Né en 1948, le jeune Etat israélien a connu depuis son apparition une existence troublée par la succession des conflits avec ses voisins arabes et la permanence de la contestation palestinienne du fait accompli il y a bientôt soixante-dix ans. Doté d’un territoire des plus modestes (22 000 kilomètres carrés occupés en partie par le désert du Neguev), peuplé de huit millions d’habitants, il apparaît comme une forteresse assiégée au sein d’un environnement globalement hostile, même si les rapports de force qui se sont imposés au fil du temps ont quelque peu calmé les ardeurs bellicistes des Etats arabes voisins. Pays développé ouvert aux technologies de pointe et doté d’un outil militaire des plus solides, Israël doit compter avec la gestion, dans le long terme, des territoires occupés à l’issue de la guerre des Six Jours de 1967, mais aussi avec une forte minorité arabe issue des populations palestiniennes qui n’ont pas choisi de partir en exil lors de la création de l’Etat et du nettoyage ethnique qui l’a accompagnée. Soutenu par la plupart des grandes puissances lors de sa création avalisée par l’ONU, l’Etat juif s’est ensuite clairement rangé, durant la guerre froide, dans le camp américain et s’est progressivement isolé au sein de la communauté internationale du fait de la persistance de la résistance palestinienne et de l’hostilité de nombreux Etats, qui voient en lui le vestige d’une période coloniale jugée anachronique. A l’inverse, les Israéliens recourent à l’Histoire pour légitimer leur installation sur l’ancien territoire du royaume de David et le retour vers Sion qu’expliquent en grande part les persécutions et les discriminations dont les Juifs ont longtemps été l’objet dans les divers pays où ils s’étaient trouvés dispersés. Après la courte éclaircie correspondant à la période allant de 1991 à 1995 – qui vit la conférence de Madrid et la conclusion des accords d’Oslo –, le conflit irsraélo-palestinien s’est d’autant plus enlisé que, dans les deux camps, ce sont les éléments les plus radicaux – Juifs nationalistes et religieux face à un mouvement palestinien de plus en plus gagné à l’islamisme – qui se sont imposés. Dans un Proche-Orient en pleine crise et sans doute déstabilisé pour longtemps, Israël n’apparaît pas, au regard du chaos environnant, menacé à court terme, mais de lourdes incertitudes pèsent sur l’avenir d’une région dont semble de plus s’éloigner le protecteur américain.
De la naissance du sionisme à l'avènement de l'Etat d'Israël
Dans son Portrait historique d’Israël,
l’historien Elie Barnavi nous explique que « le
nationalisme juif a deux racines : l’une plonge loin dans le
temps et se confond avec la mémoire historique, à la fois
religieuse et nationale, du peuple juif ; l’autre, beaucoup
plus récente, a pris naissance dans l’Europe du XIXe siècle.
La première a permis aux Juifs de survivre à la dispersion en tant
que peuple, soudé qu’il était par une religion exclusivement
ethnique, par les souvenirs toujours vivaces de la Terre promise et
par l’hostilité du milieu environnant. Mais, sans la seconde, les
Juifs auraient continué ad vitam aeternam à prier avec ferveur pour
"l’an prochain à Jérusalem", sans espoir aucun d’y
parvenir, sinon messianique… Il est certain que l’acharnement des
Juifs à survivre est d’essence religieuse, et il est non moins
certain que la centralité de la terre d’Israël a toujours été
la pièce maîtresse du culte et de la conscience juifs. C’est ce
lien spirituel puissant, mais aussi physique – les Juifs n‘ayant
jamais cessé d’être présents en Palestine –, qui a
empêché le peuple juif de se transformer en une secte
parmi d’autres et, à terme, de disparaître en tant que groupe…
Arthur Koestler a peut-être eu tort d’écrire "qu’Israël
est un caprice de l’Histoire" – ou alors, en un sens, tous
les Etats-nations le sont –, mais il a eu sûrement raison d’en
souligner le caractère "unique" puisqu’il "n’y
a pas d’exemple dans l’Histoire d’un peuple qu’on ait autant
pourchassé autour du globe, qui ait survécu deux mille ans à la mort
en tant que nation et qui, entre les autodafés et les chambres à
gaz, ait continué à boire à "l’an prochain à Jérusalem"
pendant le même laps de temps, avec la même infatigable confiance
dans le surnaturel ».
Au fil des siècles, l’espérance d’un retour à Jérusalem,
dans l’alyia (« Montée » dans le sens de « Retour ») vers la terre d’Israël, a persisté dans les communautés juives de la diaspora. Sur place, une
petite communauté – 25 000 âmes à la fin du XIXe siècle – s’est maintenue à Jérusalem, Tibériade, Safed et Hebron,
constituant le « vieux Yishouv » (c’est-à-dire la
communauté juive palestinienne ancienne). Très pauvres et très
orthodoxes, ces Juifs ne se reconnaîtront pas dans un sionisme qui se
veut nationaliste et laïque.
L’émancipation des Juifs qui a accompagné en Europe la
Révolution française vient bouleverser le cadre des communautés
traditionnelles confrontées à la Haskala (le terme désignant chez
les Juifs les changements introduits par la pensée des Lumières). C’est
également, pour certains Juifs, l’occasion d’une réussite
qu’incarnent des familles ou des personnalités marquantes du monde
de l’économie, de la finance ou de la politique. En réaction, l'antisémitisme vient remplacer dans les opinions européennes
l’antijudaïsme traditionnel qui, d’origine païenne et chrétienne,
stigmatisait « le peuple différent aux coutumes étranges » et/ou le « peuple déicide ». L’optimisme qui
prévaut alors laisse cependant penser que cet antisémitisme nouveau
ne sera que passager et que les nouvelles valeurs portées par la
raison, le progrès et la science le feront bientôt disparaître. Ce
qui explique le peu d’échos rencontrés en Europe occidentale par
le programme sioniste. A l’inverse, les Juifs d’Europe orientale
forment des populations pauvres, concentrées dans des ghettos, repliées sur
elles-mêmes, pour lesquelles il n’est pas question d’assimilation
et qui subissent même fréquemment de violents pogroms. Dans
l’empire russe et l’empire austro-hongrois, certains Juifs rêvent
d’assimilation, mais ils sont très minoritaires, et la plupart de
leurs coreligionnaires ont le sentiment d’appartenir à une nation
spécifique. L’éveil des nationalités et l’avènement des
Etats-nations ne peuvent que renforcer ce sentiment et, au moment où
s’accomplit l’unité italienne, Moses Hess peut affirmer dans Rome et Jérusalem que « le
problème juif est le dernier problème national en Europe ».
Au début, l’idée sioniste rencontre de nombreux obstacles :
les Juifs en voie d’assimilation ne veulent pas compromettre leur
intégration à la société moderne ; les Juifs religieux, attachés à
la religion traditionnelle, rejettent un programme qui prétend se
substituer à Dieu ; enfin, les Juifs révolutionnaires – qui sont
nombreux – combattent ce qu’ils considèrent comme une déviation
chauvine incompatible avec l’avancée du processus d’émancipation
sociale.
C’est le développement de l’antisémitisme en Europe de
l’Est à partir de 1880 qui va permettre au sionisme de
rencontrer un véritable écho. Beaucoup de Juifs émigrent en
Occident, notamment aux Etats-Unis, d’autres continuent de placer
leurs espoirs dans une révolution sociale jugée inéluctable, mais
bon nombre d’entre eux vont être désormais sensibles aux
propositions portées par le projet sioniste.
1881 : Fondation à Saint-Pétersbourg du groupe « L’amour
de Sion » qui réclame l’établissement d’un gouvernement
juif en terre d'Israël et dont les membres se baptisent « Amants
de Sion ».
1882 : Dans son Auto-émancipation Léo Pinsker, un médecin
d’Odessa, constate la permanence de ce qu'il appelle la judéophobie et propose aux Juifs « d’occuper à leur tour une
place plus supportable et plus digne dans l’assemblée des nations
vivantes, avec un foyer national ». Les Amants de Sion, réunis
à Saint-Pétersbourg l’année précédente, placent Pinsker à leur
tête et vont fonder les premières colonies juives en Palestine,
leur programme reposant sur l’achat sur place de terres à
cultiver. Mais il faut compter avec l’hostilité du pouvoir
ottoman.
1896 : Le Juif hongrois Theodor Herzl, juriste et journaliste
formé à Vienne, fait paraître son Etat juif, essai d’une
solution moderne du problème juif.
1897 : Congrès sioniste de Bâle, organisé à l’initiative
de Theodor Herzl. L’objectif fixé est « d’établir
un foyer pour le peuple juif en Palestine ». Une
organisation sioniste mondiale est mise sur pied.
Août 1903 : Sixième congrès, tenu à Bâle, du mouvement
sioniste. Il rejette la proposition anglaise de constituer un foyer
national juif en Ouganda. Refus confirmé en 1905 après la mort de
Herzl.
7 juillet 1904 : Mort de Theodor Herzl.
1905 : Les pogroms de Kichinev qui font suite à l’échec de la révolution de 1905 encouragent les Juifs russes à se tourner vers le
« refuge » palestinien.
Septembre 1907 : Formation, à Jaffa, de l’organisation
juive Bar Giora (du nom de Bar Kochba, l’un des adversaires des Romains lors de la révolte de 135). Il s’agit
de protéger les colons juifs venus s’établir en Palestine avec le
projet de constituer les premiers kibboutz et souhaitant que les
communautés juives puissent vivre en autarcie. L’organisation est
dirigée par Israël Shochat (héros en 1903 de la défense du ghetto
russe de Gomel) et par un certain David Grün, connu plus tard sous
le nom de « ben Gourion ».
Avril 1917 : Séjournant à Paris, Nahum Sokolov, l’un des
principaux animateurs du mouvement sioniste, est reçu par de
nombreuses personnalités françaises qu’il tente de convaincre de
la nécessité de créer un foyer national juif en Palestine.
28 octobre 1917 : Au cours de la première guerre mondiale qui oppose les forces franco-anglaises à l'Empire ottoman, à partir de l'Egypte et du Sinaï, l’armée du général
Allenby lance l’offensive contre les forces turques sur un front
allant de Gaza à Beersheba. Elle s’empare de Beersheba le 31
octobre, puis de Jaffa le 17 novembre.
2 novembre 1917 : Lord Balfour, ministre britannique des
Affaires étrangères, déclare, dans une lettre adressée à Lord
Rothschild, principal représentant de la communauté juive
britannique « que le gouvernement de Sa Majesté
envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer
national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour
faciliter la réalisation d’un tel objectif, étant entendu que
rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et
religieux des collectivités non juives existant en Palestine ». Une déclaration en contradiction avec les promesses faites en 1916
au chérif Hussein de La Mecque de création d’un royaume arabe.
L’attitude du gouvernement anglais s’explique pour une bonne part
par le souci de gagner les sympathies des douze millions de Juifs
vivant à travers le monde, notamment en Russie où, au lendemain de
la révolution de février, l’intelligentsia juive, généralement
acquise à la cause socialiste, risque d'être tentée par le
pacifisme. Il s’agit aussi de s’assurer le soutien du lobby juif
américain au moment où les Etats-Unis, « associés » à
l’Entente, s’apprêtent à jouer un rôle décisif dans l’effort
de guerre et où le Foreign Office s’inquiète des projets que le
président démocrate Wilson entend mettre en œuvre en vue de
l’après-guerre. C’est en avril que les contacts noués avec
Nahum Sokolov et Chaim Weizmann, le leader sioniste londonien, ont
convaincu Lord Balfour.
24 novembre 1917 : Trotski, commissaire du peuple aux
Affaires étrangères dans le gouvernement bolchevique qui vient de
s’installer, révèle les plans de partage du Proche-Orient
imaginés par les puissances de l’Entente. Les accords secrets
Sykes-Picot de mai 1916 et ceux conclus lors de la conférence
interalliée de Saint-Jean-de-Maurienne d’avril 1917 remettent
complètement en cause les promesses de création d’un royaume
arabe faites aux hachémites de La Mecque en janvier 1916.
9 décembre 1917 : L’armée du général Allenby entre dans Jérusalem.
1er octobre 1918 : L’armée
Allenby fait son entrée à Damas, en même temps que les troupes
arabes organisées par T.E. Lawrence (Lawrence d'Arabie).
30 octobre 1918 : L’armistice de Moudros met un terme à la
guerre opposant les Turcs aux Alliés.
3 janvier 1919 : Rencontre à Londres de l’émir Fayçal,
fils du chérif Hussein de La Mecque, et de Chaïm Weizmann,
responsable du Congrès juif mondial. Ils signent un accord sur la
Palestine préparé par Lawrence d’Arabie. Les deux hommes se sont
déjà rencontrés en Transjordanie en juin 1918. Fayçal admet le
principe de l’immigration juive en Palestine, sous réserve qu’elle
ne lèse pas les intérêts des paysans arabes. Il juge que le
mouvement sioniste est « nationaliste, mais pas
impérialiste ». Cet accord n’engage que les deux
signataires et n’implique pas les grandes puissances.
3 février 1919 : Présentation du programme sioniste à la conférence de la Paix de Paris.
25 avril 1920 : La conférence de San Remo confirme les
accords franco-anglais de 1916 et 1918 (Syrie et Liban pour la
France qui a renoncé en 1918 au vilayet de Mossoul, Irak,
Transjordanie et Palestine pour la Grande-Bretagne). Les Alliés
victorieux demeurent ainsi en charge de la question sioniste. La
déclaration Balfour est également ratifiée par les puissances
concernées.
Mai 1920 : La Grande-Bretagne vient de nommer Herbert Samuel
haut-commissaire en Palestine. Il est juif et favorable à la cause
sioniste, mais, par souci de ménager la population arabe, il ne
favorisera pas l’immigration des Juifs européens.
25 juillet 1920 : Les troupes françaises entrent à Damas où
l’émir Fayçal a vainement tenté d’établir le royaume arabe
promis par les Anglais en 1916.
Mars 1921 : Conférence coloniale du Caire organisée par Winston Churchill, alors ministre britannique des Colonies. Elle décide la création
d’un royaume d’Irak donné à Fayçal et d’un émirat de
Transjordanie donné à Abdallah, les deux fils du chérif Hussein.
Un lot de consolation pour les Hachémites, privés du royaume arabe
qui leur avait été promis en 1916.
Mai 1921 : Des heurts sanglants opposent Juifs et Arabes à
Jaffa puis dans toute la Palestine, faisant environ 200 tués dans
chaque camp. Les troupes anglaises doivent intervenir pour rétablir
l’ordre. Ce sont les manifestations organisées par les Juifs,
originaires pour beaucoup de Russie, à l’occasion de la fête du
Travail qui ont suscité la colère des Arabes qui craignent
davantage le communisme (des slogans favorables à la Russie
soviétique étaient repris par les manifestants juifs du 1er
mai) et ne sont pas alors dans une posture « antisémite » mais plutôt une réaction politique antirévolutionnaire.
C’est cependant dans ce contexte que les Juifs décident de
dissoudre leur milice Hashomer et de créer une véritable armée
(dont la mise en place a commencé clandestinement dès l’année
précédente), la Haganah, issue de l'Histadrout, la fédération
générale des travailleurs juifs. Des armes sont importées
clandestinement via Beyrouth.
24 juillet 1922 : La Société des Nations confie
officiellement à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine.
20 février 1928 : Traité entre la Transjordanie et la
Grande-Bretagne qui fixe sur le Jourdain la frontière orientale de
la Palestine mandataire.
19 août 1929 : Sanglants affrontements à Jérusalem entre
Juifs et Arabes devant le mur des Lamentations. Les émeutes gagnent
Haïfa, Naplouse, Gaza et Hébron où soixante Juifs sont massacrés quand
se répand la rumeur selon laquelle, à Jérusalem, la mosquée
d’Omar est menacée. A l’issue d’une semaine de troubles, quatre-vingt-sept Arabes et cent vingt Juifs ont été tués. Envoyé en mission sur place
pour enquêter sur la situation, John Hope Simpson conseille une
réduction de l’émigration juive et des achats de terres aux
Arabes, ce qui indigne les sionistes. Hope Simpson déconseille la
création d’un Etat juif, mais le Premier ministre anglais, Ramsay
Mac Donald, rassure les milieux sionistes.
1931 : Création de l’Irgoun Zvaï Leoumi (Organisation
militaire nationale). Les sanglantes émeutes de 1929, huit ans après
les affrontements de Jaffa, ont convaincu les responsables juifs
qu’ils ne pouvaient aucunement compter sur les Britanniques pour
garantir la protection des personnes et des biens juifs. Les hommes
du Yichouv, le nouveau foyer national juif, vont devoir se défendre
eux-mêmes et la Haganah, créée clandestinement en 1920, ne semble
pas en mesure de remplir ce rôle, d’attirer des volontaires
suffisamment nombreux, de leur assurer une instruction suffisante et
de les doter de l’armement nécessaire alors que manquent des
cadres compétents. Emanation d’un mouvement syndical, la Haganah n’est pas adaptée à la situation, et son passage, en 1931, sous
l’autorité de l’Agence juive n’y change rien. De plus, les
sionistes les plus radicaux ne se reconnaissent pas dans cette armée
marquée à gauche. Ils vont donc former l’Irgoun, qui se réserve
la possibilité de prendre l'initiative du recours à la force,
voire à l’action terroriste.
1933 : L’arrivée d'Hitler à la chancellerie incite les
Juifs allemands à l’exil et le mouvement se confirme au fil des
années, notamment après les lois raciales de Nuremberg de 1935 qui
enlèvent aux Juifs la nationalité allemande et en font des
étrangers au sein du Reich. Le pogrom de la « Nuit de
cristal » de novembre 1938 aggrave encore leur situation. Ils
émigrent nombreux en France et en Angleterre, mais les Etats-Unis
ayant fermé leurs portes à l’immigration, beaucoup voient dans le
refuge palestinien la voie de leur salut.
Novembre 1935 : Izzedine Qassam, tué en combattant les
troupes britanniques près de Jenine, est le premier martyr de la
cause palestinienne. Nationaliste arabe, exilé de Syrie à Haïfa en
1932, il organise un premier mouvement de résistance à l’occupation
britannique en novembre 1935, mais le maquis qu’il a constitué est
rapidement localisé et détruit. Qassam fait vite figure de
héros pour le petit peuple palestinien réduit à la misère (près
du quart des paysans arabes sont sans terre).
20 avril 1936 : Réunion à Naplouse d’un comité national
arabe qui entend diriger l’insurrection contre l’occupation
britannique et contre la présence sioniste. Des attentats sont
perpétrés. Un haut comité arabe constitué à Jérusalem appelle
ensuite à une grève générale illimitée. Après la violence du
début, les Arabes jouent de la résistance passive et de la
désobéissance civile pour imposer à la puissance mandataire
l’arrêt de l’immigration juive. Le comité appelle aussi à la
grève de l’impôt. La lutte est plus violente dans les campagnes
où les colons juifs sont attaqués, les lignes téléphoniques
coupées, le pipe-line de l’Iraq Petroleum Company saboté. Une
commission d’enquête est constituée. Présenté en juillet
1937, le rapport de la commission Peel propose le partage de la
Palestine en deux Etats, ce qui entraîne une relance de
l’insurrection jusqu’en 1939.
Printemps 1939 : La Grande-Bretagne publie un Livre blanc sur
la Palestine, censé répondre à l’insurrection déclenchée
depuis un peu plus de trois ans. Les Anglais ne veulent pas gouverner
le territoire placé sous leur mandat contre la majorité de la
population et ils s’inquiètent des menaces de guerre qui pèsent
alors sur l’Europe. Le Livre blanc prévoit donc l’arrêt de la
colonisation et de l’immigration juives en Palestine et il en va
de même pour les achats de terres. Cette annonce entraîne un
relatif apaisement du côté de la guérilla palestinienne, mais
déclenche la colère des Juifs et l’Irgoun fait désormais de la
puissance mandataire son ennemi principal.
Octobre 1939 : Le grand mufti de Jérusalem, Hadj Amine al
Husseini, se réfugie à Bagdad.
4 août 1940 : Mort à New York de Vladimir Zeev Jabotinsky,
l’un des leaders les plus en vue du mouvement sioniste, fondateur
en 1923 d’u mouvement paramilitaire, le Betar. Il a dirigé à
partir de 1935 une dissidence de droite, voire d’extrême-droite,
du mouvement sioniste que ses adversaires ont dénoncé comme
« fasciste ».
11 janvier 1941 : Par le Memorandum Stern, les sionistes
extrémistes proposent leur collaboration à l’Allemagne nazie
pour lutter contre l’Angleterre.
12 février 1942 : Le terroriste sioniste Abraham Stern est
tué par les Britanniques.
Mai 1942 : La conférence sioniste de Biltmore (aux Etats-Unis)
réaffirme que son but est « l’établissement en Palestine
d’une communauté juive ».
6 novembre 1944 : Lord Myne, ministre d’Etat britannique au Moyen-Orient, est assassiné au Caire par deux jeunes Juifs, Eliahou Beit
Tsouri et Eliahou Hakim. Capturés et condamnés à mort, les deux
assassins seront exécutés en mars 1945. Le 17 novembre 1944,
Churchill menace de retirer son soutien à la cause sioniste.
3 avril 1945 : Le président Roosevelt, quelques jours avant
sa mort, tient à rassurer Ibn Saud, le roi d’Arabie rencontré sur
le canal de Suez quelques semaines plus tôt, quant aux intentions
américaines à propos de la question palestinienne.
14 août 1945 : L’Agence juive revendique la création d’un
Etat juif en Palestine, au moment où sont révélés les
persécutions et les massacres dont les Juifs européens ont été
les victimes au cours de la seconde guerre mondiale.
1er octobre 1945 : David Ben Gourion lance
un appel à la lutte armée contre les Anglais. Jusque-là, les
dirigeants de l’Agence juive ont condamné le recours à la lutte
armée engagée par l’Irgoun et les groupes Stern, et la Haganah était
même chargée de lutter contre ces organisations dissidentes car la
priorité demeurait de ne pas indisposer les autorités anglaises
dont l’attitude serait forcément déterminante pour le succès du
projet sioniste. Les dirigeants juifs attendaient beaucoup des
élections anglaises de l’été de 1945 et comptaient sur une
victoire de l’opposition travailliste. C’est ce qui advient, mais
quand les Juifs demandent à Ernest Bevin, le nouveau responsable du
Foreign Office, les cent mille passeports permettant à cent mille Juifs de
se rendre en Palestine, il ne leur en accorde que mille cinq cents.
10 octobre 1945 : Des commandos juifs attaquent le camp
britannique d’Athlit.
31 octobre 1945 : La Ligue arabe, constituée au Caire le 22
mars précédent, rejette toute idée de création d’un Etat juif en
Palestine.
13 novembre 1945 : Le ministre anglais des Affaires
étrangères, Ernest Bevin, confirme les dispositions avancées dans
le Livre blanc de 1939 à propos de la question palestinienne.
L’Angleterre s’oppose donc à tout nouvel accroissement de la
population juive en Palestine. Le travailliste Bevin rejoint la
position du conservateur Anthony Eden, exprimée dans un discours aux
Communes du 29 mai 1941.
Juin 1946 : La Haganah multiplie en Palestine les actes de
sabotage en y faisant notamment sauter tous les ponts. La
Grande-Bretagne, qui a déployé cent mille hommes sur place engage
dès lors la lutte contre les groupes sionistes.
22 juillet 1946 : Les militants de l’Irgoun font sauter à
Jérusalem l’hôtel King David qui abrite le quartier général
des forces anglaises en Palestine. Cet attentat fait une centaine de
morts. C’est Menahem Begin, le chef de l’Irgoun, qui sera, trente-et-un ans plus tard, chef du gouvernement israélien, qui l’a
organisé.
Juillet 1946 : Présentation du rapport Morrisson-Grady qui
propose un nouveau plan de partage de la Palestine.
Janvier 1947 : La situation sécuritaire s’aggrave
rapidement en Palestine. Le 1er janvier, un combattant de l’Irgoun,
Dov Gruner, a été condamné à mort après avoir été blessé et
fait prisonnier en avril 1946, à la suite d’un raid contre un
poste de police. L’Irgoun réagit en multipliant les attentats contre les soldats britanniques. Le groupe Stern, quant à lui, fait
sauter un véhicule bourré d’explosifs dans la cour du
commissariat central d'Haïfa, faisant six morts et trente blessés.
L’exécution de Dov Gruner étant fixée au 28 janvier, les
militants sionistes enlèvent les 26 et 27 un officier de
l’Intelligence Service, le major Collins, et le juge Windham du
tribunal civil de Tel-Aviv, menaçant de les exécuter si Gruner est
pendu. L’état de siège est proclamé le 27 dans toutes les
grandes villes puis, le 1er février, dans
toute la Palestine, mais, l’exécution du militant sioniste ayant
été reportée le 28, les otages sont libérés. Les civils
britanniques sont partis, et tous les bâtiments occupés par les
Anglais sont transformés en forteresses.
18 février 1947 : Bevin transmet à l’ONU le dossier
palestinien et les Anglais annoncent la fin de leur mandat pour le 13
mai 1948.
18 mai 1947 : La Ligue arabe demande à l’ONU le départ
des Anglais de Palestine.
29 novembre 1947 : L’Assemblée générale des Nations
unies adopte la résolution 181 qui prévoit le partage de la Palestine entre un Etat juif et un Etat arabe palestinien (33 voix pour – dont celles des
Etats-Unis et de l’URSS –, 13 contre et 10 abstentions dont celle
de la Grande-Bretagne). Après avoir encouragé l’installation
d’un foyer national juif en Palestine, l’Angleterre était
devenue le principal obstacle à la réalisation de ce projet, le
Livre blanc de 1939 proposant un Etat unitaire comptant au maximum un
tiers de Juifs. L’ampleur des persécutions nazies, qui donne au
sionisme une nouvelle légitimité, et l’importance du terrorisme
juif en Palestine ont eu raison de la volonté anglaise de ménager
les Arabes.
1er décembre 1947 : Grève générale
en Palestine.
Décembre 1947 : Rejet par la Ligue arabe de la résolution
181 des Nations unies partageant la Palestine en deux Etats associés.
4 janvier 1948 : Premier attentat aveugle à la voiture
piégée dans les rues de Jaffa.
1er février 1948 : Mobilisation
générale des Juifs de Palestine décidée par l’Agence juive.
7 février 1948 : Conférence de Londres réunissant Bevin,
Glubb Pacha (le chef de la Légion arabe formée en Transjordanie) et
des responsables jordaniens. Il est décidé qu’il ne devait pas y
avoir d’Etat palestinien arabe indépendant.
11 mars 1948 : Attentat arabe contre l’Agence juive.
9 avril 1948 : Massacre de la population du village
palestinien de Deir Yassine. Il est perpétré par des combattants de
l’Irgoun et du groupe Stern. L’action entraîne la mort de deux cents cinquante personnes dont des femmes et des enfants en grand nombre. Les groupes
radicaux ont voulu montrer à l’armée officielle, la Haganah,
qu’ils étaient capables d’actions militaires classiques et ne se
limitaient pas aux attentats terroristes, mais la vigueur de la
résistance opposée par les villageois a entraîné un massacre
général qui a fait de Deir Yassin « l’Oradour
palestinien ».
17 avril 1948 : Prise de Tibériade par les Juifs.
22 avril 1948 : La Haganah prend le contrôle d’Haïfa.
25 avril 1948 : Prise de Jaffa par les Juifs.
De la naissance d'Israël puis du Fatah à la guerre des six jours
Il a suffi de cinquante ans et de circonstances tout à fait exceptionnelles pour que le projet sioniste formulé à l'extrême fin du XIXe siècle soit mis en oeuvre en Palestine au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ses partisans avaient dû compter avec la mauvaise volonté des puissances concernées et, à partir des années 1920, avec la résistance des Arabes palestiniens mais les persécutions et les massacres subis durant la seconde guerre mondiale, la lassitude de l'Angleterre et l'impuissance politique d'un monde arabe encore largement dominé ont constitué autant de conditions favorables au succès de David Ben Gourion et de ses amis. Les violences qui ont accompagné la colonisation juive ne retiennent guère l'attention dans un monde qui sort des horreurs du conflit mondial et l'installation des nouveaux venus ne choque guère les opinions habituées aux conquêtes coloniales, à une époque où le processus de décolonisation débute tout juste en Asie.
14 mai 1948 : David ben Gourion proclame solennellement, devant le Conseil d’Etat provisoire qui gouverne le nouvel Etat, l’indépendance d’Israël. L’annonce par l’Angleterre de
l’abandon de son mandat sur la Palestine explique l’initiative
prise par le mouvement sioniste. Le même jour, les notables de
Jéricho et de Naplouse acquis à Abdallah, le souverain hachémite
transjordanien, votent l’intégration de la Palestine à la
Transjordanie. Sur le terrain, l’Irgoun et la Haganah cherchent à
prendre de vitesse l’adversaire arabe. Le massacre de Deir Yassine,
la prise de Tibériade, d’Haïfa et de Jaffa ont eu pour effet de
faire fuir les habitants arabes des régions concernées. Les
Etats-Unis reconnaissent dès le 14 mai le nouvel Etat, suivis le
même jour par l’URSS de Staline, qui voit dans sa création
l’opportunité d’affaiblir la clientèle arabe de la Grande-Bretagne.
15 mai 1948 : Dès qu’a été connue la proclamation
d’Israël par Ben Gourion, les gouvernements arabes ont lancé
leurs troupes à l’assaut du nouvel Etat. Avec une population juive
de moins de 800 000 âmes, Israël peut engager initialement 79 000
combattants regroupés au sein de la Haganah, de l’Irgoun de
Menahem Begin (environ 2 000 hommes) et du groupe Stern. Quelques
milliers de volontaires juifs étrangers constituent un embryon
d’armée de l’air. Les Arabes engagent pour leur part (pour une
population pesant alors 35 millions d’habitants) 150 000
combattants, souvent de qualité médiocre, si l’on excepte la
Légion arabe de Glubb Pacha. Cette unité participe à la lutte
malgré les négociations secrètes qui sont conduites pendant un
mois entre l’Israélienne Golda Meir et le roi de Transjordanie
Abdallah, bien décidé à profiter de la situation pour mettre la
main sur les territoires palestiniens qui ne reviendront pas à
Israël.
19-28 mai 1948 : La Légion arabe formée par l’Anglais
Glubb Pacha est engagée dans la lutte pour la conquête de Jérusalem
et assure au souverain de Amman le contrôle du mur des Lamentations.
28 mai 1948 : Le gouvernement israélien interdit
l’organisation de toute force armée extérieure à Tsahal, l’armée
officielle formée à partir de la Haganah. Il s’agit de contrôler
l’Irgoun et le groupe Stern.
11 juin 1948 : Première trêve, éphémère, dans le conflit
israélo-arabe.
20 juillet 1948 : Deuxième trêve, tout aussi éphémère que
la précédente.
17 septembre 1948 : Un commando du groupe Stern assassine le
comte Bernadotte, médiateur des Nations unies pour la Palestine. Le
plan qu’il a présenté le 27 juin 1948 réduisait fortement la
part faite aux Juifs dans le partage onusien de novembre 1947. L’Etat
juif n’aurait plus que 20 % du territoire mandataire et serait
rattaché à la Transjordanie dans le cadre d’une union fédérale
qui engloberait aussi la Palestine arabe. Son plan prévoyait de plus
le retour chez eux des réfugiés palestiniens chassés par les Juifs
au printemps précédent. Sa proposition d’internationalisation de
Jérusalem est également rejetée. C’est Yitzhak Shamir, plus tard
promu chef du gouvernement israélien, qui s’est chargé de
l’organisation de l’attentat qui devait coûter la vie au
diplomate suédois.
20 septembre 1948 : Un gouvernement arabe de toute la
Palestine est proclamé à Gaza. Le grand mufti de Jérusalem est élu
président d’une Assemblée constituante. Proche des Anglais, le
roi de Transjordanie Abdallah va jouer les notables palestiniens,
notamment les maires de Gaza, Jaffa, Haïfa et Naplouse contre le
grand mufti, qui ne fait pas l’unanimité dans la société
palestinienne.
1er décembre 1948 : Le congrès de
notables palestiniens, fort de cinq cents délégués réunis à Jéricho, proclame qu’Abdallah, le roi hachémite de Transjordanie, doit être
considéré comme roi de toute la Palestine. Dans un premier temps,
c’est une union palestino-jordanienne qui est mise en place. Cet
épisode est une réponse aux décisions prises à Gaza le 20
septembre précédent.
24 janvier 1949 : Abdallah annexe la Cisjordanie et la partie
arabe de Jérusalem. Il est proclamé roi de Jordanie le 24 avril
suivant.
24 février 1949 : Signature de l’accord d’armistice de
Rhodes entre Israël et l’Egypte. A la mi-octobre, la prise de
Beersheba et l’encerclement des forces égyptiennes « lâchées »
par la Légion arabe d’Abdallah ont décidé du sort des combats. Les
belligérants n’ont pas retenu l’appel à l’arrêt des combats
lancé par l’ONU le 16 novembre et Israël refuse d’appliquer la
résolution onusienne du 11 décembre relative au retour des réfugiés
palestiniens. Le médiateur Ralph Bunche parvient cependant à ce que
s’engagent à Rhodes des négociations le 12 janvier, et un accord
d’armistice intervient le 24 février. Des accords analogues sont
conclus avec le Liban le 23 mars, la Transjordanie le 3 avril et la
Syrie le 20 juillet. Israël sort vainqueur de cette première guerre
israélo-arabe dans la mesure où le territoire qui lui revient est
plus important que celui prévu dans le plan de partage de l’ONU de
1947. La paix n’est pas rétablie pour autant et tous les Etats
arabes voisins sont animés d’une farouche volonté de revanche.
4 mars 1949 : Israël prend le contrôle du Sud du Neguev et
du port d’Aqaba, ce qui lui donne une ouverture sur la mer Rouge.
11 mai 1949 : Israël est admis à l’ONU.
Novembre 1949 : Négociations secrètes entre le roi de
Jordanie Abdallah et Israël.
9 décembre 1949 : Installation par l’ONU de l’UNRWA
chargée des réfugiés palestiniens installés en Jordanie, au
Liban, en Syrie et à Gaza.
20 janvier 1950 : Jérusalem est proclamée capitale d’Israël.
27 février 1950 : Echec des négociations en vue de la
conclusion du traité israélo- jordanien.
1er avril 1950 : Les représentants
des Etats membres de la Ligue arabe ont signé au Caire une
résolution stipulant que « sera exclu de la Ligue
arabe, conformément à l’article 18 du pacte, tout Etat arabe qui
prendrait l’initiative de négocier une paix séparée ou de
conclure avec Israël une paix, soit une paix séparée, soit un
accord politique, militaire ou économique ». Cette résolution vise très clairement le roi de Jordanie Abdallah
dont on sait qu’il a entamé, dès le mois de novembre 1949, des
négociations avec Tel-Aviv.
24 avril 1950 : Le nouveau Parlement jordanien confirme la
naissance du royaume hachémite de Jordanie et l’annexion de la
Cisjordanie par la Transjordanie.
20 juillet 1951 : Assassinat, sur le parvis de la mosquée El
Aqsa de Jérusalem, du roi de Jordanie Abdallah, sous les yeux de son
petit-fils Hussein, âgé seulement de 16 ans. Le meurtrier est un
militant palestinien reprochant à Abdallah sa « trahison »
à la cause palestinienne.
1er septembre 1951 : Le Conseil de
sécurité condamne l’Egypte qui a interdit le canal de Suez aux
bateaux israéliens.
Octobre 1951 : Israël refuse le plan de paix de l’ONU
accepté par les pays arabes voisins.
23 juillet 1952 : Les « officiers libres »
égyptiens s’emparent du pouvoir au Caire et obtiennent, le 26
juillet, l’abdication du roi Farouk. En septembre, le général
Naguib s’impose comme l’homme fort de la junte, mais sera remplacé
l’année suivante par le colonel Nasser.
18 août 1952 : Le roi de Jordanie Talal est écarté du
pouvoir pour troubles mentaux et remplacé par son fils Hussein.
9 novembre 1952 : Décès de Chaim Weizmann, l’un des pères
fondateurs de l’Etat juif. Il a représenté le mouvement sioniste
à la conférence de la Paix en 1919, présidé l’Agence juive
jusqu’en 1946 avant d’être élu, en 1949, premier président
d’Israël.
14 octobre 1953 : Massacre de Qibya. En représailles du
meurtre d’une femme et de deux enfants juifs, une unité israélienne commandée par Ariel Sharon détruit toutes les maisons
d’un village jordanien dont la population est massacrée. Le
conseil de Sécurité de l’ONU condamne vigoureusement cette action israélienne.
28 février 1955 : Raid israélien contre la bande de Gaza.
Il est lancé contre les camps de réfugiés palestiniens d’où
partent les fedayins qui lancent des attaques contre Israël. Les
camps palestiniens sont méthodiquement dévastés, ainsi que de
nombreuses installations de l’armée égyptienne. L’Egypte qui, jusque-là, hésitait, pour ne pas s’aliéner Washington, à
soutenir les combattants palestiniens, change d’attitude et son
armée va désormais se charger de les instruire. Israël montre de
son côté sa détermination à rendre dix coups pour un à ses
adversaires palestiniens. Quinze raids de cette ampleur seront lancés
sur l’Egypte et la Jordanie de février 1955 à octobre 1956.
26 juillet 1956 : Nasser annonce la nationalisation du canal
de Suez, ouvrant ainsi la crise qui va conduire à l’intervention
franco-anglaise de novembre et au déclenchement de la deuxième
guerre israélo-arabe.
23 octobre 1956 : La Jordanie rejoint l’alliance formée
par l’Egypte, la Syrie et l’Arabie saoudite, ce qui constitue
pour Israël un casus belli.
23 octobre 1956 : Conférence de Sèvres réunissant les
représentants des gouvernements de France, de Grande-Bretagne et
d’Israël pour préparer l’attaque contre l’Egypte.
29 octobre 1956 : Les Israéliens déclenchent dans le Sinaï,
contre l’Egypte, l’opération Qadesh. Dans la nuit, les
parachutistes de Tsahal ont pris le contrôle des passes de Mitla. Le
lendemain, la 7e brigade blindée livre,
à Bir Galgafa, une grande bataille de chars aux forces égyptiennes
qui sont totalement défaites. La route vers le canal de Suez est
ouverte. Dans le même temps, la poche de Gaza est encerclée et
méthodiquement réduite. L’énorme base de Rafah, qui regorge de
matériels tchèques et soviétiques intacts tombe entre les mains
des Israéliens. Ceux-ci bénéficient de l’appui des Français dont
l’artillerie navale bombarde les positions égyptiennes. Du 3 au 5
novembre, les Israéliens prennent le contrôle des positions
égyptiennes du golfe d’Aqaba. La campagne du Sinaï est alors
terminée pour Tsahal. Israël atteint à la faveur de cette crise
tous ses objectifs militaires alors que les Français et les Anglais,
isolés sur le plan international, ont dû évacuer la zone du canal
de Suez pour faire place aux Casques bleus de l’ONU.
L’URSS, qui a menacé Paris et Londres, voit son prestige au plus
haut dans le monde arabe qu’elle prétend défendre contre
« l’impérialisme ». Défait militairement, Nasser
apparaît en revanche comme le grand vainqueur politique de cette
crise.
6 mars 1957 : Israël évacue la bande de Gaza.
Octobre 1962 : Le gouvernement israélien repousse les
propositions de la mission américaine Johnson qui reprenait les
bases du plan de partage de la Palestine établi en 1947 par l’ONU.
Février 1963 : Formation d’un comité central du Fath pour
développer et organiser la lutte armée en vue de la libération de
la Palestine. Yasser Arafat et Abou Djihad sont les leaders de ce
mouvement qui entend se démarquer des différents Etats et partis
arabes tentés d’instrumentaliser en fonction de leurs intérêts
la question palestinienne. Ancien leader de l’Organisation des
étudiants palestiniens, Yasser Arafat a fondé, à la fin des années
cinquante au Koweït, le Mouvement de libération nationale de la
Palestine (Harakat Tahrir Falastani) ce qui donne, en renversant
l’ordre des initiales, le mot Fatah qui signifie victoire. Ce
mouvement clandestin va rapidement engager la lutte contre l’occupant
sioniste et se démarquer, à partir de 1964, de l’Organisation de
libération de la Palestine considérée comme trop inféodée à
l’Egypte. Le Fath ouvre un bureau à Alger et ses dirigeants sont
reçus en Chine en 1964.
28 mai 1964 : Le Conseil palestinien, réuni à Jérusalem et
inauguré par le roi Hussein de Jordanie, décide la création de
l’Organisation de libération de la Palestine dont la formation
avait été prévue lors d’un récent sommet arabe réuni au Caire
par Nasser du 13 au 17 janvier précédents. La direction de l’OLP
est confiée à Ahmed Chouqairi. Le congrès décide la formation
d’une armée de libération de la Palestine constituée de
contingents palestiniens intégrés dans diverses armées régulières
arabes. Pour ménager l’Egypte et la Jordanie, la première charte
du mouvement ne revendique ni la Cisjordanie ni Gaza, mais refuse de
reconnaître l’Etat d’Israël et les droits de immigrés juifs
arrivés après 1947.
Novembre 1966 : Malgré l’échec, survenu en 1961, de la
République arabe unie, l’Egypte et la Syrie signent un pacte de
défense mutuelle.
13 novembre 1966 : Attaque israélienne contre le village
jordanien de Samoa.
7 avril 1967 : L’aviation israélienne attaque les
positions syriennes sur le Golan et abat plusieurs Mig syriens.
12 mai 1967 : Moscou signale à plusieurs capitales arabes
l’imminence d’une attaque israélienne contre la Syrie.
14 mai 1967 : Les forces égyptiennes sont déployées dans
le Sinaï. Le général Rabin menace Damas de représailles en
réponse aux raids des fedayins lancés à partir du territoire
syrien.
16 mai 1967 : Nasser demande l’évacuation des troupes de
l’ONU déployées sur la frontière israélo-égyptienne, à
l’exception de Gaza, Kuntila et Charm el Cheikh, les secteurs les
plus sensibles de la ligne de démarcation établie en 1956. Nasser
ne souhaite pas à ce moment précis l’affrontement avec Israël, car une partie de son armée est enlisée au Yémen, mais il a besoin
de hausser le ton vis-à vis-des opinions égyptienne et arabe. Le
secrétaire général de l’ONU, le Birman U Thant, va précipiter
les choses en ne lui laissant le choix qu’entre le maintien du
statu quo et l’évacuation totale par l’ONU du front
israélo-égyptien.
20 mai 1967 : Mobilisation partielle des réservistes
israéliens.
24 mai 1967 : De Gaulle reçoit Abba Eban, le Premier
ministre israélien, et lui demande qu’Israël n’attaque pas en
premier.
24 mai 1967 : Nasser annonce la fermeture du détroit de
Tiran aux navires israéliens, fermant ainsi l’accès au port
d’Aqaba en interdisant la mer Rouge aux Israéliens. 5 % seulement
du commerce israélien passent par le détroit de Tiran, mais Israël
considère comme un casus belli la fermeture de ce dernier.
26 mai 1967 : Le président Johnson reçoit Abba Eban et lui
conseille la modération à propos de la fermeture du détroit de
Tiran.
29 mai 1967 : L’Arabie saoudite déploie 20 000 hommes dans
la région d’Aqaba et Nasser autorise les fedayins à relancer des
raids depuis Gaza.
31 mai 1967 : Le roi Hussein de Jordanie signe avec Nasser,
au Caire, un accord de défense selon lequel, en cas de conflit,
l’armée jordanienne passera sous commandement égyptien. Malgré
l’hostilité du souverain hachémite au nassérisme, il doit
compter avec les aspirations du peuple jordanien, composé aux deux
tiers de Palestiniens naturellement avides de revanche. Après la
fermeture du détroit de Tiran, cette intégration de l’armée
jordanienne à un commandement arabe unifié constitue un autre casus
belli pour Israël. Nasser se contente alors d’une surenchère qui
lui permet de s’assurer à peu de frais le soutien d’une opinion
arabe gagnée par une euphorie agressive qui la conduit à surestimer
les forces des différents Etats rassemblés contre l’ennemi
sioniste. Le raïs égyptien surestime aussi l’éventuel soutien de
l’URSS et se sent encouragé par l’attitude nuancée qu’adopte
le général De Gaulle, soucieux de ménager les Etats arabes.
L’armée égyptienne n’a même pas de plan d’attaque contre
Israël, et Nasser compte sur une solution de crise négociée à
partir d’une position de force.
1er juin 1967 : Un ministère
d’union nationale est formé en Israël avec le général Dayan au
ministère de la Défense.
2 juin 1967 : Ahmed Chuqayri, le leader de l’OLP, lance
depuis Amman un appel à l’insurrection. Il vient de se réconcilier
avec le roi Hussein qui avait fermé les bureaux de l’organisation
dans la capitale jordanienne au mois de janvier précédent. Les
propos particulièrement violents qu’il tient vis-à-vis d’Israël
– « Il n’y aura pas de survivants juifs en Palestine » – vont servir la propagande israélienne et convaincre l’opinion
occidentale de la menace existentielle qui pèse sur l’Etat juif.
La victoire éclair d'Israël et ses lendemains
Né dans des conditions dramatiques en 1948, le jeune Etat juif connaît des débuts difficiles et la victoire obtenue dans la première guerre israëlo-arabe conclue par l'armistice de Rhodes paraît bien fragile. Il doit en effet compter avec l'hostilité unanime - avec une exception pour la Jordanie du roi Abdallah – des pays arabes qui l'entourent et qui ont accueilli une première vague de réfugiés palestiniens chassés par la Naqba, la "catastrophe", qui s'est abattue sur eux. Bientôt les jeunes nations arabes se rapprocheront de l'URSS alors qu'Israël apparaîtra toujours davantage, dans le nouveau contexte de la guerre froide, comme un allié et un protégé des Etats-Unis, le conflit Israëlo-palestinien devenant ainsi au fil des ans l'un des théâtres où s'affrontent indirectement les deux superpuissances. La résistance palestinienne est menaçante, surtout depuis que l'Egypte nassérienne lui apporte son soutien. En 1956, l'affaire de Suez se termine pour les Français et les Anglais, du fait de la pression des deux Grands, sur un échec politique que leur victoire militaire n'a pu empêcher. Elle permet en tout cas à Israël de porter des coups très sévères aux capacités militaires égyptiennes et de gagner ainsi un temps précieux face à la menace arabe. Victoire à double effet car elle suscite aussi chez Nasser une volonté de revanche encouragée par les Soviétiques qui fournissent au raïs égyptien les moyens nécessaires. La montée des tensions et le blocus du détroit de Tiran et du port israëlien d'Aqaba créent les conditions de l'offensive israëlienne de juin 1967 mais la victoire-éclair obtenue lors de la "guerre des six jours" est elle aussi lourde de conséquences. Israël pousse ses frontières jusq'au canal de Suez, au Jourdain et à l'est du plateau syrien du Golan, mais les perspectives de paix s'éloignent d'autant. La guerre du Kippour de 1973 fournira bien à l'Egypte une illusion de revanche qui permettra à Anouar al Sadate de faire la paix avec l'Etat juif, au risque de s'isoler complètement au sein du monde arabe où se constitue un "front du refus" farouchement hostile à tout compromis avec l'entité sioniste. Le rapport des forces semble désormais favorable à Israël, confronté à un ennemi divisé mais c'est al résistance palestinienne qui prend le relais et affirme son autonomie face à des Etats arabes qui ont été incapables de remettre en cause le statu quo établi depuis 1949. La guerre continue donc, du septembre noir jordanien aux attentats de Munich, des attentats terroristes aux interventions de Tsahal au Liban. La guerre du Golfe engagée en 1990 après l'invasion du Koweit par l'Irak de Saddam Hussein semble ouvrir une fenêtre d'opportunité qui débouche sur la conférence de Madrid de 1991 et favorise le processus d'Oslo dont on espère pendant quelques mois qu'il pourra peut-être apaiser la confrontation entre Juifs et Palestiniens, mais l'illusion se dissipera très vite.
5 juin 1967 : L’armée israélienne prend l’offensive
contre l’Egypte. L’aviation de Tsahal a détruit au sol, au cours
d’une attaque surprise, la majeure partie du potentiel aérien
égyptien. Dans le même temps, les grandes unités blindées
israéliennes s’en prennent aux forces égyptiennes du Sinaï,
alors que les parachutistes s’emparent des cols de Mitla qui
constituent l’enjeu stratégique essentiel en vue du contrôle de
la péninsule. Le même jour, le Premier ministre israélien demande
au roi Hussein de Jordanie de ne pas attaquer Israël, mais le
souverain hachémite a conclu avec Nasser un accord qui subordonne
les forces jordaniennes au commandement égyptien.
7 juin 1967 : Les Israéliens lancent l’attaque contre la
ville de Jérusalem.
8 juin 1967 : Le Conseil de sécurité de l’ONU vote une
résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat.
9 juin 1967 : Fin des combats sur le front israélo-égyptien.
Israël a mené une guerre-éclair totalement victorieuse.
10 juin 1967 : Les Israéliens occupent la ville syrienne de
Qunaytra. Les hostilités cessent à 18 heures sur le front syrien.
L’armée syrienne vaincue a dû évacuer le plateau du Golan d’où
son artillerie pouvait pilonner les kibboutz de Haute Galilée. Dès
le 5 juin, l’aviation syrienne a été détruite et ce n’est que
le 9 juin que les hostilités se sont déclenchées sur le Golan.
10 juin 1967 : Nasser revient sur sa démission annoncée la
veille.
27 juin 1967 : Israël décide d’annexer Jérusalem-est
conquise trois semaines plus tôt lors de la guerre des Six-Jours.
14 juillet 1967 : L’ONU condamne l’annexion de Jérusalem
par Israël.
22 novembre 1967 : Le Conseil de sécurité des Nations unies
vote la résolution 242 exigeant le retrait des forces armées
israéliennes des territoires occupés lors du conflit de juin et un
juste règlement du problème des réfugiés. Egypte, Jordanie et
Liban acceptent la résolution, contre l’avis des Palestiniens et de
la Syrie. Les Israéliens donnent aussi leur accord, mais en
s’appuyant sur la version anglaise de la résolution (en
considérant qu’il s’agit de l’évacuation « de
territoires occupés » et pas « des territoires
occupés »). De même qu’ils ont justifié les annexions de
1948-1949 par l’attaque non motivée des Etats arabes, les
Israéliens justifient les occupations de 1967 par le danger de
guerre que faisaient planer les Etats arabes avant le 5 juin.
Décembre 1967 : Discrédité après la défaite de juin,
Ahmed Chuqayri doit abandonner la direction de l’OLP.
11 décembre 1967 : Georges Habache crée, avec les militants
les plus radicaux de la résistance palestinienne, le Front populaire
de libération de la Palestine. D’inspiration gauchiste, le
mouvement connaîtra diverses scissions avec l’apparition du Front
populaire de libération de la Palestine-Commandement Général
d’Ahmed Jibril et celle du Front démocratique de libération de la
Palestine de Nayef Hawatmeh. Les organisations palestiniennes les
plus radicales sont dirigées par des chrétiens palestiniens acquis
à la cause du nationalisme arabe.
Février 1968 : Multiplication des attentats dans les
territoires occupés par Israël.
21 mars 1968 : Le Conseil de sécurité demande de nouveau à
Israël de renoncer à l’annexion de Jérusalem. Le même jour, une
attaque israélienne contre le camp de Karameh (en Jordanie) est
repoussée par les combattants palestiniens. Cette victoire du Fatah
en un lieu-dit dont le nom signifie « Dignité » prend
valeur de symbole moins d’un an après la déroute des armées
arabes lors de la guerre des Six-Jours.
Juillet 1968 : Le quatrième congrès palestinien radicalise la
charte de l’OLP et appelle à la lutte armée « en
vue de la libération totale de la Palestine contre le sionisme lié
à l’impérialisme mondial ».
23 juillet 1968 : Un commando palestinien détourne un avion
d’El Al sur Alger.
28 décembre 1968 : Raid des commandos israéliens sur
l’aéroport de Beyrouth où ils détruisent treize avions de ligne
libanais, en représailles à la tolérance du gouvernement libanais
pour les fedayins installés en nombre sur son territoire. Le Liban
s’était abstenu de participer à la guerre de 1967, mais il
apparaît, sur la base du découpage confessionnel, très divisé vis-à-vis de la question palestinienne.
5 janvier 1969 : Israël repousse le plan de paix soviétique
approuvé par la France.
6 janvier 1969 : La France décrète un embargo complet sur
les pièces détachées destinées à Israël.
3 février 1969 : Yasser Arafat devient le président de
l’OLP au sein de laquelle le Fatah est devenu l’organisation
majoritaire.
23 avril 1969 : Affrontement au Liban entre les forces
libanaises et les réfugiés palestiniens.
29 août 1969 : Détournement sur Damas par le FPLP d’un
Boeing de la TWA.
25 décembre 1969 : Cinq vedettes construites par les
chantiers navals français pour le gouvernement israélien
parviennent à quitter le port de Cherbourg en réaction au
renforcement, consécutif au raid israélien sur l’aéroport de
Beyrouth, de l’embargo français. C’est en utilisant une société
écran norvégienne créée pour la circonstance et censée racheter
les cinq bâtiments à leurs propriétaires que les services
israéliens ont pu les récupérer et les acheminer vers Haïfa.
19 juin 1970 : Présentation du deuxième plan Rogers,
accepté par Nasser et par le roi Hussein de Jordanie.
6-9 septembre 1970 : Détournement de plusieurs avions de
ligne par les Palestiniens.
27 septembre 1970 : A l’issue de l’épisode du détournement d'avions et des émeutes insurrectionnelles qui se sont déclenchées à Amman, le roi Hussein de Jordanie, s’appuyant sur la
fidélité de sa Légion arabe formée de Bédouins, sort vainqueur
de l’affrontement avec les Palestiniens dont certains envisageaient
son renversement. Un cessez-le-feu est intervenu au Caire le 27
septembre, la veille de la mort de Nasser. L’OLP doit replier ses
forces de Jordanie vers le Liban, ce qui va contribuer à la
déstabilisation du pays du Cèdre.
30 mai 1972 : Un commando japonais agissant pour le compte de
la résistance palestinienne massacre à l’aéroport de Lod,
vingt-six personnes qui se rendaient en pèlerinage à Jérusalem.
5 septembre 1972 : Attentat aux jeux Olympiques de Munich
perpétré par l’organisation palestinienne Septembre noir. Onze
athlètes israéliens sont tués. Trois militants palestiniens sont
faits prisonniers, mais le détournement d’un Boeing de la Lufthansa
dix-huit heures plus tard fait qu’ils sont libérés par les
autorités allemandes, ce qui déclenche une vive colère en Israël.
10 avril 1973 : Un commando israélien vient abattre à
Beyrouth plusieurs leaders palestiniens en représailles à
l’attentat de Munich et à deux autres attentats perpétrés à
Chypre contre des objectifs israéliens.
21 février 1973 : Des avions israéliens abattent un avion
de ligne libyen au-dessus du Sinaï. Il y a cent morts, dont le
pilote français.
2 mars 1973 : Deux diplomates américains et le consul belge
sont pris en otage à Khartoum et tués par un commando de Septembre
noir.
13 septembre 1973 : Combat aérien syro-israélien au-dessus
de Tartous. Treize Mig 21 sont abattus.
13 septembre 1973 : Fondation du Likoud qui regroupe
plusieurs partis de la droite israélienne. Son leader est le général
Sharon.
6 octobre 1973 : L’armée égyptienne franchit le canal de
Suez et bouscule les défenseurs israéliens de la ligne Bar Lev
installés sur la rive orientale du canal. Elle ouvre ainsi la guerre
d’octobre, dite aussi « guerre du Kippour », quatrième guerre
israélo-arabe depuis 1948. Les Egyptiens attaquent à la faveur de
la fête juive du Yom Kippour. L’aviation israélienne n’est plus
maîtresse du ciel comme en 1967, car les Egyptiens sont équipés de
batteries antiaériennes soviétiques SAM. Ils disposent aussi de
moyens antichars qui leur permettent de détruire trois cents blindés de
Tsahal. Les Egyptiens n’avancent cependant que prudemment dans le
Sinaï, ce qui laisse à Israël l’opportunité de traiter d’abord
le front syrien. Du 8 au 11 octobre, une fois la mobilisation
terminée, Tsahal refoule les Syriens sur des positions qui lui
assurent le maintien du contrôle du Golan. Les pertes israéliennes en
matériel sont lourdes, au point que Tsahal doit se tourner vers
l’allié américain pour qu’il assure les remplacements
nécessaires. Le refus des Européens de voir utilisées les bases de
l’OTAN contraint les Américains à la mise en place d’un pont
aérien transatlantique avec escale aux Açores portugaises. Pour
forcer la main des Américains, le gouvernement de Tel Aviv laisse
entendre qu’il pourrait être conduit à recourir à l’arme
nucléaire, ce que ne veut à aucun prix Washington. Nixon et Brejnev
s’entretiennent même, via le téléphone rouge mis en place en
1962 après la crise de Cuba, pour éviter que la situation ne
dégénère. Sur le front du Sinaï, Ariel Sharon réussit à faire
passer une partie de ses forces sur la rive droite du canal de Suez,
ce qui le met en situation de menacer d’encerclement la Troisième Armée égyptienne déployée à l’est du canal de Suez.
11 novembre 1973 : Accord israélo-égyptien du Kilomètre
101.
26-28 novembre 1973 : Quinze chefs d’Etats arabes réunis au
sommet d’Alger déclarent que l’OLP est le seul représentant du
peuple palestinien.
1er décembre 1973 : Mort de David
Ben Gourion.
17 décembre 1973 : Attentat palestinien à l’aéroport de
Rome Fiumiccino.
13-18 décembre 1973 : Responsable du département d’Etat,
Henry Kissinger réalise une tournée au Proche-Orient et pose
l’Amérique en arbitre à l’issue de la guerre du Kippour. Déjà,
l’accord conclu au kilomètre 101 entre les deux belligérants a
permis le désengagement israélien égyptien sur le front de Suez.
Israël voit bien que les progrès des armées arabes remettent en
cause l’invincibilité manifestée en 1967, et Anouar al Sadate, le
nouveau leader égyptien, recherche l’alliance des Occidentaux, car
il sait que seul le gouvernement de Washington est en mesure de faire
pression sur Israël.
21 décembre 1973 : La Syrie adopte la ligne la plus dure
face à Israël et refuse de participer à la conférence de Genève
sur la paix au Proche-Orient.
11 avril 1974 : Golda Meir quitte le pouvoir. Le même jour,
un raid du FDLP contre Kiryat Shemona fait dix-huit morts.
15 mai 1974 : Des enfants sont pris en otages à Maalot
par le FDLP. Il y a seize morts.
28 mai 1974 : Formation du gouvernement Yitzhak Rabin.
13 novembre 1974 : Yasser Arafat est reçu à l’ONU où les
représentants du Tiers Monde et du bloc soviétique lui font un
accueil triomphal. Il se prononce en faveur d’un Etat
démocratique palestinien au sein duquel musulmans, juifs et
chrétiens pourraient coexister pacifiquement. Il a également
annoncé que l’OLP renonçait au terrorisme hors d’Israël.
10-14 février 1975 : Nouvelle tournée de Henry Kissinger au
Proche-Orient.
Avril 1975 : Début, au Liban, d’une guerre civile qui va
s’étendre sur quinze ans.
12 avril 1976 : Les élections municipales organisées en
Cisjordanie occupée (les femmes palestiniennes votent pour la
première fois) voient la victoire des partisans de l’OLP (80 % des
sièges, avec une participation de 72 %). Après la réception de Yasser Arafat à l’ONU, ces élections donnent à l’OLP une
réelle légitimité et le gouvernement israélien ne pourra plus la
réduire à une simple organisation terroriste.
18-20 avril 1976 : Marche des croyants ultra orthodoxes juifs
du Goush Emounim. La fraction radicale de la droite religieuse
israélienne commence à s’organiser.
4 juillet 1976 : Un commando israélien vient délivrer à
Entebbé, en Ouganda, les passagers retenus en otage par un groupe
terroriste allemand proche de la Fraction Armée rouge d’Andreas
Baader agissant pour le compte de la cause palestinienne. Les
terroristes son tués, ainsi que trois otages et un officier
israélien, le frère du futur Premier ministre Benyamin Netanyaou.
7 janvier 1977 : Arrestation, puis libération à Paris
d’Abou Daoud, l’un des organisateurs de l’attentat de Munich.
17 mai 1977 : Les élections législatives voient la victoire
du Likoud de Menahem Begin qui obtient 43 sièges et s’assure
ainsi, grâce à l’alliance conclue avec cinq autres partis
religieux d’extrême-droite, 63 députés sur les 120 que compte la
Knesset. Le parti travailliste de Shimon Peres, qui présidait aux
destinées de l’Etat d’Israël depuis sa fondation est le grand
perdant du scrutin. Il perd 19 de ses 51 députés et doit compter
désormais avec un parti travailliste « rénové », le
parti Dash, qui obtient 15 députés. Ces résultats sèment la
consternation dans les capitales arabes et occidentales car la
nouvelle majorité ne semble guère encline à la négociation et au
compromis.
20 novembre 1977 : Le président égyptien Anouar el Sadate
se rend à Jérusalem, premier chef d’Etat arabe à mettre les
pieds en Israël depuis la création de l’Etat juif. L’Egypte a
un pressant besoin d’une paix durable et Israël ne peut manquer
une occasion de diviser le camp arabe. Le raïs égyptien se déclare
prêt à reconnaître l’existence de l’Etat d’Israël et à
garantir sa sécurité contre l’évacuation par Israël des
territoires occupés en 1967, y compris la partie arabe de Jérusalem,
mais aussi contre la reconnaissance du droit à l’existence d’un
Etat palestinien. Dans sa réponse, Begin affirme qu’Israël est
prêt à recevoir de la même manière le roi Hussein de Jordanie et
le président syrien Assad et se déclare prêt à négocier sur la
base de la résolution 242 de l’ONU.
3 février 1978 : Cyrus Vance, le chef de la diplomatie
américaine, déclare que les implantations juives dans les
territoires occupés sont contraires au droit international.
14 février 1978 : La commission des Droits de l’homme de
l’ONU condamne Israël pour crimes de guerre.
15 mars 1978 : Les Israéliens ont lancé au Liban-sud une
opération de grande envergure pour interdire définitivement les
infiltrations de fedayins dans le Nord de l’Etat hébreu. Les
troupes d’invasion occupent toute la zone située au sud du fleuve
Litani.
19 mars : Le Conseil de sécurité de l’ONU condamne
l’offensive israélienne et exige de Tel Aviv le repli de ses
troupes. Une Force d’interposition des Nations unies au Liban
(FINUL) reçoit pour mission d’empêcher les infiltrations des
commandos palestiniens dans le Nord d’Israël. C’est la France
qui prend la part la plus importante à la mise en œuvre de cette
force.
1er avril 1978 : Manifestation pour
« La Paix maintenant » à Tel Aviv qui marque l’émergence
d’un courant pacifiste en Israël.
13 juin 1977 : Repli israélien du Liban-sud où Israël met
en place une « ceinture de sécurité » confiée à
l’armée du Liban-sud du commandant Lahad.
17 septembre 1978 : Signature, sous l’égide du président
américain Jimmy Carter, des accords de Camp David entre Israël et
l’Egypte. Israël accepte d’accorder l’autonomie administrative
aux habitants de la Cisjordanie et de la bande de Gaza pendant une
période transitoire de cinq ans, au cours de laquelle l’armée
israélienne demeurera sur place. Avant trois ans, des négociations
devront s’ouvrir entre l’Egypte, la Jordanie et Israël à propos
desdits territoires. Israël s’engage également à ne pas créer
de colonies de peuplement dans ces zones. Le second accord signé à
Camp David prévoit la conclusion d’un traité de paix dans les
trois mois entre Israël et l’Egypte. Dans les mois suivant la
signature du traité de paix, Israël devra évacuer par étapes
l’ensemble du Sinaï, qui sera de nouveau sous la souveraineté
égyptienne. Entamés le 6 septembre, les entretiens de Camp David ont
fini par aboutir, à l’issue d’un véritable marathon
diplomatique entamé cinq ans plus tôt avec la tournée de Henry
Kissinger au lendemain de la guerre du Kippour. Ces accords,
condamnés par la Syrie et l’OLP, suivies par Moscou, sont
également rejetés par l‘Arabie saoudite et la Jordanie qui
reprochent à l’Egypte une négociation séparée avec Israël,
contraire aux principes énoncés par la Ligue arabe.
27 octobre 1978 : Begin et Sadate, qui viennent de signer les
accords de Camp David, reçoivent le prix Nobel de la Paix.
5 novembre 1978 : Le sommet arabe réuni à Bagdad, qui
rassemble les représentants de vingt pays et ceux de l’OLP condamne
la position égyptienne, mais décide d’attendre la signature du
traité israélo-égyptien pour annoncer des mesures de rétorsion
contre Le Caire.
8 décembre 1978 : Mort de Golda Meir.
22 janvier 1979 : Aboul Hassan, chef des opérations secrètes
du Fath, est assassiné à Beyrouth. Il était l’un des
responsables du massacre de Munich de 1972.
17 février 1979 : Yasser Arafat est accueilli à Téhéran,
qui rompt avec Jérusalem le lendemain.
26 mars 1979 : Signature à Washington du traité de paix
israélo-égyptien.
31 mars 1979 : Les représentants de dix-huit pays arabes et de
l’OLP, réunis à Bagdad, décident de boycotter l’Egypte et de
transférer à Tunis le siège de la Ligue arabe installée au Caire
depuis 1945.
12-15 avril 1980 : Réunion à Tripoli du « front de la
fermeté », qui réunit Algérie, Syrie, Libye, Yémen du Sud
et OLP.
30 juillet 1980 : La Knesset vote une loi proclamant
Jérusalem réunifiée capitale d’Israël.
20 août 1980 : L’ONU condamne l’annexion de
Jérusalem-est par Israël.
1er octobre 1980 : Attentat, à
Paris, contre la synagogue de la rue Copernic.
Mai 1981 : Mission du diplomate américain Philip Habib pour
apaiser la tension entre Israël et la Syrie après le déploiement
effectué par les Syriens de missiles Sam 3 et Sam 6 dans la plaine
libanaise de la Bekaa.
7 juin 1981 : L’aviation israélienne bombarde le réacteur
nucléaire irakien Osirak. Le succès de l’opération et la
dramatisation qui l’entoure – le gouvernement invoque le danger de
destruction qui pèserait sur Israël – font que le Likoud gagne
les élections qui se déroulent trois semaines plus tard.
14 décembre 1981 : La Knesset vote l’annexion du plateau
syrien du Golan.
4 mars 1982 : François Mitterrand se prononce, devant la
Knesset, en faveur d’un Etat palestinien.
3 avril 1982 : Assassinat à Paris de Jakov Barsimantov,
secrétaire de l’ambassade d’Israël. L’attentat est revendiqué
par les Fractions Armées révolutionnaires libanaises.
11 avril 1982 : Un forcené tire sur des musulmans sur
l’esplanade de la grande mosquée de Jérusalem.
25 avril 1982 : La péninsule du Sinaï est entièrement
évacuée par Israël et restituée à l’Egypte, en application du
traité conclu à Washington en 1979. La capitale de la région, El
Arich avait été évacuée dès 1979, mais les dernières étapes du
retrait ont été compliquées par la présence de colons juifs
refusant de s’en aller. L’Egypte s’engage de son côté à
laisser démilitarisée la péninsule.
6 juin 1982 : Israël déclenche l’opération Paix
en Galilée visant à détruire les bases palestiniennes
installées au Liban. L’attentat perpétré à Londres contre un diplomate israélien fourni le prétexte de l’intervention. Les
forces israéliennes poussent jusqu’à Beyrouth-ouest où se trouve
le quartier général de l’OLP.
3 juillet 1982 : 100 000 manifestants pacifistes réclament,
à Tel Aviv, la fin de l’opération Paix en Galilée.
9 août 1982 : Attentat de la rue des Rosiers à Paris.
21 août 1982 : La force multinationale d’interposition
organisée par l’ONU intervient pour protéger la retraite des
fedayins qui doivent évacuer Beyrouth pour échapper à la
destruction. Le quartier général de l’OLP est transféré à
Tunis.
23 août 1982 : Bachir Gemayel est élu président du Liban, mais il est assassiné le 14 septembre et c’est son frère Amine
qui lui succède.
18 septembre 1982 : Les milices chrétiennes libanaises qui
entendaient venger les massacres réalisés précédemment à Damour
par les Palestiniens profitent du départ des combattants de l’OLP
pour perpétrer les massacres des camps de Sabra et Chatila, en
profitant de la passivité complice des troupes de Tsahal. Mis en
cause dans cette affaire, Ariel Sharon doit démissionner de son poste
de ministre de la Défense.
17 mai 1983 : Conclusion d’un traité de paix
israélo-libanais qui ne sera jamais ratifié.
15 septembre 1983 : Démission de Menahem Begin. Il est
remplacé par Itzhak Shamir qui réussira à gagner les élections de
1984. Il met en place une union nationale dans laquelle Shimon Peres,
le travailliste et lui-même, se partagent le pouvoir à tour de rôle
car il ne veut pas s’allier avec l’extrême-droite raciste
favorable à la création d’un « grand Israël ».
20 décembre 1983 : Yasser Arafat et quatre mille fedayins de l’OLP
sont contraints d’évacuer Tripoli, la grande ville du Nord du
Liban où ils se trouvent assiégés par l’armée syrienne et par
des forces palestiniennes dissidentes.
5 mars 1984 : Après un raid aérien israélien qui a visé
la région de Baalbek, le gouvernement libanais dénonce l’accord
précédemment conclu avec Israël.
23 juillet 1984 : Elections en Israël. Sur 120 sièges, 44
vont aux travaillistes et 41 au Likoud.
13 septembre 1984 : Accord entre le Likoud et le parti
travailliste pour l’alternance au pouvoir à Jérusalem.
5 janvier 1985 : Fin de l’opération Moïse
de rapatriement en Israël des Juifs Falashas d’Ethiopie.
10 juin 1985 : Entamé le 16 février avec l’évacuation de
Saïda (Sidon), le retrait des forces israéliennes installées dans le Sud
du Liban depuis l’opération Paix en Galilée de
1982 se termine. Une bande de sécurité confiée à l’armée du
Liban-sud du commandant Lahad est cependant maintenue sur une
largeur de huit à vingt kilomètres, en vue de protéger la Haute
Galilée. L’occupation israélienne a réveillé les chiites du
Sud Liban qui sont devenus ensuite, à travers une organisation
comme le Hezbollah, la principale menace pour l’Etat hébreu sur sa
frontière nord.
1er octobre 1985 : Le quartier
général de l’OLP, établi à Tunis, est bombardé par l’aviation
israélienne.
1985 : Un plan de stabilisation fait passer l’économie israélienne d’un système largement étatisé de type
socialiste à un système capitaliste moderne.
Décembre 1987 : Début, à Gaza, de la première Intifada.
La « révolte des pierres » mobilise de jeunes
manifestants contre une armée israélienne qui leur oppose une
répression aveugle, qui va beaucoup peser dans l’évolution de
l’opinion mondiale vis-à-vis de la cause palestinienne.
16 avril 1988 : Abou Jihad, numéro 2 de l’OLP, est
assassiné à Tunis par un commando israélien.
30 juillet 1988 : le roi Hussein de Jordanie renonce
officiellement à toute revendication sur la rive occidentale du
Jourdain.
13 septembre 1988 : Yasser Arafat est reçu au Parlement
européen de Strasbourg.
15 novembre 1988 : Réuni à Alger, le Conseil national palestinien proclame la naissance de l’Etat de Palestine, avec
Jérusalem pour capitale, sur la base des résolutions onusiennes 181
de 1947 et 242 de 1967. Il reconnaît ainsi implicitement l’Etat
d’Israël. On assiste dans le même temps à la création du Hamas,
un mouvement islamiste qui prône la disparition d’Israël. Un mois
plus tard, à Genève, Arafat déclare renoncer au terrorisme et
reconnaît le droit d’Israël à vivre en paix.
26 mars 1989 : Yasser Arafat est proclamé chef de l’Etat
palestinien et est reçu à l’Elysée par François Mitterrand le 2
mai.
Eté 1990 : L’invasion irakienne du Koweït entraîne, avec
l’accord de l’ONU, l’intervention d’une large coalition
internationale dirigée par les Etats-Unis. La guerre du Golfe, qui
se prolonge jusqu’en février 1991, voit l’Irakien Saddam Hussein
contraint d’accepter les volontés des alliés. Auréolés de leur
victoire, les Américains mettent alors en place un processus de paix
ambitieux.
30 octobre 1991 : Voulue par les Américains qui l’imposent
à Yitzhak Shamir, la conférence de Madrid réunit pour la première
fois Palestiniens (au sein d’une délégation jordanienne) et
Israéliens.
La paix est manquée. La confrontation perdure
Les années 1990 apparaissent en leur début porteuses d'espoir. Alors que la guerre froide se termine et avant même la disparition de l'URSS, une nouvelle donne se met en place au Proche Orient. Enhardi par ce qu'il considère abusivement comme sa victoire sur l'Iran, l'Irakien Saddam Hussein entreprend de conquérir le Koweit mais se heurte à une puissante réaction américaine autorisée par l'ONU. Dans la foulée de la défaite du raïs de Bagdad, Washington pense disposer d'une fenêtre d'opportunité pour régler, quelques années après la première intifada, la question israëlo-palestinienne. C'est l'objet de la conférence de Madrid, qui débouche en 1993 sur le lancement du processus d'Oslo. Israël reconnaît au final l'Autorité palestinienne, qui se voit accorder un début de souveraineté sur Gaza et une partie infime de la Cisjordanie. Les espoirs soulevés alors sont vite déçus quand Itzhak Rabin, l'homme du compromis, est assassiné en 1995. Cinq ans plus tard, la deuxième Intifada, plus sanglante que la première, radicalise encore davantage l'affrontement entre les deux camps. Le déplacement régulier vers la droite du centre de gravité de l'opinion et de la politique israëliennes fait le reste au cours des années suivantes, qui voient Benjamin Netanyahou dominer largement la scène politique de l'Etat juif. Dans un Proche Orient toujours plus déstabilisé, où les lendemains apparaissent de plus en plus incertains, Israël s'apprête sans doute à entrer dans une séquence historique à hauts risques.
Années 1990 : Cette période voit arriver de nombreux
immigrants juifs en provenance de la défunte URSS, près d’un
million en une décennie. Emigration de qualité, bien formée, qui a
contribué largement à la croissance économique de l’Etat juif.
23 juin 1992 : Le parti travailliste gagne les élections.
Yitzhak Rabin devient Premier ministre à la tête d’une coalition
favorable à la paix. Il annonce une suspension de la colonisation
dans les territoires occupés. Shimon Peres est aux Affaires
étrangères.
Printemps 1993 : Début des discrètes négociations
officieuses qui aboutiront aux accords d’Oslo.
13 septembre 1993 : Poignée de main entre Yasser Arafat et
Ytzhak Rabin et signature à Washington de la déclaration de
principe relative aux arrangements intérimaires établissant
l’autonomie palestinienne. Ce texte est fondé sur un préalable
essentiel : la reconnaissance mutuelle entre les deux parties
contractantes. Une Autorité palestinienne est mise en place.
25 février 1994 : Un extrémiste religieux juif, Baruch
Goldstein, accomplit un massacre à Hébron en tirant sur des
musulmans en prière au tombeau des Patriarches et en tue vingt-neuf. Le
Hamas et le Djihad islamique multiplient dès lors les
attentats-suicides.
Mai 1994 : Accord de Jéricho-Gaza confirmant la mise en
place de l’Autorité palestinienne.
26 octobre 1994 : Signature d’un traité de paix
israélo-jordanien.
Septembre 1995 : Accords de Taba : accords intérimaires sur la
Cisjordanie et la bande de Gaza. Il prévoit l’élection d’un
conseil législatif palestinien et le découpage de la Cisjordanie en
zones A, B, et C qui vont être source de malentendus et
d'interprétations biaisées.
4 novembre 1995 : Assassinat d’Yitzhak Rabin, perpétré
par un Juif extrémiste, alors qu’il assistait à une grande
manifestation de partisans de la paix venus le soutenir.
Janvier 1996 : Yasser Arafat est élu président de
l’Autorité palestinienne.
Février 1996 : Attentats islamistes contre des civils
israéliens à Tel Aviv et à Jérusalem.
Avril 1996 : Shimon Peres, qui a succédé à Rabin, lance
dans le Sud du Liban l'opération Raisins de la colère, qui se conclut par une « bavure » entraînant la mort de 170
civils.
Mai 1996 : Peres perd les élections que gagne le Likoud,
porté par une vague d'attentats du Hamas. Netanyahou devient Premier
ministre. Il lève le gel partiel de la colonisation et ouvre en
septembre un tunnel sous l'esplanade des mosquées, ce qui entraîne
des heurts avec les musulmans (soixante-dix victimes).
Mai 1999 : Les élections voient la victoire du travailliste
Ehud Barak.
Mai 2000 : Evacuation du Sud-Liban après vingt-deux ans d’occupation
dont le résultat aura été la naissance du Hezbollah. La population
des colons établis en Cisjordanie double durant son mandat.
11-25 juillet 2000 : Le sommet de Camp David, réuni à
l'initiative de Bill Clinton et visant à relancer la négociation
entre Palestiniens et Israéliens, se termine sur un échec.
28 septembre 2000 : Début de la seconde Intifada, dite « d’el
Aqsa », déclenchée à la suite d’une visite d’Ariel Sharon sur
l’esplanade des mosquées de Jérusalem. Beaucoup plus violente que
la précédente, elle voit se multiplier attentats-suicides et
représailles de grande ampleur. Elle va durer cinq ans et faire plus
de 4 700 victimes.
21 janvier 2001 : Echec des négociations
israélo-palestiniennes de Taba.
Février 2001 : Ariel Sharon devient Premier ministre.
Février 2002 : L’Arabie saoudite propose à Israël une
normalisation de leurs relations en échange des territoires occupés
en 1967 et d’un règlement de la question des réfugiés. Un sommet
arabe confirme en mars la proposition, mais Israël fait la sourde
oreille.
2002 : Après un attentat perpétré à Netanaya, les
Israéliens déclenchent une opération d’envergure en Cisjordanie, et Yasser Arafat se retrouve assiégé dans son quartier général de Ramallah.
2002 : Mise sur pied du Quartet pour le Proche-Orient qui réunit Etats-Unis, Union européenne, Russie et Nations unies. Il va
briller par son impuissance.
2003-2005 : Alors que Benyamin Netanyahou est ministre des Finances dans le second gouvernement d’Ariel Sharon, Israël
accélère la libéralisation de son économie. La réduction des
prestations assurées jusque-là par l’Etat-providence permet un
redémarrage de la croissance et une baisse du chômage. Le pays
attire de nouveau les investissements étrangers.
11 novembre 2004 : Mort de Yasser Arafat.
Janvier 2005 : Mahmoud Abbas prend la tête de l’Autorité
palestinienne.
20 juillet 2005 : Evacuation des colonies juives de Gaza et
du Nord de la Cisjordanie. Ce retrait unilatéral est un cadeau au
Hamas contre l'Autorité palestinienne censée être un partenaire
pour la négociation de la paix. Se voyant reprocher l'évacuation de
Gaza, Sharon quitte le Likoud pour former Kadima (« En avant »), un parti centriste à sa botte.
4 janvier 2006 : Sharon est terrassé par une attaque
cérébrale. Il est remplacé par Ehud Olmert, son vice-premier
ministre et ministre des Finances.
25 janvier 2006 : Victoire écrasante du Hamas aux élections
législatives palestiniennes. Hamas et Fatah ne parviennent pas à
s’entendre en vue de la constitution d’un gouvernement de
coalition. Les pays occidentaux gèlent leurs aides financières.
Mars 2006 : Kadima gagne les élections législatives d’une
courte tête, mais le Hamas enlève le soldat israélien Gilad Shalit.
Olmert lance l'opération Pluies d’été, dans la
bande Gaza. Une autre guerre se déclenche au nord quand le Hezbollah
enlève deux soldats israéliens et en tue huit autres. La guerre
menée au Sud-Liban contre le Hezbollah, qui oppose une résistance
très efficace, se solde par 1 200 tués et 900 000 déplacés au
Liban et, du côté israélien, par 150 morts et le déplacement de 400 000 personnes évacuées des zones menacées par les tirs de roquettes.
15 juin 2007 : Le Hamas s’empare du pouvoir à Gaza. Israël
réplique en soumettant la bande de Gaza à un blocus économique
total.
26-28 novembre 2007 : Relance des négociations
israélo-arabes à Annapolis, dans le Maryland, sous l’égide des
Etats-Unis en vue de parvenir à la signature d’un accord de paix
prévoyant la création d’un Etat palestinien pour la fin de 2008.
Elle se conclut sur un échec alors qu'Olmert est rattrapé par des
affaires de corruption.
Février-mars 2008 : Raids israéliens à Gaza en riposte aux
tirs de roquettes du Hamas visant Israël. Attentats-suicides à Jérusalem.
Mars 2009 : Netanyahou revient au pouvoir. Il est allié à
Avigdor Liberman, chef du parti russophone Israël Beiteinou « Notre
Israël » ; c'est un laïc ultra-nationaliste très
hostile aux Arabes, y compris aux Arabes israéliens. Netanyahou
ajoute maintenant comme condition à une reprise des négociations la
reconnaissance par les Palestiniens d’Israël comme « Etat-nation
du peule juif ». De fait, le processus de paix engagé en 1993
est bel et bien enterré.
2010 : Israël rejoint le club des pays « développés »,
l’Organisation de coopération et de développement économique. La
situation économique du pays est globalement satisfaisante, avec un
PIB moyen par habitant de 38 000 dollars, une croissance qui avoisine
les 3 % annuels et une dette inférieure à la moyenne de celles de
pays de l’OCDE. L’économie du pays est ouverte sur l'innovation,
notamment dans le domaine informatique et Israël peut se flatter
d’avoir reçu le surnom de « start up nation ».
2011 : Un mouvement social agite le pays
du fait du mécontentement des classes moyennes qui subissent de
plein fouet la pression fiscale. Cette agitation ne débouche sur
rien, le parti travailliste se révélant incapable de l’exploiter
sur le terrain politique. Les élections qui suivent voient en
revanche l’émergence d’un nouveau parti centriste, mais celui-ci
rejoint finalement la coalition gouvernementale. Le scrutin
proportionnel caractéristique du système politique israélien est
source d'instabilité ou de coalitions plus ou moins hétéroclites
au sein desquelles les partis ultra-nationalistes et ultra-religieux
représentant notamment le camp des colons se trouvent largement surreprésentés.
2014 : L’initiative de paix du secrétaire d’Etat
américain John Kerry échoue.
Janvier 2015 : Benyamin Netanyahou gagne les élections. La coalition gouvernementale formée à l'issue apparaît comme la plus à droite de toute l'histoire d'Israël. Ce qui a relancé l'activisme palestinien, sous forme d'attaques au couteau ou à la voiture-bélier.
2015 : La conclusion d’un accord sur la question du nucléaire
iranien constitue un échec pour Israël qui n‘a pas été en
mesure de l'empêcher alors que l'Etat juif présente l’Iran comme
son ennemi principal.
A la fin de 2015 : L'Etat d'Israël semble bénéficier de solides
atouts sur le terrain économique alors que le chaos qui affecte son
environnement proche-oriental semble écarter les menaces qui ont
jadis pesé sur son existence. Il doit cependant compter avec un
accroissement rapide des inégalités sociales, qui jure avec ce
qu'était le projet qui animait les pionniers de l'Etat juif. La
principale incertitude réside dans l'évolution du conflit qui
l'oppose aux Palestiniens, l'échec du processus d'Oslo et des tentatives qui ont suivi risquant de conduire ceux-ci à une
radicalisation et d'engendrer une nouvelle intifada.
2016 :
Une croissance dynamique et les progrès des start-up tournées
vers les nouvelles technologies vont de pair avec le recul des
violences liées à la question palestinienne. Benyamin Netanyahou
est parvenu à élargir sa majorité parlementaire, jusque-là très
étroite, en se rapprochant toujours plus des groupes de la droite
nationaliste radicale, notamment d’Avigdor Liebermann devenu
ministre de la Défense. L'accord de défense avec les États-Unis a
été renouvelé pour dix ans, même si Obama a sensiblement réduit
l'aide financière apportée à l’État juif. Le vote de la Knesset
légalisant les avant-postes établis par les colons en Cisjordanie a
été condamné par l’Union Européenne et même les États-Unis,
qui n'ont pas opposé leur veto à la condamnation par le Conseil de
Sécurité de la colonisation israélienne (résolution 1934). La
perspective d'une élection de Donald Trump – qui a promis de
reconnaître le transfert de la capitale israélienne de Tel Aviv à
Jérusalem ne peut que convenir à Nétanyahou, très hostile à
Barack Obama, jugé trop favorable aux Arabes.
2017 :
Satisfait de l'élection de Donald Trump, Benyamin Netanyahou se veut
vigilant face à la « menace » iranienne et à celle que
fait peser depuis le Liban son bras armé le Hezbollah. Soupçonné
de corruption, le premier ministre apparaît en difficulté sur le
plan intérieur mais s’emploie a rapprocher, à l'extérieur,
Israël des pays sunnites dits « modérés » (l'Arabie
saoudite et les États du Golfe) pour mieux contrer la montée en
puissance régionale de l'Iran. Malgré ce contexte incertain, les
bons résultats économiques placent le gouvernement en position
favorable en vue des élections prévues en 2019.
2018 :
A la faveur du 70ème anniversaire de l’État
d'Israël, l'ambassade américaine a été déménagée, en mai, de
Tel Aviv à Jérusalem. Netanyahou s'est félicité de la décision
américaine de sortie des accords de dénucléarisation de l'Iran.
Son souci de rapprochement avec Riyad a également fait qu'Israël
est demeuré très discret à propos de l'assassinat en Turquie du
journaliste saoudien Jamal Kasoggi. Le premier ministre israélien
doit toutefois compter avec la victoire obtenue en Syrie par Bachar
el Assad et ses alliés russe et iranien. Il
conserve
toutefois de bonnes relations avec Vladimir Poutine. Il a finalement
décidé le 24 décembre de dissoudre la Knesset et de fixer les
élections au 9 avril
2019. C'est la brouille avec Avigdor Liebermann qui a entraîné la
dissolution du Parlement due aussi au vote de la loi imposant les
service militaire aux ultraorthodoxes religieux. L'avenir de B.
Netanyahou est
de plus compliqué par les poursuites pour corruption qui le menacent
et par la présentation éventuelle d'un plan
de paix américain qui imposerait à Israël un minimum de
concessions aux Palestiniens. Le principal atout du premier ministre
demeure la bonne santé de l'économie.