Les fresques étrusques
Stephan Steingräber
Cidatelles & Mazenod
Paris
2006
Fidèles à leur tradition d’excellence, les Éditions Mazenod-Citadelles nous proposent, en prenant en compte les découvertes les plus récentes, un panorama complet de la peinture étrusque. Connues sans doute dès la Renaissance, les tombes peintes étrusques ne seront officiellement « découvertes » qu’en 1699, avec la révélation de la tombe Tartaglia de Tarquinia. C’est surtout à la fin du XVIIIe siècle, au moment où l’archéologie prend son essor, que se multiplient les découvertes, sous l’impulsion du marchand d’art et architecte écossais James Byres mais il faut attendre 1842 pour que les planches de dessins réalisées alors soient publiées à Londres. Entre 1827 et 1833, les archéologues allemands Gerhard, Kestner et von Stackelberg poursuivent les recherches à Tarquinia, dans la nécropole des Monterozzi. D’autres découvertes sont réalisées à Vulci, Chiusi, Véies et Cerveteri alors que, dans toute l’Europe, le public cultivé s’intéresse désormais à ces peintures funéraires qui viennent combler le vide correspondant à l’absence d’œuvres grecques de Polygnote ou d’Apelle. Les fresques des sépultures de Paestum ou celles du tombeau de Philippe de Macédoine ne seront en effet retrouvées que beaucoup plus tard et la peinture étrusque n’en apparaît donc alors que plus précieuse. Les découvertes se font moins nombreuses de 188O à 1950 mais R. Bianchi Bandinelli et M. Pallottino publient les premières grandes synthèses consacrées à cet art que son antériorité par rapport à celui de Rome et les mystères qui demeurent à propos de l’origine de la civilisation des Étrusques nimbent d’une aura toute particulière. À partir des années 1950, le recours à des méthodes élaborées de prospection géophysique permet d’identifier de nouvelles tombes, de multiplier par quatre le nombre des peintures funéraires reconnues et d’établir un catalogue raisonné, fruit d’une coopération réunissant Japonais, Italiens et Allemands. Le recours à de nouvelles techniques et l’exploitation informatique des données iconographiques laissent entrevoir le développement et l’affinement de ce corpus, présenté et commenté dans la vaste synthèse rédigée par Stephan Steingräber. Celle-ci présente un intérêt supplémentaire dans la mesure où, sur les cent quatre-vingt tombes à chambre étrusques décorées de fresques aujourd’hui connues - auxquelles il faut ajouter une centaine d’autres ne présentant qu’un décor de bandes horizontales ou des inscriptions - moins de la moitié est actuellement accessible (et nombre d’entre elles uniquement aux spécialistes). L’auteur expose, de manière classique, à partir de critères iconographiques et techniques, la succession des diverses périodes distinguées par les spécialistes de l’art étrusque (étrusco-géométrique, orientalisante, archaïque, classique…) et commente ainsi certains chefs-d’oeuvre connus depuis longtemps(le Banquet, ainsi que l’Aulète et le Joueur de lyre de la tombe des Léopards de Tarquinia, la Belle Vélia de la tombe de l’Ogre I, le Prêtre et les Deux lutteurs de la Tombe des Augures) qui sont complétés par les découvertes plus récentes réalisées sur le même site, notamment dans la tombe des Démons bleus). Le souci d’envisager l’art étrusque non comme la production d’une province isolée du monde ancien mais dans ses relations avec la peinture grecque et macédonienne contribue également à la richesse d’un tel ouvrage, servi par une iconographie de qualité exceptionnelle.