Assujettie pendant plus de quatre siècles au Danemark (de 1380 à
1814), unie ensuite quatre-vingt-onze ans à la Suède, tout en
demeurant sous sa tutelle, la Norvège n’accède véritablement à
l’indépendance qu’en 1905. A ce titre, elle est considérée
comme l’un des plus jeunes Etat d’Europe. Sa forte identité
puise pourtant ses racines dans l’âge du bronze, des milliers
d’années en arrière, et s’affirme définitivement à l’époque
de l’expansion viking, puis durant la période médiévale.
Christianisation et unification du royaume norvégien vont alors de
pair et font de ce dernier une entité politique autonome, atteignant
son apogée au XIIIe siècle. Par la suite, la Norvège entame un
inéluctable déclin économique et politique, accéléré en 1349
par la terrible épidémie de peste noire qui décime la moitié de
la population, met à bas le clergé et ruine à jamais les élites
aristocratiques.
Exsangue, privée de classes dirigeantes autochtones, à la merci de
nouveaux enjeux dynastiques, géopolitiques et religieux, la Norvège,
rapidement absorbée par son voisin danois, n’est plus qu’une
immense province disputée tour à tour par les deux véritables
puissances scandinaves. Le triomphe du luthéranisme, imposé
définitivement au XVIe siècle, s’opère aussi au détriment de la
langue vernaculaire originelle, car la Bible n’est traduite qu’en
danois, seule langue officielle. Mise à mal, l’authentique culture
norvégienne ne disparaît pas pour autant, mais traverse les siècles
pour s’affirmer avec d’autant plus de vigueur au moment du réveil
national. Magnifiée par les poètes et les écrivains, les artistes
et les musiciens, elle exalte ainsi le sentiment d’une parfaite
adéquation avec la nature, inspiré par la beauté de paysages
uniques au monde, abritant sur d’immenses étendues des fjords et
des lacs, des montagnes et des plaines. De nos jours encore, les
nombreux musées de plein air témoignent de cet attachement
typiquement nordique au patrimoine rural et à la préservation de
l’environnement.
Fiers d’un lointain mais prestigieux passé, confiants en leur
potentiel économique et commercial, les Norvégiens se sont
définitivement émancipés de leurs voisins danois et suédois à
l’aube du XXe siècle en affirmant leurs idéaux démocratiques,
jusqu’à devenir un modèle en la matière pour l’Europe entière.
Doués d’un remarquable sens civique, champions de l’égalité
des droits, les Norvégiens jouissent aujourd’hui de la qualité de
vie la plus élevée au monde, sous l’égide d’un Etat
constamment enrichi par les ressources naturelles d’hydrocarbures,
malgré les retombées de la crise financière mondiale entamée en
2008.
Volontiers
protectionnistes, les Norvégiens sont aussi, en dignes descendants
des Vikings, naturellement attirés par l’autre et l’ailleurs – mais ce goût de l’aventure et du lointain n’est plus, de longue
date, animé par des passions belliqueuses et dominatrices. Née en
même temps que la conquête des pôles et que l’instauration du
prix Nobel, la démocratie norvégienne s’est d’emblée affirmée au service de la défense de la paix et comme acteur majeur de la recherche
scientifique universelle.
Les origines, du
Mésolithique à l’âge du fer
C’est seulement entre 12 000 et 10 000 avant J.-C., à la fin de la
dernière glaciation, qu’apparaît en Scandinavie la première
implantation humaine durable. A la faveur du réchauffement
climatique, des chasseurs-cueilleurs, vivant aussi de la pêche,
rejoignent le Sud de la péninsule scandinave, alors partiellement
dégagée des glaces, au Danemark d’abord, puis sur la côte
occidentale de la Norvège. Eux-mêmes suivent sans doute les
troupeaux de rennes, que la disparition progressive de la toundra
repousse toujours plus au nord. Ils ne disposent que d’objets
rudimentaires en bois, en os et en pierre et inaugurent ainsi dans la
région le début du Mésolithique, littéralement « l’âge moyen
de la pierre », qui s’étendra jusqu’à 4 000 avant J.-C.
entre 7000 et 5000 av. J.-C. : Le réchauffement climatique finit de faire
fondre totalement les glaciers, et la Norvège bénéficie désormais
d’un climat océanique, doux et tempéré. Ces profonds
bouleversements entraînent un accroissement de la densité de
population et l’extension d’une nouvelle aire culturelle,
associée alors au Maglémosien, période caractérisée par le
recours aux microlithes de silex.
à partir de 5000 av. J.-C. : Amélioration des outils en pierre – des silex
plats de taille beaucoup plus grande – lors des périodes successives
du Kongemose et de l’Ertebollien.
4200 av. J.-C. : Parmi les gravures rupestres découvertes à Alta, dans le
Finnmark, les plus anciennes datent de la fin du Mésolithique.
4000 av. J.-C. : Début du Néolithique. L’agriculture fait son apparition
(orge, blé, épeautre) entraînant au fil des siècles la
multiplication des villages à palissade et une modification
considérable des paysages. Simultanément se répand la pratique de
l’inhumation comme celle de la poterie. L’outillage, en pierre
polie, ne cesse de se perfectionner.
3000 av. J.-C. : Sépultures collectives et mégalithiques (dolmens et allées
couvertes).
entre 3000 et 2500 av. J.-C. : Arrivée d’une nouvelle vague de population,
d’origine probablement indo-européenne, et caractérisée par
l’usage des haches « naviformes ». Elle contribue à accélérer
la Révolution, déjà entamée, du Néolithique. Les pratiques
funéraires d’incinération coexistent avec celles d’inhumation.
vers 1800 av. J.-C. : Entrée tardive dans l’âge du bronze. Les matières
premières – cuivre et étain – nécessaires à la fabrication de
l’alliage et absentes des sols scandinaves, sont désormais
importées à la faveur des échanges commerciaux avec les îles
britanniques et l’Europe continentale. L’agriculture continue de
se développer. Emergence d’une élite dirigeante vivant dans des
maisons longues, et inhumée dans des tumuli de terre, comme ceux
dits « de Raege », sur la côte atlantique, dans la province de Jaeren.
Une tombe féminine particulièrement riche, la plus ancienne, y est
ainsi datée de 1400 avant J.-C.
1200 av. J.-C. : Domestication du cheval.
1000 av. J.-C. : Nouveaux progrès agricoles avec l’utilisation de l’araire
et l’introduction de la culture du seigle et de l’avoine.
entre 1000 et 500 av. J.-C. : La seconde partie de l’âge du bronze est
marquée par des réalisations artistiques particulièrement
élaborées : objets en bronze finement décorés, instruments de
musique à vent (les lurs, eux aussi en bronze),
multiplication des gravures rupestres (notamment à Lista et à
Skjeberg), riches d’enseignement sur les modes de vie et les
pratiques religieuses (chamanisme).
400 av. J.-C. : Début de l’âge du fer, correspondant à une période de
stagnation. Refroidissement subit,
détérioration du climat, déclin démographique, pauvreté
des découvertes archéologiques. Les Scandinaves sont sous la
domination culturelle des peuplades celtiques d’Europe centrale et
adoptent nombre de leurs pratiques vestimentaires et religieuses. On
parle alors d’âge de fer celtique.
350 av. J.-C. : Le navigateur grec Pythéas aborde les côtes de Thulé,
dont on ne sait s’il s’agit des îles Shetland, de l’Islande ou
de la Norvège.
120 av. J.-C. : Venus du Jutland et de la région d’Oslo, les Vandales
migrent vers le sud, tout comme les Burgondes. Nette amélioration
des bateaux scandinaves.
début de l’ère chrétienne : Début de l’âge de fer « romain »,
repeuplement progressif, liens commerciaux avec le monde romain dont
on retrouve quelques objets dans les tombes. Sacrifices humains dans
les tourbières.
vers 70 après J.-C. : Pline l’Ancien mentionne l’existence d’une
terre nommée « Scandia » dans ses Histoires naturelles.
entre 400 et 600 : Premier âge de fer germanique. Période
de troubles marquée par de nouveaux mouvements de population
d’origine germanique vers le continent (à l’ouest et au sud).
Importé de Germanie, l’alphabet runique se diffuse rapidement en
Scandinavie.
entre
600 et 800 : Age de fer germanique récent. Expansion
commerciale, rapprochement avec le monde franc dont les Norvégiens
adoptent l’armement, plus perfectionné que le leur. D’après les
chroniques, la Norvège, comme les autres pays scandinaves, compte
alors de « grands rois », mi-réels mi-légendaires. De nombreux chefs rivaux s’y partagent en tout cas des territoires très
morcelés. Les bateaux scandinaves, à rames, se dotent à cette
époque d’une voile carrée, véritable révolution technique.
Un environnement hostile, mais riche en ressources naturelles
La Norvège s’étend à l’ouest de la péninsule scandinave sur
323 758 kilomètres de superficie et abrite une infinité de paysages, entre
les latitudes 58 et 71 N. Bordée depuis le sud jusqu’au
nord par le détroit de Skakerrag, la mer du Nord et la mer de
Norvège, puis par l’océan Glacial Arctique et la mer de Barents,
elle épouse ainsi 25 148 kilomètres de côtes extrêmement découpées,
longées par le courant chaud du Gulf stream. Ce dernier garantit sur
la frange côtière un climat océanique, relativement doux et tempéré, alors que la Norvège est l’un des pays les plus
septentrionaux de la planète.
A l’intérieur des terres, on observe en revanche un climat de type continental, avec des hivers plus rigoureux et des températures
estivales plus élevées. Mais la Norvège est aussi dominée par
les montagnes imposant un net refroidissement sur plus de la moitié
du territoire. C’est ainsi le cas dans les régions de la
Hardangervidda et du Finnmark, le long des chaînes alpines, ou sur
une partie des 58 133 îlots qui longent la côte, et dont certains
constituent de véritables pics rocheux. Au-delà de 800 mètres
d’altitude, la forêt, couvrant un quart du territoire, disparaît
au profit de paysages âpres et rocailleux, parsemés ci et là de
lichens. Le sommet le plus élevé – le Galdhoppigen – se situe à
l’est du pays, dans le massif du Jotunheimen, c’est-à-dire « la
demeure des géants » et culmine à 2 469 mètres. Et c’est au sud,
dans le massif du Breheimen, que s’étire sur 487 kilomètres carrés le plus
grand glacier d’Europe continentale. Conjuguant définitivement la
beauté à l’extrême, la Norvège s’enorgueillit aussi de
posséder en ses confins le cap Nord, la pointe la plus
septentrionale de l’Europe, s’élançant à 300 mètres au-dessus
de l’océan Arctique, dans le Finnmark, où se concentrent depuis
des temps immémoriaux les principales communautés de Samis,
dénommés aussi improprement les « Lapons ».
Mais les paysages norvégiens se caractérisent avant tout par la
présence de fjords spectaculaires façonnés lors de la dernière
glaciation. Creusé et érodé par de gigantesques glaciers, le fond
des vallées a laissé la mer s’engouffrer au moment du
réchauffement climatique. Souvent extrêmement profonds, surmontés
par d’abruptes parois, le long desquelles se déversent torrents ou
cascades, ces fjords parfois immenses peuvent s’étendre sur 200 kilomètres.
La
nature norvégienne offre partout un spectacle fascinant, traversé
au-delà du cercle polaire arctique par les aurores boréales.
Hostile et grandiose, sculptée dans la roche et la glace, elle
semble avant tout âpre et aride, mais regorge pourtant de richesses
: si les terres arables ne forment que 3 % du territoire, elles sont,
grâce aux subventions de l’Etat, savamment mises en valeur.
L’industrie du bois et, surtout, celle de la pêche ou de
l’aquaculture garantissent depuis des générations une économie
florissante, rendue plus prospère encore par l’industrie
hydroélectrique, aménagée autour des grands lacs et des cours
d’eaux. Plus récemment, la manne gazière et pétrolière a
définitivement placé la Norvège au rang des grandes puissances,
sur la scène de l’économie mondiale.
L'âge des Vikings (IXe-XIe siècle)
L’expansion viking est trop souvent réduite dans l’imaginaire
collectif européen aux raids et pillages menés sur les pays
avoisinants. Mais cette réputation de guerriers cruels et sans
scrupules mérite d’être nuancée pour la simple raison qu’elle
fut relayée, à travers les chroniques du temps, par ceux qui en
étaient eux-mêmes les victimes, c’est-à-dire les moines francs
ou anglo-saxons. Si les Vikings semèrent indéniablement la terreur
par de nombreuses attaques et exactions, ils furent aussi capables, à
plusieurs reprises, de se muer en pacifiques commerçants, tandis que
leur avancée technique en matière maritime et leur goût de
l’aventure les plaçaient d’ores et déjà au rang des premiers
explorateurs. Après avoir colonisé l’Islande et le Groenland, les
Vikings aborderont en effet au Canada, en des terres qu'ils nommeront « Vinland » bien avant que Christophe
Colomb ne découvre à son tour l’Amérique. L’épanouissement de
leur civilisation se traduit aussi par d’extraordinaires progrès
techniques et artistiques. En Norvège, elle aboutit, sous la
conduite d’Harald à la Belle Chevelure, à la première tentative
d’unification du royaume, mais elle est aussi contemporaine du
triomphe de la foi chrétienne, incarnée par saint Olaf. A la tête
du royaume de 1015 à 1030, saint Olaf est ainsi considéré, malgré
sa défaite à la bataille de Stiklestad, comme le père fondateur de
la nation.
793 : Première expédition viking – menée par des Norvégiens –
avec la mise à sac du monastère de Lindisfarne, sur les côtes du
Wessex (Angleterre). Le savant Alcuin, disciple de Bède le
Vénérable, note : « Jamais jusqu’ici, on n’avait vu régner
terreur comparable à celle que viennent d’y semer ces païens. » S’ensuit le pillage du monastère d’Iona (Ecosse).
795 : Raid contre l’île de Lambey (Irlande).
Vers 800 : Conquête des Shetland, des Orcades et des Hébrides. A la
même époque, splendide mobilier funéraire déposé dans la tombe
de la reine Asa à Oseberg. Sur le plan architectural, progrès
important de l’habitat avec l’invention des cabanes à rondins,
remarquablement isolées des intempéries.
820-834 : Première série de raids norvégiens contre l’Irlande ;
en même temps, les Danois comme les Norvégiens s’implantent
solidement en baie de Seine.
839 : Le chef norvégien Turgeis s’empare de la région de Dublin
et, de conquête en conquête, entend soumettre toute l’Irlande.
vers 840 : Epanouissement de l’art viking avec l’apparition du
style de Borre dans le Vestfold, au sud de la Norvège (figures
animales, entrelacs en forme de rubans).
844 : Défaite de Turgeis face au roi irlandais Niall Caille mac
Aeda, dans la province de l’Ulster.
863 : Olaf le Blanc devient roi de Norvège.
873 : Accords commerciaux conclus avec Louis le Germanique.
872 : Bataille de Hafrsfjord remportée par Harald à la Belle
Chevelure contre la noblesse norvégienne.
874 : Parmi les guerriers vaincus, certains partent alors coloniser
l’Islande, d’autres s’élancent vers la mer du Nord et la
Manche, avant de lancer des raids sur la Seine. Parmi eux, on compte
le chef Rollon, à qui les sagas islandaises attribuent une origine
norvégienne (et non danoise comme le veut, en revanche, la tradition
normande).
885-886 : Les Vikings assiègent Paris.
vers 900 : Harald unifie la Norvège. Sur le plan artistique, abandon
progressif des représentations animales au profit d’ornements
végétaux entrelacés, stylisation de plus en plus affirmée (école
de Ringerike).
911 : Traité de Saint-Clair-sur-Epte, par lequel le roi Charles le
Simple cède au chef Rollon les terres appelées à devenir par la
suite le duché de Normandie, littéralement « territoire des hommes
du Nord ». En échange, Rollon s’engage à mettre fin aux pillages
et à protéger le royaume de toute nouvelle attaque viking.
930 : Mort d’Harald. Son fils Haakon le Bon lui succède, poursuit
pendant trente ans l’œuvre de son père et tente d’introduire le
christianisme en Norvège.
vers 970 : Harald à la Dent Bleue, qui a déjà unifié et
christianisé le Danemark, étend son influence sur le Sud de la
Norvège.
983 : Exploration du Groenland par Eric le Rouge, banni de Norvège.
986 : Reprise des expéditions contre l’Angleterre, menée par le
chef viking Olav Tryggvason.
992 : Le Kent et le Sussex sont dévastés.
994 : Attaque de Londres.
995 : Converti au christianisme, Olav Tryggvason revient
d’Angleterre, s’empare du pouvoir et évangélise la Norvège. Il
fonde Nidaros, l’actuelle Trondheim. Construction des premières
églises en bois debout, les stavkirker, qui allaient façonner
pour plusieurs siècles les paysages de Norvège.
vers l’an 1000 : Leif Eriksson, fils d’Erik le Rouge, atteint la baie du Saint-Laurent, en Amérique du Nord, qu'il baptise « Vinland ». Les résultats des recherches archéologiques canadiennes fournissent désormais de nombreuses informations au sujet de cette implantation.
9 septembre 1000 : Olaf Tryggvason meurt à l’issue de la bataille
navale de Svolder, après s’être jeté vivant dans la mer
Baltique. La Norvège est alors partagée entre la Suède et le
Danemark.
1014 : La bataille de Clontarf met fin à la domination norvégienne
en Irlande. Dublin, Wexford, Cork
et Limerick, fondées par les Vikings, ne sont plus désormais que
des villes-comptoirs.
1015 : Olaf Haraldson, dit « le Gros » et futur saint Olaf, prend
le pouvoir tout en poursuivant la christianisation du royaume. Il
est considéré comme le premier père de la nation norvégienne.
1016 : Bataille navale de Nesjar et victoire d’Olaf contre les
seigneurs partisans de la Suède.
1028 : Olaf est contraint à l’exil par Knut Ier (dit aussi « Canut
Ier ») le Grand, roi du Danemark et d’Angleterre.
29 juillet 1030 : Mort d’Olaf à la bataille de Stiklestad. La
couronne de Norvège revient à Svein, fils illégitime de Knut,
violent et impopulaire. Traditionnellement, cette défaite marque la
fin de l’ère viking et l’entrée de la Norvège dans la période
médiévale. La Grande-Bretagne devient pour une courte durée le
centre politique du nouveau royaume.
1031
: Canonisation d’Olaf qui devient le saint patron de la Norvège.
La fin du Moyen Age et
l’inéluctable déclin du royaume norvégien (XIVe-XVe siècle)
Amorcé au début du XIVe siècle, le déclin du royaume de Norvège
ne s’explique pas seulement par l’instabilité politique due aux
problèmes de succession. Elle est aussi précipitée par la
détérioration du climat et la succession de mauvaises récoltes,
tandis que la Ligue hanséatique bénéficie presque seule des
richesses engendrées par le commerce de la morue, et empêche
l’émergence, comme partout ailleurs en Europe, d’une classe
bourgeoise autochtone. Le coup fatal est néanmoins porté par la
terrible irruption de la peste noire, qui décime brutalement, en
1349, la moitié de la population, et touche particulièrement
durement les membres, non seulement du clergé, mais aussi de
l’aristocratie, comme réduite à néant. La Norvège, exsangue,
appauvrie ne compte plus aucune élite à même de défendre ses
intérêts politiques, économiques, religieux. L’indépendance
nationale, déjà mise à mal, n’en est que plus menacée. Sur le
plan démographique, la situation est catastrophique et aggravée
durant la seconde moitié du XIVe siècle, par la famine et la disette
sévissant dans les campagnes, désormais désertées et
méconnaissables. Incapable de se relever, la civilisation
norvégienne, naguère rayonnante et prometteuse, étouffée bientôt
par son voisin danois, est comme mise sous le boisseau pour plusieurs
siècles.
1349 : La peste noire fait irruption à Bergen et décime un tiers de
la population scandinave.
1355 : Majorité d’Haakon VI qui exerce alors pleinement le pouvoir
royal.
1359 : A la mort de son frère Erik XII, Haakon VI est associé par
son père au trône de Suède.
1363 : Mariage de Haakon VI avec la princesse Marghrete, fille cadette de
Valdemar IV, roi du Danemark. Haakon VI et son père sont alors
déposés au profit d’Albert, duc de Mecklembourg, désormais roi
de Suède. Cette alliance scellera pour les quatre siècles à venir
l’union du Danemark et de la Norvège. Elle constitue aussi une
première étape vers l’alliance des trois royaumes scandinaves.
1365 : Bataille d’Enkoeping. Magnus IV, à qui une partie du
royaume de Suède était restée fidèle, est fait prisonnier. Son
fils, Haakon VI, n’obtiendra sa libération que sept ans plus tard.
1369 : Les marchands de la Hanse, coalisés contre le Danemark,
prennent possession des forteresses bordant le détroit du Sund.
1370 : Signature du traité de Stralsund avalisant la domination politique et économique de la Hanse sur le royaume du Danemark.
1380 : Mort d’Haakon VI qui était demeuré roi de Norvège. Son
épouse Marghrete met leur fils Olaf sur le trône et devient régente
du Danemark et de la Norvège
1387 : Olaf meurt à l’âge de 16 ans. Marghrete détient seule
les rênes de l’Etat.
1389 : Marghrete fait déposer le roi de Suède, Albert de
Mecklembourg, après la victoire d’Asle et la signature de la
convention de Lindhom qui l’impose comme souveraine. Elle est
désormais à la tête des trois grands royaumes scandinaves.
1392 : Elle fait proclamer son petit-neveu Bugislav de Poméranie,
encore mineur, roi de Norvège, sous le nom d’Eric, puis roi du
Danemark en 1395 et, enfin, roi de Suède en 1396.
1397 : Union de Kalmar, validant officiellement la réunion des trois
royaumes, mais le Danemark centralise en fait tous les pouvoirs, au
détriment de la Suède et de la Norvège.
1401 : Malgré la majorité d’Erik, Marghrete demeure à la tête
de l’Etat, et décide de toutes les orientations importantes.
1412 : Mort de la reine Marghrete. Erik gouverne désormais à part
entière. Son règne est marqué par des conflits avec la Suède.
1439 : Erik est déposé avant de se retirer dans une forteresse du
Gotland.
1468 : Christian Ier, alors roi du Danemark et de Norvège, doit payer
la dot de sa fille Marguerite, promise à Jacques III d’Ecosse. Il
met alors en gage les Orcades, puis, l’année suivante, les Shetland,
mais ne parvient jamais à payer sa dette en argent. Les deux
archipels échappent ainsi définitivement à la Norvège.
1482 : Signature du compromis de Halmstad entre le Danemark, la Suède
et la Norvège, visant à rééquilibrer les relations entre la
couronne et les conseils des trois royaumes, mais le Danemark ne
consent à aucune des revendications de la Suède. La Norvège,
depuis longtemps affaiblie, ne peut, de son côté, prétendre à
l’indépendance, même si la noblesse locale se divise peu à peu
entre partisans de l’Union (et donc du Danemark) et partisans de la
Suède.
1506 : Roi de Norvège et du Danemark, Hans nomme son fils Christian
II, vice-roi de Norvège.
1507 : L’amorce d’une révolte norvégienne est violemment
réprimée par Christian II.
1512 : Le pape exige, sans succès, la libération de l’évêque de
Hamar, arrêté par Christian II pour ses positions favorables à la
Suède.
1513 : Pour justifier le choix systématique de personnalités
d’origine étrangère à la tête des diocèses et des provinces,
le roi Christian II déclare : « La noblesse de Norvège est une
race éteinte. » Il impose ainsi comme archevêque à Nidaros un noble de son
entourage, Erik Valkendorf.
4 novembre 1520 : Christian II est couronné roi de Suède. S’ensuit,
sur son ordre, le « bain de sang » de Stockholm, durant lequel sont
massacrés ses principaux opposants.
1522 : L’archevêque de Nidaros, Valkendorg, refuse de limiter les
pouvoirs de l’Eglise et, pour ne pas céder à Christian II, part à
Rome à la rencontre du pape. Il meurt dans la Ville éternelle (28
novembre), peu de temps après le pape Léon X, auquel succède, pour
seulement une année, Adrien VI.
1523
: L’union de Kalmar est dissoute et les Danois chassés de la
quasi-totalité de la Suède. Christian II se réfugie aux Pays-Bas.
Le Moyen Age et
l’affirmation de la « grandeur norvégienne » (XIe-XIVe siècle)
Sur les terres scandinaves, la mise en place d’un régime féodal ne va pas sans heurts et ne s’impose que progressivement.
Traditionnellement, la naissance en effet n’est pas un critère
suffisant d’appartenance à la noblesse et tout chef local doit
bénéficier du consentement de ses concitoyens pour exercer
légitimement son pouvoir. Les rois eux-mêmes reçoivent
l’investiture des things, sorte de parlements avant la
lettre regroupant les hommes libres du pays. Les règles de
succession ne sont pas non plus clairement établies, et les
querelles dynastiques pour l’accession au trône sont courantes,
entraînant en Norvège un partage fréquent du pouvoir, mais aussi des guerres civiles et de brutaux revirements. Peu à peu cependant,
l’autorité royale s’affirme, soutenue par une aristocratie
montante, seule à être véritablement associée au gouvernement et à
l’administration du royaume. La christianisation entraîne un
rapprochement naturel avec Rome qui intronise les évêques et fonde
à Nidaros un archevêché, même si, en fonction du souverain en place, les
relations du pouvoir royal avec les prélats locaux, de plus en plus
riches et puissants, s’enveniment périodiquement. A partir du
XIIIe siècle, la Norvège, au faîte de sa puissance, entre dans un
véritable âge d’or politico-culturel : expansion démographique,
stabilité politique, vitalité littéraire et artistique couronnée
par d’importants programmes architecturaux, élargissement de son
territoire aux archipels écossais (Shetland, Orcades, Hébrides, île
de Man), domination du Groenland et de l’Islande. Mais, déjà, l’hégémonie de la ligue hanséatique menace sur le plan
économique l’intégrité du royaume et semble annonciatrice du
déclin à venir.
1035 : La Grande-Bretagne échappe à la tutelle danoise. Cette
indépendance retrouvée modifie les enjeux intérieurs de la
Scandinavie, à nouveau déchirée par des luttes intestines. Magnus
Ier, fils illégitime d’Olaf II, devient roi de Norvège.
1042 : Magnus Ier devient aussi roi du Danemark.
1046 : Retour en Norvège d’Harald le Sévère, demi-frère de
saint Olaf et qui avait été contraint à l’exil après la défaite
de Stiklestad. Après de longues années à l’étranger, notamment
à Constantinople où il s’est illustré comme chef de la garde
varègue, Harald revendique la couronne de Norvège. Au titre
d’Harald III, il partage désormais le pouvoir avec son neveu,
Magnus Ier.
1047 : Après la mort de Magnus Ier, Harald demeure seul sur le
trône.
1048 : Fondation d’Oslo par le roi Harald.
1066 : Défaite de Stamford Bridge : Harald échoue dans sa tentative de conquête de l’Angleterre. Son fils, Olaf III Kyrre (le Tranquille)
monte sur le trône. S’amorce alors une période plus pacifique,
marquée par le rapprochement avec Rome et la volonté d’organiser
durablement les diocèses norvégiens.
1070 : Olaf III fait construire au-dessus du tombeau de saint Olaf, à
Nidaros (Trondheim), une première église romane en pierre.
1093 : Magnus III Berfott (aux Pieds nus), fils naturel d’Harald,
devient roi à son tour.
1098 : Expédition norvégienne
vers les îles du Nord et de l’Ouest de l’Ecosse.
1102 : Les Norvégiens convoitent
aussi les territoires irlandais. Leurs avancées aboutissent à un
accord matrimonial d’ordre politique : âgée de 8 ans, la fille du
roi d’Irlande est mariée officiellement à Sigurd, fils de Magnus
III.
24 août 1103 : Mort de Magnus III
lors d’un combat en Ulster. La flotte norvégienne se replie
définitivement d’Irlande. Sigurd abandonne son épouse et rentre
en Norvège pour partager le pouvoir royal avec ses deux jeunes
frères. Sur le plan géopolitique, l’enjeu principal des
Scandinaves n’est plus dès lors le contrôle des îles
anglo-saxonnes, mais deviendra progressivement celui de la mer
Baltique.
1107-1110 : Sigurd conduit une armée de croisés en Terre sainte.
1130 : Après la mort de Sigurd, affaiblissement du pouvoir royal en
Norvège.
1152 : L’évêché de Nidaros est promu archevêché par décret du
pape.
1177 : Sverre Sigurdsson, fils illégitime, ou prétendu tel, du roi
Sigurd II, réunit l’armée des Birkebeiner.
1178 : Sverre s’empare de Nidaros.
15 juin 1184 : Bataille de Fimreite, opposant Sverre à Magnus V, roi
de Norvège. Sverre l’emporte au mépris des lois de la guerre et
devient roi à son tour. Il poursuit alors l’unification du
royaume. Son règne est marqué par des conflits avec le clergé.
1217 : Début du règne d’Hakon IV, inaugurant une période de paix
intérieure et extérieure, et de prospérité commerciale. Bergen
devient capitale.
1227 : La Norvège prend à nouveau le contrôle des Shetland, des
Féroé et du Groenland.
1230 : Les marchands allemands de la Ligue hanséatique installent un
comptoir à Bergen et s’arrogent en quelques années le monopole du
commerce de la morue. Snorri Sturluson écrit l’Histoire des
rois de Norvège (des origines à 1177).
1241 : Assassinat de Snorri Sturluson.
1247 : Cérémonie de couronnement de Haakon IV par le cardinal
Guillaume de Sabine, mettant fin au différend qui avait opposé son
grand-père à l’Eglise. Début de la reconstruction en style
gothique de la cathédrale de Nidaros.
1263 : L’Islande passe sous domination norvégienne. Magnus VI
Lagabote (le Législateur) monte sur le trône.
1273 : Assemblée de Bergen à l’issue de laquelle Magnus VI rend la
couronne héréditaire et signe un concordat avec l’Eglise.
1274-1277 : Magnus VI consolide la législation à l’échelle
nationale par un important travail de codification et d’unification
des lois et coutumes régionales.
1280 : Son frère, Erik II, dit « l’Ennemi des prêtres », en raison de
ses conflits répétés avec le clergé, lui succède.
1284 : Erik II tente de réduire les privilèges des Hanséates, mais
finit par y renoncer à la suite du terrible blocus imposé par ces
derniers.
1299 : Haakon V devient roi de Norvège. Il fait édifier dans le
Finnmark la forteresse de Vardo, qui demeure aujourd’hui la plus
septentrionale au monde. Centralisation du pouvoir à Oslo, où
débute la construction de la citadelle royale d’Akershus.
1300 : La reconstruction de la cathédrale de Nidaros en style
gothique, inspiré de l’abbaye de Westminster, est achevée.
1319 : Union suédo-norvégienne. Hakon V meurt sans héritier mâle.
Son petit-fils suédois, Magnus Eriksson, âgé seulement de trois
ans, lui succède, mettant fin à l’indépendance de la Norvège.
1343
: Sous la pression de l’aristocratie norvégienne, qui lui reproche
de privilégier les intérêts suédois, Magnus abandonne la couronne
de Norvège à son fils cadet, Haakon VI, âgé seulement de trois
ans. Il réserve en revanche le royaume de Suède à son fils aîné, Erik XII. Mise en place en Norvège d’un gouvernement de régence
nobiliaire.
L’union dano-norvégienne
: de l’introduction de la Réforme au règne de Christian IV
(1523-1648)
Incorporée par la force au royaume du Danemark, la Norvège se voit
aussi imposer la Réforme dans la première partie du XVIe siècle,
entre 1523 et 1536. Si les partisans de l’indépendance se rangent
naturellement aux côtés du clergé catholique, celui-ci a perdu son
influence d’antan depuis que ses chefs spirituels ont été décimés
par la peste noire. Les postes demeurés longtemps vacants sont
occupés désormais par des étrangers, principalement danois, et
facilement gagnés par la suite au luthéranisme. La Norvège
profonde demeure un temps attachée au catholicisme, mais pèse peu face aux volontés des princes au pouvoir, qui favoriseront, pour
des raisons avant tout politiques, le triomphe définitif et exclusif
de la Réforme sur le sol norvégien.
Très lentement, la Norvège retrouve, au cours du XVIe siècle, un
relatif dynamisme, grâce, notamment, au commerce florissant du bois et
des produits de la pêche, encouragé par la politique extérieure de
Christian III (1537-1559). Mais son expansion véritable demeure
freinée : pas de nouveaux centres urbains, pas d’université
propre, pas même d’imprimerie sur le territoire. Tout ce qui a
trait au savoir et à la transmission des connaissances semble
relever seulement du Danemark qui centralise toutes les institutions
culturelles dans ses propres centres urbains. Christian IV
(1588-1648) sait tirer parti en revanche des réserves minières en
argent (à Konsksberg) et en cuivre (à Roros) et fait frapper des
pièces de monnaie alimentant ainsi le trésor de l’Etat. Son règne
est marqué par un accroissement démographique important (la Norvège
triple sa population en un siècle), par la fondation de Christiania
en 1624, en place de l’ancienne cité d’Oslo détruite par un
incendie, mais aussi par la perte de territoires historiques : ainsi
le Jämtland et le Härjedalen, arrachés par la Suède en 1645,
lors du traité de Brömsebro.
1525 : Un moine allemand, Antonius, prêche la Réforme à Bergen.
Progressivement, le luthéranisme gagnera ensuite Oslo, Nidaros et
Stavanger.
1531 : La cathédrale de Nidaros, symbole de la foi chrétienne et de
l’indépendance nationale, est détruite par un incendie.
1er juillet 1532 : Convention d’Oslo. Christian II, après son
échec de reconquête par la mer, se rend à Frédéric Ier de
Danemark, et demeure prisonnier jusqu’à sa mort en 1559.
1533 : L’archevêque de Nidaros, Olaf Engelbriktsson, convoque une
diète générale du royaume. Dans l’attente de l’élection
d’un nouveau roi de Norvège par le Conseil du Royaume, les
fonctions de régent sont dévolues à l’archevêque de Nidaros en
personne.
1534 : Diète de Jylland durant laquelle Christian III est élu roi
du Danemark. Il lui reste à s’imposer contre ses adversaires
(notamment catholiques). Il décide de mettre au pas la Norvège.
L’archevêque de Nidaros ne peut finalement compter sur le soutien
de Charles Quint et ne réussit pas à reprendre les forteresses
d’Oslo et de Bergen.
1536 : Christian III monte sur le trône de Danemark et de Norvège
et impose la charte royale de 1536. Officiellement alors, il n’est
plus question de deux royaumes, mais d’un seul, celui du Danemark,
dont la Norvège n’est plus qu’une province. Le danois y devient langue officielle, en place du vieux norrois. Diète de
Copenhague durant laquelle le Danemark reconnaît officiellement la
Confession d’Augsbourg.
avril 1537 : Fuite d'Olaf Engelbriktsson, l’archevêque de
Nidaros, vers les Pays-Bas, où il meurt l’année suivante.
fin 1537 : Les derniers bastions de la résistance catholique – l’abbaye fortifiée de Nidarholm et le château fort de
Steinviksholm – tombent aux mains des Danois. C’est la fin de la
résistance militaire en Norvège qui devient une partie intégrante
du royaume du Danemark, comme ses anciennes possessions : archipels
atlantiques, Islande et Groenland.
1539 : Une ordinatio ecclesiastica, calquée sur le modèle
danois, est soumise en Norvège à la Chambre des Seigneurs. C’est
la fin de l’Eglise catholique de Norvège. La langue danoise
devient la langue du culte. La Bible n’est pas traduite en
norvégien. Seul l’évêque d’Oslo, Hans Rev, accepte le nouvel
ordre ainsi imposé et conserve son siège. Les autres titulaires
sont éliminés, remplacés uniquement par des Danois.
vers 1550 : Première amorce d’un réveil culturel norvégien.
Malgré l’absence d’imprimerie, des recueils manuscrits de
lettrés norvégiens commencent à circuler.
1563-1570 : Guerre nordique de sept ans opposant la Suède au
Danemark allié à la Pologne et à Lübeck.
1567 : Les troupes suédoises
envahissent la Norvège jusqu'au Skiensfjord, dévastent les
campagnes et détruisent la ville de Sarpsborg. Elles gagnent ensuite
Oslo et s’y emparent de la forteresse d'Akershus, mais
finalement défaites, se retirent en direction du nord, à travers le
Hedmark et l'Oppland.
13 septembre 1570 : Signature d’un traité de paix à Stettin
aboutissant à un statu quo : chaque camp se retire des territoires
qu’il a conquis durant la guerre.
1576 : Absalon Pedersson Beyer (1528-1575) achève un ouvrage
historique du royaume de Norvège et laisse entendre sa foi en
la résurrection de la grandeur norvégienne.
1588 : Christian IV devient roi du Danemark et entame un long règne
de soixante années. Le pays semble alors au sommet de sa puissance
et domine sans partage l’Europe du Nord.
à partir de 1599 : Le pasteur Peder Clausson Friis (1545-1614)
commence la rédaction de sa Description véridique de la Norvège
et des îles avoisinantes. On lui doit aussi une traduction de
Snorri.
1624 : Oslo est détruite par un incendie et reconstruite par
Christian IV, sous le nom de Christiania, en l’honneur du
souverain. Elle s’étend désormais à l’ouest de la forteresse
d’Akershus, résidence du gouverneur danois. Christian
IV fonde aussi la cité minière de Konsberg après l’importante
découverte sur le site de filons d’argent.
1625-1629 : Le Danemark (et, partant, la Norvège) subit de larges revers pendant la guerre de Trente Ans
(1618-1648) et, vaincu, se retire rapidement.
1643-1645 : Guerre de Torstenson,
opposant le Danemark à la Suède.
13 août 1645 : Défaite danoise
face à la Suède de la reine Christine. Elle aboutit au traité de
Brömsebro, amputant la Norvège des territoires du Jämtland et du
Härjedalen, et le Danemark de deux îles de la Baltique (Gotland et
Ösel). Le traité exempte aussi la Suède du péage du Sund, habituellement imposé aux bateaux étrangers traversant les eaux
danoises de la Baltique.
28 février 1648 : Désavoué par
la Diète, le roi, vieilli et affaibli, meurt à Copenhague. Malgré
les défaites accumulées et la perte de nombreux territoires, son
règne, particulièrement long, demeurera dans l’imaginaire celui
d’un grand roi bâtisseur.
L’union dano-norvégienne
: des royaumes jumeaux aux guerres napoléoniennes (1648-1814)
En succédant à Christian IV sur le trône du Danemark, Frédéric
III entre à nouveau en conflit avec la Suède, entendant bien venger
le royaume des humiliations infligées par la reine Christine. Mais
le résultat est pire encore et entraîne, en 1658, la perte d’autres
territoires au profit du grand rival suédois, ainsi la Scanie, la
province de Blekinge et, enfin, celle de Halland. La Norvège, moins
touchée que le Danemark qui a perdu un tiers de son territoire,
s’en trouve paradoxalement renforcée. Mais c’est surtout à
partir de 1660 et du triomphe de l’absolutisme monarchique dans les
deux pays, qu’elle échappe enfin au statut de simple province
qu’avait défini la charte de 1536. Constitutionnellement, elle est
proclamée désormais « royaume jumeau » du Danemark. Dans les
faits, ce dernier détient toujours le pouvoir politique et maintient
les principales institutions du « double-Etat » à Copenhague, mais, sur le plan commercial, on observe une meilleure répartition des
échanges entre les deux pays. Au début du XVIIIe siècle, s’amorce
ainsi en Norvège une longue période de paix, de prospérité
économique et de progrès social avec l’essor dans les villes
d’une véritable classe bourgeoise et l’amélioration relative
dans les campagnes de la condition paysanne (ce qui est loin d’être
le cas au Danemark). L’expansion démographique enfin se poursuit
pour atteindre plus de 800 000 habitants en 1800. Dès 1760, la
fondation de la société savante de Trondheim a marqué un jalon
important dans l’affirmation de l’identité nationale, mais la
Norvège revendique aussi sur son propre sol la création d’une
université et d’une chambre de commerce, contestant de plus en
plus la tutelle du Danemark, dont la politique extérieure lui est
défavorable. A l’issue des guerres napoléoniennes, les Norvégiens
se trouvent malgré eux dans le camp des vaincus et ne peuvent faire
valoir leur aspiration à l’indépendance. En 1814, la Norvège,
après avoir subi quatre siècles de domination étrangère, est
incorporée cette fois au royaume de Suède, mais contrainte
d’abandonner au Danemark ses anciennes possessions : l’Islande,
le Groenland et les îles Féroé. Le temps de l’autonomie
véritable n’est pas encore venu, même si le sentiment
d’appartenance nationale, fortifié à Eidsvoll par l’adoption
d’une constitution propre, a déjà gagné toutes les consciences.
28 février 1648 : Frédéric III succède à son père Christian IV,
sur le trône du Danemark.
1657 : Frédéric III, allié à l’Autriche, reprend les armes contre
la Suède de Charles X Gustave, dans le cadre de la première guerre
du Nord.
1658 : Signature du traité de Roskilde au profit de la Suède qui
remporte les provinces danoises de Scanie, Halland et Blekinge,
l'île de Bornholm, ainsi que les provinces norvégiennes de
Trondheim (ancienne Nidaros) et du Bohuslän. Mais, à Trondheim, les
habitants se soulèvent face aux garnisons suédoises et reprennent,
dès la fin de 1658, le contrôle de la ville.
6 juin 1660 : Signature du traité
de Copenhague rendant officiellement Trondheim aux Danois, ainsi que
l’île de Bornholm. Les frontières alors fixées entre le Danemark
et la Suède restent aujourd’hui inchangées.
1660 : Le Danemark modifie sa constitution et devient une monarchie
héréditaire absolue. Ce modèle s’étend à la Norvège,
proclamée alors “royaume-jumeau” du Danemark.
1665 : Application effective de la nouvelle Loi royale entraînant la
réorganisation administrative et juridique du pays.
23 janvier 1668 : Signature à la Haye de la Triple Alliance entre le
Danemark, l’Angleterre et les Provinces-Unies.
1670 : Christian V, fils aîné de Christian III, monte sur le trône
du Danemark.
1672 : Charles XI devient roi de Suède à l’âge de quatre ans.
Instauration d’un conseil de régence qui rétablit une alliance
avec la France.
1674 : La France sollicite l’appui de la Suède contre le
Brandebourg durant la guerre de Hollande (1672-1678) et ravive ainsi
indirectement les tensions belliqueuses entre la Suède et le
Danemark, lui-même du côté de la Hollande.
11 juin 1676 : Défaite de la flotte suédoise au large de l’île
d’Oland, dans la mer Baltique.
4 décembre 1676 : Bataille de Lund, entraînant la mort de 9 000
soldats et considérée à ce titre comme la plus sanglante de toute
l’histoire scandinave. Elle est remportée difficilement par
Charles XI de Suède contre Christian V de Danemark, mais renverse le
cours de la guerre, au profit de la Suède.
1681 : L’ancienne Nidaros, déjà rebaptisée du nom de Tronheim,
est dévastée par un incendie. On confie au général Johann Caspar
von Cicignon, descendant d’un huguenot français, sa
reconstruction. On lui doit ainsi le dessin de sa place centrale
enchâssée dans un grand carré, lui-même traversé d’avenues
parfaitement rectilignes. Il fait aussi édifier la forteresse de
Kristiansten dans les hauteurs de la ville, pour la protéger de
nouvelles attaques suédoises.
1687 : Christian
V impose à la Norvège un nouveau code de lois directement inspiré
du droit danois, mais maintient certaines spécificités concernant
le droit foncier et les droits des paysans locaux.
1700-1721 : Grande guerre du Nord opposant la Suède à ses voisins.
Par deux fois, en 1716 et en 1718, Charles XII tente ainsi sans
succès de conquérir la Norvège.
8 juillet 1716 : Bataille navale de Dynekilen, remportée par l’amiral
danois d’origine norvégienne, Peter Wessel Tordenskiold, véritable
héros national.
1718 : Les forces suédoises attaquent d’abord Trondheim, mais sont
repoussées. Charles XII meurt finalement par balle devant la
forteresse norvégienne de Fredriksten, à nouveau assiégée par ses
troupes. L’origine du tir divise encore aujourd’hui les
historiens.
1721 : Le pasteur norvégien Hans Egede débarque au Groenland, à la
recherche des derniers descendants des colons vikings. Il est
surnommé « l’apôtre du Groenland ».
1746 : Début du règne de Frédéric V de Danemark, assez bien
disposé à l’égard de la Norvège, notamment sur le plan
culturel.
1758 : Le poète norvégien Christian Braunmann Tullin (1728-1765),
préromantique, écrit Maidagen (Jour de mai) qui fera l’admiration
de Lessing.
1760 : Création de la première société savante norvégienne à
Trondheim, dite « Société trondheimienne », par Gerhard
Schoning, Peter Frederik Suhm (un Danois) et Johan Ernst Gunnerus.
1767 : La Société trondheimienne s’impose à l’échelle
nationale pour devenir la « Société royale norvégienne des
sciences » (le Suédois Linné et le naturaliste norvégien Hans
Strom en feront partie). Création d’un comité pour la création
d’une université norvégienne.
1771 : Johann Friedrich Struensee, alors conseiller d’Etat au
Danemark, accorde la liberté d’expression et favorise ainsi
l’apparition d’un mouvement pro-norvégien. Suhm, dans son éloge
de la liberté d’expression affirme : « Les Norvégiens sentent
plus que les Danois qu’ils forment un peuple. » Ove Gjerlov Meyer
(1742-1790), fondateur de la Société norvégienne de Copenhague, revendique l’égalité de la Norvège avec le Danemark. De manière
générale, les Norvégiens sont de plus en plus convaincus que le
Danemark freine leur essor économique.
1772 : Oeve Guldberg, Premier ministre du Danemark, choisit de
limiter la liberté d’expression. Johan Nordahl Brun en fait ainsi
les frais. Originaire de Trondheim, il met en scène, au théâtre
royal de Copenhague, la première tragédie danoise Zarine.
Promis à un brillant avenir, le jeune auteur ne cache pas ses idéaux
séparatistes d’avec le Danemark et, pour cette raison, est
contraint de regagner la Norvège, dès l’automne 1772. La même
année, la publication commencée en 1766 de Flora Norvegica
par Johann Ernst Gunnerus, naturaliste et homme d’Eglise
norvégien, est achevée.
1773 : Gunnerus meurt sans avoir réussi à obtenir du gouvernement
danois la création d’une université en Norvège.
entre 1777 et 1783 : Gerhardt Schoning, dénommé parfois « l’homme
de la patrie », se procure une édition de Heimsgringla avec
traduction danoise et latine. Contribuant à la redécouverte de la
mythologie ancienne, cette traduction fortifie la conscience d’une
identité norvégienne, riche d’un très lointain passé « nordique ».
1787 : Révolte paysanne en Norvège, dirigée par Christian Jensen
Lofthus, un agriculteur qui entend vendre son bois et affréter ses
bateaux sans l’intermédiaire imposé des commerçants des villes.
24 février 1788 : Naissance à Bergen du peintre paysagiste
norvégien Johann Christian Dahl.
1792 : Lofthus est condamné à la prison à perpétuité. Il meurt
en captivité à Christiania dans la forteresse d’Akershus.
1795 : Le futur Louis-Philippe accomplit un voyage vers le cap Nord.
En souvenir, il commandera par la suite au peintre norvégien Peder
Balke des Vues du cap Nord, aujourd’hui conservées au musée
du Louvre.
1796 : Hans Nielsen Hauge (1771-1824) entame sa mission itinérante
et se fait prophète du réveil religieux, le « haugianisme », qui
se répand dans toute la Norvège. Sa quête spirituelle se double
d’un véritable combat social visant à mettre fin au monopole de
la bourgeoisie des villes. Hauge est, pour cette raison, maintes fois
arrêté et mis en prison.
1797 : Nouvelle réglementation douanière qui libère le commerce
norvégien de ses entraves, d’autant que l’économie norvégienne
repose avant tout désormais sur ses échanges commerciaux avec
l’Angleterre.
1801 : Le Danemark forme, avec la Russie et la Suède, une coalition de
neutralité contre la France napoléonienne, mais s’oppose aussi de
fait à l’Angleterre. Les conséquences économiques sont
désastreuses pour la Norvège qui subit le blocus continental imposé
à l’Angleterre.
4 novembre 1804 : Naissance à Helgoya du peintre paysagiste
norvégien Peder Balke.
octobre 1805 : Gustave IV de Suède s’engage contre la France.
septembre 1807 : Bombardement de Copenhague par les Britanniques. Les
Danois se rallient à la France, sans tenir compte, une fois de plus, des intérêts norvégiens. A cette date, les Norvégiens sont, pour
leur part, convaincus de la nécessité de se séparer d’avec le
Danemark.
1808 : Le comte Wedel Jarlsberg prend la tête de la Commission
gouvernementale chargée de développer une politique norvégienne
indépendante.
1809 : Création de la « Société pour le bien de la Norvège » dirigée par Wedel Jarlsberg. La même année, Nikolai Wergeland – le
père du grand poète Henrik Wergeland, né en 1808 – reprend le
combat pour l’université norvégienne.
21 août 1810 : Le maréchal de l’armée française Bernadotte est
élu Prince héritier par le parlement suédois.
5 novembre 1810 : Charles XIII confirme Bernadotte comme l’héritier
direct du royaume de Suède.
1811 : Inauguration de l’université de Christiania qui voit enfin
le jour au terme d’une lutte de cinquante années.
1813 : Le Prince héritier danois Christian-Frédéric est nommé
vice-roi de Norvège.
7 décembre 1813 : Les troupes suédoises battent le Danemark à
Bornhoft.
14 janvier 1814 : Signature du traité de Kiel. Frédéric VI de
Danemark est contraint par Charles-Jean de Suède d’abandonner le
royaume de Norvège à la Suède, à
l'exception du Groenland,
de l'Islande
et des îles
Féroé,
qui sont laissées au Danemark. Ce traité est signé sans que les
Norvégiens, pourtant favorables à l’indépendance, soient
consultés, et vise surtout à récompenser la Suède pour ses efforts
de guerre contre Napoléon.
15 février
1814 : Le vice-roi de Norvège, Christian-Frédéric, refuse le
traité de Kiel et proclame, de son côté, l’indépendance
nationale.
10 avril 1814
: Christian-Frédéric réunit à Eidsvoll une assemblée composée de
cent douze représentants élus dans les différentes paroisses du royaume
de Norvège.
17 mai 1814 : Adoption à Eidsvoll de la constitution de Norvège. En souvenir de
cet événement fondateur, le 17 mai deviendra par la suite le jour
de la fête nationale. La nouvelle Constitution prône la
souveraineté du peuple (à travers un suffrage censitaire), la
liberté individuelle et la séparation des pouvoirs. Le Storting,
c’est-à-dire le parlement, détient le pouvoir législatif,
même si le roi a la possibilité d’opposer son veto. Le même jour, Christian-Frédéric est élu roi de Norvège.
26 juillet
1814 : Les Suédois remportent la bataille navale de Hvaler. Les
hostilités se poursuivent ensuite, sur la terre ferme, à Halden,
Fredikstadt et Rakkestadt, mais s’achèvent, malgré la résistance
norvégienne, à l’avantage des Suédois.
14 août 1814
: Signature à Moss d’un armistice, appelé « la convention de
Moss ». Christian-Frédéric n’a d’autre choix que d’abdiquer.
La Suède reconnaît cependant la Constitution d’Eidsvoll.
4
novembre 1814 : Les Norvégiens donnent au traité de Kiel la
légitimité nationale qui lui manquait en votant le transfert de la
couronne au roi de Suède.
Le temps de l'Union personnelle avec la Suède (1814-1905)
En
reconnaissant la Constitution norvégienne d’Eidsvoll, la couronne
de Suède garantissait des relations d’égal à égal avec le
nouvel Etat et accordait à ce dernier la liberté de gérer ses
affaires propres. Mais, dans les faits, la Norvège ne fut jamais
réellement associée au gouvernement du double-royaume. Un
gouverneur, représentant du monarque suédois, fut dépêché sur
place à Christiania et, parmi les douze ministres du Conseil réuni à
Stockholm pour gérer une politique commune de diplomatie et de
défense, on comptait seulement trois Norvégiens. Ce déséquilibre
suscita défiance et ressentiment chez les Norvégiens et exaspéra
tout au long du XIXe siècle leurs revendications nationalistes,
associées à un désir de justice sociale. Plusieurs tentatives de
rééquilibrage entre les deux royaumes au sein de l’union seront
ainsi vouées à chaque fois à l’échec, en 1844, 1871 et 1898.
Dans le même temps, la Norvège accomplit des progrès beaucoup plus
rapides que la Suède dans l’instauration d’un régime
parlementaire démocratique. Sur le plan économique, l’essor
industriel, l’exportation massive de bois et de minerai, la
vitalité du secteur maritime (pêche, transport, chantiers navals)
augmentent les ressources, même si l’expansion démographique
entraîne aussi un vaste mouvement d’émigration vers l’Amérique
du Nord. Sur place cependant, l’amour de la terre, comme celui de
la culture populaire, du glorieux passé et des traditions anciennes,
sont sans cesse magnifiés par les poètes, les peintres, les
musiciens du temps, et façonnent alors durablement l’identité
norvégienne.
1815 : Un
Riksakt (Acte du royaume) avalise les relations à la fois
d’indépendance et d’égalité entre les deux Etats, réunis
néanmoins en la personne du monarque, et partageant une politique
étrangère commune.
1816 : Fondation de la Banque de Norvège.
1818 :
Jean-Baptiste Bernadotte devient roi de Suède en 1818, sous le nom de
Charles XIV Jean de Suède.
1820 : Mise
en route des premiers vapeurs côtiers.
1824 : La
Norvège est le premier pays scandinave à abolir les privilèges de
la noblesse.
1825 : Début
de la construction du palais royal d’Oslo, commandité par
Bernadotte et réalisé par l’architecte Hans Linstow.
20 mars 1828
: Naissance du dramaturge norvégien Henrik Ibsen.
1828 : Inauguration à Oslo de la Bourse, de style néoclassique.
1830 : Parution du chef-d’œuvre de Henrik Wergeland (1808-1845), La
Création, l’Homme et le Messie.
Wegerland
est le premier écrivain romantique de langue norvégienne, et
bataille sans cesse pour le réveil national et culturel de la
Norvège.
1834 : Publication de l’Aube
de la Norvège,
par l’écrivain Johan Sebastion Welhaven,
1837 : Les
communes norvégiennes obtiennent le droit de se gérer seules.
1838 : Parution des Poèmes
de
J.S. Welhaven.
1840 : Développement de l’industrie du textile et du bois.
1843 : Le souverain Charles-Jean Bernadotte autorise l'érection d'une paroisse catholique à Oslo. Cette décision met fin à une longue période où le catholicisme romain était juridiquement interdit en Norvège, et engendrera le début d'une renaissance de la communauté catholique qui réunit aujourd'hui environ 5% de la population du pays.
1848 : La
révolution parisienne de 1848 a un impact important en Scandinavie.
Achèvement, après trente ans de travaux, du palais royal d’Oslo,
commandité par Bernadotte. Par ailleurs, le linguiste Ivar Aasen
(1813-1896) fait paraître sa Grammaire
de la langue populaire norvégienne,
après avoir parcouru toute la Norvège à la recherche de vieux
patois, considérés comme des survivances du « vrai » norvégien.
1849 : La
construction du palais royal d’Oslo est achevée.
1849 : Marcus
Thrane, fils de l’ancien directeur de la Banque royale de Norvège,
crée le premier syndicat et diffuse ses idées sociales, inspirées
de Proudhon et de Louis Blanc, à travers le journal l’Union, dont
il est l’éditeur.
1851 : Arrestation de Marcus Thrane, emprisonné huit ans. A sa libération,
il émigrera définitivement vers les Etats-Unis.
1854 : Inauguration de la première ligne de chemin de fer reliant Oslo à
Eidsvoll.
1857 : Début
de la construction du Storting, c’est-à-dire le Parlement d’Oslo, en face du palais royal. L’écrivain norvégien Bjornstjerne
Bjornson (1832-1910) publie son premier roman « paysan » Synnøve
Solbakken.
1859 : Les
Norvégiens votent au Parlement la suppression du poste de gouverneur
général, le statholder,
représentant le pouvoir royal. C’est une première étape vers
l’émancipation politique.
18 avril 1864 : Dans le cadre de la
guerre des Duchés, la bataille de Dybbol est remportée par la
confédération allemande. Des volontaires norvégiens, partisans du
mouvement panscandinave, ont tenté alors de prêter main forte aux
Danois.
1864 : Fondation de la première école populaire norvégienne par
Christopher Bruun. Il aurait inspiré, deux ans plus tard, à Ibsen le
personnage de Brand.
1864 : Le
sociologue norvégien Eiler Sundt fonde une Société ouvrière pour
assurer l’intégration du prolétariat industriel.
1865 : En
Norvège, la langue des villes, ou le bokma, à forte imprégnation
danoise, et la langue rurale, le landsmal, rebaptisée nynorsk, sont
placées à égalité par le Storting. Instauration officielle du
bilinguisme propre à la Norvège.
1865 : Soren
Jaabaek fonde le Parti libéral norvégien, premier parti politique
du pays.
1866 :
Parution de Brandt
d’Henrik Ibsen.
1866 : Inauguration du Parlement d’Oslo.
14 novembre
1867 : Première édition de Peer
Gynt
d’Henrik Ibsen.
1869 : Création du Middleskole,
équivalent de notre cours complémentaire.
1870 : L’écrivain Bjorsrjerne Bjornson surnomme Oslo « la ville du
tigre » dans un poème intitulé Dernier
chant dénonçant
alors son incapacité à affirmer clairement son identité culturelle
et sa vocation à l’indépendance. Elle conserve aujourd’hui
cette appellation, mais avec une connotation positive.
1872 : Oskar
II devient roi de Suède. Il engage une longue bataille avec le
Storting sur la question de la responsabilité des ministres. Il use
de son droit de veto pendant 12 ans.
1875 : Mise
en place d’une unité monétaire commune, la couronne (krone)
facilitant la construction d’un marché nordique entre le Danemark,
la Norvège et la Suède.
1878 : Oslo
est renommée Christiania.
1879 : Henrik
Ibsen publie La
Maison de poupée.
1880 : La
flotte norvégienne s’impose comme la troisième du monde.
1883 : Les
libéraux forment, sous la houlette de Johann Sverdrup, un grand parti
moderne (Venstre, « la Gauche ») réclamant entre autres l’instauration du suffrage
universel ainsi que l’adoption d’un régime parlementaire.
1884 : Johann
Sverdrup remporte les élections. Oskar II est alors contraint de le
nommer Premier ministre de la Norvège. Une de ses premières mesures
consistera à assouplir le vieux système censitaire des règles
électorales pour aboutir à un véritable régime parlementaire. Les
conservateurs se regroupent de leur côté dans le parti Hoyre
(« la Droite »). Naissance, la même année, de la Fédération
norvégienne féministe.
1885 : Débat
au Storting sur l’attribution d’une bourse de création au
célèbre écrivain radical Alexander Kielland (1849-1906). Deux
franges de la gauche s’affrontent alors.
1886 : Publication d’Albertine,
aussitôt interdite, œuvre de Christian Krogh, peintre et écrivain
norvégien d’inspiration naturaliste.
1887 : Naissance du mouvement social-démocrate norvégien avec la fondation
du Parti travailliste, qui devient la troisième force politique,
face aux libéraux d’un côté et aux conservateurs de l’autre.
1889 : Lois
scolaires norvégiennes votées par la Venstre alors majoritaire.
1892 : La
Norvège organise sa première grande expédition de chasse à la
baleine dans l’Antarctique.
1892-1893 : Les Norvégiens exigent à nouveau, mais toujours en vain, de gérer
seuls leurs affaires étrangères.
1893 : Inauguration de l’express côtier, la première ligne de transport
maritime de passagers entre Trondheim et le Nord de la Norvège.
1893 : Le
peintre expressionniste Evard Munch (1863-1944) représente Le
Cri.
1896 : Fin de
l’expédition au pôle Nord entamée trois ans plus tôt à bord du
Fram, puis achevée en traîneaux et en kayaks, par l’explorateur
Fridtjov Nansen (1861-1930).
1898 : Fondation sur la presqu’île de Bygdoy, près d’Oslo, d’un
premier musée : le Musée folklorique norvégien (Norks Folkemuseum).
D’autres s’y installeront par la suite, faisant d’elle « l’île
des Musées ». Oskar II rejette à nouveau la création d’un corps
consulaire propre à la Norvège. Le suffrage universel masculin est, en revanche, adopté.
1899 : Naissance de la Confédération générale du travail de Norvège.
1901 : Le
premier prix Nobel de la Paix est remis à Henry Dunant et Frédéric
Passy à Oslo. Les femmes, en fonction de leurs revenus, sont
autorisées à participer aux scrutins communaux (suffrage
censitaire).
1903 : Un
éphémère Parti du rassemblement (aile modérée de Venstre et
conservateurs) gagne les élections avec Christian Michelsen à sa
tête.
mai 1905 :
Michelsen devient Premier ministre de Norvège et exige des consulats
séparés ainsi que la création d’un ministère norvégien des
Affaires étrangères. Oskar II oppose une fois encore son veto, mais, pour contrer à son tour ce refus, Michelsen décide de démissionner.
Dans l’incapacité de former un nouveau gouvernement, Oskar perd
définitivement toute légitimité : selon la constitution, il ne
peut en effet exercer le pouvoir qu’à travers un gouvernement prêt
à le reconnaître.
7 juin 1905 : Le Storting constate alors que le « pouvoir constitutionnel royal a
cessé d’exister » et déclare la fin de l’Union personnelle
avec la Suède.
d’août à
septembre 1905 : Négociations bilatérales et pacifiques à
Karlstad. Le parlement danois ratifie à son tour la dissolution de
l’union.
novembre
1905 : A la suite d’un référendum, le second fils du roi
Christian IX de Danemark devient roi de Norvège sous le nom de Haakon
VII. C’est le premier chef d’Etat norvégien depuis le XIVe
siècle, époque du règne d’Haakon VI. La Constitution de 1814 est
adoptée par le nouvel Etat.
La Norvège indépendante, un jeune Etat né il y a cent quinze ans (1905-2015)
Enfin
indépendante, la Norvège poursuit son essor commercial, notamment dans les secteurs de la pêche, de la construction
navale, et du bois et accroît sa production énergétique, grâce au
développement de l’hydroélectricité. Sur le plan politique,
elle met rapidement en place une démocratie à alternance, soucieuse, non de réformer de fond en comble le système capitaliste, mais
plutôt de l’adapter pour mieux répondre aux aspirations d’équité et de progrès social. Sa neutralité pendant la guerre de 1914-1918 ne
l’empêche pas de pâtir des retombées économiques du conflit. Il
lui faut se relever avant d’affronter la crise internationale des
années trente, puis l’invasion nazie en 1940. Après la victoire
des alliés, les troupes allemandes n’hésiteront pas, en se
retirant, à ravager les infrastructures portuaires et industrielles.
Mais, sa souveraineté retrouvée, la Norvège, comme les autres
Etats scandinaves, élabore au cours des Trente Glorieuses un
modèle politique et économique de référence, offrant à ses
habitants l’un des meilleurs niveaux de vie au monde. Aujourd’hui
encore, la manne pétrolière, malgré la crise internationale
amorcée dans la décennie 2000, garantit richesse et prospérité aux
Norvégiens, qui demeurent rétifs à l’entrée dans l’Union
européenne. Cependant, comme ailleurs en Europe, la Norvège est
confrontée depuis peu à une véritable crise culturelle et
identitaire, précipitée par l’ébranlement de valeurs jugées
naguère indiscutables, notamment au moment de la tuerie menée en 2011
par Anders Behring Breivik.
1905 : La
société industrielle Norks Hydro (aujourd’hui Yara) voit le jour.
12 et 13
novembre 1906 : Un référendum donne 79 % des voix à la royauté.
1906 : Création de l’Union
parlementaire scandinave.
30 août 1906 : L’explorateur
norvégien Roald Amundsen franchit le détroit du Bering et devient le
vainqueur du passage du Nord-Ouest (c’est-à-dire par les glaces
du Grand Nord canadien, entre l’océan Atlantique et l’océan
Pacifique).
1906 à 1908 : Roald Nansen est
le premier ambassadeur norvégien à Londres.
1906 : Les
radicaux se séparent de la Venstre et progressent sur le plan
électoral.
1907 : Le
landsmal ou nynorsk est enseigné officiellement à l’université
de Cristiania. Les femmes accèdent (selon le suffrage censitaire
toujours en vigueur) aux scrutins nationaux. Sur le plan
diplomatique, la neutralité de la Norvège est garantie par
l’Angleterre et la France.
1910 :
Obtention du suffrage universel pour les scrutins communaux.
15 décembre
1911 : L’explorateur Roald Amundsen plante le drapeau norvégien au
pôle Sud.
1911 : Un
important mouvement de grève, mené par des mineurs norvégiens, est
violemment réprimé. Ouverture de la ligne norvégienne maritime
d’Amérique.
1912 : Sous
la pression des féministes, l’égalité de tous devant l’emploi
est garantie.
1913 :
Obtention du suffrage universel pour les scrutins nationaux, mettant
définitivement les hommes et les femmes de Norvège à égalité en
matière de droit de vote.
1914 : Forte
progression électorale des sociaux-démocrates qui passent de 4 élus
à 24 en l’espace de dix ans. Inauguration du musée norvégien de
la marine sur la presqu’île de Bygdoy.
8 août 1914
: Signature d’un traité d’amitié et d’entraide avec la Suède.
Proclamation de neutralité.
1917 : Les
Norvégiens pâtissent de la guerre sous-marine à outrance menée
par les Allemands et sont confrontés alors à une pénurie
alimentaire.
1918 : Lors
de leur congrès annuel, les travaillistes réclament une « action
révolutionnaire de masse ». Au sortir de la guerre, la Norvège
subit la crise et les déséquilibres engendrés par le conflit
mondial à travers, notamment, le secteur de la pêche.
1919 : L’âge
électoral est abaissé de 25 à 23 ans tandis qu’on instaure un
nouveau système de scrutin proportionnel favorisant les forces
progressistes.
1920 :
L’explorateur Nansen dirige la délégation norvégienne de la
Société des Nations et obtient pour son pays la souveraineté sur
le Spitzberg et l’île de l’Ours, à condition que ces
territoires restent démilitarisés et que leur exploitation
économique soit partagée avec les autres signataires de l’accord.
La même année, l’écrivain norvégien Knut Hamsun (1859-1952) est
lauréat du prix Nobel de littérature. Dans le paysage politique, un
parti agrarien voit le jour.
1922 :
Fridtjof Nansen reçoit le prix Nobel de la Paix pour son aide
apportée à la population ukrainienne frappée par la famine. De
manière générale, il permet à tous les réfugiés fuyant le
régime bolchévique d’obtenir, à travers le « passeport Nansen », une identité officielle.
1er janvier
1925 : Christiania retrouve son ancien nom d’Oslo.
17 juin 1925
: La Norvège signe le protocole de Genève « concernant la
prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou
similaires et de moyens bactériologiques ».
1926 :
Apparition du Groupement des pêcheurs de Norvège et inauguration
sur la presqu’île de Bygdoy du musée des Navires vikings. La même
année, Amundsen survole le pôle Nord en dirigeable, lors de la
traversée du Bassin polaire, du Spitzberg jusqu’en Alaska. Il est
accompagné de l’Italien Umberto Nobile et de l’Américain
Lincoln Ellsworth.
1927 :
Annexion dans l’Antarctique par la Norvège des îles Bouvet.
27 août 1928
: La Norvège fait partie, comme les deux autres royaumes
scandinaves, des signataires à Paris du pacte Briand-Kellog « condamnant le recours à la guerre pour le règlement des
différends internationaux et y renonçant en tant qu'instrument de
politique nationale dans leurs relations mutuelles ».
1928 :
L’écrivain norvégien Sigrid Unset reçoit le prix Nobel de
littérature, « principalement pour ses puissantes descriptions de la
vie du Nord au Moyen Age ».
1929 : La
crise économique de 1929 frappe la Scandinavie. Annexion la même
année par la Norvège de l’île arctique de Jan-Mayen et de l’île
Pierre-Ier, dans l’Antarctique.
22 décembre
1930 : Les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Norvège et la
Belgique signent la première convention d’Oslo, stipulant que
chacun de ces Etats ne peut augmenter ses droits de douane sans
prévenir les autres au moins quinze jours à l’avance.
1931 à 1933
: Vidkun Quisling est ministre de la Défense au sein d’un
gouvernement agrarien.
1933 : Le
contentieux dano-norvégien sur le Groenland, amorcé en 1931, est
réglé par la cour de la Haye au bénéfice du Danemark.
1935 : La
flotte norvégienne retrouve son troisième rang mondial. Mais le
chômage touche un tiers de la population active. Le secteur du bois, notamment, peine à se relever : 50 000 petites exploitations ont
disparu depuis la fin de la première guerre mondiale.
1935 : Le
social-démocrate Johann Nygaardsvold devient président du Conseil.
Sa politique, d’inspiration keynésienne, mêle réformes sociales
(augmentation de salaires, aide aux secteurs en crise, attribution de
congés payés) et restructurations industrielles. Le modèle
scandinave est en train de naître, avec la mise en place de l’Etat
providence.
1936 : Inauguration sur la presqu’île de Bygdoy du musée du Fram dédié
aux expéditions polaires
1937 : La
Finlande rejoint la convention d’Oslo.
1939 :
Annexion dans l’Antarctique de la Terre de la Reine Maud. Ses
immenses progrès en hydroélectricité placent déjà la Norvège à
la pointe de la technologie dans les secteurs de l’électrochimie
et de l’électrométallurgie. Développement spectaculaire du
groupe géant Norsk-Hydro. Par ailleurs, les Norvégiens se disputent
toujours autour du nynorsk (landsmal), du riksmal (bokmal) et d’une
nouvelle langue commune, le samnorsk.
9 avril 1940
: Hitler lance l’opération Weserübung avec occupation brutale du
Danemark et du Sud de la Norvège, en dépit de la destruction du
croiseur allemand Blücher devant Oslo. Les instances en place
refusent unanimement l’ultimatum des envahisseurs : la famille
royale, le gouvernement et les membres du Parlement fuient Oslo et
acceptent l’aide militaire franco-britannique. La résistance se
poursuit alors pendant deux mois au nord du pays. Pendant ce temps, Vidkun Quisling, pro-nazi, s’empare du pouvoir, mais démissionne au
bout d’une semaine. Il demeure néanmoins l’un des principaux
acteurs de la collaboration.
12 avril 1940
: Opération alliée vers Narvik à partir des îles Lofoten.
9 juin 1940
: Le roi Haakon VI quitte la Norvège avec les membres du Conseil. Ils
emportent vers l’Angleterre l’or de la Banque centrale ainsi
qu’une grande partie de la flotte marchande.
10 juin 1940 :
Encerclés, les Alliés évacuent finalement Narvik. A cette date, la
Norvège est entièrement occupée, sous l’autorité de l’Allemand
Josef Terboven, commissaire du IIIe Reich.
28 juin 1940
: Narvik est prise.
1940 : La
Suède autorise les Allemands à faire transiter troupes et matériel
vers la Norvège via son réseau de voies ferrées. Les occupants
profiteront aussi de ces routes pour acheminer des réserves en
minerai de fer vers leurs propres pays.
février 1942
: Vidkun Quisling est nommé ministre-président à la tête d’un
gouvernement de collaboration.
1943-1944 : Les
installations d’eau lourde du Rjukan, indispensables à la
fabrication de l’arme atomique, sont sabotées par les Norvégiens
eux-mêmes.
1944-1947 :
Contentieux sans lendemain entre l’Union soviétique et la Norvège
à propos de la souveraineté sur l’île de l’Ours dans le
Spitzberg.
8 mai 1945 :
Capitulation des autorités nazies devant Eisenhower. Les forces
d’occupation déposent les armes.
7 juin 1945 :
Retour du roi et du gouvernement à Oslo.
24 octobre
1945 : Vidkun Quisling est condamné à mort pour haute trahison et
exécuté dans la citadelle d’Akershus.
1945 :
Période d’épuration avec 46 000 condamnations dont 37 peines
capitales. Le travailliste Nygaardsvold, rentré de Londres, reprend
immédiatement les rênes du gouvernement et privilégie une
politique d’union nationale. C’est aussi le retour à l’Etat
providence. Une des premières mesures consiste en la nationalisation
des industries chimiques.
1946 :
Contrairement aux autres pays scandinaves, la Norvège retrouve déjà
une croissance vigoureuse et atteint un PNB supérieur à celui de
1938. Patronats et syndicats mènent ensemble une politique apaisée
de concertation, appuyée par l’Etat providence.
1947 :
Acceptation du plan Marshall par adhésion à L’OECE. Le Norvégien
Thor Heyerdahl (1914-2002) entame l’expédition en radeau du
Kon-Tiki, depuis l’Amérique du Sud jusqu’aux îles
polynésiennes.
1948 : Mise
en place d’un plan universel de protection sociale.
1948 :
Adhésion à l’OCDE, ce qui conduit, sur le plan intérieur, à un
assouplissement de l’intervention de l’Etat.
1949 : Des
négociations sont menées à Karlstadt entre la Suède, le Danemark
et la Norvège pour mettre au point une politique de défense
commune, mais elles échouent face au refus norvégien de renoncer à
l’aide militaire directe des Etats-Unis.
avril 1949 : Entrée
dans l’Otan par le traité de l’Atlantique Nord, en même
temps que l’Islande et le Danemark (la Suède reste en dehors et se
rapproche de la Finlande). Mise en place d’un plan quadriennal de
contrôle des prix.
1950 :
Inauguration à Oslo de l’hôtel de ville (Radhuset). Démarrée en
1931, dans un style expressionniste, sa construction a été
interrompue par la seconde guerre mondiale. La même année, le parc
Vigeland, orné de 212 sculptures de Gustav Vigeland (1869-1943), ouvre ses portes à Oslo.
1952 : La
Norvège adhère au Conseil nordique.
1956 : La
Norvège est présente dans le contingent de l’ONU qui prend
position à Suez.
1960 : La
Norvège adhère à l’AELE, association européenne de
libre-échange. Apparition du Parti socialiste de gauche (contre les
sociaux-démocrates). Sur le plan linguistique, le bokmal finit par
l’emporter.
1962 :
Proclamation de l’égalité au sein du peuple norvégien des deux
composantes, scandinave et same.
1963 :
Inauguration du musée Munch à Oslo.
à partir de
1965 : Alternance des socialistes et des libéraux au pouvoir.
1967 : Vives
réactions dans le milieu universitaire face au projet du
gouvernement Borten de raccourcissement des études et, surtout, de la
suppression de leur gratuité.
1970 : Grève
sur le site de l’entreprise métallurgique Sauda. Deux ans plus
tard, l’écrivain Tor Obrestad s’en inspire pour son roman Sauda
! Grève !
1971 : Mise
en production des richesses en pétrole et en gaz de la mer du Nord.
1971-1981 :
Majorité dominée par les sociaux-démocrates.
1972 : Refus
très net de l’adhésion au Marché commun avec un référendum
négatif à 53,5 % des voix.
1973 :
Signature d’un accord de libre commerce avec la CEE.
1974 :
Nationalisation de la production d’hydrocarbures.
1975 : Les
besoins nationaux en gaz et en pétrole sont d’ores et déjà
assurés. La Norvège fait partie des Etats signataires des accords
d’Helsinki, visant à améliorer les relations entre les blocs de
l’Est et de l’Ouest.
1981 : Gro Harlem Brundtland,
travailliste, est la première femme Premier ministre dans un pays
nordique. Elle sera à nouveau au pouvoir de 1986 à 1989, puis de
1990 à 1996, et sera toujours confrontée à la question de l’entrée
dans l’Union européenne.
1981 à 1986 : La Norvège est dirigée par le conservateur K. Willoch.
1986-1990 : La Norvège est touchée
par le contre-choc pétrolier.
9 octobre 1989 : Inauguration du
parlement same de Norvège à Karasjok.
1990 : Inauguration du musée d’Art
contemporain d’Oslo.
1993 : Action de la Norvège dans
le conflit israélo-palestinien.
1996-1995 : La Norvège est touchée
par la récession mondiale.
1991 : Avènement d’Harald V, qui
succède à Olaf V.
28 novembre 1994 : La Norvège
refuse pour la seconde fois par référendum d’adhérer à l’Union européenne (52,1
% des voix) pourtant votée par le Storting. Elle se contente
d’entrer dans l’EEE (Espace économique européen) et de
développer la coopération internordique.
1995 : Les hydrocarbures norvégiens
fournissent, avec 132 millions de tonnes de pétrole en 1995 contre
9,2 en 1975, près de 17 % du PIN et 3 % des emplois. La Norvège
développe, avec ses grands groupes (Statoil, Norsk-Hydro, AKER, RGI), sa chimie, ses raffineries, ses constructions navales et sa
métallurgie.
1999 : La dette chute à 25 % du
PIB et l’excédent est constant depuis cette date.
2001 : Entrée dans l’espace
Schengen des cinq pays scandinaves.
2004 : Création du prix
international Holberg récompensant des travaux scientifiques en
sciences humaines. Vol du Cri
ainsi que de la Madone
au musée Munch d’Oslo lors d’une attaque à main armée.
2006 : Les tableaux volés au musée
Munch d’Oslo sont retrouvés par la police dans un état jugé
relativement correct.
2008 : Stravanger est déclarée capitale
européennes de la culture.
2009 : Légalisation du mariage homosexuel en Norvège.
22 juillet 2011 : Double attentat
perpétré par Anders Behring Breivik,
avec d’abord une explosion à la bombe dans le quartier
gouvernemental d’Oslo, puis, deux heures plus tard, une fusillade sur
l’île d’Utoya, visant un camp de jeunes du Parti travailliste
norvégien. Les deux attaques menées en lutte « contre le
multiculturalisme et l’invasion musulmane » feront, en tout, 77
morts et 151 blessés.
24 août 2012 : Anders Behring
Breivik est condamné à la peine indéterminée (c’est-à-dire
susceptible d’être prolongée) de 21 ans. C’est la peine
maximale en Norvège.
septembre 2012 : Inauguration à
Oslo d’une fondation privée, le musée d’art contemporain Astrup
Fearnlay, dessiné par Renzo Piano, l’architecte du centre Pompidou
à Paris.
septembre 2013 : Victoire de la
coalition de centre-droit aux élections législatives et nette
progression du Parti populiste anti-immigration.
septembre 2014 : Depuis sa prison,
Anders Behring Breivik envoie une lettre de 33 pages aux médias,
dans laquelle il prétend avoir renoncé à la violence et envisage
la création d’un parti fasciste en Norvège, pour poursuivre son
combat dans le cadre légal du système démocratique. Son ultimatum
lancé alors au ministère de la Justice norvégien n’obtient bien
sûr pas de suite.
avril 2014 : La première pierre du
futur nouveau Musée national d’Oslo est posée et son inauguration
prévue pour 2019. Plus grand bâtiment d’Oslo, il regroupera sur
54 000 mètres carrés les collections de la Galerie nationale, du
musée du Design et des Arts décoratifs, du Musée national d’Art
contemporain et du Musée national d’Architecture.
27 mars 2015 : La Norvège s’engage
officiellement dans le cadre des négociations internationales sur le
climat.
Si
la Norvège, de par son dynamisme économique et la qualité de vie
de ses habitants fait encore figure de modèle en Europe, elle n’est
plus, ces dernières années, totalement épargnée par la crise
mondiale. Par ailleurs, son système de valeurs, prônant
traditionnellement l’égalité, le progrès social et la tolérance,
a été fortement ébranlé par les attentats de 2011 et la montée
des partis nationalistes. La politique d’immigration est ainsi
devenue une question majeure au sein du débat politique, tandis
qu’on s’interroge toujours sur le bien-fondé d’un éventuel
rapprochement avec l’Union européenne. La manne pétrolière
garantit encore prospérité aux Norvégiens, mais sa gestion, comme
celle de l’argent public, est de plus en plus souvent controversée, et oppose entre elles les différentes formations politiques. Doutant
parfois d’eux-mêmes et du modèle scandinave jugé naguère
exemplaire, les Norvégiens demeurent pour autant champions des
grandes causes internationales, comme en témoigne leur engagement
tout récent dans la protection de l’environnement et la lutte
contre les dégradations climatiques. Sur le plan culturel enfin, la
Norvège mène une politique audacieuse encourageant, au moyen de
subventions, la créativité, soutenant les maisons d’édition, et
valorisant le patrimoine. A l’horizon 2019, Oslo pourra ainsi
s’enorgueillir de posséder l’un des plus grands musées au monde
et confirmer, pour les générations à venir, sa vocation
d’incontournable foyer culturel.