Les derniers Stuarts. 1660-1807
Michel Duchein
Fayard
Paris
2006
Voltaire écrivait dans son Siècle de Louis XIV qu'il ne connaissait « aucun exemple d'une maison si longtemps infortunée que la maison des Stuarts » et l'on constate effectivement que les événements qui accompagnent son histoire semblent marqués du sceau de l'échec et du malheur. Représentants de la dynastie nationale écossaise à partir de 1371, les Stuarts donnent neuf souverains à ce pays avant de quitter Edimbourg pour venir s'installer à Londres à la mort d'Elizabeth Ière et réunir ainsi sur leur tête les couronnes d'Ecosse et d'Angleterre, Jacques VI Stuart devenant alors, en 1603, Jacques Ier d'Angleterre. Deux de ses ancêtres royaux avaient été assassinés, un autre était mort accidentellement, Jacques IV avait été tué au combat et la tête de Marie Stuart avait roulé sur le billot. Victime de la révolution parlementaire rapidement transformée en dictature cromwellienne, Charles Ier sera décapité à son tour en 1649, cent quarante-quatre ans avant Louis XVI. La restauration inespérée de Charles II n'ouvre en 1660, qu'une simple parenthèse puisque son frère, devenu Jacques II en 1685, doit fuir l'Angleterre trois ans plus tard, quand éclate en 1688 la Glorious Revolution. La défaite subie en Irlande sur les rives de la Boyne en 1690, l'exil de Saint Germain-en-Laye, de Bar le Duc, d'Avignon et de Rome ne signifient pas pour autant que le rôle historique de cette malheureuse lignée est désormais terminé. La dynastie de Hanovre occupe certes le trône d'Angleterre après la mort de la reine Anne Stuart née du premier mariage de Jacques II, mais le jeune Charles Edouard porte encore les espoirs des nostalgiques de l'ancienne famille royale. Vaincu à Culloden en 1746, abandonné par l'allié français, « Bonnie Prince Charlie » n'est plus qu'un prince errant et quand il meurt en 1788, c'est son frère Henri Benedict, le cardinal d'York, qui lui succède en adoptant le nom de Henri IX. Sa disparition en 1807 marquera la fin d'une dynastie qui échoua dans sa tentative d'établir outre-Manche une monarchie absolue, ouvrant ainsi la voie au parlementarisme qui allait, au cours du siècle suivant, triompher à Londres avant de l'emporter dans la majeure partie de l'Europe. Spécialiste incontesté de l'histoire de l'Angleterre moderne, Michel Duchein était le mieux placé pour évoquer le parcours dramatique de ces souverains et de ces prétendants en qui la nation anglaise, hostile à Rome et à la France, ne s'est jamais pleinement reconnue.