Vienne
Christine Mondon
Bernard Giovanangeli
Paris
2009
Capitale de l'empire des Habsbourg, cosmopolite, rencontre des mondes germanique, latin, slave et magyar, Vienne porte témoignage de la grande civilisation européenne, qui connut son apogée à la veille de la guerre de 1914. Son prestigieux passé se lit au miroir de ses monuments dont la cathédrale Saint-Etienne est l'emblème. « Lorsqu'on découvre Vienne d'une de ces collines qui se trouvent à proximité de la ville, la cathédrale Saint-Etienne apparaît comme le centre, tout autour duquel la ville se déploie comme un cercle » écrit Adalbert Stifter, romancier et témoin du XIXe siècle. Ses palais admirables – telle la résidence impériale de la Hofburg – témoignent du rayonnement et de la puissance de l'empire européen dont les Habsbourg furent les fondateurs et les maîtres jusqu'à sa disparition en 1918. « Le soleil froid des Habsbourg s'éteignait, mais il avait été un soleil » écrivait Joseph Roth – auteur du célèbre roman La Marche de Radetzky – au lendemain de la première guerre mondiale. La grâce du palais du Belvédère, la splendeur baroque du château de Schönbrunn et la sombre et mystérieuse crypte des Capucins où reposent les membres de la famille impériale en sont les splendides et vibrants témoignages. La grande histoire de Vienne ne s'est toutefois pas seulement matérialisée dans la pierre. Elle a fécondé la pensée et les œuvres d'écrivains, d'intellectuels, de peintres et de musiciens dont les contributions furent essentielles au rayonnement culturel européen. Vienne mérite en particulier sa réputation de « temple de la musique », car aucune ville en Europe n'a abrité autant de musiciens. Stephan Zweig, Arthur Schnitzler, Sigmund Freud, Gustav Klimt, Johann Strauss, Gustav Mahler, Franz Schubert avec d'autres, ont créé le mythe de Vienne autant que les architectes et les bâtisseurs. Vienne est une métropole dont l'art de vivre est incarné par ses cafés, grands et petits, qui depuis le XIXe siècle font figure de prolongements du foyer et du bureau pour ses habitants. Ecrivains, intellectuels et artistes y ont lu, travaillé et refait le monde devant un Brauner ou un Kapuziner – cafés noirs respectivement accompagnés d'une goutte de lait et d'un grand nuage de crème fouettée...
Comme le montre avec talent et passion Christine Mondon, agrégée d'allemand et maître de conférences à l'université de Bordeaux III dans cet ouvrage, remarquablement illustré de gravures, tableaux et photos anciennes, Vienne est la ville qui suscite le rêve et constitue le passage indispensable pour qui veut comprendre l'extraordinaire vitalité de la culture européenne au tournant des XIXe et XXe siècles.