
présidentiel. Depuis le Pérou où il s’est exilé, Rocafuerte
lance des attaques, notamment avec la rédaction de pamphlets qui
critiquent son action. Plusieurs sociétés voient le jour à Quito
avec, pour objectif, l’élimination politique de Flores dont les
relations avec l’Eglise se détériorent.
février
1845 : Vicente Ramon Roca, originaire de Guayaquil, organise un
mouvement de révolte pour mettre fin au régime de Flores. Il est
notamment soutenu par Rocafuerte, Olmedo et les généraux José
Maria Urbina et Antonio Elizalde.
6
mars 1845 : Début de la révolution à Guayaquil. Elle se
répand rapidement à travers le pays et, en dépit de quelques
victoires, Flores ne peut vaincre les rebelles.
juin
1845 : Flores négocie un accord de paix, dit « traité de
Virginie », avec un triumvirat composé de Roca, Olmedo et Diego Noboa
y Arteta. Il s’engage à démissionner et à quitter le pays
pendant deux ans, ce qu’il fait le 25 juin. Les quatorze années
qui suivent sont ponctuées de moments de paix et de chaos. La
convention élit à la présidence le conservateur Vicente Ramon
Roca qui dirige le pays pendant quatre années relativement
calmes.
1849 :
A la fin du mandat de Roca, le Congrès ne parvient pas à choisir de
président parmi les deux candidats, le général Antonio Elizalde et
Diego Noboa Arteta. C’est donc le vice-président Manuel Ascasubi
qui assume la présidence pendant une année. Elizalde et Noboa
conspirent cependant pour s’arroger le pouvoir et s’allient au
général José Urbina qui se rend maître de la province de
Guayaquil en février 1850.
2
mars 1850 : Diego Noboa est déclaré chef suprême de la
république tandis qu’Ascasubi se proclame président légitime.
Juin
1850 : Ascasubi cède et Noboa devient président.
1851 :
Noboa est arrêté sur ordre du général Urbina, notamment pour
avoir favorisé le retour de Flores.
6
septembre 1852 : Urbina est élu président de l’Equateur. Il
gouverne d’une main de fer, avec l’aide de sa garde rapprochée,
des soldats noirs du bataillon des Tauras, connus pour leurs
intimidations sur les électeurs les jours de vote et pour leur
violence. La popularité d’Urbina est due à sa capacité à
maintenir Flores hors du pays et à sa politique anticléricale
(expulsion des jésuites et autorisation des loges franc-maçonnes).
Les conservateurs s’opposent toutefois à sa politique et trouvent
comme nouvel homme fort Gabriel Garcia Moreno.
1856 :
Un proche d’Urbina, le général Francisco Robles, remporte
l’élection présidentielle. Il compte de nombreux détracteurs
parmi les conservateurs.
1858 :
Reprise des tensions avec le Pérou qui déclare le blocus des côtes
équatoriennes. Par mesure de sécurité, la capitale est
momentanément transférée à Riobamba, ce qui provoque la colère
des habitants de Quito dont les chefs déclarent le gouvernement
illégitime. Un gouvernement provisoire voit le jour tandis que les
hautes terres de Cuenca et Loja proclament leur indépendance.
janvier
1859 : Les troupes péruviennes s’emparent de l’île de Puna
dans le golfe de Guayaquil et avancent vers la ville : le pays
est envahi. A cela s’ajoute une guerre civile d’une année.
L’année 1859 est connue sous le nom d’ « année
terrible ».
septembre
1859 : Robles démissionne et s’enfuit au Pérou, bientôt
suivi du général Urbina. Le général Franco, soutenu par le Pérou,
espère se rendre maître du pays. Les chefs rebelles, Gabriel Garcia
Moreno, Jeronimo Carrio et Pacifico Chiriboga, rappellent Flores afin
de le placer à la tête de leur armée qui leur permet d’infliger
une sévère défaite à Franco. Le triumvirat contrôle dès lors
tout l’Equateur.
Modernisation conservatrice et révolution libérale
A partir de la décennie 1860, c'est sous l'impulsion de Garcia Moreno que l'Equateur entreprend une série de réformes qui l'éveillent à la modernisation. L'instabilité politique demeure cependant menaçante et l'homme fort du pays est même assassiné. Il faut ensuite une succession de coups de force et de retours à la légalité pour que le pays finisse, au début du XXe siècle, à trouver un équilibre favorable au progrès économique et social.
2
avril 1861 : Début du mandat présidentiel de Garcia Moreno.
Une nouvelle ère, faite de stabilité et de modernisation, s’ouvre
pour l’Equateur.
1861 :
A son arrivée au pouvoir, le pays est exsangue et instable. Il se
trouve dans une situation de quasi banqueroute et le peu
d’infrastructures existantes est en mauvais état. La pauvreté
touche une grande majorité de la population, seules deux cents écoles
primaires existent dans le pays. Moreno est issu d’une famille
coloniale de Guayaquil. Après de bonnes études, il s’est engagé
dans la lutte contre Flores puis des autres présidents qu’il
considère comme des tyrans.
1862 :
Moreno recherche le soutien de la France contre le Pérou.
juin
1862 : Les troupes colombiennes du général Julio Arboleda
envahissent l’Equateur. L’armée de Moreno est défaite et ce
dernier fait prisonnier. Il signe un traité l’engageant à fournir
des armes à Arboleda en échange de sa libération. Le vainqueur
colombien Arboleda propose la reconstitution de la Grande-Colombie et annonce sa volonté d’annexer l’Equateur.
26
septembre 1862 : Signature d’un accord avec le Vatican. Garcia Moreno est persuadé que l’Eglise doit jouer un rôle dans
l’unification du pays.
26
novembre 1863 : L’armée équatorienne menée par Flores est
défaite à la bataille de Cuaspud de manière tout à fait
humiliante. L’Equateur, privé de son armée, est désormais sans
défense. Cependant, la crise colombienne s’achève de manière
inopinée : les deux mille prisonniers équatoriens sont libérés et
les prétentions territoriales oubliées.
Les
opposants les plus sérieux au régime de Moreno sont les anciens
présidents Urbina et Robles, soutenus par le président péruvien
Ramon Castilla. Ils sont à l’origine d’une conspiration en 1865, mais Moreno les met en déroute à la bataille de Jambeli. Une
violence latente règne et plusieurs complots visant à assassiner le
président sont déjoués.
7
septembre 1865 : Moreno quitte le pouvoir en s’étant assuré
de le laisser à son proche, Jeronimo Carrion, qui poursuit sa
politique, notamment en matière religieuse.
6
novembre 1867 : Démission de Carrion qui n’a pas le soutien
de l’armée. Le vice-président catholique conservateur José de
Arteta le remplace, mais Moreno le force bientôt à quitter ses
fonctions. De nouvelles élections présidentielles sont organisées
et le candidat de Moreno est Javier Espinosa, un libéral mais
catholique, est élu.
20
janvier 1868 : Espinosa devient président de l’Equateur.
16
août 1868 : Terrible tremblement de terre dans la province
d’Imbabura. Espinosa confie la gestion de la crise à Garcia Moreno
qui la gère avec une grande efficacité. Ce dernier, non satisfait
de la ligne de conduite adoptée par le président dans le
gouvernement du pays, décide de briguer une nouvelle fois la
présidence.
janvier
1869 : A la suite d’un coup d’Etat, Garcia Moreno se
déclare chef suprême de la république. Il purge le gouvernement
des libéraux, en exilant même certains.
mars
1869 : Tentative de coup d’Etat du général Veintemilla à
Guyaquil. C’est un échec et le rebelle est tué.
1869 :
Garcia Moreno donne une nouvelle constitution à l’Equateur, fort
controversée. Durant ce second mandat, il s’engage dans des
projets de développement socio-économique. Il comprend que la
stabilité dépend notamment du développement économique. Le climat
général est favorable aux affaires, avec la rédaction d’un
nouveau code du commerce. La Banque d’Equateur est créée la même
année et des infrastructures sont construites afin d’ouvrir le
pays sur l’extérieur et de faciliter la circulation des produits
agricoles.
de
1871 à 1875 : De gros progrès sont faits dans le domaine scolaire
tandis que les ordres religieux travaillent de pair avec l’Etat
pour développer un meilleur système de santé et pour aider les
très nombreux orphelins.
de
1869 à 1875 : Garcia Moreno a initié pas moins de 178 projets de
développement, phénomène tout à fait inédit pour ce petit pays
andin. De gros progrès sont faits dans de nombreux domaines, et
Moreno est un personnage décisif pour la modernisation du pays. Les
libéraux lui reprochent principalement d’avoir sans cesse voulu
associer l’Eglise catholique à ses entreprises.
10
juin 1871 : Rébellion contre le pouvoir de Moreno, jugé trop
sévère à l’égard de ses opposants. La tentative de coup d’Etat
est un échec.
1874 :
Garcia Moreno annonce qu’il envisage de se représenter aux
élections présidentielles de 1875. Montalvo, l’un de ses
opposants, s’engage dans une lutte qui passe par la rédaction de
pamphlets qui dénoncent sa dictature.
6
août 1875 : Attentat contre le président qui meurt assassiné
par Faustino Lemos Rayo, un capitaine à la retraite. Garcia Moreno
n’ayant pas organisé sa succession à l’intérieur du parti
conservateur, ce dernier est extrêmement divisé, ce dont profitent
les libéraux.
1875 :
Antonio Borrero devient président et se pose en pacificateur. Des
mouvements de rébellion naissent rapidement contre son pouvoir.
décembre
1876 : Veintemilla se déclare chef suprême après avoir
remporté des batailles contre les forces pro-Borrero.
1877-1883 :
Dictature de Veintemilla qui se rend compte qu’il a besoin du
soutien des libéraux pour gouverner, ce qui passe par un éloignement
d’avec l’Eglise catholique. Ses mesures anticléricales
provoquent le mécontentement du clergé qui proteste.
30
mars 1877 : L’archevêque de Quito, opposant de Veintemilla,
est assassiné pendant la messe du Vendredi Saint ??????( Il n' y a pas de célébration de messes le vendredi saint- sans doute faut-il reporter cet assassinat au Jeudi Saint ? ), du poison ayant
été versé dans le vin de messe.
octobre
1877 : Une armée menée par le général Manuel Santiago Yepez
et soutenue par les conservateurs colombiens parvient à Quito. Le
président réussit à esquiver l’attaque ; cependant, les
libéraux et les conservateurs s’unissent rapidement contre sa
personne.
1879 :
Montalvo reprend ses attaques pamphlétaires contre le gouvernement
despotique de Veintemilla, qui durent jusqu’en 1882. Le président
tente une ouverture avec les conservateurs par une politique moins
anticléricale, en vain. Quant aux libéraux, ils sont déçus de la
corruption qui mine le régime.
1882 :
Lorsqu’il se rend compte qu’il n’obtiendra pas le soutien des
libéraux pour se représenter, Veintemilla prend la tête des
troupes pour consolider son pouvoir.
26
mars 1882 : Une coalition d’officiers, de citoyens et de
membres du Conseil municipal de Quito proclame Veintemilla chef
suprême de la république. L’événement est connu sous le nom de « Transformation ». La Constitution de 1878 est suspendue et Veintemilla
officiellement proclamé dictateur. A la suite de cet événement,
libéraux et conservateurs s’unissent, de manière totalement
inédite.
avril
1882 : Début de la guerre de restauration qui vise à destituer
le dictateur. Ses nombreux opposants tentent plusieurs attaques et
organisent une armée de libération.
janvier
1883 : Quito tombe aux mains des Restaurateurs. Le nouveau
gouvernement qu’ils établissent contrôle la capitale et les
hautes terres tandis que Veintemilla s’accroche au pouvoir à
Guayaquil.
9
juillet 1883 : Guayaquil capitule devant l’armée de
Restauration, ce qui met fin au régime de Veintemilla qui s’exile.
Un gouvernement libéral provisoire est mis en place, avec, à sa tête, Pedro Carbo, le général José Maria Sarasti et Eloy Alfaro. La
dixième constitution de l’Equateur voit le jour tandis que le
conservateur José Maria Placido Caamaño accède aux fonctions
suprêmes.
1884-1888 :
Présidence de José Maria Placido Caamaño qui place son action
politique dans la continuité de Garcia Moreno, ce qui ne peut
satisfaire les libéraux. Il s’appuie, à l’instar de ses deux
successeurs, sur l’oligarchie catholique du pays pour gouverner.
L’administration du pays est rationalisée.
1888-1892 :
Présidence d’Antonio Flores, élu face à Alvaro et Montalvo. Ce
fils du premier président d’Equateur tente de se frayer un chemin
entre les libéraux et les conservateurs, en créant le Parti
républicain d’Equateur. Il tente de se concilier Alvaro et
Montalvo en leur proposant des postes diplomatiques que ces derniers
refusent. Il poursuit la modernisation du pays, tant en matière
d’éducation (avec l’aide de l’Eglise) que de travaux publics.
Cependant, il doit faire face à une opposition qui provient tant des
libéraux que des conservateurs.
1892-1895 :
Présidence de Luis Cordero, ancien proche de Caamaño. Il poursuit
la politique modérée de Flores, entretenant des relations cordiales
avec l’Eglise.
16
avril 1895 : La démission de Cordero met fin à une période de
conservatisme et ouvre la voie à la révolution libérale.
1895 :
La révolution libérale est symbole de profonds changements, avec le
général Eloy Alfaro Delgado qui arrive alors au pouvoir. Alfaro
publie un manifeste intitulé le Décalogue radical qui contient les
dix objectifs des libéraux afin de transformer l’Equateur en une
nation moderne, ce qui passe notamment par de très nombreuses
mesures anticléricales telles que la suppression des couvents et des
monastères.
13
janvier 1897 : La convention élit Alfaro président de
l’Equateur. Il est le premier métis à accéder à de telles
fonctions. Il s’efforce de développer les classes moyennes et de
diminuer l’influence de l’Eglise catholique sur la société et
la politique. Sous sa présidence, l’Equateur devient le premier
producteur de cacao qui représente 70 % des exportations du pays.
Comme ses prédécesseurs, il poursuit le développement
d’infrastructures et développe des projets de concert avec des
investisseurs américains, notamment pour la construction de liaisons
ferroviaires qui doivent désenclaver les régions les plus reculées.
Alfaro
n’hésite pas à utiliser la répression contre ses éventuels
opposants et la presse est muselée. Il choisit le général Leonidas
Plaza Gutierrez comme successeur, espérant pouvoir le manipuler
aisément.
1901 :
Le général Leonidas Plaza Gutierrez remporte facilement les
élections et utilise l’armée pour évincer définitivement Alfaro
du pouvoir. En vrai libéral, il met fin aux pratiques répressives
de son prédécesseur, rétablit la liberté de la presse, redonne
une place aux conservateurs et supprime la police secrète. Il
poursuit le programme de sécularisation de l’Etat qui passe
notamment par la loi des Cultes d’octobre 1904 qui abolit les vœux
perpétuels des religieux. Les conservateurs s’opposent vivement à
cette loi et complotent contre le président. Quant au parti libéral,
il est désormais divisé entre partisans d’Alfaro et partisans de
Plaza. A la fin de son mandat, ce dernier choisit Lizardo Garcia
comme candidat des libéraux.
septembre
1905 : Garcia est investi président de l’Equateur, ce qui
mécontente vivement Alfaro qui cherche à revenir au pouvoir par
tous les moyens.
décembre
1905 : Alfaro tente d’organiser un coup d’Etat. C’est
le début de l’insurrection et de la campagne des Vingt Jours.
13
janvier 1906 : Alfaro et ses troupes remportent la bataille de
Chasqui. Le président Garcia quitte Quito pour Guayaquil et
démissionne. Alfaro reprend le pouvoir en tant que chef suprême,
utilisant les mêmes méthodes qu’autrefois pour éliminer les
opposants.
1906 :
Le général Vega fomente une révolte contre le gouvernement, mais il
est capturé, fait prisonnier et exécuté.
1907 :
Douzième constitution de l’Equateur qui proclame notamment la
démocratie, ce qui ne correspond pas du tout à la réalité. La
politique anticléricale se poursuit de plus belle avec la loi de
Charité qui nationalise toutes les terres ecclésiastiques. A la
fin du mandat du président, la bonne santé économique du pays
décline, avec une aggravation de la dette extérieure. L’Equateur
souffre d’une grave crise économique.
19
juillet 1907 : Tentative d’assassinat d’Alfaro. L’épisode
est sanglant. Les émeutes se poursuivent jusqu’en 1911.
11
août 1911 : Alfaro est déposé et trouve refuge au Panama. Il
est remplacé par Emilio Estrada qui meurt en décembre.
janvier
1912 : Alfaro tente un retour qui ne convainc personne ; le
pays entre dans une brève période de guerre civile. L’ancien
président Leonidas Plaza prend le pouvoir après avoir battu les
troupes d’Alfaro. Ce dernier est emprisonné avant son procès qui
n’a pas lieu puisqu’il est assassiné.
1912 :
Le libéral Plaza est réélu président. Il poursuit la politique de
développement des infrastructures, ferroviaires notamment, entrepris
par ses prédécesseurs. Cependant, la première guerre mondiale fait
chuter les ventes de cacao. Les dettes de l’Equateur ne cessent de
s’accroître. Aux yeux des élites socio-économiques du pays, cela
signifie la faillite du parti libéral qui n’a pas su apporter de
réel changement. Un mouvement de réforme s’amorce, lancé par de
jeunes officiers de l’armée équatorienne.
De
1912 à 1925 : L'Equateur connaît une période de stabilité
politique pendant laquelle les présidents n’exercent pas de réel
pouvoir. Ils sont sous l’influence d’individus ayant des intérêts
dans la banque et l’agriculture et connus sous le nom de la
argolla », ce qui signifie « la bague ». Cette bancocracia
domine à la fois les finances et la politique et consent des prêts
au gouvernement dont elle finance les projets. A la même époque
émerge une classe ouvrière urbaine qui tente de lutter contre les
faibles salaires et ses conditions de travail déplorables par de
multiples grèves. Le socialisme et le populisme s’enracinent dans
le pays : le paysage politique devient encore plus morcelé
qu’il ne l’était.
1912-1916 :
Présidence de Leonidas Plaza Gutierrez.
1916-1920 :
Présidence d’Alfredo Baquerizo Moreno.
1920-1924 :
Présidence de José Luis Tamayo.
1924-1925 :
Présidence de Gonzalo S. Cordova, homme malade et incapable de
gouverner.
Tentatives de réformes et de démocratisation
Le XXe siècle voit l'alternance à la tête de l'Equateur de pouvoirs militaires, libéraux ou populistes, sous l’œil vigilant du grand frère nord-américain. Les succès remportés par certains produits d'exportation tels que le cacao ou les bananes, puis la découverte de pétrole ont cependant contribué à une croissance économique significative et ont permis d'arracher le pays au sous-développement auquel il semblait condamné.
9
juillet 1925 : Un coup d’Etat militaire, mené par la Ligue
militaire, formée de jeunes officiers, évince Cordova du pouvoir.
Ces militaires, influencés par le socialisme et convaincus qu’eux
seuls sont capables de sauver le pays, insistent sur leur volonté de
servir le bien commun. Ils laissent le pouvoir à une junte formée
d’officiers supérieurs.
3
avril 1926 : Isidro Ayora, recteur de l’université centrale,
obtient les pouvoirs de dictateur qu’il conserve jusqu’en avril
1929, date à laquelle il devient président.
1926 :
Ayora invite Edwin Walter Kemmerer, expert en finances et professeur
d’économie à Princeton, afin d’évaluer le système bancaire
équatorien.
mars
1927 : La mission Kemmerer rend son rapport qui consiste en deux mille pages de propositions de lois à la suite desquelles l’Equateur se
dote de nouvelles institutions, telles qu’une Banque centrale, un
système douanier, etc. Cependant, l’euphorie produite par ces
réformes est de courte durée du fait du krach boursier de 1929 qui
plonge le pays dans la crise, le chômage et la misère.
24
août 1931 : Ayora démissionne à la suite d’importantes
manifestations. Son départ marque le début d’une décennie
d’instabilité.
1931 :
Election de Neptali Bonifaz, de la Compactacion Obrera Nacional
(Consolidation nationale des travailleurs), parti populiste à
tendance fasciste.
1932 :
L’élection est annulée au prétexte que Bonifaz est péruvien, ce
qui provoque des manifestations de masse de la part de la
Compactacion. Entre le 29 août et le 1er septembre, les
combats font rage à Quito : la guerre des Quatre Jours démontre
l’incapacité de l’armée à réagir. Alberto Guerrero Martinez
prend provisoirement la tête du pays.
octobre
1932 : Le candidat libéral, Juan de Dios Martinez Mera,
remporte les élections face à Velasco Ibarra, issu de la Junte
nationale pour le suffrage libre, qui devient le leader de
l’opposition. Ses attaques contre le président sont relayées dans
la rue par les manifestations grandissantes de la Compactacion.
Martinez Mera démissionne.
1932 :
Velasco, candidat à la présidence, propose un programme qui se veut
fondé sur une véritable démocratie, centrée sur des réformes
économiques et éducatives. Il refuse en outre de s’affilier à un
quelconque parti politique. Pour la première fois, un homme
politique fait campagne à travers le pays, ce qui prend de court les
partis traditionnels. Seuls les partis communiste et socialiste
proposent des candidats aux élections que Velasco remporte avec plus
de 80 % des suffrages.
septembre
1934 : Début de la présidence de José Maria Velasco Ibarra
qui engage de nombreuses réformes. Il s’efforce d’obtenir
l’appui de l’armée en améliorant ses conditions de vie et en
l’impliquant dans ses projets de développement du pays. En
revanche, il est en constante opposition avec le Congrès dont il nie
l’utilité.
20
août 1935 : Velasco annonce la dissolution du Congrès et son
intention de diriger en dictateur, ce à quoi s’oppose l’armée.
Il doit démissionner dès le lendemain et s’exiler en Colombie.
Antonio Pons le remplace, puis c’est au tour de Federico Paez.
23
octobre 1937 : Paez est écarté du pouvoir par les militaires.
Le général Alberto Enriquez Gallo devient alors chef suprême. Ce
réformateur social met en place le Code du travail en 1938,
autorisant notamment les unions de travailleurs. Il abandonne ses
fonctions volontairement en 1938.
1938 :
Arrivée d’Aurelio Mosquera Narvaez au pouvoir. Il meurt en 1939 et
est remplacé provisoirement par le libéral Arroyo del Rio.
janvier
1940 : Aux élections présidentielles, Velasco Ibarra fait son
retour. Cependant, à la suite de tricheries, c’est Arroyo del Rio
qui est déclaré vainqueur, provoquant des manifestations durement
réprimées. Velasco est arrêté et exilé en Colombie.
1940-1944 :
Présidence de Arroyo del Rio, écarté du pouvoir par un coup d’Etat
en 1944.
5
juillet 1941 : Le Pérou attaque l’Equateur, militairement
sous-équipé. Les Péruviens occupent la province d’El Oro tandis
que leurs navires bloquent le Guayaquil.
31
juillet 1941 : L’Equateur accepte un cessez-le-feu sous la
contrainte. Force est de constater que ni les Etats-Unis ni le
Brésil ou encore le Chili et l’Argentine ne sont venus à son
secours. Le protocole de Rio ne satisfait personne. Pendant la
seconde guerre mondiale, le président Arroyo collabore avec les
Etats-Unis qui offrent à l’Equateur des dédommagements à la
suite de la guerre du Pérou. Arroyo est très apprécié à
l’étranger pour son panaméricanisme. En revanche, il est très
impopulaire dans son pays et plusieurs groupes politiques s’opposent
à lui.
30
mai 1944 : Velasco Ibarra passe la frontière et fait son retour
en Equateur.
1er
juin 1944 : Il devient président et fait rédiger peu de temps
après une nouvelle constitution. Bien que porté au pouvoir par
l’Alliance démocratique équatorienne (ADE), il ne coopère que
peu avec ce parti, ce qui sape d’emblée les fondements de son
pouvoir. Il mène avec succès certaines réformes, notamment en
matière d’enseignement et de développement des provinces les plus
pauvres. Comme ses prédécesseurs, il poursuit l’œuvre de travaux
publics, en faisant notamment construire des routes. Le secteur
agricole est également aidé, grâce à des prêts. Les progrès
sont réels. Du fait de sa volonté de gouverner indépendamment des
partis politiques, Velasco mécontente ceux qui l’avaient soutenu,
comme les socialistes et les communistes. L’opposition se renforce,
si bien qu’en 1947, il se maintient principalement au pouvoir grâce
à l’armée.
23
août 1947 : Début d’une rébellion fomentée par des unités
d’infanterie de Quito. Velasco est arrêté et forcé de
démissionner.
septembre
1947 : Carlos Julio Arosemena Tola est choisi comme président
par intérim, ce qui amorce douze années de répit et de stabilité
pour le pays. Cependant, il ne souhaite pas demeurer au pouvoir. Un
large mouvement libéral, le Mouvement national, civique démocratique
(MCDN) est fondé avant les élections afin d’empêcher les
conservateurs ou la gauche radicale de les remporter.
1948 :
Le candidat du MCDN, Galo Plaza Lasso, l’emporte de peu face au
conservateur Manuel Elicio Flor. Son ambition est de développer le
commerce des matières premières (agricoles et minières), en
modernisant notamment l’agriculture. Il crée l’Institut national
pour le développement et la production. Il tente également une
ouverture au sein de son gouvernement, ce qui ne lui épargne pas
pour autant les critiques. L’opposition provient principalement du
parti populiste de gauche, la Concentration des forces populaires
(CFP), menée par Guevara Moreno.
1948 :
L’Equateur est devenu le premier producteur mondial de bananes.
Les exportations explosent véritablement et le pays se maintient
dans une telle position jusqu’en 1983. Cet essor de la banane a des
répercussions positives sur l’économie de l’Equateur.
1950 :
Tentative avortée de coup d’Etat de Guevara Moreno.
1952 :
Nouvelles élections qui sont l’occasion d’un nouveau retour pour
Velasco Ibarra. Il parvient à la fin de son mandat, mais ce dernier
est marqué par de nombreuses difficultés. Il censure la presse qui
se veut trop critique à son égard, mais compte également des
opposants parmi les militaires. Les manifestations de l’opposition
sont fréquentes pendant son mandat. Sa présidence est cependant
l’occasion de progrès, grâce notamment à la Junte nationale de
planification (JNP) qui encourage l’électrification du pays, la
réforme terrienne et promeut l’industrie et le commerce. En 1956,
Velasco ne peut se représenter et choisit Camilo Ponce, également
soutenu par l’Eglise catholique, pour lui succéder.
1956 :
Camilo Ponce l’emporte de peu face à ses concurrents. Il poursuit
avec efficacité la politique de développement et parvient au bout
de son mandat.
1960 :
La campagne présidentielle est particulièrement violente. Quatre
candidats s’opposent parmi lesquels le socialiste Parra Velasco, le
conservateur Gonzalo Cordero Crespo, le libéral Galo Plaza et, de
nouveau, Velasco Ibarra, émancipé de tout parti.
septembre
1960 : Velasco Ibarra devient président de l’Equateur pour
la quatrième fois. Il rouvre les dissensions avec le Pérou en
déclarant nul le Protocole de Rio devant les Nations unies. De ce
fait, les relations avec les Etats-Unis se tendent. Velasco se
tourne alors vers l’Union soviétique dont il obtient un soutien
financier.
1961 :
Une délégation équatorienne se rend à Moscou. Le soutien d’Ibarra
à Cuba n’est pas du goût de l’Eglise catholique dont il perd
le soutien. Ses relations avec le vice-président se compliquent également et l’armée le désapprouve.
1961 :
Des grèves et des manifestations secouent le pays qu’elles
paralysent, elles sont durement réprimées par le gouvernement. A
Guayaquil, la police tire sur les manifestants, en tuant onze.
7
novembre 1961 : L’armée de l’air se rebelle, bientôt
rejointe par la marine. Velasco Ibarra trouve refuge à l’ambassade
du Mexique et quitte rapidement l’Equateur. Le vice-président
Arosemena est déclaré président. Son soutien ouvert à Cuba
déplaît et son pouvoir est fébrile dès le début.
11
juillet 1963 : Au lendemain de déclarations hostiles aux
Etats-Unis, un régiment entoure le palais présidentiel et réclame
le départ d’Arosemena qui doit démissionner et s’exiler au
Panama. Une junte militaire voit alors le jour, s’inspirant de la
révolution de juillet 1925.
1963-1966 :
La junte militaire est au pouvoir. Avant d’entreprendre les
réformes, elle élimine tous les partisans d’Arosemena ainsi que
les membres de la gauche radicale. Les réformes commencent en 1964,
avec l’aide financière des Etats-Unis.
juillet
1964 : La junte annonce une loi sur la réforme agraire qui doit
permettre d’en finir avec les immenses propriétés terriennes.
1966 :
Cependant, lorsque la junte augmente les tarifs douaniers, elle
provoque une grève orchestrée par les Chambres de commerce de Quito
et de Guayaquil à laquelle se joignent les étudiants, les syndicats
et d’autres organisations. Les militaires cèdent le pouvoir à
Clemente Yerovi Indaburo qui fait office de président par intérim
de mars à novembre.
1967 :
Découverte de vastes réserves de pétrole dans la lointaine
province de Sucumbios. Leur exploitation est à l’origine d’un
troisième boom économique, après ceux du cacao et de la banane.
Des centaines de kilomètres de pipe-lines sont construites et Quito
connaît alors une croissance exponentielle.
1968 :
Pour la cinquième fois, Velasco Ibarra remporte les élections
présidentielles, mais, cette fois, de justesse, car ses soutiens sont
ténus.
22
juin 1970 : Avec les encouragements de l’armée, Velasco
Ibarra se proclame dictateur et dissout le Congrès ainsi que la Cour
suprême.
15
février 1972 : L’armée de terre, la marine et l’armée de
l’air unies s’emparent du pouvoir. L’ère Velasco Ibarra se
clôt avec son exil en Argentine qui dure jusqu’en 1979. Le général
Guillermo Rodriguez Lara prend la tête du nouveau gouvernement et
annonce de multiples réformes, rendues possibles grâce aux revenus
pétroliers.
1er
septembre 1975 : Tentative de coup d’Etat du général Raul
Gonzalez Alvear. Elle échoue, mais fait une trentaine de morts parmi
les soldats, ce qui divise profondément l’armée. Incapable de
restaurer l’unité, Rodriguez Lara est chassé du pouvoir par un
coup d’Etat militaire, le 11 janvier 1976.
janvier
1976 : Un Conseil suprême désigne président le commandant des
forces navales, le vice-amiral Alfredo Poveda Burbano. Une nouvelle
constitution est élaborée, qui promeut le développement
économique, limite le mandat présidentiel à quatre ans sans possibilité
de réélection immédiate et établit le suffrage universel pour
tous.
1979-1996 :
Dix-sept années de stabilité s’ouvrent. Pendant cette période,
les élections se déroulent librement et sans tricherie et les
passations de pouvoir se font pacifiquement.
29
avril 1979 : Le chrétien démocrate Jaime Roldos remporte les
élections avec près de 70 % des suffrages. Il entre en fonctions en
août de la même année et entreprend des réformes sociales, telles
que la diminution du temps de travail, l’augmentation du salaire
minimum, la retraite anticipée pour les femmes.
28
janvier 1981 : Reprise des hostilités entre le Pérou et
l’Equateur.
24
mai 1981 : Le président Roldos, le ministre de la Défense et
des militaires meurent dans un accident d’avion. Les rumeurs
d’assassinat sont nombreuses : on accuse les Etats-Unis ou le
Pérou d’avoir commandité l’attentat. Le vice-président Osvaldo
Hurtado est désigné président d’un commun accord. Il prend le
pouvoir dans un moment difficile : le boom pétrolier s’achève
et de terribles inondations, dues au courant chaud El Niño,
affectent le pays en 1983.
Le
taux croissance est négatif et l’inflation dépasse les 50 %.
Malgré tout, Roldos parvient à faire traverser pacifiquement ces
moments difficiles.
1984 :
Le conservateur Febres Cordero remporte les élections
présidentielles. Ayant étudié aux Etats-Unis, il applique les
principes libéraux à sa politique et impose le libre échange à
l’Equateur. Il limite l’aide sociale directe, pensant que la
prospérité viendra de la bonne santé de l’économie. C’est le
premier président sud-américain proposant un programme néolibéral
à être élu démocratiquement. Cependant, la mise en place du libre
échange se heurte à de nombreuses difficultés, d’autant que le
Congrès lui est hostile et que le prix du baril de pétrole passe de
27 à 8 dollars. Devant l’absence de véritables résultats,
l’opposition grandit.
8
mai 1988 : Le candidat du parti de la Gauche démocrate, Rodrigo
Borja, remporte les élections présidentielles au troisième tour,
dans une optique de changement total avec la politique de Febres
Cordero.
1992 :
Retour au pouvoir de Sixto Duran Ballen, candidat du Parti uni
républicain. Une grande partie de son mandat est consacrée à la
négociation de prêts du FMI. Il s’efforce de faire venir l’eau
potable dans les villages les plus reculés.
janvier
1995 : Le Pérou tente de déloger les troupes équatoriennes
des positions fortifiées situées dans la zone disputée de la
cordillère du Condor. Les pertes en hommes sont importantes du côté
péruvien. Les Etats-Unis, l’Argentine, le Brésil et le Chili
organisent un cessez-le-feu. L’armée équatorienne gagne en
prestige.
1979-1996 :
L’Equateur connaît une période de stabilité.
Retour de l'instabilité et genèse du mouvement indigène
Les vingt dernières années correspondent à un retour de l'instabilité politique et à l'éveil de l'indigénisme, à l'œuvre également dans la Bolivie voisine. C'est dans ce contexte que Rafael Correa remporte les élections présidentielles de 2007 et se voit ensuite confirmé à deux reprises par les électeurs.
1996 :
La droite équatorienne pense pouvoir demeurer au pouvoir, mais c’est compter sans Jaime Nebot du Parti chrétien social, soutenu par
l’ancien président Febres Condero et le milieu des affaires et sans Abdala Bucaram. Ce dernier promet des réformes sociales et
présente une femme à la vice-présidence.
7
juillet 1996 : Bucaram remporte les élections présidentielles
face à Jaime Nebot. Il devient le premier président
libano-équatorien. Il parvient au pouvoir dans un contexte de
récession, peu favorable à ses réformes sociales. Sous sa
présidence, la crise empire le népotisme, et la corruption se
développe.
5
février 1997 : Le Front uni des travailleurs organise une grève
générale qui remporte un franc succès. Le pays est paralysé, le
mécontentement à son comble. Le président en appelle aux forces
armées qui lui refusent leur soutien. Bucaram rejetant l'idée de démission, le pays se trouve dans une crise constitutionnelle. Le
Congrès vote sa défiance.
6
février 1997 : Trois personnes revendiquent la présidence :
Bucaram, la vice-présidente Rosalia Arteaga et le président du
Congrès, désigné par ce dernier, Fabian Alarcon.
11
février 1997 : Le Congrès et l’armée placent Alarcon au
pouvoir tandis que Bucaram doit s’exiler au Panama. Arteaga
n’abandonne pas ses prétentions.
31
mai 1998 : Nouvelles élections présidentielles. Pour la
première fois, deux femmes sont candidates. Elles sont remportées
par le maire de Quito, Jamil Mahuad, également libano-équatorien,
face à Alvaro Noboa. De nombreux défis l’attendent et il ne
possède que 20 % des sièges au Congrès pour mener sa politique.
Mahuad est bientôt plongé dans un scandale de corruption.
26
octobre 1998 : L’Equateur et le Pérou signent des accords de
paix à Brasilia.
1998 :
Trois des principales banques du pays font faillite.
mars
1999 : Grève des transports. Le pays est à nouveau paralysé
et Mahuad décrète l’état d’urgence.
octobre
1999 : Le président est impliqué dans un second scandale de
corruption.
1999 :
L’inflation atteint les 70 %, la pauvreté s’accroît et le
chômage s’aggrave.
janvier
2000 : Emergence d’un mouvement indigène. 40 000
indigènes convergent vers Quito. L’état d’urgence est décrété
et 30 000 militaires mobilisés pour faire face à ce mouvement.
17
janvier 2000 : Les employés du secteur pétrolier se mettent en
grève et rejoignent les indigènes dans leur appel à la démission
de Mahuad. Deux jours après, c’est au tour des étudiants de
s’unir à eux.
20
janvier 2000 : Les Indiens encerclent les bâtiments du Congrès
et de la Cour suprême. Les militaires décident de ne pas les
disperser et les Indiens occupent bientôt l’intérieur des
bâtiments. Les militaires rejoignent le mouvement et le colonel
Lucio Gutierrez s’impose comme le leader de la rébellion. Au
congrès, Vargas, Gutierrez et Carlos Solorzano annoncent la
formation d’une Junte de Salut national. Mahuad refuse de quitter
le pouvoir, mais il est rapidement contraint de se réfugier à
l’ambassade du Chili. Le général Mendoza, qui venait de prendre
la direction de la junte, le remplace. Sous la pression
internationale, le général Mendoza quitte la direction de la junte
et annonce le soutien de l’armée au vice-président Gustavo Naboa
comme président constitutionnel d’Equateur.
22
janvier 2000 : Noboa entre en fonctions. Si Mahuad a été forcé
de quitter le pouvoir, la question indigène demeure entière et la
tentative de changement de l’organisation sociale de l’Equateur
est un échec.
1er
mars 2000 : L’Equateur adopte le dollar comme monnaie.
2002 :
Nouvelles élections présidentielles. Treize candidats s’affrontent.
Gutierrez, l’un des conspirateurs du coup d'Etat contre Mahuad, les
remporte, face à Noboa. Comme ses nombreux prédécesseurs, il est
confronté à la crise économique et à un déficit budgétaire
abyssal. Il rencontre rapidement le président américain George W.
Bush et négocie un prêt du FMI. Bien qu’ayant promis de lutter
contre la corruption, il est lui-même impliqué dans un scandale de
trafic de drogue.
octobre
2004 : Le parti chrétien social entame une procédure de
destitution contre Gutierrez qui parvient cependant à trouver des
soutiens.
janvier-février
2005 : Manifestations réclamant la démission du président qui
tente d’établir un pouvoir dictatorial. De son exil, Bucaram
apporte son soutien à Gutierrez et lui conseille de décréter
l’état d’urgence, ce que ce dernier fait bientôt. L’opposition
ne cesse quant à elle de se renforcer.
20
avril 2005 : Les mécontents encerclent le palais présidentiel
et Gutierrez doit s’enfuir par hélicoptère, avant de s’exiler
au Brésil. Alfredo Palacio le remplace comme président, sans
véritable légitimité. Il exproprie toutes les firmes
pétrolières occidentales, ce qui satisfait les partis de gauche et
les groupes indigènes.
2007 :
Après une décennie d’instabilité, de nouvelles élections
présidentielles se préparent. Dix-sept candidats s’apprêtent à
concourir. Elles sont remportées par Rafael Correa Delgado qui a
fait campagne sur le thème de la « Patrie souveraine et
fière ». Ce chrétien de gauche présente dès le 15 janvier
son programme de révolution citoyenne. Il s’agit d’en finir avec
la corruption et le libéralisme, d’augmenter les dépenses en
matière de santé et d’éducation. Il fait en outre rédiger une
nouvelle constitution qui entre en vigueur en octobre 2008.
avril
2009 : Correa remporte les élections présidentielles dès le
premier tour, ce qui n’était pas arrivé depuis 1979. Sa politique
extérieure se veut résolument indépendante. Les relations avec la
Colombie et le Brésil fluctuent.
24
juin 2009 : L’Equateur rejoint l’ALBA (Alliance
bolivarienne pour les peuples des Amériques) créée par Hugo Chavez
et à laquelle se sont associés Cuba, la Bolivie et le Nicaragua.
20
septembre 2010 : La police nationale organise des manifestations
contre Correa qui doit fuir. Cependant, l’armée soutient le
président et le ramène au palais présidentiel.
30
septembre 2010 : Des centaines de policiers occupent la
principale garnison de Quito et le Congrès pendant que des
militaires s'emparent de la piste de l'aéroport de la capitale pour
réclamer l'abrogation d'une loi éliminant certaines primes
(essentiellement liées à l'ancienneté) afin d'harmoniser les
grilles de salaires du service public. Le président Rafael Correa,
molesté, dénonce une tentative de coup d'Etat et décrète l'état
d'urgence. Le bilan de ce soulèvement est de cinq morts et deux cent soixante-quatorze blessés. Le 6 octobre, le ministre de l'Intérieur, Gustavo Jalkh,
annonce l'arrestation de quarante-six policiers ayant participé à la révolte
contre le président.
7
mai 2011 : Les électeurs sont appelés à se prononcer sur une
série de réformes de la Constitution portant sur des thèmes aussi
divers que la justice, les médias, la sécurité sociale ainsi que
des problèmes de société tels que l'enrichissement illicite, les
jeux de hasard ou la corrida. Le oui l'emporte avec 55 à 60 % des
suffrages selon les questions. Ce résultat est un succès pour le président Rafael Correa, au pouvoir depuis quatre ans, malgré un
renforcement de l'opposition dans la région andine et surtout en
Amazonie.
4
janvier 2012 : Le groupe pétrolier américain Chevron est
condamné pour pollution en Amazonie équatorienne.
17
février 2013 : Le président sortant Rafael Correa est réélu
pour un troisième mandat au premier tour de l’élection
présidentielle.
16
août 2013 : Rafael Correa met fin au projet ITT (initiales des
champs pétroliers d’Ishpingo, de Tambococha et de Tiputini) qu’il
avait annoncé à la tribune de l’ONU en 2007 et dans lequel il
proposait d’échanger la non-exploitation de ce parc naturel
d’Amazonie équatorienne contre une contribution internationale de
3,6 milliards de dollars visant à financer la moitié du manque à
gagner. Le gouvernement équatorien n’ayant reçu que 13 millions
de dollars (0,37 %) de la somme escomptée, les réserves de pétrole
estimées à 920 millions de barils seront donc exploitées aux
dépens de cette biosphère classée par l’UNESCO. En conséquence,
la CONAIE (Confédération des nationalités indigènes de
l’Equateur), principale organisation représentant les ethnies,
demande une consultation populaire sur l’exploitation pétrolière
de la réserve.
Assuré pendant huit ans du soutien populaire, Rafael Correa a dû faire face, en 2015, à des difficultés économiques croissantes, source dans l'opinion d'un certain mécontentement. Les projets fiscaux du gouvernement ont suscité une réaction des classes moyennes urbaines et le gouvernement a dû reculer. Le président se voit reprocher une pratique jugée trop autoritaire du pouvoir et certains le soupçonnent de songer à modifier la Constitution pour pouvoir se représenter en 2017. Ces critiques ne peuvent faire oublier aux plus démunis les progrès enregistrés au cours des dernières années, mais l'Equateur doit affronter la chute des cours du pétrole, qui représente près de 40 % des recettes de l'Etat, ce qui entraîne restrictions budgétaires et accroissement de la dette publique. La croissance est passée de 3,8 % en 2014 à - 0,6 % en 2015. Le pays doit, de plus, compter avec les menaces environnementales d'origine naturelle que constituent les caprices d'El Nino, le courant marin qui perturbe le climat local et avec le risque d'une éruption majeure du volcan Cotopaxi.