Exposition Canaletto à Venise au musée Maillol
mercredi 10 octobre 2012 à 15h00
Imprimez le mémo
Les jeunes aristocrates européens du XVIIIe siècle qui font le Grand Tour souhaitent acquérir des souvenirs des beautés architecturales qu’ils ont admirées en Italie. C’est ainsi que des peintres se spécialisent dans la confection de vedute (« vues ») d’abord de fantaisie, bientôt réalistes comme l’exigent les acheteurs toujours plus épris de rationalité. À Venise, se distinguent successivement Canaletto puis Guardi. La confrontation entre ces deux grands maîtres de la veduta se révèle captivante à plus d’un titre.
Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto (1697-1768), donne au genre de la veduta vénitienne noblesse et grandeur. Deux moments dans sa formation expliquent sa vocation de vedutista : les années passées dans l’atelier de son père à brosser des décors de théâtre, puis son voyage à Rome, au cours duquel il découvre les œuvres des paysagistes de ruines. De retour à Venise, il réussit à dépasser les fantaisies des décors baroques au profit d’une vision réaliste du monde, selon une approche scientifique. Se faisant photographe avant l’heure, il a recours à une camera oscura pour réaliser ses dessins préparatoires. Pour autant, sa démarche objective n’exclut pas la poésie et la vie : avec humanité, il met en scène une Venise active et festive. Canaletto peint pour l’Europe entière, pour des voyageurs de passage comme pour des clients lointains par l’entremise d’intermédiaires installés à Venise. Dans le même temps, ses concitoyens boudent son art jugé trop concret. Pour rejoindre sa clientèle, l’artiste doit s’exiler à Londres : il y demeure de 1746 à 1756. De retour à Venise, il reçoit une reconnaissance tardive – et limitée – de la part de l’Académie, où il est admis comme « professeur de perspective ».