Avec ses 22 400 000 km2, dont 5 000 000 en Europe, la défunte URSS occupait à elle seule un sixième des terres émergées – soit plus de quarante fois la France – et imposait de plus son autorité aux « pays frères » d’Europe orientale et à la Mongolie extérieure. Au début du XXe siècle, le territoire de l’Empire des tsars englobait la Finlande et la majeure partie de la Pologne… alors que la Russie nouvelle née des événements de 1991 reste, avec ses 17 075 400 km2, le pays le plus étendu du monde. Géant eurasiatique, l’État russe, dont les territoires demeurèrent longtemps confinés dans les bassins des grands fleuves de la Russie d’Europe, n’accédera que tardivement et très incomplètement aux mers libres. Son immensité, sa continentalité, son ouverture vers les vastes étendues des steppes méridionales et orientales, mais aussi sa situation en latitude très septentrionale commanderont dans une large mesure le déroulement d’une histoire qui verra son centre de gravité passer successivement de Kiev à Moscou et à Saint-Pétersbourg avant que le pouvoir soviétique ne redonne à Moscou la fonction capitale qui fut la sienne dans la lente émergence d’un Empire étendu de l’océan Arctique aux déserts d’Asie centrale et des forêts baltiques aux horizons infinis de l’espace sibérien.
L'Immensité de l'espace russe
Il serait hors de propos de prétendre présenter ici un tableau géographique complet de l’espace russe à son apogée et c’est dans sa partie européenne – qui, étendue de la Biélorussie à l’Oural et de la mer Blanche aux rives septentrionales de la Caspienne et de la mer Noire, constitue son foyer originel – qu’il convient de rechercher les grands déterminismes naturels qui ont fait de l’histoire de la Russie une aventure spécifique, une unité de destin dans l’universel. Cet espace fait partie de la grande plaine eurasiatique qui s’étend depuis la Sibérie occidentale aux Pays-Bas et dont la continuité est à peine entamée par la longue ride méridienne d’altitude modeste que forme l’Oural. La « table russe » se caractérise par son extrême platitude et par sa très faible altitude : elle n’atteint nulle part 400 m et les accidents de relief tels que les falaises qui dominent la rive droite des cours inférieurs de la Volga, du Don et du Dniepr ne dépassent jamais cent mètres. Les massifs anciens de la presqu’île de Kola ou de Volhynie-Ukraine ne sont plus que des vestiges arasés par l’érosion et c’est au sud-ouest où se dressent les Carpathes ou au sud, en Crimée, où la chaîne Taurique s’élève à 1 543 m qu’il faut rechercher de véritables montagnes. Au sud-est, enfin, les hauteurs du Caucase ne seront atteintes et contrôlées que tardivement par les Russes. Au nord-ouest, quelques croupes morainiques ont donné naissance aux lacs Ladoga, Onega, Ilmen ou Peipous, alors que la faiblesse de la pente des cours d’eau explique leur lenteur et leur régularité, l’immensité de leur bassin assurant par ailleurs la puissance de leur débit. À l’est, l’Oural ne constitue pas une barrière, même s’il a été choisi par convention pour marquer la frontière de l’Europe et de l’Asie. Son altitude varie le plus souvent de 800 à 1 500 m et son franchissement ne pose guère de problèmes, ses sommets les plus élevés (1 894 m) se dressant au nord de la chaîne – dans des zones proches du cercle polaire – ou tout à fait au sud (1 642 m). L’étirement en latitude et la continentalité déterminent les caractères du climat et de la végétation et permettent d’expliquer la diversité des milieux naturels. La rigueur des températures hivernales – il gèle 172 jours par an à Moscou dont près de 150 jours consécutifs – et l’enneigement prolongé – 140 jours par an à Moscou – font place à un rapide dégel – la période dite de la raspoutitsa au cours de laquelle la boue est reine pendant trois semaines à un mois –, lui-même suivi d’un été très chaud, accentué par l’ensoleillement prolongé propre aux hautes latitudes. Avec ses hivers rudes et ses saisons intermédiaires courtes, le climat assure une période végétative suffisante pour garantir, sur d’immenses espaces, une production agricole massive, caractéristique, dès le IIIe millénaire avant J.-C., des riches terres s’étendant au nord de la mer Noire. Gelées pendant neuf à dix mois de l’année, les toundras du nord proches des côtes arctiques sont le domaine des éleveurs de rennes. Le retour du soleil et sa permanence estivale transforment en un vaste marais peuplé de lichens ou de bouleaux nains ces régions peu accueillantes. L’immense forêt de conifères – la taïga en Sibérie – s’étend plus au sud, sur une distance de plus de 1 500 km en Europe. Du sud du golfe de Finlande à la latitude d’Orel, la forêt de feuillus, formée principalement de bouleaux, supplante progressivement les conifères. C’est dans les clairières créées par les premiers défrichements que les hommes cultivent les podzols, les pauvres sols « gris », acides et d’origine glaciaire correspondant à la forêt de conifères ou les sols « bruns » plus fertiles exploités là où poussaient les feuillus. Plus au sud, les « steppes » de Russie méridionale et d’Ukraine se rapprochent davantage de la « prairie » nord-américaine que de l’espace végétal correspondant à un climat semi-aride auquel fait davantage penser cette dénomination. C’est l’espace des « terres noires », les tchernozioms, qui ont fait la richesse agricole de l’Ukraine et des régions qui la prolongent entre Don et Volga. La steppe – au sens que les géographes donnent généralement à ce mot – apparaît au sud du coude que forme la Volga à hauteur de l’ancienne Tsarytsine – rebaptisée Stalingrad, puis Volgograd. Elle annonce le passage progressif au désert, dans les vastes étendues qui s’étendent de la Caspienne à la mer d’Aral, appelées à devenir au XIXe siècle l’un des terrains d’expansion privilégiés de la puissance russe. Limité par la rigueur du climat, le potentiel agricole des terres russes n’en paraît pas moins considérable, du fait de la seule extension en superficie de la Russie d’Europe. Cette capacité de production – une fois assurée, face à l’Asie des nomades des steppes toujours menaçante, la sécurité de ces marches orientales de l’Europe – permettra, à partir de la fin du XVIIIe siècle, un prodigieux essor démographique. Les abondantes ressources dont dispose le sous-sol, dans l’Orual ou en Ukraine, fourniront quant à elles les moyens d’un décollage industriel de grande ampleur, entamé à la fin du XIXe siècle.
De Kiev à Moscou, la lente émergence de la Russie médiévale
Alors
qu’une civilisation néolithique de paysans sédentaires se
développe à partir du IVe millénaire avant J.-C. dans
les vastes plaines qui s’étendent au nord des côtes
septentrionales de la mer Noire, des envahisseurs successifs viennent
s’imposer au fil des siècles, notamment à partir du premier
millénaire avant J.-C., aux agriculteurs et aux villageois qui
continuent sans doute à former l’essentiel de la population.
Cimmériens, Scythes, Sarmates et Alains occupent ainsi à tour de
rôle les régions qui s’étendent du Caucase au Danube. Ces
conquérants indo-européens, que nous connaissons par les
descriptions qu’en ont données Hérodote ou Strabon et par les
vestiges mis au jour par les archéologues dans les tumuli funéraires
de Crimée ou d’Ukraine, furent en contact avec le monde grec par
l’intermédiaire des comptoirs tels qu’Olbia, Chersonèse de
Crimée, Tanaîs (à l’embouchure du Don), Panticapée ou
Phanagoria. Jusqu’au Ier siècle avant notre ère, le royaume
du Bosphore cimmérien résume bien la synthèse qui s’établit
alors entre la culture des steppes et l’apport hellénique. Les
invasions des Goths venus des rivages de la Baltique et le
déferlement ultérieur (vers 370) des Huns surgis d’Asie orientale
mirent un terme à la phase gréco-iranienne de l’histoire de ces
régions. D’origine turque comme les Huns, Bulgares et Avars leur
succèdent pour quelques siècles avant d’être, comme beaucoup
d’autres peuples nomades avant eux, engloutis par l’histoire.
L’apparition du royaume khazar au VIIe siècle de notre ère
dans le sud-est de la Russie actuelle – où Itil, sa capitale,
s’élevait à l’embouchure de la Volga – a pour effet de
séparer les Bulgares partis s’installer dans les Balkans – où
ils se fondront dans la masse des Slaves – de la Grande Bulgarie
dont la capitale, Bolgar, s’établit au confluent de la Volga et de
la Kama. Bénéficiant d’une situation favorable à un carrefour
important d’échanges commerciaux, ces Khazars – dont une partie
s’est convertie au judaïsme aux VIIIe et IXe siècles –
constituent la principale puissance de la région au moment où
apparaît l’État « russe » kiévien. C’est dans le
domaine des Slaves orientaux, populations de langue indo-européenne
installées dans les steppes – les « Scythes laboureurs »
d’Hérodote sont peut-être leurs ancêtres – et dans les forêts
plus septentrionales, au contact des populations finno-ougriennes au
nord et khazares à l’est, que la rencontre des envahisseurs
scandinaves avec ces peuples dépourvus d’une organisation
politique d’envergure va donner naissance à la « première
Russie ».
Dès
la première moitié du IXe siècle, il existe dans le nord de
l’actuelle Russie, un « royaume » varègue (suédois)
dont plusieurs représentants sont reçus en 839 à la cour franque
d’Ingelheim, sous le règne de Louis le Pieux. Le comptoir
d’Aldeigjuborg (Staraya Ladoga), établi sur les rives du Volkhov,
à une dizaine de kilomètres de son embouchure dans le lac Ladoga,
existe dès cette époque. Les rares sources écrites relatives aux
origines russes sont la Première Chronique attribuée au
moine kiévien Nestor, qui raconte l’histoire de la Russie
jusqu’au début du XIIe siècle, et la Première Chronique
de Novgorod. Ces sources se font l’écho d’une histoire en
partie légendaire et doivent être utilisées avec prudence. Le De
Administrando Imperio de l’empereur byzantin Constantin
Porphyrogénète et les récits des voyageurs musulmans Ibn Rustah et
Ibn Fadhlan sont également précieux.
856 : Date
de « l’Appel
aux Varègues » (862 selon la Première
Chronique de Nestor). Les Slaves Polianes de la région de
Kiev – une agglomération des Slaves orientaux fondée vers le
milieu du VIe siècle – font appel au chef scandinave Askold
(ou Oskold) pour qu’il vienne les aider contre les Khazars qui leur
imposaient tribut.
860 : Attaque
des Rus d’Askold et de Rurik contre
Constantinople. Rus est un terme finnois utilisé pour
désigner les Suédois ou Varègues. Il désignera ensuite l’ensemble
de la population constituée par les conquérants scandinaves et la
masse des Slaves.
861 : Les
habitants de Novgorod (Holmgard), fondée en 859, font appel à Rurik
pour qu’il les défende contre les Tchoudes, les Slovènes
et les Krivitches (selon la Chronique de Nestor) mais Rurik
doit ensuite briser, en 865, une rébellion des habitants.
867 : Conversion
d’Askold au christianisme.
874 : Mort
de Rurik. Son fils Igor lui succède jusqu’en 879.
878 : Oleg,
prince de Novgorod, prend Kiev et fait assassiner Askold mais Dir,
l’un de ses proches, lui succède.
879-912 : Oleg
règne sur Novgorod, puis sur Kiev dont il fait sa capitale et « la
mère des villes russes » à partir de 882.
882 : Oleg
II s’empare de Kiev et se fait proclamer prince de cette ville. Les
maîtres de Novgorod règnent aussi désormais à Kiev.
907
et 911 : Nouveaux raids conduits par Oleg contre
Constantinople. Un traité de commerce est finalement conclu avec
Byzance en 911.
912-945 : Règne
du grand-duc Igor II à Kiev.
915 : Première
attaque des nomades turcs Petchénègues contre la Russie.
921 : Voyage
d’Ahmed ibn Fadhlan sur la Volga. Il décrit les Russes et les
Varègues scandinaves.
941 : Vaine
attaque d’Igor II contre Constantinople. Nouvel échec en 944, mais
les Byzantins achètent sa retraite.
945 : Nouveau
traité russo-byzantin conclu à Kiev. Igor est tué par les Slaves
Drevlianes révoltés.
945-972 : Règne
du grand-duc de Kiev Sviatoslav Ier.
945-962 : Régence
d’Olga, la veuve d’Igor. Elle écrase les Drevlianes et reçoit
le baptême en 957 après une visite à la Cour de l’empereur
byzantin Constantin VII Porphyrogénète.
965 : Les
Russes prennent aux Khazars Sarkel, sur le Don, à la pointe
septentrionale de la mer d’Azov.
965
ou 968 : Sviatoslav
prend Itil et détruit l’empire khazar. Il détruit
également Bolgar.
968 : Les
Petchénègues assiègent Kiev.
971 : Sviatoslav,
parti ravager les Balkans, est battu à Dorostolon (Silistrie) par
Jean Tzimiscès et tué peu après par les Petchénègues.
972-980 : Iaropolk
Ier grand-duc de Kiev. Il tue son frère Oleg en 977
mais il est lui-même éliminé par son demi-frère Vladimir.
980-1015 : Règne
de Saint Vladimir Ier « l’Ardent Soleil ». Il
impose son autorité de la Baltique à la mer Noire en s’appuyant
initialement sur une armée de Varègues.
985 : Après
avoir pris aux Polonais Galicie et Volhynie, soumis les Viatitches,
les Radimitches et les Iatvagues de Lituanie, Vladimir bat les
Bulgares de la Kama.
988 :
Baptême de Vladimir qui
épouse Anne, la sœur de l’empereur byzantin Basile II. Il baptise
ses sujets dans le Dniepr et sera sanctifié en 1203 pour avoir
converti la Russie au christianisme. Les résistances païennes sont
faibles, sauf à Novgorod.
1015 : Mort
de Vladimir qui a eu le tort de prévoir le partage de ses États
entre ses différents fils, ce qui engendre des luttes sanglantes
pour la succession.
1015-1016
et 1017-1019 : Règne de Sviatopolk Ier « le
Maudit », neveu de Vladimir, qui élimine plusieurs fils de
celui-ci – Boris et Gleb – et s’entend avec Iaroslav, le fils
aîné, en lui laissant le gouvernement de Novgorod avant de tenter
de s’en débarrasser à son tour en s’appuyant sur les
Petchénègues. Battu, il s’enfuit et Iaroslav s’installe à Kiev
mais Sviatopolk lui reprend la ville avec l’aide des Petchénègues.
Battu en 1019 sur l’Alta, il doit fuir en Pologne et meurt dans le
pays des Leks.
1019 :
Victoire de Iaroslav le Sage,
fils de Vladimir, qui règne jusqu’en 1054. La mort, en
1033, de son frère Mstislav lui permet de réunir sous son autorité
tout le pays russe.
1024 :
Fondation de Iaroslavl sur la
Volga, en pays finnois, suivie en 1030 de celle de
Iouriev (la future Dorpat) dans le pays des Lives.
1036 : Iaroslav
écrase les Petchénègues devant Kiev désormais à l’abri de
leurs incursions.
1025-1037 : Construction
de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev. L’Église russe devient en
1037 un diocèse du patriarcat de Byzance, avec à sa tête un
métropolite installé à Kiev.
1043 :
Dernier assaut russe contre Constantinople.
1046-1052 : Construction
de la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod.
1051 : Fondation
du monastère des Cryptes près de Kiev, – l’église abbatiale
sera construite entre 1073 et 1078. Après le Grec Théopempte,
Hilarion devient le premier métropolite d’origine russe.
1054 : La
mort de Iaroslav déclenche de nouvelles guerres civiles. Isjaslav
Ier, Veseslas, et Sviatoslav II se disputent le pouvoir pendant
vingt-deux ans.
1061 : Première
apparition en Russie des Polovtsy, successeurs des Petchénègues.
Ils écrasent les Russes sur l’Alta en 1068.
1078-1093 :
Règne de Vsevolod Ier.
1093-1113 :
Règne de Sviatopolk II.
1097 : Conférence
de Lioubetch, sur le Dniepr. Les princes russes décident que chacun
d’eux conservera désormais l’héritage paternel.
1103 : Victoires
des Russes sur les Polovtsy.
1113-1125 :
Vladimir II Monomaque, fils
de Vsevolod Ier et d’Irène de Byzance, petit-fils de
l’empereur Constantin X Monomaque,
règne à Kiev. Il est la dernière grande figure kiévienne ;
après lui, la principauté connaît une décadence irréversible.
1136 : Novgorod
chasse son prince et devient une république oligarchique.
1147 :
Première mention de Moscou
dans les chroniques. La ville est fondée par Georges Dolgorouki qui
l’entoure d’une palissade de bois, origine du futur Kremlin, dès
1156. Jusqu’en 1263, elle demeure la ville d’apanage
d’un prince.
1155 : La
Vierge de Saint Luc, jadis apportée de Constantinople à Kiev, est
transférée à Vladimir où est édifiée de 1158 à 1161 la
cathédrale de la Dormition.
1157-1174 :
Règne d’André Ier à
Vladimir. Fils de Gorges Dolgorouki – qui était
lui-même fils de Vladimir II, grand-duc de Kiev –, André a hérité
de son père la principauté de Souzdal établie en pays finnois et a
fixé sa capitale à Vladimir. Il est surnommé Bogolioubski, du nom
de Bogolioubo, sa résidence personnelle située sur la Kliasma, à
quelques kilomètres de Vladimir.
1169 : Kiev
est prise et pillée par André Bogolioubski, qui prend le titre de
« grand-prince de toute la Russie » mais se rend odieux à
ses sujets, ce qui lui vaut d’être assassiné en 1174, à la
faveur d’une conjuration montée par des boyards. Après avoir
écarté son neveu Iaropolk, Michel Ier, un autre fils de Georges
Dolgorouki, règne à Vladimir en 1175-1176. Vsevolod III lui succède
de 1176 à 1212 et repousse les Tatars qui ont attaqué Kiev en 1201.
La mort de Vsevolod engendre les habituelles querelles de succession
qui aboutissent aux règnes de ses fils Constantin Ier (1217-1218)
et Georges II (1218-1238).
1220 : Georges
II fonde Nijni-Novgorod au confluent de la Volga et de l’Oka, dans
le pays des Finnois Mordvines.
1223 :
Défaite des Russes et des
Polovtsy face aux Mongols sur les rives de la Kalka, au
nord de la mer d’Azov.
1236 : L’armée
mongole de Batou envahit la Russie. Riazan est détruite.
1238 : La
population de Moscou est massacrée, Souzdal et Vladimir sont prises.
Défaite de l’armée du grand-prince Georges II sur la Sita, un
affluent de la Mologa, le 4 mars. Il est tué et son crâne
devient un trophée pour les khans mongols.
1238-1246 :
Règne de Iaroslav II qui
doit aller se soumettre au souverain mongol Ogodeï, le fils de
Gengis Khan. Son frère Sviatoslav IV lui succède de 1246 à 1248
mais il est écarté du pouvoir par Michel « le Voleur »,
un fils de Iaroslav II, prince de Moscou depuis 1240, qui sera
assassiné en 1249. Son frère André II lui succède de 1249 à
1252.
15
juillet 1240 : Victoire du
prince Alexandre sur les Suédois ; remportée sur la Néva,
elle lui vaut son surnom d’Alexandre Nevski.
6
décembre 1240 : Destruction
de Kiev par les Mongols.
1242 :
« Bataille des glaces »
sur le lac Peïpous gelé. Alexandre Nevski bat les chevaliers
Porte-Glaive et sauve Novgorod.
1246 : Voyage
en Mongolie du franciscain Jean de Plan Carpin. Il rend compte de la
désolation qui affecte les régions qu’il traverse et évoque
Kiev « maintenant réduite à presque rien… On y
trouve à peine deux cents maisons et les gens y sont en grande
servitude… » Désormais, le prince de Kiev doit se rendre
à Saraï, la capitale de la Horde d’Or, pour y recevoir son
investiture. La principauté de Souzdal profite de l’abaissement de
Kiev.
1252-1263 :
Règne d’Alexandre
Ier Nevski. Né de la troisième épouse de Iaroslav
II, il est devenu prince de Novgorod en 1236. Ses victoires sur les
Suédois et les chevaliers Porte-Glaive lui valent une brillante
réputation et il devient grand-duc de Kiev en 1249, puis grand-duc
de Vladimir en 1252 mais il
doit rendre hommage en 1255 au Grand Khan qui l’investit « premier
prince russe ». Il sera canonisé en 1380 par
l’Église orthodoxe.
1263-1271 :
Règne de Iaroslav III, frère
d’Alexandre Nevski, prince de Tver, de Pskov et de Novgorod avant
de devenir grand-duc de Vladimir. Deux fils d’Alexandre Nevski,
Vassili (ou Basile) Ier (1271-1276) et Dimitri Ier (1276-1281,
puis 1283-1294 après deux années de déchéance au cours desquelles
il fut moine) lui succèdent.
1263-1303 : Dernier
fils d’Alexandre Nevski, Daniel est prince de Moscou. Son fils
Georges III régnera de 1317 à 1325.
1286 :
La Hanse des marchands
allemands établit un comptoir à Novgorod.
1293 : Mise
à sac de Souzdal et de Vladimir par les Mongols du khan Toktaï.
1304-1319 :
Règne de Michel III, fils
de Iaroslav III. Torturé et exécuté à Saraï, à la cour du Grand
Khan, il a été canonisé par l’Église russe.
1319-1325 :
Règne de Dimitri II, fils
de Michel III, qui sera lui aussi exécuté à Saraï. Son frère
Alexandre II lui succède mais, déchu en 1328 de son titre de
grand-duc de Vladimir pour être réduit au rang de prince de Pskov,
il sera lui aussi assassiné par les Mongols en 1339.
1325-1341 :
Ivan Ier Kalita règne à
Moscou. Il est investi en 1328 par la Horde d’Or comme « grand
prince de Moscou, de Vladimir et de toute la Russie » et pose
la même année la première pierre de la cathédrale de
l’Assomption. Il est considéré comme « le premier
rassembleur de la terre russe ». Ses fils – Siméon le
Superbe (1341-1353) et Ivan II le Débonnaire (1353-1359) – lui
succèdent alors que la Russie est affectée par l’épidémie de
peste qui ravage à ce moment toute l’Europe.
1326 :
La métropole religieuse est
transférée à Moscou.
1327 : Tver
se soulève contre les Mongols.
1340 : Serge
de Radonège fonde le monastère de la Sainte Trinité près de
Moscou.
1341-1377 :
Règne d’Olgierd de Lituanie, qui conquiert la Volhynie, Kiev et
Tchernigov.
1347 : Novgorod
reconnaît l’indépendance de Pskov.
1349 : La
Pologne annexe la Galicie constituée en royaume au siècle précédent
(1254).
1359-1363 : Tentative
d’usurpation de Dimitri III, fils d’un prince de Souzdal, rival
de l’héritier légitime Dimitri IV Donskoï.
1363-1389 :
Règne de Dimitri IV Donskoï,
fils d’Ivan II.
1368,
1370, 1372 : Olgierd essaie en vain de prendre Moscou.
1370 : Arrivée
à Novgorod du peintre d’icônes Theophane le Grec.
1378 : Défaite
des Mongols du khan Mamaï sur la Voya.
1380 :
Victoire de Dimitri Donskoï à
Koulikovo, le « Champ des Bécasses », contre les Mongols
(8 septembre).
1382 : Tokhtamysh
pille Moscou et Dimitri Donskoï doit lui payer un lourd tribut.
1386 : Union
personnelle de la Pologne et de la Lituanie sous le sceptre des
Jagellon.
1389 : À
la veille de sa mort, Dimitri IV fixe les règles de la succession
héréditaire au trône.
1389-1425 :
Règne de Vassili Ier, fils de
Dimitri Donskoï.
1391 : Mort
de saint Serge, le « saint national » russe, qui a
largement contribué à l’essor de la vie monastique et apparaît
comme la conscience de son siècle.
1392-1393 : Moscou
acquiert Nijni-Novgorod.
1395 : L’icône
de la Vierge de Vladimir est transférée à Moscou, que Tamerlan
renonce à attaquer.
1396 : Mort
d’Étienne, l’évêque missionnaire, évangélisateur des Finnois
de l’Oural.
1399 : Victoire
sur les Lituaniens sur la Vorskla.
1406 : Mort
du chef tatar Tokhtamish.
1410 : Défaite
des chevaliers Teutoniques, vaincus par les Polonais et les
Lituaniens à Tannenberg.
1422-1427 : André
Roublev travaille à l’iconostase de la Sainte Trinité au
monastère de La Trinité Saint Serge.
1425-1462 :
Règne de Vassili II l’Aveugle,
fils de Vassili Ier.
1439 : Vassili,
devenu prince de Moscou en 1425, puis grand-prince en 1432, fait
déposer le métropolite Isidore qui a accepté le principe de
l’union avec l’Église catholique lors du concile de Florence.
1445 : Vassili
III est fait prisonnier par les Tatars de Kazan et doit payer une
énorme rançon.
1446 : Le
fils de Georges IV, l’oncle du grand-duc qui a usurpé le pouvoir
en 1433 fait prisonnier Vassili III, lui crève les yeux et le fait
enfermer mais Vassili redevient grand-prince dès 1447 et partage le
pouvoir avec son fils Ivan à partir de 1450.
1448 : Autocéphalie
de fait de l’Église russe.
1462-1505 :
Règne du grand-prince Ivan
III, fils de Vassili II.
1463 : Moscou
annexe Iaroslavl.
1466-1472 : Voyage
en Inde d’Athanase Nikitine.
1471 : Ivan
III bat l’armée de Novgorod et abolit les apanages, condition du
maintien durable de l’unité de l’État russe.
1472 : Annexion
du territoire de Perm. Mariage d’Ivan III avec la princesse Zoé
(dite aussi Sophie), nièce du dernier empereur byzantin. Le
grand-prince de Moscou adopte comme blason l’aigle bicéphale pour
marquer sa volonté de se poser en héritier de l’Empire byzantin.
Ivan prend les titres de Tsar et d’autocrate et instaure à sa cour
le cérémonial de celle de Byzance.
1475-1479 :
Construction de la cathédrale de la Dormition à Moscou.
1478 : Novgorod
est annexée à la Moscovie.
1480 :
Ivan III refuse la suzeraineté
mongole.
1485 : Réunion
de Tver à Moscou, suivie de la soumission de Viatka en 1489.
1495 : Ivan
III expulse de Novgorod les marchands de la Hanse.
1499 : Première
traduction intégrale de la Bible en slavon.
1503 : Ivan
III reprend Briansk et Tchernigov à la Lituanie.
1504 : Ivan
III se réserve le monopole de la frappe monétaire.
27
octobre 1505 : Mort d’Ivan
III à Moscou. Il a unifié la Russie, rejeté la domination mongole,
entamé l’expansion vers l’ouest aux dépens de la Lituanie et
solidement établi la succession héréditaire.
1505-1534 :
Règne de Vassili IV, fils
d’Ivan III.
1510 : Moscou
annexe Pskov. Vassili renforce, vis-à-vis des Grands et de ses
parents, le caractère absolu de son pouvoir. C’est en 1510 qu le
moine Philothée écrit à Vassili pour formuler l’idée selon
laquelle Moscou serait, après Rome et Byzance, « la troisième
Rome ».
1514 : Prise
de Smolensk aux Lituaniens ; la ville sera définitivement
annexée en 1522.
1517 : Annexion
de Riazan. Première ambassade de l’Allemand Sigismund von
Herberstein à Moscou où il revient en 1526. Il laisse l’un des
témoignages les plus intéressants sur la Moscovie de
l’époque (Rerum moscoviticarum commentarii), tout
comme un siècle plus tard le mousquetaire français Margeret.
1517 : Mathieu
Melovski, recteur de l’Université de Cracovie, édite la
première Histoire de Russie.
1522 : Signature
de la paix entre le grand-prince de Moscou et la Lituanie.
D’Ivan le Terrible à Pierre le Grand
1534 :
Fils de Vassili IV, Ivan IV accède au trône à l’âge de quatre
ans, sous la tutelle de sa mère Hélène Glinska et de son favori,
le prince Telepnev-Obolenski. Hélène est empoisonnée en 1538 à
l’initiative des Chouiski et des Bielski, désireux d’assumer la
régence d’Ivan IV.
1535-1538 : Réforme
monétaire visant à l’unification des diverses espèces en
circulation.
16 janvier
1547 : Ivan IV se fait
sacrer à la cathédrale Ouspenski, à Moscou, par le métropolite
Macaire et prend le titre de Tsar.
1548-1549 :
Expédition contre Kazan.
1549 : Le
premier zemski sobor – assemblée analogue à des
États Généraux – connu approuve les projets de réformes d’Ivan
IV.
1550 : Réforme
du code de justice de Vassili IV. Réforme des codes religieux visant
à relever le niveau de recrutement des popes. Réforme militaire.
Des régiments d’arquebusiers (streltsy) et un corps du
génie sont créés.
1551 :
Le concile dit des Cent-Chapitres approuve la reprise en main en
matière religieuse.
2 octobre
1552 : Prise de Kazan, suivie de la soumission des
Tchérémisses, des Mordves, des Tchouvaches et des Bachkirs.
1553 :
Arrivée en Russie du nord (par la mer Blanche) de Richard
Chancellor. Début des relations commerciales entre l’Angleterre et
la Moscovie.
1554 : Traité
avec la Suède de Gustav Vasa autorisant les marchands suédois à
traverser la Russie pour aller commercer en Perse, les Russes
pouvant, de leur côté, emprunter la route de la Baltique vers les
Pays Bas.
1554 : Prise
d’Astrakhan à l’embouchure de la Volga, annexée en 1556. Le
cours du fleuve est désormais entièrement contrôlé par les Russes
qui écartent ainsi vers l’est le danger tatar. Par la Caspienne,
des relations s’établissent avec la Perse. Les Cosaques du Don
deviennent des alliés des Russes alors qu’à cette époque ceux du
Dniepr sont plus proches des Polonais.
1555 : Ivan
IV accorde à la Compagnie moscovite de Londres une charte de
privilèges lui accordant une juridiction spéciale et la liberté
d’installer des comptoirs à Moscou et Vologda.
1555-1560 : Construction
de l’église de Saint-Basile le Bienheureux sur la place Rouge de
Moscou.
1556 : Publication
des Règlements de service qui établissent, contre
l’aristocratie traditionnelle des boyards, une noblesse de fonction
dont les services sont rétribués par le grand-prince en terres
habitées dont la propriété n’est pas héréditaire.
1558 : Début
de la guerre entre Russie, Suède et Pologne pour la conquête de la
Livonie.
1558-1559 : Voyage
de l’Anglais Jenkinson, d’Astrakhan à Khiva et Boukhara.
1560 : Mort
d’Anastasie Romanova, l’épouse du tsar. Celui-ci exerce le
pouvoir de manière arbitraire.
1564 : Fuite
en Lituanie du prince André Kourbski. Premières manifestations de
la folie d’Ivan IV qui quitte le Kremlin pour s’établir à
Alexandrov.
1564 : Le
premier livre imprimé en Russie sort des presses d’Ivan Fedorov.
C’est un recueil des Actes des Apôtres.
1565 : Ivan
IV rentre à Moscou le 2 février, à l’appel du peuple, et
exerce désormais un pouvoir tyrannique. C’est le temps de
l’opritchnina, qui dure de 1565
à 1572. Le tsar se méfie des boyards qu’il exile et dont il
confisque les biens. La moitié du territoire russe est désormais
administrée directement par lui et ses fidèles opritchniki.
1566 : Un zemski
sobor décide la poursuite de la guerre en Livonie où les
Russes sont confrontés aux Suédois et aux Polonais.
1569 : Union
de Lublin entre Pologne et Lituanie qui deviennent un seul État dans
le cadre d’une monarchie élective. À la mort de Sigismond, c’est
le prince français Henri, duc d’Anjou (le futur Henri III) qui est
élu en 1572 mais il s’enfuit à la mort de son frère Charles IX
pour monter sur le trône de France ; son successeur Étienne
Bathory entend reprendre les villes conquises par Moscou.
1570 : Expédition
d’Ivan IV contre Novgorod qui est mise à sac en raison des
soupçons de complicité avec les Lituaniens qui pèsent sur la
ville.
1571 : Moscou
est prise et incendiée par le khan de Crimée Devlet – Ghirey.
1578 : Le
roi de Pologne Étienne Bathory et le roi de Suède envahissent la
Russie. Le premier s’empare de Polotsk en 1579 mais échoue devant
Pskov ; le second occupe Narva en 1581. Une médiation du pape
Grégoire XIII entraîne en 1582 l’arrêt des hostilités, contre
une promesse non tenue d’Ivan de se convertir au catholicisme.
1581 : Début
de l’interdiction – qui devait être à l’origine temporaire –
faite aux paysans de quitter les domaines de leurs seigneurs. Le
recensement des ruraux peut ainsi être réalisé en 1593.
1582 : Ivan
IV tue son fils Ivan dans un accès de colère. Armistice entre la
Russie, qui perd tous ses gains en Livonie, et le royaume
polono-lituanien. Face à la Suède, Ivan n’a pu reconquérir les
rives méridionales du golfe de Finlande. L’expansion russe a été,
sous son règne, bloquée vers l’ouest mais elle a en revanche été
spectaculaire vers l’est et le sud-est.
1582 :
Le chef cosaque Yermak, au
service des marchands Stroganov – qui sont installés depuis 1558
dans l’Oural pour y exploiter des mines et y faire le commerce des
fourrures – entreprend la conquête de la Sibérie.
1584 : L’Amérique
est mentionnée pour la première fois dans un manuscrit moscovite.
1584 : Ivan
IV meurt subitement à Alexandrov, au cours d’une partie d’échecs.
1584-1598 :
Règne de Fédor Ier, le
sixième enfant d’Ivan IV le Terrible.
1586 : Fédor
noue des relations diplomatiques avec la France. François de Carle
est le premier représentant français à Moscou.
1587 : Fondation
de Tobolsk en Sibérie. L’avance russe se poursuit dans les vallées
du Tobol et de l’Ob.
1589 : Création
du patriarcat de Moscou – il sera supprimé en 1721 et rétabli en
1917 ; les sièges de Novgorod, Kazan, Rostov et Kroutitsa sont
érigés en métropoles. Fin des travaux de construction des
murailles autour de Moscou.
1591 : Le
khan de Crimée vient encore menacer Moscou mais les Russes
établissent sur les marches de leur territoire des forts appelés à
constituer des môles de résistance face aux envahisseurs venus du
sud ou de l’est. Voronej face aux steppes méridionales, Samara et
Saratov sur la Volga, Oufa dans l’Oural sont ainsi établis.
1591 :
Le prince Dimitri, né du huitième et dernier mariage d’Ivan
IV avec Maria Nagoi, est assassiné à Ouglitch. Il sera canonisé en
1606 par l’Église russe et sa mort suspecte – on soupçonne
Boris Godounov de l’avoir ordonnée – donnera naissance aux
espérances messianiques et aux « faux Dimitri » qui
accompagneront le « temps des troubles ».
1596 : Union
de Brest entre une partie de l’Église orthodoxe et l’Église
catholique.
6
janvier 1598 : Mort de Fédor Ier, le dernier
des Rurikides. Davantage porté vers la piété que vers le pouvoir –
son propre père disait de lui « qu’il était plus un
sacristain qu’un prince héritier » –, il laissa, à partir
de 1587, gouverner son beau-frère Boris Godounov et le frère de la
première épouse d’Ivan IV, Nikita Romanov. Il meurt sans héritier
et s’en remet pour sa succession à la volonté divine.
17 février
1598 : Un zemski sobor élit
tsar Boris Godounov, beau-frère du souverain défunt – sa
sœur Irène, veuve du tsar, est entrée au couvent. Il est couronné
à Moscou le 1er septembre, jour de l’an russe.
1601-1603 :
Une succession de mauvaises
récoltes engendre de terribles famines qui dressent le peuple contre
Boris Godounov.
1601 :
Apparition du premier faux Dimitri, qui se présente comme le
fils d’Ivan IV ayant échappé à la mort en 1591. Celui qui n’est
en réalité qu’un moine défroqué est soutenu, à partir de 1604,
par le roi Sigismond III de Pologne à qui il promet Smolensk en cas
de succès de son entreprise et recherche en même temps l’appui de
la Papauté.
1604 : Craignant
la rivalité des Romanov, le tsar se débarrasse d’eux. L’un des
deux survivants de cette famille, Fedor Nikitin, est épargné mais
jeté au couvent sous le nom de Philarète. Fondation de Tomsk en
Sibérie occidentale. En octobre, des troupes réunies par le faux
Dimitri envahissent la Moscovie mais sont repoussées par Vassili
Chouiski (combat de Sevsk du 21 janvier 1605).
13
avril 1605 : Mort de Boris Godounov.
16 avril
– 1er juin 1605 : Règne éphémère de Fédor
II, fils de Boris Godounov, renversé par un complot des boyards et
des partisans du faux Dimitri qui exploitent l’exaspération du
peuple, tenté d’attribuer aux Godounov tous les malheurs du temps.
Fédor II et sa mère seront étranglés dès le 10 juin.
20 juin
1605 : Entrée à Moscou du faux Dimitri. Il est
couronné le 30 juillet.
1606 : Émeutes
à Moscou. La rumeur s’est répandue qu’à la mort de Dimitri, la
couronne reviendra au roi de Pologne et que la Russie devra devenir
catholique.
17
mai 1606 : Assassinat du faux Dimitri. Vassili Chouiski est
proclamé tsar deux jours plus tard. Soulèvement de
Bolotnikov en mai-juin dans le sud-ouest ; cette rébellion est
vaincue en décembre.
1608 :
Le deuxième faux Dimitri vient s’installer à Touchino,
près de Moscou. Replié ensuite sur Kalouga, il est tué en 1610.
17 juillet
1610 : Déposition de Vassili Chouiski qui
paraît incapable de faire face à une invasion polonaise. En août,
les boyards formant le conseil de régence acceptent le prince
polonais Ladislas pour tsar et livrent la citadelle du Kremlin
aux troupes polonaises.
Fin
1610 – début 1611 : Le patriarche Hermogène exhorte
les villes de province à la résistance contre le souverain
polonais.
1611 : Alors
que les Polonais ont pris Smolensk et que les Suédois se sont
emparés de Novgorod, une armée russe se constitue en
septembre-octobre à l’appel de Nijni-Novgorod pour libérer
Moscou. Entre temps, les Cosaques ont pillé la ville et proclamé le
fils du « second faux Dimitri », mais celui-ci n’est
qu’un enfant et ils lui préfèrent ensuite un « troisième
faux Dimitri » apparu en 1610 qui sera exécuté à Moscou en
mars 1613.
1612 : L’armée
russe de Nijni-Novgorod, commandée par le prince Dimitri Pojarski,
entre dans Moscou le 26 octobre et le prince appelle les
villes russes à envoyer des délégués qui seront chargés d’élire
un nouveau tsar.
1613 :
Le zemski sobor élit en février Michel
Romanov, le fils de Fedor Romanov devenu le moine Philarète
après que Boris Godounov l’eut fait enfermer dans un couvent. Il
est proclamé tsar le 21 février, fait son entrée solennelle à
Moscou le 2 mai et y est couronné le 13 juillet. Son
avènement marque la fin du « Temps des Troubles ».
1613-1645 :
Règne de Michel IV Romanov – dit aussi Michel III si l’on
ne tient pas compte de l’usurpation au grand-duché de Wladimir de
Michel II le Voleur. En ce dernier cas, saint Michel devient Michel
II et Michel Romanov Michel III.
1617 : Paix
de Stolbovo avec la Suède. Pour récupérer Novgorod, la Russie
abandonne la Carélie et l’Ijorie à la Suède.
1618 : Paix
de Déoulino avec la Pologne qui conserve Smolensk.
1619 : Philarète,
le père du tsar, devient patriarche de Moscou et participe au
pouvoir. Il mourra en 1633.
1625 : Le
tsar est nommé par la Douma « souverain autocrate ».
1632 : Le
Hollandais Vinius installe une fabrique d’armes à Toula.
1634 : Après
la reprise, en 1632, de la guerre avec la Pologne de Ladislas, la
Russie doit lui abandonner Smolensk et Tchernigov pour qu’il
renonce à ses anciens « droits » sur la Moscovie (cf.
1610).
1638 : Une
caravane chinoise arrive à Tomsk, en Sibérie occidentale, et
introduit pour la première fois le thé en Russie.
1639-1648 : Fin
de la conquête de la Sibérie.
1642 : Faute
de pouvoir la défendre, le tsar et le zemski sobor refusent
la forteresse d’Azov que voulaient remettre à la Russie les
Cosaques du Don qui s’en étaient emparés.
23 juillet
1645 : Mort de Michel Romanov.
1645-1676 :
Règne d’Alexis Romanov, conseillé par le boyard Boris
Morozov.
1646 : Impôt
sur le sel qui fait doubler le prix de ce produit vital et suscite de
forts mécontentements.
1648 : Introduction
en Moscovie de la première grammaire slavonne publiée à Kiev en
1619.
1648 :
Victoire des Cosaques de Khmelnitski sur les Polonais. Émeutes
populaires à Moscou contre le ministre Boris Morozov.
1648 : Parti
des côtes orientales de l’océan Arctique, le Cosaque Dejnev
franchit le détroit qui sépare la Sibérie orientale de l’Alaska
et qui portera plus tard le nom de Béring. En 1649, J.-P. Khabarov,
parti des rives de la Léna, atteint le cours de l’Amour. De 1655 à
1661, Pachkov reconnaît l’itinéraire allant de l’Iénisséi à
l’Amour par le lac Baïkal et l’Angara.
1649 : Pour
remédier aux troubles qui s’étendent à Pskov et Novgorod, Alexis
décide la rédaction de l’Oulojénié, le nouveau code
préparé par le zemski sobor, qui légalise le
servage, établit la soumission de l’Église à l’État et classe
les citadins en corporations fermées.
1652 : Nikone,
métropolite de Novgorod est nommé patriarche par le tsar, qui en
fait également son principal conseiller.
1653 : Un
quatrième « faux Dimitri » est capturé et exécuté.
Réunion du dernier zemski sobor ; l’autocratie
tsariste est désormais établie et peut diriger le pays sans
contrôle.
1653-1654 : Deux
synodes réunis à Moscou approuvent la réforme des livres
liturgiques et de certains rites décidée par le patriarche Nikon.
Ces innovations débouchent sur le schisme ou Raskol des
« vieux croyants » qui les refusent.
1654 :
Le traité de Péréiaslavl
réalise l’union de l’Ukraine à la Moscovie.
1654-1667 : Guerre
avec la Pologne. Les Russes prennent Smolensk, Vitebsk, Mohilev,
Vilna, Kovno, Grodno. L’intervention de Charles X de Suède contre
les Polonais conduit le tsar à conclure une trêve avec ceux-ci et à
s’engager contre les Suédois, héritiers sur la Baltique de
l’ordre Teutonique, car il ne veut à aucun prix voir la Suède et
le royaume polono-lituanien réunis sous un même souverain. Les
Russes prennent Dunaburg mais attaquent vainement Riga et plusieurs
autres places. Ils s’emparent de Dorpat en 1656 ; les
hostilités demeurent ensuite limitées jusqu’à la trêve de
Valiessar, conclue avec les Suédois en 1659 qui laisse Dorpat à la
Russie. Quand les Polonais et les Suédois signent en 1660 la paix
d’Oliva, le tsar Alexis négocie en 1661 avec la Suède celle de
Cardis par laquelle il renonce à Dorpat et à toute la Livonie.
1656 : Le
patriarche Nikon tente de faire revenir l’Église russe au dogme
grec.
1656 : Une
délégation russe conduite par l’ambassadeur Baikov visite Pékin.
1662 :
Émeutes à Moscou contre la monnaie de cuivre généreusement émise
depuis 1654.
1666-1667 : Deux
conciles successifs condamnent le raskol mais
déposent le patriarche Nikon tout en conservant ses réformes.
1667 :
Trêve russo-polonaise d’Androussovo. La Russie abandonne ses
conquêtes en Lituanie mais garde Smolensk
1667 : Le
tsar fait publier un Livre du timonier qui témoigne
de son intérêt pour les questions navales. Avant Pierre le Grand,
son successeur, il songe à occidentaliser son armée et à doter la
Russie d’une marine.
1667-1671 : Révolte
du prince cosaque du Don Stenka Razine, qui ravage la région de la
Volga et s’empare d’Astrakhan en 1670. La rébellion s’élargit
pour devenir une vaste révolte sociale. Stenka Razine est finalement
vaincu et exécuté à Moscou le 6 juin 1671
1668-1676 : Siège,
dans le Grand Nord, du monastère Solovetski, l’un des principaux
foyers de la résistance des « vieux croyants ».
1672 : Première
représentation théâtrale en Moscovie.
30 mai
1672 : Naissance à Moscou du futur Pierre le Grand.
1676-1682 :
Règne de Fédor III, désigné comme successeur deux ans plus
tôt par son père Alexis.
1678 : Signature
avec la Pologne d’un traité d’alliance contre les Turcs et les
Tatars, ce qui vaut à la Russie de récupérer Kiev.
1681 : Traité
de Bakhtchi-Saraï.
1682 : Fédor
III fait procéder, à la Douma des boyards, à la destruction des
livres nobiliaires et généalogiques afin de supprimer la
prééminence dont bénéficiaient certaines des familles de
l’aristocratie dans l’attribution des postes-clés de l’État.
Le mestnitchestvo, ou droit de préséance des boyards, est
aboli.
1682 : Avvakoum,
qui a tenté, depuis 1657, de réformer l’Église dans le dogme
« vieux croyant », est brûlé à Moscou le jour du
Vendredi Saint.
1682-1689 :
Régence de la grande duchesse Sophie, fille d’Alexis et sœur
de Fédor, le tsar défunt, au nom de leurs deux jeunes frères, Ivan
V, incapable de régner, et Pierre Ier, nés respectivement en 1666
et 1672. À la mort du tsar Fédor III, les partisans des
Miloslawski et des Narichkine – les familles des deux épouses
successives du tsar Alexis – s’affrontent ; les premiers
l’emportent et imposent le couronnement d’Ivan et de Pierre,
frères de Fédor. Une révolte des streltsy, des soldats
de la garde royale, partisans de Sophie, entraîne l’assassinat
d’Ivan Narichkine, frère de la tsarine douairière Nathalie, veuve
d’Alexis. Sophie gouverne avec son favori, le prince Galitzine,
considéré comme le premier « occidentaliste » russe.
1686 : Le
prince Galitzine signe la paix avec le roi de Pologne Jean Sobieski.1689 : Pierre
écarte Sophie du pouvoir et l’envoie au couvent de Novodievitchi
après
qu’elle a tenté de le faire arrêter (7 août). Galitzine est
exilé.
27
août 1689 : Signature du traité de Nertchinsk
avec la Chine qui fixe sur le cours de l’Argoun la frontière entre
les deux Empires.
1690-1694 : Pierre
se consacre à la construction de la flotte militaire russe.
1695 : Pierre
Ier déclare la guerre à la Turquie avec pour objectif la
conquête de la Crimée.
29 janvier
1696 : Mort d’Ivan V qui avait été un prince
indolent, de santé très fragile. Son frère Pierre est désormais
le seul maître du pouvoir.
L’empire russe rejoint l’Europe
1696 : Prise
d’Azov par Pierre Ier.
1697-1698 : La
« Grande Ambassade ». Pierre voyage en Europe, notamment
en Hollande et en Angleterre.
1698 : Révolte
des streltsy.
1699 : Oukase
permettant aux Russes de voyager à l’étranger. Le tsar remplace
l’ère byzantine par l’ère chrétienne et l’année commencera
désormais le 1er janvier au lieu du 1er
septembre.
1700 : La
Russie entre dans la guerre du Nord. Défaite russe à Narva. Traité
établissant une « trêve de trente ans » avec la
Turquie.
1701 : Ouverture
au Kremlin d’une École des Sciences.
1702 : Conclusion
d’une alliance avec le Danemark.
1704 : Impôt
sur les barbes. Pierre entend imposer à l’aristocratie russe les
modes occidentales.
1705-1711 :
Révolte des Bachkirs.
1707-1708 : Révolte
de Boulavine sur le Don.
1708-1709 : Création
des goubernii, les gouverneurs de provinces.
27
juin 1709 : Victoire russe de Poltava contre
Charles XII de Suède.
1710 :
Introduction d’un nouvel alphabet cyrillique simplifié et des
chiffres arabes.
1711 : Création
d’un Sénat de neuf membres appelé à remplacer le Conseil privé.
Prenant prétexte de la fuite du roi de Suède Charles XII à
Constantinople, le tsar a repris la guerre contre les Turcs et a
envahi la Moldavie mais le sort des armes lui est contraire et il
doit rendre Azov lors du traité du Prut.
1712 : Saint
Pétersbourg, fondée en 1703, devient la capitale de l’Empire
russe.
1714 : Victoire
navale russe de Hanko sur les Suédois.
1717 : Voyage
de Pierre Ier en France.
1718 : Procès
et mort d’Alexis Petrovitch, fils de Pierre Ier, qui s’est placé
à la tête des opposants à l’effort de modernisation engagé par
son père.
1718-1719 : Création
des collèges ministériels. Premier recensement de la population.
1720-1727 : Messerschmitt
explore l’intérieur de la Sibérie.
1721 : Suppression
du patriarcat de Moscou et création du Saint Synode. Paix de Nystadt
(30 août). Fin de la guerre du Nord. La Russie obtient la
Livonie, l’Ingrie, l’Estonie et une partie de la Carélie avec
Vyborg. Pierre est proclamé « Empereur de toutes les Russies »
et prend les qualificatifs de « Grand » et de « Père
de la Patrie » (22 octobre).
1722 : La
Table des Rangs (24 janvier) organise la noblesse. Loi de
succession (5 février) : « Nous estimons utile de
faire ce règlement pour qu’il ne dépende toujours que de la
volonté du souverain régnant de remettre la succession à qui il
voudra et de changer de successeur s’il voyait de la part de celui
qu’il aura choisi un dérèglement quelconque ». Création la
même année de la capitation.
1723 : Le
shah de Perse cède à la Russie diverses régions des rives
méridionales de la Caspienne (avec Derbent et Bakou), territoires
conquis en 1722 mais qui seront restitués à la Perse en 1732 par
Anne Ivanovna.
1724 : Pierre
Ier approuve les statuts de l’Académie des Sciences qui sera
fondée en 1726.
8
février 1725 : Mort de Pierre le Grand.
1725-1727 :
Règne de Catherine Ière, deuxième épouse de Pierre le Grand.
1726 : Création
du Haut Conseil secret qui réunit Catherine et les anciens proches
de Pierre le Grand (Mentchikoff, Apraxine, Prokopovitch, Osterman…).
1727-1730 :
Règne de Pierre II, fils du tsarévitch Alexis exécuté en
1718 et petit-fils de Pierre le Grand. Couronné à Moscou en
février 1728. Contre les partisans d’Anna de Holstein, fille
de Pierre le Grand et de Catherine, le prince Mentchikoff, favori de
l’impératrice défunte, impose le jeune homme mais celui-ci meurt
à quinze ans, sans avoir jamais gouverné en personne.
1727 : Traité
de Kiakhta entre la Chine et la Russie. Il fonde les relations entre
les deux Empires jusqu’en 1858. La frontière est délimitée
jusqu’au confluent de l’Argoun et de l’Amour.
1728 : Le
navigateur danois Vitus Béring explore les mers baignant les côtes
orientales de la Sibérie et donne son nom au détroit séparant
l’Asie de l’Amérique. Réalisé en 1741, un deuxième voyage
conduit Béring et ses compagnons jusqu’aux îles Aléoutiennes et
aux côtes de l’Alaska mais l’explorateur meurt du scorbut lors
de son retour vers Petropavlovsk, le port russe établi à la pointe
méridionale du Kamtchatka.
1730-1740 :
Règne d’Anne Ivanovna. Le Haut Conseil secret propose le
trône à Anne Ivanovna, fille d’Ivan V et nièce de Pierre le
Grand. Anne de Holstein est écartée pour avoir épousé un prince
étranger, Élizabeth, sa sœur, est jugée trop jeune. Veuve du duc
de Courlande, Anne Ivanovna doit s’engager, à l’initiative du
prince Dimitri Galitzine, « l’homme fort » du Haut
Conseil secret, à ne pas se remarier, à ne pas nommer de successeur
et à laisser au Conseil secret toute son autorité.
25 février
1730 : À peine installée sur le trône, Anne
dissout le Haut Conseil et règne en souveraine absolue. Elle est
ensuite proclamée le 1er mars « souveraine autocrate de
toutes les Russies » et couronnée à Moscou le 15 mars.
1733-1735 :
La Russie soutient le roi de Saxe Auguste III dans la lutte pour le
trône de Pologne.
1734 : L’Ukraine
passe sous administration directe de la Russie.
1735 : Oukase
créant les « écoles populaires ». Anne règne « à
l’allemande » en imposant à la noblesse une rigoureuse
éducation militaire et intellectuelle. Son ministre et favori, le
Courlandais Ernest-Jean de Bühren, rétablit la chancellerie
secrète.
1739 : Anne
Ivanovna obtient du Sultan la cession du littoral de la mer Noire
entre les embouchures du Bug et du Dniestr.
1740-1741 :
Règne d’Ivan VI. Il est l’arrière petit-fils d’Ivan
V : une fille de ce dernier, Catherine, a épousé en 1716
Charles Léopold, duc de Mecklembourg-Schwerin ; elle en a eu
une fille, Élizabeth, dite Anne, qui épousera Antoine Ulrich de
Brunswick dont elle aura le tsar Ivan VI, né en 1740, pour qui elle
assumera pendant un an la régence après avoir écarté Bühren.
1741-1743 : Guerre
avec la Suède qui vaut à la Russie de récupérer une partie de la
Finlande.
25 novembre
1741 : À la suite d’une révolution de
palais, Élizabeth Petrovna, fille de Pierre le Grand devient
impératrice. Emprisonné, Ivan sera tué au cours d’une tentative
d’évasion en 1764.
1741-1762 :
Règne d’Élizabeth Petrovna.
1748 : Sous
l’influence du ministre Bestoujev-Rioumine, la tsarine rompt avec
la Prusse et se rapproche de l’Autriche.
1753 : Suppression
des douanes intérieures.
1755 : Chouvalov
fonde l’Université de Moscou.
1757 : Fondation
de l’Académie des Beaux Arts.
1759 : Victoire
des Russes sur les Prussiens de Frédéric II à Kuenerzdorf. L’année
suivante, les troupes russes occupent Berlin.
25 décembre
1761 (5 janvier 1762 en calendrier grégorien) :
Mort d’Élizabeth Petrovna.
5 janvier
-17 juillet 1762 : Règne de Pierre III. Élizabeth
a désigné comme successeur son neveu Charles Pierre Ulrich de
Holstein (Pierre III), qu’elle a marié à Sophie Augusta d’Anhalt-
Zerbst, la future Catherine II.
1762 : Pierre
III fait la paix avec Frédéric II de Prusse. Il promulgue un
manifeste abolissant l’obligation de servir pour les nobles
(18 février). Luthérien, le nouveau tsar défend les vieux
croyants persécutés par l’Église orthodoxe. Il s’apprête à
répudier son épouse quand il est renversé par une révolution de
palais dans la nuit du 28 au 29 juin 1762 (9 au 10 juillet
en calendrier grégorien). Il est étranglé quelques jours plus tard
par Alexis Orlov, le favori de Catherine.
1762-1796 :
Règne de Catherine II.
1764 : Sécularisation
des biens d’Église. « Despote éclairé »,
l’impératrice décide la fermeture de 252 couvents sur 413 et
transfère à l’État un million de paysans appartenant à
l’Église.
1765 : Diffusion
en Russie de la pomme de terre. Création à Saint Pétersbourg de la
Société libre d’économie.
1767-1768 : Réunion
de la Grande Commission législative formée de députés élus par
la noblesse, les paysans libres et les habitants des villes. Elle est
ajournée au bout d’un an et l’expérience demeure sans suite.
1767-1777 : Traduction
en russe d’une partie de l’Encyclopédie de Diderot
et d’Alembert. Les philosophes voient alors en Catherine II la
« Sémiramis du Nord ».
1768-1774 :
Guerre contre la Turquie. En 1769, les Russes occupent les
territoires allant du Dniestr au Danube (Bessarabie, Moldavie,
Valachie) et poussent jusqu’à Jassy. Les 7 et 8 juillet 1770,
la flotte russe d’Alexis Orlov écrase la flotte ottomane à
Tchesmé, près de Chio, mais son chef n’ose pas s’attaquer à
Constantinople qui était à sa portée. L’armistice de 1771 oblige
les Turcs à reconnaître la perte de la Crimée.
1768-1774 : Expédition
de l’explorateur allemand P.S. Pallas en Sibérie.
1770-1774 :
M.D.Tchoulkov publie le premier grand recueil de chansons populaires
russes.
1771 : « Émeute
de la peste » à Moscou.
2
septembre 1772 : Premier partage de la Pologne.
La Russie récupère la Biélorussie, du Dniepr à la Dvina avec
Polotsk, Vitebsk et Mohilev.
1773-1775 :
Révolte de Pougatchev, un Cosaque du Don se faisant passer pour
Pierre III. Il rassemble derrière lui, en une immense jacquerie, les
mécontents les plus divers – serfs, minorités des régions
volgiennes. Les rebelles prennent Kazan en 1774 mais n’osent pas
marcher sur Moscou et se replient sur les rives du fleuve Oural où
leur chef est livré par les siens. Il est exécuté à Moscou en
janvier 1775.
1774 : Paix
de Kütchuk-Kaïnardji avec l’Empire ottoman. La Russie
récupère Azov et l’embouchure du Dniepr et se pose en protectrice
des chrétiens des Balkans.
1775 : Réforme
de l’administration provinciale mise en œuvre par Potemkine, le
nouveau favori et conseiller de l’impératrice. Elle établit 44
gouvernements divisés en districts et dirigés par un gouverneur
étroitement dépendant du pouvoir central. 1775 voit également,
avec la disparition de la Sitch des Zaporogues du
Dniepr, la fin des dernières franchises cosaques. Le servage, devenu
presque général pour les masses rurales, est étendu à l’Ukraine.
Catherine II, souveraine « éclairée », a asservi
800 000 paysans qui étaient encore libres au début de son
règne.
1775 : Le
sculpteur français Falconet termine sa statue équestre de Pierre le
Grand.
1776 : Création
de l’Opéra de Moscou.
1777 : Alliance
russo-prussienne.
8
avril 1783 : Annexion de la Crimée. Extension
du servage à l’Ukraine (3 mai).
1783 : Le
tsar géorgien Héraclius signe un traité de protectorat avec la
Russie mais celle-ci, retenue par les affaires européennes, ne peut
empêcher la destruction de Tiflis par les Persans en 1795.
1784 : La
fondation de Vladikavkaz, la « Maîtresse du Caucase »,
témoigne de la volonté d’expansion russe vers le sud-est où
Catherine II se pose en protectrice de la Géorgie et de l’Arménie
chrétiennes qui se trouvent isolées dans un environnement musulman
hostile, face à l’Empire ottoman et à la Perse des Qadjars. La
même année, les Russes s’avancent jusqu’à Derbent, le long de
la côte de la Caspienne, à hauteur de l’étroit passage
permettant de relier les steppes du nord à la région de Bakou.
1785 : Charte
de la noblesse et charte des villes.
1786 : Début
de la réforme scolaire.
1787 : Voyage
de la tsarine en « Tauride » (Crimée) où les procédés
de propagande du prince Potemkine lui assurent un accueil triomphal.
1787-1792 : Guerre
russo-turque. Souvorov passe le Danube, remporte en 1789 la
victoire du Rymnik et contraint la Sublime Porte à traiter. Par la
paix de Jassy conclue en 1792, la Turquie perd la côte entre Dniepr
et Dniestr, là où, deux ans plus tard, à l’emplacement de
l’ancienne colonie grecque Odessos, sera fondée Odessa qui
connaîtra, à partir de 1803, sous l’impulsion de son gouverneur
français le duc de Richelieu, un très rapide essor.
1792 : Arrestation
de Novikov le chef de file des philosophes « rationalistes »
en raison de ses sympathies pour la Révolution française. Rupture
des relations diplomatiques avec la France.
Mars
1793 : Deuxième partage de la Pologne. La
Russie prend Vilna, Minsk, la Volhynie et la Podolie.
1794 : Après
avoir brisé la révolte de Kosciuzko, les Russes s’emparent de
Varsovie.
13
octobre 1795 : Troisième partage de la Pologne. La
Russie récupère le reste de la Lituanie et de la Volhynie, la
Courlande et le duché d’Oldenbourg.
17 novembre
1796 : Catherine II meurt à Saint Pétersbourg.
1796-1801 :
Règne de Paul Ier, fils de Pierre III et de Catherine II.
Couronné en avril 1797.
1797 : Nouvelle
loi de succession (Paul Ier) introduisant le droit de primogéniture.
1797 : Le
tsar devient grand-maître de l’Ordre de Malte en espérant que
cette fonction pourra servir ses ambitions méditerranéennes.
L’escadre d’Ouchakov chasse les Français des îles Ioniennes.
1798 : La
compagnie russo-américaine créée en 1784 par le marchand Chelekhov
reçoit l’administration et le monopole du commerce des nouvelles
colonies russes du Pacifique, Kouriles, Aléoutiennes et Alaska.
1799 : Le
tsar rejoint la deuxième coalition contre la France. Souvorov prend
Milan (16 avril) avant d’être battu à Zurich par Masséna.
1801 :
Paul Ier, suspecté de folie
par ses proches, est assassiné dans la nuit du 23 au 24 mars.
Alexandre Ier devient empereur.
Entre autocratie, réforme et révolution
1801-1825 : Règne
d’Alexandre Ier, fils de Paul Ier.
Septembre
1801 : Annexion des royaumes géorgiens de
Kartli et de Kakéthie. Les principautés de Mingrélie, de Gourie,
d’Abkhazie et d’Iméréthie sont conquises au cours des années
suivantes et, en 1811, l’autocéphalie de l’Église géorgienne
est abrogée.
1802 : Organisation
des ministères et du Conseil d’État chargé d’élaborer et
d’établir les lois.
1803 : Décret
créant les « agriculteurs libres ».
1803-1806 : Les
navigateurs Bellingshausen et Krusenstern sont les premiers Russes à
effectuer le tour du monde.
1804 : Statuts
des universités et de la censure.
1804 : Parution
des Poèmes russes antiques attribués à Kircha
Danilov.
1804-1813 : Guerre
contre la Perse. Les Russes prennent le contrôle des khanats de
Karabagh et de Chirvan et occupent Bakou en 1806.
2 décembre
1805 : Défaite
austro-russe d’Austerlitz face à Napoléon.
1806-1812 :
Guerre contre la Turquie, conclue par le traité de Bucarest qui
assure à la Russie la possession de la Bessarabie.
1807 : Défaites
russes d’Eylau et de Friedland.
1807 :
Traité de Tilsitt entre Napoléon et Alexandre Ier après la
rencontre des deux empereurs sur le Niémen (25 juin).
1808-1809 : Guerre
contre la Suède conclue par la paix de Fredriksham et l’annexion
de la Finlande.
1809 : Napoléon
et Alexandre se rencontrent de nouveau au Congrès d’Erfurt.
1809-1810 : Projet
de réforme de l’État élaboré par le juriste Speranski. Création
du Conseil de l’Empire.
1812 : La
Grande Armée franchit le Niemen (24 juin). Bataille de la
Moskowa (Borodino) le 27 août. Napoléon entre à Moscou mais
doit ordonner la retraite de Russie terminée le 30 décembre.
Février
1813 : Alliance de Kalich avec la Prusse.
31
mars 1814 : Les troupes russes entrent dans
Paris.
1815 : Signature
de l’acte final du Congrès de Vienne (juin) qui donne Varsovie à
la Russie. Fondation de la Sainte Alliance (26 septembre).
Alexandre Ier devient roi de Pologne et lui octroie une charte
constitutionnelle.
1815 : Un
bateau à vapeur circule pour la première fois sur un fleuve russe
(la Néva).
1816 : Fondation
de l’Union du Salut, première organisation secrète des
décembristes.
1816-1829 : Publication
de l’Histoire de l’État russe, commandée par le tsar
Alexandre à l’historien Karamzine.
1818 : Lors
de l’inauguration de la Diète de Pologne, Alexandre Ier exprime
son intention de donner aussi une constitution à la Russie. Au
congrès d’Aix-la-Chapelle, le tsar assure à la France – en
considération pour son premier ministre le duc de Richelieu qui,
émigré en Russie, avait assuré la fortune d’Odessa –
l’évacuation anticipée des armées alliées qui occupaient encore
une partie de son territoire.
1819 : Fondation
de l’Université de Saint Pétersbourg.
1819 : Fondation
de Groszny, « La Terrible », au pied du Caucase.
1819-1821 : Bellingshausen
réalise un voyage d’exploration des mers antarctiques et découvre
l’île Pierre Ier.
1820 : Au
congrès de Troppau, le tsar approuve, mais avec des réserves,
l’intervention autrichienne contre les révolutions libérales
italiennes.
1821 :
Congrès de Laybach. La Russie s’aligne sur la politique
autrichienne conduite par Metternich et prend clairement position en
faveur de la répression de toute tentative de révolution libérale.
Un début de mutinerie d’une unité de la Garde impériale (le
régiment Semenovski) a convaincu Alexandre Ier qu’il fallait être
intransigeant avec toute tentative jacobine ou libérale. Le tsar
prend alors ses distances avec la cause hellène – il lui refuse
toute assistance lors du congrès de Vérone de 1822 – et avec les
tentatives de son ministre Capo d’Istria de soulever la Roumanie.
1821 :
Création, par les futurs décembristes, des Sociétés secrètes du
Nord et du Sud, qui ne disposent pas de véritable assise populaire.
1822 : Interdiction
de la franc-maçonnerie.
1er décembre
1825 : Mort d’Alexandre Ier à Taganrog. Une
tradition populaire rapporte qu’il ne serait pas mort en 1825, mais
sous l’identité d’un ermite de Tomsk en 1864, après avoir voulu
ainsi racheter la faute de son implication dans l’assassinat de son
père.
1er au
13 décembre 1825 : Règne éphémère de
Constantin Ier, fils de Paul Ier, qui abdique en faveur de son frère
Nicolas.
11 décembre
1825 : Soulèvement décembriste à Saint Pétersbourg et à
Tchernigov. Sur trente-six condamnés à mort, cinq dirigeants de ce
mouvement libéral et constitutionnel seront exécutés le 13 juillet
1826. Privé de toute base populaire, ce mouvement de révolte très
limité fonde la tradition révolutionnaire russe du XIXe siècle.
1825-1855 :
Règne de Nicolas Ier, fils de Paul Ier, couronné en août 1826.
1826 : Renforcement
de la censure.
1826 : Sous
la pression de la Russie, la Turquie doit reconnaître l’autonomie
des provinces danubiennes (Moldavie et Valachie) et celle de la
Serbie.
1826-1828 : Guerre
avec la Perse conclue par le traité de Tourkmantchaï et l’annexion
de l’Arménie orientale (khanats d’Erevan et du Nakhitchevan).
20 octobre
1827 : Victoire navale de Navarin remportée sur
la flotte égyptienne d’Ibrahim Pacha par les Français, les
Anglais et les Russes.
1828 :
Début d’une nouvelle guerre russo-turque. Wittgenstein
franchit le Prut et le Danube et occupe les principautés roumaines
et Varna. Dans le Caucase, Paskevitch s’empare d’Erzeroum en 1829
alors que, dans les Balkans, Dibitch entre dans Andrinople et
contraint la Sublime Porte à traiter.
1829 : Soumission
des Abkhazes dans l’ouest du Caucase.
2 septembre
1829 : Le traité russo-turc d’Andrinople met
fin à la guerre entamée l’année précédente. Les Russes ont
pris Silistrie puis Andrinople. Le traité ouvre les détroits au
commerce russe et confirme l’indépendance de la Grèce ainsi que
l’autonomie de la Serbie et des provinces roumaines.
1830 : Pouchkine
termine la rédaction d’Eugène Onéguine.
1830 : Lobatchevski
publie ses travaux sur la géométrie non euclidienne.
1830 : Début
de la révolte du Daghestan, conduite par la secte soufie des
Mourides et dirigée par Schamyl à partir de 1834.
29 novembre
1830 : Insurrection polonaise.
8 septembre
1831 : Paskévitch fait « régner
l’ordre » à Varsovie.
1833 : Paix
d’Unkiar-Skelessi avec la Turquie, qui fait de l’Empire ottoman
un quasi protectorat russe ; l’Anglais Palmerston ne peut
l’accepter et la Russie devra faire marche arrière en
juillet 1841, lors de la signature des conventions de Londres.
1835 : Promulgation
du Recueil complet des lois russes préparé par Speranski qui
remplace l’Oulojénié. Il fournit une base juridique au
régime impérial jusqu’en 1917.
1836-1839 : I.P.
Sakharov publie les Légendes du peuple russe.
1837 :
Premier chemin de fer
transportant de passagers de Saint Pétersbourg à Tsarskoïe Sélo.
1839 : Ouverture
de l’observatoire de Poulkovo. L’église uniate de Biélorussie
et d’Ukraine, de rite slave mais en communion avec le pape depuis
l’Union de Brest de 1596, est ramenée sous l’autorité du Saint
Synode.
1842 : Publication
de la première partie des Âmes mortes de Nicolas
Gogol, dont une pièce de théâtre, Le Revizor, présentée
en 1836, est une satire féroce de la bureaucratie.
1844 : Les
Russes soumettent les Kirghizes établis au sud du lac Balkach. Trois
ans plus tard, ils installent un fort sur les rives du Syr Daria, non
loin de la mer d’Aral.
1845 : Fondation
de la Société russe de Géographie.
1847 : Publication
des Récits d’un chasseur de Tourgueniev.
1849 : Les
troupes russes viennent rétablir l’ordre à Budapest et scellent
la défaite de la révolution hongroise entamée en 1848. À la suite
des révolutions européennes de 1848, Nicolas Ier durcit le
caractère autoritaire du régime, face à une opposition limitée
aux cercles de l’intelligentsia et partagée entre
« occidentalistes » aspirant à une évolution vers le
parlementarisme à l’anglaise et vers le développement du
capitalisme et les « slavophiles » hostiles eux aussi à
l’autocratie mais nostalgiques des anciennes « libertés »
russes.
1850 : Le
capitaine Nevelskoy prend possession de l’estuaire de l’Amour.
1851 : Inauguration
de la ligne de chemin de fer Saint-Pétersbourg-Moscou.
1851 : Traité
de Kuldja ouvrant le Sin-Kiang au commerce russe. C’est le premier
en date des « traités inégaux » imposés par la Russie
à la Chine.
4 octobre
1853 : Début de la guerre avec la Turquie.
Destruction de la flotte turque en mer Noire, devant Sinope.
27
mars 1854 : La France et l’Angleterre entrent en
guerre contre la Russie. Napoléon III cherche ainsi à sortir la
France de son isolement alors que l’Angleterre veut interdire
l’accès des détroits turcs et de la Méditerranée aux Russes en
soutenant « l’homme malade » ottoman. La guerre se
déroule pour l’essentiel en Crimée où les Français remportent
la victoire de l’Alma et parviennent, au prix d’un long siège, à
s’emparer de Sébastopol farouchement défendue par le colonel
Todleben.
1855-1881 :
Règne d’Alexandre II, fils de Nicolas Ier qui est mort le
18 février 1855. Le nouveau tsar est couronné en août 1856.
1856 : Congrès
de Paris, qui met fin à la guerre de Crimée. Les vainqueurs
imposent à la Russie l’abandon de son droit de protection sur les
principautés danubiennes et la démilitarisation de la mer Noire, ce
qui l’écarte de Constantinople et des détroits.
1857 : Début
de la publication à Londres du Kolokol (La Cloche), le
journal révolutionnaire d’Alexandre Herzen.
1858 : Émancipation
des serfs de l’État.
Mai
1858 : Traité d’Aigoun. Les Russes annexent, en
Extrême-Orient, les territoires situés au nord de l’Amour et
obtiennent la liberté de navigation sur le fleuve. En juin, le
traité de Tien-Tsin accorde à la Russie les mêmes droits que le
gouvernement chinois avait déjà reconnus à l’Angleterre, la
France et les États-Unis en matière commerciale. Après la
fondation de Nikolaievsk (1853) et de Khabarovsk (1858) sur les rives
de l’Amour, ces traités confirment l’importance de la poussée
russe en Extrême-Orient.
1859 : Schamyl,
chef de guerre avar – qui résistait aux Russes dans les montagnes
du Daghestan depuis une vingtaine d’années – est finalement
contraint de se rendre. Cette victoire signifie la mainmise russe sur
le Caucase.
1860 : Traité
de Pékin. La Russie annexe le territoire de l’Oussouri, affluent
de la rive droite de l’Amour, la région s’étendant de ce fleuve
à la côte correspondant à la « Province Maritime ». La
création de Vladivostok, « Domination de l’Orient »,
est l’aboutissement de la poussée russe en direction des rives
pacifiques de la Sibérie.
19 février
1861 : Le tsar Alexandre II décide l’abolition
générale du servage. Les paysans reçoivent leur liberté
personnelle. Une réforme agraire accompagne l’émancipation des
serfs. Elle prévoit le rachat d’environ les deux tiers des terres
aux propriétaires, qui sont indemnisés par l’État, les paysans
bénéficiaires remboursant celui-ci sur quarante-neuf ans. La
réforme s’opère dans le cadre du mir, la communauté
villageoise traditionnelle, et ne se réalise pas au profit d’une
paysannerie individuelle de petits propriétaires indépendants. Elle
maintient donc les conditions de l’archaïsme qui affectait
l’agriculture russe traditionnelle alors que les grands domaines
nobiliaires qui demeurent apparaissent comme des exploitations
modernes et productives.
1861 : Fondation
du mouvement révolutionnaire Jeune Russie.
1861-1862 : Souvenirs
de la maison des morts de Dostoïevski, qui avait été déporté
en Sibérie en 1849.
1862 : Apparition
de la société secrète révolutionnaire Zemlia i Volia (Terre
et Liberté).
1863-1864 : Nouvelle
insurrection polonaise.
1863-1864 : Alexandre
II continue à avancer sur la voie des réformes en accordant un
statut plus libéral aux universités, en réalisant des réformes
judiciaires et scolaires et en créant les Zemstvos, des
assemblées locales dotées de pouvoirs importants en matière
d’équipement, d’activités économiques et d’instruction
publique. Les députés formant l’assemblée sont élus pour trois
ans par les propriétaires fonciers, les citadins payant le cens
électoral, et les représentants des communes paysannes.
1865 : Réforme
de la censure dans un sens libéral.
1865 : Prise
de Tachkent.
1865-1869 : Guerre
et Paix de Léon Tolstoï.
1866 : Attentat
de l’étudiant Karakozov contre le tsar.
1867 : Vente
de l’Alaska et des îles Aléoutiennes aux États-Unis pour
7 800 000 dollars.
1867 : Formation
du Turkestan russe.
1867-1885 : Explorations
de Przewalski en Asie centrale. Il découvre les sources du fleuve
Jaune, visite le Tibet, les monts Kouen Lun et le désert du Lob Nor.
1868 : Les
Russes occupent Samarcande et imposent leur protectorat sur l’émirat
de Boukhara, conquis en 1870. Krasnovodsk, sur la côte orientale de
la Caspienne, est fondée en 1869.
1869-1871 : Mendeleiev
réalise sa classification périodique des éléments.
1870 : Réforme
municipale qui crée des conseils élus.
1870 : À
la faveur de la défaite de la France dans sa guerre contre la
Prusse, Alexandre II rétablit sa pleine souveraineté en mer Noire
(démilitarisée depuis 1856) et le fait admettre par le Sultan en
1872.
1871 : Début
de la production pétrolière à Bakou.
1872 : Le
premier volume du Kapital de Karl Marx est publié en russe.
1872 : Russification
de l’enseignement en Pologne où le polonais a été aboli comme
langue officielle.
1873 : Les
Russes s’emparent de Khiva. Accord anglo-russe délimitant les
sphères d’influence en Asie centrale.
1873 : Alliance
des Trois Empereurs entre Guillaume Ier d’Allemagne,
François-Joseph d’Autriche-Hongrie et Alexandre II de Russie.
1873 : Publication
des Possédés de Dostoïevski et d’Anna Karénine de
Tolstoï.
1873-1874 :
Essor du mouvement populiste.
1874 : Moussorgski
présente son opéra Boris Godounov.
1874 : Réforme
militaire. Introduction du service militaire obligatoire.
1876 : Annexion
du Ferghana en Asie centrale.
1878 : Attentat
de Vera Zassoulitch contre le général Trepov, préfet de Saint
Pétersbourg. Le jury acquitte la coupable. De nombreux représentants
de l’État sont ensuite les cibles d’attentats.
3 mars
1878 : Traité de San Stefano, consécutif à la
guerre engagée en 1877 contre l’Empire ottoman. La Russie,
protectrice des populations chrétiennes des Balkans, a voulu se
porter au secours des Serbes de Bosnie et des Bulgares victimes des
massacres ordonnés par le sultan Abd ul Hamid II. Après la chute de
Plevna, les Russes sont arrivés à Andrinople et ont obligé les
Turcs à traiter et à accepter la création d’une Grande Bulgarie
protégée de la Russie mais l’Angleterre, inquiète de la poussée
russe, obtient de Bismarck la convocation du congrès de Berlin qui,
réuni en juin-juillet 1878, prive les Russes de leur victoire en
réduisant la Bulgarie indépendante des deux tiers, l’un maintenu
sous souveraineté ottomane, l’autre transformé en une principauté
de Roumélie demeurant dépendante de la Porte. Les Russes obtiennent
pour leur part Batoum sur la côte caucasienne de la mer Noire.
1879-1881 : Les
généraux Skobelev et Kouropatkine réalisent la conquête du
Turkménistan.
1879
et 1880 : Attentats manqués de l’instituteur Soloviev et
de Khaltourine contre le tsar Alexandre II.
1880 : « Dictature
du cœur » Le général-comte Loris Melikov est placé à la
tête de la Commission Exécutive suprême et cherche à concilier la
répression des menées terroristes avec la mise en œuvre de
réformes libérales. Celles-ci sont sur le point d’être annoncées
quand le tsar est assassiné.
1881 :
Les Russes s’emparent en février de Merv. Un traité de commerce
est conclu avec la Chine.
1er mars
1881 : Assassinat du tsar Alexandre II, victime du
sixième attentat perpétré contre lui.
1881-1894 :
Règne d’Alexandre III, fils du tsar défunt.
1881 : Début
de l’exploitation des mines de fer ukrainiennes de Krivoï Rog.
14 août
1881 : Décret instituant de sévères mesures
de sécurité. Le nouveau tsar apparaît, sous l’influence de son
ancien précepteur Pobiedonotsev, comme un tenant intransigeant de
l’autocratie. Il entend par ailleurs mener vis-à-vis des minorités
nationales ou religieuses une politique de russification.
29 décembre
1881 : Décret libérant les anciens serfs de leurs
remboursements aux propriétaires.
1882 : Alors
que des pogroms ont eu lieu à la suite de l’assassinat du tsar
Alexandre II, un Statut des Juifs limite leurs droits en leur
interdisant l’achat de terres. En 1887, ils sont l’objet
d’un numerus clausus limitant leur accès à
l’Université.
1882 : Premières
lois sociales avec l’interdiction de faire travailler les enfants
de moins de douze ans, suivies en 1885 de lois interdisant le travail
de nuit des femmes et des adolescents.
1883 : Création
du groupe marxiste Libération du Travail de Georges
Plekhanov.
1884 : Révision
dans un sens autoritaire du statut des universités, suivie, en 1890
et 1892, d’une restriction des pouvoirs des zemstvos et des
municipalités.
1885 : Anglais
et Russes signent un protocole d’accord limitant leurs zones
d’influence en Afghanistan.
1887 : Attentat
manqué contre Alexandre III, auquel participe le frère aîné de
Lénine.
1890 : Présentation
du Prince Igor de Borodine.
1891 : Début
de la construction du Transsibérien, terminé en 1899.
1892 : Accords
militaires secrets franco-russes.
1890-1900 : Débuts
du décollage industriel de la Russie, sous l’impulsion du ministre
de Witte qui demeure aux affaires de 1892 à 1903. En 1914, la Russie
comptera 70 000 km de voies ferrées contre 979 en 1855 ;
les capitaux étrangers, notamment français, sont investis
massivement dans ce pays dont les perspectives de développement
apparaissent alors très prometteuses.
1894-1917 :
Règne de Nicolas II, fils d’Alexandre III, qui, sacré en
mai 1895, annonce qu’il maintiendra la ligne politique
favorable à l’autocratie définie par son père.
1895 : Arrestation
de Wladimir Ilitch Oulianov, le futur Lénine (né en 1870) pour ses
activités au sein de l’Union pour l’émancipation de la classe
ouvrière.
1896 :
Concession à une société russe de la construction du chemin de
fer de Mandchourie, appelé à être protégé par des troupes
russes. Cette annexion déguisée du nord-est de la Chine est
complétée en 1898 par la cession pour vingt-cinq ans de Port Arthur
ce qui fait passer la péninsule du Liao Toung – que le Japon avait
été obligé d’évacuer sur intervention russe après sa victoire
sur la Chine de 1895 – sous le contrôle russe.
1897 : Limitation
de la journée de travail à 11h30.
1898 : Fondation,
au congrès clandestin de Minsk, du parti ouvrier social-démocrate
de Russie.
1899 : Nicolas
II est l’initiateur de la première conférence de la Paix à
La Haye.
1900-1901 : Participation
russe à l’expédition internationale engagée en Chine contre la
révolte des Boxers.
1902 : Fondation
du parti socialiste-révolutionnaire (SR) issu des courants
terroristes et nihilistes de la génération précédente.
1902 : Lénine
rédige son Que faire ?, texte dans lequel il définit un
modèle du parti révolutionnaire, organisé de manière
quasi-militaire, appelé à constituer « l’avant-garde du
prolétariat » et à accélérer le processus historique
d’effondrement du capitalisme. À l’inverse de Marx, il voit dans
la Russie un pays où la révolution pourra plus aisément triompher
que dans les grands États industriels où la classe ouvrière a été
gagnée au réformisme.
1903 : Le
congrès de Londres aboutit à la scission, au sein du parti
social-démocrate, entre mencheviks et bolcheviks (majoritaires). Ces
derniers adhèrent aux thèses formulées par Lénine à propos de
l’organisation du parti comme « minorité agissante »
formée de professionnels de la Révolution mais, en Russie, ce sont
les mencheviks partisans d’un rassemblement de tous les opposants
qui sont de loin les plus nombreux.
1903 : Pogroms
contre les Juifs de Kichinev et de Gomel.
1904 : Tchékov
présente La Cerisaie. Pavlov obtient le Prix Nobel de
physiologie pour ses travaux sur les réflexes conditionnés.
8
février 1904 : Attaque japonaise contre
Port-Arthur. Début de la guerre russo-japonaise. La place se rendra
à l’issue de près d’un an de siège.
Juillet
1904 : Assassinat de Plehve, le ministre de
l’Intérieur réactionnaire dont l’influence a progressivement
supplanté celle de Witte.
1905 : Une
grave crise révolutionnaire affecte le pays tout au long de l’année.
Le 9 janvier est le jour du « Dimanche rouge » à
Saint Pétersbourg : une foule de manifestants entraînés par
le pope Gapone – un agent de l’Okhrana, la police secrète –
est mitraillée par la troupe. La défaite subie en Mandchourie, à
Moukden, en février, face aux Japonais, aggrave le mécontentement.
En mai-juin, un premier soviet – pouvoir insurrectionnel établi
par des ouvriers révolutionnaires – se constitue à Ivanovo.
L’écrasante défaite subie par la flotte russe de l’amiral
Rojdestvenski le 15 mai dans le détroit des îles Tsoushima
porte un coup très dur au prestige du régime. Des mutineries
surviennent dans l’armée et la flotte, notamment celle du cuirassé
Potemkine, le 14 juin. Le traité de Portsmouth, conclu
le 25 août, met fin au conflit avec le Japon qui sort grand
vainqueur de la guerre ; il récupère le sud de Sakhaline, le
Liao-Toung et Port-Arthur, le chemin de fer de Mandchourie. Celle-ci
est évacuée par les Russes et les Japonais voient reconnaître leur
protectorat sur la Corée. Ce traité donne un coup d’arrêt aux
ambitions russes en direction de la Chine. Alors qu’en octobre une
grève générale paralyse une bonne partie du pays et qu’un Soviet
se constitue à Saint Pétersbourg, l’opposition libérale se
constitue en parti constitutionnel démocrate (KD ou « cadet ») ;
le 17 octobre (calendrier julien), Nicolas II promet une
constitution garantissant les libertés fondamentales et instituant
une Douma d’Empire (un Parlement) élue par tous les contribuables
âgés de vingt-cinq ans. Faute d’un parti révolutionnaire
suffisamment puissant et organisé, l’agitation se calme après
qu’un ultime mouvement insurrectionnel a été réprimé à Moscou
en décembre.
27 avril
– 8 juillet 1906 : Première Douma, composée
d’une majorité de notables libéraux. Elle est dissoute quand elle
réclame que les ministres soient responsables devant elle.
9 novembre
1906 : Réforme de Stolypine autorisant les paysans à
quitter la communauté rurale traditionnelle.
20 février-2 juin
1907 : Deuxième Douma. Elle est dissoute quand elle
réclame le suffrage universel.
Août 1907
: Accord anglo-russe à propos
de l’Iran et de l’Afghanistan.
1er novembre
1907 – 9 juin 1912 : Troisième Douma. Élue après
une modification du code électoral favorable aux propriétaires
ruraux, elle est surnommée la « Douma des Seigneurs » et
dure les cinq ans de son mandat.
1908 : L’annexion
de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche – qui avait reçu en
1878, pour trente ans, l’administration « provisoire »
de ce territoire – constitue pour la Russie, trois ans après la
défaite subie face au Japon, une humiliation supplémentaire dans la
mesure où elle n’a rien pu faire en faveur de son allié serbe.
Demeurée ensuite passive lors des guerres balkaniques de 1912 et
1913, elle sera contrainte – si elle ne veut pas perdre tout son
crédit auprès des nations slaves et orthodoxes des Balkans –
d’intervenir dans la crise déclenchée à l’été de 1914 par
l’assassinat de Sarajevo.
1910 : Une
loi confirme l’oukaze de 1906 relatif à la réforme agraire.
Stolypine veut encourager la formation d’une petite paysannerie
propriétaire, dominante socialement et politiquement, dont il espère
qu’elle fournira à terme une majorité électorale suffisamment
large au régime tsariste.
18 septembre
1911 : Assassinat de Stolypine à Kiev.
1912 : Massacre
de la Léna, la troupe tire sur des ouvriers grévistes. Parution à
Prague du premier numéro de la Pravda, le journal du parti
bolchevik.
15 novembre
1912 – 25 février 1917 : Quatrième Douma.
L’opposition y est majoritaire.
1913 : Procès
Beyliss à Kiev. Un Juif accusé d’un meurtre rituel est acquitté.
L’antisémitisme est alors très virulent dans l’Empire où des
groupes nationalistes, les « centuries noires », ont
organisé plusieurs pogroms en Ukraine et en Biélorussie.
1914 : En
décrétant le 30 juillet la mobilisation générale russe, qui
va mettre en mouvement l’engrenage des mobilisations générales,
le tsar transforme la crise austro-serbe en crise européenne.
L’Allemagne puis l’Autriche-Hongrie déclarent la guerre à la
Russie les 1er et 6 août. Défaites des généraux
Samsonov et Rennenkampf à Tannenberg et aux Lacs Mazuriques.
1915 : Défaites
d’Augustovo. Les Russes doivent évacuer Galicie et Pologne.
Août
1915 : L’opposition s’organise à la Douma.
Juin
1916 : Offensive Broussilov ; elle demeure
sans lendemain.
17 décembre
1916 : Assassinat de Raspoutine.
1917 :
Révolution de février (selon
le calendrier julien). Abdication du tsar le
3 mars.
Mythes et réalités de l’illusion soviétique
Février 1917 : La
révolution éclate à Petrograd. Le rationnement du pain
(16 février), la grève de l’usine Poutilov (18 février),
celle des transports urbains (24 février) et la répression
engagée le 26 conduisent le tsar à dissoudre la Douma le 27 alors
que se constitue le même jour le Soviet (conseil
révolutionnaire d’ouvriers et de soldats mutinés) de Petrograd.
Alexandre Kerensky, l’un des leaders de l’opposition, réagit le
28 en constituant un Comité provisoire de la Douma qui se transforme
en gouvernement provisoire le 2 mars quand on annonce
l’abdication du tsar et quand on apprend le refus du grand-duc
Michel d’assumer la régence. Les difficultés nées de la guerre,
les fragilités de l’économie russe, le discrédit dans
l’aristocratie de la famille impériale qui se voit reprocher les
faveurs accordées à Raspoutine, les rigueurs de la vie quotidienne
expliquent cette explosion révolutionnaire qui apparaît largement
spontanée. Le gouvernement provisoire présidé par le prince Lvov
prévoit pour la fin octobre des élections permettant de désigner
une Assemblée constituante. L’octroi des libertés fondamentales
et l’amnistie pour les condamnés et les exilés politiques créent
un paysage politique nouveau. Dans un premier temps, le gouvernement
provisoire et les soviets qui se forment partout en Russie ne
s’opposent pas et la Russie continue la lutte contre les Empires
centraux au sein de l’Entente.
3 avril
1917 : Retour de Lénine à Petrograd. Le chef du courant
bolchevik, qui est alors à peu près inconnu et ne dispose que de
quelques milliers de militants, se prononce d’emblée pour « la
paix immédiate » et pour le transfert de « tout le
pouvoir aux soviets ». Il est en effet convaincu qu’une
Assemblée constituante élue au suffrage universel ne peut conduire
à la révolution sociale radicale qu’il appelle de ses vœux alors
que la « minorité agissante » bolchevique peut espérer
prendre le contrôle des soviets.
5 mai
– 7 juillet 1917 : Second gouvernement
provisoire. Il brise, les 4 et 5 juillet, l’insurrection
populaire déclenchée par les marins de Cronstadt et profite de
l’événement pour réprimer les menées bolcheviques. Lénine et
Staline doivent passer dans la clandestinité. Le prince Lvov
démissionne et laisse à Kerensky la direction du gouvernement
provisoire.
Août
1917 : Échec de la tentative de putsch militaire du
général Kornilov. Les bolcheviks sont alors en situation de
reprendre l’initiative et Trotski, rentré en Russie en mai puis
emprisonné en juillet, est élu, après avoir été libéré et
avoir pris la tête de la résistance au coup d’État, président
du Soviet de Petrograd le 25 septembre.
Octobre
1917 : Insurrection bolchevique à Petrograd. Elle est
déclenchée avant les élections à la Constituante et au moment où
se réunit dans la capitale un Congrès panrusse des Soviets qui
pourra donner une caution « nationale » au coup de force.
Alors que les bolcheviks s’emparent aisément de Petrograd mais
maîtrisent plus difficilement la situation à Moscou, Lénine fait
entériner par le Congrès des Soviets les décrets sur la paix et
sur la terre. Un nouveau gouvernement provisoire exclusivement
bolchevique est constitué sous le nom de conseil des commissaires du
peuple. Il est présidé par Lénine et Trotski se voit confier les
affaires étrangères. Dès le 15 décembre, un armistice est
conclu avec les puissances centrales à Brest-Litovsk où la paix
sera signée le 3 mars 1918, après que les Allemands auront
repris l’offensive le 18 février.
7 décembre
1917 : Création de la Tchéka, la police politique du
nouveau régime. Elle sera, sous les ordres de Djerzinski,
l’instrument de la terreur révolutionnaire.
Janvier 1918 :
La nouvelle Russie soviétique adopte le calendrier grégorien et
abandonne le calendrier julien de la tradition orthodoxe.
5 janvier
1918 : Réunion et
dissolution immédiate de l’Assemblée constituante élue deux mois
plus tôt.
21 janvier
1918 : Annulation des emprunts contractés par l’ancien
régime tsariste.
27 février
1918 : Création de l’Armée rouge.
7 mars
1918 : Le VIIe Congrès du parti bolchevik le
transforme en Parti communiste.
12 mars
1918 : Le gouvernement s’installe à Moscou.
17 juillet
1918 : Assassinat de la famille impériale à
Iekaterinenburg.
19 juillet
1918 : Promulgation de la première constitution
soviétique qui donne à la « classe ouvrière » un poids
électoral cinq fois supérieur à celui de la paysannerie.
Été
1918 : Les bolcheviks éliminent leurs anciens alliés
socialistes-révolutionnaires qui se sont dressés contre eux à
partir du mois de juillet. C’est durant cette période que se met
en place le « communisme de guerre » impliquant la
nationalisation de tous les secteurs de l’économie et la
généralisation des réquisitions.
2 août
1918 : Les Anglais occupent Arkhangelsk sur la mer
Blanche.
25 octobre
1918 : Note alliée aux États neutres organisant le
blocus de la Russie qui s’enfonce dans la guerre civile opposant
l’Armée Rouge organisée par Trotski aux Armées blanches
contre-révolutionnaires.
8 novembre
1918 : Le pouvoir bolchevik dénonce le traité de
Brest-Litovsk.
22 janvier
1919 : La conférence organisée dans l’île des Princes,
en mer de Marmara, ne permet pas de réconcilier Rouges et Blancs.
2-6 mars
1919 : Lénine constitue à Moscou la
IIIe Internationale qui, dirigée par le Komintern, doit
rassembler tous les partis socialistes se reconnaissant dans la
révolution bolchevique et devenir ainsi l’instrument de la
révolution mondiale que les dirigeants soviétiques croient alors
imminente.
Avril 1919 : L’Armée
blanche de l’amiral Koltchak venue de Sibérie est vaincue sur la
Volga et son chef sera fusillé à Irkoutsk en février 1920.
Octobre 1919 : L’Armée
blanche du général Denikine est stoppée à Voronej.
Octobre-décembre
1919 : Le général blanc Youdénitch ne parvient pas à
s’emparer de Petrograd.
16 janvier
1920 : Les puissances alliées – Anglais et Français
– lèvent le blocus imposé à la Russie bolchevique face à
laquelle elles organisent en Europe orientale un « cordon
sanitaire » d’États chargés de contenir la poussée
révolutionnaire.
Avril 1920 : Offensive
en Ukraine de l’Armée blanche de Wrangel, combinée avec le
déclenchement de la guerre russo-polonaise.
7 mai
1920 : Prise de Kiev par les Polonais, suivie par une
contre-offensive soviétique conduite par Toukhatchevsky et Boudienny
qui n’est arrêtée que devant Varsovie le 15 août, grâce à
l’intervention de la mission militaire française conduite par le
général Weygand.
1er septembre
1920 : Le congrès international de Bakou appelle
l’Asie à s’engager à son tour dans la révolution.
Septembre-décembre
1920 : L’Azerbaïdjan, puis l’Ukraine se joignent à
la République Fédérative des Soviets de Russie. En 1921, la
Biélorussie (en janvier), la Géorgie (en mai) et l’Arménie (en
décembre) se joignent à leur tour à la Russie. C’est en fait
l’intervention de l’Armée rouge, venue appuyer l’action des
bolcheviks locaux, qui met fin à la Fédération de Transcaucasie
née des espoirs d’indépendance suscités par le décret des
nationalités du 2 novembre 1917.
2-17 mars
1921 : La révolte des marins de Cronstadt contre le régime
est écrasée par Trotski. Au cours des mois suivants, l’Armée
rouge purge l’Ukraine des bandes anarchistes de Makhno. Dans le
même temps, Lénine lance lors du Xe Congrès du Parti
(8-16 mars) la NEP (Nouvelle Politique économique) qui organise
la coexistence entre secteur nationalisé et planification d’une
part et la privatisation d’un certain nombre d’activités d’autre
part (dans l’agriculture et le commerce). Alors que le bilan de la
guerre et du communisme de guerre était catastrophique – la
production russe de 1921 égale un septième de celle de 1913 – la
reconstruction et le dynamisme du secteur privatisé font que le pays
rattrape le niveau de production de 1913 dès 1925.
28 mars
1921 : Le traité de Riga fixe les frontières du
nouvel État polonais et de la Russie soviétique.
6 février
1922 : La Tchéka devient la Guépéou (GPU).
26 février
1922 : Confiscation des biens d’Église. Lancement
d’une campagne violemment antireligieuse.
3 avril
1922 : Staline devient
secrétaire général du Parti.
16 avril
1922 : Traité germano-soviétique de Rapallo. Il
s’agit d’un pacte de non-agression complété d’accords secrets
permettant de tourner le désarmement imposé à l’Allemagne.
Octobre 1922 : Les
Japonais qui s’étaient avancés jusqu’au lac Baïkal – ce qui
avait entraîné le débarquement d’un petit corps expéditionnaire
américain à Vladivostok – évacuent la Sibérie orientale.
30 décembre
1922 : Naissance de l’Union des républiques
socialistes soviétiques.
21 janvier
1924 : Mort de Lénine.
1925 : Trotski
est exclu du gouvernement. La même année, le cinéaste Eisenstein
réalise Le Cuirassé Potemkine et le poète
Essenine se suicide.
1927 : Trotski
et Zinoviev sont exclus du Parti.
Mai 1928 : Trotski
est exilé à Alma-Ata. Il dénonce « la dégénérescence
bureaucratique de l’État ouvrier » et se fait le champion
d’une « révolution permanente » à vocation
immédiatement universelle alors que Staline, au nom du réalisme et
de la consolidation des acquis d’octobre, défend l’idée du
« socialisme dans un seul pays » proclamée en
décembre 1924.
Octobre 1928
– décembre 1932 : Mise en œuvre du premier
plan quinquennal.
Janvier 1929 : Trotski
est exilé d’URSS.
Automne
1929 : Début de la collectivisation forcée de
l’agriculture et de l’élimination des koulaks, les petits
paysans propriétaires.
Avril 1930 : Suicide
du poète Maiakovski.
Juin 1930 : Création
d’une administration spéciale des camps (Goulag) au sein du GPU.
Décembre 1932 : Introduction
de l’obligation du passeport intérieur pour les citoyens
soviétiques.
1932-1934 :
Famine en Ukraine et dans le
bassin méridional de la Volga. Elle fait cinq millions de victimes.
1933-1937 :
Deuxième plan quinquennal. Les résultats annoncés sont
spectaculaires, notamment dans le domaine de l’énergie, des
infrastructures et de l’industrie lourde qui sont les priorités
affichées du régime. Celui-ci entend alors « bâtir le
socialisme dans un seul pays » avant de reprendre l’offensive
pour la réalisation de la révolution mondiale après l’échec
enregistré au cours de la période 1917-1921.
Juillet 1934 : Le
GPU devient le NKVD.
18 septembre
1934 : L’URSS devient membre de la Société des
Nations.
1er décembre
1934 : Assassinat de Kirov, responsable du parti à
Petrograd. Il va fournir à Staline le prétexte des grandes purges.
Août 1935 : Début
des campagnes « stakhanovistes » de mobilisation des
travailleurs, du nom d’un ouvrier qui avait établi des normes de
rendement exceptionnelles. (Il s’est avéré ultérieurement que
toute cette campagne relevait de la simple propagande.)
Août 1936 :
Premier procès de Moscou dont sont victimes Kamenev, Zinoviev et
quatorze autres inculpés.
5 décembre
1936 : Promulgation de la troisième constitution
soviétique.
Janvier 1937 :
Deuxième procès de Moscou dont sont victimes, entre autres,
Piatakov et Radek.
Mi-juin
1937 : Nouveau procès de Moscou visant principalement les
militaires. Une épuration de grande ampleur aboutit à la
liquidation de la moitié du commandement supérieur soviétique,
Toukhatchevski étant la victime la plus célèbre.
Mars 1938 :
Troisième procès de Moscou, qui aboutit à l’exécution de
Boukharine, Rykov et Iagoda.
Décembre 1938 : Béria
accède à la direction du NKVD.
1938-1941 :
Le troisième plan quinquennal qui devait aboutir à la « réalisation
du socialisme » voit sa mise en œuvre interrompue par la
guerre.
23 août
1939 : Pacte
germano-soviétique.
Septembre 1939 : Allemagne
et URSS se partagent la Pologne.
Novembre 1939
– mars 1940 : Guerre d’hiver russo-finlandaise.
L’URSS reprend à la Finlande indépendante depuis 1917 l’isthme
de Carélie.
Juin 1940 : L’URSS
annexe les États baltes et la Bessarabie roumaine (l’actuelle
Moldavie) comme le prévoyait le pacte germano-soviétique de l’année
précédente.
20 août
1940 : Trotski est assassiné à Mexico par un agent de
Staline.
22 juin
1941 : L’armée allemande envahit l’URSS en
application du plan Barbarossa. Les Allemands s’emparent de
l’Ukraine, poussent jusqu’à Leningrad qui subira trois ans de
siège et sont finalement stoppés devant Moscou par l’hiver et par
la contre-offensive de Joukov.
1942 : Après
de nouveaux succès au sud du Don et jusqu’au Caucase, les
Allemands ne parviennent pas à prendre Stalingrad sur la Volga et
sont encerclés en novembre par la contre-offensive déclenchée par
les Soviétiques.
2 février
1943 : La VIe Armée
allemande de Paulus doit capituler à Stalingrad.
Juillet 1943 : L’échec
de l’offensive allemande de Koursk décide du sort de la guerre à
l’est.
Janvier-mai
1944 : Déportation des peuples du Caucase (dont les
Tchetchènes) et des Tatars de Crimée.
Février 1945 : Conférence
des trois Grands à Yalta, suivie en juillet-août de la conférence
de Potsdam.
8 mai
1945 : L’armistice est signé à Berlin. L’URSS
sort victorieuse de la seconde guerre mondiale, avec le rang de
superpuissance que lui valent sa participation majeure au conflit et
le souci de Roosevelt de l’associer à l’ONU et à la
construction d’un nouvel ordre mondial mais le pays a terriblement
souffert. Vingt millions de morts viennent s’ajouter aux victimes
de la révolution, de la guerre civile, de la répression du monde
paysan, de la famine ukrainienne et de la terreur de masse qui frappe
l’ensemble de la population dans les années trente ; toute la
Russie d’Europe et l’Ukraine sont ravagées.
1946-1950 : Réalisation
du quatrième plan quinquennal.
1947 : Début
de la guerre froide, marquée l’année suivante par le coup de
Prague et le début du blocus de Berlin.
Septembre 1949 : L’URSS
annonce l’explosion de sa première bombe atomique.
5 mars
1953 : Mort de Staline. Béria est écarté en juillet et
c’est Khrouchtchev qui s’impose comme premier secrétaire du
parti en septembre.
1954 : Création
du KGB.
1955 : Malenkov
est écarté et c’est le tandem Boulganine-Khrouchtchev qui dirige
le pays. Ils se rendent en visite en Yougoslavie pour renouer avec
Tito excommunié par Staline en 1948.
Février 1956 :
Le rapport Khrouchtchev
présenté devant le XXe Congrès du Parti Communiste d’Union
soviétique dénonce les crimes de Staline.
Octobre 1956 : Les
Soviétiques interviennent à Budapest pour briser la révolution
hongroise.
4 octobre
1957 : Les Soviétiques mettent en orbite Spoutnik,
le premier satellite artificiel. Ce qui signifie qu’ils
disposent de fusées balistiques en mesure de parcourir des
trajectoires intercontinentales et de menacer directement le
territoire américain, ce qui engendre une parité stratégique
nouvelle entre les deux Grands.
Août 1961 : Construction
du mur de Berlin. L’Europe est plus que jamais divisée entre les
deux blocs.
Octobre 1962 : Crise
américano-soviétique majeure à propos du déploiement des missiles
soviétiques à Cuba. Kennedy obtient leur retrait mais doit faire
des concessions comparables à propos des missiles américains
déployés en Turquie et en Iran.
Juillet 1963 : Rupture
des relations sino-soviétiques. Mao Tsé Toung fait de la surenchère
« anti-impérialiste ».
14 octobre
1964 : Khrouchtchev est écarté du pouvoir et remplacé
par Leonid Brejnev.
Août 1968 : Intervention
soviétique en Tchécoslovaquie.
Mars 1969 : Combats
entre Chinois et Soviétiques sur la frontière de l’Oussouri.
Mai 1972 :
Signature à Moscou des accords soviéto-américains SALT I relatifs
à la limitation des armements stratégiques.
1973 : Publication
en Occident de L’Archipel du Goulag d’Alexandre
Soljenitsyne qui révèle la réalité de l’univers
concentrationnaire soviétique. L’image de la « patrie du
socialisme » en sort ébranlée en Occident, ce que confirme la
répression engagée contre les dissidents.
1975 :
Les Soviétiques obtiennent
avec les accords d’Helsinki, la confirmation des frontières issues
en Europe de la seconde guerre mondiale. L’URSS atteint alors à
son maximum de puissance militaire d’autant qu’elle s’est
dotée, grâce à l’amiral Gorchkov, d’une flotte désormais
présente sur toutes les mers du globe.
7 octobre
1977 : Adoption de la quatrième constitution
soviétique.
Décembre
1979 : Intervention soviétique en Afghanistan. Réalisée à
l’origine pour soutenir une tendance communiste contre une autre,
elle débouche sur une révolte généralisée au nom de la guerre
sainte musulmane contre l’envahisseur étranger et athée. Le
soutien apporté aux moudjahiddines – proclamés « combattants
de la liberté » par le président Reagan – par le Pakistan,
les USA, l’Arabie saoudite et de nombreux pays musulmans aboutit à
l’enlisement des Soviétiques.
1979 : Le
recensement donne à l’URSS 263 millions d’habitants. Après
l’éclatement de l’État soviétique qui interviendra en 1991, la
Fédération de Russie ne conservera que moins de 160 millions
d’habitants et sera confrontée à une crise démographique majeure
– effondrement de la natalité due à la crise économique et à la
baisse du niveau de vie, baisse très sensible de l’espérance de
vie, progrès inquiétants de la mortalité infantile…
Été
1980 : Les USA et leurs alliés boycottent les Jeux
olympiques de Moscou pour protester contre l’intervention en
Afghanistan.
Novembre 1982 :
Mort de Leonid Brejnev qui est
remplacé par Youri Andropov.
1983 : L’année
est marquée par la montée des tensions entre l’Est et l’Ouest.
En réponse au déploiement des missiles SS20 soviétiques à moyenne
portée face à l’Europe occidentale, les Américains y installent
les fusées Pershing II et les missiles de croisière Tomahawk
capables de menacer l’URSS de frappes nucléaires chirurgicales
alors que le territoire américain, plus lointain, ne pourrait en
contrepartie être atteint que par des frappes stratégiques donnant
d’emblée à un éventuel conflit une dimension toute différente.
Cette crise des euromissiles se termine sur un échec incontestable
des Soviétiques, contraints d’accepter le fait accompli.
Février 1984 :
Andropov meurt et est remplacé
par Tchernenko.
10 mars
1985 : Mort de Tchernenko qui est remplacé par Mikhaïl
Gorbatchev dès le 11. Celui-ci représente une nouvelle génération
de dirigeants conscients des retards structurels accumulés par
l’URSS et convaincus que celle-ci ne pourra soutenir la nouvelle
course aux armements lancée par le président américain Reagan avec
le projet de bouclier spatial (initiative de Défense Stratégique
dite « guerre des étoiles » dans le public). Gorbatchev
fait donc le choix d’une détente rapide avec l’Ouest, marquée
par l’évacuation des Soviétiques d’Afghanistan en 1987 et par
des mesures unilatérales de réduction des forces conventionnelles
en Europe centrale qui conduisent les Américains à négocier
ensuite le démantèlement des armes de portée intermédiaire et la
réduction des armements stratégiques (accords START).
25 avril
1986 : La catastrophe nucléaire de Tchernobyl est un
révélateur de la faillite du système soviétique.
19 décembre
1986 : Le dissident Andrei Sakharov, en résidence
surveillée en province, est autorisé à regagner Moscou. Les
dissidents emprisonnés sont progressivement libérés.
1987 : Glasnost, « transparence »
et Perestroika, « restructuration »,
s’imposent comme les deux mots clés du nouveau cours que connaît
la politique soviétique. Ce qui vaut une popularité certaine à
M. Gorbatchev dans les pays occidentaux, alors que certains
dirigeants du bloc socialiste apparaissent beaucoup plus réservés à
propos du nouveau dirigeant du Kremlin.
Avril 1988 : Accord
de paix sur l’Afghanistan d’où l’URSS s’engage à retirer
toutes ses troupes avant 1989.
Octobre 1988 :
M. Gorbatchev ajoute à sa fonction de secrétaire général
du Parti celle de chef de l’État. La situation se détériore au
Caucase où Arméniens et Azéris s’affrontent pour le contrôle de
la région du Haut Karabagh.
1989 : Gorbatchev
doit compter avec le développement de l’agitation dans les pays
Baltes mais, surtout, avec l’effondrement des « démocraties
populaires » d’Europe de l’Est. Après la Pologne et
la Hongrie, l’Allemagne de l’Est est touchée à son tour par la
contestation et, le 9 novembre, la chute du mur de Berlin ouvre
la voie de la réunification allemande, acquise dès l’année
suivante. À Prague, la « révolution de velours »
entraîne la chute du régime alors que Ceausescu est renversé et
exécuté à Bucarest. En URSS, la poursuite des réformes installe
progressivement les conditions de la démocratie politique mais la
transformation de l’appareil productif demeure très insuffisante.
3 décembre
1990 : Le Parlement de Russie vote une loi sur la
propriété privée qui rompt avec sept décennies de communisme.
19 au
21 août 1991 : Échec d’un coup d’État
« conservateur » à Moscou. Quelques jours plus tard, les
parlementaires suspendent l’activité du Parti communiste.
8 décembre
1991 : La Russie, l’Ukraine et la Biélorussie
constituent, à l’initiative du président de Russie Boris Eltsine,
la Communauté des États indépendants (CEI). Gorbatchev se retrouve
ainsi privé de fait de son titre de président de l’URSS. Le
21 décembre, à Alma-Ata, la CEI regroupe les anciennes
républiques soviétiques, à l’exception des trois États baltes
et de la Géorgie. La fin de l’Union soviétique est officiellement
proclamée le 25 décembre.
Une transition difficile
14 juin
1992 : Le Parlement russe adopte une loi sur la
privatisation des entreprises. En décembre, Egor Gaïdar, ministre
réformateur, est remplacé par Victor Tchernomyrdine.
3
janvier 1993 : Signature du traité Start II de réduction
des armements nucléaires stratégiques entre les USA et la CEI.
25
avril 1993 : 58% des votants accordent leur confiance au
président Eltsine lors d'un référendum.
Septembre 1993 : Le
pouvoir exécutif (Eltsine) et les députés s’opposent violemment.
L’assaut lancé le 4 octobre contre le Parlement par les
forces d’Eltsine aboutit à l’arrestation des opposants, le
général Routskoï et Rouslan Khasboulatov. Boris Eltsine sort
victorieux de la crise et annonce des élections pour le mois de
décembre. Celles-ci ne lui sont pas aussi favorables qu’il
l’escomptait. Les électeurs approuvent son projet de constitution
qui renforce notablement les pouvoirs présidentiels mais les
élections législatives sont moins heureuses et la liste Choix
de la Russie est battue dans plusieurs régions, alors que
l’on constate une percée importante du courant ultranationaliste
de Wladimir Jirinovski.
1994 : Le
gouvernement de Viktor Tchernomyrdine peine à rétablir la situation
économique alors que débute l’intervention militaire en
Tchétchénie(en décembre).
Le
22 juin Moscou et l'OTAN signent à Bruxelles un accord-cadre de
« partenariat pour la paix ». A la fin août les dernières
troupes russes évacuent l'Allemagne et les pays baltes.
Juin 1995 : Boris
Eltsine obtient, lors du sommet réuni à Halifax, que le G7
accueille désormais la Russie. Dans le même temps, les Tchétchènes
poussent leurs actions et leurs prises d’otages en territoire
russe.
Décembre 1995 : Les
élections législatives voient les communistes de Guennadi Ziouganov
obtenir 22 % des voix. Ils constituent ainsi le premier parti de
la Douma. Les ultra-nationalistes de Jirinovski sont en deuxième
position avec 11 % des voix. Ces résultats témoignent du
désarroi d’un électorat confronté à la crise économique et à
une précarité sociale de plus en plus insupportable alors que
prospèrent les mafias et la corruption.
3 juillet
1996 : Boris Eltsine est réélu président avec 53,5 %
des suffrages, contre son adversaire communiste Ziouganov, qui en
obtient 40,5 %.
12 mai
1997 : Accord de paix entre la Russie et la
Tchétchénie.
17 juillet
1998 : Les restes de la famille impériale sont inhumés
solennellement dans la cathédrale de la forteresse Pierre et Paul à
Saint-Pétersbourg.
13 août
1998 : La Bourse de Moscou est fermée en raison de la
situation économique du pays. L’endettement est colossal et
l’inflation énorme. La Russie apparaît plus que jamais dépendante
des crédits étrangers. Le rouble est dévalué le 17 août. Le 11
septembre, Evgueni Primakov est nommé premier ministre.
Septembre 1999 : De
sanglants attentats perpétrés à Moscou sont attribués aux
Tchétchènes et relancent la lutte dans la république caucasienne
où Groszny est violemment bombardée.
Décembre 1999 : Le
dauphin désigné de Boris Eltsine, Vladimir Poutine, nommé premier
ministre par intérim en août, remporte les élections avec le Parti
de l’Unité. Les communistes demeurent le premier parti de la Douma
mais ne sont plus en mesure de constituer une majorité. Fatigué et
malade, Boris Eltsine se retire le 31 décembre, six mois avant la
fin de son mandat et laisse la place à Vladimir Poutine qui verra
les électeurs le confirmer à son poste au mois de mars suivant.
6
février 2000 : Vladimir Poutine annonce que
"l'opération de libération de Grozny" est terminée. Il
est élu président le 26 mars avec près de 53% des suffrages.
13
mai 2000 : La Russie est divisée en sept districts
fédéraux dirigés par des superpréfets choisis
par Vladimir Poutine.
12
août 2000 : Naufrage accidentel du sous-marin nucléaire
Koursk en mer de Barentz.
16
juillet 2001 : La Russie et la Chine concluent à Moscou un
traité d'amitié et de coopération.
11
septembre 2001 : Poutine condamne les attentats qui ont
frappé New-York et offre son aide aux Américains pour lutter contre
le terrorisme.
13
décembre 2001 : George W. Bush annonce que les USA se
retirent unilatéralement du traité antimissiles balistiques (ABM)
signé par Moscou et Washington en 1972.
26
juin 2002 : La Russie devient membre de plein droit du G8
qu'elle avait formellement intégré en 1997.
25
octobre 2003 : Arrestation de l'oligarque Mikhaïl
Khodorkovski, PDG du groupe pétrolier Ioukos, qui s'apprêtait à
négocier sa cession à une firme américaine.
14
mars 2004 : Vladimir Poutine est réélu à la
tête de l’État avec 71,2% des suffrages.
3
septembre 2004 : La prise d'otages perpétrée par des
terroristes tchétchènes dans une école de Beslan en Ossétie du
Nord se solde par la mort de plus de 300 personnes, en majorité des
enfants.
14
octobre 2004 : Moscou et Pékin signent un accord mettant
fin aux contentieux relatifs à la délimitation de leurs frontières
en Extrême Orient.
1er
décembre 2004 : Une réforme constitutionnelle renforce les
pouvoirs présidentiels au détriment des gouverneurs régionaux.
3
février 2005 : Le FMI annonce que la Russie a fini de
rembourser ses dettes.
25
avril 2005 : Dans un discours à la Douma, Vladimir Poutine
affirme que la disparition de l'URSS a été la plus grande
catastrophe géopolitique du XXème siècle.
4
mars 2006 : Ramzan Kadyrov, soutenu par Vladimir Poutine,
devient premier ministre en Tchétchénie où il sera élu président
l'année suivante.
10
juillet 2006 : Le chef terroriste tchétchène Chamil
Bassaev est tué en Ingouchie.
14
juillet 2007 : En réponse au projet américain de déployer
un bouclier antimissile en Pologne et en République Tchèque,
la Russie suspend sa participation au traité sur la réduction des
forces conventionnelles en Europe, signé en 1990.
10
décembre 2007 : Vladimir Poutine annonce qu'il
soutiendra Dmitri Medvedev, premier vice premier ministre
depuis novembre 2005, pour l'élection présidentielle de l'année
suivante.
2
mars 2008 : Dmitri Medvedev est élu président
dès le premier tour, avec plus de 70% des suffrages et il
nomme Vladimir Poutine premier ministre le 8 mai.
7-26
août 2008 : Crise russo-géorgienne en Ossétie du
sud.
17
septembre 2009 : Barack Obama annonce l'abandon du
projet de bouclier antimissile en Europe de l'Est.
8
avril 2010 : Signature à Prague d'un nouveau traité de
réduction des armements stratégiques entre les présidents russe et
américain.
21
mai 2010 : L'Ukraine renouvelle pour vingt-cinq ans, en
contrepartie d'un accord gazier, le bail de location de la base
navale russe de Sébastopol.
24
septembre 2011 : Vladimir Poutine annonce sa
candidature à l'élection présidentielle et demande
à Dmitri Medvedev d'être son futur premier ministre
9
novembre 2011 : La Russie et la Géorgie trouvent un
compromis frontalier à propos de l'Abkhazie et de l'Ossétie du sud,
ce qui ouvre la voie à l'entrée de Moscou dans l'Organisation
Mondiale du Commerce, qui sera effective en août 2012.
Décembre
2011 : La victoire du parti Russie Unie, qui soutient le
gouvernement, aux élections législatives entraîne un mouvement de
contestation populaire contre les irrégularités supposées du
scrutin.
4
mars 2012 : Vladimir Poutine remporte l'élection
présidentielle dès le premier tour du scrutin avec 63,6% des
suffrages. Il nomme Dmitri Medvedev à la tête du
gouvernement.
21
novembre 2012 : Une loi oblige les organisations non
gouvernementales recevant des fonds de l'étranger et ayant des
activités politiques à se faire enregistrer comme "agents de
l'étranger".
30
juin 2013 : Lois punissant la propagande homosexuelle en
direction des mineurs et réprimant les offenses au sentiment
religieux.
14
septembre 2013 : Moscou et Washington s'accordent sur le
démantèlement de l'arsenal chimique syrien, ce qui permet d'éviter
une intervention militaire américaine, soutenue par les auxiliaires
européens de Washington.
7-23
février 2014 : Succès des Jeux Olympiques d'Hiver de
Sotchi.
22
février 2014 : L'émeute kiévienne de la place
Maïdan entraîne la chute du président ukrainien Viktor
Ianoukovitch qui avait décidé de préférer l'Union Eurasienne mise
en place par la Russie à l'Union Européenne.
Dénonçant
le « coup d’État » de Kiev et soucieuse
de défendre les populations russophones de l'Ukraine, les Russes
s'installent en Crimée où le référendum du 16 mars décide du
rattachement de la péninsule à la Russie (96,7% de oui).
Les États-Unis et l'Union Européenne adoptent alors une
série de sanctions économiques contre la Russie.
11
mai 2014 : Les insurgés pro russes de Donetsk et de
Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, organisent un référendum
d'autodétermination approuvé par 90% des votants.
29
mai 2014 : Naissance de l'Union économique eurasiatique,
qui réunit la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie.
17
juillet 2014 : Un avion de la Malaysian Airlines en
provenance d'Amsterdam s'écrase dans l'est de l'Ukraine. Kiev et
Moscou s'accusent mutuellement d'avoir abattu l'appareil.
1er
septembre 2014 : Début des travaux de construction, en
Sibérie orientale, d'un gazoduc géant vers la Chine.
Janvier
2015 : Vladimir Poutine n'a pas été « officiellement »
invité aux cérémonies marquant l'anniversaire de la libération du
camp d'Auschwitz par l'Armée Rouge, le 27 janvier 1945.
Février
2015 : Signature des accords de Minsk 2 à propos du conflit
en Ukraine.
9
mai 2015 : 70ème anniversaire de la victoire de 1945, en
présence des présidents chinois et indien alors que les autres
chefs d’État ne se sont pas déplacés à Moscou. Cet anniversaire
voit le premier défilé du « bataillon immortel », qui
deviendra ensuite une tradition.
Juin
2015 : L'Union européenne prolonge les sanctions prises
contre la Russie pour son rôle en Ukraine et la Russie prolonge en
retour son embargo contre la plupart des produits alimentaires
occidentaux qu'elle importait auparavant.
Septembre
2015 : Inauguration à Moscou de la plus grande mosquée
d'Europe. L'intervention russe en Syrie commence une semaine plus
tard et Bachar el Assad est reçu à Moscou en octobre.
31
octobre 2015 : Crash d'un avion civil russe dans le Sinaï.
Janvier
2016 : Les enquêteurs britanniques concluent que le
transfuge du FSB Alexandre Litvinenko a probablement été victime
des services russes.
Septembre
2016 : Les élections législatives mobilisent 47,7% des
électeurs et Russie Unie, le parti soutenant le président Poutine,
l'emporte avec 54% des voix et 343 sièges. Le parti communiste de
Ziouganov en obtient 42 et le parti démocrate libéral qui a la
faveur de la presse occidentale 39.
Décembre
2016 : L'opposant Alexeï Navalny annonce sa candidature
pour l'élection présidentielle de 2018.
19
décembre 2016 : Assassinat à Ankara de l'ambassadeur russe
en Turquie. Après la destruction d'un avion de chasse russe à
hauteur de la frontière turco-syrienne, l'incident aurait pu
compliquer les relations russo-turques mais c'est, à l'inverse, un
rapprochement qui s'opère entre Moscou et Ankara, surtout après
l'échec, en juillet 2016, du coup d’État en Turquie, Recep Tayip
Erdogan prenant alors ses distances avec l'Union Européenne, les
États-Unis et l'OTAN.
Février
2017 : Alexeï Navalny est condamné une deuxième fois pour
corruption à cinq ans de prison avec sursis. Ses partisans
organisent en réaction de grandes manifestations contre la
corruption d'une partie des équipes dirigeantes et le condamné se
pose en premier opposant au pouvoir en place.
29
mai 2017 : Vladimir Poutine se rend en France à
l'invitation du nouveau président Emmanuel Macron, à l'occasion de
l'anniversaire du voyage effectué trois siècles plus tôt par
Pierre le Grand.
Juin
2017 : Le Congrès américain durcit les sanctions prises
précédemment contre la Russie, au moment où se répand la rumeur
d'une intervention russe lors des élections présidentielles de
novembre 2016, la Russie - qui accorde par ailleurs l'asile au
dissident Edgard Snowden - se voyant accusée d'avoir favorisé
l'élection de Donald Trump. Une semaine après le Congrès
américain, l'Union européenne confirme à son tour ses sanctions
contre la Russie. En réaction, le gouvernement russe réduit des
deux tiers le nombre de diplomates américains autorisés à résider
en Russie.
Novembre
2017 : La Douma adopte une loi permettant de classer les
médias étrangers en Russie comme "agents de l'étranger".
2018 :
Vladimir Poutine remporte les élections présidentielles de mars.
La
Russie, malgré les sombres pronostics régulièrement répétés par
les "experts" occidentaux, fait preuve d'une incontestable
résilience en matière économique. Mais c'est surtout sur le plan
géopolitique que son "retour" s’avère spectaculaire,
après l'effacement des années 1990. Victorieuse en Syrie, elle est
devenue un acteur incontournable au Proche-Orient où elle entretient
de bons rapports aussi bien avec l'Iran, Israël et l'Arabie
saoudite. Son projet "eurasien" avance moins vite que prévu
mais peut converger avec celui des "nouvelles routes de la soie"
de la Chine de Xi Jinping, au moment où l'Union Européenne paraît
fragilisée et où l'hégémonie américaine installée au lendemain
de la guerre froide apparaît de plus en plus contestée, dans un
monde en train de devenir "multipolaire".
Juin-juillet
2018 : La Coupe du Monde de football organisée en Russie
contribue, comme ce fut le cas en 2014 pour les Jeux Olympiques de
Sotchi, à l'amélioration de l'image du régime.
2019 :
La Russie a confirmé le succès obtenu au Moyen Orient grâce à son
intervention en Syrie et continue à développer ses relations
économiques avec la Chine de Xi Jinping. Le président Trump a
commencé à envisager son retour sein du G8, devenu G7 après
qu'elle en eut été écartée lors de l'annexion de la Crimée et du
déclenchement de la guerre dans le Donbass. L'arrivée au pouvoir en
Ukraine du président Zelensky semble ouvrir des perspectives de
négociations entre Kiev et Moscou. L'opposition a remporté des
succès lors des élections municipales mais il s'agit le plus
souvent des oppositions communiste et nationaliste et non celle des
libéraux soutenu par les Occidentaux. Le parti du président
Poutine, Russie Unie, malgré un recul à Moscou et à
Saint-Pétersbourg l'emporte toutefois dans l'ensemble du pays.
Trente ans ont passé depuis la fin du système soviétique et, après
une première décennie marquée par le chaos et les incertitudes, la
Russie a réussi à se positionner de nouveau comme un acteur majeur
de la politique mondiale, ce qui devrait garantir à court et moyen
terme le maintien du pouvoir en place.2021 : Les tensions récurrentes aux frontières de l'Ukraine, les critiques du régime formulées en Occident et les incertitudes relatives au marché des hydrocarbures peuvent mettre en difficulté Vladimir Poutine qui a toutefois, aux yeux des Russes, eu le mérite de ramener la Russie dans le concert des grandes puissances.