Logo Clio
Le Livre noir de la Révolution française
Le Livre noir de la Révolution française
Sous la direction de Escande Renaud
Cerf
Paris
2008
C’est à l’évidence le succès rencontré en 1997 par le Livre noir du communisme qui a inspiré les auteurs de ce Livre noir de la Révolution française dont le titre est en lui-même tout un programme. Il y a bien longtemps que la Révolution ne constitue plus, dans la mémoire nationale, le « bloc » cher à Clemenceau mais, pendant longtemps, c’est une lecture conventionnelle et trop exclusivement orientée qui a prévalu. La Révolution racontée par Michelet fournissait des arguments et des modèles aux quarante-huitards, celle d’Aulard accompagnait le triomphe de la IIIéme République des radicaux avant que Jaurès, Mathiez, Lefebvre et Soboul n’en donnent une lecture inspirée par les avatars successifs du socialisme et du communisme. Cette tendance lourde, qui glorifiait Jacobins et sans-culottes, s’est épuisée avant que ne survienne le bicentenaire de 1989 qui fut, à beaucoup d’égards, l’occasion d’une « revanche » pour les tenants de la Contre-Révolution nostalgiques de Maistre et de Bonald ou pour les champions d’une interprétation libérale bien représentée - après Burke, Tocqueville et Godechot - par François Furet dont le Penser la Révolution fit figure en son temps de véritable évènement. C’est dans cette évolution historiographique qu’il convient de replacer le « Livre noir » qui nous est proposé aujourd’hui. Les vingt-cinq premiers chapitres –souvent trop courts au regard des sujets abordés - traitent de thèmes fort divers, des massacres de septembre à la Vendée, du vandalisme révolutionnaire à la ruine de la Marine, du découpage départemental au « fascisme » de Saint-Just… L’absence d’un véritable fil conducteur qui aurait pu être formulé dans une introduction générale faisant cruellement défaut aboutit à une juxtaposition d’articles d’intérêt inégal, même si certaines communications, celles notamment de Jean Tulard, Jean de Viguerie ou Jean Christian Petitfils valent par leur clarté et leur densité. La seconde partie de l’ouvrage apparaît nettement plus cohérente, dans la mesure où elle nous propose des textes présentant une vingtaine de penseurs ou d’écrivains hostiles à la Révolution. Ceux qui sont consacrés à Chateaubriand, Rivarol, Bonald, Barbey d’Aurevilly ou Taine demeurent sans surprises mais l’on retiendra ceux de J. de Guillebon et de R.Soulié sur Balzac et Péguy, en se félicitant par ailleurs l’occasion qui nous est donnée de découvrir Donoso Cortes ou Blanc de Saint Bonnet, tout en déplorant les absences de Burke et de Tocqueville dont on peut penser qu’ils avaient leur place dans cette partie du livre. Le troisième groupe de textes est une anthologie de discours ou de témoignages portant sur différents aspects de la période. On retiendra surtout ici les réflexions consacrées à la psychologie révolutionnaire et aux élections. De manière générale, les divers documents proposés auraient mérité une présentation suffisamment complète qui eût permis au lecteur d’en tirer davantage de profit. Fort de ses neuf cents pages, l’ouvrage fournira une riche matière à réflexion à tous ceux que passionne cette séquence décisive de notre Histoire mais on peut penser qu’un tel livre aurait mérité une mise en forme plus rigoureuse et un accompagnement critique plus complet.
 
Mentions légales Conditions de vente Comment s'inscrire Vos assurances Qui sommes-nous ? Clio recrute Nous contacter ou nous visiter