Exposition Francesco Guardi (1712-1793) au musée Correr
jeudi 18 octobre 2012 à 15h00
Les jeunes aristocrates européens du XVIIIe siècle qui font le Grand Tour souhaitent acquérir des souvenirs des beautés architecturales qu’ils ont admirées en Italie. C’est ainsi que des peintres se spécialisent dans la confection de vedute (« vues ») d’abord de fantaisie, bientôt réalistes comme l’exigent les acheteurs toujours plus épris de rationalité. À Venise, se distinguent successivement Canaletto puis Guardi. La confrontation entre ces deux grands maîtres de la veduta se révèle captivante à plus d’un titre.
Francesco Guardi (1712-1793) prend la suite de Canaletto pour s’en affranchir progressivement, donnant une orientation plus sensible au védutisme vénitien : il abandonne la rigueur rationnelle de son prédécesseur, au profit d’une mobilité et d’une liberté tout autres. Sur la toile, la lumière vibre, frissonne, d’abord couleur de miel, se faisant plus froide avec la maturité, argentée, puis comme plombée dans les dernières œuvres. À contre-courant par rapport au néo-classicisme triomphant, son art annonce le romantisme et ses visions hallucinées ; il préfigure même l’impressionnisme, tant ses pinceaux savent capter les effets fragiles de la lumière.