Sectes religieuses en Grèce et à Rome dans l'Antiquité païenne
Gérard Freyburger, M.-L. Freyburger et J.-Ch. Tautil
Les Belles Lettres
Paris
2006
Erwin Rohde, Jérôme Carcopino, Franz Cumont ou Robert Turcan ont naguère attiré l’attention sur certaines communautés religieuses contemporaines de l’Antiquité gréco-romaine, marginalisées par la religion officielle ou vaincues par le christianisme triomphant. Le caractère daté de la plupart de ces travaux et la diversité des expériences ainsi abordées ne permettaient pas de disposer d’une approche d’ensemble vraiment satisfaisante du phénomène et c’est cette lacune que vient combler l’ouvrage que Gérard et Marie-Laure Freyburger et Jean-Christian Tautil ont consacré aux sectes religieuses de l’Antiquité païenne. Après une présentation nécessaire de ce qu’était la religion « officielle » des cités grecques, les auteurs insistent sur l’importance du culte de Dionysos dans la genèse des sensibilités et des aspirations spirituelles qui fleurirent à côté de la religiosité bien canalisée qui était le propre des cultes civiques. Les mystères d’Eleusis, le pythagorisme et l’orphisme – qui contribua sans doute à l’émergence de l’idée platonicienne de l’immortalité de l’âme – nous révèlent des attentes et des croyances étrangères aux cultes rendus aux grands dieux olympiens. Le caractère très conservateur de la religion romaine traditionnelle ne prédisposait guère les citoyens de l’Urbs à s’intéresser aux apports exotiques en ce domaine, l’Orient apparaissant comme le grand pourvoyeur des religiosités nouvelles. Le scandale des Bacchanales et la méfiance qu’inspira le pythagorisme en témoignent mais, avec le temps, le culte d’Isis et celui de Mithra remportèrent un succès incontestable, conséquence du gigantesque métissage religieux engendré par l’expansion de la cité du Tibre.