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Zurbaran
Ou comment peindre la piété

Séville est devenue, après la découverte de l'Amérique, le port où l'or et l'argent du Nouveau Monde affluent en Espagne. Sa population s'est rapidement accrue depuis 1492, au point d'atteindre 200 000 habitants un siècle plus tard. Toute la richesse du monde semble alors se concentrer sur les rives du Guadalquivir où la Casa de Indias commande l'exploration et la mise en valeur des immenses espaces conquis outre-Atlantique. Les palais aristocratiques se sont multipliés et il en va de même des fondations religieuses et des riches demeures bourgeoises. Cette prospérité favorise l'apparition de commanditaires cultivés et exigeants qui seront à l'origine de l'essor de l'école de peinture de Séville, l'un des plus beaux fleurons du Siècle d'or espagnol.
Dans le creuset fondateur du Baroque espagnol
Né en 1598 à Fuente de Cantos, c'est en 1628 que Francisco de Zurbaràn arrive, accompagné de sa famille et des membres de son atelier, dans la capitale andalouse où il vient de signer un contrat avec le couvent de Notre-Dame-de-la-Merci. Ses premiers rapports avec la ville datent de son apprentissage, entamé en 1612 en compagnie de Velasquez. En 1626, vingt-et-un tableaux – à réaliser en huit mois pour les dominicains de San Pablo de Real – ont été commandés à celui qui est déjà un peintre reconnu. Mais c'est son Christ en croix peint en 1627 qui assure pleinement sa notoriété. Les contemporains sont frappés par le réalisme du corps de Jésus émergeant de la pénombre et par la luminosité et le plissé sculptural du linge qui lui ceint la taille. Séduite, la municipalité de Séville l'invite à s'installer comme peintre de la ville. Le Saint Sérapion qu'il crée alors pour les mercédaires est saisissant. Zurbaràn nous met en présence d'un martyr de l'ordre, victime de pirates anglais en 1240. Le cadrage très resserré concentre notre attention sur la représentation du saint en « gros plan ». La mise en scène a disparu. Seule, en fond, règne l'obscurité. Là encore, on est frappé par l'extraordinaire impression de plasticité du personnage émergeant des ténèbres ainsi que par le manteau immaculé de l'ordre de la Merci, dont le réalisme tactile, à la façon flamande, contribuera à faire de Zurbaràn le peintre des ordres blancs. Aucune trace de douleur. La tête repose simplement, voire paisiblement, sur un des bras écartés en croix, comme emportée par le sommeil.
On retrouve ce refus de l'exhibitionnisme doloriste et cet intérêt porté au vêtement dans une galerie de saintes que leurs parures somptueuses transforment en gravures de mode, ainsi sainte Marguerite vêtue d'un costume traditionnel de bergère, ou sainte Elisabeth de Portugal, royalement parée d'étoffes aux couleurs rares et lumineuses. Toutes jeunes et belles, elles surgissent de l'obscurité et accrochent l'attention du spectateur-fidèle d'un regard distant ou charmeur. Ce n'est qu'en examinant très attentivement ces tableaux que l'on percevra les symboles de leur martyre.
Le peintre des bodegones
Dans le Saint Hugues du réfectoire des chartreux de Séville, le peintre fige la scène d'un miracle et met en valeur les pichets, les bols et les couteaux, mais aussi le pain et la viande qui participent au décor de l'événement. Zurbaràn insiste sur la modestie des objets présentés, produits du travail de l'homme ou produits de la nature. Nous sommes là bien loin de l'opulence baroque d'un Rubens. Il nous frappe aussi par la simplicité de la composition que l'on retrouvera dans les Tasses et Vases : trois ou quatre objets disposés sur un même plan dans la largeur de la toile et se détachant sur un fond sombre. Un ordonnancement austère qui a pu être comparé à celui des vases liturgiques disposés sur un autel, et une palette terreuse qu'il partage avec le Velasquez des bodegones.
En 1634, lors du voyage à Madrid où il retrouve le portraitiste du roi Philippe IV pour décorer le palais royal du Buen Retiro, Zurbaràn découvre la clarté qui inonde les créations des peintres italiens. Sa peinture s'éclaircit alors dans les réalisations de la chartreuse de Jerez dont quatre tableaux de l'Enfance du Christ ont survécu. Les objets témoignent toujours, dans leur traitement, d'une attention particulière et s'intègrent dans une mise en scène nouvelle, magnifiée à l'italienne par des décors grandioses et des vêtements somptueux.
Le marché américain et la fin
Mais l'exil du favori du roi, le comte-duc de Olivares, mécène des peintres andalous, puis la peste de 1649 obligent Zurbaràn à se tourner vers le marché américain. Il signe alors des contrats avec des sanctuaires de Buenos Aires ou du Pérou : ainsi 38 tableaux dont 24 Vierges grandeur nature pour un couvent de Lima. Les commandes sont nombreuses et l'atelier important. Son fils Juan, qui excelle dans la peinture de bodegones, y travaille. En 1658, il est à Madrid pour honorer des commandes royales aux côtés de Velazquez, Murillo et Alonso Cano.
Il meurt en 1664, quatre ans après son ami Velazquez.

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