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La Norvège
La lente affirmation d’une identité nationale

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Assujettie pendant plus de quatre siècles au Danemark (de 1380 à 1814), unie ensuite quatre-vingt-onze ans à la Suède, tout en demeurant sous sa tutelle, la Norvège n’accède véritablement à l’indépendance qu’en 1905. A ce titre, elle est considérée comme l’un des plus jeunes Etat d’Europe. Sa forte identité puise pourtant ses racines dans l’âge du bronze, des milliers d’années en arrière, et s’affirme définitivement à l’époque de l’expansion viking, puis durant la période médiévale. Christianisation et unification du royaume norvégien vont alors de pair et font de ce dernier une entité politique autonome, atteignant son apogée au XIIIe siècle. Par la suite, la Norvège entame un inéluctable déclin économique et politique, accéléré en 1349 par la terrible épidémie de peste noire qui décime la moitié de la population, met à bas le clergé et ruine à jamais les élites aristocratiques.
Exsangue, privée de classes dirigeantes autochtones, à la merci de nouveaux enjeux dynastiques, géopolitiques et religieux, la Norvège, rapidement absorbée par son voisin danois, n’est plus qu’une immense province disputée tour à tour par les deux véritables puissances scandinaves. Le triomphe du luthéranisme, imposé définitivement au XVIe siècle, s’opère aussi au détriment de la langue vernaculaire originelle, car la Bible n’est traduite qu’en danois, seule langue officielle. Mise à mal, l’authentique culture norvégienne ne disparaît pas pour autant, mais traverse les siècles pour s’affirmer avec d’autant plus de vigueur au moment du réveil national. Magnifiée par les poètes et les écrivains, les artistes et les musiciens, elle exalte ainsi le sentiment d’une parfaite adéquation avec la nature, inspiré par la beauté de paysages uniques au monde, abritant sur d’immenses étendues des fjords et des lacs, des montagnes et des plaines. De nos jours encore, les nombreux musées de plein air témoignent de cet attachement typiquement nordique au patrimoine rural et à la préservation de l’environnement.
Fiers d’un lointain mais prestigieux passé, confiants en leur potentiel économique et commercial, les Norvégiens se sont définitivement émancipés de leurs voisins danois et suédois à l’aube du XXe siècle en affirmant leurs idéaux démocratiques, jusqu’à devenir un modèle en la matière pour l’Europe entière. Doués d’un remarquable sens civique, champions de l’égalité des droits, les Norvégiens jouissent aujourd’hui de la qualité de vie la plus élevée au monde, sous l’égide d’un Etat constamment enrichi par les ressources naturelles d’hydrocarbures, malgré les retombées de la crise financière mondiale entamée en 2008.
Volontiers protectionnistes, les Norvégiens sont aussi, en dignes descendants des Vikings, naturellement attirés par l’autre et l’ailleurs  mais ce goût de l’aventure et du lointain n’est plus, de longue date, animé par des passions belliqueuses et dominatrices. Née en même temps que la conquête des pôles et que l’instauration du prix Nobel, la démocratie norvégienne s’est d’emblée affirmée au service de la défense de la paix et comme acteur majeur de la recherche scientifique universelle.

Les origines, du Mésolithique à l’âge du fer

C’est seulement entre 12 000 et 10 000 avant J.-C., à la fin de la dernière glaciation, qu’apparaît en Scandinavie la première implantation humaine durable. A la faveur du réchauffement climatique, des chasseurs-cueilleurs, vivant aussi de la pêche, rejoignent le Sud de la péninsule scandinave, alors partiellement dégagée des glaces, au Danemark d’abord, puis sur la côte occidentale de la Norvège. Eux-mêmes suivent sans doute les troupeaux de rennes, que la disparition progressive de la toundra repousse toujours plus au nord. Ils ne disposent que d’objets rudimentaires en bois, en os et en pierre et inaugurent ainsi dans la région le début du Mésolithique, littéralement « l’âge moyen de la pierre », qui s’étendra jusqu’à 4 000 avant J.-C.

entre 7000 et 5000 av. J.-C. : Le réchauffement climatique finit de faire fondre totalement les glaciers, et la Norvège bénéficie désormais d’un climat océanique, doux et tempéré. Ces profonds bouleversements entraînent un accroissement de la densité de population et l’extension d’une nouvelle aire culturelle, associée alors au Maglémosien, période caractérisée par le recours aux microlithes de silex.

à partir de 5000 av. J.-C. : Amélioration des outils en pierre – des silex plats de taille beaucoup plus grande – lors des périodes successives du Kongemose et de l’Ertebollien.

4200 av. J.-C. : Parmi les gravures rupestres découvertes à Alta, dans le Finnmark, les plus anciennes datent de la fin du Mésolithique.

4000 av. J.-C. : Début du Néolithique. L’agriculture fait son apparition (orge, blé, épeautre) entraînant au fil des siècles la multiplication des villages à palissade et une modification considérable des paysages. Simultanément se répand la pratique de l’inhumation comme celle de la poterie. L’outillage, en pierre polie, ne cesse de se perfectionner.

3000 av. J.-C. : Sépultures collectives et mégalithiques (dolmens et allées couvertes).

entre 3000 et 2500 av. J.-C. : Arrivée d’une nouvelle vague de population, d’origine probablement indo-européenne, et caractérisée par l’usage des haches « naviformes ». Elle contribue à accélérer la Révolution, déjà entamée, du Néolithique. Les pratiques funéraires d’incinération coexistent avec celles d’inhumation.

vers 1800 av. J.-C. : Entrée tardive dans l’âge du bronze. Les matières premières – cuivre et étain – nécessaires à la fabrication de l’alliage et absentes des sols scandinaves, sont désormais importées à la faveur des échanges commerciaux avec les îles britanniques et l’Europe continentale. L’agriculture continue de se développer. Emergence d’une élite dirigeante vivant dans des maisons longues, et inhumée dans des tumuli de terre, comme ceux dits « de Raege », sur la côte atlantique, dans la province de Jaeren. Une tombe féminine particulièrement riche, la plus ancienne, y est ainsi datée de 1400 avant J.-C.

1200 av. J.-C. : Domestication du cheval.

1000 av. J.-C. : Nouveaux progrès agricoles avec l’utilisation de l’araire et l’introduction de la culture du seigle et de l’avoine.

entre 1000 et 500 av. J.-C. : La seconde partie de l’âge du bronze est marquée par des réalisations artistiques particulièrement élaborées : objets en bronze finement décorés, instruments de musique à vent (les lurs, eux aussi en bronze), multiplication des gravures rupestres (notamment à Lista et à Skjeberg), riches d’enseignement sur les modes de vie et les pratiques religieuses (chamanisme).

400 av. J.-C. : Début de l’âge du fer, correspondant à une période de stagnation. Refroidissement subit, détérioration du climat, déclin démographique, pauvreté des découvertes archéologiques. Les Scandinaves sont sous la domination culturelle des peuplades celtiques d’Europe centrale et adoptent nombre de leurs pratiques vestimentaires et religieuses. On parle alors d’âge de fer celtique.

350 av. J.-C. : Le navigateur grec Pythéas aborde les côtes de Thulé, dont on ne sait s’il s’agit des îles Shetland, de l’Islande ou de la Norvège.

120 av. J.-C. : Venus du Jutland et de la région d’Oslo, les Vandales migrent vers le sud, tout comme les Burgondes. Nette amélioration des bateaux scandinaves.

début de l’ère chrétienne : Début de l’âge de fer « romain », repeuplement progressif, liens commerciaux avec le monde romain dont on retrouve quelques objets dans les tombes. Sacrifices humains dans les tourbières.

vers 70 après J.-C. : Pline l’Ancien mentionne l’existence d’une terre nommée « Scandia » dans ses Histoires naturelles.

entre 400 et 600 : Premier âge de fer germanique. Période de troubles marquée par de nouveaux mouvements de population d’origine germanique vers le continent (à l’ouest et au sud). Importé de Germanie, l’alphabet runique se diffuse rapidement en Scandinavie.

entre 600 et 800 : Age de fer germanique récent. Expansion commerciale, rapprochement avec le monde franc dont les Norvégiens adoptent l’armement, plus perfectionné que le leur. D’après les chroniques, la Norvège, comme les autres pays scandinaves, compte alors de « grands rois », mi-réels mi-légendaires. De nombreux chefs rivaux s’y partagent en tout cas des territoires très morcelés. Les bateaux scandinaves, à rames, se dotent à cette époque d’une voile carrée, véritable révolution technique.

Un environnement hostile, mais riche en ressources naturelles

La Norvège s’étend à l’ouest de la péninsule scandinave sur 323 758 kilomètres de superficie et abrite une infinité de paysages, entre les latitudes 58 et 71 N. Bordée depuis le sud jusqu’au nord par le détroit de Skakerrag, la mer du Nord et la mer de Norvège, puis par l’océan Glacial Arctique et la mer de Barents, elle épouse ainsi 25 148 kilomètres de côtes extrêmement découpées, longées par le courant chaud du Gulf stream. Ce dernier garantit sur la frange côtière un climat océanique, relativement doux et tempéré, alors que la Norvège est l’un des pays les plus septentrionaux de la planète.

A l’intérieur des terres, on observe en revanche un climat de type continental, avec des hivers plus rigoureux et des températures estivales plus élevées. Mais la Norvège est aussi dominée par les montagnes imposant un net refroidissement sur plus de la moitié du territoire. C’est ainsi le cas dans les régions de la Hardangervidda et du Finnmark, le long des chaînes alpines, ou sur une partie des 58 133 îlots qui longent la côte, et dont certains constituent de véritables pics rocheux. Au-delà de 800 mètres d’altitude, la forêt, couvrant un quart du territoire, disparaît au profit de paysages âpres et rocailleux, parsemés ci et là de lichens. Le sommet le plus élevé – le Galdhoppigen – se situe à l’est du pays, dans le massif du Jotunheimen, c’est-à-dire « la demeure des géants » et culmine à 2 469 mètres. Et c’est au sud, dans le massif du Breheimen, que s’étire sur 487 kilomètres carrés le plus grand glacier d’Europe continentale. Conjuguant définitivement la beauté à l’extrême, la Norvège s’enorgueillit aussi de posséder en ses confins le cap Nord, la pointe la plus septentrionale de l’Europe, s’élançant à 300 mètres au-dessus de l’océan Arctique, dans le Finnmark, où se concentrent depuis des temps immémoriaux les principales communautés de Samis, dénommés aussi improprement les « Lapons ».

Mais les paysages norvégiens se caractérisent avant tout par la présence de fjords spectaculaires façonnés lors de la dernière glaciation. Creusé et érodé par de gigantesques glaciers, le fond des vallées a laissé la mer s’engouffrer au moment du réchauffement climatique. Souvent extrêmement profonds, surmontés par d’abruptes parois, le long desquelles se déversent torrents ou cascades, ces fjords parfois immenses peuvent s’étendre sur 200 kilomètres.

La nature norvégienne offre partout un spectacle fascinant, traversé au-delà du cercle polaire arctique par les aurores boréales. Hostile et grandiose, sculptée dans la roche et la glace, elle semble avant tout âpre et aride, mais regorge pourtant de richesses : si les terres arables ne forment que 3 % du territoire, elles sont, grâce aux subventions de l’Etat, savamment mises en valeur. L’industrie du bois et, surtout, celle de la pêche ou de l’aquaculture garantissent depuis des générations une économie florissante, rendue plus prospère encore par l’industrie hydroélectrique, aménagée autour des grands lacs et des cours d’eaux. Plus récemment, la manne gazière et pétrolière a définitivement placé la Norvège au rang des grandes puissances, sur la scène de l’économie mondiale.

L'âge des Vikings (IXe-XIe siècle)

L’expansion viking est trop souvent réduite dans l’imaginaire collectif européen aux raids et pillages menés sur les pays avoisinants. Mais cette réputation de guerriers cruels et sans scrupules mérite d’être nuancée pour la simple raison qu’elle fut relayée, à travers les chroniques du temps, par ceux qui en étaient eux-mêmes les victimes, c’est-à-dire les moines francs ou anglo-saxons. Si les Vikings semèrent indéniablement la terreur par de nombreuses attaques et exactions, ils furent aussi capables, à plusieurs reprises, de se muer en pacifiques commerçants, tandis que leur avancée technique en matière maritime et leur goût de l’aventure les plaçaient d’ores et déjà au rang des premiers explorateurs. Après avoir colonisé l’Islande et le Groenland, les Vikings aborderont en effet au Canada, en des terres qu'ils nommeront « Vinland » bien avant que Christophe Colomb ne découvre à son tour l’Amérique. L’épanouissement de leur civilisation se traduit aussi par d’extraordinaires progrès techniques et artistiques. En Norvège, elle aboutit, sous la conduite d’Harald à la Belle Chevelure, à la première tentative d’unification du royaume, mais elle est aussi contemporaine du triomphe de la foi chrétienne, incarnée par saint Olaf. A la tête du royaume de 1015 à 1030, saint Olaf est ainsi considéré, malgré sa défaite à la bataille de Stiklestad, comme le père fondateur de la nation.

793 : Première expédition viking – menée par des Norvégiens – avec la mise à sac du monastère de Lindisfarne, sur les côtes du Wessex (Angleterre). Le savant Alcuin, disciple de Bède le Vénérable, note : « Jamais jusqu’ici, on n’avait vu régner terreur comparable à celle que viennent d’y semer ces païens. » S’ensuit le pillage du monastère d’Iona (Ecosse).

795 : Raid contre l’île de Lambey (Irlande).

Vers 800 : Conquête des Shetland, des Orcades et des Hébrides. A la même époque, splendide mobilier funéraire déposé dans la tombe de la reine Asa à Oseberg. Sur le plan architectural, progrès important de l’habitat avec l’invention des cabanes à rondins, remarquablement isolées des intempéries.

820-834 : Première série de raids norvégiens contre l’Irlande ; en même temps, les Danois comme les Norvégiens s’implantent solidement en baie de Seine.

839 : Le chef norvégien Turgeis s’empare de la région de Dublin et, de conquête en conquête, entend soumettre toute l’Irlande.

vers 840 : Epanouissement de l’art viking avec l’apparition du style de Borre dans le Vestfold, au sud de la Norvège (figures animales, entrelacs en forme de rubans).

844 : Défaite de Turgeis face au roi irlandais Niall Caille mac Aeda, dans la province de l’Ulster.

863 : Olaf le Blanc devient roi de Norvège.

873 : Accords commerciaux conclus avec Louis le Germanique.

872 : Bataille de Hafrsfjord remportée par Harald à la Belle Chevelure contre la noblesse norvégienne.

874 : Parmi les guerriers vaincus, certains partent alors coloniser l’Islande, d’autres s’élancent vers la mer du Nord et la Manche, avant de lancer des raids sur la Seine. Parmi eux, on compte le chef Rollon, à qui les sagas islandaises attribuent une origine norvégienne (et non danoise comme le veut, en revanche, la tradition normande).

885-886 : Les Vikings assiègent Paris.

vers 900 : Harald unifie la Norvège. Sur le plan artistique, abandon progressif des représentations animales au profit d’ornements végétaux entrelacés, stylisation de plus en plus affirmée (école de Ringerike).

911 : Traité de Saint-Clair-sur-Epte, par lequel le roi Charles le Simple cède au chef Rollon les terres appelées à devenir par la suite le duché de Normandie, littéralement « territoire des hommes du Nord ». En échange, Rollon s’engage à mettre fin aux pillages et à protéger le royaume de toute nouvelle attaque viking.

930 : Mort d’Harald. Son fils Haakon le Bon lui succède, poursuit pendant trente ans l’œuvre de son père et tente d’introduire le christianisme en Norvège.

vers 970 : Harald à la Dent Bleue, qui a déjà unifié et christianisé le Danemark, étend son influence sur le Sud de la Norvège.

983 : Exploration du Groenland par Eric le Rouge, banni de Norvège.

986 : Reprise des expéditions contre l’Angleterre, menée par le chef viking Olav Tryggvason.

992 : Le Kent et le Sussex sont dévastés.

994 : Attaque de Londres.

995 : Converti au christianisme, Olav Tryggvason revient d’Angleterre, s’empare du pouvoir et évangélise la Norvège. Il fonde Nidaros, l’actuelle Trondheim. Construction des premières églises en bois debout, les stavkirker, qui allaient façonner pour plusieurs siècles les paysages de Norvège.

vers l’an 1000 : Leif Eriksson, fils d’Erik le Rouge, atteint la baie du Saint-Laurent, en Amérique du Nord, qu'il baptise « Vinland ». Les résultats des recherches archéologiques canadiennes fournissent désormais de nombreuses informations au sujet de cette implantation.

9 septembre 1000 : Olaf Tryggvason meurt à l’issue de la bataille navale de Svolder, après s’être jeté vivant dans la mer Baltique. La Norvège est alors partagée entre la Suède et le Danemark.

1014 : La bataille de Clontarf met fin à la domination norvégienne en Irlande. Dublin, Wexford, Cork et Limerick, fondées par les Vikings, ne sont plus désormais que des villes-comptoirs.

1015 : Olaf Haraldson, dit « le Gros » et futur saint Olaf, prend le pouvoir tout en poursuivant la christianisation du royaume. Il est considéré comme le premier père de la nation norvégienne.

1016 : Bataille navale de Nesjar et victoire d’Olaf contre les seigneurs partisans de la Suède.

1028 : Olaf est contraint à l’exil par Knut Ier (dit aussi « Canut Ier ») le Grand, roi du Danemark et d’Angleterre.

29 juillet 1030 : Mort d’Olaf à la bataille de Stiklestad. La couronne de Norvège revient à Svein, fils illégitime de Knut, violent et impopulaire. Traditionnellement, cette défaite marque la fin de l’ère viking et l’entrée de la Norvège dans la période médiévale. La Grande-Bretagne devient pour une courte durée le centre politique du nouveau royaume.

1031 : Canonisation d’Olaf qui devient le saint patron de la Norvège.

La fin du Moyen Age et l’inéluctable déclin du royaume norvégien (XIVe-XVe siècle)

Amorcé au début du XIVe siècle, le déclin du royaume de Norvège ne s’explique pas seulement par l’instabilité politique due aux problèmes de succession. Elle est aussi précipitée par la détérioration du climat et la succession de mauvaises récoltes, tandis que la Ligue hanséatique bénéficie presque seule des richesses engendrées par le commerce de la morue, et empêche l’émergence, comme partout ailleurs en Europe, d’une classe bourgeoise autochtone. Le coup fatal est néanmoins porté par la terrible irruption de la peste noire, qui décime brutalement, en 1349, la moitié de la population, et touche particulièrement durement les membres, non seulement du clergé, mais aussi de l’aristocratie, comme réduite à néant. La Norvège, exsangue, appauvrie ne compte plus aucune élite à même de défendre ses intérêts politiques, économiques, religieux. L’indépendance nationale, déjà mise à mal, n’en est que plus menacée. Sur le plan démographique, la situation est catastrophique et aggravée durant la seconde moitié du XIVe siècle, par la famine et la disette sévissant dans les campagnes, désormais désertées et méconnaissables. Incapable de se relever, la civilisation norvégienne, naguère rayonnante et prometteuse, étouffée bientôt par son voisin danois, est comme mise sous le boisseau pour plusieurs siècles.

1349 : La peste noire fait irruption à Bergen et décime un tiers de la population scandinave.

1355 : Majorité d’Haakon VI qui exerce alors pleinement le pouvoir royal.

1359 : A la mort de son frère Erik XII, Haakon VI est associé par son père au trône de Suède.

1363 : Mariage de Haakon VI avec la princesse Marghrete, fille cadette de Valdemar IV, roi du Danemark. Haakon VI et son père sont alors déposés au profit d’Albert, duc de Mecklembourg, désormais roi de Suède. Cette alliance scellera pour les quatre siècles à venir l’union du Danemark et de la Norvège. Elle constitue aussi une première étape vers l’alliance des trois royaumes scandinaves.

1365 : Bataille d’Enkoeping. Magnus IV, à qui une partie du royaume de Suède était restée fidèle, est fait prisonnier. Son fils, Haakon VI, n’obtiendra sa libération que sept ans plus tard.

1369 : Les marchands de la Hanse, coalisés contre le Danemark, prennent possession des forteresses bordant le détroit du Sund.

1370 : Signature du traité de Stralsund avalisant la domination politique et économique de la Hanse sur le royaume du Danemark.

1380 : Mort d’Haakon VI qui était demeuré roi de Norvège. Son épouse Marghrete met leur fils Olaf sur le trône et devient régente du Danemark et de la Norvège

1387 : Olaf meurt à l’âge de 16 ans. Marghrete détient seule les rênes de l’Etat.

1389 : Marghrete fait déposer le roi de Suède, Albert de Mecklembourg, après la victoire d’Asle et la signature de la convention de Lindhom qui l’impose comme souveraine. Elle est désormais à la tête des trois grands royaumes scandinaves.

1392 : Elle fait proclamer son petit-neveu Bugislav de Poméranie, encore mineur, roi de Norvège, sous le nom d’Eric, puis roi du Danemark en 1395 et, enfin, roi de Suède en 1396.

1397 : Union de Kalmar, validant officiellement la réunion des trois royaumes, mais le Danemark centralise en fait tous les pouvoirs, au détriment de la Suède et de la Norvège.

1401 : Malgré la majorité d’Erik, Marghrete demeure à la tête de l’Etat, et décide de toutes les orientations importantes.

1412 : Mort de la reine Marghrete. Erik gouverne désormais à part entière. Son règne est marqué par des conflits avec la Suède.

1439 : Erik est déposé avant de se retirer dans une forteresse du Gotland.

1468 : Christian Ier, alors roi du Danemark et de Norvège, doit payer la dot de sa fille Marguerite, promise à Jacques III d’Ecosse. Il met alors en gage les Orcades, puis, l’année suivante, les Shetland, mais ne parvient jamais à payer sa dette en argent. Les deux archipels échappent ainsi définitivement à la Norvège.

1482 : Signature du compromis de Halmstad entre le Danemark, la Suède et la Norvège, visant à rééquilibrer les relations entre la couronne et les conseils des trois royaumes, mais le Danemark ne consent à aucune des revendications de la Suède. La Norvège, depuis longtemps affaiblie, ne peut, de son côté, prétendre à l’indépendance, même si la noblesse locale se divise peu à peu entre partisans de l’Union (et donc du Danemark) et partisans de la Suède.

1506 : Roi de Norvège et du Danemark, Hans nomme son fils Christian II, vice-roi de Norvège.

1507 : L’amorce d’une révolte norvégienne est violemment réprimée par Christian II.

1512 : Le pape exige, sans succès, la libération de l’évêque de Hamar, arrêté par Christian II pour ses positions favorables à la Suède.

1513 : Pour justifier le choix systématique de personnalités d’origine étrangère à la tête des diocèses et des provinces, le roi Christian II déclare : « La noblesse de Norvège est une race éteinte. » Il impose ainsi comme archevêque à Nidaros un noble de son entourage, Erik Valkendorf.

4 novembre 1520 : Christian II est couronné roi de Suède. S’ensuit, sur son ordre, le « bain de sang » de Stockholm, durant lequel sont massacrés ses principaux opposants.

1522 : L’archevêque de Nidaros, Valkendorg, refuse de limiter les pouvoirs de l’Eglise et, pour ne pas céder à Christian II, part à Rome à la rencontre du pape. Il meurt dans la Ville éternelle (28 novembre), peu de temps après le pape Léon X, auquel succède, pour seulement une année, Adrien VI.

1523 : L’union de Kalmar est dissoute et les Danois chassés de la quasi-totalité de la Suède. Christian II se réfugie aux Pays-Bas.

Le Moyen Age et l’affirmation de la « grandeur norvégienne » (XIe-XIVe siècle)

Sur les terres scandinaves, la mise en place d’un régime féodal ne va pas sans heurts et ne s’impose que progressivement. Traditionnellement, la naissance en effet n’est pas un critère suffisant d’appartenance à la noblesse et tout chef local doit bénéficier du consentement de ses concitoyens pour exercer légitimement son pouvoir. Les rois eux-mêmes reçoivent l’investiture des things, sorte de parlements avant la lettre regroupant les hommes libres du pays. Les règles de succession ne sont pas non plus clairement établies, et les querelles dynastiques pour l’accession au trône sont courantes, entraînant en Norvège un partage fréquent du pouvoir, mais aussi des guerres civiles et de brutaux revirements. Peu à peu cependant, l’autorité royale s’affirme, soutenue par une aristocratie montante, seule à être véritablement associée au gouvernement et à l’administration du royaume. La christianisation entraîne un rapprochement naturel avec Rome qui intronise les évêques et fonde à Nidaros un archevêché, même si, en fonction du souverain en place, les relations du pouvoir royal avec les prélats locaux, de plus en plus riches et puissants, s’enveniment périodiquement. A partir du XIIIe siècle, la Norvège, au faîte de sa puissance, entre dans un véritable âge d’or politico-culturel : expansion démographique, stabilité politique, vitalité littéraire et artistique couronnée par d’importants programmes architecturaux, élargissement de son territoire aux archipels écossais (Shetland, Orcades, Hébrides, île de Man), domination du Groenland et de l’Islande. Mais, déjà, l’hégémonie de la ligue hanséatique menace sur le plan économique l’intégrité du royaume et semble annonciatrice du déclin à venir.

1035 : La Grande-Bretagne échappe à la tutelle danoise. Cette indépendance retrouvée modifie les enjeux intérieurs de la Scandinavie, à nouveau déchirée par des luttes intestines. Magnus Ier, fils illégitime d’Olaf II, devient roi de Norvège.

1042 : Magnus Ier devient aussi roi du Danemark.

1046 : Retour en Norvège d’Harald le Sévère, demi-frère de saint Olaf et qui avait été contraint à l’exil après la défaite de Stiklestad. Après de longues années à l’étranger, notamment à Constantinople où il s’est illustré comme chef de la garde varègue, Harald revendique la couronne de Norvège. Au titre d’Harald III, il partage désormais le pouvoir avec son neveu, Magnus Ier.

1047 : Après la mort de Magnus Ier, Harald demeure seul sur le trône.

1048 : Fondation d’Oslo par le roi Harald.

1066 : Défaite de Stamford Bridge : Harald échoue dans sa tentative de conquête de l’Angleterre. Son fils, Olaf III Kyrre (le Tranquille) monte sur le trône. S’amorce alors une période plus pacifique, marquée par le rapprochement avec Rome et la volonté d’organiser durablement les diocèses norvégiens.

1070 : Olaf III fait construire au-dessus du tombeau de saint Olaf, à Nidaros (Trondheim), une première église romane en pierre.

1093 : Magnus III Berfott (aux Pieds nus), fils naturel d’Harald, devient roi à son tour.

1098 : Expédition norvégienne vers les îles du Nord et de l’Ouest de l’Ecosse.

1102 : Les Norvégiens convoitent aussi les territoires irlandais. Leurs avancées aboutissent à un accord matrimonial d’ordre politique : âgée de 8 ans, la fille du roi d’Irlande est mariée officiellement à Sigurd, fils de Magnus III.

24 août 1103 : Mort de Magnus III lors d’un combat en Ulster. La flotte norvégienne se replie définitivement d’Irlande. Sigurd abandonne son épouse et rentre en Norvège pour partager le pouvoir royal avec ses deux jeunes frères. Sur le plan géopolitique, l’enjeu principal des Scandinaves n’est plus dès lors le contrôle des îles anglo-saxonnes, mais deviendra progressivement celui de la mer Baltique.

1107-1110 : Sigurd conduit une armée de croisés en Terre sainte.

1130 : Après la mort de Sigurd, affaiblissement du pouvoir royal en Norvège.

1152 : L’évêché de Nidaros est promu archevêché par décret du pape.

1177 : Sverre Sigurdsson, fils illégitime, ou prétendu tel, du roi Sigurd II, réunit l’armée des Birkebeiner.

1178 : Sverre s’empare de Nidaros.

15 juin 1184 : Bataille de Fimreite, opposant Sverre à Magnus V, roi de Norvège. Sverre l’emporte au mépris des lois de la guerre et devient roi à son tour. Il poursuit alors l’unification du royaume. Son règne est marqué par des conflits avec le clergé.

1217 : Début du règne d’Hakon IV, inaugurant une période de paix intérieure et extérieure, et de prospérité commerciale. Bergen devient capitale.

1227 : La Norvège prend à nouveau le contrôle des Shetland, des Féroé et du Groenland.

1230 : Les marchands allemands de la Ligue hanséatique installent un comptoir à Bergen et s’arrogent en quelques années le monopole du commerce de la morue. Snorri Sturluson écrit l’Histoire des rois de Norvège (des origines à 1177).

1241 : Assassinat de Snorri Sturluson.

1247 : Cérémonie de couronnement de Haakon IV par le cardinal Guillaume de Sabine, mettant fin au différend qui avait opposé son grand-père à l’Eglise. Début de la reconstruction en style gothique de la cathédrale de Nidaros.

1263 : L’Islande passe sous domination norvégienne. Magnus VI Lagabote (le Législateur) monte sur le trône.

1273 : Assemblée de Bergen à l’issue de laquelle Magnus VI rend la couronne héréditaire et signe un concordat avec l’Eglise.

1274-1277 : Magnus VI consolide la législation à l’échelle nationale par un important travail de codification et d’unification des lois et coutumes régionales.

1280 : Son frère, Erik II, dit « l’Ennemi des prêtres », en raison de ses conflits répétés avec le clergé, lui succède.

1284 : Erik II tente de réduire les privilèges des Hanséates, mais finit par y renoncer à la suite du terrible blocus imposé par ces derniers.

1299 : Haakon V devient roi de Norvège. Il fait édifier dans le Finnmark la forteresse de Vardo, qui demeure aujourd’hui la plus septentrionale au monde. Centralisation du pouvoir à Oslo, où débute la construction de la citadelle royale d’Akershus.

1300 : La reconstruction de la cathédrale de Nidaros en style gothique, inspiré de l’abbaye de Westminster, est achevée.

1319 : Union suédo-norvégienne. Hakon V meurt sans héritier mâle. Son petit-fils suédois, Magnus Eriksson, âgé seulement de trois ans, lui succède, mettant fin à l’indépendance de la Norvège.

1343 : Sous la pression de l’aristocratie norvégienne, qui lui reproche de privilégier les intérêts suédois, Magnus abandonne la couronne de Norvège à son fils cadet, Haakon VI, âgé seulement de trois ans. Il réserve en revanche le royaume de Suède à son fils aîné, Erik XII. Mise en place en Norvège d’un gouvernement de régence nobiliaire.

L’union dano-norvégienne : de l’introduction de la Réforme au règne de Christian IV (1523-1648)

Incorporée par la force au royaume du Danemark, la Norvège se voit aussi imposer la Réforme dans la première partie du XVIe siècle, entre 1523 et 1536. Si les partisans de l’indépendance se rangent naturellement aux côtés du clergé catholique, celui-ci a perdu son influence d’antan depuis que ses chefs spirituels ont été décimés par la peste noire. Les postes demeurés longtemps vacants sont occupés désormais par des étrangers, principalement danois, et facilement gagnés par la suite au luthéranisme. La Norvège profonde demeure un temps attachée au catholicisme, mais pèse peu face aux volontés des princes au pouvoir, qui favoriseront, pour des raisons avant tout politiques, le triomphe définitif et exclusif de la Réforme sur le sol norvégien.

Très lentement, la Norvège retrouve, au cours du XVIe siècle, un relatif dynamisme, grâce, notamment, au commerce florissant du bois et des produits de la pêche, encouragé par la politique extérieure de Christian III (1537-1559). Mais son expansion véritable demeure freinée : pas de nouveaux centres urbains, pas d’université propre, pas même d’imprimerie sur le territoire. Tout ce qui a trait au savoir et à la transmission des connaissances semble relever seulement du Danemark qui centralise toutes les institutions culturelles dans ses propres centres urbains. Christian IV (1588-1648) sait tirer parti en revanche des réserves minières en argent (à Konsksberg) et en cuivre (à Roros) et fait frapper des pièces de monnaie alimentant ainsi le trésor de l’Etat. Son règne est marqué par un accroissement démographique important (la Norvège triple sa population en un siècle), par la fondation de Christiania en 1624, en place de l’ancienne cité d’Oslo détruite par un incendie, mais aussi par la perte de territoires historiques : ainsi le Jämtland et le Härjedalen, arrachés par la Suède en 1645, lors du traité de Brömsebro.

1525 : Un moine allemand, Antonius, prêche la Réforme à Bergen. Progressivement, le luthéranisme gagnera ensuite Oslo, Nidaros et Stavanger.

1531 : La cathédrale de Nidaros, symbole de la foi chrétienne et de l’indépendance nationale, est détruite par un incendie.

1er juillet 1532 : Convention d’Oslo. Christian II, après son échec de reconquête par la mer, se rend à Frédéric Ier de Danemark, et demeure prisonnier jusqu’à sa mort en 1559.

1533 : L’archevêque de Nidaros, Olaf Engelbriktsson, convoque une diète générale du royaume. Dans l’attente de l’élection d’un nouveau roi de Norvège par le Conseil du Royaume, les fonctions de régent sont dévolues à l’archevêque de Nidaros en personne.

1534 : Diète de Jylland durant laquelle Christian III est élu roi du Danemark. Il lui reste à s’imposer contre ses adversaires (notamment catholiques). Il décide de mettre au pas la Norvège. L’archevêque de Nidaros ne peut finalement compter sur le soutien de Charles Quint et ne réussit pas à reprendre les forteresses d’Oslo et de Bergen.

1536 : Christian III monte sur le trône de Danemark et de Norvège et impose la charte royale de 1536. Officiellement alors, il n’est plus question de deux royaumes, mais d’un seul, celui du Danemark, dont la Norvège n’est plus qu’une province. Le danois y devient langue officielle, en place du vieux norrois. Diète de Copenhague durant laquelle le Danemark reconnaît officiellement la Confession d’Augsbourg.

avril 1537 : Fuite d'Olaf Engelbriktsson, l’archevêque de Nidaros, vers les Pays-Bas, où il meurt l’année suivante.

fin 1537 : Les derniers bastions de la résistance catholique – l’abbaye fortifiée de Nidarholm et le château fort de Steinviksholm – tombent aux mains des Danois. C’est la fin de la résistance militaire en Norvège qui devient une partie intégrante du royaume du Danemark, comme ses anciennes possessions : archipels atlantiques, Islande et Groenland.

1539 : Une ordinatio ecclesiastica, calquée sur le modèle danois, est soumise en Norvège à la Chambre des Seigneurs. C’est la fin de l’Eglise catholique de Norvège. La langue danoise devient la langue du culte. La Bible n’est pas traduite en norvégien. Seul l’évêque d’Oslo, Hans Rev, accepte le nouvel ordre ainsi imposé et conserve son siège. Les autres titulaires sont éliminés, remplacés uniquement par des Danois.

vers 1550 : Première amorce d’un réveil culturel norvégien. Malgré l’absence d’imprimerie, des recueils manuscrits de lettrés norvégiens commencent à circuler.

1563-1570 : Guerre nordique de sept ans opposant la Suède au Danemark allié à la Pologne et à Lübeck.

1567 : Les troupes suédoises envahissent la Norvège jusqu'au Skiensfjord, dévastent les campagnes et détruisent la ville de Sarpsborg. Elles gagnent ensuite Oslo et s’y emparent de la forteresse d'Akershus, mais finalement défaites, se retirent en direction du nord, à travers le Hedmark et l'Oppland.

13 septembre 1570 : Signature d’un traité de paix à Stettin aboutissant à un statu quo : chaque camp se retire des territoires qu’il a conquis durant la guerre.

1576 : Absalon Pedersson Beyer (1528-1575) achève un ouvrage historique du royaume de Norvège et laisse entendre sa foi en la résurrection de la grandeur norvégienne.

1588 : Christian IV devient roi du Danemark et entame un long règne de soixante années. Le pays semble alors au sommet de sa puissance et domine sans partage l’Europe du Nord.

à partir de 1599 : Le pasteur Peder Clausson Friis (1545-1614) commence la rédaction de sa Description véridique de la Norvège et des îles avoisinantes. On lui doit aussi une traduction de Snorri.

1624 : Oslo est détruite par un incendie et reconstruite par Christian IV, sous le nom de Christiania, en l’honneur du souverain. Elle s’étend désormais à l’ouest de la forteresse d’Akershus, résidence du gouverneur danois. Christian IV fonde aussi la cité minière de Konsberg après l’importante découverte sur le site de filons d’argent.

1625-1629 : Le Danemark (et, partant, la Norvège) subit de larges revers pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648) et, vaincu, se retire rapidement.

1643-1645 : Guerre de Torstenson, opposant le Danemark à la Suède.

13 août 1645 : Défaite danoise face à la Suède de la reine Christine. Elle aboutit au traité de Brömsebro, amputant la Norvège des territoires du Jämtland et du Härjedalen, et le Danemark de deux îles de la Baltique (Gotland et Ösel). Le traité exempte aussi la Suède du péage du Sund, habituellement imposé aux bateaux étrangers traversant les eaux danoises de la Baltique.

28 février 1648 : Désavoué par la Diète, le roi, vieilli et affaibli, meurt à Copenhague. Malgré les défaites accumulées et la perte de nombreux territoires, son règne, particulièrement long, demeurera dans l’imaginaire celui d’un grand roi bâtisseur.

L’union dano-norvégienne : des royaumes jumeaux aux guerres napoléoniennes (1648-1814)

En succédant à Christian IV sur le trône du Danemark, Frédéric III entre à nouveau en conflit avec la Suède, entendant bien venger le royaume des humiliations infligées par la reine Christine. Mais le résultat est pire encore et entraîne, en 1658, la perte d’autres territoires au profit du grand rival suédois, ainsi la Scanie, la province de Blekinge et, enfin, celle de Halland. La Norvège, moins touchée que le Danemark qui a perdu un tiers de son territoire, s’en trouve paradoxalement renforcée. Mais c’est surtout à partir de 1660 et du triomphe de l’absolutisme monarchique dans les deux pays, qu’elle échappe enfin au statut de simple province qu’avait défini la charte de 1536. Constitutionnellement, elle est proclamée désormais « royaume jumeau » du Danemark. Dans les faits, ce dernier détient toujours le pouvoir politique et maintient les principales institutions du « double-Etat » à Copenhague, mais, sur le plan commercial, on observe une meilleure répartition des échanges entre les deux pays. Au début du XVIIIe siècle, s’amorce ainsi en Norvège une longue période de paix, de prospérité économique et de progrès social avec l’essor dans les villes d’une véritable classe bourgeoise et l’amélioration relative dans les campagnes de la condition paysanne (ce qui est loin d’être le cas au Danemark). L’expansion démographique enfin se poursuit pour atteindre plus de 800 000 habitants en 1800. Dès 1760, la fondation de la société savante de Trondheim a marqué un jalon important dans l’affirmation de l’identité nationale, mais la Norvège revendique aussi sur son propre sol la création d’une université et d’une chambre de commerce, contestant de plus en plus la tutelle du Danemark, dont la politique extérieure lui est défavorable. A l’issue des guerres napoléoniennes, les Norvégiens se trouvent malgré eux dans le camp des vaincus et ne peuvent faire valoir leur aspiration à l’indépendance. En 1814, la Norvège, après avoir subi quatre siècles de domination étrangère, est incorporée cette fois au royaume de Suède, mais contrainte d’abandonner au Danemark ses anciennes possessions : l’Islande, le Groenland et les îles Féroé. Le temps de l’autonomie véritable n’est pas encore venu, même si le sentiment d’appartenance nationale, fortifié à Eidsvoll par l’adoption d’une constitution propre, a déjà gagné toutes les consciences.

28 février 1648 : Frédéric III succède à son père Christian IV, sur le trône du Danemark.

1657 : Frédéric III, allié à l’Autriche, reprend les armes contre la Suède de Charles X Gustave, dans le cadre de la première guerre du Nord.

1658 : Signature du traité de Roskilde au profit de la Suède qui remporte les provinces danoises de Scanie, Halland et Blekinge, l'île de Bornholm, ainsi que les provinces norvégiennes de Trondheim (ancienne Nidaros) et du Bohuslän. Mais, à Trondheim, les habitants se soulèvent face aux garnisons suédoises et reprennent, dès la fin de 1658, le contrôle de la ville.

6 juin 1660 : Signature du traité de Copenhague rendant officiellement Trondheim aux Danois, ainsi que l’île de Bornholm. Les frontières alors fixées entre le Danemark et la Suède restent aujourd’hui inchangées.

1660 : Le Danemark modifie sa constitution et devient une monarchie héréditaire absolue. Ce modèle s’étend à la Norvège, proclamée alors “royaume-jumeau” du Danemark.

1665 : Application effective de la nouvelle Loi royale entraînant la réorganisation administrative et juridique du pays.

23 janvier 1668 : Signature à la Haye de la Triple Alliance entre le Danemark, l’Angleterre et les Provinces-Unies.

1670 : Christian V, fils aîné de Christian III, monte sur le trône du Danemark.

1672 : Charles XI devient roi de Suède à l’âge de quatre ans. Instauration d’un conseil de régence qui rétablit une alliance avec la France.

1674 : La France sollicite l’appui de la Suède contre le Brandebourg durant la guerre de Hollande (1672-1678) et ravive ainsi indirectement les tensions belliqueuses entre la Suède et le Danemark, lui-même du côté de la Hollande.

11 juin 1676 : Défaite de la flotte suédoise au large de l’île d’Oland, dans la mer Baltique.

4 décembre 1676 : Bataille de Lund, entraînant la mort de 9 000 soldats et considérée à ce titre comme la plus sanglante de toute l’histoire scandinave. Elle est remportée difficilement par Charles XI de Suède contre Christian V de Danemark, mais renverse le cours de la guerre, au profit de la Suède.

1681 : L’ancienne Nidaros, déjà rebaptisée du nom de Tronheim, est dévastée par un incendie. On confie au général Johann Caspar von Cicignon, descendant d’un huguenot français, sa reconstruction. On lui doit ainsi le dessin de sa place centrale enchâssée dans un grand carré, lui-même traversé d’avenues parfaitement rectilignes. Il fait aussi édifier la forteresse de Kristiansten dans les hauteurs de la ville, pour la protéger de nouvelles attaques suédoises.

1687 : Christian V impose à la Norvège un nouveau code de lois directement inspiré du droit danois, mais maintient certaines spécificités concernant le droit foncier et les droits des paysans locaux.

1700-1721 : Grande guerre du Nord opposant la Suède à ses voisins. Par deux fois, en 1716 et en 1718, Charles XII tente ainsi sans succès de conquérir la Norvège.

8 juillet 1716 : Bataille navale de Dynekilen, remportée par l’amiral danois d’origine norvégienne, Peter Wessel Tordenskiold, véritable héros national.

1718 : Les forces suédoises attaquent d’abord Trondheim, mais sont repoussées. Charles XII meurt finalement par balle devant la forteresse norvégienne de Fredriksten, à nouveau assiégée par ses troupes. L’origine du tir divise encore aujourd’hui les historiens.

1721 : Le pasteur norvégien Hans Egede débarque au Groenland, à la recherche des derniers descendants des colons vikings. Il est surnommé « l’apôtre du Groenland ».

1746 : Début du règne de Frédéric V de Danemark, assez bien disposé à l’égard de la Norvège, notamment sur le plan culturel.

1758 : Le poète norvégien Christian Braunmann Tullin (1728-1765), préromantique, écrit Maidagen (Jour de mai) qui fera l’admiration de Lessing.

1760 : Création de la première société savante norvégienne à Trondheim, dite « Société trondheimienne », par Gerhard Schoning, Peter Frederik Suhm (un Danois) et Johan Ernst Gunnerus.

1767 : La Société trondheimienne s’impose à l’échelle nationale pour devenir la « Société royale norvégienne des sciences » (le Suédois Linné et le naturaliste norvégien Hans Strom en feront partie). Création d’un comité pour la création d’une université norvégienne.

1771 : Johann Friedrich Struensee, alors conseiller d’Etat au Danemark, accorde la liberté d’expression et favorise ainsi l’apparition d’un mouvement pro-norvégien. Suhm, dans son éloge de la liberté d’expression affirme : « Les Norvégiens sentent plus que les Danois qu’ils forment un peuple. » Ove Gjerlov Meyer (1742-1790), fondateur de la Société norvégienne de Copenhague, revendique l’égalité de la Norvège avec le Danemark. De manière générale, les Norvégiens sont de plus en plus convaincus que le Danemark freine leur essor économique.

1772 : Oeve Guldberg, Premier ministre du Danemark, choisit de limiter la liberté d’expression. Johan Nordahl Brun en fait ainsi les frais. Originaire de Trondheim, il met en scène, au théâtre royal de Copenhague, la première tragédie danoise Zarine. Promis à un brillant avenir, le jeune auteur ne cache pas ses idéaux séparatistes d’avec le Danemark et, pour cette raison, est contraint de regagner la Norvège, dès l’automne 1772. La même année, la publication commencée en 1766 de Flora Norvegica par Johann Ernst Gunnerus, naturaliste et homme d’Eglise norvégien, est achevée.

1773 : Gunnerus meurt sans avoir réussi à obtenir du gouvernement danois la création d’une université en Norvège.

entre 1777 et 1783 : Gerhardt Schoning, dénommé parfois « l’homme de la patrie », se procure une édition de Heimsgringla avec traduction danoise et latine. Contribuant à la redécouverte de la mythologie ancienne, cette traduction fortifie la conscience d’une identité norvégienne, riche d’un très lointain passé « nordique ».

1787 : Révolte paysanne en Norvège, dirigée par Christian Jensen Lofthus, un agriculteur qui entend vendre son bois et affréter ses bateaux sans l’intermédiaire imposé des commerçants des villes.

24 février 1788 : Naissance à Bergen du peintre paysagiste norvégien Johann Christian Dahl.

1792 : Lofthus est condamné à la prison à perpétuité. Il meurt en captivité à Christiania dans la forteresse d’Akershus.

1795 : Le futur Louis-Philippe accomplit un voyage vers le cap Nord. En souvenir, il commandera par la suite au peintre norvégien Peder Balke des Vues du cap Nord, aujourd’hui conservées au musée du Louvre.

1796 : Hans Nielsen Hauge (1771-1824) entame sa mission itinérante et se fait prophète du réveil religieux, le « haugianisme », qui se répand dans toute la Norvège. Sa quête spirituelle se double d’un véritable combat social visant à mettre fin au monopole de la bourgeoisie des villes. Hauge est, pour cette raison, maintes fois arrêté et mis en prison.

1797 : Nouvelle réglementation douanière qui libère le commerce norvégien de ses entraves, d’autant que l’économie norvégienne repose avant tout désormais sur ses échanges commerciaux avec l’Angleterre.

1801 : Le Danemark forme, avec la Russie et la Suède, une coalition de neutralité contre la France napoléonienne, mais s’oppose aussi de fait à l’Angleterre. Les conséquences économiques sont désastreuses pour la Norvège qui subit le blocus continental imposé à l’Angleterre.

4 novembre 1804 : Naissance à Helgoya du peintre paysagiste norvégien Peder Balke.

octobre 1805 : Gustave IV de Suède s’engage contre la France.

septembre 1807 : Bombardement de Copenhague par les Britanniques. Les Danois se rallient à la France, sans tenir compte, une fois de plus, des intérêts norvégiens. A cette date, les Norvégiens sont, pour leur part, convaincus de la nécessité de se séparer d’avec le Danemark.

1808 : Le comte Wedel Jarlsberg prend la tête de la Commission gouvernementale chargée de développer une politique norvégienne indépendante.

1809 : Création de la « Société pour le bien de la Norvège » dirigée par Wedel Jarlsberg. La même année, Nikolai Wergeland  le père du grand poète Henrik Wergeland, né en 1808  reprend le combat pour l’université norvégienne.

21 août 1810 : Le maréchal de l’armée française Bernadotte est élu Prince héritier par le parlement suédois. 5 novembre 1810 : Charles XIII confirme Bernadotte comme l’héritier direct du royaume de Suède. 1811 : Inauguration de l’université de Christiania qui voit enfin le jour au terme d’une lutte de cinquante années. 1813 : Le Prince héritier danois Christian-Frédéric est nommé vice-roi de Norvège. 7 décembre 1813 : Les troupes suédoises battent le Danemark à Bornhoft. 14 janvier 1814 : Signature du traité de Kiel. Frédéric VI de Danemark est contraint par Charles-Jean de Suède d’abandonner le royaume de Norvège à la Suède, à l'exception du Groenland, de l'Islande et des îles Féroé, qui sont laissées au Danemark. Ce traité est signé sans que les Norvégiens, pourtant favorables à l’indépendance, soient consultés, et vise surtout à récompenser la Suède pour ses efforts de guerre contre Napoléon.

15 février 1814 : Le vice-roi de Norvège, Christian-Frédéric, refuse le traité de Kiel et proclame, de son côté, l’indépendance nationale.

10 avril 1814 : Christian-Frédéric réunit à Eidsvoll une assemblée composée de cent douze représentants élus dans les différentes paroisses du royaume de Norvège.

17 mai 1814 : Adoption à Eidsvoll de la constitution de Norvège. En souvenir de cet événement fondateur, le 17 mai deviendra par la suite le jour de la fête nationale. La nouvelle Constitution prône la souveraineté du peuple (à travers un suffrage censitaire), la liberté individuelle et la séparation des pouvoirs. Le Storting, c’est-à-dire le parlement, détient le pouvoir législatif, même si le roi a la possibilité d’opposer son veto. Le même jour, Christian-Frédéric est élu roi de Norvège.

26 juillet 1814 : Les Suédois remportent la bataille navale de Hvaler. Les hostilités se poursuivent ensuite, sur la terre ferme, à Halden, Fredikstadt et Rakkestadt, mais s’achèvent, malgré la résistance norvégienne, à l’avantage des Suédois. 14 août 1814 : Signature à Moss d’un armistice, appelé « la convention de Moss ». Christian-Frédéric n’a d’autre choix que d’abdiquer. La Suède reconnaît cependant la Constitution d’Eidsvoll. 4 novembre 1814 : Les Norvégiens donnent au traité de Kiel la légitimité nationale qui lui manquait en votant le transfert de la couronne au roi de Suède.

Le temps de l'Union personnelle avec la Suède (1814-1905)

En reconnaissant la Constitution norvégienne d’Eidsvoll, la couronne de Suède garantissait des relations d’égal à égal avec le nouvel Etat et accordait à ce dernier la liberté de gérer ses affaires propres. Mais, dans les faits, la Norvège ne fut jamais réellement associée au gouvernement du double-royaume. Un gouverneur, représentant du monarque suédois, fut dépêché sur place à Christiania et, parmi les douze ministres du Conseil réuni à Stockholm pour gérer une politique commune de diplomatie et de défense, on comptait seulement trois Norvégiens. Ce déséquilibre suscita défiance et ressentiment chez les Norvégiens et exaspéra tout au long du XIXe siècle leurs revendications nationalistes, associées à un désir de justice sociale. Plusieurs tentatives de rééquilibrage entre les deux royaumes au sein de l’union seront ainsi vouées à chaque fois à l’échec, en 1844, 1871 et 1898. Dans le même temps, la Norvège accomplit des progrès beaucoup plus rapides que la Suède dans l’instauration d’un régime parlementaire démocratique. Sur le plan économique, l’essor industriel, l’exportation massive de bois et de minerai, la vitalité du secteur maritime (pêche, transport, chantiers navals) augmentent les ressources, même si l’expansion démographique entraîne aussi un vaste mouvement d’émigration vers l’Amérique du Nord. Sur place cependant, l’amour de la terre, comme celui de la culture populaire, du glorieux passé et des traditions anciennes, sont sans cesse magnifiés par les poètes, les peintres, les musiciens du temps, et façonnent alors durablement l’identité norvégienne.

1815 : Un Riksakt (Acte du royaume) avalise les relations à la fois d’indépendance et d’égalité entre les deux Etats, réunis néanmoins en la personne du monarque, et partageant une politique étrangère commune.

1816 : Fondation de la Banque de Norvège.

1818 : Jean-Baptiste Bernadotte devient roi de Suède en 1818, sous le nom de Charles XIV Jean de Suède.

1820 : Mise en route des premiers vapeurs côtiers.

1824 : La Norvège est le premier pays scandinave à abolir les privilèges de la noblesse.

1825 : Début de la construction du palais royal d’Oslo, commandité par Bernadotte et réalisé par l’architecte Hans Linstow.

20 mars 1828 : Naissance du dramaturge norvégien Henrik Ibsen.

1828 : Inauguration à Oslo de la Bourse, de style néoclassique.

1830 : Parution du chef-d’œuvre de Henrik Wergeland (1808-1845), La Création, l’Homme et le Messie. Wegerland est le premier écrivain romantique de langue norvégienne, et bataille sans cesse pour le réveil national et culturel de la Norvège.

1834 : Publication de l’Aube de la Norvège, par l’écrivain Johan Sebastion Welhaven,

1837 : Les communes norvégiennes obtiennent le droit de se gérer seules.

1838 : Parution des Poèmes de J.S. Welhaven.

1840 : Développement de l’industrie du textile et du bois.

1843 : Le souverain Charles-Jean Bernadotte autorise l'érection d'une paroisse catholique à Oslo. Cette décision met fin à une longue période où le catholicisme romain était juridiquement interdit en Norvège, et engendrera le début d'une renaissance de la communauté catholique qui réunit aujourd'hui environ 5% de la population du pays.

1848 : La révolution parisienne de 1848 a un impact important en Scandinavie. Achèvement, après trente ans de travaux, du palais royal d’Oslo, commandité par Bernadotte. Par ailleurs, le linguiste Ivar Aasen (1813-1896) fait paraître sa Grammaire de la langue populaire norvégienne, après avoir parcouru toute la Norvège à la recherche de vieux patois, considérés comme des survivances du « vrai » norvégien.

1849 : La construction du palais royal d’Oslo est achevée.

1849 : Marcus Thrane, fils de l’ancien directeur de la Banque royale de Norvège, crée le premier syndicat et diffuse ses idées sociales, inspirées de Proudhon et de Louis Blanc, à travers le journal l’Union, dont il est l’éditeur.

1851 : Arrestation de Marcus Thrane, emprisonné huit ans. A sa libération, il émigrera définitivement vers les Etats-Unis.

1854 : Inauguration de la première ligne de chemin de fer reliant Oslo à Eidsvoll.

1857 : Début de la construction du Storting, c’est-à-dire le Parlement d’Oslo, en face du palais royal. L’écrivain norvégien Bjornstjerne Bjornson (1832-1910) publie son premier roman « paysan » Synnøve Solbakken.

1859 : Les Norvégiens votent au Parlement la suppression du poste de gouverneur général, le statholder, représentant le pouvoir royal. C’est une première étape vers l’émancipation politique.

18 avril 1864 : Dans le cadre de la guerre des Duchés, la bataille de Dybbol est remportée par la confédération allemande. Des volontaires norvégiens, partisans du mouvement panscandinave, ont tenté alors de prêter main forte aux Danois.

1864 : Fondation de la première école populaire norvégienne par Christopher Bruun. Il aurait inspiré, deux ans plus tard, à Ibsen le personnage de Brand.

1864 : Le sociologue norvégien Eiler Sundt fonde une Société ouvrière pour assurer l’intégration du prolétariat industriel.

1865 : En Norvège, la langue des villes, ou le bokma, à forte imprégnation danoise, et la langue rurale, le landsmal, rebaptisée nynorsk, sont placées à égalité par le Storting. Instauration officielle du bilinguisme propre à la Norvège.

1865 : Soren Jaabaek fonde le Parti libéral norvégien, premier parti politique du pays.

1866 : Parution de Brandt d’Henrik Ibsen.

1866 : Inauguration du Parlement d’Oslo.

14 novembre 1867 : Première édition de Peer Gynt d’Henrik Ibsen.

1869 : Création du Middleskole, équivalent de notre cours complémentaire.

1870 : L’écrivain Bjorsrjerne Bjornson surnomme Oslo « la ville du tigre » dans un poème intitulé Dernier chant dénonçant alors son incapacité à affirmer clairement son identité culturelle et sa vocation à l’indépendance. Elle conserve aujourd’hui cette appellation, mais avec une connotation positive.

1872 : Oskar II devient roi de Suède. Il engage une longue bataille avec le Storting sur la question de la responsabilité des ministres. Il use de son droit de veto pendant 12 ans.

1875 : Mise en place d’une unité monétaire commune, la couronne (krone) facilitant la construction d’un marché nordique entre le Danemark, la Norvège et la Suède.

1878 : Oslo est renommée Christiania.

1879 : Henrik Ibsen publie La Maison de poupée.

1880 : La flotte norvégienne s’impose comme la troisième du monde.

1883 : Les libéraux forment, sous la houlette de Johann Sverdrup, un grand parti moderne (Venstre, « la Gauche ») réclamant entre autres l’instauration du suffrage universel ainsi que l’adoption d’un régime parlementaire.

1884 : Johann Sverdrup remporte les élections. Oskar II est alors contraint de le nommer Premier ministre de la Norvège. Une de ses premières mesures consistera à assouplir le vieux système censitaire des règles électorales pour aboutir à un véritable régime parlementaire. Les conservateurs se regroupent de leur côté dans le parti Hoyre (« la Droite »). Naissance, la même année, de la Fédération norvégienne féministe.

1885 : Débat au Storting sur l’attribution d’une bourse de création au célèbre écrivain radical Alexander Kielland (1849-1906). Deux franges de la gauche s’affrontent alors.

1886 : Publication d’Albertine, aussitôt interdite, œuvre de Christian Krogh, peintre et écrivain norvégien d’inspiration naturaliste.

1887 : Naissance du mouvement social-démocrate norvégien avec la fondation du Parti travailliste, qui devient la troisième force politique, face aux libéraux d’un côté et aux conservateurs de l’autre.

1889 : Lois scolaires norvégiennes votées par la Venstre alors majoritaire.

1892 : La Norvège organise sa première grande expédition de chasse à la baleine dans l’Antarctique.

1892-1893 : Les Norvégiens exigent à nouveau, mais toujours en vain, de gérer seuls leurs affaires étrangères.

1893 : Inauguration de l’express côtier, la première ligne de transport maritime de passagers entre Trondheim et le Nord de la Norvège.

1893 : Le peintre expressionniste Evard Munch (1863-1944) représente Le Cri.

1896 : Fin de l’expédition au pôle Nord entamée trois ans plus tôt à bord du Fram, puis achevée en traîneaux et en kayaks, par l’explorateur Fridtjov Nansen (1861-1930).

1898 : Fondation sur la presqu’île de Bygdoy, près d’Oslo, d’un premier musée : le Musée folklorique norvégien (Norks Folkemuseum). D’autres s’y installeront par la suite, faisant d’elle « l’île des Musées ». Oskar II rejette à nouveau la création d’un corps consulaire propre à la Norvège. Le suffrage universel masculin est, en revanche, adopté.

1899 : Naissance de la Confédération générale du travail de Norvège.

1901 : Le premier prix Nobel de la Paix est remis à Henry Dunant et Frédéric Passy à Oslo. Les femmes, en fonction de leurs revenus, sont autorisées à participer aux scrutins communaux (suffrage censitaire).

1903 : Un éphémère Parti du rassemblement (aile modérée de Venstre et conservateurs) gagne les élections avec Christian Michelsen à sa tête.

mai 1905 : Michelsen devient Premier ministre de Norvège et exige des consulats séparés ainsi que la création d’un ministère norvégien des Affaires étrangères. Oskar II oppose une fois encore son veto, mais, pour contrer à son tour ce refus, Michelsen décide de démissionner. Dans l’incapacité de former un nouveau gouvernement, Oskar perd définitivement toute légitimité : selon la constitution, il ne peut en effet exercer le pouvoir qu’à travers un gouvernement prêt à le reconnaître.

7 juin 1905 : Le Storting constate alors que le « pouvoir constitutionnel royal a cessé d’exister » et déclare la fin de l’Union personnelle avec la Suède.

d’août à septembre 1905 : Négociations bilatérales et pacifiques à Karlstad. Le parlement danois ratifie à son tour la dissolution de l’union.

novembre 1905 : A la suite d’un référendum, le second fils du roi Christian IX de Danemark devient roi de Norvège sous le nom de Haakon VII. C’est le premier chef d’Etat norvégien depuis le XIVe siècle, époque du règne d’Haakon VI. La Constitution de 1814 est adoptée par le nouvel Etat.

La Norvège indépendante, un jeune Etat né il y a cent quinze ans (1905-2015)

Enfin indépendante, la Norvège poursuit son essor commercial, notamment dans les secteurs de la pêche, de la construction navale, et du bois et accroît sa production énergétique, grâce au développement de l’hydroélectricité. Sur le plan politique, elle met rapidement en place une démocratie à alternance, soucieuse, non de réformer de fond en comble le système capitaliste, mais plutôt de l’adapter pour mieux répondre aux aspirations d’équité et de progrès social. Sa neutralité pendant la guerre de 1914-1918 ne l’empêche pas de pâtir des retombées économiques du conflit. Il lui faut se relever avant d’affronter la crise internationale des années trente, puis l’invasion nazie en 1940. Après la victoire des alliés, les troupes allemandes n’hésiteront pas, en se retirant, à ravager les infrastructures portuaires et industrielles. Mais, sa souveraineté retrouvée, la Norvège, comme les autres Etats scandinaves, élabore au cours des Trente Glorieuses un modèle politique et économique de référence, offrant à ses habitants l’un des meilleurs niveaux de vie au monde. Aujourd’hui encore, la manne pétrolière, malgré la crise internationale amorcée dans la décennie 2000, garantit richesse et prospérité aux Norvégiens, qui demeurent rétifs à l’entrée dans l’Union européenne. Cependant, comme ailleurs en Europe, la Norvège est confrontée depuis peu à une véritable crise culturelle et identitaire, précipitée par l’ébranlement de valeurs jugées naguère indiscutables, notamment au moment de la tuerie menée en 2011 par Anders Behring Breivik.

1905 : La société industrielle Norks Hydro (aujourd’hui Yara) voit le jour.

12 et 13 novembre 1906 : Un référendum donne 79 % des voix à la royauté.

1906 : Création de l’Union parlementaire scandinave.

30 août 1906 : L’explorateur norvégien Roald Amundsen franchit le détroit du Bering et devient le vainqueur du passage du Nord-Ouest (c’est-à-dire par les glaces du Grand Nord canadien, entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique).

1906 à 1908 : Roald Nansen est le premier ambassadeur norvégien à Londres.

1906 : Les radicaux se séparent de la Venstre et progressent sur le plan électoral.

1907 : Le landsmal ou nynorsk est enseigné officiellement à l’université de Cristiania. Les femmes accèdent (selon le suffrage censitaire toujours en vigueur) aux scrutins nationaux. Sur le plan diplomatique, la neutralité de la Norvège est garantie par l’Angleterre et la France.

1910 : Obtention du suffrage universel pour les scrutins communaux.

15 décembre 1911 : L’explorateur Roald Amundsen plante le drapeau norvégien au pôle Sud.

1911 : Un important mouvement de grève, mené par des mineurs norvégiens, est violemment réprimé. Ouverture de la ligne norvégienne maritime d’Amérique.

1912 : Sous la pression des féministes, l’égalité de tous devant l’emploi est garantie.

1913 : Obtention du suffrage universel pour les scrutins nationaux, mettant définitivement les hommes et les femmes de Norvège à égalité en matière de droit de vote.

1914 : Forte progression électorale des sociaux-démocrates qui passent de 4 élus à 24 en l’espace de dix ans. Inauguration du musée norvégien de la marine sur la presqu’île de Bygdoy.

8 août 1914 : Signature d’un traité d’amitié et d’entraide avec la Suède. Proclamation de neutralité.

1917 : Les Norvégiens pâtissent de la guerre sous-marine à outrance menée par les Allemands et sont confrontés alors à une pénurie alimentaire.

1918 : Lors de leur congrès annuel, les travaillistes réclament une « action révolutionnaire de masse ». Au sortir de la guerre, la Norvège subit la crise et les déséquilibres engendrés par le conflit mondial à travers, notamment, le secteur de la pêche.

1919 : L’âge électoral est abaissé de 25 à 23 ans tandis qu’on instaure un nouveau système de scrutin proportionnel favorisant les forces progressistes.

1920 : L’explorateur Nansen dirige la délégation norvégienne de la Société des Nations et obtient pour son pays la souveraineté sur le Spitzberg et l’île de l’Ours, à condition que ces territoires restent démilitarisés et que leur exploitation économique soit partagée avec les autres signataires de l’accord. La même année, l’écrivain norvégien Knut Hamsun (1859-1952) est lauréat du prix Nobel de littérature. Dans le paysage politique, un parti agrarien voit le jour.

1922 : Fridtjof Nansen reçoit le prix Nobel de la Paix pour son aide apportée à la population ukrainienne frappée par la famine. De manière générale, il permet à tous les réfugiés fuyant le régime bolchévique d’obtenir, à travers le « passeport Nansen », une identité officielle.

1er janvier 1925 : Christiania retrouve son ancien nom d’Oslo.

17 juin 1925 : La Norvège signe le protocole de Genève « concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques ». 1926 : Apparition du Groupement des pêcheurs de Norvège et inauguration sur la presqu’île de Bygdoy du musée des Navires vikings. La même année, Amundsen survole le pôle Nord en dirigeable, lors de la traversée du Bassin polaire, du Spitzberg jusqu’en Alaska. Il est accompagné de l’Italien Umberto Nobile et de l’Américain Lincoln Ellsworth.

1927 : Annexion dans l’Antarctique par la Norvège des îles Bouvet.

27 août 1928 : La Norvège fait partie, comme les deux autres royaumes scandinaves, des signataires à Paris du pacte Briand-Kellog « condamnant le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renonçant en tant qu'instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles ».

1928 : L’écrivain norvégien Sigrid Unset reçoit le prix Nobel de littérature, « principalement pour ses puissantes descriptions de la vie du Nord au Moyen Age ».

1929 : La crise économique de 1929 frappe la Scandinavie. Annexion la même année par la Norvège de l’île arctique de Jan-Mayen et de l’île Pierre-Ier, dans l’Antarctique.

22 décembre 1930 : Les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Norvège et la Belgique signent la première convention d’Oslo, stipulant que chacun de ces Etats ne peut augmenter ses droits de douane sans prévenir les autres au moins quinze jours à l’avance.

1931 à 1933 : Vidkun Quisling est ministre de la Défense au sein d’un gouvernement agrarien.

1933 : Le contentieux dano-norvégien sur le Groenland, amorcé en 1931, est réglé par la cour de la Haye au bénéfice du Danemark.

1935 : La flotte norvégienne retrouve son troisième rang mondial. Mais le chômage touche un tiers de la population active. Le secteur du bois, notamment, peine à se relever : 50 000 petites exploitations ont disparu depuis la fin de la première guerre mondiale.

1935 : Le social-démocrate Johann Nygaardsvold devient président du Conseil. Sa politique, d’inspiration keynésienne, mêle réformes sociales (augmentation de salaires, aide aux secteurs en crise, attribution de congés payés) et restructurations industrielles. Le modèle scandinave est en train de naître, avec la mise en place de l’Etat providence.

1936 : Inauguration sur la presqu’île de Bygdoy du musée du Fram dédié aux expéditions polaires

1937 : La Finlande rejoint la convention d’Oslo.

1939 : Annexion dans l’Antarctique de la Terre de la Reine Maud. Ses immenses progrès en hydroélectricité placent déjà la Norvège à la pointe de la technologie dans les secteurs de l’électrochimie et de l’électrométallurgie. Développement spectaculaire du groupe géant Norsk-Hydro. Par ailleurs, les Norvégiens se disputent toujours autour du nynorsk (landsmal), du riksmal (bokmal) et d’une nouvelle langue commune, le samnorsk.

9 avril 1940 : Hitler lance l’opération Weserübung avec occupation brutale du Danemark et du Sud de la Norvège, en dépit de la destruction du croiseur allemand Blücher devant Oslo. Les instances en place refusent unanimement l’ultimatum des envahisseurs : la famille royale, le gouvernement et les membres du Parlement fuient Oslo et acceptent l’aide militaire franco-britannique. La résistance se poursuit alors pendant deux mois au nord du pays. Pendant ce temps, Vidkun Quisling, pro-nazi, s’empare du pouvoir, mais démissionne au bout d’une semaine. Il demeure néanmoins l’un des principaux acteurs de la collaboration.

12 avril 1940 : Opération alliée vers Narvik à partir des îles Lofoten.

9 juin 1940 : Le roi Haakon VI quitte la Norvège avec les membres du Conseil. Ils emportent vers l’Angleterre l’or de la Banque centrale ainsi qu’une grande partie de la flotte marchande.

10 juin 1940 : Encerclés, les Alliés évacuent finalement Narvik. A cette date, la Norvège est entièrement occupée, sous l’autorité de l’Allemand Josef Terboven, commissaire du IIIe Reich.

28 juin 1940 : Narvik est prise.

1940 : La Suède autorise les Allemands à faire transiter troupes et matériel vers la Norvège via son réseau de voies ferrées. Les occupants profiteront aussi de ces routes pour acheminer des réserves en minerai de fer vers leurs propres pays.

février 1942 : Vidkun Quisling est nommé ministre-président à la tête d’un gouvernement de collaboration.

1943-1944 : Les installations d’eau lourde du Rjukan, indispensables à la fabrication de l’arme atomique, sont sabotées par les Norvégiens eux-mêmes.

1944-1947 : Contentieux sans lendemain entre l’Union soviétique et la Norvège à propos de la souveraineté sur l’île de l’Ours dans le Spitzberg.

8 mai 1945 : Capitulation des autorités nazies devant Eisenhower. Les forces d’occupation déposent les armes.

7 juin 1945 : Retour du roi et du gouvernement à Oslo.

24 octobre 1945 : Vidkun Quisling est condamné à mort pour haute trahison et exécuté dans la citadelle d’Akershus.

1945 : Période d’épuration avec 46 000 condamnations dont 37 peines capitales. Le travailliste Nygaardsvold, rentré de Londres, reprend immédiatement les rênes du gouvernement et privilégie une politique d’union nationale. C’est aussi le retour à l’Etat providence. Une des premières mesures consiste en la nationalisation des industries chimiques.

1946 : Contrairement aux autres pays scandinaves, la Norvège retrouve déjà une croissance vigoureuse et atteint un PNB supérieur à celui de 1938. Patronats et syndicats mènent ensemble une politique apaisée de concertation, appuyée par l’Etat providence.

1947 : Acceptation du plan Marshall par adhésion à L’OECE. Le Norvégien Thor Heyerdahl (1914-2002) entame l’expédition en radeau du Kon-Tiki, depuis l’Amérique du Sud jusqu’aux îles polynésiennes.

1948 : Mise en place d’un plan universel de protection sociale.

1948 : Adhésion à l’OCDE, ce qui conduit, sur le plan intérieur, à un assouplissement de l’intervention de l’Etat.

1949 : Des négociations sont menées à Karlstadt entre la Suède, le Danemark et la Norvège pour mettre au point une politique de défense commune, mais elles échouent face au refus norvégien de renoncer à l’aide militaire directe des Etats-Unis.

avril 1949 : Entrée dans l’Otan par le traité de l’Atlantique Nord, en même temps que l’Islande et le Danemark (la Suède reste en dehors et se rapproche de la Finlande). Mise en place d’un plan quadriennal de contrôle des prix.

1950 : Inauguration à Oslo de l’hôtel de ville (Radhuset). Démarrée en 1931, dans un style expressionniste, sa construction a été interrompue par la seconde guerre mondiale. La même année, le parc Vigeland, orné de 212 sculptures de Gustav Vigeland (1869-1943), ouvre ses portes à Oslo.

1952 : La Norvège adhère au Conseil nordique.

1956 : La Norvège est présente dans le contingent de l’ONU qui prend position à Suez.

1960 : La Norvège adhère à l’AELE, association européenne de libre-échange. Apparition du Parti socialiste de gauche (contre les sociaux-démocrates). Sur le plan linguistique, le bokmal finit par l’emporter.

1962 : Proclamation de l’égalité au sein du peuple norvégien des deux composantes, scandinave et same.

1963 : Inauguration du musée Munch à Oslo.

à partir de 1965 : Alternance des socialistes et des libéraux au pouvoir.

1967 : Vives réactions dans le milieu universitaire face au projet du gouvernement Borten de raccourcissement des études et, surtout, de la suppression de leur gratuité.

1970 : Grève sur le site de l’entreprise métallurgique Sauda. Deux ans plus tard, l’écrivain Tor Obrestad s’en inspire pour son roman Sauda ! Grève !

1971 : Mise en production des richesses en pétrole et en gaz de la mer du Nord.

1971-1981 : Majorité dominée par les sociaux-démocrates.

1972 : Refus très net de l’adhésion au Marché commun avec un référendum négatif à 53,5 % des voix.

1973 : Signature d’un accord de libre commerce avec la CEE.

1974 : Nationalisation de la production d’hydrocarbures.

1975 : Les besoins nationaux en gaz et en pétrole sont d’ores et déjà assurés. La Norvège fait partie des Etats signataires des accords d’Helsinki, visant à améliorer les relations entre les blocs de l’Est et de l’Ouest.

1981 : Gro Harlem Brundtland, travailliste, est la première femme Premier ministre dans un pays nordique. Elle sera à nouveau au pouvoir de 1986 à 1989, puis de 1990 à 1996, et sera toujours confrontée à la question de l’entrée dans l’Union européenne.

1981 à 1986 : La Norvège est dirigée par le conservateur K. Willoch.

1986-1990 : La Norvège est touchée par le contre-choc pétrolier.

9 octobre 1989 : Inauguration du parlement same de Norvège à Karasjok.

1990 : Inauguration du musée d’Art contemporain d’Oslo.

1993 : Action de la Norvège dans le conflit israélo-palestinien.

1996-1995 : La Norvège est touchée par la récession mondiale.

1991 : Avènement d’Harald V, qui succède à Olaf V.

28 novembre 1994 : La Norvège refuse pour la seconde fois par référendum d’adhérer à l’Union européenne (52,1 % des voix) pourtant votée par le Storting. Elle se contente d’entrer dans l’EEE (Espace économique européen) et de développer la coopération internordique.

1995 : Les hydrocarbures norvégiens fournissent, avec 132 millions de tonnes de pétrole en 1995 contre 9,2 en 1975, près de 17 % du PIN et 3 % des emplois. La Norvège développe, avec ses grands groupes (Statoil, Norsk-Hydro, AKER, RGI), sa chimie, ses raffineries, ses constructions navales et sa métallurgie.

1999 : La dette chute à 25 % du PIB et l’excédent est constant depuis cette date.

2001 : Entrée dans l’espace Schengen des cinq pays scandinaves.

2004 : Création du prix international Holberg récompensant des travaux scientifiques en sciences humaines. Vol du Cri ainsi que de la Madone au musée Munch d’Oslo lors d’une attaque à main armée.

2006 : Les tableaux volés au musée Munch d’Oslo sont retrouvés par la police dans un état jugé relativement correct.

2008 : Stravanger est déclarée capitale européennes de la culture.

2009 : Légalisation du mariage homosexuel en Norvège.

22 juillet 2011 : Double attentat perpétré par Anders Behring Breivik, avec d’abord une explosion à la bombe dans le quartier gouvernemental d’Oslo, puis, deux heures plus tard, une fusillade sur l’île d’Utoya, visant un camp de jeunes du Parti travailliste norvégien. Les deux attaques menées en lutte « contre le multiculturalisme et l’invasion musulmane » feront, en tout, 77 morts et 151 blessés.

24 août 2012 : Anders Behring Breivik est condamné à la peine indéterminée (c’est-à-dire susceptible d’être prolongée) de 21 ans. C’est la peine maximale en Norvège.

septembre 2012 : Inauguration à Oslo d’une fondation privée, le musée d’art contemporain Astrup Fearnlay, dessiné par Renzo Piano, l’architecte du centre Pompidou à Paris.

septembre 2013 : Victoire de la coalition de centre-droit aux élections législatives et nette progression du Parti populiste anti-immigration.

septembre 2014 : Depuis sa prison, Anders Behring Breivik envoie une lettre de 33 pages aux médias, dans laquelle il prétend avoir renoncé à la violence et envisage la création d’un parti fasciste en Norvège, pour poursuivre son combat dans le cadre légal du système démocratique. Son ultimatum lancé alors au ministère de la Justice norvégien n’obtient bien sûr pas de suite.

avril 2014 : La première pierre du futur nouveau Musée national d’Oslo est posée et son inauguration prévue pour 2019. Plus grand bâtiment d’Oslo, il regroupera sur 54 000 mètres carrés les collections de la Galerie nationale, du musée du Design et des Arts décoratifs, du Musée national d’Art contemporain et du Musée national d’Architecture.

27 mars 2015 : La Norvège s’engage officiellement dans le cadre des négociations internationales sur le climat.

Si la Norvège, de par son dynamisme économique et la qualité de vie de ses habitants fait encore figure de modèle en Europe, elle n’est plus, ces dernières années, totalement épargnée par la crise mondiale. Par ailleurs, son système de valeurs, prônant traditionnellement l’égalité, le progrès social et la tolérance, a été fortement ébranlé par les attentats de 2011 et la montée des partis nationalistes. La politique d’immigration est ainsi devenue une question majeure au sein du débat politique, tandis qu’on s’interroge toujours sur le bien-fondé d’un éventuel rapprochement avec l’Union européenne. La manne pétrolière garantit encore prospérité aux Norvégiens, mais sa gestion, comme celle de l’argent public, est de plus en plus souvent controversée, et oppose entre elles les différentes formations politiques. Doutant parfois d’eux-mêmes et du modèle scandinave jugé naguère exemplaire, les Norvégiens demeurent pour autant champions des grandes causes internationales, comme en témoigne leur engagement tout récent dans la protection de l’environnement et la lutte contre les dégradations climatiques. Sur le plan culturel enfin, la Norvège mène une politique audacieuse encourageant, au moyen de subventions, la créativité, soutenant les maisons d’édition, et valorisant le patrimoine. A l’horizon 2019, Oslo pourra ainsi s’enorgueillir de posséder l’un des plus grands musées au monde et confirmer, pour les générations à venir, sa vocation d’incontournable foyer culturel.