Pays
montagneux au climat subtropical, la Géorgie est située dans
l’isthme du Caucase entre la mer Noire et la Caspienne, aux confins
de deux continents asiatique et européen. Avec ses glaciers
couverts de neiges éternelles, la chaîne du Grand Caucase – la plus
haute d’Europe – forme la frontière
naturelle du nord de la Géorgie.
Au sommet de cette chaîne, culmine le mont Elbrouz à plus de 5640
mètres d’altitude.
Officiellement
d’une superficie de 69 700 km² (57 400 km² sans
l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud), la Géorgie est frontalière de
la Russie au nord, de l’Azerbaïdjan à l’est, de l’Arménie au sud
et de la Turquie au sud-ouest.
Par
la richesse de ces paysages et la douceur de son climat, l’antique pays de la Toison d’Or, de Jason et de
Prométhée, a l’allure d’un pays de cocagne. Mais les aléas de
la géopolitique et du jeu des grandes puissances rivales lui ont donné une histoire mouvementée. Cette terre qui a vu naître
Staline, Béria puis Chévardnadzé, a été tour à tour envahie par les
Perses, les Romains, les Byzantins, les Arabes, les Turcs, les
Mongols, les Ottomans, enfin la Russie impériale et soviétique.
La
Géorgie a néanmoins connu son âge d’or au XIIe siècle sous le
règne de la reine Tamar. Au fil du temps, elle est devenue un
pays occupant une position stratégique, trait d’union entre l’Orient et l’Occident,
à l’intersection de deux axes porteurs d’influences antagonistes. Unifié
par la langue et la religion orthodoxe (à l’exception notable de
la province de l’Adjarie à majorité musulmane), les Géorgiens
ont souffert par le passé du morcellement de leur pays en plusieurs
entités distinctes. Marqués au fer rouge d'un morcellement récurrent, les
Géorgiens demeurent néanmoins en quête perpétuelle d’unité et
d’indépendance.Si
par le passé le territoire géorgien a
souvent vu ses frontières,
les cataclysmes consécutifs au brutal démembrement de l’Union
soviétique, ont laissé des profondes séquelles. Tirant
profit de son emplacement géostratégique, la Géorgie a su
s’imposer comme un
passage obligé
de l’évacuation du pétrole et du gaz de la Caspienne. Pourtant,
depuis la restauration de son indépendance en 1991, elle accumule
les difficultés économiques et une grave crise politique due à
l’amputation de deux provinces séparatistes : l’Abkhazie et
l’Ossétie du Sud. Malgré ces conflits internes non résolus et
le sanglant épisode de la guerre du mois d’août 2008, la Géorgie
constitue paradoxalement un pôle de stabilité dans la poudrière du
Caucase.
D’où
vient le nom Géorgien ?Les
Géorgiens nomment leur pays « Sakarthvélo »
(le pays des Géorgiens). Karthvéli
vient du mot Karthli, lequel renvoie au nom antique de
l'un
des anciens royaumes formés
sur le territoire de la Géorgie qui se trouvait aux alentours de
l’actuelle Mtskhéta. Par la suite, seule la région centrale a
conservé ce nom.
De leur côté, les Grecs de l’Antiquité ont désigné ce royaume
sous le nom d’Ibérie et la Géorgie occidentale sous le nom de
Colchide.Le
nom d'Ibères
a troublé les géographes de l'Antiquité qui pensaient que ce nom
n'était utilisé que pour les habitants de la Péninsule Ibérique.
Cette confusion a induit certains Géorgiens à faire des Ibériens
du Caucase les ancêtres des Ibéres
de la péninsule
étendue
au sud des Pyrénées.Le
nom de Géorgien, quant à lui, a été utilisé pour la première
fois dans les sources européennes au XIIIe
siècle par Jacques de Vitry, évêque de Saint-Jean d’Acre. Ses
écrits rendent compte du culte spécial que les Géorgiens vouent à
Saint George de Lydda qu’ils tiennent pour leur saint patron.
D’autres sources considèrent que la dénomination donnée aux
Géorgiens est liée au mot grec georgos
qui signifie l’agriculteur. En réalité, la dénomination
européenne Géorgien provient respectivement des formes arabe et
persane Gourdj
–Gourdjistan
et Djourzan, qui
désignent les habitants et le pays. Ces formes proviennent du mot
parthe et persan moyen Warucan
qui signifie le pays des loups. Selon la tradition iranienne, ce nom
totémique de loup désignait la Géorgie. La langue géorgienne de
son côté fait partie d’un groupe de langues caucasiennes appelées
les langues karthvéliennes qui comprend notamment le laze, le svane
et le mégrélo-tchan.
La
nature et les hommesTraversée
par de nombreux fleuves et cours d’eau, tel le Mtkvari (1515 km)
qui traverse la capitale Tbilissi avant de se jeter dans la mer
Caspienne, la Géorgie connaît un climat humide et subtropical à
l’ouest, variant en fonction de la distance à la mer Noire, ainsi
qu’un climat méditerranéen et plus continental à l’est. Les
régions montagneuses de l’est et de l’ouest présentent
pour leur part
un climat alpin. La
plaine
Mtkaveri-Araxe configure
une limite à l’est,
et les montagnes de Géorgie méridionale délimitent sa frontière
au sud où plusieurs crêtes de la chaîne du Grand Caucase
s’abaissent graduellement. Une de ces crêtes, nommée Likhi,
divise la Géorgie en deux parties : l’est (l’antique
Ibérie) et l’ouest (l’ancienne Colchide).Au
cours de son histoire tourmentée, la population de la Géorgie a
varié sans cesse en fonction de l’instabilité des frontières.
Les invasions turco mongoles causèrent des ravages considérables
au plan démographique entre le XIIIe
et le XIXe
siècle.
Après
l’annexion du pays par la Russie impériale au début du XIXe
siècle, de nombreux colons russes et étrangers vinrent s'installer
dans la région et,
au milieu du siècle, la
fin des raids des Caucasiens garantit une stabilisation de la
population qui commença à croître lentement.
En 1918, lors de l’éphémère séquence de la République
démocratique de Géorgie, la population s’élevait à 2 500 000
habitants. Durant la période soviétique, le nombre des habitants de
Géorgie a connu une croissance continue, accompagnée d’un
processus d’homogénéisation ethnique au détriment de certaines
minorités du pays (abkhazes, ossètes). A la chute de l’URSS, la
part ethniquement géorgienne constituait plus de 73 % de la
population. En juillet 2014, la population de l’ensemble de la
Géorgie (provinces séparatistes inclues) tournait autour de 4,9
millions d’habitants.
La Préhistoire et la Protohistoire
Selon
des recherches paléontologiques entreprises de 1999 à 2001 dans le
Sud de la Géorgie, les premiers hominidés représentés par
l’espèce Homo
georgicus
apparurent aux frontières du Nord transcaucasien il y a environ 1,8
millions d’années. Le site de Dmanissi présente la plus ancienne
preuve de présence des hommes préhistoriques en dehors du continent
africain.
Les
archéologues établissent la présence définitive des premiers
habitants au Paléolithique moyen, il y a plus de 200 000 ans. En
témoignent les sites découverts dans les régions de Shida Kartli,
d’Iméréthie et d’Abkhazie. Protégée par la chaîne du Grand
Caucase et le climat de la mer Noire, la Transcaucasie aurait servi
de refuge biogéographique à l’époque du Pléistocène.
10 000
ans av. J.-C. : Néolithique, apparition de l’agriculture et de
l’élevage.
6000
ans av. J.-C. : Premières traces de la culture du vin et de la vigne,
sédentarisation des premières tribus.
5000
ans av. J.-C. : Transition de la chasse et de la cueillette à
l’agriculture ainsi qu’à la conservation des aliments. La
présence humaine se sédentarise sur le bassin du Mtkvari (Koura).
Développement de la céramique, de la poterie et du tissage.
Fin
du IIIe millénaire av. J.-C. : Développement du commerce entre les
tribus locales.
De
3400 à 2000 av. J.-C. : Développement de la culture kouro-araxe, la
première culture transcaucasienne. Stabilité économique fondée sur
l'élevage bovin et ovin. Contacts avec la civilisation
akkadienne de Mésopotamie.
Vers
3000 av. J.-C. : Migrations des peuples ibéro-hittite d’Asie
intérieure vers l’ouest.
Début
du IIe millénaire av. J.-C. : Deux groupes se différencient, les Hittites et les Subaréens, ces derniers se présentant comme
les lointains ancêtres des Géorgiens et apparaissent comme des rivaux des Hittites.
Acquisition
de techniques nouvelles (chars de combat légers à deux roues,
armement en bronze puis en fer), cultures du blé et du vin.
1800-700
av. J.-C : Développement de la culture colche.
XVIe
au Xe siècle av. J-C. : Les
tribus géorgiennes parviennent à vivre en marge des empires qui se
succèdent au Proche et au Moyen-Orient (égyptien, sumérien,
hittite, assyrien, babylonien), accueillant sur leur territoire de
nouvelles tribus fuyant la région du Croissant fertile, notamment
les Chaldéens et les Subaréens.
XIIIe
siècle av. J.-C. : Une
union des tribus géorgiennes formée sur le littoral de la mer
Noire favorise l’émergence du royaume de Colchide qui se
maintiendra à compter du VIe siècle jusqu’au Ier siècle av.
J.-C. Il est considéré comme le premier proto-Etat géorgien.
1200
av. J.-C. : La
deuxième invasion des peuples de la mer balaie
les empires assyrien et hittite. Les pays subaréens se
reconstituent en vingt-quatre petites principautés qui tentent de préserver
leur indépendance contre les rois assyriens. Elles affinent
les techniques d’artisanat héritées de leurs ancêtres subaréens.
Parmi ces vingt-quatre principautés situées à l’ouest de l’Euphrate, se dégage la puissance de celle habitée par les Muskhis, à
l’origine des Meskhes (Géorgiens). Ils occupent, au début du Ier
millénaire av. J.-C., un vaste territoire situé à l’ouest de
l’Euphrate, à proximité de son cours supérieur.
Début du IXe siècle av. J.-C. : Fondation du puissant Etat d’Ourartou qui regroupe les principautés subaréennes. Le royaume d’Ourartou domine alors le Caucase.
VIe siècle av. J.-C. : Premières relations gréco-géorgiennes, avec l’installation des premiers colons grecs sur la rive nord de la mer Noire, échanges commerciaux dont témoignent la légende de la Toison d’or et le mythe des Argonautes. Les Grecs de Milet fondent en Colchide, des colonies dont la principale, Diascourias, sera plus tard nommée Sébastopolis, aujourd’hui Soukhoumi.
VIe – Ier siècle av. J.-C. : Existence du royaume de Colchide, situé dans l’actuelle Géorgie occidentale.
VIe siècle av. J.-C. : Le Caucase fait face aux invasions des Scythes et des Cimmériens. Mise en forme du premier alphabet géorgien.
Ve siècle av. J.-C. : Invasions perses achéménides. La Géorgie est conquise et intégrée au sein du royaume perse dont elle constitue les provinces les plus septentrionales (18e et 19e satrapies). Fereïdoune, le roi de Perse, envahit le territoire, divise le Caucase en plusieurs régions dans lesquelles il place un gouverneur (eristavi).
De la conquête d'Alexandre à l'arrivée des Parthes
334-323 av. J.-C. : Epopée
d’Alexandre le Grand qui détruit l’Empire perse et s’empare du
Sud-Caucase. Même si elle n’est pas occupée, la Géorgie subit
une forte influence grecque. Fondation des royaumes d’Ibérie
(Géorgie orientale), d’Albanie (Azerbaïdjan) et de la principauté
de Tao. La Colchide et l’Ibérie (Kartlie) connaissent des
évolutions politiques différentes.
IIIe
siècle av. J-C. : La
Géorgie est divisée entre la Colchide
à l’ouest, de culture grecque, et l’Ibérie
dans la partie orientale. La Colchide tombe rapidement aux mains de
ses puissants voisins (royaume du Pont, puis Empire romain), l’Ibérie, quant à elle, se développe, vassale de Rome puis des Parthes
Arsacides venus d’Iran.
Société
matriarcale en Géorgie orientale (Ibérie).
IVe-IIe siècle av. J.-C. : Royaume de Kartlie Ibérie avec, pour capitale, Mtskheta.
300-237
av. J.-C. : Parnavaz,
premier
roi géorgien,
roi de Kartlie et d'Ibérie. Son règne est marqué par un effort de
centralisation et d’unification du pays. L’Ibérie s’étend
jusqu’à l’Araxe.
Parnavaz
accroît son territoire aux dépens de la Colchide, grignotant
plusieurs provinces.
237
av. J.-C. : Le royaume d’Ibérie s’étend de la chaîne du Grand
Caucase au fleuve Araxe.
190
av. J.-C. : Fondation des royaumes d’Arménie et du Pont qui
domineront progressivement le Caucase sous les règnes respectifs de
Tigrane le Grand (140-55 av. J.-C.) et de Mithridate Eupator (132-63
av. J.-C.).
Du
royaume du Pont à la conquête romaine
120-63 av.
J.-C. : Mithridate VI Eupator, roi du Pont (incluant la Géorgie
occidentale). Il conquiert
la Colchide et y place un vice-roi, conclut une alliance avec
l’Ibérie voisine et mène la lutte contre les Romains.
93 av.
J.-C. : Le royaume du Pont est rattaché à celui d’Arménie.
88 av
J.-C. : Début de la guerre contre Rome.
66
av. J.-C. : Conquête du Caucase par les légions de Pompée.
Mithridate et Tigrane sont écrasés. Début
de la domination romaine en Géorgie, marquée par les campagnes de
César (47 av. J.-C.) et de Marc Antoine (36 av. J.-C.)
66-65 av.
J.-C. : Pompée soumet la Colchide, l’Ibérie et l’Arménie.
64 av.
J.-C. : La Colchide est sous protectorat romain. Affaiblissement de
l’influence romaine en Ibérie, vassale de Rome.
63 av. J.-C. : Pompée envahit la Colchide. Suicide de Mithridate. Les Romains concluent la paix avec l’Ibérie qui est incorporée à la
sphère arsacide.
L’Ibérie
demeure fidèle à Rome. Les apôtres André et Simon le Cananéen
évangélisent la Géorgie occidentale.
1-58 de notre ère :
Règne du roi Pharsaman Ier en Ibérie.
35 : Le roi d’Ibérie Pharsaman Ier envahit l’Arménie sous domination
parthe. Il place sur le trône son frère Mithridate.
54 :
Les Parthes reviennent en force et envahissent l’Arménie.
58 :
Mort de Pharsaman. L’Ibérie est divisée en deux royaumes, celui
de Mtskheta et d'Armaz.
69-79 :
Sous le règne de Vespasien, la domination romaine sur la Colchide se
fait plus pesante. La rébellion gagne toutes les couches de la
population colche. Vers la fin du Ier siècle, instauration
progressive de petites principautés qui s’affranchissent peu à
peu de l’emprise romaine. Les Parthes multiplient les incursions
dans le Caucase.
75 :
Fortifications romaines en Ibérie, enceinte de Mtskheta renforcée
par les Flaviens contre les incursions des peuples du Caucase.
116-132 :
Règne de Pharsaman II en Ibérie.
120 :
Ambassade ibère chez Hadrien (117-138). Sous le règne d’Antonin
le Preux (138-161), l’Ibérie change de statut politique vis-à-vis
de Rome qui la reconnaît comme une alliée et non plus comme un
vassal.
189 :
Fin de l’alliance avec Rome. Les Parthes détrônent le roi Amazasp
II d’Ibérie et placent un prince arsacide à sa place.
La
domination sassanide
224 :
Chute de la domination parthe en Iran. Fondation de la dynastie
des Sassanides par Ardashêr Ier Papakan en Perse, politique
d’expansion vers les Etats clients de Rome en Orient. La même
année, les Perses conquièrent l’Ibérie qui redevient la Kartlie.
La
Colchide demeure sous le contrôle de Rome.
238 :
Les Ibères signent un pacte avec le shah de Perse Chahpur Ier.
284 :
Le shah Vahram II de Perse envahit l’Ibérie et oblige le roi
Aspagour à se réfugier dans les montagnes du Caucase où il meurt.
La noblesse géorgienne, en charge de la succession royale, décide
de s’allier avec la Perse sassanide afin d’éviter une annexion
probable. Ils font appel pour cela au prince perse Mirian qui
devient le roi Mirian
III d’Ibérie
en prenant pour épouse l’héritière du trône d’Ibérie. Sous
son règne, le royaume d’Ibérie se rapproche de la Perse. Le roi
Mirian III est reconnu par Rome en tant que premier roi de la dynastie chosroïde. Début de l’influence perse en
Géorgie orientale.
298 :
Le
traité de Nisibe assure
à Rome le contrôle du Caucase au détriment de la Perse sassanide.
Il scelle pour quarante ans le retour de l’Arménie, de la Colchide
et de la Kartlie (Ibérie) dans le giron romain.
301 :
L’Arménie devient la première nation chrétienne et les moines
arméniens commencent à prêcher en Ibérie.
320 :
Prêche en Kartlie de sainte
Nino,
fille d’un général romain née en Cappadoce vers 296. Sa tâche
est facilitée par la conversion de l’empereur Constantin au
christianisme.
325 : Plusieurs évêques géorgiens participent au concile de Nicée.
Début
du IVe siècle : Eglise royale de Mtsheta (monastère de
Samtavro), monastère et église royale de Nekresi.
La
Géorgie chrétienne
337
: Le
roi Mirian III
se convertit et promulgue un édit reconnaissant le christianisme comme
religion d’Etat. Le roi fait bâtir une église dans sa capitale
Mtskheta sur le lieu où, plus tard, sera élevée la cathédrale de
Svetiskhovéli qui représente encore aujourd’hui le centre
religieux de la Géorgie chrétienne. Création du Catholicossat
d’Ibérie. L’Eglise géorgienne est rattachée au patriarcat de
Constantinople. La conversion au christianisme joue un rôle clé
dans la formation de l’unité géorgienne.
Développement
de la littérature et des arts.
338 :
Expiration du traité de Nisibe, reprise des hostilités entre les
empires romain et perse pour le contrôle du Caucase. Mort de sainte
Nino.
360 :
Le
roi Mirian III se rapproche de Constantinople, il apporte son aide à
l’empereur Constance II contre les Perses.
364 :
L’armée perse envahit l’Arménie et chasse du pays le roi
Archag II qui se réfugie en Géorgie.
368 :
Les Perses s’emparent de la Géorgie orientale et de la capitale
Mtskheta. Ils placent sur le trône de Kartlie le roi Aspagour, un
des fils de Mirian III, qui avait choisi le camp perse, et menacent de s’emparer de la Colchide.
Entre
Perse et Byzance
370 :
Traité de paix entre les Romains et les Perses. La Géorgie se
retrouve divisée en deux. La partie occidentale (Colchide
et Lazique) est
attribuée à Sauromace en tant que vassale chrétienne de
Constantinople, tandis que la Géorgie orientale (Ibérie
- Kartlie) revient
à la Perse sassanide.
387 :
La paix d’Aciliscène confirme ce statut. Les Romains abandonnent
définitivement leurs prétentions
sur le Caucase. Un traité reconnaît la prééminence sassanide sur
la région, à l’exception de la Géorgie occidentale qui reste
sous le contrôle de Constantinople.
406-409 :
Règne en Ibérie de Pharsaman IV. Il restaure l’autonomie de son
pays et cesse de payer tribut à la Perse. A sa mort, la Perse
reprend le contrôle de l’Ibérie et place un vice-roi en Kartlie
(sud) : le pitiarkhe. Celui-ci tient sa fonction héréditairement
et possède de vastes domaines dans le Sud de l’Ibérie.
Ve
siècle : Fondation
du royaume de Lazique sous domination byzantine en lieu et place de
la Colchide. Apparition de l’alphabet géorgien sacerdotal. Les
Lazes monopolisent le commerce avec Byzance.
Fondation des premiers monastères géorgiens à Jérusalem (Pierre l’Ibère)
et en Syrie (Simon Messveté). La principauté de Tao est absorbée
par l’Arménie.
404-406 :
Invention des écritures arménienne, géorgienne et albanaise
attribuées au moine arménien Mesrop Machtots (361-440).
407 :
Le roi Pharsaman IV d’Ibérie se rebelle contre la domination
persane et s’allie avec l’Empire romain d’Orient. Malgré cela, il échoue en 411.
vers
420 : Le christianisme redevient la religion officielle de
l’Etat ibère.
vers
450 : Le roi des Lazes, Goubaz Ier, conclue un traité de paix
avec Rome.
vers
480 : Fondation du premier monastère géorgien de
Sainte-Croix près de Jérusalem par Pierre l’Ibère (409-490).
452-502 :
Règne de Vartang Gorgasal (littéralement « tête de loup »
en raison de la forme inhabituelle de son heaume) en Kartlie. Il
tente, sans succès, d’unifier la Géorgie et de s’émanciper de
la double tutelle perse et byzantine. Pour s’affranchir de celle de Byzance, il déclare autocéphales et réunifiées les
Eglises de Géorgie occidentale et orientale, posant ainsi les germes
tangibles de l’unification de la nation géorgienne. Il chasse les
évêques nommés par Byzance et installe à leur place treize
nouveaux évêques qui lui sont totalement dévoués. Vartang
Gorgasal soumet ensuite les tribus montagnardes et part en campagne
contre les Huns et les Alains, sécurisant ainsi ses frontières
septentrionales.
456 :
Révolte des Lazes de Colchide contre l’occupation byzantine. Violente répression.
470 :
Martyre de sainte Chouchanik, épouse d’un hiérarque local qui
refuse de se convertir au zoroastrisme.
478-493 :
Construction de la basilique de Bolnisi.
vers
480 : Fondation de Tbilissi par Vartang Gorgasal, littéralement
la « ville chaude ». Metskheta conserve son statut de
capitale religieuse. Géorgie orientale (Ibérie) alliée de la
Perse.
483 :
Insurrection des Géorgiens sous Vartang
Gorgasal. Traité
de paix avec la Perse et reconnaissance de l’autonomie géorgienne
– séparation des Eglises géorgienne et syrienne orientale.
484 :
Schisme entre les Eglises de Rome et de Byzance.
486 :
Autocéphalie de l’Eglise géorgienne.
488 :
Le roi Vartang est vaincu par les Persans.
502
: Mort du roi Vartang.
vers
510 : Tbilissi, capitale du royaume d’Ibérie.
523 :
Le roi Tatse de Lazique (Géorgie occidentale) est baptisé à
Constantinople sous le parrainage de l’empereur Justin Ier.
532 :
Traité de « la Paix éternelle » entre Byzance et la
Perse qui se partagent la Géorgie. L’Ibérie est divisée en
deux dans un partage familial entre les enfants du défunt monarque.
La partie orientale, comprenant Tbilissi ainsi que le titre de roi, est attribuée au fils aîné de Vartang, Vatché II, qui doit se
résigner à accorder à ses demi-frères puînés, Levan et Mihrdat, l’Ouest du royaume avec le titre d’archiducs. L’archiduché
passe sous tutelle byzantine, tandis que l’Ibérie, qui rentre
dans un court déclin, est annexée par la Perse. Le Caucase fait
face aux invasions des Huns et des Alains.
Vers
550 : Le Roi Pharsaman V d’Ibérie accepte officiellement la
suzeraineté persane, en échange de la préservation de son pays et
de sa religion chrétienne. Or, les Sassanides ne respectent pas tout
à fait leur part du contrat et annexent en quelques années la
basse-Ibérie où se trouve Tbilissi. Le royaume d’Ibérie en est
réduit à sa portion congrue.
552-554 :
Rejet du monophysisme par l’Eglise géorgienne et absence au second
synode arménien de Dvin.
562 :
Traité de Dara. Les Perses renoncent à leurs prétentions sur la
Géorgie occidentale (Lazique).
Domination
perse
580 :
Mort du roi d’Ibérie Bakour III. La Transcaucasie est totalement
incorporée à la Perse sassanide.
588 :
La population ibère, soutenue par la noblesse, se révolte contre la
tyrannie du shah Hormizd IV (579-590) et appelle Gouaram, un prince
géorgien réfugié en Lazique depuis l’annexion persane, pour
régner sur le trône ibère. Son successeur, Stéphanos Ier (590-627), se retrouve dès les premières années de son règne engagé dans
plusieurs guerres que mènent les Sassanides aux Byzantins.
591 :
Le roi Stéphanos Ier retourne sous la domination du shah de Perse
Khosro II.
vers
600 : Recouvrement de l’autonomie politique sous Stéphane Ier
(590-607). Construction de l’église de Dzvari près de
Mtsheta.
610 :
Séparation des Eglises arménienne et géorgienne sous le
catholicos Kyrion Ier (595- 610) et adoption de l’orthodoxie par
l’Eglise de Géorgie orientale.
610 :
L’empereur Héraclius, d’origine arménienne, instaure une
nouvelle dynastie à Byzance.
624 :
Les Khazars, alliés des Byzantins, s’emparent et mettent à sac
Tbilissi. Ils chassent les Perses de Kartlie (Géorgie orientale). Ce
peuple cavalier d’origine asiate, converti partiellement au judaïsme, contrôlait
l’ensemble des territoires conquis entre la Volga et la mer d’Azov.
Grâce à eux, les Byzantins parviennent à mettre la main sur la
Géorgie orientale et à conquérir brièvement l’ensemble du
Caucase.
628 :
L’Empire byzantin établit sa domination sur l’ensemble de la
Géorgie, mais aussi sur l’Arménie.
Trois
siècles de domination arabe
634 :
Les arabes musulmans arrivent aux frontières sassanides et entreprennent d'annexer progressivement tout le territoire de l’empire perse sassanide. C'est chose faite en 651.
654 :
Les Arabes s’emparent de la Géorgie orientale, de l’Arménie et
de l’Albanie. La Géorgie occidentale demeure sous contrôle de
Byzance. Seul le royaume de Lazique échappe aux Arabes.
655 :
Traité de Maslama. Les Arabes s’engagent à respecter les
pratiques religieuses en échange du paiement d’un tribut et la reconnaissance de l’autorité du Calife.
685 :
Grâce à son alliance avec les Khazars, Byzance chasse les Arabes et
reprend la Géorgie orientale et l’Arménie.
689-681 :
Autocéphalie de la Géorgie confirmée, selon les chroniques, par le
sixième concile œcuménique de Constantinople.
697 :
Le royaume de Lazique est soumis par les Arabes.
735 :
Création de l’émirat de Tbilissi.
736 :
Les Arabes lancent une nouvelle offensive dans le Caucase, balaient
les troupes géorgiennes et byzantines, et reprennent le contrôle de la
Kartlie, de l’Arménie et de l’Albanie.
741 :
Martyre des princes David et Constantin.
744 :
Jean III (744-760) consacré catholicos par le patriarche
Théophylacte d’Antioche, confirmation de l’autocéphalie de
l’Eglise géorgienne.
750 :
La dynastie abbasside renforce la mainmise du Califat arabe sur le
Caucase et accroît les persécutions contre les chrétiens.
780 :
Le prince d’Abkhazie Léon II s’allie aux Khazars pour
s’émanciper de la tutelle byzantine. Disparition du royaume de
Lazique. L’Abkhazie devient le royaume dominant en Géorgie
occidentale. Délitement de l’autorité du Califat en Géorgie
orientale.
fin
du VIIIe siècle : Déclin économique et culturel.
786 :
Martyre de saint Abo (un des serviteurs arabes de l’émir de
Tbilissi, qui se convertit au christianisme avant d’être torturé,
puis mis à mort par son maître).
787 :
Martyre du roi Arcil.
vers
800 : Parution de l’ouvrage Vie de Vartang Gorgasal par Dzunaser.
La
dynastie des Bagratides
809 :
Achot Ier Bagration fonde le royaume de Tao-Clardjétie et donne
naissance à la dynastie des Bagratides. Ses successeurs vont
favoriser le processus d’unification de la Géorgie.
826 :
Mort d’Achot Ier le Curopalate, ascension de la dynastie des
Bagratides avec Bagrat Ier le Curopalate (826-876).
853 :
Derniers soubresauts du Califat arabe en Géorgie. Tbilissi est
assiégée, puis saccagée par l’armée du général Mourman le
Sourd qui incendie la ville.
861 : Le prince Achod
Bagratuni, « prince des princes d’Arménie, de Géorgie et
d’Albanie ».
888 : Le prince Adarnassé
IV d’Ibérie, allié au roi d’Arménie Sembat Ier, prend le titre
de « roi des Géorgiens ». Pour la première fois, le nom
de Géorgie est employé dans une titulature royale.
914 :
Dévastation de la Géorgie par les troupes d’Abdul Qasim. Martyre
du roi Sembat.
milieu
du Xe siècle : Réorganisation de l’Eglise géorgienne
orthodoxe qui échappe au patriarcat de Constantinople et déclare son caractère autocéphale.
966-978 : Fils d’Adarnasse V d’Ibérie, issu de la branche cadette
de la dynastie des Bagratides qui trône en Géorgie et en Arménie,
David III règne sur le Tao Clardjétie et la Kartlie.
976 :
David III le Grand s'attache les bonnes grâces de l’empereur
byzantin Basile II et l’aide à mettre un terme à la révolte de
l’un de ses plus puissants vassaux, grâce aux exploits du général
géorgien Torniké. Basile II consent à l’indépendance
géorgienne. Grâce aux conflits internes du royaume d’Abkhazie, il
sort vainqueur de ses suzerains.
978
: Sacre de Bagrat III, fils adoptif de David III, qui va réunir sur
sa tête les trois couronnes de Kartlie, de Tao Clardjétie et
d’Abkhazie. Dès son accession au trône, Bagrat III établit sa
capitale dans la ville de Koutaïssi, Tbilissi demeurant encore aux
mains des musulmans. Il soumet l’émirat de Gandja, renouvelle
l’alliance familiale avec l’Arménie et assure Byzance de sa
fidélité. Unifiant ainsi l'Ouest et le Centre de la Géorgie, il
grandit en puissance, attisant la jalousie de son protecteur David
III Bagration qui mène, par ailleurs, une courte guerre contre lui
dans la décennie 990, guerre qui n'a toutefois
aucune répercussion à long terme.
980 :
Fondation du monastère des Ibères (Iviron) sur le mont Athos.
1003 :
Achèvement de la cathédrale de Kutaïsi.
1014 :
Mort de Bagrat III qui a choisi de se faire enterrer dans le monastère
de Bédia, en Abkhazie, afin de marquer le rattachement durable de
cette province au royaume géorgien. Pour la première fois dans son
histoire, la Géorgie est réunifiée.
1014-1027 :
Règne de George Ier, perte de la Kakhétie et de la Tao-Clardjétie.
1027-1072 :
Son fils, le roi Bagrat IV, fait face à la fronde de ses vassaux
emmenés par le général Liparit Orbéliani.
1030 :
Construction de la cathédrale de Samtavisi et restauration du
monastère de la Croix à Jérusalem.
1045 :
L’Empire byzantin en profite pour envahir l’Arménie afin de
prendre des gages face aux Turcs seldjoukides.
1048 :
Bataille de Kapetrou contre les Seldjoukides. L'armée
byzantine, commandée par le noble géorgien Liparit IV
Orbéliani,
remporte une victoire décisive contre les troupes d’Ibrahim Yinal.
Fin
du Xe siècle : Unification religieuse entre le catholicos de
Géorgie et le primat d’Abkhazie, prélude à l’unité
géorgienne. Affranchissement de l’Eglise géorgienne de toute
dépendance à l’égard de l’autorité religieuse de Byzance.
1060 :
Le roi Bagrat IV de Géorgie scelle une alliance familiale avec le
sultan seldjoukide Alp Arslan, en lui donnant en mariage sa nièce.
1066
(ou 1071 ?) : Le roi Bagrat IV donne sa fille en mariage au
cobasileus byzantin Michel VII Doukas. Cet acte de mariage sera
perçu comme un succès diplomatique pour le roi géorgien.
1065 : Les Turcs seldjoukides envahissent la Géorgie.
1068 : La seconde invasion seldjoukide dévaste Tbilissi, la Kartlie et les provinces d’Argvétie.
1071 : Epaulés par les Géorgiens, les Seldjoukides écrasent l’armée byzantine à Mantzikert et capturent l’empereur Diogène. Cette bataille marque la fin de la domination byzantine sur l'Anatolie.
1073 : Guiorgui II accède au trône de Géorgie, le sultan seldjoukide Malik Chah envahit la Géorgie et dévaste la capitale Koutaïssi.
1074 : Paix turco-géorgienne à l’avantage des Seldjoukides. La Géorgie doit céder une partie de ses provinces orientales aux Turcs.
1080 : Le roi Georges II accepte de payer le tribut au sultan Malik Chah, la Géorgie est soumise à l’impôt par les Seldjoukides.
L’âge
d’or
1089-1125 :
Epopée du roi David IV le Bâtisseur qui met au pas les féodaux,
chasse les Turcs seldjoukides de Géorgie et étend l’influence de
son royaume sur l’ensemble du Caucase. Il réforme l’armée, les
institutions, et réunit sous sa coupe le pouvoir temporel et
spirituel. Début de l’âge d’or de la Géorgie. Fondation du
monastère et de l’académie de Gélati.
Les
croisades franques contre l’Orient musulman offrent à David IV
des perspectives de nouvelles alliances et détournent l’attention
des Seldjoukides vers l’Occident. David IV s’attaque aux
seigneurs féodaux, les « Aznaours », insubordonnés, fait
exiler le seigneur rebelle Orbéliani.
1103 :
Synode national de Rouïss-Uurbnissi et réforme de l’Eglise. Le
roi David IV en profite pour imposer ses partisans aux postes les
plus élevés de la hiérarchie ecclésiastique et s’assure du contrôle
direct sur les affaires de l’Eglise tout en associant celle-ci à
la direction des affaires nationales. L’Eglise orthodoxe
géorgienne devient un instrument efficace au service de l’Etat en
voie d’édification. En contrepartie, l’Eglise reçoit des
avantages non négligeables : ses hauts dignitaires participent
au darbazi, le conseil supérieur de l’Etat, des
avantages fiscaux lui sont octroyés. Canonisation de l’apôtre
André qui aurait évangélisé la Géorgie, construction d’églises
et de monastères.David
IV crée une administration moderne et centralisée, les chefs de
l’administration dénommées « Oukhoutsessi », rattachés
à la cour royale, ont la haute main sur les différents départements
administratifs : finances, affaires intérieures, armée. Le roi
désigne un mtsignobarth oukoutsessi, sorte de
Premier ministre. Réforme de l’administration judiciaire. Cour
d’appel (Saadjo Kari).
1118 :
Création d’une armée permanente de 50 000 hommes que
David IV décide de recruter à l’extérieur, parmi ses voisins
fidèles des montagnes du Nord-Caucase, les Kiptchak. Reconquête des
terres de la Géorgie méridionale. Conquête de la région de Lori
en Arménie voisine.
1121 :
Bataille victorieuse de Didgori avec le soutien des croisés contre la coalition islamique
(Perses arabes et seldjoukides).
1122 :
Tbilissi est libérée après quatre siècles de domination arabe. Son accès au rang de capitale de la Géorgie unifiée constitue un
tournant dans l’histoire du pays.
1123 :
Annexion de l’Arménie du Nord par David IV. Les troupes
géorgiennes entrent dans Ani, la capitale historique de l’Arménie, qui se trouvait sous domination musulmane depuis 1050. Occupation
géorgienne de toutes les principautés musulmanes du Caucase (Ran,
Daroubandi), expulsion des Seldjoukides de leurs derniers
retranchements d’Arménie.
1125 :
Mort de David IV à 51 ans. Il sera plus tard canonisé par l’Eglise
orthodoxe géorgienne.
1125-1156 :
Règne de Demetré Ier. Stagnation économique et culturelle,
développement du faste à la Cour.
1156-1184 :
Règne de Georges III qui inaugure une nouvelle période de
prospérité dans l’histoire géorgienne.
1167 :
Expansion territoriale jusqu’à la Caspienne.
La
Géorgie de la reine Tamar : un pont entre l’Orient musulman
et l’Occident chrétien
1184-1213 : La
reine Tamar parvient à imposer son autorité sur les Aznaours. Elle
épouse un prince ossète, David Soslan, rétablit la puissance
géorgienne et reprend la politique de son arrière-grand-père David
IV de fédération caucasienne.
Sous
le règne de Tamar, la Géorgie préserve ses intérêts en Terre
sainte où elle conserve de nombreux monastères et une importante
colonie géorgienne. Après que les croisés ont été chassés de Terre sainte, les Géorgiens s’accordent avec les Mamelouks
d’origine caucasienne qui leur accordent l’administration des
lieux saints de Jérusalem. Le clergé géorgien va exercer son
autorité sur les monastères chrétiens pendant cent cinquante ans. Les
Géorgiens sont les seuls chrétiens autorisés à entrer à
Jérusalem sans payer tribut et sans se départir de leur drapeau.
Sans être alignée sur l’Occident, la politique étrangère de la
reine Tamar est empreinte de pragmatisme : tout en étant
alliée des croisés, elle développe des relations cordiales avec
ses voisins musulmans une fois la menace seldjoukide écartée.
Extension
maximale de l’empire géorgien depuis la mer Noire jusqu'à la mer Caspienne,
de la chaîne du Caucase à Spéri (Arménie actuelle) : la
Géorgie devient un Etat multinational fort de plus de douze millions
de sujets. Tbilissi entretient des relations avec tous les pays du
Proche-Orient, de l’Europe occidentale et Rome. Le règne de
Tamar correspond à l’âge d’or de la civilisation géorgienne. Le
revenu annuel dépasse celui du califat de Bagdad.
La
Géorgie tire profit de sa voie de passage entre l’Occident et les
Indes. Epanouissement des œuvres d’art, des sciences, de la
philosophie, de l’architecture. Essor artistique et littéraire
marqué par l’œuvre de Chota Roustaveli, inspiré des légendes
persanes, traduction d’œuvres grecques et de poèmes persans en
géorgien par les académies de Ghuélathi et d’Ikalto ainsi que par l’université de Koutaïssi.
1204 :
Soutien de Tamar aux croisés qui occupent Constantinople, création
sur la frontière méridionale du royaume tampon de Trébizonde placé
sous protectorat géorgien. La reine Tamar rattache à la Géorgie
les territoires méridionaux occupés par les tribus géorgiennes
lazes.
1205 :
Victoire géorgienne de Bassiani contre le sultan seldjoukide du
Roum qui est expulsé du Caucase. Vassalisation consécutive des sultanats turcs d’Erzincan,
d’Erzeroum, d’Ardabil (1206 à 1209), l’ensemble des
populations géorgiennes de la région étant réuni sous l’autorité
de la reine Tamar.
1206 :
Prise de Kars, seconde capitale arménienne.
1210 :
Guerre offensive des Géorgiens contre les Seldjoukides établis en
Perse. Batailles victorieuses à Tabriz, Kasvin, Korassan.
Les
ravages mongols et timourides
1213 :
Mort de la reine Tamar, accession au trône de son fils George IV.
1219 :
Début des invasions mongoles.
1220-1222
et 1235-1239 : Invasions mongoles en Géorgie.
1221 :
Défaite géorgienne lors de la bataille de Didgori.
1223 :
Le roi George IV succombe à ses blessures.
1243 :
La Géorgie devient vassale des Mongols. L’Eglise joue un rôle
important pour préserver la cohésion du royaume. Nombreuses révoltes
contre les Mongols.
1247 :
Domination mongole, installation des princes David V Narin
(1245-1292) et David VII Oulou (1247-1270) comme régents. Eclatement
de la Géorgie en deux royaumes : Géorgie occidentale et
Géorgie orientale.
1259-1260 :
Soulèvements contre la domination mongole.
1289 :
Le roi Démétré II le Dévoué est exécuté par les Mongols. Ces
derniers désignent trois rois pour lui succéder simultanément sur
le trône de Géorgie.
1318-1346 :
Sous le règne de Georges V le Brillant, la Géorgie regagne son
unité et son indépendance.
1334 :
Ayant achevé de réunifier entre ses mains l’ensemble des terres
géorgiennes, le roi Georges V entre dans la capitale Tbilissi.
1386 : Invasion de Tamerlan – imposition de la religion musulmane en Géorgie – morcellement du pays en vingt-six principautés. Décadence économique et culturelle. Le pays sombre dans l’anarchie.
1387 : Tamerlan assiège et prend Tbilissi, les rois géorgiens Bagrat V et Georges VII ne déposent pas les armes.
1390 : Constitution d’un catholicossat autonome de Géorgie occidentale à Ptisunda (jusqu’en 1815).
1405 : Mort de Tamerlan à Samarcande.
Première moitié du XVe siècle : Fin des invasions mongoles. Les monarques géorgiens combattent les tribus montagnardes et azéries qui ravagent la Géorgie. Les luttes intestines minent toutes les tentatives de redressement du royaume. Echec de plusieurs tentatives de rapprochement avec l’Occident.
La
nouvelle donne ottomane
1453 :
La prise de Constantinople par les Ottomans isole la Géorgie et la
prive de sa seule route commerciale avec l’Occident.
1459 :
Signature d’un traité entre les rois et les princes de Géorgie à
l’occasion de la croisade contre
les Turcs.
première moitié
du XVe siècle : Mission spéciale des ambassadeurs géorgiens
auprès du pape Pie II qui est rechercher l’alliance pour une
attaque conjuguée des forces géorgiano-perses sur Jérusalem et des
forces européennes sur la Palestine.
1465-1475 : Conflit entre les principales provinces géorgiennes
qui refusent l’autorité du pouvoir central. Premières incursions
ottomanes en Géorgie.
1475 :
Ouzoun Hassan envahit la Géorgie, il emmène en captivité cinq mille familles.
1478 :
Division de la Géorgie en trois royaumes (Kartlie, Kakhétie et
Imérétie) et une principauté indépendante (Samtskhé).
L’Abkhazie, la Svanétie, la Mingrélie et la Gourie se détachent
par la suite de l’Imérétie. Division de l’Eglise orthodoxe
géorgienne (l’Eglise de Géorgie occidentale passe sous l’autorité
du patriarcat d’Antioche). Les luttes entre les grands barons
s’intensifient. Délitement de la société féodale.
1514 :
L’ouverture des hostilités entre la Perse des Safavides et la
Turquie ottomane va faire alterner sur le territoire géorgien
invasions turques et invasions perses au gré des rapports de force.
1514-1532 :
Première guerre turco-persane. Les Turcs ottomans et les Perses
safavides s’affrontent en Géorgie et dans le Caucase.1555 : Le traité d’Amasya entérine le partage de la Géorgie en deux zones d’influence perse et ottomane. Les monarques géorgiens perdent leur indépendance. Les Perses et les Ottomans favorisent l’apparition de nouveaux Etats musulmans dans le Caucase et incitent les tribus montagnardes à harceler les Géorgiens.
1578-1590 : Deuxième guerre turco-persane qui permet aux Ottomans d’accroître leurs gains en Géorgie.
1578 : Incorporation à l’Empire ottoman et islamisation des principautés du Samtshe et du Tao- Clardjétie.1587 : Montée sur le trône perse de Chah Abbas Ier (1587-1628). Résistance farouche en Kartlie et Kakhétie. Cent mille morts et prisonniers, division de la Kakhétie en deux provinces et installation de tribus turkmènes.1590 : Annexion de l’ensemble de la Géorgie par les Turcs.1598-1599 : Soulèvement antiturc à Gori.début du XVIIe siècle : la Géorgie orientale enlevée aux Turcs par le shah Abbas Ier.1602-1613 : La troisième guerre turco-persane contraint les Ottomans à revenir sur leurs positions initiales. En Géorgie, la partie occidentale reste vassale de l’Empire ottoman tandis que la partie orientale redevient vassale de la Perse. Les révoltes géorgiennes sont systématiquement écrasées.1623- 1663 : Soulèvement contre les Perses en Géorgie orientale.1624 : Le martyre de la reine Kétévane marque l’apogée des persécutions religieuses perses en Géorgie.1625-1632 : Profitant de l’anarchie qui règne ponctuellement en Perse, Teimouraz Ier réunifie brièvement les royaumes de Kartlie et de Kakhétie.1629 : Mort du Chah Abbas. Sephé Chah, son successeur, nomme sur le trône de Kartlie, Rostom, roi d’origine géorgienne, qui contribue à la diffusion de la langue et de la culture persanes. Publication du premier dictionnaire géorgien à RomeRésistance du roi Teimouraz et du catholicos Diassamidzé qui créent un Parti national en Kakhétie. milieu du XVIIe siècle : Développement de l’activité missionnaire catholique romaine en Géorgie ; tentative de gagner l’Eglise géorgienne à l’union avec Rome. Ouverture de la noblesse à la civilisation occidentale dans l’espoir d’une aide militaire et financière de la France et de l’Italie.1675-1737 : Règne de Vartang VI, monarque éclairé et patriote. Il compile les traditions orales et archives disponibles, œuvre connue sous le nom d’Annales géorgiennes. Rédaction du « code Vartang », réunion d’un ensemble de lois tolérantesdeuxième moitié du XVIIe siècle : Echec de plusieurs révoltes contre l’occupant perse et ottoman. Les monarques géorgiens intensifient leur lutte contre les tribus montagnardes. Redressement progressif de la société géorgienne.1689 : Achèvement de l’église de la Dormition à Ananuri.1707 : Première imprimerie à Tbilissi.1714-1722 : Echec d’une nouvelle tentative géorgienne de rapprochement avec l’Occident et d’une première tentative d’alliance avec la Russie.1714 : L’émissaire du roi Vartang VI, le moine et écrivain Saba Orbeliani, se rend en France et au Vatican auprès de Louis XIV et du pape Clément XI.
La
Russie impériale prend pied dans le Caucase
1722-1723 :
Première guerre russo-persane. La Russie prend pied dans le Caucase.
Les Ottomans en profitent pour occuper la totalité de la Géorgie
(1724). Le roi Vartang VI est contraint de se réfugier en Russie.
1735 :
Soutenu par les Perses, le roi Teimouraz II chasse les Ottomans de
Géorgie orientale. Il tient à l’écart ses anciens alliés
perses, et muselle les seigneurs géorgiens.
1745 :
Teimouraz
II
se fait sacrer roi de Kartlie.
1762 :
Mort de Teimouraz
II. Son fils Iracli
II
(1762-1798) récupère le trône de Kakhétie et réunifie
formellement la Kartlie et la Kakhétie en un royaume de Géorgie
orientale. Règne prospère, protection accordée par Iracli
II
aux savants et historiens, publication de l’Encyclopédie
géorgienne, œuvre poétique de David Gouramichvili.
1768-1774 : Première guerre russo-turque. La Russie s’empare de la
Crimée. Maintien du statu
quo
dans le Caucase.
24
juillet 1783 : Le traité de Géorgievsk établit un protectorat
russe en Géorgie orientale.
1787-1791 :
Deuxième guerre russo-turque. La Russie améliore ses positions en
mer Noire.
1783 :
Traité de protection entre la Géorgie et la Russie.
1795 :
Les Perses s’emparent une dernière fois de Tbilissi. Ils en sont
chassés par les Russes.28 décembre 1800 - 16 février 1801 : Le tsar Alexandre Ier de Russie annexe la Géorgie orientale. Fin de la monarchie géorgienne. La famille Bagration est contrainte à l’exil.2 octobre 1803 : La Mingrélie se place à son tour sous le protectorat de la Russie.3-4 juillet 1804 : La Russie étend son protectorat à la Gourie et à l’Imérétie. 1808-1812 : Troisième guerre russo-turque. La Russie récupère une partie de la Géorgie méridionale.17-20 février 1810 : La Russie étend son protectorat à l’Abkhazie et annexe l’Imérétie. Fuite du roi Salomon II en Turquie. Les Russes contrôlent désormais la Géorgie occidentale qui devient une province russe administrée par un gouverneur et des fonctionnaires russes. Appauvrissement du pays.1811 : Abolition de l’Eglise autocéphale géorgienne qui passe sous la coupe du clergé orthodoxe russe. La politique de russification s’intensifie.juin-septembre 1812 : Début de la campagne de Russie. Le général géorgien Pierre Bagration s’impose comme l’un des plus redoutables adversaires de Napoléon. Vaste révolte en Géorgie qui ne sera jugulée qu’après la défaite de l’armée française.
1813 : Par le traité de Golestan (12 octobre), la Russie annexe les dépendances perses situées dans le Caucase oriental et qui forment les provinces d’Azerbaïdjan et du Karabakh.
1817 : L’Eglise géorgienne orthodoxe est dirigée par des exarques russes, réduction des sièges épiscopaux de vingt-cinq à quatre.
1820 : Le gouverneur russe Alexeï Ermolov mène la pacification du Caucase qui vise à soumettre les tribus montagnardes rebelles (Tcherkesses, Kabardes, Tchétchènes, Ingouches, Lezguiens et Avars).
1826-1828 : La Russie conquiert les provinces perses d’Arménie et du Nakhitchévan, améliorant ainsi ses positions dans le Caucase.
1830-1854 : L’insurrection des tribus montagnardes du Caucase oriental se transforme en véritable guerre sainte au cours de laquelle l’imam Chamil s’impose comme le chef incontesté de la rébellion. Les Britanniques, désireux de s’implanter dans le Caucase, soutiennent en sous-main la rébellion tcherkesse qui s'est développée à l'ouest.
1845 : La Géorgie est dotée d’un nouveau statut administratif dans le cadre de la vice-royauté de Transcaucasie.
1854-1855 : Quatrième guerre russo-turque. Français, Britanniques et Turcs l’emportent sur les Russes en mer Noire pendant la guerre de Crimée, mais reconnaissent, par le traité de Paris (30 mars 1856), la mainmise de la Russie sur le Caucase.
1856-1860 : Le gouverneur russe Alexandre Baryatinski écrase définitivement la rébellion montagnarde. L’imam Chamil, capturé le 25 août 1859, est exilé en Russie. Exil massif des Tcherkesses en direction de l’Empire ottoman. Le Caucase est pacifié après cinquante ans d’âpres combats.
1861 : Abolition du servage en Géorgie comme dans le reste de l’empire russe. Début de la vague des grandes réformes sociales.
1868 : Les Britanniques sont les premiers à vaincre le mont Elbrouz et le mont Kazbeg, lançant par là même l’épopée de la conquête des sommets du Grand Caucase.
1875 : Début de l’industrie pétrolière à Bakou. Construction d’une ligne de chemin de fer en Géorgie pour évacuer le pétrole vers les ports de la mer Noire. Ouverture de la mine de manganèse de Tchiatoura.
1877-1878 : Cinquième guerre russo-turque. Les Russes récupèrent la Géorgie méridionale et s’emparent de Kars.
1879 : Naissance de Staline (Joseph Djougachvili) à Gori.
1881 : L’assassinat du tsar Alexandre II provoque l’arrêt des réformes en Géorgie.
1903 : Scission du mouvement social-démocrate entre mencheviques (Noé Jordania et Noé Ramichvili) et bolcheviques (Joseph Djougachvili, dit « Staline »).
1905 : Révolution russe. Grève générale dans tout le Caucase, suivie d’une violente répression. Incendie des installations pétrolières et pogroms à Bakou. La région sombre dans l’anarchie.
28 août 1907 : Ilia Tchavtchavadzé, chantre du renouveau intellectuel et politique géorgien, est assassiné.
1914 : La Géorgie est entraînée par l’empire russe dans la guerre contre l’Empire ottoman. Une légion de Géorgiens exilés s’arme en Allemagne pour combattre la Russie sur le front du Caucase.
1915-1916 : Offensives russes contre la Turquie. Les Russes s’emparent d’Erzeroum et de Trébizonde. Génocide arménien.
1917 : Révolution menée par les mencheviques en mars, puis bolcheviques en octobre en Russie. La Géorgie reste fidèle aux mencheviques. Début de la guerre civile russe.Proclamation de l’autocéphalie de l’Eglise géorgienne après la révolution de février et élection du catholicos Kyrion III.
L’éphémère république démocratique de Géorgie
12 février 1918 : Offensive turque dans le Caucase.
3 mars 1918 : La Russie se retire de la guerre par le traité de Brest-Litovsk.
15 avril 1918 : Les Turcs occupent Batoumi.
26 avril 1918 : Création de la république fédérative de Transcaucasie.
26 mai 1918 : Proclamation de la république démocratique de Géorgie.
8 juin - 11 novembre 1918 : Intervention militaire allemande en Géorgie.
15 novembre 1918 : Début de la présence militaire britannique dans le Caucase.
5 décembre - début janvier 1918 : Guerre entre l’Arménie et la Géorgie pour le contrôle de la région du Lori.
1919 : Les premières élections libres en Géorgie confirment la domination des Mencheviques.
mars 1920 : Retrait du contingent britannique du Caucase.
28 avril 1920 : Les Bolcheviques s’emparent de l’Azerbaïdjan.
3 mai 1920 : Coup d’Etat bolchevique avorté en Géorgie.
30 novembre 1920 : Les Bolcheviques s’emparent de l’Arménie.
21 janvier 1921 : La France et le Royaume-Uni reconnaissent la Géorgie.
16 février - 18 mars 1921 : Invasion soviétique, les Bolcheviques s’emparent de la Géorgie. Le gouvernement menchevique de Noé Jordania s’exile en France, à Leuville-sur-Orge (Essonne).
La
république socialiste soviétique de Géorgie
30
décembre 1922 : Création de l’URSS et d’une RFS de
Transcaucasie qui englobe les trois républiques de Géorgie,
d’Arménie et d’Azerbaïdjan. La Géorgie perd une portion de son
territoire au profit de ses voisins. Campagne antireligieuse de
Lavrenti Béria (jusqu’en 1938).
13 octobre 1923 : Le traité de Kars définit de nouvelles frontières
entre la Turquie et la partie caucasienne de l’URSS.
1924 :
Staline prend le pouvoir en Union soviétique. Echec d’une révolte
en Géorgie, cruellement réprimée par L. Beria qui s’impose comme
le nouvel homme fort du pays.
1930-1931 :
Révoltes paysannes en Géorgie sévèrement réprimées.
1933-1937 :
Le second plan quinquennal accélère l’industrialisation de la
Géorgie. L’oléoduc reliant Bakou aux ports de la mer Noire est
fermé. Tout le pétrole produit dans le Caucase est accaparé par la
Russie soviétique.
5
décembre 1936 : L’URSS se dote d’une nouvelle constitution qui
reconnaît un statut d’autonomie à l’Adjarie, à l’Abkhazie et
à l’Ossétie du Sud au sein de la RSS de Géorgie.
1938 : Deux Géorgiens, Staline et Beria (chef du NKVD), règnent sans partage sur le Kremlin.
22 juin 1941 : L’Allemagne nazie envahit l’URSS. Début de la
« Grande Guerre patriotique ». Une Légion de
volontaires géorgiens exilés s’arme en Allemagne pour combattre
l’URSS sur le front du Caucase.
août-décembre 1942 : L’armée allemande pénètre dans le
Caucase, s’empare du mont Ebrouz, mais ne parvient ni à pénétrer
en Géorgie ni à s’emparer des champs de pétrole de Bakou et de
Grozny. Beria se montre très actif pour lutter contre les nombreux
déserteurs et transfuges géorgiens.
janvier 1943 : La défaite de Stalingrad précipite la retraite allemande.
La Wehrmacht quitte le Caucase.
Reconnaissance
de l’autocéphalie de l’Eglise géorgienne orthodoxe par l’Eglise
russe orthodoxe. Réouverture des églises.
1944 :
La plupart des montagnards du Caucase (à l’exception des Ossètes)
sont déportés en Asie centrale, notamment les Turcs de Meskhétie.
La Géorgie récupère deux enclaves montagnardes au nord de son
territoire jusqu’en 1957.
9 mai 1945 : La victoire de l’URSS sur le Troisième Reich marque
l’apogée du règne de Staline.
1953 :
Staline et Beria meurent à quelques mois d’intervalle. Fin de la
domination géorgienne sur le Kremlin.
1956 : Le
XXe congrès du PC soviétique entérine la déstalinisation du
régime.
5-9
mars 1956 : Manifestations sévèrement réprimées à Tbilissi (plus
de 106 morts).
1957-1962 : Boom
économique et industriel en Géorgie. Sous la houlette du Premier
secrétaire du Parti communiste géorgien, Vassili
Mjvanadzé,
le pays s’enrichit et devient la plaque tournante de l’économie
parallèle pour toute l’Union soviétique.
1962 :
Adhésion de l’Eglise géorgienne orthodoxe au Conseil œcuménique
des Eglises (Genève), 80 paroisses en activité sur 1500.
29 mai 1972 : Edouard
Chévardnadzé
est nommé à la tête de la RSS de Géorgie pour lutter contre la
corruption et rétablir l’orthodoxie marxiste-léniniste.
1977 :
Ilia
II
(1933), catholicos de Géorgie. Renouveau spirituel du pays. L’Eglise
géorgienne orthodoxe est rétablie dans ses droits, même si son
clergé est étroitement encadré par Moscou.
1978 :
Manifestation de grande ampleur à Tbilissi pour la défense de la
langue et de l’alphabet géorgiens.
1985 :
Mikhaïl
Gorbatchev
arrive aux commandes en URSS et lance un ambitieux programme de
réformes et d’ouverture. Chévardnadzé
devient son ministre des Affaires étrangères.
Il va populariser en Occident la Perestroïka
et la Glasnost,
qui vont aboutir à la chute du Rideau de fer et du mur du Berlin.
8-9
avril 1989 : vingt Géorgiens tués lors de la répression d’une
manifestation nationaliste à Tbilissi.
Indépendance
et guerre civile
La
période de réformes engagées en Russie voit la situation
économique se détériorer en Géorgie, même si, faisant partie des
périphéries méridionales de l’URSS, elle apparaît encore comme
l’une de ses régions les plus prospères. C’est au cours de ces
années qu’est ainsi terminé le tunnel de Roki, qui relie Ossétie
du Nord et Ossétie du Sud en abolissant l’obstacle du Grand
Caucase. Le réveil des minorités ethniques, l’échec subi par les
Soviétiques en Afghanistan viennent s’ajouter aux effets
psychologiques de la catastrophe de Tchernobyl pour fragiliser
l’image de l’Union soviétique et saper sa légitimité. Les
événements qui surviennent dans la Nagorno Karabakh où les
Arméniens demandent leur rattachement à la république d’Arménie
et donc leur détachement de la république d’Azerbaïdjan, vont
encourager les séparatismes. En juin 1988, des intellectuels
abkhazes demandent à M. Gorbatchev d’étendre le statut
d’autonomie de leur région, en la soustrayant à l’autorité de
Tbilissi. Les Ossètes en font autant.
Le
8 avril 1989, des dizaines de milliers de Géorgiens se mobilisent à
Tbilissi pour dénoncer ces revendications séparatistes, mais,
d‘abord pacifique, la manifestation dégénère et la violente
répression exercée par les forces de l’ordre coûte la vie à
vingt personnes. Le pays se tourne alors vers les leaders
nationalistes Zviad Gamsakhourdia et Georges Chantouria.
9
novembre 1989 : La chute du mur de Berlin entraîne la fin des
« démocraties populaires » d’Europe orientale. On
craint en Occident une reprise en main en URSS, mais Gorbatchev et
Edouard Chevarnadzé, son ministre géorgien des Affaires étrangères, confirment leur ligne de réforme de l’URSS, tout en intervenant en
Azerbaïdjan pour tenter de contenir les affrontements arméno-azéris.
1990 :
La fin de la guerre froide – effective à l’été avec la
réunification allemande – et le déclenchement de la guerre du
Golfe consécutive à l’invasion du Koweït par l’Irak de Saddam
Hussein, créent des conditions nouvelles dans l’ancien espace
soviétique. Les pays Baltes proclament ainsi leur indépendance et,
le 25 août, les Abkhazes en font autant pour leur province, suivis, le 20 septembre, par les Ossètes. Revendication immédiatement
reprise par le Soviet suprême de Géorgie.
28
octobre 1990 : Premières élections pluralistes organisées en
Géorgie. Zviad Ghamsakourdia les remporte avec 64 % des voix, après
s’être allié, entre les deux tours, avec Georges Chantouria.
Devenu
président du Soviet suprême de Géorgie, Zviad Gamsakhourdia
restitue à l’Eglise géorgienne, jusque-là simplement tolérée,
ses droits et privilèges traditionnels. En réaction, les Abkhazes
élisent Vladislav Ardzinba à la tête de leur province. Les Ossètes
en font autant avec Torez Kolumbegov. Des affrontements entre la
police et les séparatistes éclatent à Soukhoumi, capitale de
l’Abkhazie, et à Tskhinvali, capitale de l’Ossétie du Sud. Une
guérilla s’installe autour de cette dernière ville.
7
janvier 1991 : Gorbatchev tente de reprendre la main en
condamnant les sécessionnistes abkhazes et ossètes, mais aussi la
répression géorgienne.
31
mars 1991 : Gamsakhourdia réagit aux menaces de Gorbatchev en
organisant un référendum sur l’indépendance de la Géorgie. 98 %
des Géorgiens se prononcent en faveur de l’indépendance, qui est
officiellement proclamée le 9 avril.
26
mai 1991 : Gamsakhourdia est élu président d’une Géorgie
désormais indépendante et rétablit le drapeau de la première
république géorgienne de 1918-1921, en admettant les frontières
qui étaient celles issues de l’URSS.Gamsakhourdia
s’engage ensuite dans une dérive autoritaire qui l’éloigne de
ses alliés, en raison surtout de son intransigeance sur la question
des minorités abkhaze et ossète.
19-21
août 1991 : Echec du coup d’Etat de Moscou. Boris Eltsine,
président du Soviet suprême de Russie, rétablit l’ordre avec Gorbatchev mais devient le nouvel homme fort et ne cache pas son
intention d’en finir avec l’URSS. Quelques jours plus tard,
l’Arménie, puis Azerbaïdjan, proclament leur indépendance.
Bientôt suivis par le Nagorno Karabakh et par la Tchétchénie. A
Tbilissi, Gamsakhourdia s’octroie les pleins pouvoirs.
2
septembre 1991 : Gamsakhourdia fait tirer sur la foule de
manifestants qui conteste son pouvoir.
21
septembre 1991 : Scènes de guerre civile à Tbilissi où
s’affrontent garde nationale et milices des différents leaders
politiques.
12
décembre 1991 : Fin de l’Union soviétique. Gorbatchev
démissionne. Chevarnadzé se convertit au christianisme orthodoxe de
rite géorgien et prépare son retour à Tbilissi.
22
décembre 1991 : Les adversaires de Gamsakhourdia lancent
l’assaut final contre Tbilissi, et leurs milices s’emparent de la
ville. Le 6 janvier, Gamsakhourdia s’enfuit en Arménie, puis en
Tchétchénie. La junte au pouvoir entreprend de contrôler le pays,
sans intervenir toutefois contre l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud,
de même qu’en Adjarie (au sud-ouest du pays) où Aslan Abachidzé
se constitue, autour de Batoumi, une principauté de fait.
8
mars 1992 : Retour à Tbilissi d’Edouard Chevarnadzé qui fait
figure d’homme providentiel pour établir un pouvoir civil
susceptible d’être reconnu par la communauté internationale.
24
juin 1992 : Echec d’une tentative de coup d’Etat
« zviadiste » à Tbilissi.
1er
juillet 1992 : A Sotchi, l’arbitrage de Boris Eltsine permet
de calmer le jeu entre Géorgiens et Ossètes. Avec l’appui de la
Russie, la Géorgie devient le 179e Etat admis à l’ONU.
août
1992 : Le ministre de l’Intérieur géorgien est enlevé
à Soukhoumi par des nationalistes abkhazes, ce qui entraîne une
intervention géorgienne, mais Vladislav Ardzinba reçoit le
soutien du Tchétchène Doudaïev et de volontaires cosaques rendus
furieux par le démantèlement de l’URSS.
11
octobre 1992 : Chevarnadzé gagne les élections générales.
janvier-mai
1993 : Soukhoumi est assiégée par les forces abkhazes,
discrètement aidées par les Russes.
20
mai 1993 : Boris Eltsine jouant les médiateurs, un accord est
conclu, par lequel les Géorgiens retirent leurs troupes d’Abkhazie,
qui se voit accorder une plus grande autonomie.
1er
juillet 1993 : La lutte reprend en Abkhazie, à l’initiative
de Vladislav Ardzinba qui prend pour prétexte le repli trop lent
des troupes géorgiennes. Un nouveau cessez-le-feu entre en vigueur
le 27 juillet. Une mission d’interposition des Nations unies
(MINUOG) est chargée de vérifier le respect de la trêve.
La
situation du pays est alors lamentable, avec une pauvreté
grandissante, les exactions des milices et les coupures
d’électricité, alors que la guerre civile a repris, les partisans
de Zviad Gamsakhourdia cherchant à s’imposer en Mingrélie. C’est
dans ce contexte difficile que Chevarnadzé s’octroie les pleins
pouvoirs et décrète l’état d’urgence.
En
septembre, l’insurrection zviadiste se généralise en Mingrélie
et s’empare de Poti. C’est le moment que choisit, le 16,
Vladislav Ardzinba pour reprendre la lutte en Abkhazie où Soukhoumi
est prise. Pour surmonter la crise, Chevarnadzé sollicite un nouvel
arbitrage russe et accepte que la Géorgie rejoigne la Communauté des Etats indépendants, ainsi qu’une présence militaire russe.
Dès lors, Eltsine soutient Chevarnadzé.
20
octobre 1993 : Chevarnadzé entame la reconquête de la Mingrélie,
terminée fin novembre.
1er
décembre 1993 : Géorgiens et Abkhazes signent un accord de
cessez-le-feu permanent et envisagent des négociations quant au
statut futur de l’Abkhazie, sous l’égide de l’ONU et de
l’OSCE.
2
décembre 1993 : Chevarnadzé annonce officiellement l’adhésion
de la Géorgie à la CEI.
31
décembre 1993 : Zviad Gamsakhourdia se suicide. Sa mort
marque la fin de la guerre civile qui a fait 15 000 victimes et
entraîné le déplacement de 250 000 réfugiés.
3
février 1994 : Signature d’un traité de paix et d’amitié entre
la Russie et la Géorgie.
7
mars 1994 : Chévardnadzé
se rend en visite officielle à Washington. La Géorgie adhère au
partenariat de la paix de l’OTAN.
14
mai 1994 : Les accords de Moscou mettent un terme à la guerre civile
en Géorgie et donnent mandat à la MINUOG et à la CEI pour
surveiller le cessez-le-feu entre Géorgiens et Abkhazes.
3
décembre 1994 : Georges
Chantouria,
chef
de l'opposition modérée en Géorgie, est assassiné à
Tbilissi.
24
août 1995 : La Géorgie se dote d’une nouvelle constitution de
type présidentialiste qui reconnaît un statut d’autonomie à
l’Abkhazie et à l’Adjarie, mais pas à l’Ossétie du Sud.
29
août 1995 : Tentative d’attentat contre Chévardnadzé.
15
septembre 1995 : Accord formel sur la présence des bases russes en
Géorgie.
5
novembre 1995 : Chévardnadzé remporte les élections
présidentielles. Son parti gagne dans la foulée les élections
législatives.
1996 : Mise
en place du « Groupe des amis du secrétaire général des
Nations unies » dont le mandat consiste à favoriser les
négociations entre Géorgiens et Abkhazes.
22
avril 1996 : Accord de partenariat entre la Géorgie et l’Union
européenne. Il n’entre en vigueur que trois ans plus tard.
31
décembre 1996 : Fin de la première guerre de Tchétchénie.
Rapprochement
avec l’Occident
février 1997 :
La Géorgie amorce un prudent rapprochement avec l’OTAN qui entame
son élargissement en direction des pays de l’ancien bloc
communiste.
10
novembre 1997 : Création du GUAM,
l’Organisation
pour la démocratie et le développement.
Une organisation internationale de coopération à vocation régionale
qui, outre la Géorgie, regroupe trois Etats de
l'ex-URSS pro-occidentaux qui se sentent menacés par la Russie
(Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie).
9
février 1998 : Nouvelle tentative d’assassinat contre E.
Chévardnadzé.
18-26
mai 1998 : Violents combats dans la région de Gali, en Abkhazie,
entre miliciens géorgiens et troupes abkhazes soutenues par la
Russie.
juin-juillet 1998 :
Tensions en Adjarie.
août 1998 :
Tensions en Djavkhétie avec la communauté arménienne.
18-19
octobre 1998 : Echec d’une mutinerie en Mingrélie.
27
avril 1999 : La Géorgie adhère au Conseil de l’Europe.
juin 1999 :
Remise en service de l’oléoduc Bakou-Soupsa entre la mer Caspienne
et la mer Noire.
août 1999 :
Les Etats-Unis soutiennent l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN.
14
novembre 1999 : Chévardnadzé remporte les élections législatives.
18
novembre 1999 : Officialisation du projet d’oléoduc BTC [Bakou (Azerbaïdjan) -
Tbilissi (Géorgie) - Ceyhan (Turquie)] entre la Caspienne et la Méditerranée.
printemps 2000 :
Des combattants tchétchènes se réfugient dans les gorges de
Pankissi. L’OSCE lance une mission de surveillance le long de la
frontière entre la Géorgie et la Tchétchénie.
9
avril 2000 : Chévardnadzé réélu président.
5
décembre 2000 : Instauration d’un régime de visas obligatoires
entre la Géorgie et la Russie (au moins 700 000 Géorgiens
vivent en Russie).
2
avril 2001 : Création de la Force navale en mer Noire (BlackSeaFor).
24
mai 2001 : Echec d’une mutinerie aux portes de Tbilissi.
4-18
octobre 2001 : Violents affrontements dans la vallée de Kodori, en
Abkhazie, entre Géorgiens et Tchétchènes d’un côté, Abkhazes
et Russes de l’autre.
19
novembre 2001 : Edouard Kokoyéti élu à la tête de l’Ossétie du Sud.
28
novembre 2001 : L’aviation russe bombarde les gorges de Kodori.
Washington fait pression sur Tbilissi pour expulser les combattants
tchétchènes qui y sont réfugiés.
décembre 2001 :
Début du programme d’assistance « US Train & Equip »
au profit de l’armée géorgienne.
25
février 2002 : « Suicide » de Nougzar Sajaïa, chef du
Conseil de sécurité, à Tbilissi.
25
avril 2002 : Nouveaux accrochages entre Géorgiens et Abkhazes
soutenus par des géorgiens prorusses dans la vallée
de Kodori. Tbilissi frappée par un tremblement de terre.
24
mai 2002 : Déclaration conjointe russo-américaine sur le respect de
la souveraineté et de l’intégrité territoriale géorgienne.
28
juin 2002 : L’OTAN réalise un exercice de grande envergure (« Cooperative Best Effort ») en Géorgie dans le cadre du PPP.
25
août 2002 : Début de l’opération géorgienne visant à expulser
les combattants tchétchènes réfugiés dans les gorges de
Pankissi.
21
novembre 2002 : La Géorgie demande officiellement son adhésion à
l’OTAN.
La
révolution des Roses en marche
mars 2003 :
Plusieurs sabotages visent le réseau énergétique géorgien.
21
avril 2003 : Le Parlement géorgien ratifie l’accord sur la
présence permanente d’instructeurs américains en Géorgie.
14
mai 2003 : Le Secrétaire général de l’OTAN, en visite à
Tbilissi, accueille avec bienveillance la demande d’adhésion de
la Géorgie à l’Alliance atlantique.
23
mai 2003 : Début du tronçon géorgien du BTC.
7
juillet 2003 : Rencontre Baker-Chévardnadzé à Tbilissi.
16
juillet 2003 : Envoi d’un premier contingent de soldats géorgiens
en Irak.
2-23
novembre 2003 : La « révolution des Roses » entraîne la
démission d’E. Chévardnadzé. Nino Bourdjanadzé assume le
pouvoir par intérim.
4
janvier 2004 : Mikhaïl Saakachvili est élu président de la
Géorgie.
6
février 2004 : Révision de la Constitution géorgienne.
10-12
février 2004 : Visite de M. Saakachvili à Moscou.
23-27
février 2004 : Visite de M. Saakachvili à Washington. Renforcement
du contingent géorgien en Irak.
28
mars 2004 : Le parti réformiste pro-Saakachvili remporte les
élections législatives.
28
avril-6 mai 2004 : Crise en Adjarie. Aslan Abachidzé s’enfuit à
Moscou. Saakachvili triomphe à Batoumi et parvient à réintégrer
l’Adjarie dans le giron géorgien.
14
juin 2004 : La Géorgie intègre la politique européenne de
voisinage de l’UE.
29
juin 2004 : Lors du sommet d’Istanbul, Saakachvili réitère la
demande d’adhésion de la Géorgie à l’OTAN.
22
juin 2004 : Lancement de la mission européenne « Eujust-Thémis »
en Géorgie.
18
août 2004 : L’armée géorgienne tente un coup de force en Ossétie
du Sud pour essayer, sans succès, de récupérer la province
sécessionniste.
décembre 2004 :
Mikhaïl Saakachvili prend part, aux côtés de Viktor Iouchtchenko, à la « Révolution orange » en Ukraine. Les deux
hommes s’engagent à réactiver le GUAM.
15
janvier 2005 : Sergueï Bagapsh officiellement désigné
« président » de l’Abkhazie, après l’élection
contestée du 23 août 2004.
février 2005 :
Fin de la deuxième guerre de Tchétchénie.
3
février 2005 : Décès du Premier ministre géorgien Zourab Jvania.
mars 2005 :
Mikhaïl Saakachvili soutient la « révolution des Tulipes »
au Kirghizistan.
10
mai 2005 : Visite de George W. Bush à Tbilissi.
30
mai 2005 : Accord russo-géorgien sur le retrait des bases russes en
Géorgie.
9
décembre 2005 : Le Parlement géorgien vote l’augmentation du
budget militaire et des effectifs de l’armée.
27
mars 2006 : La Russie suspend la délivrance de visas aux Géorgiens
et décrète un embargo commercial à l’encontre de la Géorgie.
13
juillet 2006 : Inauguration de l’oléoduc BTC.
août 2006 :
Des pressions américaines empêchent in
extremis
le gouvernement géorgien de reconquérir l’Ossétie du Sud par la
force.
27
septembre 2006 : L’arrestation à Tbilissi de quatre officiers
russes accusés d’espionnage déclenche une grave crise politique
entre la Géorgie et la Russie.
2
octobre 2006 : La Russie décrète le blocus total de la Géorgie.
2
novembre 2006 : La Russie déclenche une « guerre du gaz »
contre la Géorgie.
12
novembre 2006 : Par référendum, l’Ossétie du Sud vote une
nouvelle fois pour son indépendance.
janvier 2007 :
Inauguration du gazoduc BTE (Bakou-Tbilissi-Erzeroum).
28
mars 2007 : Signature d’un accord entre la Géorgie, l’Azerbaïdjan
et la Turquie pour la construction d’une ligne de chemin de fer
reliant Bakou à Akhalkalaki et Kars.
8
juin 2007 : Le Parlement géorgien double le budget de la Défense.
6
août 2007 : L’aviation russe tire un missile antiradar KH-58 sur
le territoire géorgien, à la suite de la proposition de M.
Saakachvili d’accueillir une partie du bouclier antimissile
américain.
25
septembre 2007 : L’ancien ministre de la Défense, Irakli
Okrouachvili, met publiquement en cause le président Saakachvili dans
des affaires de corruption et l’accuse de préméditer le meurtre
de l’oligarque Badri Patarkatsichvili.
2
novembre 2007 : Violentes manifestations à Tbilissi appelant
Saakachvili à démissionner.
7
novembre 2007 : le président Saakachvili décrète l’état
d’urgence et ordonne aux forces de maintien de l’ordre de
disperser les manifestants.
16
novembre 2007 : Fin de l’état d’urgence, annonce d’une
élection présidentielle anticipée.
25
novembre 2007 : Nino Bourdjanadzé assume une nouvelle fois le
pouvoir par intérim.
décembre 2007 : Fermeture effective des bases russes de Batoumi et d’Akhalkalaki.
Une
guerre pour la reconquête des territoires perdus
5
janvier 2008 : Mikhaïl Saakachvili réélu président de la Géorgie
avec 53 % des suffrages. Rétablissement des relations diplomatiques
avec la Russie.
26
mars 2008 : Rétablissement des liaisons aériennes entre Moscou et
Tbilissi.
3
avril 2008 : Lors du sommet de Bucarest, l’OTAN déclare que la
Géorgie et l’Ukraine feront un jour partie de l’Alliance
atlantique.
20
avril 2008 : La chasse russe abat un drone géorgien au-dessus de
l’Abkhazie.
21
mai 2008 : Le parti de M. Saakachvili remporte les élections
législatives.
15
juillet 2008 : Le Parlement géorgien vote une nouvelle loi
augmentant sensiblement le budget de la Défense et les effectifs
militaires. Les signes de préparatifs militaires russes se
multiplient.
1er
août 2008 : Regain de tensions en Ossétie du Sud. Nombreux
accrochages.
7
août 2008 : L’armée géorgienne intervient en Ossétie du Sud.
8-12
août 2008 : Guerre russo-géorgienne. La Géorgie perd le contrôle
de ses dernières enclaves dans les provinces sécessionnistes.
12
août 2008 : Navette diplomatique du président français
Nicolas Sarkozy. Signature d’un accord de cessez-le-feu entre les
parties.
25
août 2008 : Un navire de guerre américain fait escale en Géorgie.
26
août 2008 : La Russie reconnaît officiellement l’indépendance de
l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Rupture des relations
diplomatiques entre Moscou et Tbilissi.
5
septembre 2008 : Le Nicaragua reconnaît l’Abkhazie et l’Ossétie
du Sud.
9
septembre 2008 : Nouvel accord entre la présidence française de
l’UE et la Russie pour le respect du cessez-le-feu. Bilan 192 000 personnes sont déplacés, 450 Géorgiens sont tués ou portés disparus.
1er
octobre 2008 : L’armée russe achève son redéploiement en
Abkhazie et en Ossétie du Sud après son retrait de la « zone
de sécurité ». Mise en place de la mission de surveillance de
l’UE en Géorgie.
22
octobre 2008 : Une aide occidentale de 4,55 milliards de dollars est débloquée pour la reconstruction de l’économie géorgienne.
novembre 2008 : Manifestations contre le président Saakachvili à Tbilissi.
2
décembre 2008 : La perspective d’adhésion de la Géorgie à
l’OTAN est reportée sine
die.
Création d’une commission OTAN-Géorgie.
4
janvier 2009 : Avant de quitter ses fonctions, Georges W. Bush
paraphe un accord de partenariat stratégique entre les Etats-Unis et
la Géorgie.
22
janvier 2009 : Dès son investiture, le nouveau président américain
Barack Obama laisse entrevoir une relation plus équilibrée
vis-à-vis de la Russie et de la Géorgie.
2
février 2009 : Le président Saakachvili procède à un important
remaniement ministériel qui lui permet de raffermir son pouvoir.
13
février 2009 : Le mandat des vingt derniers observateurs actifs de
l’OSCE en Géorgie est prolongé jusqu’au 30 juin 2009.
9
avril 2009 : Manifestations massives contre le président
Saakachvili. Ils étaient 60 000 réunis le 26 mai dans le stade
de Tbilissi à exiger sa démission.
22-23
juillet 2009 : Visite du vice-président américain Joe Biden en
Géorgie.
10
septembre 2009 : Le Venezuela reconnaît l’Abkhazie et l’Ossétie
du Sud.
15
et 16 décembre 2009 : Le micro-Etat pacifique de Nauru
reconnaît l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.
janvier 2010 :
La Russie et la Géorgie rouvrent leur trafic aérien aux passagers.
Deux mois plus tard, les postes de frontières sont rouverts à
l’exception de ceux situés dans les régions séparatistes.
13
avril 2010 : Les chefs de la diplomatie de l’Ossétie du Sud et du
Nicaragua, respectivement Mourat Dijoïev et Samuel Santos, signent
un accord établissant des relations diplomatiques ente Tskhinvali et
Managua.
5
juillet 2010 : La secrétaire d’Etat américaine Hilary Clinton
réitère son soutien à l’intégrité territoriale de la Géorgie
au cours d’un déplacement à Tbilissi.
août 2010 :
Les forces russes déploient des missiles sol-air en Abkhazie
suscitant l’inquiétude des Géorgiens.
15
octobre 2010 : Le parlement géorgien approuve des amendements devant
conduire à la réforme constitutionnelle en vertu desquels le
Premier ministre dispose de pouvoirs élargis. Glissement vers un
système parlementaire.
décembre 2010 :
La police procède à l’arrestation de six Géorgiens, opérant
pour le compte de la Russie, suspectés d’être à l’origine de
six attentats à la bombe dont celle de novembre de la même année
avait causé la mort d’une personne.
janvier 2011 :
Tbilissi lance une chaîne de télévision en langue russe à
l’attention du public russe.
mai 2011 :
La police organise cinq jours de grève et de sit-in contre le
président Saakachvili.
octobre 2011 : Les autorités géorgiennes déchoient de la nationalité géorgienne le milliardaire Bidzina
Ivanichvili,
une semaine après son annonce de candidature.
Vers
une normalisation avec la Russie ?
septembre 2012 :
A quelques
jours des législatives, la diffusion par une chaîne de télévision
d'une vidéo montrant des scènes de tortures infligées à un
détenu provoque la démission de la ministre géorgienne de
l'Administration pénitentiaire.
1er
octobre 2012 : Victoire, au terme d’une campagne difficile, de la
coalition Le
Rêve géorgien
conduite par le milliardaire Bidzina
Ivanichvili,
soutenu
par l’Eglise orthodoxe. Ce vote sanctionne la révolution
des Roses, jugée d’inspiration libérale et qui avait
produit de nombreux laissés-pour-compte. Une période de
cohabitation tendue se met en place à Tbilissi. Le nouveau Premier
ministre entend conduire en parallèle la normalisation
des relations avec la Russie, avec la politique d’intégration à l’OTAN et à l’Union
européenne. Doté de pouvoirs renforcés par les amendements
constitutionnels de 2010, le Parlement est présidé par David
Usupashvili,
partisan d’un ancrage très fort à l’Occident.
février 2013 :
Les
autorités russes émettent un mandat d'arrêt, le 14 février, à
l'encontre de Guivi Targamadzé, député du parti du président
géorgien Mikhaïl Saakachvili, soupçonné d'avoir voulu renverser
le gouvernement russe.
juin 2013 :
Des vidéos montrant des prisonniers violés et torturés suscite une
nouvelle dispute entre la jeune majorité et l’opposition proche
du président Saakachvili. La coalition au pouvoir, emmenée par le
milliardaire Bidzina Ivanichvili, dénonce le sadisme du régime
précédent. Du côté du président Saakachvili, on crie à la
tentative de détruire l’opposition.
27
octobre 2013 :
Les élections présidentielles s’achèvent par la victoire facile
de Guiorgi
Margvelachvili (64 %
des voix),
soutenu par B. Ivanichvili. Le président sortant, M. Saakachvili, se
retire de la vie politique. Cette élection marque la fin d’une
séquence inaugurée par la révolution des Roses.
novembre 2013 :
B.
Ivanichvili
annonce son retrait de la vie politique. Le jeune ministre de
l’Intérieur
Iracli
Gharibashvili,
(31 ans), lui succède.
14
mai 2014 : Visite à Tbilissi du président français François
Hollande. A cette occasion, le chef de l’Etat français
réitère le soutien de l’UE à la signature d’un accord
d’association avec la Géorgie tout en faisant part de ses réserves
quant à l’intégration géorgienne à l’OTAN et ce « pour
ne pas provoquer une réaction brutale de la Russie ». La
Géorgie maintient en Centrafrique un contingent de cent cinquante soldats dans
le cadre de la mission européenne (Eufor-RCA).
28
mai 2014 : Tentative déjouée de coup d’Etat en Abkhazie. Moscou
dépêche des médiateurs.
7
juillet 2014 : Décès de l’ancien président Edouard
Chévardnadzé
3
août 2014 : Mandat d’arrêt contre l’ancien président
Saakachvili, accusé d'avoir eu un recours excessif à la force lors
des manifestations de novembre 2007 contre son pouvoir. Les partisans
de l'ex-président dénoncent une décision politique.
5
novembre 2014 : Démissions en cascade au sein du gouvernement
géorgien consécutives au
limogeage du ministre
pro-occidental de la Défense, Iracli
Alassania, chef du Parti
des démocrates libres.
24
novembre 2014 : Le président russe
Vladimir Poutine
signe, à Sotchi, avec le président de l’Abkhazie, Raoul
Khadjimba, un accord
stratégique. Pour Tbilissi, cette signature est un nouveau pas vers
l’annexion d’une partie de son territoire.
5
février 2015 : Les ministres de la Défense
des vingt-huit pays de l'Otan décident d'installer une « présence
permanente » alliée en Géorgie. Situé à Vaziani, à
25 kilomètres de Tbilissi, ce centre d'entraînement conjoint est destiné
tant aux pays de l'Otan qu'aux pays « partenaires ».
Après la sombre année 2008 qui a vu à la fois le conflit déclenché
en Ossétie du Sud, l’indépendance proclamée et soutenue par la
Russie de ce dernier territoire et de l’Abkhazie, et, enfin, les effets
de la crise financière mondiale, la Géorgie, soutenue par les
institutions internationales, s’est bien relevée en diversifiant
son économie et en faisant reculer le chômage, même si ce
rétablissement demeure fragile. La situation politique reste plus
incertaine. Avec la fin de l’ère Saakachvili (l’ancien
président en exil aux Etats-Unis, récemment transformé en
conseiller du gouvernement ukrainien issu de l’émeute de Maïdan), le pays est entré dans une période nouvelle, marquée par les
poursuites judiciaires engagées contre l’intéressé et ses
proches. Les nouveaux maîtres de Tbilissi annoncent vouloir
concilier le rapprochement avec l’Europe et le maintien de bonnes
relations avec Moscou, mais les projets d’adhésion à l’OTAN qui
furent un temps imaginés se sont éloignés et l’évolution de la
région caucasienne semble conditionnée par les développements,
difficiles à prévoir, de la crise ukrainienne.