C’est un album grand format de cinq cents pages enrichies d’une superbe iconographie, que nous proposent les éditions Mazenod, spécialisées dans ce type d’ouvrages, pour évoquer le passé et le patrimoine de la grande métropole du Mezzogiorno. Synthèse des travaux les plus récents des archéologues et des historiens, ce livre, appelé à devenir une référence, rend compte d’une histoire qui s’étend sur près de vingt-sept siècles, depuis que les colons grecs, arrivés sur les côtes d’Italie méridionale, y ont fondé Neapolis-Parthénopé. Cette dernière, après avoir connu le temps de la grande Grèce puis ceux de la
Pax romana et de la domination byzantine, deviendra, au XIII
e siècle, la capitale d’un royaume dont l’existence va se prolonger, à travers d’innombrables vicissitudes, jusqu’à la réalisation, en 1860, de l’unité italienne. Au cœur d’une région fortement hellénisée où les monuments de Paestum témoignent encore aujourd’hui de ce que fut la brillante civilisation de l’Italie grecque, Naples a conservé, dans les cités voisines de Pouzzoles, de Baia, de Stabies, de Pompéi ou d’Herculanum, un magnifique patrimoine romain contemporain des temps qui virent la côte campanienne faire fonction d’une « riviera » dédiée à la douceur de vivre. Des fresques de la villa des Mystères conservées au Musée archéologique national à la vaisselle d’argent de Boscoreale ou à l’
Apothéose d’Héraclès du collège des augustales d’Herculanum, c’est toute la vie du monde romain que peut redécouvrir le visiteur, des somptueux décors intérieurs des riches villas rurales aux modestes témoignages de l’existence quotidienne arrachés aux cendres de Pompéi. C’est aussi le nouveau monde né de l’irruption du christianisme que l’on peut retrouver dans les catacombes de Saint-Janvier, après que la foi nouvelle venue d’Orient l’a emporté sur Isis maniant son sistre et sur Mithra immolant le taureau. Le Moyen Age, au cours duquel se succèdent les dynasties souabe, angevine et aragonaise, ouvre une époque nouvelle qui voit Naples devenir pour un temps la deuxième ville d’Occident après Paris, quand la cité se couvre de sanctuaires et de monastères qui font d’elle un haut lieu de la spiritualité médiévale. Intégrée à l’empire espagnol, enjeu des luttes opposant en Italie Valois et Habsbourg, la ville doit aussi compter avec la menace ottomane qui pèse, jusqu’à Lépante, sur la Méditerranée centrale. C’est aussi le temps qui voit Le Caravage, Ribera ou les sculpteurs Annibale Caccavello et Diego de Siloe faire de la capitale du vice-roi un foyer artistique de premier ordre, au moment où l’église des Saints-Apôtres et le Duomo accomplissent toutes les promesses de l’esthétique baroque, alors que la révolte de Masaniello témoigne de la difficulté qu’éprouvent les pouvoirs à gouverner une ville que la croissance démographique et la misère placent souvent au bord de l’explosion. Marqué par l’installation sur le trône napolitain des Bourbon établis en Espagne à partir de 1700, le temps des Lumières voit de nouveau Naples briller de tous ses feux, quand le théâtre San Carlo abrite la naissance de l’opéra et quand sont édifiés les palais de Capodimonte, de Portici et de Caserte. Une époque que va clore le départ pour l’Espagne du prince qui y devient le roi Charles III, car les secousses nées de la Révolution française mettent la ville à rude épreuve, quand les Jacobins fondateurs de l’éphémère République parthénopéenne seront impitoyablement pourchassés et quand les souverains restaurés, crispés sur une conception passéiste et réactionnaire de leur Etat, seront condamnés à trouver refuge en Sicile, quand Joseph Bonaparte puis Murat rattacheront Naples à la construction continentale napoléonienne. Après l815, l’Histoire passe, mais les Bourbons rétablis semblent l’ignorer et les épisodes révolutionnaires qui aboutissent à la réalisation de l’unité italienne privent bientôt Naples de son rang de capitale, en la réduisant aux fonctions de métropole appauvrie d’un Mezzogiorno sous-développé. Comme le signale cependant Brigitte Martin,
« une identité singulière se révèle au travers de ce parcours historique de longue durée, complexe comme un paysage urbain composé d’empreintes mêlées où l’on peine à distinguer, dans l’entrelacs des reconstructions des formes architecturales et des décorations, les couches successives d’une sédimentation historique qui a donné aux monuments citadins, aux rues et aux quartiers, leur physionomie actuelle. On découvre aussi une mosaïque d’images et de représentations, de clichés, de mythes et d’évocations littéraires qui, autant que les traces du passé figées dans la pierre, inscrivent Naples dans un patrimoine culturel européen dont elle constitue un élément essentiel ».
Bref : LE LIVRE qu'il faut avoir lu avant de partir à Naples ou que l'on appréciera après la découverte de cette magnifique cité...
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