Souvent méconnue en Occident, la petite péninsule qui s’avance vers le sud au Nord-Est de l’immense Chine a dû longtemps compter avec le poids de l’empire du Milieu avant de subir les effets de la domination japonaise. Très marquée culturellement par son puissant voisin, la Corée n’en a pas moins affirmé une existence politique au moins aussi ancienne que celle du Japon mais il a fallu l’occupation étrangère pour qu’émerge une véritable conscience identitaire durement éprouvée par la division que subit le pays depuis plus d’un demi-siècle. Les succès économiques spectaculaires du « dragon » sud-coréen contrastent avec l’autisme politique et idéologique qui caractérise la Corée du Nord demeurée, au début du XXIe siècle, un État fossile témoignant de la « belle époque » du défunt stalinisme. La complexité de la géopolitique est-asiatique ne rend guère probable une réunification rapide, à laquelle aucun des grands acteurs régionaux ne semble avoir intérêt, mais l’avenir dira si, au-delà de l’intégration économique progressive et apparemment inéluctable du nouvel Extrême-Orient, la réalité coréenne pourra s’exprimer de nouveau de manière autonome sur le terrain politique, dans l’espace bien étroit que lui laisseront les deux géants chinois et japonais.
Une péninsule de l’Asie du Nord-Est, entre Chine et Japon
La péninsule coréenne et les îles qui lui sont associées s’étendent sur 1 000 km du nord au sud, entre 33° et 43°de latitude nord. Sa plus grande largeur est de 360 km et sa partie la plus étroite ne dépasse pas 216 km. Elle est éloignée de 206 km des côtes japonaises les plus proches et de 190 km de la péninsule chinoise du Shandong. Elle est séparée au nord de la Mandchourie chinoise et de la Russie par les cours des fleuves Yalou et Toumen. La superficie totale de la péninsule est de 219 800 km2, ce qui équivaut à peu près à celle de la Grande-Bretagne. La République populaire et démocratique de Corée du Nord, séparée de sa voisine du Sud par le 38e parallèle, présente une superficie de 120 540 km2 et la République de Corée, qui occupe la partie méridionale de la péninsule, une superficie de 99 260 km2, comparable à celle de l’Islande ou du Portugal. Les reliefs montagneux occupent 70 % du territoire coréen. Les sommets les plus élevés se trouvent dans le nord du pays, notamment le Paektusan qui s’élève à 2 744 m et constitue le point culminant du territoire coréen. Les paysages de collines et de plaines s’imposent progressivement au fur et à mesure que l’on se déplace vers le sud-ouest. La chaîne de Nangnim s’étend de la frontière chinoise au golfe de Corée orientale et c’est ensuite la chaîne T’aebaek – « les grandes montagnes blanches » – qui longe le littoral oriental de la péninsule. Au nord, le plateau de Kaema s’étend entre le Toumen et le cours supérieur du Yalou et s’élève à une altitude moyenne supérieure à 1 000 m. À la différence du voisin nippon, la Corée ne connaît pas d’activité volcanique mais le Paektusan est un volcan éteint célèbre pour son superbe lac de cratère (le Chongji ou « Lac céleste ») et il en va de même – dans l’île de Cheju Do (ou île de Quelpaert), au large de la pointe sud-est de la péninsule – pour le Hallasan qui est avec ses 1 950 m d’altitude le point culminant de la Corée du Sud. Peu étendues, les plaines alluviales s’ouvrent surtout sur la façade littorale occidentale. Les côtes s’étirent sur 8 700 km, auxquels viennent s’ajouter 6 500 km correspondant aux rivages des nombreuses îles. Alors que le littoral oriental apparaît très régulier, ceux de la mer Jaune et du détroit de Corée sont très découpés et de nombreuses baies et rias font que la mer pénètre profondément à l’intérieur des terres. Six fleuves ont un cours d’une longueur supérieure à 400 km. Les principaux fleuves sont le Yalou, qui marque la frontière avec la Chine ; le Naktong, qui vient se jeter dans la mer au sud, à hauteur de Pusan ; le Toumen, qui marque au nord-est, sur son cours inférieur, la frontière avec la Russie ; le Han, qui passe à Séoul avant d’aller se jeter dans la mer Jaune le Taedong, qui permet d’accéder de la mer à Pyongyang et, enfin, le Kum, dont l’embouchure est au sud de la péninsule, à l’est de Kwangju. Ces fleuves sont irréguliers et leurs crues qui, consécutives à l’arrivée de la mousson humide, peuvent se transformer en de dangereuses inondations. Les mers bordières de la Corée présentent un fort contraste. À l’ouest, la mer Jaune est peu profonde et soumise à l’action du Kouro Shivo, courant chaud en provenance des Philippines alors que, sur la côte orientale, les fonds sont beaucoup plus importants et que la rencontre du Kouro Shivo et des eaux froides apportées par le courant venant de la mer d’Okhotsk crée des conditions favorables à la pêche. À l’extrême nord de cette côte orientale, le port de Unngi, proche de la frontière russe et de Vladivostok, est régulièrement pris par les glaces durant l’hiver. La Corée présente un climat continental caractérisé par de très fortes amplitudes thermiques (le fleuve Han gèle à Séoul durant l’hiver et la température peut y être torride l’été) mais ce climat subit aussi les effets de la mousson froide et sèche durant l’hiver – avec des moyennes de température de près de – 10 °C à la frontière chinoise en janvier, contre 2 °C à Pusan, au sud de la péninsule –. L’été est très pluvieux, notamment en juillet-août du fait de la mousson humide, et la température s’élève partout à 25 °C. Ne bénéficiant que de surfaces agricoles limitées, la péninsule coréenne dispose en revanche de ressources minières non négligeables, notamment en charbon et en fer, auxquelles il faut ajouter des métaux rares tels que le tungstène et le molybdène. Le pays produisit également jadis d’importantes quantités de cuivre et d’or ainsi que du kaolin et de l’argile, si précieux pour l’industrie céramique locale.
Synthèse dynamique des approches géographique et historique, l’analyse géopolitique permet d’éclairer dans une large mesure l’histoire de la Corée et d’en dégager quelques lignes de force dont la permanence peut apparaître surprenante. La Corée a vécu la majeure partie de son histoire bloquée entre les deux puissants Empires chinois et japonais, puis a dû compter à partir de la seconde moitié du XIXe siècle avec l’irruption de la Russie installée à Vladivostok avant que 1945 n’introduise dans la région l’écrasante puissance américaine. Ce qui place le pays dans une situation des plus originales mais sans doute aussi des moins confortables, au point de contact des intérêts et des ambitions de quatre puissances majeures. Dans sa Géopolitique de l’Extrême-Orient, François Joyaux a dégagé de manière lumineuse les constantes qui structurent la longue histoire du pays : « Durant de très longues périodes, la Corée fut souvent divisée et ses divisions ont toujours donné lieu à des jeux assez complexes d’alliances et de contre-alliances entre États coréens et empires voisins ; ce fut particulièrement net pendant la période des trois royaumes de Koguryo au nord, Paekche et Silla au sud – où Paekche s’allie au Japon contre Silla et ce dernier à Koguryo ; puis Paekche à Silla contre Koguryo ; puis Silla à la Chine contre Paekche et Koguryo. Ce jeu cesse avec la dynastie de Koryo qui refit l’unité du Xe au XIVe siècle, de même avec celle des Yi (XIVe-XXe siècles). Durant cette longue phase de plus grande unité, la Corée territorialement diminuée fut étroitement liée à la Chine par un système de vassalité qui lui permit de résister aux invasions japonaises de la fin du XVIe siècle. La leçon de cette histoire est double. Dans les périodes de division, les Coréens fondent leur sécurité sur des systèmes d’alliance ; dans les périodes d’unité, la Corée se sent assez bien protégée du Japon par la mer et s’assure du côté de la Chine par une vassalité scrupuleusement respectée. Cette politique s’est avérée relativement efficace tant que la Chine a été suffisamment forte pour protéger la Corée. Sa faiblesse extrême à la fin du XIXe et au début du XXe a finalement permis au Japon d’annexer la Corée en 1910, en enrayant dans le même temps la pression russe dans la région… » La guerre froide ne simplifie et ne bloque qu’en apparence la situation. Le Nord a dû tenir compte du conflit sino-soviétique dans ses relations avec Pékin et Moscou. Étroitement allié à Washington, le Sud pensait ainsi de prémunir des ambitions japonaises et se rapproche désormais de Pékin pour parfaire l’isolement de Pyongyang alors que Tokyo est tenté par le dialogue direct avec la Corée du Nord. Il faut ajouter aux constantes géopolitiques qui caractérisent la situation coréenne le rappel que cet État, à une époque ancienne, s’étendit au nord bien au-delà de ses frontières actuelles, sur une partie de la Mandchourie et de l’actuelle Sibérie russe, de quoi réveiller certaines nostalgies dans une Corée éventuellement réunifiée… Le tout se compliquant actuellement de la présence d’importantes minorités d’origine coréenne dans les régions concernées. État inspiré du modèle chinois et replié sur lui-même jusqu’au XIXe siècle – l’appellation de « royaume ermite » donnée par les Occidentaux est en elle-même très révélatrice –, la Corée apparaît initialement comme un État clairement continental, caractère que confirme aujourd’hui la Corée du Nord, dont le territoire correspond à l’implantation des commanderies chinoises contemporaines des Han, entre le Ier siècle avant J.-C. et le IIIe siècle après J.-C. Dès cette époque la frontière méridionale de la Corée « chinoise » avec les royaumes du Sud correspond, à peu de choses près, à notre actuel 38e parallèle. La fermeture à l’extérieur et la volonté d’autarcie du Nord, ultime vestige aujourd’hui du bloc communiste continental soviéto-chinois révèlent aussi de troublantes continuités. Le Sud correspond aux territoires des anciens royaumes de Paekche (capitale : Kwangju) et de Silla (capitale : Kyongju) ; il fut aussi profondément sinisé, ce qui diffère de la situation du Vietnam où le Sud, correspondant au royaume indianisé de Champa, demeura toujours à l’écart de cette influence. L’ouverture tardive et l’annexion par Tokyo bloquèrent durablement les perspectives d’évolution du pays et seule l’occupation américaine permit l’ouverture du Sud sur l’extérieur, au point d’en faire un État de type « maritime » orienté vers le commerce extérieur et inséré dans les grands flux d’échanges mondiaux. François Joyaux a ainsi pu remarquer que «… par bien des points, l’évolution du Sud face au Nord a été similaire à celle de Taïwan face au continent : ce sont, à Séoul et à Taipeh, les régimes nationalistes anticommunistes qui ont réussi à s’internationaliser tandis que les régimes communistes a priori “internationalistes” se sont avérés incapables d’une telle ouverture ou ne l’ont pas voulue… ».
Des origines au royaume de Koryo
Il existe un mythe fondateur de l’histoire coréenne. Selon la tradition, Hwan-ung, le fils du dieu du Ciel, serait descendu sur terre en 2333 avant J.-C. et se serait uni à une ourse métamorphosée en femme. De cette union naquit le premier Coréen, un garçon appelé Tan-gun, c’est-à-dire « le prince du santal » ou, pour certains, « le prince du bouleau ». Plus de quarante siècles plus tard, l’événement est commémoré par une fête nationale baptisée « fête de l’ouverture du Ciel ». C’est sur le mont Paektusan que ce serait produite l’intervention divine. Tan-gun, fondateur de l’État mythique de Choson, fut l’objet d’un culte officiel dès l’époque des Trois Royaumes ; cette légende occupe une place de premier plan dans la conscience nationale coréenne, au point que, face à la Chine, les deux États coréens revendiquent une complète souveraineté sur cette montagne sacrée, située aujourd’hui sur la frontière sino-coréenne mais perçue comme le centre naturel de la Corée historique, celle du royaume de Koguryo qui s’étendait largement en Mandchourie où vit aujourd’hui une nombreuse population d’origine coréenne…
Si l’on demeure sceptique vis-à-vis de la tradition légendaire, l’archéologie préhistorique peut nous fournir quelques informations à propos des périodes obscures du plus lointain passé de la région. Une quarantaine de sites paléolithiques ont été identifiés sur la péninsule, à une époque relativement récente du fait des aléas de l’histoire contemporaine de la Corée. Des objets correspondant à des outillages acheuléens et levalloisiens signalent l’existence de groupes de chasseurs à des époques très reculées mais c’est surtout le Paléolithique supérieur (à partir de 40 000 avant J.-C.) qui est le mieux identifié, grâce à l’étude d’habitats en grottes ou de gravures rupestres animalières caractéristiques de cette période dans l’ensemble de l’Eurasie. Identifié par l’existence d’un outillage microlithique, le Mésolithique ou Épipaléolithique coréen demeure très peu connu. Ce sont des populations nouvelles venues de Sibérie à travers la Mandchourie ou depuis l’actuelle région de Vladivostok qui apportent la révolution néolithique. Sépultures, amas de coquillages et restes d’habitations témoignent de l’existence de sociétés qui ignorent encore l’agriculture, vivent de la chasse et de la pêche mais connaissent la céramique à partir de - 6 000. Une agriculture primitive apparaît ensuite et c’est à partir de - 2000 que semble débuter la culture du riz. Les premières poteries décorées semblent révéler une certaine parenté avec la céramique Jomon japonaise, très ancienne puisque datée de - 10 000. Introduite depuis la Sibérie, la poterie peignée se répand également. Des populations nouvelles venues de Mandchourie et porteuses de la métallurgie du bronze arrivent à leur tour à partir du Xe siècle avant J.-C. Nomades et guerrières, elles imposent un modèle de société hiérarchisée aux communautés d’agriculteurs dont l’organisation sociale était plus égalitaire. Étendu de 1000 à 300 avant J.-C., l’âge du bronze voit aussi la construction d’imposants dolmens dont plusieurs milliers ont été recensés en Corée. C’est à partir du IIe siècle que commence en Corée l’âge du fer, étant entendu que le nouveau métal coexiste longtemps avec le bronze. L’utilisation du fer permet une amélioration de la production agricole et de l’armement. L’âge du fer s’étend jusqu’au IIe siècle après J.-C. et l’exploitation des mines coréennes permet de penser que le fer fut introduit au Japon, tout comme le bronze avant lui à partir de la péninsule.
Les annales chinoises mentionnent la Corée sous le nom de Chaoxian, ce qui, prononcé en coréen, se dit Choson ou « pays du Matin calme » – plus exactement « du Matin frais » même si c’est la première traduction qui a été retenue par l’usage –.
C’est vers le IVe siècle avant J.-C. qu’une première Corée se constitue dans la vaste région qui s’étend entre le fleuve Liao en Mandchourie et le fleuve Taedong qui coule dans la plaine de Pyongyang. Elle est le fait d’un peuple utilisant le cheval et des armes de bronze, de tradition nomade mais commençant à se sédentariser sous l’influence de la civilisation de la Chine voisine.
190 avant J.-C. : Le Chinois Wei Man qui, chassé par les Han, avait pourtant été accueilli par Chun, le roi du Choson, s’empare du trône et installe une capitale à Wanggom, près de l’actuelle Pyongyang.
108 avant J.-C. : Les Chinois détruisent le royaume de Wei Man qui s’était allié, et ses successeurs après lui, avec les Hiong-Nou, les nomades des steppes du Nord, les pires ennemis des empereurs Han.
Fin du IIe siècle avant J.-C. – début du IVe siècle après J.-C. : Les Chinois installent des « commanderies » dont la principale – Lolang, dans le bassin du Taedong – fera rayonner durant quatre siècles (de 108 avant J.-C. à 314 après J.-C.) l’influence chinoise dans toute la péninsule.
L’époque du fer voit le développement de principautés au sein desquelles une aristocratie guerrière s’impose. Les principales sont celles de Puyo (en Mandchourie septentrionale, dans le bassin du fleuve Soungari), Koguryo et Okcho dans le nord ; au sud du fleuve Han, apparaissent les États tribaux de Chin, Mahan, Chinhan et Pyonhan.
Vers le Ier siècle après J.-C. (si l’on retient les dates traditionnelles) : Apparition des trois royaumes de Koguryo au nord, de Paekche au sud-ouest et de Silla au sud-est. Cette répartition ne doit pas faire oublier que la Corée de l’époque s’étendait au-delà de la péninsule en direction du nord et atteignait en Mandchourie le bassin du fleuve Liao à l’ouest et celui de la Soungari au nord.
Ier et IIe siècles : La lutte est permanente entre le royaume de Koguryo et la Chine. Le royaume coréen réalise alors une brillante expansion territoriale.
224 : Les Chinois prennent et détruisent la capitale de Koguryo. Elle est de nouveau prise vingt ans plus tard mais une troisième expédition chinoise échoue en 255.
234-285 : Règne du roi Koi dans le royaume de Paekche qui s’est constitué au sud de la péninsule au cours du Ier siècle après J.-C. Il contrôle le bassin du fleuve Han et tient en respect la menace chinoise qui s’exerce à partir du nord.
309 : Le royaume de Koguryo installe sa capitale à Hwandosong, en Mandchourie, pour la protéger davantage des attaques chinoises.
313 : Le roi de Koguryo, Mich’on, s’empare de la commanderie chinoise de Lolang, mettant ainsi fin à quatre cents ans de présence chinoise dans la péninsule.
345 : Les Chinois s’emparent de Hwandosong, la capitale du Koguryo.
346-375 : Règne à Paekche du roi Kunch’ogo, premier roi coréen à être mentionné dans les annales chinoises. Il restaure la monarchie héréditaire et étend son royaume vers le sud.
Après le règne de Kusu (375-384), le nouveau roi de Paekche Ch’imnyu adopte le bouddhisme qui gagne rapidement l’aristocratie.
Milieu du IVe siècle : Formation historique de l’État de Silla, le plus récent des trois royaumes. Contre Paekche, il s’allie à Koguryo.
371 : Paekche attaque Koguryo et s’empare de Pyongyang.
372 : Le royaume de Koguryo adopte le bouddhisme introduit par le moine Sundo, peut-être pour complaire à son allié chinois du moment. Le roi Sosurim établit dans le même temps une académie confucéenne inspirée du modèle chinois pour se doter d’une bureaucratie de lettrés… 384 : Le moine Manalant’a introduit le bouddhisme dans le royaume de Paekche.
396 : Le roi de Koguryo Kwanggaet’o prend sa revanche et s’empare du bassin du fleuve Han.
397 : Paekche s’allie avec le royaume japonais de Wa mais les troupes japonaises qui envahissent le royaume de Silla sont battues par celles de Koguryo.
413-491 : Règne du roi Changsu de Koguryo. Il abandonne l’ancienne capitale de Hwandosong pour en installer une nouvelle à Pyongyang où s’élève le palais d’Anhak.
475 : Malgré l’alliance de Paekche et de Silla, le roi de Koguryo attaque le royaume de Paekche et le roi Kaero est tué. Le bassin du fleuve Han est perdu mais Paekche se redresse sous les rois Tongsong (479-501) et Muryong (501-523).
516 : Le roi Pophung de Silla met en place une véritable administration centrale, organisée en cinq ministères.
532 : Pophung pousse ses conquêtes vers le nord en remontant le cours du fleuve Naktong.
535 : C’est avec un siècle et demi de retard sur ses voisins que le royaume de Silla adopte le bouddhisme. Celui-ci va être un élément important d’unité nationale et de maintien de l’ordre social, ce qui explique la faveur qu’il rencontra auprès des monarques. À la fin du XIVe siècle, avec la dynastie des Yi, il sera cependant supplanté par le confucianisme de la classe des lettrés.
551 : Campagne commune de Paekche et de Silla contre Koguryo mais le roi Chinhung de Silla (540-576) se retourne contre son allié et s’empare de tout le bassin du fleuve Han.
554 : Le roi de Paekche, Song, est battu et tué en luttant contre Silla pour reconquérir les territoires perdus. Paekche va rechercher désormais l’alliance de ses anciens ennemis de Koguryo.
567 : Tout le bassin du fleuve Naktong passe sous le contrôle de Silla dont la puissance s’étend maintenant vers le nord jusqu’à Wonsan, sur la côte de la mer de l’Est.
612 : Les armées chinoises de la nouvelle dynastie Sui sont vaincues à Salsu par Ulji Mundok, l’un des plus grands chefs militaires de l’histoire de la Corée.
618 : Avènement de la nouvelle dynastie chinoise des Tang.
618-642 : Règne du roi Yongnyu de Koguryo. Il est renversé par un chef militaire, Yon’gaesomun, qui dirige le royaume jusqu’à sa mort en 666.
650 : Des contacts sont établis en vue d’une alliance entre Silla et les Tang.
660 : Offensive conjointe de Silla et des Chinois contre Paekche qui est vaincu et disparaît.
661-681 : Règne du roi de Silla Munmu.
667 : Offensive conjointe de Silla et des Tang contre Koguryo où la mort de Yon’gaesomun a déchaîné les luttes pour le pouvoir.
668 : Pyongyang est prise et mise à sac. À ce moment, les Chinois entendent imposer leur propre autorité sur la péninsule mais Silla ne peut l’accepter.
671 : Les troupes de Silla reconquièrent l’ancien territoire de Paekche.
676 : Après une série de batailles dans la vallée du fleuve Han, les Chinois sont chassés du pays. Pour la première fois, la péninsule est unifiée mais c’est seulement au sud d’une ligne allant de l’embouchure du Taedong à la baie de Wonsan sur la côte orientale. La Corée pourra s’étendre ensuite jusqu’au Yalou et au Tumen mais toutes les parties de la Corée historique se trouvant au nord des deux fleuves sont définitivement perdues. Cette unification est une étape essentielle dans l’émergence d’un peuple coréen homogène qui, malgré les divisions opposant les différents royaumes, s’est finalement retrouvé uni contre l’envahisseur chinois.
687 : L’État attribue des terres aux fonctionnaires à titre d’émoluments.
698-926 : Un royaume de Parhae (ainsi nommé à partir de 713) fondé par un ancien général de Koguryo s’installe au nord de la Corée et au nord-est de la Chine. Il s’affronte avec les Tang et avec Silla et sera finalement détruit par les nomades Kitans après avoir connu son apogée sous le roi Son (818-830).
736 : Attaques de navires japonais contre Silla. Une guerre navale chronique oppose le royaume à l’archipel nippon, mais un traité d’amitié y met un terme pour un temps en 803. L’indépendance de Silla est solidement assurée et le royaume entretient désormais de bons rapports avec la Chine des Tang vis-à-vis de laquelle il accepte de reconnaître une situation de vassalité de principe.
765-779 : Le règne du roi Hyegong est troublé par de nombreuses révoltes nobiliaires dont la dernière coûte la vie au souverain. C’est son assassin qui règne ensuite sous le nom de Sondok jusqu’en 784. C’est le début du déclin pour Silla affaibli par de continuelles révoltes, elles-mêmes favorisées par les querelles de succession.
788 : Le roi Wonsong crée un système de recrutement sur examen des fonctionnaires inspiré du modèle chinois. Les lettrés confucéens seront les alliés naturels de la monarchie contre une noblesse souvent rebelle.
IXe siècle : Le géographe arabe Ibn Khordad bey (et Masudi au siècle suivant) signale l’existence d’un pays d’Al-Sila dont les navires font du commerce sur les côtes chinoises. C’est la première mention, dans le monde de l’Orient méditerranéen, d’un royaume coréen.
918 : Un chef de guerre, Wang Kon, fonde la nouvelle lignée de Koryo et prend le nom de T’aejo – « premier souverain d’une dynastie nouvelle ». En 919, il choisit Kaesong comme capitale.
927-935 : Règne de Kyongsun, le dernier roi de Silla.
935 : Kyongsun vient se soumettre à T’aejo qui lui donne sa fille en mariage. La transmission du pouvoir de la dynastie de Silla à celle de Koryo se réalise donc en douceur.
936 : Les dernières résistances sont vaincues dans l’ancien royaume de Paekche. La nouvelle dynastie s’installe pour plus de quatre siècles. Forme abrégée de Koguryo, le nom de Koryo fait référence au premier des trois royaumes et implique la revendication des territoires du Nord qu’il contrôlait ; cependant la dynastie fondée par Wang Kon doit compter avec les Kitans qui dominent désormais ces régions.
943-945 : Règne de Hyejong, fils aîné et successeur de T’aejo, suivi de celui de son demi-frère Chongjong (945-949). Ils ne peuvent pas mettre en œuvre les dix injonctions léguées par le fondateur de la dynastie, attaché à la fois au bouddhisme et à la tradition confucéenne et favorable à un « gouvernement bienveillant et vertueux ».
949-975 : Règne de Kwangjong. Il établit le pouvoir central, réforme le système des examens et affranchit les esclaves pour affaiblir la noblesse.
975-982 : Règne de Kyongjong qui promulgue en 976 un édit relatif à l’attribution des revenus des terres aux fonctionnaires. C’est une période d’affaiblissement temporaire du pouvoir royal.
982-997 : Règne de Songjong qui s’appuie sur les lettrés confucianistes et se préoccupe de l’administration locale. Son règne est marqué par la poursuite de la centralisation, le développement toujours plus important de l’influence chinoise et l’intégration de fait à la bureaucratie d’État inspirée du modèle chinois des couches dominantes traditionnelles.
996 : Frappe des premières pièces de monnaie.
1010-1031 : Règne du roi Hyonjong. Il est marqué par le développement des rivalités entre la nouvelle aristocratie des lettrés et les militaires.
1146-1170 : Règne du roi Uijong, qui s’adonne à la débauche et avant d’être déposé par les militaires.
1170-1197 : Règne de Myongjong, frère cadet du précédent, mis en place par les militaires qui font assassiner Uijong en 1173, dans l’île où il était exilé. Ces événements marquent le début d’une période de dictature militaire, les rois n’étant que des fantoches contrôlés par les généraux, avec le soutien du peuple des campagnes d’où étaient généralement issus les soldats. C’est un clan militaire, le clan Ch’oe, qui gouverne ainsi de fait le pays pendant une soixantaine d’années. La monarchie demeure mais ce sont les « maires du palais » Ch’oe, principalement Ch’oe Ch’ung-hon, qui exercent la réalité du pouvoir.
1215 : Les Coréens aident les Mongols contre leurs ennemis communs Kitans.
1218 : La Corée est contrainte de faire allégeance aux Mongols mais la lourdeur des tributs exigés est insupportable.
1231 : Le grand khan Ogodeï, successeur de Gengis khan, lance l’invasion de la Corée. Les massacres et la dévastation méthodique du royaume obligent le roi de Koryo Kojong à capituler. 72 garnisons mongoles sont installées dans le pays mis en coupe réglée par les vainqueurs alors que le roi doit reconnaître la suzeraineté mongole. Le roi et la Cour se replient dans l’île de Kanghwado, ce qui est interprété comme une rébellion par les Mongols qui reviendront ravager à trois reprises le pays (en 1232, 1235 et 1254).
1254 : Les Mongols déportent deux cent mille Coréens. Les massacres et les destructions sont d’une ampleur sans précédent, des villages entiers sont rayés de la carte.
1258 : L’assassinat de Ch’oe Ui permet au roi Kojong de retrouver son autorité.
1259-1274 : Règne de Wonjong. L’avènement de Kubilai à Pékin stabilise les relations avec la Corée car Wonjong, qui était otage à la cour mongole, le connaît bien.
1263 : Le roi coréen se rend à la cour mongole de Pékin.
1270 : Les terres situées au nord du Taedong sont transformées en colonie mongole jusqu’en 1290.
Octobre-novembre 1274 : Des contingents coréens participent à la première tentative mongole d’invasion du Japon qui se conclut sur un échec.
1275 : Avènement de Ch’ungyolwang qui se reconnaît vassal du souverain mongol (devenu désormais l’empereur chinois de la dynastie Yuan).
1280 : Un bureau de conquête de l’Est est installé dans la capitale coréenne, théoriquement pour préparer l’invasion du Japon, en réalité pour accentuer le contrôle mongol sur la Corée (il durera jusqu’en 1365). Cinq quartiers généraux de régions sont également créés par les occupants. Les mariages des princes coréens avec les princesses mongoles renforcent encore la dépendance du royaume vis-à-vis de la grande puissance du moment.
Août 1281 : Un typhon disperse une nouvelle fois la flotte mongole et fait échouer une nouvelle expédition contre le Japon. Les Mongols renoncent à s’emparer de l’archipel.
1308-1313 : Règne de Ch’ungsonwang.
1313-1339 : Règne de son fils Ch’unksukwang, écarté du pouvoir par les Mongols de 1330 à 1332 en raison de ses débauches. Ch’unghyewang règne ensuite jusqu’en 1344 mais ne vaut guère mieux et c’est l’empereur mongol qui se charge d’en débarrasser le pays. Un enfant de 8 ans lui succède pour quatre ans.
1351-1374 : L’empereur Yuan place sur le trône de Corée Kongminwang, qui régnera jusqu’en 1374.
1356 : Les rebelles chinois qui allaient fonder la dynastie Ming s’emparent de Nankin.
1357 : Le roi Kongmin commence à se débarrasser de la tutelle mongole.
1360 : La Corée doit repousser une invasion des rebelles chinois dits « Turbans rouges ».
1368 : Disparition de la dynastie Yuan. Fondation de la dynastie des Ming.
1370 : Kongmin se reconnaît vassal de la nouvelle dynastie Ming.
1374 : Un fort parti promongol (du fait des nombreux mariages réalisés dans le passé) demeure à la cour coréenne et Kongmin est assassiné.
1374-1388 : Règne de Uwang qui n’a que 10 ans lors de son avènement, non reconnu par les Ming.
1384 : Normalisation, contre un fort tribut, des relations avec les Ming.
1388 : Le général Yi Song-gye dépose le roi Uwang, le remplace par Ch’ang, âgé de 9 ans, et exerce la réalité du pouvoir. Il mène victorieusement la lutte contre la piraterie japonaise jusque dans l’île de Tsoushima en 1389.
1389-1392 : Règne du roi Kongyang. Yi Song-gye est de fait le maître absolu du pays. Il rétablit de bonnes relations avec les Ming et réalise une importante réforme agraire. En 1392, il dépose le roi Kongyang, l’exile et le fait tuer.
La Corée sous la domination japonaise
Si le traité d’annexion de 1910 faisait de la Corée une partie intégrante de l’Empire japonais, la péninsule va être soumise de fait à un régime colonial impitoyable qui trouve ses racines dans un passé lointain puisque les premiers documents historiques japonais, contemporains du VIIIe siècle, manifestent le plus grand mépris pour des voisins considérés comme des « barbares ». Historien de la Corée, André Fabre (Histoire de la Corée, Éditions de l’Asiathèque) constate donc « qu’une fois totalement maîtres de la Corée, les Japonais firent tous les efforts nécessaires pour l’exploiter au maximum, la priver de son âme et en faire une loyale province d’outre-mer de Sa Majesté l’Empereur du Japon ».
1910 : Le Gouvernement général japonais crée un bureau du cadastre qui va contribuer de fait à la mise en œuvre de l’expropriation des terres coréennes. Le processus est confirmé en 1912 quand une loi demande aux propriétaires de faire la preuve de leurs droits dans un délai limité, ce qui va fournir aux Japonais l’opportunité de nombreuses confiscations foncières. La construction de voies ferrées ou la désignation de certaines zones comme « terrains militaires » ne feront qu’aggraver encore les effets de cette politique. Au début des années 1930, les autorités japonaises se seront ainsi approprié 40 % des terres coréennes. Cette politique vise à augmenter la production de riz destinée à l’exportation vers l’archipel nippon (qui correspond à la moitié de la récolte coréenne au cours des vingt ans qui suivent l’annexion). Les expropriations réalisées poussent les paysans coréens à l’exode rural ou à l’émigration vers la Mandchourie ou la Sibérie, parfois vers le Japon où leur situation de travailleurs immigrés n’est guère brillante. Dans le domaine industriel, la part des capitaux investis par les Japonais est en 1929 dix fois plus importante que celle fournie par les Coréens. De manière générale, l’occupation japonaise correspond à un appauvrissement de la population coréenne, aussi bien à la campagne qu’en ville, même si le pays voit se développer de nouvelles activités. Dans le système mis en place par les occupants, la Corée est appelée à fournir du riz ou des matières premières telles que la laine et le coton dont la production et la culture sont introduites par les occupants pour limiter, crise des années trente oblige, le coût des importations en provenance de pays tiers. Dans le même temps, le faible coût de la main-d’œuvre coréenne encourage les entrepreneurs nippons à s’installer dans la péninsule, ce qui contribue à son décollage industriel, même si les habitants n’en profitent guère.
1911 : Toutes les forêts coréennes passent sous le contrôle du gouvernement général japonais qui entreprend une politique de déboisement massif en vue d’augmenter la surface agricole.
1912 : Les autorités japonaises prennent le contrôle des pêcheries coréennes et les pêcheurs nippons peuvent désormais exploiter les eaux coréennes, au détriment de leurs homologues locaux.
1er mars 1919 : À la veille des obsèques du dernier souverain coréen Kojong, prévues pour le 3 mars, les représentants des diverses communautés religieuses réunis à Séoul proclament l’indépendance du pays et organisent une manifestation dans la capitale. Ce mouvement était l’aboutissement de la fermentation politique et intellectuelle qui – au moment où se réunissait à Paris la Conférence de la Paix qui devait mettre un terme à la Première Guerre mondiale et bâtir un nouvel ordre international – engendrait en Corée comme partout dans le monde les revendications d’indépendance de nombreuses nationalités opprimées à des titres divers (la naissance de la Tchécoslovaquie, des Républiques baltes ou de la Yougoslavie allaient en ce sens, tout comme la résurrection de la Pologne, mais le sort réservé aux revendications arabes en Syrie ou en Égypte, aux demandes indiennes ou aux attentes exprimées dans le Caucase ou le Turkestan russe ne pouvait laisser que peu d’espoir aux patriotes coréens dont le leader, Syngman Rhee, réfugié aux États-Unis, n’avait même pas obtenu un visa lui permettant de se rendre à la Conférence de la Paix. La manifestation du 1er mars se voulait non violente mais la trentaine de signataires de la déclaration d’indépendance furent immédiatement arrêtés sur ordre des autorités japonaises. Celles-ci ne purent empêcher cependant la manifestation prévue et le succès rencontré par celle-ci fit que des actions analogues se multiplièrent à travers tout le pays, témoignant de la volonté du peuple coréen de retrouver son indépendance. Pris de court, les Japonais réagissent cependant avec la plus grande violence. L’armée intervient aux côtés de la police et de la gendarmerie pour briser le mouvement et la répression fit plus de sept mille tués auxquels il faut ajouter de nombreux blessés et près de cinquante mille arrestations. Parmi les victimes une jeune fille de 16 ans, Yu Kwan-Sun, meurt en prison sous la torture et symbolise ce mouvement de résistance nationale de mars 1919, analogue au mouvement chinois du 4 mai, qui ne rencontre guère d’écho à l’extérieur, où les puissances qui viennent de sortir victorieuses du conflit mondial ne souhaitent pas embarrasser le Japon, qu’elles cherchent au même moment à écarter de Chine tout en limitant ses ambitions navales (conférences de Washington de 1921-1922).
21 mars 1919 : Un Conseil national coréen formé à Vladivostok le 17 mars constitue un gouvernement provisoire. Un autre gouvernement provisoire de la République de Corée est créé à Shanghai le 11 avril ; un troisième, éphémère, voit le jour à Séoul le 21 avril. De ces trois gouvernements, c’est celui de Shanghai qui va réussir à s’imposer et à incarner la résistance nationale coréenne à l’occupation japonaise. Son président est Syngman Rhee qui veut instaurer un régime républicain et n’entend pas œuvrer à la restauration de la dynastie des Yi. Ce n’est qu’après 1937 et l’attaque japonaise contre la Chine qu’il commence à être sérieusement considéré sur le plan international. Il suit alors le gouvernement nationaliste chinois replié à Tchong King dans le Sichuan en raison de l’invasion nippone puis déclare la guerre au Japon après l’attaque de Pearl Harbour en décembre 1941. Cette attitude ne pouvait que lui valoir le soutien de Washington et c’est ce gouvernement de Shanghai qui s’installera dans la zone d’occupation américaine de Corée le 23 novembre 1945.
1920 : Venus de Mandchourie voisine – qui fait pour eux office de sanctuaire dans la mesure où près d’un million de Coréens y ont émigré –, des combattants coréens sont encore en mesure de monter coups de main et embuscades et d’infliger des pertes sensibles aux unités japonaises. Les Japonais répliquent par des représailles aveugles contre les populations civiles, ce qui limite les possibilités d’action des combattants coréens.
1921 : Création de la Société d’étude de la langue coréenne qui va contribuer à la résistance culturelle à l’occupation nippone.
1924 : Création de l’Université impériale de Séoul. Cette mesure aux effets limités (le nombre des étudiants coréens ne doit pas dépasser un tiers des effectifs) s’inscrit dans une volonté du Japon de desserrer quelque peu sa mainmise sur la Corée afin de la faire mieux accepter par les habitants du pays. Les fonctionnaires japonais sont désormais habillés en civil et l’on s’efforce de rendre plus discrète l’armée d’occupation. Quelques postes sont offerts à des Coréens dans l’administration et la publication de journaux quotidiens en langue coréenne est autorisée. L’essor que connaît alors la littérature nationale contribue à l’affirmation de l’identité coréenne.
1925 : Création à Séoul d’un parti communiste coréen. Dès 1918 des Coréens exilés en Sibérie ont pris contact avec les bolcheviks et ont participé à la lutte contre les Blancs et les Japonais. Les communistes coréens organiseront quelques coups de main contre la police dans le Nord du pays.
1925 : Les Japonais s’entendent avec le « seigneur de la guerre » chinois Tchang tso Lin, qui contrôle alors la Mandchourie, et obtiennent de lui qu’il leur livre de nombreux combattants coréens. Les possibilités de la résistance antijaponaise s’en trouvent considérablement limitées et la mainmise nippone sur la Mandchourie à partir de 1931 permet à l’occupant de sécuriser sa conquête.
Août 1928 : L’arrestation de la plupart des dirigeants communistes coréens limite considérablement les possibilités d’action du parti.
Novembre 1929 : Émeute de Kwangju. Une bagarre entre étudiants japonais et coréens déclenche une période d’agitation qui mobilise des dizaines de milliers de jeunes Coréens contre l’annexion du pays, ce qui confirme la persistance d’un puissant sentiment national.
1931 : Incident de Manchourie. Le Japon s’engage dans la constitution de l’empire du Mandchoukouo confié à Pou Yi, le dernier empereur mandchou de Chine renversé par la révolution de 1912.
1932 : Tentative d’attentat perpétrée par un patriote coréen contre l’empereur du Japon. La même année, un autre lance une bombe dans un parc de Shanghai, tue le général japonais Shirakawa et blesse l’amiral Nomura.
1936 : Une ordonnance ouvre la voie de la répression policière des délits d’opinion, baptisés « crimes idéologiques ».
1937 : Le Japon attaque la Chine. La Corée devient une base arrière importante pour la campagne engagée par les Japonais en Chine et son activité industrielle change de nature, passant de l’industrie agroalimentaire ou de transformation à l’industrie lourde nécessaire à l’effort de guerre nippon. La population ouvrière coréenne connaît ainsi un développement rapide pour représenter deux millions d’actifs en 1945 à l’issue du second conflit mondial. L’attaque contre la Chine conduit également l’occupant à renoncer à toute posture libérale vis-à-vis de la population coréenne. Le seul mot d’ordre désormais admis affirme l’unité sans faille de la Corée et du Japon. Le japonais devient langue obligatoire et les publications en langue coréenne sont interdites. L’assistance aux rites shinto devient bientôt elle aussi obligatoire et les chrétiens qui s’y refusent sont emprisonnés.
1937 : Staline déporte vers l’Asie centrale les Coréens de Sakhaline et de l’Extrême-Orient soviétique.
1938 : Le durcissement de la domination japonaise fait que la Corée compte alors près de quarante mille détenus politiques. De nombreux opposants se recrutent parmi les deux cent mille chrétiens que compte alors le pays.
1938 : Les divers groupes de partisans coréens qui ont lutté depuis une vingtaine d’années contre le Japon se rassemblent en une « armée de la restauration » qui se met au service du gouvernement provisoire coréen établi en Chine. Cette force se battra aux côtés des Chinois et certaines unités seront engagées aux côtés des Britanniques en Birmanie.
1939 : Les autorités japonaises imposent aux Coréens un Service du travail obligatoire qui concernera plus de quatre millions de personnes en 1945, dont 1 260 000 employées au Japon comme main-d’œuvre non qualifiée.
1941 : L’occupation japonaise s’appuie à cette date sur 60 000 policiers appuyés par 180 000 auxiliaires qui assurent l’encadrement et le contrôle de la population. La situation des Coréens empire, notamment celle des paysans (70 % de la population) qui voient désormais les deux tiers de leurs récoltes de riz exportés vers le Japon. Des emprunts forcés et la collecte des métaux précieux sont opérés sous le couvert de campagnes patriotiques de contributions volontaires à l’effort de guerre en faveur de la Grande Asie orientale.
1943 : Dissolution de la Société pour l’étude de la langue coréenne. L’usage de la langue coréenne est interdit dans la rue et les Coréens sont invités à japoniser leurs noms de famille. Dès 1941, les programmes d’enseignement japonais ont été imposés en Corée. Une Société d’amitié coréo-japonaise apparaît cependant favorable à l’intégration à l’Empire japonais et compte de nombreux adhérents, sincèrement convaincus de la communauté de destin entre les deux pays ou simples opportunistes. De manière générale, la politique d’assimilation forcée mise en œuvre par le Japon se heurte à la résistance passive de la majeure partie de la population.
1943 : Mobilisation des Coréens dans l’armée japonaise. Dans le même temps, des dizaines de milliers de jeunes Coréennes sont arrachées à leurs familles pour servir de « filles de réconfort » dans les maisons de plaisir réservées, dans toute l’Asie occupée, aux militaires japonais.
1er décembre 1943 : À l’issue de la conférence du Caire à laquelle participent les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine de Tchang Kaï-chek, les trois puissances affirment leur volonté de restaurer l’indépendance de la Corée « en temps voulu », une formulation qui allait se révéler porteuse de lourdes incertitudes.
Juillet 1945 : Lors de la conférence de Potsdam, les alliés victorieux réaffirment le principe d’une restauration de l’indépendance de la Corée, qui est approuvé par Staline.
6 et 9 août 1945 : Bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki. Le 8 août, Staline a déclaré la guerre au Japon et l’armée rouge est entrée en Mandchourie. Les forces soviétiques poussent naturellement en direction du nord de la Corée où elles entrent le 12 août et occupent Pyong Yang.
15 août 1945 : Le Japon accepte la capitulation sans conditions exigée de lui par les Américains. Elle est signée le 2 septembre suivant en baie de Tokyo.
8 septembre 1945 : Les Américains débarquent en Corée. Ils ont prévu avec les Soviétiques de diviser temporairement le pays en deux zones séparées par le 38e parallèle, dans lesquelles les uns et les autres recevraient la reddition des troupes japonaises et assureraient le maintien de l’ordre en attendant la mise sur pied d’un gouvernement coréen.
La guerre de 1950-1953 et les deux Corée
La situation politique apparaît des plus confuses dans la péninsule à l’automne de 1945. Au sud, les partisans du gouvernement provisoire installé en Chine attendent son retour mais un Comité pour la préparation de l’indépendance de la Corée dominé par les communistes se met en place et proclame la République populaire de Corée, ce qui constituait un défi lancé au gouvernement provisoire installé à Tchong-King. Le général américain Hodge, qui commande les troupes d’occupation dans la zone sud, ne reconnaît aucun des pouvoirs rivaux.
23 novembre 1945 : Kim Ku et le gouvernement provisoire établi en Chine regagnent la Corée. Dans le même temps, les Soviétiques favorisent l’installation dans leur zone d’occupation d’un Comité populaire de Corée du Nord dirigé par Kim Il-sung. Celui-ci écarte tous les opposants, ce qui entraîne, entre 1945 et 1947, le départ de la zone soviétique vers la zone américaine de huit cent mille Coréens.
Décembre 1945 : Conférence de Moscou. L’URSS, la Grande-Bretagne et les États-Unis s’entendent pour décider de différer l’indépendance coréenne en prévoyant – pour une durée pouvant aller jusqu’à cinq ans – la mise sous tutelle du pays au profit des trois puissances en question et de la Chine.
Janvier-mai 1946 : La commission américano-soviétique chargée de concrétiser les décisions prises à Moscou ne parvient pas à dégager un accord, les Soviétiques exigeant que soient écartés des responsabilités politiques les partis et mouvements coréens hostiles au système de la tutelle (acceptée par le parti communiste coréen sur le conseil de Moscou).
1947 : Après l’échec de nouveaux pourparlers américano-soviétiques, les États-Unis portent la question coréenne devant l’ONU en proposant des élections générales supervisées par l’organisation internationale dans toute la péninsule. L’assemblée générale de l’ONU accepte cette proposition mais l’URSS y oppose son veto.
10 mai 1948 : C’est seulement dans la zone américaine qu’ont lieu les élections en vue de la réunion d’une assemblée constituante.
31 mai : Réunion de l’Assemblée, qui vote la Constitution de la première République coréenne le 12 juillet.
20 juillet 1948 : Élections présidentielles au Sud au suffrage indirect. Syngman Rhee est élu premier président et la République de Corée du Sud est officiellement proclamée le 15 août suivant.
9 septembre 1948 : La République de Corée du Nord est proclamée dans la zone soviétique d’occupation.
Décembre 1948 : L’assemblée générale des Nations unies reconnaît la République de Corée du Sud comme seul gouvernement légal et constitué de la péninsule. Plus de cinquante pays dont les États-Unis reconnaissent ensuite le nouvel État. Celui-ci apparaît bien fragile dans la mesure où la division du pays le prive des ressources en charbon et des équipements industriels lourds principalement regroupés au Nord. La stabilité politique n’est pas garantie. Kim Ku, l’ancien chef du gouvernement provisoire établi en Chine, est assassiné en 1949 et des mutineries éclatent dans l’armée.
Décembre 1948 : Les troupes soviétiques évacuent leur zone d’occupation.
Juin 1949 : Les USA retirent à leur tour leurs troupes de la péninsule.
25 juin 1950 : Début des hostilités entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, malgré l’absence de déclaration de guerre. Les troupes nord-coréennes franchissent le 38e parallèle. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette agression, qui n’a pu être déclenchée sans l’approbation, voire les encouragements de Staline. Celui-ci entend peut-être, bien loin de son glacis est-européen, prendre sa revanche sur l’échec qu’il vient de subir en 1949 à Berlin où le pont aérien américain l’a finalement contraint à lever le blocus de la ville. Il veut peut-être aussi maintenir la prééminence de Moscou sur une Corée du Nord qui pourrait être tentée de se tourner vers la nouvelle grande puissance communiste qui s’est constituée en Chine quelques mois plus tôt. Enfin, Staline est convaincu que les États-Unis – qu’il a trouvés sur sa route en Iran, en Grèce et à Berlin – ne se mêleront pas de l’affaire, le Sud de la péninsule coréenne ne représentant pas pour eux – déjà installés aux Philippines et au Japon – un enjeu majeur. Quelques semaines auparavant, le secrétaire d’État américain Dean Acheson a même déclaré que la Corée du Sud ne faisait pas partie du périmètre défensif américain, pour mieux affirmer apparemment l’intérêt porté par Washington à l’archipel japonais. On peut d’ailleurs penser que les États-Unis, faute d’avoir pu donner jusque-là un coup d’arrêt significatif à l’expansion du bloc communiste, ont cherché à « pousser à la faute » la dictature nord-coréenne, ce que semblerait confirmer l’intention de pousser la reconquête de la péninsule jusqu’au Yalou à l’automne 1950. Ce qui allait naturellement constituer pour la Chine un casus belli et prolonger dangereusement la guerre qui se fût peut-être arrêtée au bout de quelques semaines si les forces des Nations unies s’étaient arrêtées dans leur campagne de libération de la Corée du Sud au 38e parallèle…
27 juin 1950 : Le Conseil de sécurité des Nations unies vote une assistance militaire à la Corée du Sud et désigne la Corée du Nord comme l’agresseur. Les États-Unis et leurs alliés ont pu obtenir ce vote du Conseil dans la mesure où l’URSS – qui entendait protester contre la non-reconnaissance par le Conseil de la République populaire de Chine sortie victorieuse de la guerre civile l’année précédente – boycottait ses travaux et n’a donc pas pu, en cette occasion, faire usage de son droit de veto.
27 juin 1950 : Bénéficiant d’un rapport de forces très favorable, notamment en moyens blindés et aériens, les Nord-Coréens s’emparent de Séoul.
1er juillet 1950 : Les troupes américaines engagées dans la péninsule livrent leur premier combat à Osan, à une centaine de kilomètres au sud de Séoul. Elles doivent se replier et le général américain Dean est même fait prisonnier peu après, lors de la prise de Daejon le 25 juillet. À la fin juillet, les troupes sud-coréennes et celles des Nations unies ne tiennent plus que l’angle sud-est de la péninsule.
10 août 1950 : Les Américains reprennent l’initiative sous les ordres du général Walker et leur supériorité aérienne leur permet de désorganiser les arrières nord-coréens.
15 septembre 1950 : Débarquement d’Inchon, organisé par le général Mac Arthur, dans le dos des troupes nord-coréennes aventurées au sud de la péninsule.
28 septembre 1950 : Prise de Séoul par les forces des Nations unies, qui franchissent le 7 octobre le 38e parallèle et envahissent la Corée du Nord.
19 octobre 1950 : Prise de Pyongyang. Le 26, les forces américaines atteignent la rive méridionale du Yalu. Chongjin, dernier port coréen avant le Toumen qui correspond à la frontière nord-est de la Corée du Nord, est occupé à son tour.
25 octobre 1950 : La IVe Armée chinoise commandée par Lin Piao franchit le Yalu et les « volontaires » chinois reprennent Pyongyang le 4 décembre. Séoul tombe de nouveau le 4 janvier 1951.
15 janvier 1951 : Contre-offensive américaine conduite par le général Ridgway. Elle permet de reprendre Séoul le 14 mars et le front est stabilisé le long du 38e parallèle à la fin mars.
11 avril 1951 : Entrevue de Wake entre Mac Arthur et Truman. Le Président relève de son commandement le vainqueur de la guerre du Pacifique car il refuse de cautionner ses projets d’intervention contre la Chine.
7 juillet 1951 : Sur proposition soviétique, des pourparlers d’armistice sont engagés à Kaesong sur le 38e parallèle.
13 octobre 1952 : Prise du piton de Crève-cœur par le bataillon français de Corée aux ordres du général Monclar.
27 juillet 1953 : Signature de l’armistice de Panmunjom. Une zone démilitarisée, large de quatre kilomètres et longue de 346 km, sépare désormais Corée du Nord et Corée du Sud et la situation demeure inchangée cinquante-deux ans plus tard. L’importance des pertes subies (environ 400 000 tués ou blessés, le double au Nord), les destructions consécutives à la guerre, la séparation de nombreuses familles font que la Corée du Sud est dans un état lamentable à l’issue de trois années de conflit. Le pouvoir politique aux mains de Syngman Rhee n’est pas à la hauteur de la situation. Le président modifie la Constitution dans un sens plébiscitaire en1952 en vue de garantir sa réélection. Il récidive en 1954 pour pouvoir poser sa candidature une troisième fois et ne recule pas devant les fraudes électorales.
1953-1956 : L’aide américaine à la Corée du Sud s’élève – guerre froide oblige – à 1 700 000 000 de dollars mais cet argent est largement gaspillé du fait de la corruption et du clientélisme qui dominent la vie politique. La situation du pays demeure donc, malgré les exigences de la reconstruction, très préoccupante. En 1960, la richesse de la Corée du Sud est équivalente à celle du Ghana…
15 mars 1960 : Les élections à propos desquelles les opposants dénoncent des fraudes massives donnent la victoire au parti libéral de Syngman Rhee. Les manifestations qui suivent sont brutalement réprimées par la police le 19 avril suivant.
25 avril 1960 : De nouvelles manifestations poussent Syngman Rhee à la démission et au départ pour Hawaü où il mourra cinq ans plus tard. Ce départ mettait fin à la première République.
15 juin 1960 : La Constitution est modifiée pour éviter à l’avenir toute dérive dictatoriale. Une nouvelle loi électorale est votée le 23.
15 août 1960 : Prestation de serment du nouveau président de la République Yun Po-sun, qui appartient au parti démocrate.
16 mai 1961 : Putsch militaire réalisé par le général Park Chung-hee qui dénonce l’impuissance du régime et devient le 19 mai chef du Conseil suprême pour la reconstruction nationale.
Décembre 1962 : Une nouvelle Constitution est adoptée par référendum. Elle ouvre la voie à l’installation d’une troisième République.
Octobre 1963 : Park Chung-hee est élu président de la République contre Yun po-sun.
Novembre 1963 : Les élections législatives donnent une écrasante majorité au parti démocrate républicain acquis à Park Chung-hee. C’est sous la direction de ce dernier que la Corée du Sud va réaliser le décollage économique qui va faire d’elle, avec Taiwan, Hong Kong et Singapour, l’un des quatre « dragons » d’Asie orientale.
22 juin 1965 : Traité de normalisation des relations entre Corée et Japon. La péninsule va pouvoir bénéficier des crédits et des investissements japonais. Traité dénoncé par le gouvernement de Pyongyang comme une concession à « l’impérialisme ».
Deux divisions sud-coréennes participent à la guerre du Vietnam aux côtés des forces américaines.
1967 : Réélection de Park Chung-hee qui sera de nouveau réélu en décembre 1972. Il l’emporte alors sur Kim Dae-jung.
4 juillet 1972 : Les deux gouvernements coréens s’engagent à travailler à la réunification pacifique du pays.
Décembre 1972 : Les Coréens approuvent par référendum l’adoption d’une nouvelle Constitution qui inaugure la IVe République. Une conférence nationale pour l’unification désigne le président et le tiers des membres de l’Assemblée nationale, désignation ratifiée par le président.
15 août 1974 : La femme du président est tuée lors d’un attentat dirigé contre son mari, le jour de la fête nationale.
26 octobre 1974 : Park Chung-hee est abattu par le chef des services secrets sud-coréens avec qui il était en conflit. L’assassin sera exécuté sans que ses mobiles aient été clairement établis. Le Premier ministre Choe Kyu-ha devient président par intérim et se voit ensuite confirmé dans sa fonction par la Conférence nationale pour l’unification. La loi martiale est proclamée. Choe Kyu-ha semble cependant vouloir libéraliser le régime et l’on voit apparaître dans la presse étrangère l’expression de « printemps de Séoul » faisant référence au « printemps de Prague » de 1968. L’impuissance à s’entendre des principaux leaders, Kim Dae-jung, l’ancien opposant à Park Chung-hee, et Kim Young-sam, le chef du nouveau parti démocratique, débouche de nouveau sur l’instauration d’un pouvoir militaire.
1976 : Après s’être établi à 8,5 % au cours des deux années précédentes, le taux de croissance coréen atteint 15,2 %, au moment où les économies développées encaissent les effets du premier choc pétrolier.
12 décembre 1979 : En écartant ses éventuels concurrents militaires, le général Chun Doo-hwan s’empare de la réalité du pouvoir. Il sera désigné comme président de la République le 27 août 1980, quelques jours après la démission de Choe Kyu-ha.
21 mai 1981 : Le mécontentement social et les frustrations d’une région qui se considère qu’elle est oubliée par les pouvoirs publics entraînent l’insurrection de la ville de Kwangju. La répression, confiée à l’armée, va faire de 300 à 2 000 morts selon les sources.
9 octobre 1983 : Alors que le président Chun est en visite à Rangoon, des agents nord-coréens font sauter le monument aux morts où il devait déposer une gerbe. Un léger retard lui sauve la vie mais tous les membres du gouvernement coréen qui l’accompagnaient sont tués, ce qui entraîne la rupture des relations diplomatiques entre la Birmanie et la Corée du Nord.
1er novembre 1983 : La chasse soviétique abat un Boeing 747 de la Korean Airlines accusé de violer l’espace aérien soviétique au nord du Japon. Plus de quatre cents personnes périssent, ce qui fournira au président américain Ronald Reagan l’occasion de dénoncer en l’URSS « l’empire du Mal ». La Corée du Sud mesure sa réaction et ne rompt pas tous les ponts avec Moscou.
23 juillet 1985 : Des parlementaires des deux Corée se rencontrent pour évoquer une éventuelle réunification mais cela demeure sans lendemain et, quand la Corée du Nord propose le 30 de participer à l’organisation des Jeux olympiques prévus à Séoul en 1988, cela lui est refusé.
1986 : Le régime nord-coréen dénonce les « Américano-fantoches » de Séoul. La même année, l’Institut d’études stratégiques de Londres souligne que la Corée du Nord dispose de 838 000 soldats, de trois millions de réservistes et de quatre millions de miliciens pour une population de dix-neuf millions d’habitants.
6 mai 1986 : Violentes manifestations d’étudiants à Séoul (deux policiers sont tués) après qu’un de leurs camarades s’est immolé par le feu pour dénoncer le régime du président Chun Doo-hwan. Les manifestants s’inspirent de la révolution philippine qui a triomphé à Manille en mars, quand Corazon Aquino a remplacé le président-dictateur Marcos, contraint à l’exil.
1987 : Visite du président nord-coréen Kim Il-sung à Moscou. Elle est suivie par l’inauguration d’une voie ferrée reliant Pyongyang à l’URSS sans passer par le territoire chinois.
25 février 1988 : C’est le candidat du président sortant, Roh Tae-woo, qui est élu président de la République (au suffrage direct comme le réclamaient les opposants, ce qui marque l’entrée dans la VIe République) contre les deux chefs de l’opposition, Kim Young-sam et Kim Dae-jung qui n’ont pas réussi à s’entendre.
Septembre 1988 : Les XXIVe Jeux olympiques organisés à Séoul sont un succès qui donne à l’opinion mondiale une image très positive de la Corée du Sud, jusque-là très méconnue.
1988 : L’URSS engagée dans la mutation gorbatchévienne divise par deux son aide financière à la Corée du Nord alors qu’en 1989 les importations en provenance de Corée du Sud augmentent de 86 % et sont multipliées par deux et demi en 1990.
23 avril 1990 : Les « élections » qui ont lieu en Corée du Nord donnent 100 % de suffrages à Kim Il-sung, pour une participation de 99,78 %…15 août 1990 : Violentes manifestations à Séoul pour le quinzième anniversaire de l’indépendance.
4 septembre 1990 : Visite officielle du Premier ministre nord-coréen à Séoul, pour la première fois depuis quarante ans.
30 septembre 1990 : La Corée du Sud établit des relations diplomatiques avec l’URSS et l’année 1991 voit la rencontre du président coréen et de Mikhaïl Gorbatchev.
22 mai 1991 : Le Premier ministre sud-coréen doit démissionner après de violentes manifestations étudiantes consécutives au meurtre d’un étudiant par la police. Six jeunes se sont suicidés par le feu, contraignant le président Roh Tae-woo, qui occupe la Maison Bleue depuis 1988, d’accepter le départ de son chef de gouvernement.
13 décembre 1991 : Signature d’un accord de non-agression et de réconciliation entre les deux Corée. Il doit écarter le risque d’un conflit dans une zone à haute tension où 900 000 soldats nord-coréens font face à 640 000 soldats sud-coréens appuyés par 39 000 GI.
1992 : La Corée du Sud établit des relations avec la République populaire de Chine, l’ancienne ennemie de 1950-1953.
25 mars 1992 : Le parti gouvernemental subit une lourde défaite lors des élections législatives
sud-coréennes.
15 avril 1992 : Les 80 ans de Kim Il-sung sont l’occasion de grandes manifestations du culte de la personnalité qui lui est rendu en Corée du Nord.
Novembre 1992 : Voyage de Boris Eltsine en Corée du Sud. Un traité d’amitié est signé avec la Russie.
1993-1998 : Présidence de Kim Youg-sam, premier président depuis trente ans à ne pas être issu de l’armée.
11 mars 1993 : Le gouvernement de Pyongyang menace de se retirer du traité de non-prolifération nucléaire.
1993 : Succès de l’Exposition internationale de Daejon qui révèle une Corée tournée vers l’avenir et l’innovation technologique.
11 juillet 1993 : Bill Clinton en visite à Séoul multiplie les mises en garde à la Corée du Nord à propos de son programme nucléaire.
Septembre 1993 : Visite de François Mitterrand, suivie en avril 1994 par la conclusion d’un accord en vue de la construction d’une ligne TGV Séoul-Pusan.
1993 : Chung Ju-yung, PDG du conglomérat Hyundai, est condamné pour détournement de fonds.
25 décembre 1993 : Pour la première fois depuis cinquante ans, le secrétaire général de l’ONU Boutros Boutros Ghali achève une visite de deux jours en Corée du Nord.
4 février 1994 : Le Conseil de sécurité de l’ONU exige de la Corée du Nord l’inspection de ses sites nucléaires. Devant le refus nord-coréen d’autoriser la visite de certains sites, les responsables de l’Agence internationale de l’ énergie atomique ont transféré le dossier au Conseil de sécurité, qui menace Pyongyang de sanctions économiques.
22 mars 1994 : Le président américain Clinton annonce le déploiement de missiles antimissiles Patriot en Corée du Sud.
13 juin 1994 : Les États-Unis proposent au Conseil de sécurité un plan de sanctions contre la Corée du Nord qui annonce son départ de l’AIEA. Le 15, l’ancien président Jimmy Carter se rend à Pyongyang « à titre privé » pour tenter une médiation.
8 juillet 1994 : Mort du « Grand Dirigeant » nord-coréen Kim Il-sung qui dirigeait le pays depuis 1948. C’est son fils, Kim Jong-il qui succède à « l’Étoile polaire de l’Humanité ».
13 août 1994 : Un accord est conclu à Genève entre Américains et Nord-Coréens sur la « normalisation complète de leurs relations économiques et politiques ». Pyongyang accepte de geler son programme nucléaire et le centre de recherche de Yongbyon sera soumis à une surveillance internationale. Les USA aideront en échange le pays à construire deux centrales « non proliférantes ». Le 2 septembre, Pyongyang n’en refuse pas moins l’inspection de certains sites.
29 août 1994 : La firme électronique Samsung annonce la mise au point d’une nouvelle superpuce, ce qui témoigne du niveau technologique désormais atteint par la Corée.
1995 : Diverses catastrophes (l’effondrement d’un grand magasin de Séoul, une explosion de gaz sur le chantier d’un métro…) ternissent l’image de la classe politique qui apparaît incapable et corrompue.
Avril 1996 : Tension entre les deux Corée. Pyongyang annonce que la Corée du Nord ne reconnaît plus la zone démilitarisée établie lors de l’armistice de 1953. Séoul place son armée en état d’alerte. En réalité, la Corée du Nord est confrontée à une grave famine et espère en haussant le ton obliger les USA à signer un traité de paix bilatéral pour disposer d’une plus grande légitimité internationale. Un regain de tension qui permet au parti de la Nouvelle Corée de Kim Young-sam de gagner les élections du 11 avril et de conserver la majorité. En visite à Séoul le 15, Bill Clinton se veut rassurant.
Août 1996 : Les étudiants manifestent pour demander la réunification, ce qui est dénoncé par le gouvernement comme une manœuvre nordiste.
1996 : Devenue onzième puissance économique mondiale, la Corée est admise au sein de l’OCDE.
Janvier 1997 : Imposantes manifestations contre la loi de décembre 1996 qui, votée à la sauvette, limitait les libertés syndicales. Pour détourner le mécontentement, Kim Young-sam fait condamner pour corruption ses deux prédécesseurs, Chun-Doo-hwan et Roh Tae-woo, respectivement à la perpétuité et à dix-sept ans de prison mais les deux condamnés seront libérés moins d’un an plus tard.
Avril 1997 : La famine qui sévit en Corée du Nord conduit l’ONU à accorder une importante aide alimentaire au pays.
Juillet 1997 : La Corée du Nord adopte un nouveau calendrier dont le point de départ correspond à la date de naissance du défunt Kim Il-sung, en avril 1912.
1997 : La Corée du Sud est frappée par la crise financière qui affecte l’ensemble de l’Asie orientale. Devant les attaques lancées contre le won (après le baht thaïlandais, le ringgit malais et la roupie indonésienne), le gouvernement sud-coréen doit solliciter l’aide du FMI qui lui accorde les crédits nécessaires mais cette situation est vécue comme une humiliation par l’opinion publique.
Décembre 1997 : Des pourparlers intercoréens sur l’avenir de la péninsule s’ouvrent à Genève sous l’égide de la Chine et des États-Unis. Ils sont bloqués par les exigences de Pyongyang du retrait des troupes américaines stationnées en Corée du Sud.
18 décembre 1997 : Kim Dae-jung est élu président de la République. Il va entreprendre un vigoureux redressement de l’économie. Il accélère l’ouverture du marché et la privatisation du secteur public ainsi que les participations étrangères dans les chaebols – les conglomérats parfois assimilés aux zeibatsu japonais qui avaient contribué au décollage des années 1960-1970 – c’est ainsi que Renault a pu acquérir Samsung Motors et que Hyundai s’est associé en mai 2000 avec Daimler Chrysler et Mitsubishi).
Mars 1998 : Nouvelle famine en Corée du Nord. Un convoi humanitaire venu du Sud y apporte de l’aide en juin.
31 août 1998 : Un missile balistique nord-coréen est tiré au-dessus de la mer du Japon, ce qui est perçu comme une provocation à Séoul et à Tokyo.
Octobre 1998 : Visite à Tokyo de Kim Dae-jung. Le Japon présente des excuses à la Corée pour les exactions commises durant la période coloniale.
Juin 1999 : Incident naval au large des côtes nord-coréennes où la marine du Sud coule plusieurs navires nord-coréens ; dans le même temps, les touristes venus du Sud sont désormais nombreux à visiter la Corée du Nord et le rapprochement se précise entre Séoul et Pyongyang.
Août 1999 : Du fait de son endettement et de l’assainissement en cours de l’économie coréenne, le chaebol Daewoo doit renoncer à une bonne partie de ses activités et abandonner 19 des 25 filiales du groupe.
Mars 2000 : Voyage en France du président sud-coréen.
Mai 2000 : Visite à Pékin de Kim Jong-il pour sa première sortie à l’étranger.
1er juin 2000 : Tokyo accepte d’indemniser les anciens combattants étrangers, notamment coréens, enrôlés de force durant la Seconde Guerre mondiale.
13 juin 2 000 : Rencontre à Pyongyang de Kim Dae-jung et de Kim Jong-il.
19 juillet 2000 : Visite à Pyongyang du président russe Wladimir Poutine.
24 juillet 2000 : La Corée du Nord rejoint l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
16 août 2000 : Retrouvailles à Séoul entre membres de familles coréennes séparées par la guerre.
19 septembre 2000 : Kim Da-jung inaugure le chantier d’une autoroute et d’une voie ferrée appelées à relier, par Pyongyang, Séoul à la frontière septentrionale de la Corée du Nord.
21 septembre 2000 : La Corée du Nord propose de rétablir des relations diplomatiques avec neuf pays européens dont la France et l’Allemagne.
24 septembre 2000 : La Corée du Sud suggère l’installation d’un téléphone rouge visant à prévenir tout incident frontalier entre les deux Corée.
8 octobre 2000 : Le numéro deux nord-coréen, le maréchal Jo Myong-rok, est reçu à la Maison-Blanche. Le 24, Madeleine Albright, secrétaire d’État américaine, est reçue à Pyongyang où elle entend convaincre Kim Jong-il de renoncer à l’exportation de missiles.
13 octobre 2000 : Le président Kim Dae-jung reçoit le prix Nobel de la paix pour son engagement démocratique et les années de prison et d’exil qu’il lui a values.
8 mars 2001 : George W. Bush annonce le gel du dialogue sur les missiles engagé par Bill Clinton avec la Corée du Nord. La normalisation des relations entre Pyongyang et Washington n’est plus à l’ordre du jour.
4 août 2001 : Kim Jong-il se rend en visite officielle en Russie.
Juin 2002 : Le deuxième fils du président sud-coréen Kim Dae-jung est arrêté pour corruption.
10 juillet 2002 : Madame Chang Sang est nommée Premier ministre.
Octobre 2002 : Les autorités nord-coréennes admettent l’existence d’un programme nucléaire.
Janvier 2003 : La Corée du Nord se retire du traité de non-prolifération nucléaire.
25 février 2003 : Pendant que le nouveau président sud-coréen Roh Moo-Hyun est investi à Séoul, la Corée du Nord lance un missile dans la mer du Japon.
26 juillet 2003 : La Corée du Nord menace de se proclamer puissance nucléaire si les États-Unis ne lui donnent pas des garanties de non-agression.
2 janvier 2004 : Pyongyang accepte une inspection sur le site nucléaire de Yongbyon.
25-28 février 2004 : Pékin accueille une réunion sur la dénucléarisation de la Corée du Nord qui se termine sur un constat d’échec. Les 17-19 avril suivants, Kim Jong-il effectue une visite secrète à Pékin.
12 mars 2004 : Le président Roh Moo-Hyun, destitué, est remplacé par le Premier ministre Goh Kun mais la victoire de son parti aux législatives entraîne son rétablissement dans ses fonctions.
22 avril 2004 : La catastrophe ferroviaire de Ryongchon fait des milliers de victimes (deux trains de marchandises transportant des substances explosives se sont percutés). Elle oblige la Corée du Nord à demander l’aide de la Corée du Sud, des États-Unis et de l’Union européenne.
12 juin 2004 : Signature d’un accord visant à éviter les incidents frontaliers entre les deux Corée.
Septembre 2005 : Pyongyang demande au secrétaire général de l’ONU de mettre un terme à l’aide alimentaire apportée à la Corée du Nord à partir de janvier 2006. Cette aide est fournie depuis dix ans dans la mesure où le pays – confronté à une famine chronique qui aurait fait entre 200 000 et deux millions de victimes ?… – semble incapable de nourrir sa population (seules 20 % des terres sont cultivables). Les distributions du programme d’aide alimentaire mondial permettent cependant de nourrir 6,5 millions de Nord-Coréens sur les 23 que compte le pays mais Kim Jong-il ne veut pas que cet argument puisse lui être opposé par les Américains et la communauté internationale pour exiger de lui l’arrêt de son programme nucléaire.
19 septembre 2005 : Une déclaration conjointe des six pays impliqués dans les discussions sur le nucléaire nord-coréen (les deux Corée, le Japon, la Chine, les USA et la Russie) semble indiquer que le régime de Pyongyang serait prêt à renoncer à son programme nucléaire mais de lourdes ambiguïtés subsistent, notamment sur la fourniture d’un réacteur à eau légère non proliférant « en temps opportun » à la Corée du Nord par les États-Unis. Rien ne semble donc acquis. Acteur majeur de la négociation, la Chine veut avant tout gagner du temps et éviter que la poursuite de l’effort nucléaire nord-coréen ne conduise les USA et le Japon à un renforcement de leur alliance et à la mise en place d’un bouclier antimissile qui remettrait en cause l’équilibre des forces en Asie orientale et qu’elle perçoit comme d’abord tourné contre elle. La Corée du Sud, elle, craint que l’armement nucléaire nord-coréen n’encourage le Japon à se doter lui-même de moyens nucléaires, ce qui n’est plus totalement impensable depuis que les dirigeants de l’archipel nippon ont défini une nouvelle doctrine de défense.
Bénéficiant d’une économie dynamique appuyée sur une main-d’œuvre très qualifiée et sur des capacités technologiques indiscutables, la Corée du Sud a réussi à surmonter la crise financière de 1997 et l’éclatement, en 2003, de la bulle du crédit à la consommation. Le pays doit cependant compter avec une lourde dépendance énergétique et avec une concurrence accrue des pays émergents, notamment du voisin chinois devenu aussi un partenaire majeur. La zone économique spéciale de Kaesong, qui permettra d’utiliser la main d’œuvre à très bon marché du voisin du Nord, et l’établissement de relations ferroviaires avec la Chine peuvent contribuer à ouvrir de nouvelles pistes de croissance et de progrès du commerce extérieur, l’un des points forts du pays puisqu’il a dégagé en 2004 un excédent record de l’ordre de 4 % du PIB. Dans l’ensemble l’économie reste solide, avec une inflation modérée, un faible taux de chômage et un partage relativement équitable des revenus mais tout cela dépend du maintien de la stabilité régionale et de l’intégration progressive de l’Asie orientale. Dans cette perspective, la réunification des deux Corée ne paraît guère d’actualité, même si le rapprochement est manifeste depuis ces dernières années. Les Coréens du Sud ont tiré les leçons des difficultés de la réunification allemande et ils considèrent que l’intégration de leurs vingt millions de compatriote du Nord serait aujourd’hui au-dessus de leurs moyens et risquerait de déstabiliser leur propre économie. Chine et Japon ne souhaitent pas davantage une réunification qui verrait l’apparition à terme d’un concurrent dynamique bénéficiant de meilleures perspectives démographiques que les leurs. Les États-Unis ont également tout intérêt à ce que se maintienne en Asie orientale un foyer de tension qui contribue à légitimer la présence de la « puissance indispensable » à proximité d’une Chine dont les rapides progrès sont perçus comme inquiétants. La récente polémique relative à une statue du général Mac Arthur – perçue par certains comme le sauveur de la liberté des Coréens en 1950 mais considérée par d’autres comme le symbole de l’occupation américaine du pays – montre cependant que les temps ont changé et que les esprits ont évolué dans le nouveau monde asiatique en cours de construction. De manière générale, on peut penser que ce sont plutôt l’approfondissement pragmatique des relations intercoréennes et les progrès de l’intégration régionale – qui n’ont rien d’évident si l’on considère le lourd passif historique entre Japon, Chine et Corée – qui permettront une évolution satisfaisante de la situation.19 avril 2006: Incident entre la Corée du sud et le Japon autour des îles Dokdo5 juillet 2006: La Corée du nord procède au lancement de sept missiles qui se sont abîmés en mer, dont un Taepodong 2 d'une portée de plus de 6500 kms. Le 14 juillet, la Chine refuse de s'associer à des sanctions onusiennes contre Pyong Yang mais, le 15 juillet, les tirs de missiles sont condamnés à l'unanimité du Conseil de Sécurité de l'ONU9 octobre 2006: Premier essai nucléaire nord-coréen, qui sera suivi par d'autres au cours des années suivantes13 février 2007: La Corée du nord accepte à Pékin, dans le cadre d'une négociation à six avec USA, Chine, Japon, Russie et Corée du sud, d'entamer le démantèlement de son programme nucléaire et d'accueillir de nouveau les inspecteurs de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique13 décembre 2008: Sommet entre le Japon,, la Chine et la Corée du sud pour renforcer la coopération régionale face à la crise économique13 février 2007: Accord américano-nord coréen signé à PékinOctobre 2007: Rencontre des présidents des deux CoréesDécembre 2007: Le conservateur Lee Myung Bak est élu président en Corée du sud aprs dix ans de règne de la gauche La politique de rapprochement avec Pyong Yang initiée en 1998 par l'ancien chef de l'Etat sud-coréen Kim Dae-Jung n'est pas remise en cause pour autant 5 avril 2009: Le Conseil de Sécurité condamne le tir d'un lanceur de satellite considéré comme une fusée balistique nord- coréenne25 mai 2009: Second essai nucléaire souterrain nord-coréen5 août 2009: La visite de Bill Clinton à Pyong Yang permet la libération de deux journalistes américaines24 août 2009: La Corée du nord envoie six représentants à Séoul pour les obsèques de l'ancien président Kim Dae-jung26 mars 2010: Un navire sud coréen est coulé près des côtes de la Corée du Nord23 novembre 2010: L'artillerie nord coréenne bombarde l'île de Yeonpyeong, tuant plusieurs soldats sud-coréens17 décembre 2011: Mort de Kim Jong-il. Son fils Kim Jong-un lui succèdemars avril 2013: Nouvelle phase de tension américano-nord-coréennedécembre 2013: Kim Jong-un fait fusiller son oncle et conseiller Jang Song-taek, le numéro 2 du régime2014: L'année a vu se préciser le rapprochement entre la Russie et la Corée du nord, en même temps que se développe le commerce avec la Chine. Le régime conserve son caractère autoritaire et joue de ses capacités de chantage nucléaire. La Corée du sud connaît pour sa part une croissance de 3,5% mais ses relations avec le Japn demeurent tendues. L'autre problème du pays demeure le très fort endettement des ménages.2015 :
La République Populaire et Démocratique de Corée a poursuivi les
réformes économiques engagées depuis 2012 à la faveur de
l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un. Les contraintes liées à
l’économie planifiée ont été allégées et les exportations de
matières premières en direction de la Chine ont augmenté. De quoi
alimenter une croissance évaluée à 1 %. Mais ces résultats
ont été
compromis par une violente sécheresse qui a fait chuter les récoltes
de riz et de blé au point que l’insécurité alimentaire frappe de
nouveau les deux tiers de la population.
En
Corée du sud, la présidente Park Geun-hye s’est révélée très
active sur le plan international. Elle s’est rendue à Pékin et a
reçu à Séoul le premier ministre japonais Shinzo Abe dont elle a
obtenu qu’il reconnaisse les crimes perpétrés par le Japon
impérial – notamment la réduction des jeunes Coréennes
à l’esclavage sexuel durant la seconde guerre mondiale. Les
accords de libre-échange conclus avec l’Australie et la Chine
devraient favoriser le maintien de la croissance, prévue à 3,1 %
en 2016.
2016 :
La Corée du nord a procédé en septembre à son cinquième essai
nucléaire depuis 2006. Le régime nord-coréen a également
développé sa production de missiles sans tenir compte des pressions
exercées par les États-Unis, la possession du feu nucléaire
apparaissant pour les autorités communistes comme une
« assurance-vie » indispensable. Le développement de
l’urbanisation et de la circulation automobile témoigne par
ailleurs d’une amélioration économique incontestable dans le
« royaume ermite ».
En
Corée du sud, l’année 2015 a été marquée par la destitution de
la présidente Park Geun-hye victime d’un scandale relatif à la
transmission de données confidentielles à l’une de ses amies, à
la fois astrologue et confidente. Elle a été remplacée par le
premier ministre Hwang Kyo-ahn. Le pays a également été affecté
par les difficultés de Samsung et de la construction navale.
2017 :
Alors qu’elle a poursuivi ses essais nucléaires et balistiques, la
Corée du Nord va maintenant devoir compter avec l’intransigeance
de Donald Trump, élu à la Maison Blanche en novembre 2016. Les
sanctions décidées par le nouveau président américain risquent de
remettre en cause les progrès économiques accomplis au cours des
dernières années (croissance de 3,9 % en 2016).
En
Corée du sud, la destitution de Madame Park a entraîné la tenue
d’un scrutin présidentiel remporté par Moon Jae-in qui avait été
battu par elle en 2012. Il a annoncé un programme privilégiant les
questions sociales et environnementales. Le nouveau président
souhaite également privilégier le dialogue avec Pyongyang et une
certaine liberté d’action par rapport à Washington.
2018 :
Kim
Jong-un a rencontré Donald Trump à Singapour, ce qui est une grande
première pour la Corée
du nord, l’annonce d’une détente à laquelle avait
préludé la participation nord-coréenne aux Jeux Olympiques d’hiver
tenus à Séoul.
2019:
Une nouvelle rencontre entre D. Trump et Kim Jong-un
à hauteur de ligne de démarcation séparant les deux Corées a
confirmé la volonté d’apaisement, même si la dénucléarisation
de la Corée du nord n’apparaît pas comme un objectif susceptible
d’être atteint
à court terme.
La dynastie des Yi (XVe-XIXe siècles)
5 août 1392 : Yi Song-gye devient roi sous le nom de T’aejo. Il est le premier souverain de la dynastie de Choson, plus souvent désignée sous le nom de dynastie des Yi (du nom de son fondateur). Son règne, qui dure jusqu’en 1398, est marqué par la lutte contre la noblesse corrompue de Koryo et contre les institutions bouddhiques, en même temps que par la prédominance du néoconfucianisme. À partir de ce moment, les « sujets émérites » représentant la nouvelle élite militaire et bureaucratique dirigeante reçoivent des terres à titre héréditaire, ce qui était en contradiction avec le principe jusque-là intangible selon lequel seul l’État pouvait être propriétaire des terres. L’influence des lettrés confucéens est dominante, ce dont témoigne la promulgation du Code administratif de l’État de Choson.
1393 : Dans ses relations avec la dynastie chinoise des Ming, la Corée prend le nom de Choson ou « pays du Matin frais », que les Occidentaux ont transformé en « pays du Matin calme ».
1398 : Malade, T’aejo abdique (il mourra en 1408).
1398-1400 : Le deuxième fils de T’aejo lui succède sous le nom de Chonjong. En réalité, c’est son frère Yi Pang-won qui gouverne.
1400-1418 : Yi Pang-won règne sous le nom de T’aejong après avoir fait assassiner son frère le roi Chongjong ; c’était l’aboutissement d’une querelle de succession entamée du vivant de leur père T’aejo. Le règne de T’aejong est marqué par la mise en œuvre de nombreuses réformes et correspond à une véritable renaissance coréenne. Il émet du papier-monnaie en 1401, lance un grand programme de constructions navales en vue de développer le transport du riz, crée des écoles et réforme l’impôt. Très attaché au néoconfucianisme, le souverain réduit le nombre des moines et des monastères bouddhistes et renforce l’autorité royale sur les clans nobiliaires. Sur le plan extérieur, les relations avec la Chine des Ming passent par le paiement d’un lourd tribut en chevaux et en bétail. Les Chinois se méfient tout d’abord de la nouvelle dynastie car ils craignent les prétentions coréennes sur les anciens territoires du royaume de Koguryo étendus en Mandchourie à l’est du fleuve Liao. Ils ne reconnaissent vraiment la légitimité des Yi qu’avec l’avènement de T’aejong. C’est sous le règne de ce dernier qu’une nouvelle capitale, Hanyang (Séoul), remplace Kaesong, celle de l’ancienne dynastie de Koryo.
1413 : T’aejong institue un système de plaques d’identité divisant en cinq classes la population masculine du pays.
1418-1450 : Règne de Sejong. Il monte sur le trône à l’abdication de son père qui assure cependant durant un temps une régence de fait. Son règne de trente-deux ans sera l’un des plus brillants de toute l’histoire coréenne. Il renforce la centralisation administrative avec l’installation d’un Conseil d’État, des Trois Chancelleries et des Six Ministères. Les fonctionnaires sont rétribués au moyen d’un système de distribution de revenus terriens (aux dépens, très souvent, des biens du clergé bouddhique). Il renforce l’armée, étroitement dépendante de son autorité, et satisfait les paysans en adaptant l’impôt à la qualité des terres et au volume des récoltes. Le cadastre est réformé en 1444. L’irrigation est améliorée, un système commun de poids et mesures est établi et le souverain se préoccupe en priorité du développement et des progrès de l’agriculture.
1419 : Succès de l’expédition navale coréenne dirigée contre les pirates de l’île de Tsushima.
1420 : Sejong crée le « palais des Sages réunis », une académie des lettres et des sciences confiée aux lettrés confucéens. Le règne est marqué par un brillant essor intellectuel : invention de clepsydres pour mesurer le temps, établissement d’une carte de la Corée ou « pays de l’Est » (par rapport à la Chine), compilation des connaissances et des pratiques médicales, établissement d’un alphabet de 28 lettres « pour l’instruction du peuple » en 1446. C’est l’origine de l’écriture encore utilisée en Corée aujourd’hui, alors que le chinois classique pratiqué par l’élite sociale demeure langue officielle jusqu’en 1894. De nombreux ouvrages chinois sont alors traduits en coréen.
1424 : Une réforme fait passer la majeure partie des terres et des monastères du clergé bouddhique sous le contrôle de l’État. Trente-six monastères seulement demeurent autorisés. Ces mesures marquent le début d’un déclin définitif du bouddhisme coréen, aggravé par l’invasion japonaise de la fin du XVIe siècle. Deux sectes seulement purent perdurer au-delà.
1425 : Ouverture de trois ports coréens aux marchands japonais.
1434 : Au nord du royaume, les Coréens repoussent les Djürchet et établissent des forteresses sur la rive méridionale du Toumen. Des forteresses analogues sont également construites sur les rives du Yalou au cours des années suivantes.
1443 : Normalisation des relations avec le Japon.
À l’époque de Sejong, la société coréenne comprend : les yangban, les deux classes supérieures, civile et militaire, qui constituent l’aristocratie, interdite de travail manuel et d’activité mercantile ; les chung’in ou « gens du milieu », qui vivent quasiment tous dans la capitale ou dans les villes importantes, sont recrutés par examen, exercent des professions spécialisées telles que la médecine ou fournissent les juristes, les interprètes ou les « scientifiques ». Les sang’in ou « gens du commun » représentent l’écrasante majorité de la population, ce sont les producteurs, agriculteurs ou artisans ; une dernière catégorie, les ch’onin, correspond aux esclaves.
1450-1452 : Règne de Munjong, fils aîné de Sejong.
1452-1455 : Règne de Tanjong, fils du précédent, qui n’a que 10 ans lors de son accession au trône. Ce qui stimule les ambitions de l’un de ses oncles, Suyanggun, qui élimine les conseillers du jeune roi avant de s’emparer du pouvoir avec le titre de Sejo.
1455-1468 : Usurpation de Sejo, qui décime les lettrés restés favorables au roi légitime mais s’en prend aussi à leurs familles. Il favorise le bouddhisme mais s’efforce de se concilier également les lettrés confucéens en interdisant l’écriture coréenne introduite par Sejong. Les yangban sont privés de leurs terres héréditaires et seuls les fonctionnaires en service disposent désormais de revenus terriens, ce qui renforce le pouvoir de la monarchie.
1468-1469 : Règne de Yejong, fils de Sejo.
1469-1494 : Règne de Songjong, petit-fils de Sejo. Ce n’est qu’un enfant et sa mère assure la régence. À la faveur de celle-ci, les lettrés confucéens prennent leur revanche sur les bouddhistes. Le règne de Songjong est marqué par d’importantes publications savantes ou littéraires : une Anthologie de la poésie chinoise en 1478, une Histoire de la Corée en 1484, un Répertoire géographique de la Corée en 1486, un Livre sur la musique en 1493…
1494-1506 : Règne de Yonsan’gun. Ce souverain organise, en 1498 et en 1504, des vagues d’épuration dans le milieu des lettrés pour consolider son pouvoir. Il sera finalement déposé et laissera le souvenir d’un prince sadique, seul souverain de la dynastie des Yi à n’avoir régné qu’avec son seul titre princier.
1506-1544 : Règne de Chungjong qui restaure l’influence du confucianisme ; devant les ambitions de certains groupes de lettrés, il organise néanmoins une nouvelle purge en 1519.
1545 : Règne de Yun Im, sous le nom de Injong (il ne dure que huit mois), au cours duquel intervient une dernière purge de lettrés.
1545-1567 : Règne de Myongjong. Les luttes de clans et de factions s’aggravent.
1567-1608 : Règne de Sonjo. Les divisions s’aggravent en raison des luttes pour l’attribution des postes de fonctionnaires.
1592 : Invasion japonaise. L’unité de l’archipel nippon a été réalisée en 1590 par Toyotomi Hideyoshi qui entend maintenant projeter outre-mer la puissance nippone. Il est entré en contact avec le royaume coréen dès 1587 en évoquant son intention de s’en prendre à la Chine. Sa volonté de conquête tient sans doute à son souci d’écarter du Japon les nombreux guerriers dont il ne sait que faire maintenant que les guerres civiles sont conclues à son profit. Une mission coréenne envoyée à Kyoto en 1590 ne permet pas d’évaluer l’ampleur de la menace qui pèse sur la Corée dans la mesure où ses membres, attachés à des clans rivaux, présentent des comptes rendus contradictoires. Le 24 avril 1592, les forces japonaises reçoivent l’ordre d’attaquer la Corée à partir de Tsushima et débarquent à Pusan le 23 mai ; le 12 juin, un premier contingent est à Séoul que le roi a fui pour Pyongyang. Les vainqueurs se heurtent cependant à de vives résistances locales et doivent compter avec la flotte coréenne de l’amiral Yi Sun-sin qui peut les couper de leurs arrières.
1592 : Le jésuite portugais Gregorio de Cespedes, qui accompagne l’armée d’invasion japonaise, est le premier Européen à visiter la Corée.
9 mai 1593 : L’intervention d’un puissant corps expéditionnaire chinois contraint les Japonais à évacuer Séoul.
1596 : Une ambassade chinoise à Kyoto négocie le repli japonais sur Pusan mais Hideyoshi envoie un nouveau corps expéditionnaire en 1597.
1598 : Les Japonais sont victorieux des Chinois – le général Konishi adresse à Hideyoshi les oreilles de 38 000 soldats ennemis. La mort de Hideyoshi, en septembre 1598, vient mettre un terme au conflit et les Japonais évacuent la péninsule, première victime des ambitions japonaises et théâtre d’un affrontement sino-japonais générateur de nombreuses destructions.
1608-1623 : Règne de Kwanghaegun. Les luttes de factions deviennent permanentes pour plus d’un siècle.
1616 : Le chef d’un clan mandchou, Nurhachi, fonde un État appelé Jin dans les régions montagneuses de l’Est de la Mandchourie. En 1619, il bat les troupes chinoises renforcées de contingents coréens.
1623-1649 : Règne d’Injo qui se veut un allié fidèle de l’empereur Ming alors que son prédécesseur s’était orienté vers une relative neutralité entre Chinois et Mandchous.
1625 : Nuraichi installe sa capitale à Shenyang.
1627 : Un marin hollandais, Weltevree, arrive en Corée sur une jonque chinoise échouée sur les côtes du pays. Spécialiste de la fonte des canons, il est employé par le gouvernement coréen et s’installe définitivement sur place.
1627 : Une armée mandchoue franchit le Yalou et s’empare de Pyongyang puis de Séoul. La Corée doit accepter par traité la suzeraineté des Mandchous mais la lourdeur des tributs exigés conduit les Coréens à reprendre la lutte dès 1636.
Janvier 1637 : Nouvelle invasion mandchoue. Le 24 février, le roi coréen, qui espérait résister dans la forteresse de Namhansansong, doit se rendre et reconnaître l’autorité des Qing après que sa famille a été prise en otage.
1649-1659 : Règne de Hyojong.
1653 : Le Sperwer (« L’Épervier »), un navire hollandais, fait naufrage sur les côtes de Che-Judo (l’île de Quelpaert). Les marins sont recueillis par les Coréens et transférés à Séoul où ils sont employés au palais royal ; certains réussiront à quitter le pays et, en 1668, Hendrik Hamel gagne ainsi le Japon. Il écrit le récit de son aventure coréenne qui sera publié en 1670 sous le titre de Relation du naufrage d’un vaisseau hollandais sur la côte de l’île de Quelpaert avec la description du royaume de Corée. Il s’agit du premier récit d’un témoin oculaire paru en Occident à propos du « pays du Matin calme ».
Milieu du XVIIe siècle : Développement d’un courant réformateur prônant la fin de la bureaucratie confucéenne et l’ouverture sur l’extérieur. C’est le mouvement dit du « Sirhak » (« le savoir réel ») représenté par Kim Yuk, un homme d’État réformateur, Yi Su-gwang, un lettré qui, via la Chine, fut le premier Coréen à découvrir la science occidentale, et Pan’gye qui critique le néoconfucianisme.
1659-1674 : Règne de Hyonjong.
1674-1720 : Règne de Sukjong.
1720-1724 : Règne de Kyongjong.
1724-1776 : Règne de Yongjo
1735 : Publication de la Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise de Du Halde. Elle comprend les Observations géographiques sur le royaume de Corée tirées des mémoires du père Régis. L’existence de la Corée était déjà connue par les mentions qu’en avaient faites Plan Carpin, Rubrouck et Marco Polo au XIIIe siècle mais aucun de ces auteurs n’avait foulé le sol du pays.
1776-1800 : Règne de Chongjo.
1776 : Un groupe de lettrés coréens étudie la « science occidentale » (le christianisme) et décide d’y adhérer. Le premier baptisé coréen est un attaché de l’ambassade coréenne à Pékin. Une petite communauté se développe dans la région de Séoul au début des années 1780 mais, en 1786, un lettré dénonce au roi cette religion étrangère et, en 1791, deux catholiques coréens sont exécutés pour avoir brûlé les tablettes de leurs ancêtres.
1783 : Une rumeur infondée fait état d’une menace d’invasion (peut-être japonaise), ce qui entraîne un exode des populations et une désorganisation du pays.
1792 : Le pape confie l’Église de Corée au diocèse de Pékin. En 1794, un prêtre catholique chinois est envoyé en Corée et commence à donner les sacrements.
1800-1834 : Règne de Sunjo.
1801 : La persécution anticatholique contre la « science trompeuse » fait trois cents martyrs.
1816 : Le capitaine anglais Basil Hall tente d’établir des relations commerciales avec la Corée mais l’autorisation lui est refusée ; de nouvelles tentatives, en 1832 et 1833, se concluent généralement sur des échecs. D’autres Britanniques se voient opposer un même refus en 1845.
1831 : La Corée devient un diocèse indépendant et le père Philibert Maubant, des Missions étrangères, entre en Corée avec deux compagnons en 1837. L’année suivante, l’Église de Corée compte huit mille fidèles.
1834-1849 : Règne de Honjong.
1839 : Les trois premiers missionnaires français en Corée sont décapités près de Séoul et les persécutions reprennent.
1845 : Un premier prêtre coréen est ordonné à Shanghai.
1846 : Trois navires de guerre français commandés par l’amiral Cecille viennent demander des comptes à propos de la mort des trois missionnaires. Par le biais de l’ambassade coréenne à Pékin, le gouvernement de Séoul répond que les actions de ces missionnaires « étaient plus criminelles que celles des homicides et des incendiaires ».
1849-1863 : Règne de Ch’oljong. Le roi défunt étant mort sans descendance, il a été choisi par la reine mère mais ce n’est qu’un lointain parent de la lignée royale, retenu pour que certains clans de la Cour puissent s’assurer de la réalité du pouvoir.
1860 : Expédition franco-anglaise en Chine marquée par le sac du palais d’Été. La même année, la Russie reçoit de la Chine la Province maritime où elle fonde Vladivostok. Les puissances européennes se rapprochent ainsi de la péninsule coréenne. Sur le cours inférieur du Toumen, la Corée a désormais une petite frontière avec l’Empire russe.
1863 : Ch’oljong n’ayant pas eu de descendance, c’est un enfant issu d’une branche collatérale qui est choisi comme souverain, toujours dans le contexte des luttes de clans qui divisent la Cour. Yi Cha-gwang (le roi Kojong) n’ayant que 12 ans, son père Yi Ha-ung fait fonction de régent et se révèle un grand homme d’État sous le nom de Hungson Taewongun, le « Grand Prince ». Il met en œuvre de nombreuses réformes dans les domaines militaire, administratif et financier. Vis-à-vis de l’extérieur, il poursuit la politique d’isolement de la Corée, ce qui correspondait à la xénophobie naturelle du peuple, inquiet des incursions étrangères.
1864 : Exécution de Ch’oe-Che-u, fondateur de la religion du Tonghak, une synthèse de confucianisme et de taoïsme qui a rencontré un certain succès dans les campagnes.
1864 : Les Russes essuient un refus quand ils demandent l’ouverture de relations commerciales. Un même refus est opposé au Prussien Oppert en 1866.
1865-1867 : La reconstruction du palais de Kyongbok détruit lors de l’invasion japonaise coûte cher et suscite beaucoup de mécontentement contre Taewongun.
Juin-juillet 1866 : Incident de Pyongyang. Le navire américain General Sherman a remonté le Taedong jusqu’à la ville et veut obliger les Coréens à s’ouvrir au commerce étranger – scénario déjà réalisé au Japon. Des incidents éclatent et l’équipage est massacré.
Octobre 1866 : Pour punir le massacre des missionnaires français, l’ambassadeur à Pékin, de Bellonet, et l’amiral Roze décident d’intervenir en Corée mais un détachement est repoussé de l’île de Kanghwado. Un expédition navale américaine venue venger les marins du General Sherman connaîtra un échec comparable en 1870, ce qui conduira la Corée à surévaluer dangereusement ses capacités de résistance aux entreprises étrangères.
1875 : Taewongun doit se retirer de la vie politique sous la pression de la faction formée autour de la reine Min, épouse de son fils le roi Kojong.
Août 1875 : Le navire de guerre japonais Unyo débarque un détachement près d’Inchon pour faire prendre de l’eau mais des incidents éclatent avec les troupes coréennes, ce qui va fournir au Japon l’occasion d’imposer ses conditions au pays. Dans le même temps, Taewongun revient au pouvoir après en avoir été écarté quelques mois. Il voudrait résister aux injonctions japonaises alors que le clan des Min est prêt à les accepter. Cette division et l’attitude de la Chine – qui encourage la Corée à traiter – débouchent sur l’ouverture de pourparlers dans l’île de Kanghwa en février 1876.
27 février 1876 : Signature du traité nippo-coréen de Kanghwa, le premier signé avec une puissance étrangère qui n’était pas le suzerain chinois. La Corée se voyait reconnaître le statut de pays « indépendant », ce qui n’était pas indifférent au regard des visées ultérieures du Japon, bien décidé à faire disparaître la suzeraineté chinoise sur la péninsule. Elle ouvrait trois ports, Pusan, Wonsan et Inchon, au commerce japonais, les résidents nippons bénéficieraient de l’extraterritorialité, la marine japonaise pourrait réaliser le relevé des côtes de la péninsule.
9 juin 1882 : Une mutinerie militaire tournée contre le clan des Min (dont le ministre chargé de l’Armée) entraîne l’assassinat de l’attaché militaire japonais. C’est l’occasion pour le Japon d’imposer un nouveau traité, signé à Inchon, prévoyant le paiement d’une lourde indemnité et l’installation à Séoul d’une garnison japonaise. Les événements avaient également fourni à la Chine l’occasion de réaffirmer sa suzeraineté sur le pays avec la complicité du clan Min, sorti finalement vainqueur de la crise.
1882 : Pour contrer l’influence japonaise, la Corée conclut un traité avec les États-Unis et l’Allemagne puis, en 1884, avec la Grande-Bretagne, l’Italie et la Russie, avec la France enfin en 1886.
Décembre 1884 : Tentative de coup d’État fomenté par le Parti de l’indépendance et de la modernisation dont les leaders sont très proches du Japon. Il échoue en raison de la réaction immédiate des troupes chinoises présentes en Corée.
18 avril 1885 : Convention sino-japonaise de Tianjin (Tien-Tsin) par laquelle les deux pays s’engagent à évacuer leurs troupes de Corée dans les quatre mois.
1892 : La Corée connaît une terrible famine sur fond de corruption et d’impuissance du pouvoir politique toujours contrôlé par le clan Min.
1894 : Les partisans du Tonghaktang, la secte dont le fondateur avait été exécuté trente ans plus tôt, déclenchent un soulèvement paysan de grande ampleur. Les rebelles s’emparent de Chonju, la capitale de la région du Chollado, et marchent sur Séoul. Affolé, le clan Min décide alors de faire appel à la Chine, au risque d’entraîner naturellement une réaction japonaise. Les rebelles sont certes battus mais la Corée est de nouveau occupée par des contingents chinois et japonais.
26 juin 1894 : L’ambassadeur nippon Otori exige du roi Kojong qu’il déclare la fin de la suzeraineté chinoise sur son pays, puis il demande la concession de lignes de chemin de fer. Le roi refuse l’ultimatum.
25 juillet 1894 : Le Japon ouvre les hostilités contre la Chine en coulant un transport de troupes chinois. Le 15 septembre, les Japonais s’emparent de Pyongyang où les forces chinoises sont anéanties pendant que la flotte japonaise détruit celle de l’ennemi lors de la bataille navale du Yalou. Port Arthur est pris, la Mandchourie est envahie et Weï haï Weï (dans la péninsule du Shandong) est également occupé. Dès 1894, les Japonais imposent une refonte du système politique coréen en faisant disparaître les quatre classes traditionnelles et celle des esclaves – ce qui impliquait l’égalité de tous les Coréens –, en supprimant les concours de fonctionnaires et en exigeant une modernisation de l’État. Le coréen devient alors pleinement la langue nationale et l’usage du chinois est proscrit dans l’administration. Ces réformes sont mises en œuvre par Taewongun qui, après avoir été détenu en Chine, réalise un nouveau retour sur le devant de la scène politique coréen. Il n’en est pas moins écarté peu après au profit de sa belle-fille, la reine Min, qui était aussi son éternelle rivale et qui était maintenant disposée à jouer la carte de la Russie pour contrebalancer le poids de l’influence japonaise.
17 avril 1895 : Vaincue, la Chine doit signer le traité de Shimonoseki ; elle reconnaît l’indépendance de la Corée et cède au Japon la péninsule du Liaodong (Liao-Toung) avec Port Arthur – en fait le Japon, en raison d’une pression combinée de la Russie, de la France et de l’Allemagne, devra rendre cette dernière conquête. L’important était la mainmise de fait du Japon sur la péninsule coréenne : 210 sociétés japonaises sur les 250 étrangères installées en Corée en 1896, 90 % des exportations coréennes vers le Japon, 72 % des échanges maritimes du pays effectués sous pavillon japonais.
16 août 1895 : La Corée proclame officiellement son indépendance vis-à-vis de la Chine.
1895 : Signature d’un accord militaire secret russo-chinois par lequel la Chine abandonne Port Arthur et Dairen à la Russie et l’autorise à faire passer le Transsibérien par la Mandchourie.
8 octobre 1895 : Assassinat de la reine Min, organisé par l’ambassadeur du Japon, Miura Goro. Un ministère projaponais, dirigé par Kim Hong-jip, est installé alors que l’ambassadeur russe Karl Waeber accueille le roi Kojong venu se mettre à l’abri à la légation russe en février 1896.
Mai 1896 : Signature du traité russo-coréen prévoyant la protection du souverain coréen, l’installation d’une mission militaire chargée de l’instruction des troupes coréennes et l’intervention de conseillers financiers. Dans le même temps, Kojong accorde la concession de voies de chemin de fer (Séoul-Inchon et Séoul-Pusan) à des Japonais et confie la direction des douanes à un Anglais.
1896 : Création du Club de l’Indépendance par So Chae-p’il, qui revient en Corée après des études de médecine aux États-Unis. Il réclame la modernisation du pays, un régime parlementaire, le rejet de l’influence russe et la généralisation de l’instruction.
Février 1897 : Kojong quitte la légation russe pour s’installer dans un petit palais proche des légations étrangères. En août, il lance l’ère de la « Splendeur martiale » et abandonne le nom de Choson (qui désigne alors la Corée) pour celui de Taehan cheguk (Grand Empire Han), un titre carrément ridicule au vu de la situation réelle du royaume.
1902 : Accord anglo-japonais par lequel Londres reconnaît les intérêts nippons en Corée. Les négociations conduites ensuite entre Japonais et Russes ne peuvent aboutir. Outre le partage d’influence prévu entre les deux puissances (la Mandchourie aux Russes, la Corée au Japon), les Russes voulaient voir reconnue une zone neutre démilitarisée en Corée, au nord du 39e parallèle, ce que refusent les Japonais.
9 février 1904 : Attaque japonaise surprise de la flotte russe de Port Arthur. Le même jour, les Russes doivent saborder deux de leurs navires bloqués dans Inchon par la flotte ennemie. La Corée proclame sa neutralité mais en vain. Les troupes japonaises y débarquent et le roi se voit imposer un nouveau traité qui respecte « l’indépendance » de la Corée mais l’oblige à déclarer caducs tous ses accords avec la Russie. À la faveur de la guerre, tous les points sensibles du pays sont occupés par les forces japonaises. Un autre accord place toute l’administration coréenne sous supervision des conseillers japonais.
2 janvier 1905 : Reddition russe à Port Arthur.
27-28 mai 1905 : Désastre naval russe des îles Tsoushima.
Juillet 1905 : Accord secret américano-japonais Taft-Katsura, entérinant le fait accompli de la mainmise japonaise sur la Corée.
Août 1905 : Renouvellement de l’accord anglo-japonais de 1902.
9 septembre 1905 : Traité de Portsmouth, qui met fin à la guerre russo-japonaise. Plus rien ne peut entraver la prise de contrôle de la Corée par le Japon.
17 novembre 1905 : Une délégation japonaise impose par la force au roi et à son ministre des Affaires étrangères la signature du traité de protectorat du Japon sur la Corée. C‘est le Japon qui est désormais chargé de la politique étrangère de la Corée et, logiquement, les ambassadeurs des puissances quittent Séoul en mars 1906.
1er février 1906 : Arrivée à Séoul du premier résident japonais, Ito Hirobumi.
1907 : La délégation envoyée à la conférence de la paix de La Haye par le roi Kojong n’y est pas accueillie. Furieux de cette ultime manifestation d’indépendance, les Japonais déposent Kojong et le remplacent par un fantoche, le prince héritier Funjong, qui sera le vingt-septième et dernier roi de Corée. L’armée coréenne est dissoute, le roi est marié à une princesse japonaise et le résident japonais exerce désormais la totalité des pouvoirs.
1907 : Des partisans coréens, réunis au sein des « troupes de la justice », attaquent le quartier général du résident japonais. Le renforcement de la présence militaire japonaise en Corée contraint cependant ces combattants à se réfugier en Mandchourie ou en Russie. Ils poursuivent la lutte mais leurs troupes sont décimées – on compte environ 17 000 tués entre l’établissement du protectorat japonais en 1905 et 1910, année de l’annexion pure et simple.
1908 : Création de la Compagnie d’exploitation foncière d’Extrême-Orient qui sera, pour les Japonais, un relais précieux pour organiser leur mainmise sur les terres coréennes.
1908 : Deux patriotes coréens assassinent à San Francisco le diplomate Stevens, conseiller américain du gouvernement japonais, que l’on savait favorable au protectorat nippon sur la péninsule.
1909 : Un autre patriote coréen, An Chung-gun, tue à Kharbine, en Mandchourie, Ito Hirobumi, le Premier résident japonais en Corée.
Mai 1910 : Le général Terauchi Masakate est nommé résident. Il a pour mission de réaliser l’annexion du pays. Le gouvernement coréen a déjà signé un accord confiant au Japon le maintien de l’ordre dans le pays et deux mille gendarmes japonais y ont été déployés.
22 août 1910 : Le premier ministre Yi Wan-yong, acquis aux occupants, signe le traité de protectorat.
29 août 1910 : Le roi Sunjong publie une déclaration de renonciation à son trône.