Une terre de landes battues par les vents hivernaux venus de l’océan.
Un peuple de farouches guerriers, de clans construits autour de
l’honneur, une nation animée d’une puissante volonté
d’indépendance contre les Anglais. Des paysages grandioses de
montagnes découpées par la violence des éléments, sur lesquels
planent des airs de cornemuse comme autant d’échos d’une culture
qui irrigue le plus profond de l’âme écossaise. Des fantômes
qui, paraît-il, continuent de hanter des châteaux glacés mais
encore habités par des familles dont l’origine se confond avec
celle de leur pays. Des hommes, un verre de whisky à la main et
portant le kilt, symbole de leur virilité devenu une forme suprême
d’élégance.
Est-il possible de libérer l’Ecosse de ces stéréotypes ?
D’ailleurs sont-ils vraiment faux ?
L’Histoire et la géographie, à moins que ce ne soient tout
simplement les hommes, ont tracé la frontière avec l’Angleterre
entre la River Tweed et le Solway Firth, ce qui en fait une province
de 78 772 kilomètres carrés. L’Ecosse a été placée sur le chemin du flux
d’ouest, cet ensemble de vents qui, venus du cœur de l’océan
Atlantique, se jettent sur les côtes occidentales de l’Europe. En
hiver, la tempête se déchaîne, comme si elle voulait tester la
solidité de cette terre qui se dresse devant elle. La puissance des
vents peut dépasser les 150 ou 180 kilomètres par heure, entraînant avec eux une masse d’eau en furie qui se brise en vagues assourdissantes sur
les côtes. Mais une fois qu’Eole s’est apaisé, une réalité
climatique bien différente s’offre à l’homme. Le Gulf Stream
caresse avec langueur le littoral écossais et lui apporte une
douceur que n’ont pas les côtes canadiennes de l’autre côté du
grand océan. Si les températures sont bien plus basses que dans le
reste de la Grande-Bretagne, les moyennes hivernales flirtent avec
les 6 degrés Celsius et celles de l’été avec les 18 degrés dans les régions
les plus méridionales. Avec plus de 3 000 millimètres de précipitations par
an, les montagnes du Nord apparaissent bien comme les zones les plus
arrosées de l’archipel britannique, quand le reste du pays se
« contente » de 800 millimètres par an.
La géographie fait de l’Ecosse un pays aux multiples visages. Les
Highlands, la région la plus septentrionale et la plus connue,
dressent leurs hautes montagnes qui culminent à 1 344 mètres avec le
mont Ben Nevis. Elles sont coupées en deux par le Great Glen, cette
faille géologique qui sépare les monts Grampians des Highlands
proprement dites au nord-ouest. Cette zone, parsemée de lochs (les
fameux lacs intérieurs écossais), reste encore aujourd’hui la plus
pauvre, la moins fertile et la moins peuplée d’Ecosse. A
l’inverse, le Sud de l’Ecosse est occupé par les Lowlands qui, à
l’exception des montagnes des Southern Uplands, offre à l’activité
humaine des conditions plus favorables grâce aux collines et aux
plaines de la Central Belt.
L’hétérogénéité écossaise se ressent aussi au niveau des
littoraux. Les fjords, les lochs de mer, les estuaires se succèdent
le long des côtes occidentales qui semblent avoir été découpées
par la violence des tempêtes, alors que celles de la mer du Nord,
certes aux eaux infiniment plus froides, étalent de longues plages
de sable séparées par de larges estuaires. L’activité pétrolière
dynamise ce littoral, assure son peuplement et fortifie son activité
industrielle, intégrant ainsi l’Ecosse aux flux de la
mondialisation.
Quant aux 790 îles qui, tel un chapelet protecteur, entourent
l’Ecosse, elles se concentrent majoritairement à l’ouest du
pays. Les archipels les plus connus sont ceux des Shetlands, des
Orcades, des Hébrides intérieures et des Hébrides extérieures.
Avec ses 859 kilomètres carrés, l’île de Lewis et Harris est la plus vaste. Les
amateurs de romans policiers pensent bien sûr à la trilogie
écossaise de Peter May et à ses descriptions magnifiques des
paysages et de la culture des Hébrides, de la dureté de la vie de
ces pêcheurs, de la rigueur calviniste intransigeante de leur foi et
de ces black houses encore habitées il y a une cinquantaine
d’années.
L’Ecosse est à la fois une et multiple. A l’image de son
histoire.
Des origines au royaume médiéval
C'est
tardivement que les terres rudes et inhospitalières des périphéries
insulaires du Nord-Ouest européen ont été colonisées par
l'homme. Elles appartiennent dès le IVe millénaire à l'espace
des cultures néolithiques qui ont laissé un important patrimoine
mégalithique, avant d'être, au cours de l'âge du fer, envahies par
les populations celtiques issues du continent. Ces époques
lointaines et mal connues voient se cristalliser les identités
ethniques de peuples tels que les Brigantes ou les Calédoniens
auxquels va se trouver confronté au Ier siècle après J.-C.,
l'envahisseur romain. Une fois soumise la partie méridionale de l'île
de Bretagne (notre actuelle Angleterre), les Romains doivent contenir
la poussée des barbares du Nord et édifient pour cela les murs
d'Hadrien et d'Antonin. Quand l'île bretonne est abandonnée par les
Romains au début du Ve siècle, les Celtes – Pictes et Scots – parviennent à tenir à distance de leurs territoires les nouveaux
venus germaniques Angles et Saxons, mais doivent ensuite concéder
du terrain aux Scandinaves venus de Norvège, qui vont faire des
côtes écossaises des territoires de colonisation. Ce n'est que dans
la seconde moitié du IXe siècle que parvient à se constituer un
véritable royaume d'Ecosse qui va tenir tête au voisin anglais tout
au long du Moyen Age.
8500 av. J.-C. : Date estimée pour la fondation des premiers
foyers d’habitation retrouvés sur les sites de Carmon et de Sand.
Il s’agit sans doute de traces laissées par des populations de
chasseurs-cueilleurs.
IVe millénaire av. J.-C. : Apparition de l’agriculture.
3600 av. J.-C. : Traces d’habitations permanentes dans la
région d’Aberdeen. C’est de cette époque que datent aussi les
vestiges du plus ancien crannog répertorié (plateforme de bois sur
laquelle une habitation est construite), situé sur l’île de North
Uist.
IIe millénaire av. J.-C. : Mise en place des ensembles de
monolithes sous forme de cercles qu’on ne trouve que dans les îles
britanniques (sites de Stones of Stenness et de Ring of Brodgar).
1600-1300 av. J.-C. : Inhumation de momies sur l’île de South
Uist.
500 av. J.-C. : Installation de tribus celtes.
77-84 ap. J.-C. : Le général romain Julius Agricola est
gouverneur de Bretagne dont il achève la conquête.
82 : Les Calédoniens, menés par leur chef Calgacus, attaquent
les Romains.
83 : Défaite de Calgacus face aux armées d’Agricola. Rome,
ne désirant pas s’enfoncer dans le territoire de la Calédonie,
maintient la frontière de l’empire le long de la Clyde et du
Forth.
vers 122 : Arrivée en Bretagne de l’empereur Hadrien qui y
supervise la construction du mur qui porte son nom, élément du
limes censé protéger l’empire des invasions barbares.
vers 140 : Construction du mur dit « d’Antonin », situé à une
centaine de kilomètres plus au nord du précédent. Il permet
d’intégrer à l’empire un autre peuple battu par le général
Urbicus, les Brigantes, et d’isoler la Bretagne de la Calédonie et
de ses tribus frondeuses.
vers 160 : Révolte des Brigantes matée par les Romains.
vers 180 : Les incursions des tribus calédoniennes se
multiplient contre le limes.
208-211 : Combats menés par l’empereur Septime Sévère
contre les raids barbares. Malgré plusieurs succès remportés, il
préfère abandonner le mur d’Antonin pour mieux consolider celui
d’Hadrien.
215 : Abandon définitif par Rome du fort de Carpow, construit
cinq ans auparavant au cœur des Lowlands lors des expéditions de
Septime Sévère.
306 : Suite à la campagne de reconquête de la Bretagne par
Constance Chlore, l’empereur Constantin rétablit la souveraineté
de Rome jusqu’au mur d’Hadrien.
367-370 : Offensive de plusieurs peuples barbares, dont les
Pictes et les Saxons, contre la Bretagne romaine. Elle est repoussée
par le général Théodose l’Ancien. Les envahisseurs sont alors
rejetés en Calédonie.
383 : Les Pictes sont une nouvelle fois battus, cette fois par
le comte Maxime (Magnus Maximus) qui se proclame ensuite empereur.
Son départ pour la Gaule laisse le champ libre aux tribus
calédoniennes qui en profitent pour repartir à l’offensive.
387 : Les troupes romaines abandonnent de nouveau le mur
d’Hadrien et se replient plus au sud, sur la barrière montagneuse
des Pennines dont les contreforts touchent l’Ecosse actuelle.
début du Ve siècle : Arrivée, sur les rivages
occidentaux de la Calédonie, des Scots, peuple celte venant
d’Irlande. Ils profitent de l’abandon de la Bretagne par les
Romains pour s’y établir durablement et étendre leur domination
sur le reste de la région. La Calédonie devient l’Ecosse (la
Scotland, le pays des Scots).
Ve siècle : l’Ecosse se morcelle en deux
principaux royaumes. A l’ouest, celui des Scots appelé le Dal
Riada, à l’est et au centre celui des Pictes, Fortriú.
563 : Fondation d’un monastère sur l’île d’Iona, dans
les Hébrides intérieures, par saint Colomban (521-597), un moine
irlandais qui a diffusé le christianisme dans le Nord-Ouest de
l’Europe. Le monastère devient un grand centre d’évangélisation
et de culture pour toute l’Ecosse. Au-delà des inévitables
légendes autour du personnage de Colomban (il aurait vaincu un
monstre près d’un loch appelé à devenir célèbre…),
l’Histoire retient que le moine aurait converti le royaume des
Pictes puis celui du Dal Riada dont il aurait couronné le souverain
à Iona.
729-761 : Règne du roi picte Oengus Ier. Il s’empare
du pouvoir à l’issue d’une guerre civile contre quatre autres
prétendants au trône qu’il bat successivement. Il doit également
mener trois campagnes contre les Scots pour les soumettre à son
autorité. Le royaume du Dal al Riada y perd son indépendance.
802 : Arrivée des Vikings qui s’emparent des îles Orcades,
Shetland, Hébrides. Ils ravagent le monastère d’Iona cette
année-là, puis, quatre ans plus tard, en massacrant au passage soixante-huit moines. Le monastère déménage alors en Irlande, à Kells, en 807
pour être davantage en sécurité.
780-820 : Règne de Constantin mac Fergusa. D’abord roi des
Pictes, il aurait aussi régné sur les Scots à partir de 811, mais
cette thèse de l’unification des deux royaumes est très débattue
entre historiens.
820 : Le frère de Constantin, Oengus II, lui succède peut-être
à la tête des deux royaumes. La chronologie manque de précision.
Il aurait régné jusqu’en 834 sur les Pictes et jusqu'en 829 sur les Scots.
C’est sous son règne que le drapeau écossais, le Saltire (la
croix blanche de Saint-André sous fond bleu) serait devenu l’emblème
de l’Ecosse.
834-839 : Règne du fils d’Oengus, Eòganám mac Oengus. Il
aurait placé Aed mac Boanta à la tête du royaume du Dal Riada.
839 : Terrible défaite face aux Vikings. Eòganám, son frère
Bran ainsi que Aed y perdent la vie. C’est la fin de la dynastie
d’Oengus.
Le royaume d'Ecosse
Le jeune royaume d'Ecosse constitue une menace sérieuse pour ses voisins anglo-saxons, mais dès que le duc de Normandie Guillaume a réalisé la conquête de l'Angleterre, il ouvre une longue période de guerres anglo-écossaises. Celles-ci tournent longtemps à l'avantage d'une Angleterre plus riche et plus peuplée, malgré la recherche par les Ecossais de l'alliance française (l'Auld Alliance). Il faut la résistance de William Wallace et l'insurrection dirigée par Robert Bruce pour que les Anglais, vaincus à Bannockburn en 1314, finissent par reconnaître, lors de la conclusion du traité de Northampton, la souveraineté du royaume écossais. Un siècle avant que Jeanne d'Arc n'incarne l'émergence d'une première identité nationale française, la déclaration d'Arbroath de 1320 apparaît comme la première formulation d'un patriotisme forgé dans la lutte contre l'Anglais. L'Ecosse parvient à sauvegarder son indépendance sur le pan ecclésiastique, mais s'inspire beaucoup, dans l'organisation de l'Etat royal, du modèle propre à son ennemi. La quête continue de l'alliance française fragilise en fait le royaume, car l'Angleterre va chercher par tous les moyens à réduire, dans le contexte de sa lutte multiséculaire avec la France, la menace d'un « second front ».
843-858 : Règne de Kenneth Ier. D’abord souverain
du Dal Riada, il impose son autorité sur les Pictes, raison pour
laquelle il est considéré comme le véritable fondateur de la
monarchie écossaise et comme l'unificateur du pays. Avec lui, les
Scots dominent l’Ecosse. Kenneth Ier fait face au
royaume de Strathclyde, situé au sud de l’Ecosse actuelle (région
de Glasgow), dont les origines restent mystérieuses.
937 : Le morcellement du royaume de Strathclyde permet au roi
écossais Malcolm Ier d’en récupérer une partie, alors
que le reste échoit au roi d’Angleterre et qu’une entité
indépendante subsiste sous le nom traditionnel.
1018 : Bataille de Carham entre le roi d’Ecosse Malcolm II, allié avec Owen le Chauve, souverain de Strathclyde, et le roi de
Northumbrie. La victoire des deux alliés permet le renforcement de
la domination écossaise sur le Lothian.
1015 : Le petit-fils de Malcolm II, Duncan, reçoit le titre de
roi de Strathclyde à la mort d’Owen le Chauve.
1034 : Duncan devient roi à son tour et réunit le Strathclyde
au reste du royaume d’Ecosse. Il fonde la dynastie de Dunkeld.
14 août 1040 : Duncan Ier est tué à Pitgaveny dans
un affrontement contre le roi de Moray (province du Nord-Est de
l’Ecosse) Mac Bethad mac Findlaich, plus connu sous le nom de
Macbeth. Celui-ci s’empare du pouvoir.
1045 : Défaite du père de Duncan Ier, l’abbé
laïc Crinan.
27 juillet 1054 : Macbeth est battu par les troupes du fils de
Duncan Ier Malcolm Canmore qui a envahi l’Ecosse depuis
l’Angleterre.
15 août 1057 : Macbeth est tué à Lumphanan par Malcolm qui
devient Malcolm III après l’élimination du fils de Macbeth, Lulach, le 25 mars 1058.
1072 : Malcolm III prête hommage à Guillaume le Conquérant
qui, depuis sa victoire d’Hastings, règne sur l’Angleterre.
1080 : Attaque des troupes anglo-normandes contre l’Ecosse.
Malcolm III se soumet à Guillaume.
13 novembre 1093 : Malcolm III est tué dans une embuscade par
des chefs de clans hostiles. Avènement de son fils Duncan II qui a
passé sa jeunesse à la cour d’Angleterre comme « otage ».
Mai 1094 : Duncan II chasse son oncle Donald III qui avait été
reconnu roi par les Scots et qui se réfugie dans les
Highlands, sans pour autant renoncer à la lutte pour le pouvoir.
12 novembre 1094 : Duncan II meurt dans un combat contre les
troupes de Donald III.
1097 : Arrivée en Ecosse d’Egdar, un autre fils de Malcolm
III, avec l’aide militaire de l’Angleterre. Donald III est battu
et Edgar monte sur le trône.
15 janvier 1107 : Après un règne pacifique, Edgar meurt et
laisse le pouvoir à son frère, Alexandre Ier.
1114 : Participation d’Alexandre Ier à une
expédition dans le pays de Galles aux côtés du roi d’Angleterre
Henri Ier, signe de l’alliance entre les deux royaumes.
27 avril 1124 : Mort sans postérité d’Alexandre Ier.
Avènement de son oncle David Ier. Son règne est l’un
des plus glorieux des rois de l’Ecosse médiévale. Il correspond à
un élargissement des limites du royaume et à l’introduction d’un
système féodal.
1130-1134 : Révolte de Máel Coluim, fils d’Alexandre Ier, contre son oncle. Elle s’achève par la défaite, la capture et
l’emprisonnement de Máel Coluim.
1135 : David Ier envahit l’Angleterre sous prétexte
de contester les droits au trône d’Etienne de Blois qui s’est
emparé du pouvoir à la place de la fille d’Henri Ier,
Mathilde. La campagne s’achève par une paix de compromis signée
entre David et Etienne à Durham (20 février 1136).
1138 : Rupture de la paix et nouvelle invasion de l’Angleterre
par David Ier.
10 juin 1138 : La bataille de Clitheroe est remportée par les
armées écossaises.
22 août 1138 : Les Ecossais sont battus à la bataille de
l’Etendard sans que celle-ci ne signe la défaite définitive de
David Ier qui conserve de nombreux points d’appuis.
9 avril 1139 : Second traité de Durham entre Etienne et David
Ier qui accorde au fils de ce dernier, Henri, le comté de
Northumberland et d’Huntingdon
1138-1153 : David Ier profite de la période de
guerre civile en Angleterre pour étendre son influence sur le Nord
du pays.
1152 : Mort du fils unique de David Ier, Henri, qui
gouvernait aux côtés de son père.
24 mai 1153 : Mort de David Ier. Son successeur est
son petit-fils Malcolm IV.
1153-1165 : Règne de Malcolm IV.
juillet 1157 : Malcolm IV rend hommage au roi d’Angleterre
Henri II qui récupère plusieurs territoires dévolus à David Ier
par ses prédécesseurs.
1159-1160 : Participation de Malcolm IV à l’expédition
contre le comte de Toulouse aux côtés d’Henri II qui le fait
chevalier. La guerre est motivée par la défense des droits sur le
comté transmis par Aliénor d’Aquitaine au roi d’Angleterre.
9 décembre 1165 : Mort de Malcolm IV à l’âge de 24 ans.
Avènement de son frère Guillaume Ier.
1173 : Participation de Guillaume Ier à la révolte
d’Henri le Jeune, fils aîné d’Henri II d’Angleterre, contre
son propre père. Il envahit à deux reprises le Northumberland
avant d’être capturé par les Anglais.
8 décembre 1174 : Signature du traité de Falaise entre
Guillaume Ier et Henri II, par lequel le roi d’Ecosse se
reconnaît vassal du roi d’Angleterre. L’indépendance de
l’Ecosse est sérieusement mise à mal par ce traité.
2 décembre 1189 : Le successeur d’Henri II, Richard Ier
Cœur de Lion, accepte de signer un nouveau traité avec Guillaume
Ier, celui de Cantorbéry. Beaucoup plus favorable aux
Ecossais, ce texte restaure l’indépendance de l’Ecosse et lui
rend certains territoires, à l’exception du Northumberland.
6 août 1209 : Signature du traité de Norham entre Guillaume
Ier et Jean sans Terre qui prévoit le mariage de l’une
des filles du roi d’Ecosse avec le prince héritier d’Angleterre.
4 décembre 1204 : Mort de Guillaume Ier. Avènement
de son fils Alexandre II.
15 juin 1215 : Alexandre II signe la Magna Carta, célèbre
document qui garantit les libertés des seigneurs et des villes et
impose le contrôle des impôts par le Grand Conseil du royaume.
octobre 1215 : Guerre contre le roi d’Angleterre Jean sans
Terre et invasion du Northumberland. Les hostilités durent jusqu’en
1221, date de la paix avec Henri III.
24 décembre 1237 : Traité d'York par lequel Alexandre II
renonce à ses revendications sur le Northumberland.
14 août 1244 : Le traité de Newcastle impose à Alexandre II
de ne pas faire la guerre au roi d’Angleterre.
8 juillet 1249 : Mort d’Alexandre II et avènement de son fils
Alexandre III, âgé de huit ans.
1262 : Expédition de conquête des îles Hébrides,
officiellement sous souveraineté du roi de Norvège qui y reçoit
l’hommage d’un roi vassal.
1263 : Haakon IV de Norvège prend la tête d’une vaste
expédition navale, forte de 120 navires. Mais, le 2 octobre 1263, ses
troupes débarquées sur une côté écossaise se font massacrer.
2 juillet 1266 : Signature du traité de Perth qui met fin à la
guerre entre l’Ecosse et la Norvège. Les Hébrides et l’île de
Man deviennent écossaises.
La lutte contre l'Anglais
Alors que se poursuit l'affrontement anglo-écossais, la reconnaissance par le pape Jean XXII du titre de roi d'Ecosse à Robert Ier, bientôt suivie de la conclusion du traité de Corbeil qui confirme la « vieille alliance » franco-écossaise, fait du royaume un acteur politique important au sein de l'Europe médiévale.
19 mars 1286 : Mort d’Alexandre III. Lui succède sa
petite-fille Marguerite Ière, âgée seulement de trois
ans.
1290 : Traité de Brigham qui prévoit le mariage de Marguerite
avec l’héritier de la couronne d’Angleterre, le futur Edouard
II.
26 septembre 1290 : Mort de Marguerite Ière lors
d’un voyage vers la Norvège. Cette disparition met fin à la
dynastie des Dunkeld et ouvre une crise de succession entre plusieurs
prétendants.
24 juin 1291 : Les prétendants et barons d’Ecosse font appel
à l’arbitrage d’Edouard Ier d’Angleterre.
17 novembre 1292 : Edouard Ier choisit Jean Balliol
comme souverain d’Ecosse. Descendant d’une famille française de
Picardie installée en Angleterre à la fin du XIe siècle,
Jean Ier est écossais par sa mère.
23 octobre 1295 : Suite au refus du Parlement écossais de
répondre à l’appel de l’Angleterre pour faire la guerre contre
la France, Jean Ier signe un traité d’alliance avec les
Français, origine de la « Vieille Alliance » (Auld
Alliance).
mars 1296 : Début de la guerre entre l’Ecosse et l’Angleterre.
7-8 juillet 1296 : Suite à une succession de défaites, dont
celle de Dunbar le 27 avril 1296, Jean Ier abandonne
l’alliance française et abdique.
mai 1297 : Début de la révolte écossaise contre les Anglais
au cœur de laquelle se trouve William Wallace.
11 septembre 1297 : Victoire des Ecossais à la bataille du pont
de Stirling qui leur donne la possibilité de s’imposer dans leur
guerre contre les Anglais.
mars 1298 : Wallace est proclamé « gardien du royaume
d’Ecosse ».
22 juillet 1298 : Défaite des Ecossais à la bataille de
Falkirk. Wallace se réfugie en France et ne revient en Ecosse qu’en
1303.
3 août 1305 : Capture de Wallace près de Glasgow. Il est
exécuté le 23 août 1305.
25 mars 1306 : Robert Bruce, héritier d’un haut lignage
écossais, est couronné roi d’Ecosse et doit mener par la suite
plusieurs campagnes pour s’imposer à ses rivaux.
24 juin 1314 : Victoire de Bannockburn sur Edouard II
d’Angleterre.
6 avril 1320 : Déclaration d’Arbroath qui est une lettre
signée par cinquante-et-un des plus grands barons écossais et destinée au pape
Jean XXII. Elle réclame le statut de nation indépendante pour
l’Ecosse et son droit à se défendre.
1322-1323 : Nouvelle guerre anglo-écossaise.
janvier 1324 : Jean XXII reconnaît le titre royal à Robert
Ier.
avril 1326 : Traité de Corbeil entre la France et l’Ecosse
qui renouvelle leur alliance.
17 mars 1328 : Traité d’Edimbourg-Northampton, signé entre
Robert Ier et Edouard III, qui met fin à un conflit
éclaté un an plus tôt. Le roi d’Angleterre y reconnaît
l’indépendance de l’Ecosse et le titre royal de Robert Ier.
1329 : Edimbourg obtient le statut de cité affranchie.
7 juin 1329 : Mort de Robert Ier. Son fils David II
lui succède à l’âge de cinq ans.
11 août 1332 : Bataille de Dupplin Moor remportée par le
prétendant Edouard Balliol, fils de Jean Ier, sur les
troupes loyalistes. David II se réfugie en France.
24 septembre 1332 : Couronnement d’Edouard Balliol, mais, dès
le mois de décembre, il doit s’enfuir en Angleterre face à une
rébellion.
20 juillet 1333 : Victoire d’Edouard III à la bataille de
Halidon Hill qui permet le retour sur le trône d’Edouard Balliol.
1340 : Après un règne ponctué de révoltes, et privé du
soutien vital d’Edouard III, Edouard Balliol se retire en
Angleterre. Il laisse les partisans de David II reconquérir toutes
les villes écossaises.
1341 : Retour en Ecosse de David II.
1346 : Afin d’honorer la Vieille Alliance et sa dette auprès
du roi de France Philippe VI, David II attaque le Nord de
l’Angleterre pour forcer Edouard III à diviser ses forces. Mais
les Ecossais sont battus le 17 octobre 1346 à la bataille de
Neville’s Cross où David II est fait prisonnier.
1346-1357 : Captivité de David II à Londres.
3 octobre 1357 : Signature du traité de Berwick-upon-Tweed
selon lequel David II accepte le versement d’une rançon contre sa
libération. Ce contenu donne lieu à plusieurs aménagements dans
les années suivantes.
22 février 1371 : Mort de David II. Avènement de son neveu
Robert II Stuart et de la dynastie du même nom. Petit-fils par sa
mère de Robert Ier, le nouveau roi descend d’une
famille dont le nom originel est Fitzalan. Son ancêtre, Walter
Fitzalan, est devenu en 1150 grand sénéchal royal (en anglais stewart) de David Ier
d’Ecosse, charge devenue à sa suite
héréditaire, d’où le patronyme francisé en Stuart.
L'Ecosse des Stuart
L'antagonisme anglo-écossais persiste et domine la fin de la période médiévale, mais une ère nouvelle va s'ouvrir avec la Réforme. Alors qu'Henri VIII d'Angleterre installe l'anglicanisme en son royaume, ce sont des missionnaires venus de Genève qui vont introduire en Ecosse le presbytérianisme, une version radicale de la Réforme. Marquée par l'exécution de la malheureuse Marie Stuart, la confrontation perdure entre les deux royaumes, mais l'Ecosse, du fait de l'affrontement religieux qui divise désormais l'Europe, a renoncé à la Auld Alliance française dont le mariage de Marie Stuart avec le jeune François II aura été la dernière manifestation. De manière inattendue, c'est Jacques VI Stuart d'Ecosse qui, à la mort d'Elizabeth Ière, monte sur le trône d'Angleterre. La révolution anglaise et la dictature de Cromwell réalisent pour un temps l'union de l'Angleterre, de l'Ecosse et de l'Irlande. Après le retour à la normale correspondant à la restauration des Stuart de 1660, l'échec final de celle-là conduit à l'Acte d'Union de 1707 qui voit la naissance du Royaume Uni.
1385 : Participation des Ecossais à l’expédition navale de
Jean de Vienne, grand amiral du roi de France Charles V qui, avec 180
navires, espère envahir l’Angleterre par le nord. Edimbourg est
ravagée par les armées anglaises. L’amiral français doit battre
en retraite.
5 août 1388 : Bataille d’Otterburn entre les Ecossais et les
Anglais, remportée par ces derniers.
19 avril 1390 : Mort de Robert II.
1390-1406 : Règne malheureux de Robert III. Malade, le roi
laisse la réalité du pouvoir à son frère Robert de Fife.
Profitant de ces circonstances favorables, les Anglais envahissent
l’Ecosse. Suite à la disparition mystérieuse de son fils aîné
David qu’il a nommé lieutenant du royaume, Robert III cache son
second fils Jacques. Les Anglais parviennent à s’en emparer en
1406, ce qui, selon la légende, aurait fait mourir de chagrin le
malheureux souverain.
4 avril 1406 : Avènement de Jacques Ier à l’âge
de huit ans, alors qu’il est prisonnier en Angleterre depuis quatre
mois.
1410 : Fondation de l’université de Saint-Andrews, la plus
prestigieuse d’Ecosse.
1424 : Libération de Jacques Ier, suite au paiement
de la rançon demandée. Son règne est marqué par la confirmation
de l'Auld Alliance et le mariage de sa fille Marguerite avec
le dauphin, futur Louis XI, par un grand travail
législatif, une pacification des Highlands et une répression sévère
des clans rivaux.
21 février 1437 : Assassinat de Jacques Ier par des
conspirateurs menés par le grand seigneur Robert Graham.
1437-1460 : Règne de Jacques II. Le roi doit lutter contre la
toute puissance du clan des Douglas. Lorsque leur chef, William
Douglas, se révolte, Jacques II l’invite à sa cour et le
poignarde lors d’un banquet, le 22 février 1452. Profitant de la
guerre des Deux Roses qui ravage l’Angleterre, le roi d’Ecosse,
faisant mine de soutenir Henri VI, tente de s’emparer de la
forteresse anglaise de Roxburg. C’est là qu’il meurt
accidentellement d’un coup de canon écossais !
3 août 1460 : Avènement de Jacques III à l’âge de huit
ans.
13 février 1462 : Traité de Westminster-Ardtornish qui
officialise l’alliance entre Edouard IV d’Angleterre et
plusieurs chefs écossais, dont le seigneur des îles John II
MacDouglas. Ce titre correspond à la situation d’indépendance de
fait dans laquelle certaines îles comme les Hébrides vivent depuis
le haut Moyen Age. Tous reconnaissent comme suzerain le roi
d’Angleterre qui cherche à se venger de l’appui que Jacques II a
apporté à son rival Henri VI.
1472 : Les Orcades et les Shetlands sont placées sous la
souveraineté écossaise.
1475 : Réconciliation d’Edouard IV et de Jacques III. Le roi
d’Angleterre en profite pour dénoncer le traité de
Westminster-Ardtornish. Accusé de trahison, John II se soumet
l’année suivante et reste vassal du roi d’Ecosse en gardant son
titre.
10 juillet 1482 : Jacques III est fait prisonnier à la bataille
du pont de Lauder qui l’oppose à une rébellion de chefs de clans
contre ses favoris Robert Cochrane et William Scheves.
14 juin 1488 : Bataille de Sauchieburn qui oppose Jacques III et
une nouvelle ligue de clans révoltés. Il est poignardé peu après
sa défaite dans des circonstances mystérieuses. Avènement de son
fils Jacques IV âgé de 15 ans.
1493 : Profitant de troubles dans les régions septentrionales
des Highlands, Jacques IV abolit le titre de « seigneur des îles » et
exile dans les Lowlands John II qui y finit son existence.
28 mai 1502 : Signature du traité de paix perpétuelle entre
Jacques IV et Henri VII Tudor. Il met fin au cycle de conflits
anglo-écossais et prévoit le mariage du roi d’Ecosse et de la
fille d’Henri VII, Marguerite, qui se déroule le 8 août 1503.
C'est de cette union que proviennent les droits des Stuart à la
couronne d’Angleterre.
1505 : Création de la première imprimerie d’Ecosse.
22 août 1513 : Rupture de la paix anglo-écossaise du fait de
la guerre opposant Henri VIII à François Ier. Jacques IV
choisit de respecter l'Auld Alliance et envahit l’Angleterre.
9 septembre 1513 : Défaite des Ecossais à la bataille de
Flodden Field. Jacques IV y perd la vie. Avènement de son fils
Jacques V, âgé de 17 mois ! La régence d’abord confiée à
sa mère Marguerite Tudor et au parti pro-anglais, échoit en 1515 à
Jean d’Albany partisan du roi de France qui, une fois retourné
auprès de ce dernier, rend le pouvoir à Marguerite et au clan des
Douglas.
22 mai 1528 : Coup de majesté de Jacques V par lequel le jeune
roi écarte les membres du clan des Douglas qui ont confisqué le
pouvoir à leur bénéfice. Signature d’une trêve de cinq ans avec
l’Angleterre.
1532 : Création du Collège de justice qui s’impose aux
pouvoirs claniques.
1541 : Henri VIII envahit l’Ecosse.
24 novembre 1542 : Bataille de Solway Moss où les Ecossais sont
battus.
14 décembre 1542 : Mort de Jacques V. Avènement de sa fille
Marie Ière, âgée d’à peine huit jours.
1er juillet 1543 : Signature du traité de Greenwich
qui prévoit l’union des royaumes d’Angleterre et d’Ecosse
grâce au mariage de Marie Ière et du prince de Galles
Edouard.
9 septembre 1543 : Couronnement de Marie Ière.
11 décembre 1543 : Le Parlement d’Ecosse rejette le traité
de Greenwich et renouvelle l’alliance française.
1544-1551 : Série de conflits anglo-écossais connue sous le
nom de « Rough wooing ». Cette période se divise en deux
parties : une première entre 1545 et 1546 sous Henri VIII le
long de la frontière et dans l’Est des Lowlands ; une seconde
entre 1547 et 1550, sous la régence d'Edouard Seymour qui gouverne
l’Angleterre pendant la minorité de son neveu Edouard VI. Les
Ecossais sont sévèrement battus, le 10 septembre 1547, à la
bataille de Pinkie Cleugh, restée fameuse car de l’artillerie
navale y fut utilisée pour la première fois dans une bataille
terrestre. Ce jour demeure dans la mémoire écossaise comme celui du
Black Sunday.
7 juillet 1548 : Traité franco-écossais de Haddington qui
prévoit le mariage de Marie Ière et du dauphin François de France, fils d’Henri II.
août 1548 : Départ de Marie Ière pour la France
tandis que la reine douairière Marie de Guise reste en Ecosse.
24 avril 1558 : Mariage du dauphin François et de Marie Ière.
2 mai 1559 : Après un exil à Genève auprès de Calvin, John
Knox revient en Ecosse pour y diffuser le protestantisme.
10 juillet 1559 : Avènement de François II et de Marie comme
souverains de France.
6 juillet 1560 : Traité d’Edimbourg qui met fin à l'Auld
Alliance, par une initiative du Parlement d’Ecosse acquis au
protestantisme. La France renonce à ses droits sur le royaume
d’Ecosse que le mariage de Marie Ière avec François II
lui a conférés.
17 août 1560 : Adoption par le Parlement écossais de la
Confession de foi protestante, un décret abolissant le catholicisme
au bénéfice du protestantisme qui devient religion d’Etat.
5 décembre 1560 : Mort du roi de France François II. Marie
Ière devient veuve.
27 janvier 1561 : Adoption d’un Livre de discipline par
l’assemblée de l’Eglise d’Ecosse. Il organise une Eglise
presbytérienne dans laquelle seuls les pasteurs et les anciens
peuvent être ministres du culte. Elus au sein des paroisses, ils
dépendent néanmoins de « superintendants » dont
l’autorité s’étend sur une circonscription proche des anciens
diocèses.
14 août 1561 : Marie Stuart quitte la France pour
retourner en Ecosse après un accord passé avec son demi-frère
Jacques, comte de Moray (fils naturel de Jacques V), selon lequel la
reine s’engage à ne pas instaurer le catholicisme dans le pays.
Marie arrive dans un pays profondément divisé entre catholiques et
protestants. Si elle conserve sans réserve la foi romaine, elle
prend soin de garder auprès d’elle comme principal conseiller
Jacques Stuart, chef du parti protestant.
15 juin 1567 : Bataille de Carberry Hill qui oppose Marie Ière
et plusieurs grands seigneurs écossais révoltés contre les
désordres de sa vie privée. Il est vrai qu’en ce domaine, la reine
multiplie les faux pas. En 1565, son mariage désastreux avec Henry
Stuart, duc d’Albany, dit « lord Darnley », la discrédite, surtout
lorsque son époux fait assassiner par jalousie son favori et
secrétaire, David Rizzio ! Sa liaison suivante avec Jacques
Hepburn, comte de Bothwell, suivie de la mort plus que suspecte de
Darnley, les accusations contre Bothwell finalement acquitté par un
tribunal complaisant et, enfin, ses noces avec le même homme,
entraînent une révolte des nobles. La reine est donc battue et
emprisonnée au château du loch Leven.
24 juillet 1567 : Marie Ière abdique en faveur de
son fils Jacques VI, fruit de son union avec Darnley, âgé d’un
an.
13 mai 1568 : Après s’être évadée, Marie Ière
est de nouveau battue, à la bataille de Langside. Elle s’enfuit
alors en Angleterre chez sa cousine Elisabeth Ière et y
est emprisonnée pendant 19 ans.
6 juillet 1586 : Traité de Berwick entre Elisabeth Ière
et Jacques VI qui organise la succession de la « Reine Vierge »
au bénéfice du roi d’Ecosse.
8 février 1587 : Marie Ière est exécutée dans des
conditions sordides (le bourreau ivre s’y est mis à trois fois
pour la décapiter) suite à un procès pour haute trahison contre
Elisabeth Ière.
24 mars 1603 : Mort d’Elisabeth Ière sans
postérité. Depuis plusieurs années, Jacques VI prépare la
succession de la Reine Vierge en complicité avec Lord Robert Cecil.
Proclamé roi le jour même de la disparition de la souveraine, le
roi d’Ecosse quitte Edimbourg le 5 avril pour arriver à Londres le
7 mai. Son couronnement à Westminster, le 25 juillet, fait de lui le
roi des deux pays, et il décide de régner sous le nom de Jacques Ier
afin de favoriser l’union. C’est la raison pour laquelle il fait
entrer au Conseil privé plusieurs nobles écossais et qu’il désire
obtenir le titre de « roi de Grande-Bretagne ». Le
Parlement de Londres s’y oppose. Jacques Ier décide de
se passer de son avis et, en octobre 1604, se proclame tel. Il
cherche en effet à affermir l’autorité royale dans un sens
absolutiste, ce qui ouvre un conflit avec le Parlement dont il se
passe souvent pour gouverner. Cette évolution atteint son paroxysme
sous son successeur, son fils Charles Ier, et conduira à
la première révolution anglaise. Le nouveau souverain soumet dans
le même temps les clans les plus récalcitrants des Highlands, qui
conservaient leurs sentiments autonomistes, et leur impose, contre
les traditions gaéliques, la culture protestante.
1617 : Jacques Ier retourne pour la première fois en
Ecosse où il ne s’est plus rendu depuis son avènement, malgré
la promesse faite à son départ d’y revenir tous les trois ans.
Son objectif est d’aider au rapprochement entre l’Eglise
d’Ecosse, presbytérienne, et l’Eglise d’Angleterre, par un
rétablissement de la hiérarchie épiscopale dans son pays natal. Le
roi ne peut en effet accepter la remise en cause de la hiérarchie
épiscopale, car, selon la formule consacrée, No bishops, no king…
Le problème religieux est donc aussi un problème politique.
1618 : Le souverain impose à l’Ecosse les Cinq Articles de
Perth qui imposent l’obligation de se mettre à genoux pour la
communion, la validité du baptême privé, la possibilité de la
communion privée pour les malades et les infirmes, la confirmation
est célébrée par un évêque, et, enfin, une célébration
religieuse les jours saints de Noël et de Pâques.
1621 : Ce n’est qu’à cette date que le Parlement d’Ecosse
ratifie les Cinq Articles de Perth malgré l’opposition farouche
des presbytériens.
27 mars 1625 : Avènement de Charles Ier, roi
d’Angleterre, d’Irlande et d'Ecosse.
18 juin 1633 : Couronnement de Charles Ier comme roi
d’Ecosse.
1638 : Proclamation du National Covenant par l’assemblée
générale de l’Eglise d’Ecosse qui défend le presbytérianisme
(une Eglise protestante sans hiérarchie) contre l’Eglise anglicane
et sa hiérarchie épiscopale.
1643 : Adoption du Solemn League and Covenant entre les
covenantaires écossais, défenseurs du presbytérianisme, et le
Parlement anglais contre Charles Ier, favorable à un
système absolutiste et épiscopal.
2 juillet 1644 : Défaite des troupes royalistes face aux armées
écossaises et aux troupes du Parlement.
1er septembre 1644 : La bataille de Tippermuir oppose
les Ecossais royalistes menés par James Graham, marquis de Montrose
et les covenantaires. Elle symbolise la guerre civile d’Ecosse qui
se déroula pendant la révolution anglaise et fut remportée par les
royalistes écossais.
13 septembre 1645 : C’est au tour de Montrose d’être battu,
à la bataille de Philiphaugh.
26 septembre 1647 : Signature par le duc d’Hamilton, prince
écossais, d’un accord avec Charles Ier, connu sous le
nom de « Engagement », stipulant le rétablissement du
presbytérianisme en échange d’une aide militaire contre le
Parlement.
17-18 août 1648 : L’armée républicaine commandée par
Olivier Cromwell bat les royalistes et les Ecossais commandés par le
duc d’Hamilton à la bataille de Preston. C’est une victoire
décisive dans la guerre civile.
30 janvier 1649 : Exécution de Charles Ier, malgré
l’opposition des covenantaires.
6 février 1649 : Le fils de Charles Ier est proclamé
roi de Grande-Bretagne par les covenantaires du Parlement d’Ecosse
sous le nom de Charles II.
23 juin 1650 : Charles II arrive en Ecosse après avoir promis
de respecter le presbytérianisme et se soumet de mauvaise grâce aux
rigueurs du calvinisme ambiant.
3 septembre 1650 : Les troupes écossaises sont battues par
Oliver Cromwell à la bataille de Dunbar.
3 septembre 1651 : Charles II, couronné roi d’Ecosse le 1er
janvier, est battu à la bataille de Worcester qui marque la défaite
définitive des forces royalistes. Le roi parvient à s’enfuir en
France tandis que l’Ecosse est occupée.
1653-1659 : L’Ecosse appartient au Commonwealth qui l’unit à
l’Angleterre et à l’Irlande et qui est dirigé par le Lord
Protecteur Cromwell.
3 septembre 1658 : Mort de Cromwell. Son fils Richard lui
succède, mais abdique l’année suivante
3 février 1660 : Entrée dans Londres de l’ancien gouverneur
d’Ecosse, le général Monk, qui a profité du désordre politique
pour s’imposer.
1er mai 1660 : Le Parlement, sous la pression de
Monk, vote la restauration monarchique. Charles II revient en
Angleterre le 25 mai.
1660-1685 : Règne de Charles II. L’Ecosse retrouve son
indépendance et un Parlement.
1680 : Début du Killing Time, période de luttes entre
les covenantaires qui refusent les pressions de Charles II pour
introduire une hiérarchie épiscopale en Ecosse. Les répressions
sont violentes. Elles se poursuivent jusqu’en 1688.
6 février 1685 : Mort de Charles II et avènement de son frère
Jacques II, de religion catholique. Il est roi d’Ecosse sous le nom
de Jacques VII.
1688 : Glorieuse Révolution provoquée par l’attachement au
catholicisme de Jacques II qui entraîne une révolte en faveur de sa
fille Marie et de l’époux de celle-ci, Guillaume d’Orange, tous
deux protestants. Jacques II s’enfuit en France.
27 juillet 1689 : Victoire de Killiecrankie, remportée par les
partisans écossais de Jacques II (dits les « Jacobites ») contre les
troupes de Guillaume III.
21 août 1689 : Les troupes jacobites sont battues à leur tour
par les Orangistes à la bataille de Dunkeld.
17 juin 1690 : Abrogation des Cinq Articles de Perth par le
Parlement écossais. La Confession of Faith Act rétablit le
système presbytérien.
12 juillet 1690 : Jacques II est définitivement battu en
Irlande, à la bataille de La Boyne. Le roi Stuart perd toute chance
de reconquérir son trône.
13 février 1692 : Massacres dits de « Glencoe », perpétrés par des
partisans de Guillaume III sur des populations jacobites et, notamment, les membres du clan des MacDonald. Ils sont éliminés sur l’ordre
du Secrétaire d’Etat à l’Ecosse, ordre approuvé par le
souverain lui-même. Cet événement sanglant s’est inscrit dans la
mémoire du mouvement jacobite.
1695 : Création de la banque d’Ecosse.
1698 : Lancement du projet Darién, du nom d’une région de
l’isthme de Panama qui devait être colonisée par des Ecossais
sous la direction d’une société financière. La mort de presque
tous les colons ruine le projet de la banque d’Ecosse. Cette
faillite accélère le processus d’union avec l’Angleterre, seul
moyen de sauver l’Ecosse de la ruine.
L'Ecosse au sein du Royaume-Uni
L'union des deux royaumes d'Angleterre et d'Ecosse sort finalement renforcée de l'échec des vaines tentatives « jacobites » visant à remettre en cause la légitimité de la dynastie de Hanovre sur le trône d'Angleterre. La défaite de Culloden voit la ruine des derniers espoirs de Charles Edouard Stuart que la mémoire a transformé en « Bonnie Prince Charlie ». Ce qui favorise l'intégration des deux royaumes, c'est aussi le début de la révolution industrielle. Riche en charbon, l'Ecosse prend une part très importante, par le travail de ses mineurs et de ses ouvriers, par la compétence de ses ingénieurs et le talent de ses inventeurs à l'expansion prodigieuse née de l'économie nouvelle. Au moment où l'Empire britannique s'impose comme la première puissance du monde, les Ecossais sont flattés de prendre part à cette incontestable réussite. De quoi marginaliser, dans l'Angleterre victorienne, toute tentative d'affirmation régionale ou nationale.
1er mai 1707 : Entrée en vigueur de l’acte d’Union
entre l’Ecosse et l’Angleterre. Le Parlement écossais l’a
soutenu afin d’éviter l’accession au trône du prétendant
Stuart, Jacques François, fils de Jacques II, de religion
catholique, du fait de la mort sans héritier de la reine Anne Ière.
L’acte d’union sanctionne la fusion des deux Parlements en un
seul, le Parlement de Grande-Bretagne. L’Ecosse conserve ses
institutions éducatives et religieuses, dispose de quarante-cinq sièges à la
Chambre des Communes ainsi que de ???? sièges à la Chambre des Lords.
1708 : Première tentative de débarquement raté du prétendant
Stuart.
9-14 novembre 1715 : Nouvelle tentative accompagnée d’un
soulèvement de plusieurs clans écossais et qui s’achève à la
bataille de Preston par une victoire des troupes britanniques.
10 juin 1719 : Nouvelle défaite jacobite, à la bataille de
Sheriffmuir, malgré un appui de troupes espagnoles.
1745-1746 : Soulèvement jacobite en Ecosse. Charles-Edouard Stuart,
le fils aîné de Jacques VIII (Jacques III d'Angleterre, dit aussi « le Vieux Prétendant »), celui que la tradition a baptisé « Bonnie
Prince Charlie » remporte une victoire à Prestonpans (21 septembre
1745), mais les troupes jacobites sont écrasées par le duc de
Cumberland à la bataille de Culloden (16 avril 1746). C’en est
fini des rêves de restauration des Stuarts.
1725-1750 : Période des « Highland Clearances » qui correspond à
des déplacements forcés de populations écossaises, à une
redistribution des terres et à une destruction du système des
clans.
1792 : Année dite « des Moutons ». Les paysans écossais des
Highlands sont chassés de leurs terres au bénéfice de l’élevage
des moutons.
1826 :
Une ligne de chemin de fer relie Edimbourg à Dalkeith.
1850 : Première ligne de chemin de fer reliant l’Ecosse à
l’Angleterre.
1852 : La reine Victoria et le prince consort Albert acquièrent
le château de Balmoral pour en faire une résidence royale.
1853 : Création d'une Association nationale pour la
revendication des droits de l'Ecosse.
1870 : Un match de rugby oppose pour la première fois l'Ecosse
et l'Angleterre.
1872 : Création de la Steel Company of Scotland.
1885 : Le Premier ministre britannique accepte la création d’un
poste de secrétaire d’Etat pour l’Ecosse au sein de son
gouvernement.
1886 : Le gouvernement libéral de Gladstone fait voter le
Crofters Act qui protège
la paysannerie écossaise en garantissant la location de la terre et
des fermages équitables.
25 août 1888 : James Keir Hardie, élu député en avril de la
même année, fonde le Scottish
Labour Party
(Parti travailliste écossais) dont le programme reprend la
thématique sociale du socialisme européen.
1914-1918 :
Les Ecossais participent à la première guerre mondiale. Le nombre
de tués se monte à 74 000. La base navale de Scapa Flow joue
un grand rôle dans les opérations de la Royal Navy.
janvier
1919 : Des troupes sont envoyées à Glasgow par crainte d’une
révolution communiste.
1921 : Vote par le Parlement du Church of Scotland Act qui
reconnaît à l’Eglise d’Ecosse son statut d’Eglise nationale, mais sans qu’elle soit pour autant une Eglise officielle. Ce qui
fait que le souverain britannique, jusqu’à nos jours, n’en est
que membre honoraire et non le chef, comme c’est le cas avec
l’Eglise anglicane.
Vers l'indépendance ?
Alors que le XIXe siècle industriel a vu l'Ecosse accompagner l'ascension spectaculaire de l'Empire britannique, le XXe siècle marque un tournant, dans la mesure où les grandes entreprises qui avaient, des mines de charbon aux chantiers navals, fait la fortune d'Edimbourg et de Glasgow entrent dans une phase de déclin appelée à se confirmer au fil des ans. L'agitation sociale et les grèves font désormais partie d'un paysage écossais où le parti travailliste s'impose longtemps comme la force politique largement dominante. Tout semble devoir s'améliorer dans les années soixante-dix avec l'exploitation du pétrole de la mer du Nord qui fait rapidement la fortune d'Aberdeen et de la côte orientale, mais les progrès enregistrés ne sont pas suffisants pour maîtriser le chômage et ne sont pas en mesure de répondre au retour des aspirations identitaires. Celles-ci se manifestent à travers l'apparition de divers mouvements et partis revendiquant l'autonomie, voire l'indépendance du pays à un moment où l'Angleterre a réussi outre-mer la mise en place du modèle des dominions australien ou canadien. Après avoir connu diverses vicissitudes, le nationalisme écossais – malgré l'échec du récent référendum portant sur la question de l'indépendance – semble avoir largement le vent en poupe, surtout depuis les dernières élections législatives qui ont vu le parti travailliste perdre presque tous ses bastions locaux au profit des nationalistes.
1921 : Formation de la Ligue nationale écossaise par Ruaraidh
Erskine of Marr et William Gillies, qui réclame l’indépendance du
pays et non pas un simple Home Rule.
1926 : La ligue fonde son premier journal, le Scots
Independant.
23 janvier 1928 : Fondation du National Party of Scotland par
la fusion de la Ligue nationale écossaise, du Mouvement national
écossais créé par le journaliste, poète et écrivain Lewis Spence, et de l’Association nationale écossaise de l’université de
Glasgow.
1932 : Fondation du Parti écossais, suite à la défection de
plusieurs membres du Parti conservateur, par John Kevan McDowall. Il
milite afin d’obtenir pour l’Ecosse le statut de dominion.
1934 : John Mac Cornick fonde le Scottish National Party
(Parti national écossais) par la fusion entre le National Party
of Scotland et le Parti écossais.
1939-1945 :
Les centres portuaires et industriels de l’Ecosse sont les cibles
de l’aviation allemande. C’est entre l’Ecosse et la Norvège
occupée par le III Reich qu’est mis en place un réseau de
chalutiers clandestins, connu sous le nom de Shetland Bus.
25 décembre 1950 : Un groupe d’étudiants écossais, membres
de l’Association nationale écossaise de l’université de Glasgow,
vole la pierre sur laquelle étaient couronnés les souverains
écossais, dite « Stone of Destiny », saisie en 1296 et installée depuis
dans l’abbaye de Westminster. Non sans l’avoir brisé en deux
lors du vol, les jeunes patriotes l’emmènent en Ecosse pour la
cacher et la restaurer. L’année suivante, la pierre est placée
dans un haut lieu du patriotisme écossais : sur l’autel de
l’abbaye d’Arbroath. Finalement, la police la récupère et la
renvoie à Westminster.
1967 :
Découverte du pétrole en mer du Nord qui assure à l’Ecosse de
substantiels revenus.
1967 :
Election d’un nationaliste écossais au Parlement de Westminster.
28
février 1974 : Le SNP obtient 30 % des suffrages aux élections
législatives et onze députés.
1er
mars 1979 : Référendum dit « de dévolution », sur la mise en
place d’une assemblée écossaise. Le oui l’emporte avec 51,6 %, mais la très forte abstention invalide le scrutin.
11
juin 1987 : Le SNP connaît un revers électoral avec seulement
trois députés.
15 novembre 1996 : La pierre de couronnement des souverains
écossais est transportée à Edimbourg.
1er mai 1997 : Le SNP remporte un quart des suffrages
aux élections législatives qui voient la victoire de Tony Blair et
envoie six députés à Londres.
11 septembre 1997 : Nouveau référendum de dévolution. Le oui l’emporte avec 74,3 % des électeurs pour la
création d’un Parlement écossais, et avec 63,5 % sur l’attribution
de pouvoirs fiscaux à cette nouvelle institution.
17 novembre 1998 : Adoption du Scotland Act par le
Parlement britannique qui officialise la création du Parlement et du
gouvernement écossais.
1er juillet 1999 : Le gouvernement écossais entre en
fonction.
9 octobre 2004 : Inauguration du bâtiment du Parlement
écossais.
avril 2012 : Modification du Scotland Act qui élargit
les pouvoirs fiscaux du Parlement écossais.
15 octobre 2012 : Accord d’Edimbourg entre le gouvernement
britannique et le gouvernement écossais sur l’organisation d’un
référendum sur l’indépendance de l’Ecosse.
18 septembre 2014 : Référendum sur l’indépendance de
l’Ecosse. Le non l’emporte avec 55,4 % des
suffrages.
7 mai 2015 : A l’occasion des élections législatives, le SNP
remporte 56 des 59 sièges écossais au Parlement britannique. Le
risque de sécession n’est toujours pas écarté. Il pourrait se
concrétiser dans le cas où le Royaume-Uni quitterait l’Union
européenne lors du référendum promis sur ce sujet par David
Cameron. Ce
dernier a largement remporté ces élections générales, les tories
obtenant à eux seuls la majorité absolue (330 sièges sur 650 avec
36,8 % des voix). En Ecosse, l'envolée du SNP – Parti
National Ecossais, indépendantiste – a été fatal aux
travaillistes dont le poids s'est également réduit dans l'ensemble
du Royaume-Uni.
23
juin 2016 : Contre toute attente, le référendum portant sur le
maintien ou non du Royaume Uni dans l'Union Européenne voit le non
l'emporter par 51,9 % des suffrages.. Un résultat qui entraîne
la démission de David Cameron, le premier ministre conservateur à
l'origine de la consultation, et l'arrivée au 10 Downing Street de
Teresa May une conservatrice qui était initialement favorable au
"remain" mais qui s'affirme néanmoins décidée à
conduire le Brexit. Les Écossais
ont, pour leur part, voté en faveur du maintien dans l'Europe à 62%
des voix, un résultat qui justifie, selon Nicola Sturgeon, chef de
file du Scottish
National Party,
l'organisation d'un nouveau référendum portant sur l'indépendance
écossaise.
8
juin 2017 : Les élections anticipées convoquées par Teresa
May voient un échec des conservateurs qui perdent leur majorité
absolue et doivent pactiser avec les unionistes nord-irlandais. C'est
dans ce contexte politique délicat qu'il faut compter avec la
poussée de l'inflation, le coût grandissant du logement et
l'augmentation de la précarité, dans un pays, le Royaume-Uni, ou le
contraste s'affirme entre la région de Londres, prospère et
dynamique, et les périphéries provinciales désindustrialisées,
l'Ecosse étant ici directement concernée.
Les
difficultés apparues lors des négociations engagées avec Bruxelles
à propos du Brexit sont venues compliquer la donne et n'ont pas
permis d'aboutir à la rupture formellement programmée au départ
pour mars 2019. Alors que la situation économique est loin du chaos
promis par les adversaires du Brexit, les difficultés politiques de
Teresa May ont créé une incertitude dommageable pour le Royaume-Uni
dans son ensemble
2019 :
Les incertitudes demeurent quant à l'avenir du Brexit et cette
situation ne peut qu'attiser la tentation écossaise de faire "bande
à part". Les prophéties apocalyptiques cultivées par les
adversaires du Brexit ne se sont pas réalisées mais les inquiétudes
quant aux lendemains demeurent, alors que le parti de l'indépendance
reste puissant en Ecosse.
L’histoire
de l’Ecosse pourrait se résumer à la défense acharnée de son
identité, à sa volonté intraitable de rester indépendante face à
la pression anglaise. Cette lutte a marqué le sentiment national
écossais et l’a même sans aucun doute créé. Paradoxe de
l’Histoire, le pays fusionna avec son ennemi quand son roi coiffa
les deux couronnes. Mais le pouvoir demeura à Londres. De nos jours,
les Ecossais participent activement au processus d’affirmation du
régionalisme, dans le domaine culturel certes, mais aussi dans celui
des transferts de pouvoirs. Les résultats du référendum de 2015,
très clairs sur le rejet de l’indépendance pure et simple, ne
signent cependant pas la fin du combat.
L’Ecosse,
en unissant son destin au Royaume-Uni, a pris sa part au long
processus de formation des grandes nations européennes, mais
contribue aujourd’hui à leur morcellement. A n’en pas douter,
son indépendance sonnerait le glas de l’Etat-nation tel que les
Européens l’ont imaginé. L’Europe y gagnerait-elle en force
d’âme ? Quel équilibre trouver entre la défense de son identité
si longtemps méprisée et l'attachement à l’héritage national
britannique ? Les Écossais auront peut-être la réponse.