Fils d'immigré italien et spécialiste de l'histoire contemporaine de nos voisins transalpins, Pierre Milza relève brillamment, avec cette Histoire de l'Italie , un défi redoutable auquel bien peu se sont risqués. Nombre de grands auteurs – un Pierre Grimal à propos de la Rome ancienne, un Yves Renouard ou un Jacques Heers pour les principautés médiévales, un Paul Guichonnet pour les temps du Risorgimento – ont ainsi réalisé en leur temps des travaux aussi brillants qu'innovants sur certaine séquences bien précises de l'histoire italienne mais toute approche globale apparut longtemps bien risquée à propos d'un pays dont Metternich disait qu'il n'était « qu'une simple expression géographique ». Sans oublier les racines étrusques, grecques et romaines, l'auteur nous entraîne à travers vingt-cinq siècles qui virent se constituer une identité plurielle dont la foisonnante richesse constitue le principal atout, même si cette diversité repoussa très loin la réalisation d'une unité incertaine, ce dont témoignait en 1861 Massimo d'Azeglio affirmant que « l'Italie est faite, reste à faire les Italiens »… Inspiré par l'historiographie la plus récente – Renzo de Felice ou Emilio Gentile à propos du fascisme – Pierre Milza conclut, contre les tentations sécessionnistes « padanes » qui se sont affirmées ces dernières années, à l'existence d'une Italie qui, après le « miracle » industriel des années d'après-guerre, a réussi à surmonter les drames des « années de plomb » terroristes en préservant son système politique parlementaire et dont la tradition de décentralisation, longtemps assimilée à un campanilisme anachronique, peut apparaître aujourd'hui comme un atout à l'heure de l'intégration européenne.