Le premier volume de la collection, PUF-Clio consacré à Venise et publié en 2007, fait l'objet d'une réédition heureusement complétée d'un chapitre consacré aux cités de Terre Ferme que sont Padoue, Vicence, Vérone et, au delà, Ravenne. L'auteur, Jean Michel Brèque, élargit donc l'horizon de l'ouvrage à d'autres joyaux de la Vénétie pour révéler aux candidats au voyage les richesses de ces villes chargées d'Histoire.

Ils pourront découvrir, à Padoue, la chapelle des Scrovegni décorée des célèbres fresques de Giotto mais aussi ce qui reste de celles de Mantegna à la Chapelle Ovetari de l'église des Ermites, en partie détruites par les bombardements alliés de 1944.

Les villas palladiennes - dont la célèbre Villa Rotonda, qui servit de cadre au Don Giovanni de Losey - font la gloire des environs de Vicence qui abrite, en son église de la Saint-Couronne, des chefs-d'œuvre méconnus de Bellini et de Véronèse.

Cité des Scaligeri, Vérone offre au visiteur son amphithéâtre - cette Arena qui lui fournit le cadre de son prestigieux festival lyrique – mais aussi son église romane San Zeno Maggiore et sa cathédrale romano-gothique, sans oublier les œuvres de Mantegna, Pisanello et Titien qu'elle abrite. La cité n'a, on le voit, nul besoin de la célèbre légende de Roméo et Juliette – lointain souvenir des luttes qui opposèrent Guelfes et Gibelins - et du prétendu balcon imaginé au XIX^e siècle pour éveiller l'intérêt des amoureux de l'Italie.

Située en Emilie-Romagne, Ravenne a conservé un magnifique patrimoine hérité de son passé de capitale byzantine. Le baptistère des Orthodoxes et celui des Ariens, le mausolée de Galla Placidia, les églises de Saint Vital, Saint Apollinaire le Neuf et la basilique Saint Apollinaire in Classe abritent d'exceptionnelles séries de mosaïques, qui renvoient le visiteur aux temps lointains où l'Italie était disputée entre Goths et Byzantins et constituent un témoignage impressionnant de ce que furent l'art et les représentations étroitement liés à la construction - en ces siècles tourmentés qui virent l'Antiquité tardive se confondre avec le Haut Moyen Age – de l'identité spécifique de l'Empire romain tel qu'il a subsisté en Orient.

Mais la matière principale du livre de Jean Michel Brèque demeure évidemment Venise, dont on sait la place qu'elle tient dans l'imaginaire européen. Passionné de littérature, auteur de nombreux travaux consacrés à l'histoire de l'opéra, l'auteur, amoureux depuis longtemps de la Cité des Doges était sans doute le mieux à même de faire partager à tous ceux qui découvrent, émerveillés, l'orgueilleuse cité de Saint Marc, ce que fut son histoire et les trésors de civilisation qu'elle a su produire. Rien ne destinait pourtant les quelques misérables îlôts qui - nés des limons apportés par les fleuves côtiers tels que l'Adige et la Brenta – se sont lentement réunis en un cordon littoral séparant les eaux de la lagune de celles de l'Adriatique à accueillir la ville appelée à devenir la capitale d'un empire commercial et maritime qui fut la source initiale de sa richesse avant que les effets de la conqute ottomane et la perte des positions longtemps tenues en Orient, de l'Eubée à Chypre et du Péloponnèse à la Crète, n'encouragent la puissante oligarchie installée sur les rives du Grand Canal vers la Terre Ferme où vont s'édifier la Villa Barbaro de Maser, la Villa Trissino à Cricoli ou la Villa Badoer à Fratta Polesine.

Selon la formule adoptée par la collection « Culture-Guides », le lecteur peut découvrir Venise et ses trésors en compagnie des plus grands écrivains, de du Bellay à Théophile Gautier, du président de Brosses à Proust, de Goethe à Byron. Après la Venise de Carpaccio et de Bellini, après celle du Titien du Tintoret et de Véronèse, c'est aussi celle de Vivaldi, de Casanova, de Tiepolo que nous invite à découvrir notre cicerone, qui allie avec bonheur précision historique et passion pour une ville absolument unique dont Anna de Noailles pouvait dire que « c'est trop de beauté, que mon cœur n'a pas pu supporter... »