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Le Coran décrypté. Figures bibliques en Arabie
Le Coran décrypté. Figures bibliques en Arabie
Jacqueline Chabbi
Fayard
Paris
2008
Professeur à l’Université de Paris VIII, Jacqueline Chabbi, qui a publié en 1997 Le Seigneur des tribus. L’Islam de Mahomet (Editions Noésis), récidive avec Le Coran décrypté. Figures bibliques en Arabie, un ouvrage dont on peut aisément prédire qu’il fera pareillement date.

La démarche de cette chercheuse atypique, ennemie et des convictions toutes faites, consiste à mettre en lumière ce que furent les débuts authentiques de l’islam, dans un monde, celui du désert arabique, qui n’avait guère à voir avec celui de la civilisation urbaine héritière des anciennes traditions orientales qui se confondrait, au cours des siècles suivants, avec le monde musulman de Damas, de Bagdad, de Cordoue, du Caire ou de Ghazni.

L’auteur nous montre comment certaines figures bibliques ont été transformées et adaptées par le « Prophète » et ses premiers disciples, dans un contexte à propos duquel la documentation demeure extrêmement parcellaire. Il faut ainsi confronter une connaissance approfondie de la société nomade des tribus arabiques à l’évolution du texte coranique pour être en mesure de décrypter les emprunts effectués auprès des traditions, notamment d’origine biblique, que les Arabes du VIIe siècle ont été amenés à connaître. Jacqueline Chabbi peut ainsi retracer le parcours à l’issue duquel l’islam a obtenu, nous dit-elle, sa « qualification de religion abrahamique ». Il a fallu pour cela retrouver le fil d’une histoire enfouie, disparue au profit des lectures construites ultérieurement, quand la nouvelle civilisation orientale née de la conquête arabe eut besoin de se doter d’une religion intégratrice à vocation universelle s’inscrivant dans la tradition des religions du Livre qui l’avaient précédée.

Comme le formule heureusement l’auteur « Ce ne serait pas la première fois, dans l’Histoire humaine, que le fanatisme et l’illusion se seraient substitués à la réalité vécue, à un moment du temps, et que la représentation d’un passé porteur d’enjeux se serait inscrite dans l’interprétation d’un mythe fondateur. Il n’y a rien là que de courant. La civilisation musulmane ne saurait échapper à la règle. Pour la comprendre, il faut la sortir d’une singularité illusoire, banaliser le regard sur elle, la ramener à une aune commune et la soustraire à un exotisme de représentation et de langage qui en déforme les contours. Ainsi pourrait-on dire que l’Histoire de l’islam que se racontent les sociétés musulmanes depuis des siècles et que trop souvent elles reprennent telle quelle des savants non musulmans, trop peu historiens, cette histoire-là est presque tout entière une histoire virtuelle ou une fiction historique qui relit et réinterprète constamment le passé… » Il y a là, implicitement l’ébauche précise d’un programme, celui d’une approche critique et historique des origines de la religion musulmane, analogue à celui qui fut, dans le cas du christianisme, mis en œuvre à partir de la fin du XIXe siècle par les savants de l’Ecole biblique de Jérusalem.
 
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