Professeur à la Sorbonne Paris-IV, directeur de séminaire au Collège Interarmées de Défense, président de la revue Population et avenir, le recteur Dumont prend naturellement la suite de tous ceux qui, d’Alfred Sauvy à Jacques Dupaquier en passant par Pierre Chaunu, ont donné ses lettres de noblesse à la démographie historique française dont on sait le rôle pionnier qu’elle joue depuis une cinquantaine d’années. Au moment où l’analyse géopolitique a retrouvé ses droits et alors que se développent des phénomènes migratoires de grande ampleur aux conséquences incertaines, il était nécessaire de dégager les constantes ou les lois qui commandent l’évolution des populations et leur relation aux phénomènes politiques. L’auteur distingue ainsi dix « lois » susceptibles d’éclairer les profondes transformations annoncées pour le siècle qui s’ouvre. Celle du « nombre », celles « de stimulation et de langueur », qui permet de distinguer les effets géopolitiques tout à fait différents d‘une croissance démographique due à une forte natalité et de celle liée à une augmentation continue de l’espérance de vie synonyme de vieillissement, la loi « du repoussement » ou celle « des diasporas »… L’analyse s’appuie sur la présentation d’une multitude d’exemples historiques ou contemporains qui témoignent de l’immense érudition de l’auteur. Les réflexions relatives à l’identité des populations et à l’affirmation de leurs différences, les commentaires consacrés aux vastes mouvements migratoires aujourd’hui en cours dessinent les perspectives d’un monde entraîné à un rythme rapide vers la mondialisation économique mais où se multiplient dans le même temps les retours identitaires susceptibles de troubler la « mondialisation heureuse » rêvée par certains, même si le « choc des civilisations » prophétisé par Samuel Huntington n‘a rien d’une fatalité. Décrypter les conditions de l’avenir proche impose, dans toutes les hypothèses, une réflexion approfondie sur les phénomènes démographiques et migratoires et l‘importance d’une telle démarche est parfaitement résumée par la formule d’Alfred Sauvy placée en ouverture de l’ouvrage de G. F. Dumont : « Si fondamentaux sont les problèmes de population qu’ils prennent de terribles revanches sur ceux qui les ignorent… »