Ce sont les élèves de Paul Lemerle, disparu en 1989, qui ont mis en œuvre au cours de ces dernières années le projet qu'avait imaginé le maître d'offrir aux spécialistes universitaires, en même temps qu'au grand public cultivé, une synthèse de l'Histoire byzantine rendant compte des dernières avancées de la recherche. Deux premiers volumes sont parus en 2004 et 2006, sous la direction de Jean-Claude Cheynet et c'est le troisième et dernier que nous proposent aujourd'hui les Presses Universitaires de France, dans la ligne de ce que fut - dès son origine, il y a un demi-siècle - une collection « Nouvelle Clio » combinant une information bibliographique très complète, un exposé des événements et d'ambitieuses synthèses consacrées aux divers aspects de la vie économique et sociale, de l'évolution religieuse ou des productions culturelles.
Angeliki Laiou - professeur à Harvard et spécialiste de l'économie byzantine, qui avait la charge de ce dernier volume - est disparue prématurément en décembre 2008 et a été remplacée par l'historienne des Croisades Cécile Morrisson. Au total, neuf autres auteurs – parmi lesquels Michel Balard, Marie-Hélène Congourdeau et Jacques Lefort – ont participé à la réalisation de cette somme de cinq cents pages qui porte sur la dernière séquence de l'Histoire byzantine, celle qui s'étend de la IV
e Croisade - qui voit en 1204 les Latins mettre à sac Constantinople et y installer un Empire latin d'Orient - à la chute finale survenue en 1453, quand les janissaires de Mehmed II le Conquérant parviennent à forcer les murailles de l'antique capitale de l'Empire d'Orient appelée à devenir, pour presque cinq siècles, le centre de gravité de la puissance ottomane. La première partie de l'ouvrage nous raconte le choc que signifia la quatrième croisade et la prise de la ville par les Latins, la survie de l'empire grec à Nicée, en terre asiatique, la restauration survenue en 1261 avec la victoire des Paléologues.
Ce rétablissement est bientôt compromis par les luttes intestines qui affaiblissent l'Empire grec et par les menaces que font peser sur lui d'une part, dans les Balkans, la Serbie des Némanides et, de l'autre, en Asie mineure, la puissance ottomane alors en pleine ascension. Alors que la Serbie a sombré au Kossovopoljé en 1389 et que les janissaires de Bajazet l'Eclair ont brisé à Nicopolis, en 1396, les vaines charges de la chevalerie occidentale engagée dans une ultime tentative de croisade, les jours de l'Empire d'Orient paraissent comptés et le premier siège de Constantinople constitue une alerte inquiétante. La victoire que Tamerlan remporte à Angora sur Bajazet offre un répit inattendu au monde byzantin mais ses jours sont comptés et la tentative d'union des Eglises engagée à Ferrare et à Florence restera sans lendemain. L'Occident latin n 'apportera pas les secours espérés même si, en mai 1453, quelques courageux capitaines gênois défendent jusqu'au bout la ville.
Cet empire affaibli - qui a vu se réduire comme une peau de chagrin les territoires placés naguère sous son autorité, qui a dû compter avec la montée en puissance serbe, avec les principautés latines installées en Morée ou avec les colonies vénitiennes de Grèce et des îles, enfin avec émirats turcs le refoulant progressivement d'Asie mineure, n'en conserve pas moins les ressources qui lui permettent, sur le plan culturel, de briller de ses derniers feux, au moment où Pléthon redécouvre la pensée antique, où Mostar illumine les terres du Péloponnèse, alors que - comme André Chastel l'a naguère admirablement montré - la peinture byzantine va connaître, après l'étape que constituent les admirables fresques des monastères serbes, de nouveaux et superbes développements dans le
Trecento italien. A travers une approche complète n'omettant aucun domaine - la société, l'Eglise ou les diverses régions, du despotat d'Epire à l'Empire de Trébizonde - cette remarquable somme, qui unit heureusement la densité de l'information à la clarté de la présentation, va constituer pour longtemps, avec les deux volumes qui l'ont précédée, une référence indispensable pour tous ceux qui souhaitent découvrir un monde byzantin dont l'héritage pèse autant, si ce n'est davantage, en Orient que celui de Rome chez nous.
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