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Les arènes totalitaires. Hitler, Mussolini et les jeux du stade
Les arènes totalitaires. Hitler, Mussolini et les jeux du stade
Daphné Bolz
Editions du CNRS
Paris
2007
Au moment où les Jeux Olympiques qui s’ouvrent ce mois-ci à Pékin engendrent les débats que l’on sait, Daphné Bolz porte sur l’instrumentalisation du sport durant les années trente un regard historique qui fournit une riche matière à réflexion. Elle s’est intéressée à l’utilisation qui fut faite du sport dans l’Italie fasciste et l’Allemagne nationale-socialiste, où les deux régimes établis par Mussolini et par Hitler accordèrent d’emblée une place de premier plan à l’activité sportive, les pays concernés obtenant d’ailleurs de brillants résultats, avec les victoires de la squadra azzura transalpine en Coupe du monde de football, le succès de Gino Bartali dans le Tour de France, ceux du boxeur Max Schmelling ou le triomphe que fut, à l’été de 1936 la « Fête des peuples » des Jeux Olympiques de Berlin, immortalisée par la caméra de Leni Riefenstahl.
La valorisation du sport et la généralisation de sa pratique s’inscrivaient dans la volonté des dirigeants de bâtir « l’homme nouveau » appelé à succéder à celui qu’avait engendré la société individualiste et bourgeoise qui s‘était imposée au siècle précédent. Courage, effort, dépassement, goût de la compétition et communion populaire autour des nouveaux héros des stades correspondaient bien au vitalisme qui s’était déjà exprimé dans le futurisme italien. Analogue dans son esprit aux affrontements guerriers, le spectacle sportif, nouvelle manifestation de l’agon aristocratique, était un moyen privilégié de construction du sentiment national et les deux grands régimes nationalistes et autoritaires installés à Rome et à Berlin ne pouvaient que favoriser les exploits des « dieux du stade », ceux-ci contribuant pour leur part à leur donner l’image de dynamisme, de jeunesse et de modernité à laquelle ils tenaient.
L’auteur a notamment poussé ses recherches vers l’étude des « lieux du sport-spectacle » et peut ainsi nous présenter, du Foro Italico au Stade Olympique de Berlin, les vastes ensembles architecturaux appelés à fournir le cadre des compétitions. La conception de l’architecture, la statuaire et la symbolique du décor participent naturellement à la construction d’un sentiment fusionnel propre à forger l’unité d’une foule portée par un enthousiasme commun. Le stade, magnifié par ses références à l’Antiquité classique, devient ainsi le lieu privilégié où peut se pratiquer la « religion fasciste » analysée il y a peu par l’historien Emilio Gentile. Cela n’exclut pas les conflits entre les partisans du sport de masse, nécessaire à la santé et à la formation morale du peuple, et les tenants d’un sport d’élite, garant du prestige que pouvaient assurer les victoires obtenues sur le plan international.
Né dans l’aristocratie anglaise formée dans les public schools et attachée au parlementarisme, le sport, par la séduction qu’il exerce désormais sur les masses, devient à l’époque un enjeu majeur en vue du contrôle idéologique et social de la population et les régimes totalitaires italien et allemand surent l’utiliser ainsi au mieux de leurs intérêts.
 
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