L’Inde classique. VIe-XIIe siècles
Michel Angot
Les Belles-Lettres
Paris
2001
Entre le nirvana du Buddha et les invasions musulmanes, la civilisation indienne a brillé pendant environ dix-huit siècles. Pourtant, aucune institution ne vient l'organiser, aucun Etat durable n'encadre son essor, ce qui n'empêche pas une intense réflexion sur la notion même d'Etat. Curieusement, alors que l'Inde est une simple expression géographique, il existe une civilisation indienne, sans doute la seule grande civilisation qui soit fédérée non par un Etat mais par une langue, le sanskrit, langue sacrée des brahmanes mais aussi langue de culture. De même, aucune Eglise ne vient institutionnaliser les religions ni le formidable élan spéculatif des chercheurs de vérité : le Buddha, le Jina, Patañjali, Samkara et bien d'autres se tournent ou se détournent des textes sacrés, le Veda. Ils vont dès lors réfléchir sur les grandes notions qui structurent la vie spirituelle. Que vaut l'action humaine qu'on nomme karman ? Comment échapper au monde du devenir, le samsara ? Peut-on vivre dans la non-violence ? Comment expliquer le mal ? Comment penser une organisation sociale, le système des castes, qui est au cœur de l'hindouisme ?
La réflexion concerne une minorité d'ascètes, de yogin, de penseurs professionnels qui veulent sortir du monde. Mais il y a aussi ceux qui souhaitent y demeurer et vivent intensément. La danse du Bharatanatya, la musique des raga, la sculpture et l'architecture, les premières miniatures fleurissent. C'est aussi l'époque où, en mathématique, l'Inde découvre le zéro, la numération par position et calcule avec précision la circonférence terrestre.
Michel Angot, docteur en indologie et spécialiste du sanskrit, nous présente avec passion dans ce livre une civilisation riche, exubérante, multiple, bien loin des clichés misérabilistes et superstitieux hérités d’un proche passé colonial.