C’est un ouvrage un peu inattendu que nous propose Jean Guilaine, professeur au Collège de France, membre du jury du Prix Clio, reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de la révolution néolithique, auteur, voici un quart de siècle, d’une France d’avant la France qui fit date en présentant au grand public une vaste synthèse consacrée aux millénaires obscurs qui précédèrent les débuts de notre histoire. Celui qui nous a donné récemment, avec la réédition de sa Mer partagée (Hachette-Pluriel) un tableau de l’émergence des premières civilisations méditerranéennes s’essaie dans ce nouveau livre à toucher un public sensible aux fictions historiques et, dans ce cas précis, « préhistoriques » en mettant en scène un jeune homme vivant il y a une dizaine de milliers d’années dans ce Proche Orient où se répand lentement alors la « révolution » néolithique. Habitué au mode de vie des chasseurs-prédateurs qu’ont été ses ancêtres, il mesure pleinement les avantages nouveaux que procurent la révolution agricole et la pratique de l’élevage mais ces progrès sont aussi porteurs de mauvaises surprises. La sécurité alimentaire que procurent les récoltes est mise à mal quand elles sont mauvaises ou quand surviennent parasites ou rongeurs. La vie sociale qu’imposent la sédentarisation et le regroupement au sein de villages de ceux qui se rassemblaient jusque-là en hordes nomades pose le problème du pouvoir et des règles qui doivent commander l’existence nouvelle de la communauté. A travers la vie imaginée de cet homme du premier néolithique, Jean Guilaine fait oeuvre pédagogique et met en scène l’éternel conflit ente tradition et progrès, entre héritage des ancêtres et pari sur l’avenir.