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La Suède
Le centre de gravité de l'espace scandinave

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On s’est accoutumé, depuis le milieu du siècle dernier, à voir en la Suède un pays pacifique et un peu terne, une sorte de « Suisse du nord », vouée à professer depuis la tour d’ivoire de sa neutralité de tranquilles convictions sociales-démocrates. Bien loin d’être infâmante, cette image contient évidemment une part de vérité : appuyée sur une solide identité protestante, berceau de l’une des plus anciennes monarchies parlementaires au monde, préservée depuis 1815 des conflits qui ont affecté ses voisins, la Suède constitue incontestablement un des plus solides pivots de la démocratie et de la stabilité en Europe. Sans même parler de ce « modèle suédois », récemment mis à mal par les contrecoups de la mondialisation mais qui n’a peut-être pas dit son dernier mot… Cette apparence paisible ne doit pas faire oublier que la Suède a aussi et surtout été une grande et énergique puissance continentale, dont l’ambition a longtemps été d’unifier la Scandinavie, de contrôler les côtes de la mer Baltique et de jouer un rôle significatif dans les affaires de l’Allemagne et de la Russie. De ces rêves de grandeur et des quelques souverains exceptionnels qui les ont portés, il ne subsiste malheureusement pas grand-chose dans notre mémoire collective. En leurs temps, l’annonce de la mort de Gustave-Adolphe à la bataille de Lützen ou celle de Charles XII devant Fredriksten ont pourtant sonné comme autant de coups de tonnerre dans le ciel des capitales du vieux continent. A Paris, notamment, on a suivi avec passion les soubresauts de cet allié fidèle et redoutable, pièce maîtresse de la diplomatie française aux XVIIe et XVIIIe siècles, dont les armées ont plus d’une fois campé sur les bords du Rhin. Ce décalage persistant entre les représentations et la réalité constitue, en tout cas, une raison suffisante pour revenir sur une histoire nationale aussi captivante que difficile à appréhender, d’autant que l’absence de la moindre source écrite indigène jusqu’au milieu du Moyen Age rend son accès difficile.

Le territoire et les hommes

Avec 449 750 kilomètres carré pour un peu plus de 9 millions d’habitants, la Suède est le plus vaste et le plus peuplé des Etats scandinaves. Sur sa longueur, le pays s’étend sur 1574 kilomètres, du cercle polaire aux eaux méridionales de la Baltique. Il réunit une grande variété de paysages : larges montagnes rabotées par l’érosion glaciaire, seuils gigantesques, longues vallées perlées de lacs, lourds plateaux ondulés et accidentés, mollement inclinés en direction du sud et de l’est, plaines sédimentaires et fertiles, prolongées sur la Baltique par trois grandes îles : du nord au sud, Aland (à mi-chemin entre les côtes suédoise et finlandaise), Gotland (la plus étendue au large de la côte sud-est du pays), enfin Oland (qui s’étire à proximité du littoral). Le tout soumis aux diverses déclinaisons d’un climat subarctique devenant progressivement continental et tempéré en glissant vers le sud, à la faveur de la relative douceur apportée par les courants nord-atlantiques. L’épaisse forêt qui couvre plus de la moitié du pays est majoritairement composée de conifères, mais les résineux s’y mêlent aux bouleaux au nord et aux arbres à feuilles caduques au sud. Bordée à l’est par la Baltique et le golfe de Botnie, à l’ouest par la masse montagneuse des Alpes scandinaves, séparée du Danemark par un réseau de détroits, la Suède s’appuie sur de solides frontières naturelles (les Alpes scandinaves à l’ouest, le littoral de la Baltique à l’est, plus tard les côtes de la mer du Nord le long des détroits du Sund danois) qui confèrent à son territoire une unité réelle. Placée au centre de l’espace scandinave, elle a dominé la Finlande pendant sept cents ans, en portant ainsi sa frontière sur l’isthme de Carélie, et la Norvège lui a été rattachée pendant un peu moins d’un siècle. Les débuts médiévaux du royaume suédois ont été marqués par l’existence de trois foyers principaux : le Svealand autour du lac Mälär, le Gotaland autour des lacs Vätter et Vässer, enfin l’île de Gotland. La seule façade maritime durant le Moyen Age fut celle de la Baltique, si l’on excepte, à l’ouest, sur le bas Götaälv, une étroite fenêtre sur la mer du Nord. Les hasards de l’Histoire ont, à plusieurs reprises, favorisé ou compromis la fortune géopolitique de la Suède. La Scanie, qui pouvait lui fournir une large façade maritime sur la mer du Nord, est longtemps demeurée danoise. Au début du XVIIe siècle, la crise moscovite du « temps des troubles » a favorisé les entreprises de Gustave-Adophe qui fit alors du golfe de Finlande une « mer suédoise » avant que la Russie de Pierre le Grand ne prît sa revanche un siècle plus tard. L’union dynastique suédo-polonaise eût pu aboutir à la formation d’un vaste ensemble encadrant tout l’espace baltique, au détriment des Allemands et des Russes, mais la rupture religieuse née de la Réforme fit en réalité de la Suède la championne de la cause protestante en Allemagne, sans qu’elle pût d’ailleurs conserver longtemps ce rôle de puissance fédératrice et protectrice qu’il reviendrait finalement au Brandebourg et à la Prusse d’assumer. Sur le plan économique et humain, l’espace suédois est assez clairement hiérarchisé. Au nord, la Laponie reste, en dépit de ses pittoresques paysages de montagne, sous-exploitée et sous-peuplée. Seule une étroite bande littorale, le long de la Baltique, est intensément mise en valeur. Au sud, la Scanie et le Smaland sont des régions d’agriculture et d’élevage qui dépendent de la conurbation Malmö-Lund-Helsingborg, clairement orientée vers le Danemark. Le cœur de la Suède est situé au centre du pays, dans une longue dépression courant de la mer du Nord à la Baltique. On y trouve, calé entre Göteborg à l’ouest et Stockholm à l’est, tout un chapelet de villes moyennes, reliées entre elles par un excellent réseau ferroviaire et autoroutier et concentrant une bonne partie du potentiel industriel du pays. C’est là que se déploie avec le plus d’éclat l’étonnant dynamisme économique suédois : un dynamisme entretenu par les exportations, mais aussi basé sur les ressources traditionnelles du pays bien sûr – bois, pâte à papier, minerai de fer, cuivre, hydroélectricité – et, de plus en plus, sur la production d’équipements de télécommunication, sur les nouvelles technologies de l’information, les produits culturels, l’automobile, l’aéronautique ou l’armement. Ancien pays pauvre, la Suède a su s’imposer en l’espace d’un siècle comme un îlot de prospérité et de compétitivité dans une Europe du Nord de mieux en mieux intégrée au bloc continental. Demeure l’hypothèque d’une population relativement homogène, mais aujourd’hui vieillissante : frappée depuis plusieurs décennies par la dénatalité, la Suède connaît en effet un solde naturel nettement négatif pour un âge médian de plus de 40 ans. La politique nataliste généreuse mise en place depuis les années trente par l’Etat-Providence n’a pas, pour l’instant, donné de résultats probants. Bassin d’émigration au XIXe siècle, la Suède est ainsi devenue une terre d’immigration. Il n’est pas certain cependant que cela suffise à combler les trous de sa pyramide des âges.

Le temps des origines

IXe millénaire avant J-C : Premières traces d’occupation humaine dans le Sud de la Suède, en Scanie (la région qui, à la pointe méridionale du pays, forme la rive orientale des détroits danois) et en Bohuslän (la région qui s’étend, au nord de Göteborg, entre la frontière norvégienne, le lac Vànern et la mer du Nord).
VIIe-IVe millénaires avant J-C : Le réchauffement climatique s’accompagne d’une multiplication des sites de peuplements mésolithiques au cours des périodes dites de l’Erteböllien et du Maglemosien (du nom des sites éponymes).
3000 avant J-C : Développement de l’agriculture et de l’élevage. Apparition de la céramique et de différents types de dolmens.
2000 avant J-C : Nouvelles vagues d’occupation humaine dans le Sud et le Centre de la Suède. C’est le dernier apport extérieur significatif dans la région. Les ossements datant de cette époque – dont le fameux crâne retrouvé à Alvastra, près du lac Vätern – présentent déjà de fortes similitudes avec la morphologie de la population suédoise actuelle.
IIe-Ier millénaires avant J-C : L’usage de métaux se répand. Des tumuli de terre remplacent les sépultures mégalithiques. Expansion de populations suédoises vers le nord et vers l’est de la Scandinavie, les pays baltes et la Russie, dont le caractère rapide et systématique laisse supposer un début d’organisation politique.
Ier millénaire avant J-C : Nouvelle détérioration du climat. La Suède connaît une période de déclin relatif. Une partie de la population repart vers le sud. Un groupe originaire de la région donne notamment naissance à la tribu des Lombards.
Ve-IIIe siècles avant J-C : L’expansion des populations celtes, contemporaine de la période de La Tène, bloque tout nouveau mouvement vers le sud.
98 après J-C : L’historien romain Tacite évoque, dans sa Germanie, le peuple des Suions qui possèdent des bateaux à double proue, sans gouvernail, qui portent des casques à double pointe et qui obéissent aveuglément à un roi tout puissant. Le centre du royaume se situe en Uppland, dans la région d’Uppsala, au nord de Stockholm et du lac Malär.
Ier-IIe siècles après J-C : La Suède subit l’influence de la civilisation romaine.
150 : le géographe Ptolémée d’Alexandrie réalise la première carte des abords de la mer Baltique.
IIIe siècle après J-C : Les Goths, originaires du Götaland (de part et d’autre du lac Vätern), ravagent la Thrace et la Grèce puis sont repoussés par les Huns en Italie et en Gaule.
Début du VIe siècle : La Suède est divisée en plusieurs royaumes. Le plus important est celui des Svear dont le centre névralgique est situé en Uppland. Dans sa Guerre des Goths, Procope insiste également sur le dynamisme des Västergötar ou « Goths de l’Ouest » installés en Västergötland, en Bohuslän, Dalsland et Värmland (au nord du lac Vanern). Légèrement postérieure, la légende de Beowulf (héros anglo-saxon tueur de dragons dont la geste a été christianisée durant le haut Moyen Age) évoque de son côté une rivalité entre trois royaumes, celui des Götar, dont Beowulf aurait été le roi, celui des Svear et celui des Wylfingas, établis en Ostergötland.
Environ 550 : Adil, le roi des Svear, obtient une victoire décisive sur les Götar et prend pied sur l’île de Gotland, dont la population accepte de payer un tribut de 60 marks d’argent par an.
VIIe siècle : Venu de Scanie, le roi Ivar prend le dessus sur les descendants d’Adil et étend son influence sur le Danemark, l’Estonie, la Courlande, le Northumberland et sur une partie de la vallée de l’Elbe. Son empire se disloque toutefois à sa mort.
Environ 750 : Petit-fils d’Ivar, Harold a repris à son compte les projets d’expansion de son aïeul. Il est tué à la bataille de Bravallarna.
Environ 800 : Disparition du royaume des Götar, apparemment absorbé par celui des Svear. Ce dernier s’empare alors du Västergötland, de l’Ostergötland, du Smaland et de l’Oland.
Début du IXe siècle : La tribu des Rus mène une expédition en Crimée. D’origine suédoise, ce peuple – également appelé varègue – est installé en Courlande, sur les rivages orientaux de la Baltique, depuis le VIIe siècle.
830 : Première visite en Suède du moine picard Anschaire, envoyé par le roi franc Louis le Pieux pour soutenir la politique d’évangélisation menée par Björn, le roi des Svear.
831 : Anschaire fonde une église chrétienne à Birka (non loin de l’actuelle Stockholm), sur l’île de Björkö.
839 : Présence attestée d’ambassadeurs suédois auprès de Louis le Débonnaire. Ils disent appartenir à la tribu des Rus.
854 : Nouvelle visite d’Anschaire à Birka. Olaf a succédé à son père, le roi Björn.
860-882 : Règne d’Erik, petit-fils d’Olaf. Son fils Björn règnera jusqu’en 932. Les Suédois reprennent le contrôle des côtes de la Courlande.
862 : Les habitants de Novgorod lancent le célèbre « appel aux Varègues », qui est considéré par bon nombre d’historiens comme l’acte de naissance de l’Etat russe. La dynastie issue du chef varègue suédois Rurik conservera en effet le pouvoir jusqu’au XVIe siècle. Même si l’historiographie russe moderne (qualifiée d’« antinormaniste ») a cherché à relativiser la portée de cet événement, l’influence suédoise sur la Russie médiévale est difficilement contestable. Les informations transmises par la Chronique de Nestor ou la Chronique des temps passés sont à l'origine de l'idée selon laquelle les Slaves auraient fait appel aux Suédois pour créer leurs premiers véritables Etats, à Novgorod puis à Kiev. Le débat reste ouvert quant à la place qu'il convient d'accorder aux Scandinaves durant cette période fondatrice de l'Histoire russe, mais il est clair que la présence des Varègues sur la "route" qui, suivant le cours du Dniepr, a été désignée de leur nom, a fait naître en Suède une représentation particulière du rôle historique joué en Russie par ces puissants voisins du Nord. Jusqu'au début du XVIIIe siècle qui voit, avec la conclusion de la paix de Nystadt, la victoire finale de Pierre le Grand sur ses adversaires suédois, ceux-ci ont naturellement considéré que les rivages baltiques, longtemps disputés par ailleurs aux chevaliers teutoniques, à la Pologne et au Brandebourg, constituaient les marges naturelles d'un espace qu'ils entendaient bien dominer, ce qu'ils parvinrent à faire au XVIIe siècle, à l'époque où Gustave Adolphe prétendit s'imposer comme le chef de file naturel du protestantisme dans l'ensemble de l'Allemagne du Nord. A l'inverse, les Russes, longtemps tenus à l'écart du golfe de Finlande et des rivages baltes firent de l'accès à ces façades maritimes un objectif prioritaire de leur volonté d'expansion. La lutte qui les opposa aux Suédois pour le contrôle de la Finlande s'inscrit également dans cette compétition géopolitique dont on peut rechercher l'origine dans le rôle attribué aux Varègues lors de la fondation de l'Etat russe, celui-ci justifiant a posteriori les ambitions suédoises.
Xe siècle : Des mercenaires suédois participent aux expéditions vikings. La Suède connaît une période de relative prospérité. Son économie demeure essentiellement agricole. Sa société reste, quant à elle, majoritairement païenne, avec un panthéon dominé par une triade de divinités solaires : Odin, Thor et Freya. Le christianisme se répand cependant peu à peu.

La Suède dans la Chrétienté médiévale

936 : L’évêque de Hambourg se rend à Birka et tente de donner une nouvelle impulsion à l’évangélisation de la Suède. Il est assassiné le 17 septembre.
980-1015 : Vladimir unifie la Russie de Kiev. La dynastie suédoise des Rurikides est cependant en voie de slavisation. Les commerçants varègues atteignent Byzance et la mer Noire. L’empereur byzantin intègre à sa garde un contingent de « barbares de Thulé porteurs de haches ».
980 : Eric devient roi des Svear. Il lève une puissante armée pour attaquer le Danemark qui avait soutenu la rébellion d’un de ses neveux. Victorieux, il est proclamé roi du Danemark.
995 : Mort d’Eric. Son fils Olaf III lui succède. Le Danemark retrouve son autonomie, tandis que le royaume de Suède se dote de nouvelles institutions.
1008 : Olaf III se fait baptiser et ordonne la construction d’une cathédrale à Skara, en Västergötland.
1017 : Les Danois déportent en Suède les princes anglais Edward et Edmund. Ils demandent qu’ils soient exécutés, mais le roi de Suède refuse.
1019 : Avènement à Kiev de Iaroslav, gendre d’Olaf III Stötkonnung.
1027 : Le roi du Danemark Knut le Grand est proclamé « Roi d’Angleterre, du Danemark, de Norvège et de Suède ». Il s’empare en 1030 de la Norvège, avec laquelle Olaf avait conclu une alliance. La frontière entre la Suède et le Danemark est matérialisée par un bornage. La Scanie et le Halland (au nord-ouest de la Scanie) sont sous contrôle danois.
1060 : Mort d’Edmund, le dernier descendant d’Olaf III Stötkonnung. Stenkil Ragnvaldsson est élu roi de Suède. Le pays connaît une longue période d’instabilité.
1103 : Le siège épiscopal est transféré à Uppsala, après la destruction des édifices païens.
La christianisation de la Suède s’est opérée à partir de deux directions, par l’ouest d’une part (les missionnaires viennent de l’Empire franc ou d’Angleterre), mais aussi par l’est, depuis Constantinople et Kiev. C’est dès le VIIIe siècle que saint Willibrord, apôtre de la Frise, prend contact avec le souverain danois. En 822-823, c’est saint Ansgar, venu de Corvey, en Saxe, qui poursuit l’entreprise et, dès 830, il est à Birka, le centre principal du Svealand. Les premières églises sont cependant en ruines dès 845 et ce n’est qu’un siècle plus tard que les conversions reprendront, décidées par les souverains. Le roi de Danemark, Harald Dent Bleue se convertit au christianisme en 986, sans doute pour enlever à l’Empereur allemand tout prétexte d’intervention. C’est en 988, à Brème, qu’Odinkar est consacré évêque et missionnaire pour la Suède avant de devenir l’apôtre de la Scanie. Le début du XIe siècle voit la christianisation de la Norvège par saint Olaf, mais la Suède résiste plus longtemps et ce n’est qu’à la fin du XIe siècle qu’est détruit l’antique sanctuaire païen d’Uppsala. En 1080, des liens sont établis entre le pape Grégoire VII et le roi Inge. Une organisation diocésaine se met en place en 1120, principalement autour du lac Mälar, qui apparaît comme le centre de gravité du pays. Les querelles dynastiques qui l’affectent gênent cependant les progrès de la christianisation et l’Eglise doit consentir d’importantes concessions à l’ancienne religion pour réussir à s’imposer (maintien de l’exposition des enfants mal formés, consommation de la viande de cheval, persistance des cultes païens privés, adaptation des fêtes païennes au calendrier liturgique chrétien). Les évêchés de Lund et de Dalby n’en ont pas moins été établis en Scanie vers 1060 et la région compte trois cents églises deux ans plus tard. Il n’y a pas de monastères bénédictins en Suède, mais plusieurs missions cisterciennes sont installées à partir de 1144.
1130 : Sverker l’Ancien est élu roi. Il parvient à réunifier le pays et à tenir tête aux prétentions territoriales des Danois.
1156 : Eric le Saint monte sur le trône et entreprend d’intensifier la christianisation du pays. Il fonde une dynastie concurrente de celle de Sverker. Il lance une croisade contre la Finlande demeurée païenne. Sa bannière bleue frappée d’une croix jaune est à l’origine des couleurs nationales.
1160 : Eric meurt au combat. Il est enterré à Uppsala.
1161 : Retour sur le trône de la dynastie des Sverker. Le pape décerne à Charles Sverkersson le titre de « roi des Svear et des Goths ».
1164 : La Suède est constituée en province et obtient son propre archevêché, dont le siège est installé à Uppsala
1167 : Charles est tué par son rival Knut, fils d’Eric le Saint. Ce dernier devient officiellement roi en 1172.
1196 : Mort de Knut. Jusqu’en 1250, les descendants d’Eric et de Sverker vont se succéder au pouvoir.
1220 : Date présumée de l’ordonnance d’Ostergötland, un recueil des lois qui constitue l’un des plus anciens textes en suédois en notre possession.
1229 : Un groupe de nobles ambitieux, les Folkungar, dépose le roi Eric XI. L’un d’entre eux, Birger Jarl (le titre de jarl désigne un noble), devient une sorte de maire du palais, après avoir épousé la sœur du roi déchu.
1234 : le retour d’Erik sur le trône ne remet pas en cause la prééminence de Birger Jarl.
1239 : Birger Jarl lance une nouvelle croisade contre la Finlande.
1240 : Le prince de Novgorod, Alexandre Nevski, écrase les Suédois sur la rivière Neva. Birger Jarl échappe de justesse à la mort.
1248 : Le concile de Skeninge réorganise en profondeur l’Eglise suédoise. Le mouvement de christianisation s’amplifie.
1249 : Une nouvelle croisade conforte la domination suédoise sur le Sud-Ouest de la Finlande. Un traité d’amitié est conclu avec la Norvège.
Milieu du XIIIe siècle : On constate un rapide progrès des techniques agricoles ainsi que la formation d’une aristocratie liée au pouvoir royal. Les exportations de fer, de cuivre et d’argent se développent.
1250 : La mort du roi Eric marque la fin de sa dynastie. Le fils de Birger Jarl, Valdemar, est élu roi. Son père assure la régence jusqu’en 1266.
1251 : Birger Jarl écrase la révolte d’une partie des Folkungar à la bataille de Herrevaldsbro.
1253 : Birger Jarl décide de construire une puissante forteresse sur la Baltique au débouché du lac Mälar. Elle sera à l’origine de la ville de Stockholm.
1254 : La ville de Lübeck obtient de Birger Jarl un statut de franchise et d’autonomie.
1261 : Birger Jarl épouse la veuve du roi du Danemark.
1266 : Birger Jarl meurt. Son fils Valdemar exerce enfin la réalité du pouvoir. Il est très vite confronté à l’opposition de ses frères Magnus et Eric, qui se liguent contre lui.
1275 : Valdemar est renversé par son frère Magnus, soutenu par les Danois. Magnus adopte définitivement le blason des Folkungar, composé d’un lion jaune sur fond bleu.
1279 : L’ordonnance d’Alsnö donne un premier statut à la noblesse suédoise. Le pays est gouverné par un Conseil du Royaume où se distinguent quelques grands dignitaires : chancelier, maréchal, grand sénéchal. Le dynamisme de la métallurgie contribue à l’essor des villes et de la bourgeoisie urbaine.
1281 : Helvige de Holstein, la femme de Magnus, est couronnée à Söderköping, et son fils Birger est proclamé héritier de la couronne.
1285 : Le chapitre d’Uppsala fonde à Paris un « collegium upsaliense » destiné aux étudiants de son diocèse. L’archevêque de Suède conclut deux ans plus tard avec Etienne de Bonneuil, « tailleur de pierre » de l’école de Notre-Dame, un contrat pour bâtir, à Uppsala, une cathédrale qui sera la plus vaste des pays scandinaves. En 1317, le chapitre de Linköping installe à Paris un « collegium licopense » ; un troisième collège, sans doute plus ancien, existait, pour le diocèse de Skara, sur la montagne Sainte-Geneviève. Durant les premières décennies du XIVe siècle, une cinquantaine d’étudiants suédois séjournent ainsi chaque année à Paris tandis que d’autres se trouvent à Montpellier et Orléans. Dans l’autre sens, la Suède reçoit des missionnaires venus de France et les Cisterciens fondent, ainsi, en 1150, un monastère à Alvastra puis un autre à Varnhem.
1288 : Le Gotland connaît de nouveaux troubles après que la cité de Visby a érigé de nouveaux remparts sans l’autorisation du roi. Valdemar est arrêté et emprisonné. Il mourra en captivité en 1302.
1290 : Mort du roi Magnus. Le maréchal du royaume, Torgils Knutsson, assure la régence.
1293 : Dernière croisade contre la Finlande. Les Suédois s’implantent en Carélie. Fondation de la forteresse de Viborg, aux confins de la Finlande et de la Russie.
1305 : Fraîchement réconciliés après une brouille de plusieurs mois, Birger, Valdemar et Eric unissent leurs forces pour éliminer Torgils Knutsson. Jeté en prison, celui-ci sera exécuté en 1306.
1310 : Une nouvelle querelle oppose les trois frères : le pays est divisé en autant de partis. Birger conserve seulement la Suède orientale, le Gotland et Viborg. Eric et Valdemar obtiennent le soutien du roi de Norvège dont ils épousent la fille et la mère.
1318 : Birger attire ses deux frères dans un piège et les fait emprisonner. Il est rapidement vaincu par une révolte populaire soutenue par les Norvégiens. Il fuit le royaume, laissant Eric et Valdemar mourir de faim dans un cachot de son château de Nyköping.
1319 : Le fils d’Eric, Magnus, est successivement proclamé roi de Norvège et de Suède. Il est âgé de trois ans. Le chancelier Matts Kettilmundsson promet en son nom de ne plus lever d’impôts sans l’aval du Conseil, de ne plus nommer d’étrangers au poste de bailli et de ne plus procéder à aucune arrestation arbitraire. Il garantit également les privilèges de la noblesse et du clergé.
1321 : Birger meurt au Danemark. Son fils Magnus avait été exécuté à Stockholm un an plus tôt.
1332 : Agé de seize ans, Magnus Eriksson devient roi de Suède et de Norvège. Profitant des difficultés économiques du Danemark, il lui achète les provinces de Scanie et de Blekinge (située immédiatement à l’est, sur la côte méridionale du territoire suédois). Il devient ainsi maître de l’ensemble de la péninsule scandinave.
1335 : Magnus abolit le servage sur ses terres. Il épouse Blanche de Namur.
1343 : La noblesse norvégienne oblige Magnus à abdiquer en faveur de son fils Haakon. L’union personnelle suédo-norvégienne se trouve brisée
1349 : Venue d’Angleterre, la peste bubonique frappe la Suède et la Norvège. En l’espace de quelques mois, c’est près d’un tiers de la population du royaume qui périt.
1350 : Une loi du royaume, ou Landslag, est rédigée sous l’impulsion de Magnus. Elle confirme que le gouvernement de la Suède est une monarchie élective. Une première assemblée représentative sera réunie en 1359.
1358 : Magnus marie son fils Haakon à la fille du roi du Danemark, Valdemar Atterdag. Magnus et Haakon règnent conjointement à partir de 1362.
1363 : Albrecht le Jeune de Mecklembourg prend la tête d’un soulèvement de la noblesse suédoise et renverse son oncle Magnus, mettant fin à une décennie de troubles et de révoltes. Seul véritable soutien de Magnus, le roi du Danemark renforce ses positions en Suède.
1364 : Albrecht est élu roi de Suède. Il adopte un blason bleu frappé de trois couronnes jaunes.
1366 : Albrecht signe un protocole secret avec le Danemark qui prévoit d’importantes concessions territoriales de la part de la Suède.
1371 : L’armée du roi de Norvège pénètre en Suède et marche sur Stockholm. Albrecht doit accepter un compromis. L’autorité du Conseil est renforcée, celui-ci est désormais composé des Grands du royaume, des évêques et de l’archevêque. Magnus est tiré de prison et placé à la tête du Värmland (au nord du lac Vänerm), du Västergötland (entre le lac Vänerm et le lac Vättern) et de la Dalécarlie (au nord d’Uppsala). Il mourra en 1374.
1373 : Mort de Brigitte. Fondatrice du monastère de Vadstena. Elle sera canonisée en 1391, devenant la première sainte suédoise. L’art roman et l’art gothique se diffusent en Suède où les églises traditionnelles en bois se font plus rares.
1381 : Bo Jonsson, qui dirige depuis dix ans le Conseil suédois, poignarde son rival Karl Nilsson au beau milieu d’une église de Stockholm. Il conservera le pouvoir jusqu’à sa mort, survenue en 1386.
1387 : Olaf, héritier du trône de Norvège et du Danemark, meurt. Sa mère Marguerite exerce la régence.
1388 : Exaspérée par l’autoritarisme d’Albrecht, la noblesse suédoise fait appel à Marguerite, allant jusqu’à lui accorder le pouvoir de choisir le prochain roi.
1389 : Contraint dans un premier temps de fuir la Suède, Albrecht effectue un retour en force, appuyé par des mercenaires allemands. Il est défait à la bataille de Falköping. Sa capture met un terme à la dynastie des Folkungar. La Suède proclame son allégeance à Marguerite et élit son neveu, Eric de Poméranie, héritier du trône.
1392 : Les partisans d’Albrecht commettent un véritable massacre à Stockholm qui reste sous leur contrôle.
1397 : Agé de quinze ans, Erik de Poméranie est proclamé roi de Suède, de Norvège et du Danemark lors d’une assemblée réunie à Kalmar. C’est le début de l’Union de Kalmar, qui va durer jusqu’en 1521. Chacun des trois pays conserve son autonomie juridique. Marguerite demeurera co-régente jusqu’en 1412. Elle entreprend immédiatement de renforcer le pouvoir royal en Suède, instituant des bailliages et consolidant son domaine.
Début du XVe siècle : la Suède compte à peu près 500 000 habitants.
1405 : Eric de Poméranie épouse Philippa, fille de Henri IV d’Angleterre.
1408 : La Suède connaît une terrible famine, conséquence de plusieurs années d’instabilité climatique
28 octobre 1412 : Mort de Marguerite.
1420 : Achèvement de la cathédrale d’Uppsala.
1426 : Les marchands de la Hanse organisent un blocus contre la Suède. Les exportations de minerai s’effondrent.
1434 : En juin, la région minière de Bergslagen se soulève à l’instigation d’Engelbrekt Engelbrektsson, un propriétaire d’origine allemande. Initialement bourgeois et populaire, son mouvement reçoit, le 16 août, le soutien d’une partie de la noblesse et s’étend bientôt à l’ensemble du pays. Obligé de rallier à sa cause la noblesse du Conseil, Eric est contraint à d’importantes concessions.
1435 : Engelbrekt réunit à Abroga une assemblée représentative, le Riksdag. Celle-ci lui décerne le titre de « gardien du royaume ».
1436 : Engelbrekt est assassiné près de Stockholm.
1438 : Charles Knutsson Bonde est nommé régent au moment où La Suède connaît sa seconde année consécutive de famine.
1439 : Le roi Eric est déposé.
1441 : Soucieux de préserver l’union avec le Danemark, le Conseil offre la couronne au successeur d’Eric, Christophe III.
1448 : Mort de Christophe III. Karl Knutsson est élu roi de Suède. L’union avec le Danemark est dissoute et le pays bascule rapidement dans une nouvelle période de troubles.
1451 : L’armée danoise attaque la Suède.
1457 : Karl Knutsson doit quitter la Suède. Son principal opposant, l’archevêque d’Uppsala, Jöns Bengtsson Oxenstierna, est nommé vice-roi.
1463 : Elu roi en 1457, Christian Ier fait emprisonner Jöns Bengtsson Oxenstierna.
1464 : En avril, commandée par l’évêque de Linkopïng, Kettil Karlsson, une troupe de paysans inflige une défaite cuisante à l’armée de Christian. Kettil Karlsson est nommé protecteur du royaume. L’ancien roi Charles Knutsson est rappelé d’exil, puis contraint d’abdiquer.
1465 : Kettil Karlsson meurt de la peste. Il est remplacé par Ivar Axelsson.
1467 : En novembre, Charles Knutsson est à nouveau proclamé roi.
15 mai 1470 : Mort de Charles Knutsson.
10 octobre 1471 : Christian est vaincu à la bataille de Brunkeberg, près de Stockholm, par le nouveau régent Sten Sture, et doit regagner le Danemark.
1477 : Fondation d’une université à Uppsala.
1481 : Mort du roi Christian. Son fils Hans est élu roi du Danemark et revendique à son tour la couronne de Suède.
1483 : Le Conseil reconnaît les prétentions de Hans sur le trône de Suède, mais le parti national et populaire conduit par Sten Sture ne désarme pas et conserve le contrôle du pays.
1493 : Hans conclut une alliance avec la Moscovie dont l’armée pénètre en Carélie.
1497 : En mars, la tentative russe d’invasion est définitivement repoussée. Un traité de paix est conclu avec Ivan III. Profitant d’une période de flottement au sein du Conseil, Hans tente un débarquement à Stockholm. Il bat l’armée de Sten Sture et reprend la couronne de Suède. Sten Sture obtient, en échange, un fief en Finlande.
Début du XVIe siècle : La Suède compte 750 000 habitants.
1501 : En août, Sten Sture prend la tête d’une révolte contre Hans. Celui-ci doit quitter le pays, sa femme Christine est capturée et emprisonnée.
13 décembre 1503 : Mort de Sten Sture. Svante Nilsson est désigné comme régent. Appuyé par Henning Gadh, évêque de Lenköping, il poursuit la lutte contre le Danemark.
1505 : La Norvège et le Danemark s’unissent contre la Suède. Les villes hanséatiques sont sommées par l’empereur de cesser toute forme de commerce avec Stockholm.
1509 : La Suède accepte de payer un tribut de 12 000 marks au roi du Danemark.
1510 : La Suède s’allie avec Lübeck.
1512 : Le 2 janvier, mort de Svante Nilsson.
1513 : En juin, Sten Sture le Jeune est nommé régent, après avoir écarté son rival Eric Trolle. Il s’entoure d’une cour brillante, acquise aux idées de la Renaissance. Henning Gadh y renforce son influence. Très vite, le nouveau régent entreprend d’étendre son domaine et de réformer l’administration du royaume. Ses tendances absolutistes suscitent toutefois une vive opposition dans le pays, notamment au sein des milieux ecclésiastiques.
Janvier 1517 : Sten Sture réunit les Etats du royaume pour contrer l’opposition de l’Eglise et des unionistes. L’archevêque Gustav Trolle est arrêté et jeté en prison. Sten Sture est excommunié par le Pape. Une attaque danoise est repoussée à Vädla, au nord de Stockholm.
1518 : Nouvelle défaite danoise à Brännkyrka.
1520 : Retour en force des Danois, à la tête d’une imposante armée de mercenaires étrangers. Les Suédois sont vaincus à deux reprises. Blessé au genou, Sten Sture meurt le 3 février. En mai, la flotte danoise met le siège devant Stockholm. L’épouse de Sten Sture, Christine Gyllenstierna, prend la tête de la résistance. Le 5 septembre, Stockholm annonce sa reddition, en échange de la promesse d’une amnistie générale. Le 30 octobre, Christian II de Danemark est proclamé roi de Suède. Il sera couronné le 4 novembre. Le 8 novembre, sous la pression de Gustave Trolle, il fait arrêter les meneurs de la révolte. Accusés d’hérésie par l’archevêque, quatre-vingt-deux d’entre eux sont décapités : c’est le « bain de sang de Stockholm ».
Janvier 1521 : Le roi Christian rentre au Danemark, pensant avoir brisé la résistance nationale suédoise.

Le temps de la Réforme

Janvier 1521 : Gustave Ericsson Vasa, un jeune noble suédois, organise un soulèvement en Dalécarlie (la région située au nord-ouest du Svealand, la partie centrale du pays qui s’étend entre le Götaland au sud et le Jamtland au nord). Après avoir battu l’armée danoise à Vasteras et rallié à sa cause une partie de la noblesse et du clergé, il est proclamé régent de Suède le 23 août.
1522 : Gustave Vasa obtient l’appui de la ville de Lübeck.
1523 : Le 6 juin, Gustave Vasa est élu roi de Suède par le Riksdag (le Parlement) de Strängnäs. Son armée s’empare de Stockholm. Au Danemark, Christian II est renversé. Son successeur, Frédéric Ier, s’incline devant le fait accompli. L’Union scandinave est définitivement enterrée.
1524 : Une paix est conclue avec le Danemark. La Suède cède le Götland. Lübeck obtient d’importantes concessions sur le plan commercial. Gustave procède à la nomination d’un certain nombre d’évêques, parmi lesquels plusieurs luthériens. Rome rompt alors ses relations avec Stockhölm.
1525-1530 : Olaus Petri – plus connu sous le nom de Maître Olaf, et qui a été étudiant à Wittemberg de 1516 à 1518 avant de prêcher aux Suédois la doctrine de Luther – entreprend de traduire en suédois le Nouveau Testament. Une floraison de textes imprimés donne une nouvelle impulsion à la Réforme.
1527 : Après avoir menacé d’abdiquer, Gustave obtient du Riksdag (Parlement) convoqué à Västeras l’autorisation de confisquer une partie des biens du clergé : monastères et évêchés sont spoliés. Le domaine royal s’étend désormais sur un quart du pays. Les statues de certains saints sont retirées des églises. Les chrétiens acquis à la Réforme renforcent leurs positions.
1528 : Gustave est officiellement couronné.
1529 : Le synode réuni à Oerebrö modifie le culte dans le sens évangélique. Luther est considéré par les Suédois comme une sorte de « pape protestant » et, quand il disparaît, c’est l’autorité des professeurs de théologie de Rostock qui s’impose en matière religieuse. La Suède bascule alors de fait dans la Réforme, en suivant une évolution qui rappelle, dans un contexte bien sûr différent, celle de l’Angleterre de Henri VIII. Ce choix de la Réforme va avoir d’importantes conséquences historiques et géopolitiques, dans la mesure où il oppose naturellement le royaume scandinave à la Pologne catholique des Jagellon et où il annonce la lutte engagée au siècle suivant en Allemagne, au nom du protestantisme, par Gustave Adolphe. Au cours de la Guerre de Trente Ans, la victoire suédoise de Breitenfeld remportée sur les Impériaux en 1631 fera ainsi écho à celle obtenue par les Anglais en 1588 sur l’Invincible Armada du Roi Très Catholique Philippe II d’Espagne. C’est son identité religieuse qui fera pour un temps de la Suède une puissance susceptible de fédérer autour d’elle tous les Etats protestants d’Allemagne du Nord confrontés à la volonté de reconquête catholique de la monarchie des Habsbourg.
1531 : En septembre, Gustave épouse une protestante, Catherine, fille du duc de Saxe-Lauenburg.
1532 : Le roi de Danemark, Christian II, est capturé en Norvège. Maintenant qu’il a les mains libres, Gustave durcit sa politique, tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur. Ses principaux opposants sont exécutés. L’alliance avec Lübeck est rompue.
1535 : L’Eglise de Suède rompt définitivement avec Rome. Une série de victoires sur les armées hanséatiques permet à Gustave d’obtenir l’annulation de sa dette. Celle-ci s’élevait à 114 500 marks au moment de la conclusion de la paix de 1524 et, en janvier 1531, une cloche de chaque église du pays avait été confisquée pour la rembourser.
1536 : Laurentius Andreae devient le premier archevêque protestant de Suède.
1540 : Gustave reprend le contrôle de l’Eglise réformée. Un décret royal soumet toute nouvelle publication à une censure préalable. Olans Petri et Laurentius Andreae sont jugés et condamnés à mort (ils seront, par la suite, grâciés). Une église nationale de Suède est mise en place. S’inspirant des modèles français et habsbourgeois, Gustav entreprend également de renforcer l’autorité de la couronne et de moderniser l’administration du pays.
1541 : Le 14 septembre, une alliance défensive est conclue avec le Danemark.
1542 : En juin, Nils Dacke prend la tête d’une jacquerie au Smaland (dans le Sud-Est du pays). Protestant contre le renforcement de l’autorité monarchique et l’augmentation des impôts, sa milice paysanne exécute le bailli et écrase l’armée royale en septembre. Gustave est contraint de conclure une trêve avec les rebelles. Le 2 juillet, une alliance avec la France est conclue à Montiers-sur-Saulx.
1543 : Après un hiver de famine et une vigoureuse contre-offensive des armées royales, la révolte est brisée. Nils Dacke est tué par ses partisans.
1544 : Première réunion du Riksdag (parlement) depuis quinze ans. Catholiques et paysans rebelles sont représentés. La monarchie suédoise devient héréditaire dans la famille des Vasa. Une armée permanente est mise sur pied.
Milieu du XVIe siècle : La Suède est gagnée par l’humanisme et la Renaissance. Les frères Magni, Johannes et Olaus, publient une série de travaux savants sur l’histoire et la géographie de la Scandinavie. De nouveaux châteaux sont construits à Gripsholm et à Uppsala.
1555- 1557 : La Suède et la Russie s’affrontent en Finlande. Un nouveau traité de paix est conclu.
1559 : Gustave Vasa instaure une taxe de 3 % sur les exportations suédoises. La métallurgie représente à cette date près du tiers de ces dernières. De nouvelles techniques de production sont d’ailleurs introduites dans la seconde moitié du XVIe siècle. La Suède exporte également du bois, des peaux et des céréales.
Septembre 1560 : Mort de Gustave. Avènement de son fils Eric XIV. Les frères d’Eric, Jean et Charles obtiennent d’importants apanages. Le nouveau souverain mène une politique agressive dans le golfe de Finlande, en s’appropriant notamment le port de Reval.
1561 : Jean, l’un des frères d’Eric, conclut, sans l’autorisation du roi, un accord diplomatico-financier avec la Pologne. Il obtient, en échange, une principauté en Estonie.
1562 : Jean épouse la sœur du roi de Pologne, Catherine Jagellon. Il est arrêté et emprisonné par Eric. La Suède bascule dans la guerre civile.
1563 : Le Danemark, la Pologne et Lübeck déclarent la guerre à la Suède. C’est le début d’une « guerre de sept ans » autour de la Baltique. Le port d’Alsborg tombe entre les mains des Danois.
1566 : Une partie de la flotte danoise est engloutie par une tempête près de Visby. Plus de six mille marins trouvent la mort. C’est la plus grande catastrophe maritime jamais survenue dans la région. Eric XIV réorganise alors sa flotte pour contrer l’offensive ennemie.
1567 : Redoutant une « trahison » de leur part, Eric fait assassiner plusieurs membres de la puissante famille des Sture, rebelle à son autorité. Il tue de ses propres mains Nils Svanterson Sture. Le Conseil le déclare fou et décide de le déposer. Jean et sa femme sont libérés.
1568 : Jean et son frère Karl liguent leurs forces contre Eric. Celui-ci est capturé à Stockholm, et Jean est proclamé roi.
1569 : La Pologne se retire de la coalition anti-suédoise.
1570 : Un traité de paix est signé à Stettin. La Suède récupère Alsborg, mais doit renoncer à ses prétentions sur la Baltique.
1576 : Jean III publie un « Livre rouge » en vue d’imposer au clergé réformé de Suède une nouvelle liturgie, faisant de larges concessions aux rites catholiques. Cette initiative se veut œcuménique et entend mettre un terme aux querelles religieuses qui perdurent dans le pays. Elle se heurte toutefois à la double opposition des luthériens et du pape Grégoire XIII qui se refuse à toute concession doctrinale.
1578 : Jean lance une double offensive contre la Russie et la Norvège. S’appuyant sur son beau-frère le roi de Pologne (il a épousé Catherine Jagellon sœur de Sigismond Auguste de Pologne), le nouveau roi contient la poussée russe et conforte ses positions en Estonie. Il est le premier souverain suédois à mener une vraie politique « européenne » qui inscrit la Suède dans le concert des puissances du temps.
1580 : L’université d’Uppsala est fermée en raison de l’opposition farouche de ses professeurs au Livre rouge de Jean III.
1587 : Le fils de Jean III et de Catherine Jagellon, Sigismond, est élu roi de Pologne. L’idée d’une union polono-suédoise prend forme, mais le Conseil s’oppose au retour en Suède de ce prince catholique.
1592 : Mort de Jean. Sigismond lui succède, il sera couronné en 1594.
Mars 1593 : Le synode d’Uppsala, qui confirme officiellement l’adoption de la religion réformée, rejette définitivement les prescriptions du Livre rouge. Le clergé suédois se rallie officiellement à la confession d’Augsbourg. De son côté, la noblesse réclame de nouvelles concessions de la part de la Couronne.
1595 : A l’automne, quelques mois après avoir obtenu de la Russie un traité de paix particulièrement favorable, le duc Charles, frère du défunt roi, réunit à Söderköping un Riksdag qui le proclame régent.
1598 : Sigismond revient de Pologne à la tête d’une armée, pour écraser la rébellion de Charles. Après deux échecs à Stangebro le 25 septembre, puis à Linköping, il accepte un compromis et quitte précipitamment le pays.
1599 : Sigismond est déposé par un nouveau Riksdag.
1600 : Les partisans de Sigismond sont jugés à Linköping. Plusieurs grands du royaume sont exécutés, au premier rang desquels Eric Sparre, Ture Bielke, Sten et Gustave Baner. Ce « bain de sang » contribuera à conforter la réputation sanguinaire de Charles.
1604 : Charles IX devient officiellement roi de Suède. Il sera couronné en 1607. La même année, il fonde la cité de Göteborg. Soucieux de briser l’isolement de son pays, il se rapproche des puissances protestantes – l’Angleterre et les Pays-Bas – et de la France de Henri IV.
1610 : Profitant d’une période de troubles en Russie, une armée suédoise commandée par Jacques de La Gardie occupe Moscou.

Le temps de la grandeur

1611 : En juillet, De la Gardie s’empare de Novgorod. La famille royale de Suède ne cache plus ses prétentions au trône de Russie. Toutefois, la situation du pays reste fragile, avec la reprise des hostilités contre le Danemark. Charles IX meurt le 30 octobre. Son jeune fils Gustave-Adolphe lui succède. Le Riksdag rédige une charte qui entend limiter durablement les pouvoirs de la Couronne et que le nouveau roi signe.
1612 : Le 4 janvier, le roi s’engage ainsi à garantir la sécurité des biens et des personnes, et à ne pas lever de nouveaux impôts sans le consentement de ses sujets. Axel Oxenstierna est nommé chancelier. Il conservera ce poste plus de quarante ans, s’imposant comme l’une des grandes figures du XVIIe siècle européen.
20 janvier 1613 : Un traité de paix est conclu à Knäred avec le Danemark, à l’initiative du nouveau chancelier et sous le patronage du roi d’Angleterre. La Suède cède ses possessions norvégiennes, renonce à toute expansion vers le nord-ouest et récupère, en échange, Alsbörg, moyennant, il est vrai, une lourde indemnité financière.
Février 1613 : Michel Romanov est élu tsar et le frère de Gustave-Adolphe doit renoncer à ses prétentions sur le trône de Russie. L’avènement de la nouvelle dynastie moscovite annonce le « retour » de la Russie et ne peut que compromettre les ambitions des souverains suédois. On songeait alors en effet à installer Gustave-Adolphe ou son frère Charles-Philippe sur le trône de Russie.
24 janvier 1617 : Le Riksdag est réorganisé à Orebro. Le Conseil devient un embryon de gouvernement, capable de diriger le pays en l’absence du roi. La prééminence de la noblesse est confortée. Cette dernière sera d’ailleurs, elle aussi, réorganisée en 1626. Divisée en trois ordres, elle devient héréditaire et se réapproprie une partie du domaine royal.
27 février 1617 : Conclusion du traité de Stolbova avec la Russie, grâce à la médiation de l’ambassadeur anglais John Merick. Gustave-Adolphe avait annoncé que « la Russie ne devait pas s’en tirer sans que ses ailes fussent quelque peu rognées et ses revendications abrégées » mais il a fallu accepter un compromis. Les Suédois acceptent d’évacuer Novgorod, mais voient confirmée leur domination sur le golfe de Finlande et la Baltique, avec la cession par la Russie de l’Ingrie (la région qui, au fond du golfe de Finlande, s’étend entre Narva et les rives sud-ouest du lac Ladoga) et de la Carélie (correspondant à l’isthme séparant les rives occidentales du Ladoga de la côte du golfe de Finlande). Le lac Ladoga constitue dorénavant la frontière entre les deux royaumes.
Août 1621 : Profitant des difficultés de la Pologne, aux prises avec les Turcs en Europe centrale, et de la neutralité bienveillante de la Russie, l’armée suédoise pénètre en Livonie (qui correspond à peu près à l’actuelle Lettonie). Il s’agit de contraindre Sigismond de Pologne à renoncer au trône de Suède.
16 septembre 1621 : Riga tombe entre les mains de Gustave-Adolphe.
Novembre 1623 : Le roi de Suède accepte d’intervenir en Allemagne pour soutenir l’Electeur protestant du Palatinat, Frédéric, dépossédé de son titre par l’empereur Ferdinand II. Il envisage d’attaquer la Bohème et la Silésie pour ouvrir un second front face aux armées impériales. Les membres de la coalition protestante, dirigée par l’Angleterre, le Brandebourg et les Pays Bas, refusent toutefois de céder à ses exigences et préfèrent s’appuyer sur le roi du Danemark. Gustave-Adolphe décide donc de rester à l’écart des opérations.
1624 : Etablissement en Suède d’une « Compagnie du Sud » sur le modèle anglo-hollandais. Les activités des marchands étrangers sont sévèrement réglementées.
1624-1625 : Gustave-Adolphe entreprend de réformer le clergé suédois. Il se heurte à l’opposition de Johannes Rudbeckius, l’évêque de Västeras. Les deux hommes s’accordent toutefois à moderniser l’Eglise de Suède. L’éducation est leur priorité : des gymnases sont mis en place dans les grandes villes, et l’université d’Uppsala est dotée de 350 propriétés foncières, ce qui fait d’elle une des plus riches du monde.
1626 : Tandis que l’armée impériale de Wallenstein écrase l’armée danoise à Lutter-am-Barenberg, l’armée suédoise s’enfonce en Pologne. Les Polonais sont défaits le 6 janvier à Wallhof, puis en septembre à Mewe. Les principales cités maritimes de Prusse orientale sont conquises. Les Suédois, qui s’emparent d’Elbing, parviennent ainsi à écarter les Polonais des côtes de la Baltique, en contrôlant notamment, de la Livonie à la Prusse occidentale, les embouchures du Niémen et de la Vistule.
28 avril 1628 : Une alliance est enfin conclue avec le Danemark. Les deux pays unissent leurs forces pour défendre Stralsund, menacée par Wallenstein qui doit lever, le 24 juillet, le siège de la ville.
10 août 1628 : Le plus grand navire de la flotte suédoise, le Vasa, à peine mis à flot, sombre au large de Stockholm. Ce superbe trois mâts de 64 canons est victime d’une conception sans doute hasardeuse. Renfloué en 1961, il est aujourd’hui visible dans un musée de la capitale suédoise.
25 septembre 1628 : Traité d’Altmark avec la Pologne. Bien qu’elle renonce à bon nombre de ses gains territoriaux, la Suède conserve la Livonie et l’embouchure de la Vistule, s’imposant plus que jamais comme la maîtresse de la Baltique.
Janvier 1629 : Le Conseil autorise Gustave-Adolphe à intervenir en Allemagne. Totalement modernisée et appuyée par une artillerie très mobile, son armée est composée d’une majorité de conscrits encadrés par une noblesse rompue à la pratique de la guerre. La campagne débute en juin.
1630 : Gustave-Adolphe chasse les Impériaux de Poméranie, devenue le « boulevard de la Suède ».
23 janvier 1631 : Signature d’un traité d’alliance entre la France et la Suède. Soucieuse d’affaiblir les Habsbourg, la monarchie française accepte de financer l’effort de guerre suédois.
7 septembre 1631 : Après avoir joint ses forces à celles de l’armée saxonne, Gustave-Adolphe affronte Tilly – le général qui commande l’armée impériale dont les troupes ont mis Magdebourg à sac en mai – à Breitenfeld, près de Leipzig. En dépit de la déroute de ses alliés saxons, le roi de Suède renverse la situation d’une magistrale charge de flanc. Les Impériaux sont vaincus et leur chef est sérieusement blessé.
1632 : Campagne triomphale de Gustave-Adolphe en Allemagne. Les Suédois s’emparent de Mayence, de Nuremberg, de Munich, d’Augsbourg, de Würzburg. Tilly est tué au combat le 5 avril. Gustave-Adolphe s’approche de Vienne et s’affirme tout à la fois comme le sauveur et le chef de file de l’Allemagne protestante.
6 novembre 1632 : Le roi de Suède décide d’affronter Wallenstein qui vient de reprendre la tête de l’armée impériale, à Lützen. Il trouve la mort dès le début de la bataille, abattu lors d’une escarmouche de cavalerie. Son allié, Bernard de Saxe-Weimar, remporte tout de même une difficile victoire. Agée de six ans, sa fille Christine lui succède, mais n’est pas encore en âge de gouverner. Un Conseil de régence est mis en place à Stockholm. Une nouvelle constitution est rédigée et le chancelier Oxenstierna dirige la politique étrangère du pays.
13 avril 1633 : Oxenstierna parvient à conclure une alliance avec plusieurs Etats protestants d’Allemagne du Sud-Ouest, l’Union de Heilbronn. Il ne parvient toutefois pas à convaincre la Saxe et le Brandebourg d’en faire partie.
27 août 1634 : Commandées par Arvid Horn et Bernard de Saxe-Weimar, les troupes suédoises et saxonnes sont défaites à Nördlingen où Horn est capturé.
18 avril 1635 : Oxenstierna signe avec le cardinal de Richelieu le traité de Compiègne par lequel les deux pays s’engagent à ne pas conclure de paix séparée avec les Habsbourg.
Octobre 1635 : La Saxe rompt son alliance avec la Suède et lui déclare la guerre. Le Brandebourg l’imite bientôt. L’Union d’Heilbronn a été dissoute quelques mois auparavant. Le traité d’Altmark avec la Pologne arrive à expiration. La Suède doit abandonner ses ports de Prusse orientale pour en obtenir le renouvellement. Le Conseil presse le chancelier Oxenstierna de se désengager d’Allemagne et considère avec méfiance l’alliance avec la France.
29 mars 1638 : Une flottille suédoise atteint le continent américain. Une petite colonie est fondée à l’embouchure du Delaware.
Juin 1638 : Le Conseil accepte d’aliéner une partie du domaine royal pour financer la guerre en Allemagne. Des renforts sont envoyés à Johan Banér qui tient victorieusement tête aux Saxons et aux Impériaux. La Suède dispose alors d’une armée de 90 000 hommes, dont 50 000 combattent en Allemagne. Le pays a de plus en plus de mal à faire face à de telles dépenses.
Avril 1639 : Victoire des Suédois sur les Saxons à Chemnitz.
20 juin 1641 : Un nouveau traité franco-suédois est signé à Hambourg. Après la mort de Johan Banér et la mutinerie d’une partie de ses troupes, l’armée suédoise est en mauvaise posture.
23 octobre 1642 : Lennart Torstensson, le nouveau général en chef de l’armée suédoise, bat l’armée impériale à la seconde bataille de Breitenfeld et s’empare de la ville de Leipzig.
Décembre 1643 : Soutenue par la flotte hollandaise, la Suède attaque le Danemark dont la flotte est bientôt anéantie.
8 décembre 1644 : Agée de 18 ans, Christine est proclamée reine de Suède. Dotée d’une intelligence brillante et d’une forte personnalité, elle était associée depuis deux ans déjà aux décisions du Conseil.
24 juillet 1645 : Victoire franco-suédoise sur les Impériaux à Allenheim. Quelques mois plus tôt, Lennart Torstensson avait écrasé une autre armée impériale à Jankovitz, en Bohème. L’hégémonie suédoise en Allemagne est totale. La Bohème est occupée et la Saxe accepte de signer un cessez-le-feu.
13 août 1645 : Un traité de paix extrêmement avantageux pour la Suède est conclu avec le Danemark à Brömsebro. La Suède obtient les provinces de Jämtland et d’Härjedalen (régions du centre du pays, aujourd’hui frontalières avec la Norvège) le Halland (le long de la côte de la mer du Nord) et les îles de Gotland et d’Osel (cette dernière à l’entrée du golfe de Riga, sur la côte balte). Les navires suédois pourront désormais naviguer librement dans le Sund (nom désignant les détroits danois qui verrouillent l’entrée de la Baltique).
14 octobre 1648 : Signature du traité de Westphalie qui met fin à la Guerre de Trente Ans. En position de force, la Suède obtient la plus grande partie de la Poméranie, avec les villes de Rügen, Stettin et Wismar, ainsi que les duchés de Brême et de Verden. La Suède conserve aussi sa mainmise sur la Baltique et sur l’embouchure des principaux fleuves allemands. Christine devient membre de droit de la Diète germanique. Ce bilan paraît favorable, mais demeure loin des projets caressés par Gustave-Adolphe qui souhaitait unir de nouveau la Scandinavie autour de la Suède, assurer la mainmise de celle-ci sur la Poméranie et favoriser l’ascension d’un Brandebourg fort en Allemagne du Nord (avec le projet de marier Christine, héritière de Suède, à Frédéric-Guillaume de Brandebourg), tout cela pour favoriser la création en Allemagne d’un « Corps évangélique » regroupant l’Allemagne protestante, qui serait de fait sous l’influence suédoise. La mort du roi à Lutzen – en 1632, au moment où il avait poussé ses victoires jusqu’à Nuremberg, Augsbourg et Munich – avait définitivement compromis un tel projet.
11 février 1650 : Invité par la reine Christine, le philosophe René Descartes meurt d’une pneumonie. Il semble avoir été épuisé par le dynamisme de la reine qui le recevait régulièrement à cinq heures du matin pour des séances de travail. Surnommée la « nouvelle Minerve », Christine s’entoure d’artistes et de savants. La présence française à la cour se renforce avec la présence des architectes Simon et Jean de la Vallée et du peintre Sébastien Bourdon.
1652 : Mort de Louis de Geer. D’origine belge, cet homme d’affaires est alors l’homme le plus riche de Suède. Sa réussite est toutefois une exception. Enrichie par les guerres, la noblesse suédoise contrôle 72 % du patrimoine national.
6 juin 1654 : Abdication de Christine, à l’issue d’un règne long de vingt-deux ans. Elle part pour Rome, abjure le protestantisme pour se convertir au catholicisme à Innsbrück et meurt en 1689 dans la Ville éternelle où elle est inhumée dans la basilique Saint-Pierre. La reine n’ayant jamais souhaité se marier, c’est son cousin Charles-Gustave qui lui succède. La dynastie des Vasa s’éteint avec l’abdication de la souveraine, au moment qui voit mourir Axel Oxenstierna. Une page de l’histoire de la Suède se tourne alors.
Mars-juin 1655 : Réunion du Riksdag à Stockholm. La noblesse accepte de restituer à la couronne une partie des terres acquises depuis le début du siècle. Charles-Gustave obtient du Conseil l’autorisation de lancer une expédition en Pologne.
1656-1657 : Profitant de l’occasion, la Russie, l’Autriche et, surtout, le Danemark déclarent la guerre à la Suède.
26 février 1658 : Après une attaque surprise menée par Charles-Gustave à travers les terres gelées du Jutland, l’armée danoise est prise à revers. Un traité de paix est signé à Roskilde. Le Danemark doit abandonner la Scanie, le Blekinge, le Bohuslän, l’île de Bornholm (à mi-chemin entre la côte méridionale de la Suède et l’embouchure de l’Oder) et la province de Trondheim (au centre de la Norvège). La Suède dépasse alors ses frontières naturelles formées, à l’ouest, par les Alpes scandinaves.
Août 1658 : Charles-Gustave reprend la guerre contre le Danemark, avec l’espoir de réunifier la Scandinavie et de faire de la Baltique une mer fermée suédoise.
13 février 1660 : Après dix-huit mois de combats indécis, Charles-Gustave s’éteint à Göteborg. Son fils Charles XI étant âgé de quatre ans, un Conseil de régence est mis en place, dominé par le grand sénéchal Per Brahe. Un nouveau traité de paix est signé à Copenhague, qui confirme pour l’essentiel les dispositions du traité de Roskilde. La Suède parvient à conserver la Livonie. Un accord est également trouvé avec la Pologne, l’Autriche et la Russie.
Novembre 1660 : La constitution est amendée. Les pouvoirs du Riksdag et du Conseil sont renforcés.
Septembre 1661 : Un traité d’alliance franco-suédois est signé à Fontainebleau.
1663 : Les Hollandais capturent le fort suédois de Cabo Corso en Afrique de l’Ouest. Après la perte, quelques années plus tôt, de ses possessions américaines, ce revers sonne le glas des ambitions coloniales de la Suède.
25 avril 1668 : En dépit des efforts de l’ambassadeur de France, le marquis de Pomponne, la Suède forme une « Triple Alliance » avec l’Angleterre et les Provinces-Unies et la France doit renoncer à ses prétentions sur les Pays-Bas.
15 mai 1668 : Fondation à Stockholm de la Riksbank, la première banque nationale du monde.
1672 : Début du règne personnel de Charles XI
4 avril 1672 : Le marquis de Pomponne obtient le rétablissement de l’alliance franco-suédoise.
Mai 1674 : La France attaque les Provinces-Unies. Le Brandebourg lui déclare la guerre et le chancelier suédois Gabriel de la Gardie accepte d’intervenir en Poméranie, en échange d’une importante indemnité versée par l’allié français.
Juin 1675 : Les Suédois sont défaits sur mer, au large de l’île Oland, et le maréchal Wrangel l’est à son tour sur terre à Fehrbellin par les troupes de l’Electeur de Brandebourg. Les Danois sont, en revanche, vaincus à Lund en décembre 1676
1677 : Nouveaux revers suédois. Stettin est perdue et la flotte royale anéantie dans la baie de Köge.
Février 1679 : Traité de Saint-Germain. A l’issue d’une guerre impopulaire, mal préparée et désastreuse, la Suède limite les dégâts, grâce à l’appui de la France. La plupart des territoires perdus sont récupérés, mais le Brandebourg gagne la Poméranie occidentale.
1680 : Charles XI épouse Ulrike-Eléonore, sœur du roi du Danemark.
20 novembre 1680 : A la demande du Riksdag, Charles XI met en place une commission d’enquête sur les agissements du Conseil de régence. Le chancelier de La Gardie est mis en cause. La Couronne récupère les propriétés auparavant concédées et s’attaque aux prérogatives de la haute noblesse. Le Conseil perd une grande partie de son pouvoir.
1686 : Une loi d’Etat place le clergé suédois sous le contrôle du roi. Les non-luthériens sont bannis du royaume. Un état civil est mis en place dans chaque paroisse, ainsi qu’un enseignement élémentaire. Charles XI adhère à la Ligue d’Augsbourg.
1689 : Mort en Italie de la reine Christine.
1691 : Au plus fort de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, la Suède et le Danemark forment une ligue de neutralité armée. Charles XI cherche à préserver le statu quo hérité du traité de Westphalie.
1693 : Une résolution du Riksdag consacre le pouvoir désormais absolu du roi.
Avril 1697 : Charles XI meurt d’un cancer de l’estomac. Son fils Charles XII, âgé de quinze ans, est déclaré en âge de régner. Il écarte sa mère du pouvoir.
20 septembre 1697 : Le traité de Ryswick est signé entre la France et l’Angleterre. La Suède obtient quelques concessions territoriales.
1699 : Le Danemark, la Russie, la Saxe et le Brandebourg se liguent contre la Suède.
Février 1700 : Le roi de Pologne, Auguste II, attaque la Livonie. C’est le début de la « Grande Guerre du Nord ».
Juillet 1700 : Charles XII débarque au Danemark à la tête de son armée.
18 août 1700 : Le Danemark conclut à Traventhal une paix séparée avec la Suède.
20 novembre 1700 : Charles XII dégage Narva, assiégée par l’armée russe. Son comportement héroïque fait l’admiration de l’Europe protestante.
1701 : Les Suédois repoussent les Polonais à Riga, puis défont les Russes et les Saxons à Dunamünde.
19 juillet 1702 : Charles XII écrase l’armée polonaise à Kliszow. Varsovie est occupée par les Suédois.
1703 : Victoire contre les Saxons à Pultusk. Pierre le Grand fonde la même année Saint-Petersbourg, ce qui apparaît comme un défi à la puissance suédoise.
1704 : Auguste II est déposé par le Parlement polonais. Il est remplacé par Stanislas Leszczynski, proche de la France et de la Suède. Un traité de paix et d’alliance est bientôt conclu entre la Pologne et la Suède. Auguste II poursuit la lutte à la tête de l’armée saxonne. Les Russes prennent Narva.
14 septembre 1706 : Le traité d’Altranstädt marque la fin de la guerre avec la Saxe.
4 juillet 1708 : L’armée russe est vaincue à Holovczyn, en Lituanie. Charles XII marche sur Moscou.
28 juin 1709 : Charles XII affronte Pierre le Grand à Poltava. Affaiblie par un hivernage difficile en Ukraine, l’armée suédoise est battue. Blessé, le roi doit se réfugier en territoire turc. Les 15 000 Suédois survivants capitulent le 1er juillet.
1709-1714 : Charles XII est bloqué en Turquie. La Suède est gouvernée par le chancelier Arvid Horn. Le pays est frappé par les épidémies et la famine. Le Danemark, la Russie, la Pologne, la Prusse, l’Angleterre et le Hanovre forment une nouvelle alliance anti-suédoise. L’armée suédoise est en difficulté. Le maréchal Stenbock doit capituler à Tönning, en Holstein, le 16 mai 1713.
Octobre 1714 : Capturé et emprisonné par les Turcs, Charles XII parvient à s’échapper et traverse toute l’Europe à cheval pour rallier Stralsund. La ville est bientôt assiégée par les coalisés.
Décembre 1715 : Après un an de siège, Charles XII regagne la Suède. Assisté de son conseiller allemand, le baron Freiherr von Goertz, il reprend en main le gouvernement du pays.
Mars 1716 : Charles XII pénètre en Norvège, dans l’espoir, semble-t-il, de contraindre le Danemark à négocier. Oslo est prise le 21.
1717 : Von Goertz et Charles XII soutiennent la rébellion jacobite en Angleterre. Von Goertz est arrêté par les Anglais en Hollande.
30 novembre 1718 : Alors qu’il a mis le siège devant la forteresse danoise de Fredriksten, Charles XII est abattu d’une balle dans la tête. Assassinat ou balle perdue ? Le mystère ne sera jamais élucidé. Son armée bat en retraite vers la Suède. Elle est décimée en chemin par le froid et les privations.

Le temps de la liberté

21 février 1719 : Ulrike-Eléonore, la sœur cadette de Charles XII, est élue reine par le Riksdag.
20 novembre 1719 : La paix est conclue avec les Anglo-hanovriens.
1er février 1720 : Traité de paix avec la Prusse. La Suède abandonne une partie de la Poméranie, Stettin, Wollun et Usedom.
14 mai 1720 : Ulrike-Eléonore abdique en faveur de son époux, Frédéric Ier de Hesse. Le souverain avalise une nouvelle constitution qui renforce considérablement les pouvoirs du Riksdag. Ce dernier doit dorénavant être réuni tous les trois ans, vote les lois et doit consentir à tout nouvel impôt. Une commission permanente de cent membres est constituée. La Suède entre dans l’ère du « constitutionalisme ».
3 juillet 1720 : Traité de Fredriksborg avec le Danemark. La Suède perd la Scanie, mais récupère ses territoires allemands occupés par les Danois. La flotte russe multiplie les raids sur les côtes suédoises.
Septembre 1721 : Le traité de Nystadt marque la fin de la guerre avec la Russie. La Suède perd l’Estonie, la Livonie, l’Ingrie et la Carélie orientale avec Viborg. C’en est fini du rêve de domination de la Baltique, mais aussi du statut de grande puissance européenne qui avait été celui de la Suède au XVIIe siècle.
1723 : Le Riksdag obtient une révision à la hausse de ses pouvoirs, notamment en matière de politique étrangère.
1724 : En dépit de l’hostilité du chancelier Arvid Horn, un traité d’alliance est conclu avec la Russie par les « holsteinois », proches de Charles-Frédéric de Holstein-Gottorp, neveu de Charles XII, écarté du trône de Suède et prétendant à la succession de Pierre le Grand en Russie.
1725 : Mort du tsar de Russie Pierre le Grand.
Mars 1726 : Arvid Horn parvient à contrer le parti holsteinois. L’alliance avec la Russie est dénoncée. La Suède se rapproche de l’Angleterre et du Hanovre.
1724-1731 : Arvid Horn mène une politique protectionniste et mercantiliste. La Suède panse ses plaies et retrouve une certaine prospérité.
1728 : Création d’une académie des sciences à Uppsala.
1731 : Création d’une compagnie suédoise des Indes.
1732 : Fondation par l’historien Olov von Dalin de l’Argus suédois qui, en proposant des traductions des grands auteurs étrangers, contribue à populariser en Suède le style classique et la littérature française.
1733 : Mort du roi de Pologne Auguste II. Soutenu par la France et la Suède, Stanislas Leszczynski monte sur le trône. Il est bientôt renversé par une intervention armée austro-russe.
1734 : Réunion du Riksdag. Le parti belliciste des « Chapeaux » prend le contrôle de la Commission. Le prudent Arvid Horn, soutenu par le parti pacifiste des « Bonnets » est en difficulté.
1735 : Carl von Linné publie ses Systema naturae et met au point une classification révolutionnaire des végétaux.
1736 : Constitution d’une compagnie du Levant, vouée au commerce en Méditerranée. Un traité d’amitié est conclu avec la Régence de Tunis.
Décembre 1738 : Peu après avoir été contraint par ses adversaires à signer un traité d’alliance avec la France, Arvid Horn démissionne. Karl Gyllenborg accède à la Chancellerie.
28 juillet 1741 : La Suède déclare la guerre à la Russie, après avoir obtenu d’importants subsides de la France. Dans le contexte de la guerre de Succession d’Autriche entamée l’année précédente, la France veut utiliser la Suède pour « fixer » la Russie et l’empêcher de secourir l’Autriche.
Novembre 1741 : Mort de la reine Ulrike-Eléonore. Elle ne laisse aucun héritier. Deux prétendants se manifestent : Adolphe-Frédéric de Holstein et le prince danois Charles-Frédéric.
Juin 1742 : L’armée suédoise est repoussée par les Russes et refoulée jusqu’en Finlande. La Russie rend cependant la Finlande à la Suède pour éviter une éventuelle union entre Danemark et Suède.
1742 : Création en France du régiment Royal-Suédois.
23 juin 1743 : Adolphe Frédéric de Holstein Gottorp, parent de la tsarine Elizabeth et candidat de la Russie, est élu prince héritier.
7 août 1743 : Traité d’Abo (Turku en suédois) qui rétablit la paix avec la Russie. La Suède récupère la quasi-totalité de la Finlande, mais elle apparaît désormais comme largement soumise à l’influence russe.
1744 : Mariage d’Adolphe-Frédéric avec Louise-Ulrike, la sœur du roi de Prusse Frédéric II.
1747 : Mort du chancelier Gyllenborg. Carl-Gustav Tessin lui succède. Une alliance défensive est conclue avec la France et la Prusse. Le parti des Chapeaux reste au pouvoir.
1756 : Une tentative de coup d’Etat inspirée par la Couronne échoue et les chefs des insurgés, le capitaine Puke et le comte Brahe, sont éxécutés. Le roi doit désavouer ses partisans et voit ses pouvoirs réduits.
1757 : Le nouveau palais royal est achevé.
1757-1762 : Campagne suédoise contre la Prusse en Poméranie. Les finances publiques sont au plus mal.
1757-1783 : L’agriculture suédoise est bouleversée par un mouvement d’enclosures sans précédent. Les parcelles dispersées de l’openfield sont regroupées dans de grands domaines clôturés.
22 mai 1762 : Traité de paix signé à Hambourg avec la Prusse. En dépit d’une situation militaire peu favorable, le maréchal von Fersen obtient des conditions plutôt clémentes pour la Suède.
1765 : Défaite du parti des Chapeaux au Riksdag. Libre-échangiste et proche de la bourgeoisie, le parti des Bonnets accède au pouvoir. La Suède réduit son armée, s’éloigne de la France et se rapproche de l’Angleterre.
1766 : Une ordonnance établit la liberté de la presse dans le royaume.
1767 : Fondation du Daggligt Allehanda, premier quotidien de Suède.
9 février 1768 : Abdication temporaire du roi. Celui-ci exige une convocation d’urgence du Riksdag.
1769 : Soutenus par la Couronne, les Chapeaux reprennent pour un an le contrôle du gouvernement. Fersen est réélu maréchal.
1770 : Nouvelle réunion du Riksdag. A nouveau dominé par les Bonnets, celui-ci s’oppose à tout renforcement de l’autorité royale.
12 février 1771 : Décès d’Adolphe-Frédéric. Son fils Gustav lui succède.

De Gustave III à Bernadotte

Juin 1771 : Pour la première fois, un roi de Suède s’adresse directement au Riksdag. Gustave III promet de respecter la constitution de 1720. Le parti des Bonnets exige de nouvelles garanties. Au moment où la Pologne voisine est démembrée, l’armée et les Chapeaux s’inquiètent de l’anarchie régnant au sommet de l’Etat.
1772 : La Suède compte 2 millions d’habitants, dont 10 % de citadins.
19 août 1772 : Coup d’Etat à Stockholm. Gustave III prend la tête de la garnison et renverse le gouvernement. Il promet de restaurer les « anciennes libertés » de la Suède.
21 août 1772 : Réuni par le roi, le Riksdag adopte une nouvelle constitution qui prévoit une séparation et un équilibre des pouvoirs. Le roi désigne seul les 17 membres du Conseil, mais doit consulter les Etats pour gouverner. Le roi et les Etats disposent d’ailleurs chacun d’un droit de veto. Ulrich Scheffer est nommé chancelier. Profitant du fait que la Russie est occupée en Pologne et contre la Turquie, le roi entend libérer la Suède de la domination de la tsarine Catherine II, « l’orgueilleuse dame de Saint-Petersbourg ».
1773 : Fondation du Théâtre royal, du Ballet royal et de l’Académie royale de peinture et de sculpture.
26 avril 1774 : Une ordonnance royale limite la liberté de la presse. La torture est, en revanche, interdite.
1775 : Libéralisation partielle du marché des grains.
1780 : Gustave III, qui s’est rendu à Saint-Petersbourg trois ans plus tôt, signe un pacte de non-agression avec la Russie et le Danemark.
1781 : Inauguration de l’Opéra de Stockholm.
1783 : Démission du chancelier Scheffer. La Suède conclut un traité d’amitié avec la jeune république des Etats-Unis d’Amérique.
29 juin 1783 : Gustave III rencontre Catherine II de Russie à Fredrikshamm. La Suède ne cache pas ses ambitions du côté de la Norvège.
Mars 1785 : Cession par la France de l’île de Saint-Barthélemy à la Suède. Un nouveau traité d’assistance est conclu entre les deux pays.
1786 : Réorganisation de l’Académie des Belles-Lettres sur le modèle de l’Académie française.
Printemps 1786 : Gustave III décide de réunir le Riksdag. Celui-ci s’oppose à sa politique étrangère et dénonce l’endettement du pays. Le projet de monopole royal sur les alcools est repoussé.
1787 : Conflit entre la Russie et la Turquie. Gustave est tenté par un renversement d’alliances dans l’espoir de récupérer les territoires perdus quelques décennies plus tôt. Le Danemark repousse toutefois ses propositions.
29 juin 1788 : La Suède déclare la guerre à la Russie. Elle exige la restitution de la totalité de la Finlande.
Septembre 1788 : Une armée danoise attaque le Bohuslän suédois. Le roi appelle à un « sursaut national »
Février 1789 : Le roi propose au Riksdag de réduire les privilèges de la noblesse. Il renforce ainsi ses pouvoirs et discrédite les « conjurés » réunis en août 1788 dans la « conspiration d’Anjala » (ils avaient cherché contre le roi l’appui de Catherine II de Russie à la faveur de la guerre en Finlande). Ils sont bientôt arrêtés et poursuivis en justice. Quatre-vingt sept seront exécutés.
9 juillet 1790 : Quelques jours après la bataille navale indécise livrée le 3 juillet à Viborg, la flotte suédoise écrase, à Svenskund, la flotte russe qui perd le tiers de ses bâtiments et la moitié de ses équipages.
14 août 1790 : Une paix de compromis est conclue avec la Russie à Värällä. Un traité d’amitié de huit ans sera signé l’année suivante. Ces accords marquent la fin de la période qui a vu s’imposer l’influence russe en Suède.
16 mars 1792 : Victime d’un complot aristocratique, Gustave III est grièvement blessé par un ancien officier de sa garde. Il meurt le 29 mars après avoir énoncé ses dernières volontés. Son frère Charles est nommé régent jusqu’à la majorité du jeune Gustave IV. D’ici là, le Riksdag a interdiction de se réunir.
27 avril 1792 : Le régicide Jakob-Johan Anckaström, est exécuté. Le régent se rapproche toutefois rapidement des milieux aristocratiques et met à l’écart les conseillers gustaviens.
15 juillet 1792 : La liberté de la presse est en partie rétablie.
Décembre 1792 : Le conseiller Reuterholm fait arrêter les chefs de file de l’opposition gustavienne.
17 mai 1793 : La Suède signe un traité préliminaire d’amitié avec la France révolutionnaire.
14 septembre 1795 : La Suède est le premier Etat monarchique à reconnaître officiellement la République française.
Août 1796 : Gustave IV se rend en Russie pour demander la main de la petite-fille de Catherine II. La négociation n’aboutit pas.
1er novembre 1796 : Début du règne personnel de Gustave IV.
1798 : Victime indirecte de la guerre navale franco-britannique, la Suède est frappée par une grave crise économique.
Décembre 1799 : Gustave IV conclut un traité d’alliance et d’amitié avec le tsar Paul Ier. La Suède tourne le dos à la France.
1800 : La Suède, la Russie, le Danemark et la Prusse forment une ligue armée.
15 mars 1800 : A la suite d’une série de troubles, le roi décide de convoquer le Riksdag. Une réforme économique et monétaire est décidée.
1803-1807 : Une grande vague de remembrement touche tout le pays.
1804 : L’importation de livres français en Suède est interdite.
Septembre 1804 : La Suède rompt ses relations diplomatiques avec la France.
31 octobre 1805 : La Suède déclare la guerre à la France.
1er juillet 1806 : La Suède propose d’accueillir les chevaliers de l’ordre de Malte sur l’île de Gotland.
7 juillet 1807 : Paix de Tilsit entre la France et la Russie. La Suède est isolée.
Août 1807 : Les troupes suédoises doivent évacuer la Poméranie.
31 octobre 1807 : Le Danemark s’allie à la France.
21 février 1808 : La Russie déclare la guerre à la Suède et envahit la Finlande. Le Danemark l’imite en mars, appuyé par un contingent français commandé par le général Bernadotte. La situation militaire du pays devient critique.
13 mars 1809 : Le général Adlercreutz prend le pouvoir à Stockholm. Le roi est arrêté. Il doit abdiquer le 29 mars et quitter le pays. Son oncle Charles assure la régence. Un Riksdag est convoqué.
14 mars 1809 : La Suède sollicite un armistice.
6 juin 1809 : Charles XIII promulgue la nouvelle constitution élaborée par le Riksdag. Celle-ci met en place une monarchie parlementaire dont les grands traits resteront en vigueur jusqu’en 1975. L’exécutif est confié à un conseil de 9 membres, nommés par le roi, mais responsables devant le Riksdag. Ce dernier doit être réuni tous les cinq ans. La justice devient indépendante.
9 juin 1809 : Un nouveau Conseil est constitué. Les gustaviens en sont exclus.
17 septembre 1809 : Un traité de paix est conclu avec la Russie. Les conditions sont très dures.
10 décembre 1809 : Paix avec le Danemark.
6 janvier 1810 : Paix avec la France. La Suède récupère la Poméranie.
9 mars 1810 : Abolition de la censure ; la liberté de la presse est totalement rétablie.
28 mai 1810 : Décès accidentel de Christian-Auguste, fils adoptif de Charles XIII et héritier du trône. Le peuple croit à un assassinat. Accusé à tort d’en être responsable, Axel von Fersen (qui avait été le fidèle de la reine de France Marie-Antoinette) est lynché par la foule lors des obsèques qui ont lieu le 20 juin.
Juillet 1810 : Un Riksdag est réuni à Örebro. Soutenu par un groupe de jeunes officiers, le maréchal français Bernadotte est candidat à la succession de Charles XIII. Bien qu’étranger et catholique, Bernadotte jouit en Suède d’une certaine popularité : il s’est en effet distingué par sa mansuétude à l’égard des troupes suédoises capturées. Surtout, une alliance avec la France laisse entrevoir la possibilité d’une reconquête de la Finlande. Bernadotte est finalement élu à l’unanimité le 21 août.
17 novembre 1810 : Sous la pression du nouveau prince héritier, la Suède déclare la guerre à l’Angleterre.
10 décembre 1810 : La femme de Bernadotte, Désirée (belle-sœur du roi d’Espagne Joseph Bonaparte) et son fils Oscar, le rejoignent en Suède.
1811 : Publication par Esaias Tegner d’un grand poème national intitulé Svea. Le romantisme commence à se répandre en Suède. D’inspiration profondément conservatrice, il s’oppose au Classicisme et à la francophilie du Siècle des Lumières.
16 mars 1811 : La santé de Charles XIII se dégrade. Bernadotte est nommé régent.
Janvier 1812 : Mécontent de la mollesse que semble manifester la Suède dans la guerre contre l’Angleterre, Napoléon envoie Davout réoccuper la Poméranie.
Février 1812 : La Suède adopte une position de neutralité.
5 avril 1812 : Signature à Saint-Petersbourg d’un traité d’alliance russo-suédois. La Russie appuie les prétentions suédoises sur la Norvège. Le Riksdag autorise la mise en place d’un système de conscription, première étape d’une modernisation de l’armée.
22-24 juin 1812 : Napoléon attaque la Russie. « L’Armée des Vingt-Nations » franchit le Niémen
27 août 1812 : Bernadotte rencontre le tsar Alexandre. Le projet suédois d’invasion du Danemark est abandonné.
3 mars 1813 : Un traité d’alliance est conclu avec l’Angleterre. La Suède obtient d’importants subsides et l’île de la Guadeloupe.
Avril 1813 : Bernadotte débarque en Poméranie. Il prend la tête de l’armée du Nord, composée de troupes prussiennes, russes et suédoises (160 000 hommes au total).
23 août 1813 : A la bataille de Gross-Beeren, Bernadotte repousse Oudinot et contribue à dégager Berlin.
16 octobre 1813 : L’armée du Nord joue un rôle marginal lors de la bataille de Leipzig à l’issue de laquelle Napoléon doit battre en retraite après quatre jours de combats.
7 décembre 1813 : Les Suédois défont l’armée danoise à Bornhöft.
14 janvier 1814 : Traité de Kiel avec le Danemark. La Suède obtient une union avec la Norvège en échange de la cession de la Poméranie.
17 mai 1814 : La Norvège rejette le traité de Kiel et proclame son indépendance.
Juillet 1814 : L’armée suédoise pénètre en Norvège.
14 août 1814 : Signature de la convention de Moss : un compromis est trouvé avec les Norvégiens. Ceux-ci conservent leur constitution, mais renoncent à devenir un royaume indépendant.
4 novembre 1814 : Charles XIII est proclamé roi de Norvège. Un gouvernement norvégien autonome est constitué.
6 août 1815 : Les Parlements suédois et norvégien adoptent un acte d’union.
1816 : La Suède manifeste son intérêt pour l’Argentine, où Bernadotte envoie un émissaire. Fondation de la Société pour la Publication des Documents de l’histoire scandinave.
Février 1818 : mort de Charles XIII. Bernadotte monte sur le trône sous le nom de Charles XIV Jean.

Le temps de la paix

1819 : Publication d’un grand recueil de cantiques par Johan-Olof Wallin. Il connaît un succès immense.
Septembre 1819 : La dette nationale suédoise est réduite de moitié.
1822 : Bien que théoriquement membre de la Sainte-Alliance, la Suède se rapproche de l’Angleterre.
1823 : Charles XIV effectue un séjour à Paris, à l’occasion du mariage de son fils avec Joséphine de Leuchtenberg.
1828 : Un navire à vapeur assure la liaison entre Copenhague et Malmö.
1831 : La Suède refuse de participer à la répression de l’insurrection polonaise. Dans tous le pays, des banquets sont cependant organisés pour soutenir les insurgés. Les libéraux renforcent leurs positions et gagnent le soutien des classes moyennes. Les feuilles d’opposition se multiplient.
1832 : Inauguration du canal de Göta, entre les lacs Vänern et Vättern.
1833 : La Russie renforce sa présence militaire au milieu de la Baltique, sur l’archipel d’Aland, au nord-est de Stockholm.
1834 : Rétablissement de l’étalon-argent. Le papier-monnaie sera converti sur la base de la moitié de sa valeur nominale.
19 juillet 1838 : Une manifestation est organisée à Stockholm pour soutenir une revue libérale accusée de diffamation. La troupe intervient : trois opposants trouvent la mort.
1842 : Le Riksdag oblige chaque paroisse à entretenir une école élémentaire.
1843 : Charles XIV célèbre avec faste ses vingt-cinq ans de règne.
1844 : La Norvège obtient le droit d’arborer son propre drapeau. Gustav Pasch invente les allumettes.
Mars 1844 : Mort de Charles XIV (Bernadotte). Son fils Oscar Ier lui succède : il est connu pour ses convictions libérales.
15 novembre 1844 : La « Chanson du Nord », composée par Richard Dybeck, devient l’hymne national suédois.
1845 : Les filles obtiennent les mêmes droits de succession que les garçons. Un rassemblement d’étudiants « nordiques » à Copenhague témoigne de la montée en puissance d’une identité scandinave.
1846 : Le travail des enfants de moins de douze ans est interdit.
1847 : Une loi sur les pauvres oblige villes et paroisses à prendre en charge les nécessiteux.
Juin 1847 : Une commission présidée par le ministre de la Justice, préconise un système bicaméral et une réforme du suffrage censitaire.
Mai 1848 : Après une révolte des Allemands du Sleswig, le Danemark est menacé par les troupes prussiennes. Une armée suédoise de 15 000 hommes intervient pour protéger le pays.
Juillet 1848 : Convention de Malmö : un armistice est signé avec la Prusse. Les troupes suédoises quittent le Danemark.
Décembre 1853 : La Suède proclame sa neutralité dans le conflit russo-turc.
1854 : Les Juifs sont autorisés à s’installer où ils le souhaitent en Suède. La législation douanière est réformée et la distillation domestique est strictement prohibée. La France et l’Angleterre déclarent la guerre à la Russie pour secourir l’Empire ottoman que le tsar Nicolas Ier menace en mer Noire. La Suède espère en profiter pour récupérer les territoires perdus en 1809.
21 novembre 1855 : Un traité d’alliance est signé avec la France et l’Angleterre, qui garantit l’intégrité du territoire suédois face aux menaces russes.
1856 : Mise en place d’un nouveau cabinet, dominé par les libéraux et les libre-échangistes.
Mars 1856 : Inauguration de la première ligne de chemin de fer suédoise, entre Orebro et Ervala.
30 mars 1856 : Traité de Paris entre la France et la Russie : le tsar s’engage à démilitariser l’archipel d’Aland. Les Suédois sont déçus de ne pas obtenir plus.
Mars 1857 : Oscar Ier propose une alliance au Danemark, et s’engage à le soutenir contre la Prusse. Aucun accord n’est trouvé.
Septembre 1857 : Gravement malade, le roi doit se retirer. Son fils Charles assure la régence.
1858 : Louis Gerhard de Geer est nommé Premier ministre. Le monopole de l’Eglise de Suède est remis en question. Les conventicules baptistes sont tolérés et la peine d’exil appliquée aux séparatistes est levée.
8 juillet 1859 : Mort d’Oscar. Son fils monte sur le trône sous le nom de Charles XV.
1860 : Le Riksdag rejette une proposition royale visant à supprimer la fonction de vice-roi gouverneur de Norvège. Les Norvégiens sont furieux.
1862 : Inauguration de la liaison ferroviaire Stockholm- Göteborg. La modernisation progressive des infrastructures de transport permet le décollage économique de la Suède. Les exportations de minerai de fer et de pâte à papier augmentent régulièrement jusqu’en 1900. Une classe ouvrière se constitue, et commence à faire entendre ses revendications.
22 juillet 1863 : Après l’annexion du Sleswig par le Danemark, Charles XV rencontre à Skodsberg son homologue danois. La Suède accepte de soutenir ses voisins en cas de guerre contre la Prusse, à condition toutefois que la France et l’Angleterre interviennent elles aussi. Le gouvernement suédois manifeste son scepticisme.
Février 1864 : Les troupes de la Confédération germanique pénètrent au Danemark. La Suède n’intervient pas. Les Danois doivent céder le Sleswig et le Holstein. C’est un échec évident de l’idée « panscandinave ».
7 décembre 1865 : Le Riksdag accepte un projet de réforme prévoyant la mise en place de deux chambres désignées par le suffrage national et non plus par un vote par ordre. La Chambre basse est élue au suffrage censitaire direct ; la Chambre haute, au suffrage indirect. Le droit de vote est fixé à vingt-et-un ans. Des manifestations de joie saluent cette décision.
1867 : Première réunion du nouveau Riksdag. L’aristocratie domine la Chambre haute, le parti paysan la Chambre basse.
1868 : A la suite de mauvaises récoltes, la Suède connaît une famine sévère. 150 000 Suédois quitteront le pays au cours des années suivantes ; 20 000 Suédois s’établissent aux Etats-Unis, dans le Minnesota.
Juin 1870 : Démission du Premier ministre De Geer. Il est remplacé par Axel Adlercreutz.
1872 : Le Riksdag supprime la possibilité d’achat d’un remplaçant pour les conscrits. Après plusieurs années de débats passionnés, le parti agrarien parvient à empêcher la mise en place d’un véritable service militaire. L’enjeu est important car cela signifie le choix d’une politique de paix impliquant l’établissement de relations amicales avec l’Allemagne et le Russie, deux puissances qui ont pu apparaître menaçantes pour la Suède (après l’annexion du Schlesvig et du Holstein et du Lauenbourg par l’Allemagne à l’issue de la « guerre des duchés » de 1864, et raison de l’annexion de fait de la Finlande par la Russie sous le règne du tsar Alexandre Ier)
18 septembre 1872 : Mort de Charles XV. Son frère Oscar II lui succède. Plutôt conservateur, celui-ci se révélera posé et compétent.
1873 : Un compromis est trouvé sur la question du service militaire : les milices doivent être supprimées et la conscription progressivement généralisée. La Suède adopte l’étalon-or : une nouvelle monnaie, la couronne, remplace le riksdaler. Le poste de gouverneur de Norvège est supprimé, un Premier ministre le remplace.
11 mai 1875 : De Geer revient au pouvoir. Il entend mettre en application le compromis de 1873.
Eté 1875 : Oscar II effectue une tournée en Russie et en Allemagne.
16 mars 1878 : Oscar II vend l’île de Saint-Barthélémy à la France.
23 mai 1878 : Inauguration de l’Université de Stockholm.
1879 : Nouvelle crise économique : 44 000 personnes quittent la Suède, préludant l’exode d’un demi-million de Suédois au cours des quinze années suivantes.
1880 : Carl Hochschild est nommé ministre des Affaires étrangères. Courtisée par l’Angleterre et la Russie, la Suède conserve sa neutralité. Les ports de l’île de Gotland sont interdits aux navires de guerre des deux pays. La Suède se rapproche par ailleurs de l’Allemagne qu’Oscar considère comme son « alliée naturelle ».
Avril 1880 : Incapable de parvenir à ses fins, De Geer démissionne. Son successeur, Arvid Posse, tente de mettre en place un service actif de 90 jours.
25 mai 1883 : Son projet rejeté, Arvid Posse est à son tour contraint à la démission. Il est remplacé par Charles Thyselius, puis par Oscar Themptender.
28 juin 1883 : Le comité central des syndicats de Stockholm adopte un programme en quatorze points, réclamant notamment l’instauration du suffrage universel, la journée de dix heures et la mise en place d’un système de retraite.
Mai 1885 : Une solution est enfin trouvée au débat sur la défense : le temps du service actif est finalement fixé à 42 jours.
3 mars 1887 : Le parti protectionniste représentant la Suède rurale, parvient à faire adopter par la Chambre basse des tarifs douaniers sur les céréales. La Chambre haute s’y oppose. Oscar II décide de dissoudre la Chambre basse. Les libre-échangistes remportent les élections, mais voient leur victoire cassée pour vice de forme.
Février 1888 : Gillis Bildt remplace le Premier ministre Themptander. Les protectionnistes obtiennent gain de cause et des tarifs douaniers sont mis en place.
1889 : Création en Suède d’un parti social-démocrate, le S.A.P. (Sociodemokratiska Arbetarpartiet). En octobre, Gustave Akerhielm remplace Gillis Bildt, démissionnaire, au poste de premier ministre. Il prône une attitude de fermeté vis-à-vis de la Norvège, mais il est contraint à son tour de démissionner en 1891, après avoir échoué dans la mise en œuvre de son projet de réforme du service militaire.
1890 : Fondation de la Fédération suédoise pour le suffrage universel.
1891 : Oskar Alin énonce la « ligne Alin » qui prévoit l’autonomie croissante de la Norvège, et doit s’accompagner d’une révision à la baisse des divers avantages consentis à cette dernière au cours du siècle précédent.
10 juillet 1891 : Eric Gustave Boström devient premier ministre.
1892 : Le service militaire est porté à quatre-vingt-dix jours, en échange d’une diminution progressive de l’impôt foncier qu’il a fallu consentir pour rallier à la réforme l’opinion paysanne. La gauche réclame un élargissement du droit de vote.
1895 : Inauguration à Stockholm du premier train électrique d’Europe.
5 janvier 1895 : Sous la pression du parti paysan, les tarifs douaniers sur les céréales importées sont revus à la hausse.
1896 : Mort d’Alfred Nobel, inventeur de la dynamite et industriel richissime.
1898 : La russification de la Finlande s’intensifie. La Suède fortifie sa frontière et entreprend un programme de réarmement naval.
1899 : Constitution d’un parti du Rassemblement Libéral à la Chambre basse. La coalition conservatrice reste majoritaire.
12 septembre 1900 : Malade, le Premier ministre Boström se retire, après une décennie au pouvoir. Il est remplacé par Fredrik-Whilelm von Otter.
1901 : Création de la fondation Nobel. A sa mort, en 1896, Alfred Nobel avait dévolu sa fortune à la dotation de quatre prix annuels, récompensant une réalisation exceptionnelle dans les domaines de la physique-chimie, la médecine, la littérature et la promotion de la paix.

Le temps de la neutralité

23 mai 1901 : La Suède instaure un service militaire universel et obligatoire, mais la rupture qui interviendra bientôt avec la Norvège remettra en cause ce nouveau système.
24 mars 1903 : La Norvège met en place son propre corps consulaire.
1904 : Réforme de l’enseignement secondaire en Suède, accordant notamment une place plus importante aux sciences et aux langues vivantes.
7 juin 1905 : Le Störting de Norvège rompt unilatéralement avec la Suède, au terme d’une union qui avait commencé en 1814. En août, un référendum populaire confirme la séparation des deux pays. En dépit des pressions des milieux nationalistes, Oscar II adopte une attitude conciliante. C’est la fin de l’Union.

Les relations historiques complexes entre Norvège et Suède
La Norvège avait été un royaume médiéval indépendant où une première ébauche d’Etat s’était formée dès le Xe siècle, sous l’autorité de Harald à la Belle Chevelure. Il avait pu préserver son indépendance jusqu’au règne d’Haakon VI, mais s'était ensuite retrouvé intégré, à la fin du XIVe siècle, à l'Union de Kalmar qui regroupait les trois pays scandinaves et qui dura, sous l’égide danoise, jusqu’en 1523, quand la Suède retrouva, avec Gustave Vasa, sa pleine indépendance. L’union entre la Norvège et le Danemark ne fut dissoute qu’en 1814. A cette date, Bernadotte impose en effet au Danemark qu’il a attaqué en 1813 le traité de Kiel, dont l’article 4 cède la Norvège au roi de Suède (l’Islande, les Feroë et le Groenland restant au Danemark). Avec une frontière occidentale sécurisée, la Suède n’a plus à craindre l’ennemi héréditaire danois, et le rattachement, à titre personnel, de la Norvège à la Suède semble compenser la perte de la Finlande survenue quelques années plus tôt, le 17 mars 1809, lors de la conclusion de la paix suédo-russe de Fredrikshamm. La Norvège ne l’entend pas ainsi et proclame la constitution libre d’Eidsvoll le 17 mai 1814. La guerre entamée en juillet ne dure pas et, le 14 août, la Norvège se résigne, par la convention de Moss, à accepter le principe de l’Union, acquise le 6 août 1815. Charles-Jean est donc couronné roi de Suède le 6 février 1818, puis de Norvège le 7 septembre. L’identité norvégienne demeure cependant et s’exprime à travers un combat culturel (la défense de la langue norvégienne) et politique qui aboutit de fait à l’établissement d’un véritable parlementarisme en 1884. Forte d’une brillante prospérité et des succès remportés par ses fils (Ibsen dans le domaine de la littérature, Nansen et Amundsen dans celui des explorations polaires), la Norvège espère voler de ses propres ailes et la dépendance dans laquelle sa marine marchande se trouve vis-à-vis du réseau consulaire suédois va fournir l’occasion d’une première étape de la rupture entre les deux pays. La crise conduit à la démission du gouvernement norvégien, or le monarque suédois ne peut exercer son pouvoir en Norvège que par l’intermédiaire d’un gouvernement responsable. Le Storting norvégien vote donc à l’unanimité, le 7 juin 1905, la dissolution de l’Union. Le Riksdag suédois conteste cette décision unilatérale, mais une commission de vingt-quatre membres envisage de l’accepter si elle est sanctionnée par un référendum. Le 13 août, par 368 208 oui contre 184 non, les Norvégiens choisissent l’indépendance et des négociations peuvent s’ouvrir à Karlstadt pour mettre celle-ci en œuvre. Le 26 octobre, Oscar II renonce à la couronne norvégienne et, le 18 novembre, c’est Carl, deuxième petit-fils du roi Christian IX de Danemark, qui est proclamé roi de Norvège par le Storting. Il prend le nom de Haakon VII, Haakon VI ayant été le dernier souverain de la période lointaine de l’indépendance. Son épouse Maud, fille d’Edouard VII d’Angleterre, et lui-même sont couronnés à Trondheim le 25 novembre 1905. A l’issue d’une union de quatre-vingt-onze ans, les deux royaumes se séparent pacifiquement, ce qui vaudra au roi de Suède Oscar II d’être proclamé « monarque de la paix » en 1907, lors de la Deuxième Conférence internationale de La Haye.
18 septembre 1905 : Naissance à Stockholm de l’actrice Greta Garbo. Elle jouera notamment dans La rue sans joie de G. W Pabst, puis dans Anna Karénine (1927), Grand Hôtel (1932), ou encore La Reine Christine (1933).
Automne 1905 : Libéraux et sociaux-démocrates remportent les élections. Le libéral Karl Staaff est nommé Premier ministre.
1906-1907 : Publication du Merveilleux Voyage de Nils Holgersson de la romancière Selma Lagerlöf.
29 octobre 1907 : La Russie et l’Allemagne signent un accord secret prévoyant un statu quo dans la Baltique. La Russie obtient de l’Allemagne l’autorisation de remilitariser l’archipel d’Äland.
8 décembre 1907 : Mort du roi Oscar II et avènement de Gustave V.
Janvier 1908 : La Suède est avertie des pourparlers en cours entre l’Allemagne et la Russie. L’opinion se mobilise. La France et la Grande-Bretagne se prononcent contre la remilitarisation d’Aland.
1908-1913 : Augmentation de 60 % de la production de minerai de fer. Les deux tiers des exportations sont destinées à l’Allemagne.
23 avril 1908 : L’Allemagne, le Danemark, la Russie et la Suède parviennent à un accord garantissant leurs possessions respectives dans la Baltique (Östersjötraktaten). Aland ne sera finalement pas remilitarisée. Le même jour, l’Allemagne, l’Angleterre. Le Danemark, la France, les Pays-Bas et la Suède signent un traité équivalent à propos de la mer du Nord (Nordsjötraktaten).
27 avril-31 octobre 1908 : Quatrièmes jeux Olympiques de Londres : la Suède y gagne huit médailles d’or, six d’argent et onze de bronze. Pendant plusieurs décennies, les athlètes suédois vont occuper une place de choix dans le nouveau monde du sport qui est en train de se développer et c’est un auteur d’origine suédoise, Thorstein Veblen, qui théorisera le premier l’émergence de la « société du loisir ».
1909 : Inauguration de la ligne Trellenborg-Sassnitz (Suède-Allemagne). Au terme de deux années de récession, la Suède connaît des troubles sociaux.
1908-1910 : Rafraîchissement des relations entre la Russie et la Suède. La Russie s’emploie à renforcer son emprise politique, militaire et juridique sur la Finlande. Inquiète, la Suède se rapproche progressivement de l’Allemagne.
17 novembre 1910 : Le chef d’état-major suédois rencontre von Moltke à Berlin pour négocier une convention militaire en cas de conflit avec la Russie. Aucun accord n’est finalement trouvé.
1910-1914 : La Suède connaît une période de forte croissance économique, en raison notamment du dynamisme de ses exportations de matières premières (minerai de fer, bois).
Novembre 1910 : La commission Lundeberg préconise un allongement du service militaire et la mise en construction d’un nouveau type de cuirassés, les F-bäten, ce à quoi s’opposent les sociaux-démocrates et une partie des libéraux
Octobre 1911-1914 : Deuxième cabinet Staaff. Le libéral Albert Ehrensvärd est nommé ministre des Affaires étrangères.
Décembre 1911 : Staaff crée quatre commissions d’enquête (Försvarsberedningar) chargées d’étudier la capacité financière du pays et la faisabilité des programmes militaires en cours. La construction du F-bät est interrompue.
Janvier 1912 : Une grande souscription nationale est lancée dans le but de relancer le programme de réarmement naval. 17 millions de couronnes sont ainsi réunies. Parallèlement, le « Mouvement pour la défense nationale » (Försvarsrörelsen) fait pression en faveur d’un rapprochement avec l’Allemagne. Ce courant « activiste », qui mène campagne sur le thème du « danger russe », rencontre un certain écho au sein de la population. Sven Hedin, le célèbre explorateur de l’Asie Centrale, de sensibilité germanophile, publie une brochure intitulée Un mot d’avertissement qui met en garde l’opinion contre la « menace russe ».
14 mai 1912 : Mort du dramaturge et romancier August Strindberg, auteur de La Chambre rouge (Röda rummer), véritable manifeste naturaliste.
Octobre 1912 : Première guerre balkanique : Staaff réaffirme la neutralité de la Suède.
Décembre 1912 : Staaff conclut avec le Danemark et la Norvège un traité de neutralité commune.
21 décembre 1913 : Staaff se prononce en faveur de l’allongement du service militaire (sauf dans l’infanterie) et alloue un budget annuel de cinq millions de couronnes à la construction d’une flotte cuirassée et à la mise en place de nouvelles fortifications sur la frontière finlandaise.
6 février 1914 : Réclamant une politique plus énergique encore sur le plan militaire, 30 000 personnes manifestent devant le palais royal. Gustave V leur donne raison.
10 février 1914 : Désavoué par le roi, Staaff remet la démission de son cabinet. Gustave V demande au conservateur Hjalmar Hammarskjöld de former un nouveau gouvernement.
Mai 1914 : Hammarskjöld propose un allongement du service militaire dans l’infanterie. Il se heurte à l’opposition du Riksdag.
31 juillet 1914 : Stockholm proclame sa neutralité face au conflit austro-serbe.
1er août 1914 : Déclaration de guerre de l’Allemagne à la Russie, deux jours après la décision russe de mettre en œuvre la mobilisation générale.
3 août 1914 : Le gouvernement suédois réaffirme sa neutralité. L’Angleterre, la Russie et la France s’engagent à respecter cette dernière. Une mobilisation partielle est toutefois décrétée.
20 août 1914 : L’Allemagne accepte à son tour de garantir la neutralité suédoise.
Septembre 1914 : La majeure partie des exportations suédoises de minerai de fer continuant à être acheminée vers l’Allemagne, l’Angleterre prend la décision de considérer celles-ci comme relevant de la « contrebande ». Les cargos suédois sont arraisonnés, détournés et, parfois, coulés. Dans l’opinion, les représentants des producteurs, étroitement liés à l’Allemagne, s’opposent à ceux des consommateurs.
12 septembre 1914 : Nouvelle loi de programmation militaire : l’armée suédoise est réorganisée et renforcée.
8 décembre 1914 : Un modus vivendi est conclu avec la France et l’Angleterre qui acceptent d’assouplir leurs positions.
1915 : L’Allemagne tente de rallier la Suède à sa cause. L’opinion suédoise a été à la fois favorable à la Belgique, petit pays neutre agressé par l’Allemagne, hostile à la Russie perçue comme une puissance menaçante et, finalement, plutôt favorable à l’Allemagne qui est un partenaire commercial important, principal acheteur du minerai de fer suédois.
29 août 1915 : naissance à Stockholm de l’actrice Ingrid Bergman.
13 avril 1916 : Une « loi sur le commerce en temps de guerre » (Krigshandelslagen) est promulguée.
Mars 1916 : L’Entente ayant décidé de durcir son blocus contre l’Allemagne, la situation économique de la Suède se détériore.
2 mai 1916 : Le renforcement de la présence russe dans l’archipel d’Aland provoque la colère du Riksdag.
Octobre 1916 : La Suède amorce des négociations avec l’Entente.
6 avril 1917 : Entrée en guerre des Etats-Unis.
15 janvier 1917 : Rationnement du pain en Suède. La pénurie alimentaire s’accentue.
31 janvier 1917 : Les Allemands se lancent dans une guerre sous-marine à outrance, qui porte le coup de grâce au commerce extérieur suédois.
5 mars 1917 : Démission du gouvernement Hammarskjöld, suite au refus des deux chambres de voter des crédits militaires supplémentaires. Hammarskjöld est, en fait, victime d’une cabale anglophile montée par la gauche et les milieux d’affaires. Carl Lindman lui succède.
Avril 1917 : Nouvelle crise sociale, provoquée par le rationnement et la vie chère. De nombreuses manifestations ont lieu dans les grandes villes du pays.
8 mai 1917 : Un shipping agreement est conclu avec l’Angleterre. La situation économique s’améliore légèrement.
Octobre 1917 : Défaite électorale des conservateurs ; constitution d’un ministère de gauche sous la présidence de Nils Edén. Le nouveau gouvernement réaffirme sa neutralité, mais prévoit de « moduler » ses échanges commerciaux.
31 octobre 1917 : La population d’Aland demande son rattachement à la Suède.
6 décembre 1917 : Déclaration d’indépendance de la Finlande qui prétend exercer sa souveraineté sur l’archipel d’Aland.
15 décembre 1917 : Un armistice est conclu entre la Russie et l’Allemagne.
1918 : La grippe espagnole fait 38 000 morts en Suède.
4 janvier 1918 : La Suède est contrainte de reconnaître l’indépendance de la Finlande. Celle-ci est alors au bord de la guerre civile. La région d’Helsinki est contrôlée par un gouvernement socialiste insurgé. Mannerheim et ses partisans « blancs » doivent trouver refuge dans la région de Vasa, dans le Nord-Ouest du pays. Sollicité par Mannerheim, Nils Edén refuse d’intervenir.
5 mars 1918 : Des troupes allemandes débarquent à Aland dont la population est accusée par les Finlandais de « trahison » pour avoir demandé à être rattachée à la Suède.
29 mai 1918 : Accord commercial entre la Suède et l’Angleterre : après avoir accepté de restreindre ses exportations à destination de l’Allemagne, la Suède obtient la permission d’importer des céréales et du charbon.
14 juillet 1918 : Naissance à Uppsala du futur réalisateur Ingmar Bergman.
11 novembre 1918 : Armistice sur le front Ouest. Le sort d’Aland demeure provisoirement en suspens.
Juin 1919 : Consultée par référendum, la population d’Aland se prononce à 95 % pour le rattachement à la Suède.
Juillet 1919 : Des élections locales sont organisées avec un corps électoral considérablement élargi. Le S.A.P. domine dorénavant les deux chambres.
Mars 1920 : Démission du Premier ministre Nils Edén. Un gouvernement social-démocrate homogène et minoritaire est formé par Karl Hjalmar Branting. La durée maximale du travail est fixée à huit heures par jour, et à quarante-huit heures par semaine.
20 avril 1920 : Début des Septièmes jeux Olympiques à Anvers (Belgique) : la Suède remporte dix-neuf médailles d’or, vingt d’argent et vingt-cinq de bronze.
1er mai 1920 : Mort de la princesse héritière Marguerite.
Septembre 1920 : Inquiet d’un projet de nationalisation des moyens de production, l’électorat sanctionne les sociaux-démocrates au pouvoir. Ceux-ci s’étaient pourtant montrés relativement prudents. Le modéré Louis De Geer forme un nouveau gouvernement.
Février 1921 : De Geer se retire. Il est remplacé par Oscar von Sydow
8 mai 1921 : La Suède abolit la peine de mort.
Octobre 1921 : Les femmes obtiennent le droit de vote. Lors des élections législatives, les sociaux-démocrates l’emportent et Branting revient au pouvoir.
1922 : La Suède est frappée de plein fouet par la dépression de l’après-guerre. Le pays compte 160 000 chômeurs. La Société des Nations rétrocède l’archipel Aland à la Finlande.
Aout 1922 : Un référendum consultatif aboutit au retrait d’un projet de prohibition totale des boissons alcoolisées.
Avril 1923 : Incapable de faire voter son projet d’assurance-chômage, Branting démissionne. Un gouvernement conservateur minoritaire est formé par Ernst Trygger.
Juin 1923 : Le prince héritier Gustave Adolphe épouse Lady Louise Mountbatten, en Angleterre.
1924 : La Suède reconnaît le gouvernement soviétique. Elle convient même d’un accord commercial avec l’Union Soviétique.
25 janvier au 4 février 1924 : Les Premiers jeux Olympiques d’hiver se tiennent à Chamonix. La Suède obtient une médaille d’or.
4 mai-27 juillet 1924 : Huitièmes jeux Olympiques à Paris. La Suède gagne quatre médailles d’or, treize d’argent et douze de bronze.
Octobre 1924 : Elections générales indécises. Trygger démissionne et Branting revient au pouvoir.
Janvier 1925 : Gravement malade, Branting abandonne le pouvoir et cède la place à son ministre du Commerce, Rickard Sandler. Ce « grand européen », pilier indéfectible de la S.D.N, meurt le 25 janvier.
Mars 1926 : Membre depuis 1922 du Conseil de la S.D.N, la Suède s’oppose à la candidature de la Pologne. Elle est alors accusée de faire le jeu de l’Allemagne. La crise prendra fin en septembre 1926, grâce à la mise en place d’un système de roulement pour l’attribution des places de membres non permanents du Conseil.
Juin 1926 : Chute du gouvernement Sandler. Carl Ekman forme un nouveau gouvernement. Il fait voter une double réforme, fiscale et scolaire, d’inspiration plutôt progressiste, mais aussi une refonte du droit du travail qui scandalise les sociaux-démocrates.
14 avril 1927 : Naissance à Göteborg de la Jakob, première voiture produite en série par Volvo. Deux cent exemplaires sont fabriqués, vendus chacun 4 800 couronnes.
Février 1928 : Deuxièmes jeux Olympiques d’hiver à Saint-Moritz (Suisse). La Suède remporte deux médailles d’or, deux d’argent et une de bronze.
Octobre 1928 : Succès électoral des conservateurs. Carl Ekman démissionne. Arvid Lindman forme un gouvernement de droite.
1929-1930 : La Suède est touchée par la crise économique mondiale. Lindman est renversé. Ekman revient au pouvoir.
10 avril 1929 : Naissance à Lund de l’acteur Max Von Sydow.
1930 : La Suède compte plus de six millions d’habitants.
22 décembre 1930 : La Suède signe la Convention d’Oslo, prohibant, en principe, toute augmentation des tarifs douaniers.
1931 : Nombreux mouvements sociaux provoqués par la hausse du chômage et la baisse des salaires. L’armée intervient et tire sur des manifestants à Adalen. Le Riksdag décide alors de créer une police d’Etat pour gérer les conflits sociaux.
Mars 1932 : Le suicide d’Ivar Kreuger, dont le groupe industriel – 60 % de la production mondiale d’allumettes – vient de connaître une faillite retentissante, provoque une grave crise politique. Accusé d’avoir reçu des subsides de Kruger, Ekman est contraint à la démission en août. Son ministre des Finances, Felix Hamrin, lui succède provisoirement.
Septembre 1932 : Victoire du S.A.P aux législatives. Per Albin Hansson est nommé premier ministre. Les sociaux-démocrates sont au pouvoir pour un demi-siècle.
20 octobre 1932 : Le prince Gustave-Adolphe épouse la princesse Sibylle de Saxe-Coburg-Gotha.
1933 : Le nombre de chômeurs n’a cessé de croître depuis 1930 : 187 000 personnes ont perdu leur emploi.
Mai 1933 : Un compromis est trouvé entre le S.A.P et le parti paysan. Une politique volontariste est mise en place : retour au protectionnisme, grands travaux et constitution de monopoles étatiques.
1934 : La Suède adopte un système d’assurance-chômage subventionné par l’Etat.
1935 : Augmentation sensible des retraites.
1935 : Le taux de fécondité suédois est le plus bas du monde.
1936 : Les ministres des Affaires étrangères suédois, danois et norvégiens réaffirment, dans une déclaration commune, leur neutralité.
19 juin 1936 : Après avoir appelé en vain au réarmement de la Suède, Per Albin Hansson est contraint à la démission. Le leader paysan Pehrsson-Bramstorp lui succède et forme un gouvernement de coalition.
Août 1936 : Onzièmes jeux Olympiques de Berlin : la Suède remporte six médailles d’or, cinq d’argent et neuf de bronze.
Septembre 1936 : Victoire sociale-démocrate aux élections. Per Albin Hansson est rappelé.
1937 : Afin d’encourager la natalité, un généreux système d’allocations familiales est instauré.
1938 : Deux semaines de congés payés sont accordées aux salariés.
31 mai 1939 : Le Danemark conclut un pacte de non-agression avec l’Allemagne.
2 juin 1939 : La Suède doit renoncer au « plan de Stockholm » qui prévoyait une collaboration militaire avec la Finlande pour garantir la neutralité de l’archipel d’Aland.
1er septembre 1939 : L’Allemagne envahit la Pologne. La Suède réaffirme sa neutralité.
3 septembre 1939 : La France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne.
30 novembre 1939 : Les troupes soviétiques pénètrent en Finlande et menacent l’archipel d’Aland. Au grand désespoir des Finlandais, la Suède refuse d’intervenir.
Décembre 1939 : La Suède envoie 100 000 hommes à la frontière finlandaise.
11 décembre 1939 : Un accord est conclu entre les différents partis. Per Albin prend la tête d’un gouvernement d’Union nationale
1940 : Début du rationnement alimentaire en Suède.
Février 1940 : La Suède interdit aux troupes françaises et anglaises de traverser le territoire suédois pour venir en aide à la Finlande.
12 mars 1940 : Isolée, la Finlande est obligée de signer un douloureux traité de paix avec l’URSS.
Avril 1941 : Invasion du Danemark. Per Albin réaffirme solennellement que la Suède s’opposera par la force à toute violation de sa neutralité. Des troupes suédoises sont massées aux frontières sud et ouest du pays.
Juin 1941 : Face aux pressions du Reich, la Suède est contrainte d’accepter le transit de troupes allemandes sur son territoire. Les hostilités reprennent entre l’Union Soviétique et la Finlande.
Décembre 1941 : Entrée en guerre des Etats-Unis.
5 août 1943 : La Suède interdit le passage de troupes et de matériels de guerre allemands sur son territoire.
Septembre 1944 : Les élections législatives sont marquées par un léger recul du S.A.P et une forte poussée du Parti communiste. Le nouveau Riksdag décide de porter le droit de vote à vingt-et-un ans.
19 septembre 1944 : Armistice entre l’URSS et la Finlande. Le statut d’Aland n’est pas modifié.
Automne 1944 : La Suède accueille de nombreux réfugiés. Bernadotte et Raoul Wallenberg mènent une courageuse action humanitaire dans l'Europe occupée. Le premier se consacre surtout aux millions de réfugiés d’Allemagne orientale fuyant l’avance de l'Armée rouge alors que le second organise en Hongrie, sous couvert de ses activités industrielles, la mise à l’abri de nombreux Juifs qui échappent ainsi à la déportation.
8 Mai 1945 : L’Allemagne capitule.
Février-juillet 1945 : Vaste mouvement de grève dans le secteur métallurgique.
Juillet 1945 : Per Albin Hansson forme un nouveau cabinet. Tage Erlander entre au gouvernement.
5 octobre 1946 : La Suède accorde un crédit d’un milliard de couronnes à l’U.R.S.S. Per Albin entend ainsi dynamiser les exportations suédoises.
6 octobre 1946 : Décès soudain de Per Albin Hansson ; Tage Erlander prend la tête du gouvernement. Les retraites sont revalorisées pour garantir l’autonomie des personnes agées.
Novembre 1946 : La Suède devient membre de l’O.N.U.
1947 : En dépit des pressions exercées par l’URSS, la Suède accepte le plan Marshall. Elle refuse toutefois le projet d’union douanière européenne. Un nouveau système d’allocations familiales est mis en place.
1948-1949 : De longues négociations entre la Suède, le Danemark et la Norvège, visant à établir un projet d’union de défense commune des Etats scandinaves, n’aboutissent finalement pas.
1948 : Fin du rationnement du pain en Suède.
Septembre 1948 : Les libéraux critiquent le dirigisme du gouvernement et l’alourdissement des impôts. Ils progressent lors des élections, mais les sociaux-démocrates conservent la majorité.
1949 : Fin du rationnement du beurre et de la viande.
Avril 1949 : La Norvège et le Danemark rallient le pacte Atlantique.
1950 : Création d’un régime général d’assurance-maladie ; grande réforme scolaire ayant pour but la mise en place d’une « école unique ». Cette réforme sera effective en 1962.
1951-1952 : Flambée de l’inflation.
1951 : L’écrivain suédois Pär Lagerkvist obtient le prix Nobel de littérature.
30 janvier 1951 : La Suède refuse de condamner l’intervention chinoise en Corée.
Avril 1951 : Traité de Paris et création de la C.E.C.A., La Suède se tient à l’écart des négociations.
28 septembre 1951 : Remaniement du gouvernement Erlander : quatre ministres paysans entrent au gouvernement. C’est la coalition dite « rouge-verte ».
1956 : Les Suédois soutiennent le projet britannique de création d’une zone de libre-échange entre les pays de l’O.E.C.E.
Octobre 1957 : Suite à l’adoption par référendum d’un projet de réforme du système des pensions (tout salarié âgé de soixante-sept ans aura droit à une retraite correspondant à 65 % de ses quinze meilleures années), la coalition rouge-verte se disloque. Le gouvernement est désormais exclusivement social-démocrate.
1958 : Le premier magasin IKEA est ouvert à Almhult.
Juin 1958 : Des élections anticipées sont organisées. Les sociaux-démocrates obtiennent une courte victoire.
1960 : Nouveau succès électoral du S.A.P. La pression fiscale s’accentue, avec, notamment, une hausse sensible des impôts indirects.
4 janvier 1960 : Création de l’Association européenne de libre-échange (A.E.L.E) à Stockholm.
1961 : La Suède refuse d’entrer dans la C.E.E., qualifiée de « club de riches » par les sociaux-démocrates. Elle propose toutefois une association avec la C.E.E., notamment sur le plan commercial et douanier, à la condition que sa neutralité en cas de conflit international soit maintenue. La France rejettera ces conditions.
1961 : Dag Hammarskjoeld reçoit, à titre posthume, le prix Nobel de la Paix. Financier puis diplomate, il a succédé en 1953 au Norvégien Trygve Lie au poste de secrétaire général de l’ONU avant de voir son mandat renouvelé à l’unanimité en 1957. Issu d’un pays neutre, les deux Grands engagés dans la guerre froide attendent de lui qu’il se consacre exclusivement à la gestion administrative de l’ONU dont l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité sont, de fait, paralysés dans le contexte de l’affrontement entre l’Occident et le bloc soviétique. Il ne se résigne pas à cette situation et entend donner une véritable dimension à sa fonction, multipliant les missions de bons offices et parvenant à apaiser certains conflits sans être pour autant en mesure de remettre en cause l'opposition structurelle entre les deux Grands. Fortement engagé dans l’affaire de la guerre civile qui a éclaté dès l’indépendance du Congo ex-belge en 1960, c’est en allant négocier avec le leader sécessionniste katangais Moïse Tshombé qu’il disparaît dans un accident d’avion à l’automne de 1961.
1962-1969 : Essor économique de la Suède. Nouvelle réforme du système des retraites.
1964 : Une ambitieuse politique d’aménagement du territoire est mise en place.
1965 : IKEA ouvre son premier magasin à Stockholm.
1967 : Après l’avoir refusée à 83 % lors d’un référendum organisé en 1955, les automobilistes suédois se prononcent finalement en faveur de la conduite à droite.
27 juillet 1967 : La Suède négocie une adhésion conditionnelle à la C.E.E. Sa demande est à nouveau rejetée.
1968 : Dixièmes jeux Olympiques d’hiver à Grenoble. La Suède se distingue avec trois médailles d’or, deux d’argent et trois de bronze.
1968-1969 : Réforme de la Constitution suédoise : le nombre de députés est fixé à 350, dont 40 élus au scrutin proportionnel. Le Parlement ne comprend plus désormais qu’une seule Chambre.
1969 : Le parti conservateur suédois prend le nom de « parti modéré ».
21 juin 1969 : Mort d’Erlander. Le parti social-démocrate confie à Olof Palme la direction du gouvernement.
1970 : Les sociaux-démocrates perdent la majorité absolue au parlement. Olof Palme demeure Premier ministre, mais se trouve à la tête d’un gouvernement minoritaire. Soucieux de juguler l’inflation, il décrète un gel des prix et des services.
Février 1971 : Grève des fonctionnaires.
1972 : Fin du blocage des prix des denrées alimentaires : l’inflation reprend de plus belle.
22 juillet 1972 : A défaut d’adhésion à la C.E.E, un accord de libre-échange est conclu avec Bruxelles.
Septembre 1973 : Le roi Gustave VI meurt, après vingt-trois ans de règne. Charles XVI Gustave, son petit-fils, lui succède. Des élections au Riksdag sont organisées. Les sociaux-démocrates perdent sept sièges et se retrouvent à égalité avec l’opposition conservatrice. Palme demeure cependant au pouvoir.
1974 : Olof Palme parvient à un accord avec les libéraux sur la politique économique et fiscale.
1975 : Rudolf Meidner propose la constitution de « fonds salariaux » visant à permettre aux salariés de devenir, à terme, propriétaires des moyens de production. Les libéraux s’y opposent.
1976 : Le pays accuse une balance des paiements déficitaire de neuf milliards de couronnes. Le taux de chômage augmente. Face aux conséquences du choc pétrolier, un programme nucléaire plus ambitieux est mis en place.
19 juin 1976 : Le roi Charles XVI Gustave épouse l’Allemande Sylvia Sommerlath.
Juillet 1976 : Le Suédois Björn Borg remporte le tournoi de tennis de Wimbledon.
8 octobre 1976 : Les sociaux-démocrates sont battus aux élections. Un cabinet de coalition, mené par Thorbjörn Fälldin, est constitué.

Le modèle social suédois
Les élections de 1976 marquent la fin d’une hégémonie sociale-démocrate qui a duré pendant quarante-quatre ans depuis l’arrivée au pouvoir en 1932 de Per Albin Hansson, auquel a succédé, de 1946 à 1969, Tage Erlander, lui-même remplacé par Olof Palme, son dauphin au sein du parti. La Suède a vu se mettre en place, au long de ces décennies, un « modèle social » souvent donné en exemple à l’extérieur dans la mesure où il semblait limiter les effets du « capitalisme », sans tomber pour autant dans les dérives liberticides des régimes communistes. Pour mettre en œuvre leur politique de plein emploi et de « démocratie économique », les sociaux-démocrates suédois devaient cependant recourir à une très forte pression fiscale qui risquait de décourager l’initiative et le travail. Le système de redistribution mis en place se voulait, en effet, très généreux en matière de pensions de vieillesse, d’allocations familiales, de congés payés (trois semaines à partir de 1951, ce qui ne sera obtenu en France que cinq ans plus tard), d’assurance chômage ou d’assurance maladie obligatoire. La garantie d’une retraite correspondant à 65 % des revenus des quinze meilleures années et l’effort réalisé en matière de démocratisation scolaire vinrent également aggraver le coût élevé d’une telle politique, poursuivie à la faveur de la grande croissance postérieure à 1945 dont la Suède, qui n’avait pas connu les affres de la guerre, put, elle aussi, profiter pleinement. La situation commença à se détériorer à la fin des années soixante, à la veille du premier choc pétrolier. Les prix alimentaires augmentèrent de 30 % entre 1968 et 1973 et le chômage apparut, alors que la permanence du plein emploi avait constitué jusque là le principal argument électoral des sociaux-démocrates. Le résultat fut que ceux-ci se retrouvèrent à égalité avec leurs opposants lors des élections de 1973. Ils tentèrent de relever le défi en proposant de généraliser la cogestion et de créer des « fonds salariaux » constitués par des prélèvements sur les bénéfices des entreprises et ayant pour vocation de permettre l’accès des travailleurs à la propriété collective des moyens de production. Dans le même temps, la logique qui présidait à la mise en œuvre de ce programme poussait Ingmar Bergman à quitter la Suède au printemps de 1976 pour protester contre la pression fiscale devenue insupportable. On comprend, dans ces conditions, la défaite subie en 1976 par les défenseurs de cette politique. Les sociaux-démocrates reviendront ensuite au pouvoir à plusieurs reprises, mais ils seront alors contraints d’appliquer une politique de rigueur bien différente de celle qui avait été la leur durant les années fastes du « modèle social suédois ».


Avril 1977 : Le gouvernement Fälldin propose un plan d’austérité : la couronne est dévaluée de 5,7 % et les prix sont bloqués jusqu’en juin.
Août 1977 : Toujours dans le dessein d’endiguer la crise économique, les dépenses publiques sont réduites et la couronne à nouveau dévaluée.
1978 : Les deux dévaluations successives portent leurs fruits, et l’économie suédoise reprend son essor.
5 octobre 1978 : Face au refus de ses alliés d’organiser un référendum sur la poursuite du programme nucléaire, Fälldin démissionne. Le nouveau chef du parti libéral, Olla Ullsen, lui succède.
1979 : Le second choc pétrolier entraîne une nouvelle dégradation de la situation économique.
16 septembre 1979 : Les libéraux remportent à une courte majorité les élections législatives. Fälldin est désigné pour former un nouveau cabinet.
Mars 1980 : 58,6 % des Suédois se prononcent en faveur de la poursuite du programme nucléaire, mais 39 % réclament le démantèlement progressif des réacteurs actuellement en service au profit des énergies de substitution.
Automne 1980 : Afin d’atténuer le déficit budgétaire du pays (10 % du P.N.B), le gouvernement Fälldin lance un plan de compression des dépenses publiques.
1981 : Fälldin présente un plan économique visant à augmenter les exportations et à réduire le taux de chômage. Le déficit budgétaire s’accroît néanmoins (13 % du P.N.B).
27 octobre 1981 : Le sous-marin soviétique Whiskey 137 s’échoue près de la base navale suédoise de Karlskrona.
19 septembre 1982 : Victoire aux élections des sociaux-démocrates conduits par Olof Palme.
1982 : Le second gouvernement d’Olof Palme, avec Kjell Olof Feldt pour ministre des Finances, décide de dévaluer la couronne de 16 % afin de relancer les exportations et de favoriser l’emploi. Les prix sont à nouveau gelés pour une durée de six mois.
Avril 1982 : Palme propose la constitution d’un « couloir dénucléarisé » en Europe centrale.
1982-1983 : Déficit budgétaire record en Suède (87 milliards de couronnes). Un actif sur trois travaille pour le secteur public.
4 octobre 1983 : En désaccord avec la politique sociale des sociaux-démocrates, les chefs d’entreprises manifestent leur mécontentement à Stockholm.
1984-1987 : Les échanges commerciaux entre la Suède et la C.E.E. augmentent significativement.
1er janvier 1984 : En dépit de l’opposition des patrons, le projet de « fonds salariaux » est relancé.
Janvier 1984 : Conférence à Stockholm sur le désarmement en Europe (C.D.E.).
2 au 20 mai 1985 : Les fonctionnaires lancent un grand mouvement de grève afin d’obtenir des hausses de salaires.
15 septembre 1985 : Le parti social-démocrate remporte les élections législatives. Le parti modéré essuie un échec cuisant.
1986 : Le taux de chômage en Suède est d’environ 2,5 %.
28 février 1986 : Olof Palme est assassiné. Depuis le meurtre de Gustav III, le 16 mars 1792, c’est la première fois qu’une telle tragédie se produit en Suède. Le geste du meurtrier restera inexpliqué, et donc, a priori, totalement gratuit.
12 mars 1986 : Ingvar Carlsson remplace Olof Palme.
1987 : Carlsson et le ministre des Finances Feldt ébauchent un projet de réforme fiscale visant à baisser l’impôt sur le revenu.
20 mai 1987 : Harmonisation des tarifs douaniers entre les pays membres de la C.E.E. et ceux de l’A.E.L.E – dont la Suède.
1988-1989 : Après de longues années d’austérité, le budget de la Suède redevient excédentaire.
1988 : Les négociations entamées depuis longtemps entre la Suède et la Russie au sujet de leurs zones économiques respectives dans la Baltique (entre Gotland et la Lettonie) aboutissent enfin. 75 % de la zone revient à la Suède.
Mai 1988 : La Palme d’or du festival de Cannes récompense Pelle le Conquérant du Suédois Bille August.
Septembre 1988 : Les sociaux-démocrates conduits par Carlsson remportent les élections. Le Suédois Mats Wilander gagne l’U. S. Open de tennis à New York.
23 novembre 1988 : Le projet de réforme fiscale est mis en œuvre : l’impôt direct d’Etat est totalement supprimé pour les revenus inférieurs à 160 000 couronnes. Cette exonération concerne huit Suédois sur dix.
1989-1990 : En dépit d’un excédent budgétaire de 3,4 milliards de couronnes, la situation économique se dégrade, en raison notamment de la hausse du prix du pétrole. Le niveau élevé du salaire moyen rend les entreprises suédoises peu compétitives sur le plan international.
1990 : La population suédoise atteint 8 590 000 habitants.
8 février 1990 : Le gouvernement propose au Riksdag des mesures énergiques pour lutter contre la crise : gel des prix, des salaires, des loyers et des dividendes, mise entre parenthèses durant deux ans du droit de grève. Ce train de mesures est rejeté et Carlsson est obligé de remanier son gouvernement. Le social-démocrate Allan Larsson succède au ministre des Finances Feldt.
Mars 1990 : La Lituanie proclame son indépendance. Elle obtient l’appui à peine dissimulé de la Suède, en dépit des vigoureuses pressions de l’URSS. Cette période de tensions prendra fin le 6 septembre 1991, quand les Soviétiques reconnaîtront officiellement l’indépendance des trois Républiques baltes.
Printemps 1991 : Un plan d’austérité budgétaire est soumis au Riksdag, mais se heurte au mécontentement croissant de l’opposition.
Juillet 1991 : La Suède est officiellement candidate à l’adhésion à la C.E.E.
15 septembre 1991 : Aux élections législatives, le parti modéré gagne du terrain. Carlsson présente sa démission. Le conservateur Carl Bildt constitue un gouvernement de coalition dit du « trèfle à quatre feuilles », puisqu’il associe les modérés, les libéraux, les centristes et les chrétiens-démocrates.
10 décembre 1991 : La Suède souscrit à un accord de coopération avec les Etats baltes.
11 novembre 1991 : Bildt dépose un projet de loi sur la privatisation du secteur nationalisé. Il entend « désocialiser » le pays.
12 décembre 1991 : Les « fonds salariaux » sont démantelés.
1992 : Grave crise fiscale et économique dans le pays. Des coupes significatives sont réalisées dans les dépenses publiques et les budgets sociaux. La couronne sort néanmoins du S.M.E et perd 10 % de sa valeur en novembre.
Février 1992 : Seizièmes jeux Olympiques d’hiver à Albertville (France) : la Suède gagne une seule médaille d’or et trois de bronze.
7 février 1992 : Conférence de Maastricht. L’Union Européenne (ex C.E.E) examine la candidature de la Suède et de l’Autriche.
Avril 1992 : La Suède assouplit sa politique de neutralité.
2 juin 1992 : Consultés par référendum, les Danois rejettent le traité de Maastricht.
1993 : La couronne poursuit sa chute vertigineuse : elle perd entre 20 et 30 % de sa valeur au cours de l’année. Bildt élabore un budget de crise prévoyant 17 milliards d’économies supplémentaires.
1994 : La dette de l’Etat atteint le chiffre record de 1 207 milliards de couronnes, soit plus de 80 % du P.N.B. Modérés et sociaux-démocrates s’entendent sur un projet de réforme drastique des retraites.
5 mai 1994 : Le Riksdag se prononce en faveur du « partenariat pour la paix » conclu entre la Russie et l’O.T.A.N. La Suède participe à un nombre croissant d’interventions de l’O.N.U.
Septembre 1994 : Les élections générales en Suède voient une progression sensible des sociaux-démocrates. Ingvar Carlsson redevient premier ministre. Il entend « assainir l’économie et faire baisser le chômage ».
13 novembre 1994 : Carlsson organise un référendum sur l’entrée de la Suède dans l’Union Européenne. Au terme d’une campagne disputée, 52,2 % des votants se prononcent en faveur du « oui ».
1995 : Les mariages homosexuels sont autorisés en Suède.
1er janvier 1995 : La Suède, la Finlande et l’Autriche intègrent l’Union Européenne.
1996 : Ingvar Carlsson est renversé. Görran Persson le remplace à la tête du gouvernement.
Décembre 1997 : Le Riksdag refuse de participer à l’union monétaire.
1998 : Görran Persson forme un gouvernement minoritaire, soutenu par les ex-communistes.
1999 : Volvo est rachetée par Ford. La firme Ericsson s’allie avec Microsoft. Le pape Jean-Paul II nomme la suédoise Brigitte sainte patronne de l’Europe.
2000 : L’Eglise de Suède se sépare de l’Etat.
2001 : Le Premier ministre Görran Persson prend la présidence de l’Union Européenne pour six mois (jusqu’en juin). La Suède rejoint l’espace Schengen.
2002 : Görran Persson entame son troisième mandat consécutif. Le ministre du Commerce, Björn Rosengren, propose un démantèlement progressif des réacteurs nucléaires suédois.
10 septembre 2003 : Tandis qu’elle fait ses courses à Stockholm, le ministre des Affaires étrangères Anna Lindt, est grièvement blessée par un inconnu, Mijailo Mijailovic. Elle meurt le lendemain.
14 septembre 2003 : Référendum sur l’abandon de la couronne au profit de la monnaie unique européenne : 56 % des votants se prononcent contre.
2004 : La taxe sur les droits de succession est abolie.
26 décembre 2004 : Le tsunami dans l’océan Indien fait 428 victimes suédoises.
Janvier 2005 : Une très violente tempête ravage une partie du Sud du pays : 250 millions d’arbres sont abattus et 500 000 foyers sont privés d’électricité.
Septembre 2006 : Une coalition de centre-droit conduite par Fredrik Reinfeldt remporte les élections législatives, mettant un terme à douze ans de majorité sociale-démocrate.
Intégrée à l’Union Européenne, mais demeurée à l’extérieur de la zone euro, la Suède a fait le choix de s’écarter du « modèle social » qui a bénéficié pendant plusieurs décennies d’un très large consensus pour faire face aux nouveaux défis de la mondialisation. Comme ses voisins scandinaves, elle semble disposer, pour les relever avec succès, de solides atouts parmi lesquels sa grande capacité d’adaptation n’est pas le moindre. Ce qui n'exclut pas la survenue de crises inattendue. En septembre 2014, les élections législatives ont vu la victoire de justesse des sociaux-démocrates qui ont cependant réalisé l'un de leurs plus mauvais scores depuis un siècle. Après quatre ans qui avaient vu gouverner une coalition de quatre partis de droite et de centre-droit, les syndicalistes Stefan Löfven a formé un gouvernement minoritaire, les sociaux-démocrates et leurs alliés verts ne pesant que 38 % des suffrages à eux deux. Après la mise en minorité du gouvernement sur le vote du budget, du fait de l'opposition de la droite et de l'extrême-droite populiste, le premier ministre a appelé à de nouvelles élections en mars 2015 mais, fin décembre,  il parvient à s'entendre avec l'opposition de droite pour annuler les élections prévues, de crainte que le courant « populiste » ne progresse de manière spectaculaire. Il y a de fait collusion entre la gauche et la droite « de gouvernement » alliées pour défendre le système en place. Dans le contexte de cette situation politique inédite, qui voit la fragilisation des partis institutionnels, l'économie se porte plutôt bien (2,1 % de croissance en 2014, une dette publique à 34 % du PIB, un chômage élevé mais stabilisé). En revanche, l'endettement des ménages apparaît trop important  et entraîne une hausse des prix de l'immobilier. Autant de données qui font que la Suède s'éloigne de son modèle social-démocrate fondé sur la sécurité sociale et la réduction des inégalités.