L’Egypte ancienne et ses dieux
Jean-Pierre Corteggiani
Fayard
Paris
2007
L’égyptomanie, qui rencontre en France l’écho que l’on sait, entraîne trop souvent la publication d’ouvrages de qualité bien inégale mais, dans le cas présent, Jean-Pierre Corteggiani confirme le rang d’excellent spécialiste de la religion pharaonique que lui ont permis d’acquérir ses ouvrages antérieurs. Fort de près de ses sept cents entrées, ce dictionnaire réunit toutes les divinités identifiées dans le monde de l’Egypte ancienne, jusqu’à cette déesse Abâset dotée de la forme d’un hérisson et mentionnée une seule fois dans l’oasis occidentale de Bahariyya. La forme du dictionnaire pourrait laisser craindre une énumération érudite finalement bien indigeste, laissant de côté les synthèses nécessaires, seules susceptibles de rendre compte véritablement de l’unité et de la cohérence de la religion égyptienne. Crainte superflue puisque les talents d’écriture de l’auteur et la richesse des illustrations (360 sous forme de photographies ou de dessins dûs à Leïla Menassa) rendent la lecture aisée et permettent de dégager tous les éléments nécessaires à l’intelligence de la vie religieuse en ces millénaires enfouis de l’histoire orientale. A côté des divinités les plus familières du panthéon de Memphis ou de Thèbes, l’auteur nous révèle des figures locales inattendues, ainsi cette Mestasytmis, dont les deux grandes oreilles évoquent « les dieux qui écoutent ». L’autre intérêt de ce dictionnaire réside dans la mise en lumière des évolutions qu’ont connues dans le temps les diverses figures divines. Le caractère « topique » de la plupart des divinités ressort naturellement de cette étude, seuls quelques grands dieux ayant réussi à s’imposer dans l’ensemble du pays en échappant ainsi au lieu originel de leur culte. Pendant plus de trois millénaires et jusqu’aux époques hellénistique et romaine, les Egyptiens ont créé de nouveaux dieux, parmi lesquels ce Piyris, capable de guérir les pèlerins venus l’honorer dans l‘oasis de Kharga ou le fameux Antinoüs, le favori de l’empereur Hadrien englouti accidentellement dans les eaux du Nil… La présentation « individuelle » des différents dieux n’exclut pas celle des divers systèmes théologiques qui ont fleuri au fil du temps en Egypte. Prêtres, rituels, temples, tombes, symboles ou textes – gravés sur les parois ou écrits sur les papyri – ne sont pas non plus oubliés dans ce tableau général de la religion égyptienne, qui rend compte, en s’appuyant sur une iconographie très complète de l’extrême diversité du panthéon de l’époque pharaonique, même si ce sont les figurations issues des sanctuaires contemporains des époques ptolémaïque et romaine qui sont le plus souvent présentées.