Professeur de géopolitique au Collège Interarmées de Défense qui a pris la succession, depuis une quinzaine d’années, de l’Ecole Supérieure de Guerre, Aymeric Chauprade s’est imposé comme l’un des meilleurs spécialistes de cette discipline. Auteur, avec François Thual, d’un Dictionnaire de géopolitique, il nous propose la nouvelle édition, de « Géopolitique. Constantes et changements dans l’Histoire » considérablement augmentée dans la mesure où elle prend en compte – au-delà des thématiques classiques – des enjeux culturels, identitaires et civilisationnels. Les illusions entretenues un temps à propos de la « fin de l’Histoire » chère à Francis Fukuyama sont aujourd’hui largement dissipées et le nouvel ordre mondial – que certains souhaitent « multipolaire » face à d’autres qui le veulent seulement « multilatéral » peine à émerger au moment où partout dans le monde s’impose l’impératif de la puissance. Après une première partie consacrée à l’évolution des idées géopolitiques, l’ouvrage s’attache à éclairer les grandes permanences historiques : la dualité centre-périphérie, l’opposition terre-mer, l’enclavement, l’insularité, le relief, l’ethnie, la langue, la religion, les représentations territoriales et civilisationnelles, les catégories socio-économiques, la quête des ressources fondamentales, qui définit des géopolitiques de l’énergie ou de l’eau, le poids des dynamiques démographiques… Il s’agit ensuite de comprendre ce qui arrache l’histoire à la pesanteur des déterminismes et modifie les données de la puissance : les grandes révolutions géographiques, les conséquences des progrès techniques, les effets de la montée en force des acteurs transnationaux (des religions aux ONG et aux mafias), les significations qu’il convient d’accorder aux phénomènes de mondialisation et de régionalisation.