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Décrire et peindre. Essai sur le portrait iconique
Décrire et peindre. Essai sur le portrait iconique
Gilbert Dagron
Gallimard

2007
Auteur, il y a une dizaine d’années, d’un ouvrage magistral intitulé « Empereur et prêtre. Etude sur le césaro-papisme byzantin », Gilbert Dagron, professeur honoraire au Collège de France, s’est imposé depuis plusieurs années comme le successeur de Paul Lemerle et d’Hélène Ahrweiler en matière d’études byzantines. Travail d’érudit, le livre qu’il consacre à l’art de l’icône constitue, pour le grand public cultivé, une remarquable synthèse des études et des réflexions réalisées ou engagées depuis de nombreuses années. Il s’agit de faire participer le lecteur occidental à l’intelligence d’un art dont l’approche apparaît souvent rébarbative pour un non-initié. L’auteur met tout d’abord en lumière les ruptures qui apparaissent, durant l’Antiquité finissante, entre l’art « naturaliste » porté à sa perfection par l’ancienne civilisation gréco-latine et les nouvelles formes d’expression liées au triomphe des philosophies néoplatoniciennes ou de la révolution chrétienne. Il montre ainsi comment s’opère le passage « de la philosophie à la théologie ». La crise des images qu’exprime la querelle iconoclaste et la victoire finale des iconodules sont également l’objet de réflexions et d’analyses innovantes. Suivent diverses approches, relatives à la typologie des portraits, à la représentation des apôtres et des saints ou du visage du Christ, qui permettent de décrypter les arrière-plans imaginaires de la genèse des icônes. De manière plus générale, l’auteur replace l’art byzantin « dans le grand mouvement pendulaire qui, selon la terminologie de Hegel, va du symbolisme au classicisme pour revenir à ces formes symboliques dont Platon avait gardé la nostalgie et prévu le retour, à la fois positives et négatives, porteuses d’une signification qu’elles ne peuvent jamais exprimer parfaitement et tirant leur sacralité de cette inadéquation même. » Les pages consacrées à l’héritage laissé par l’art de l’icône aux créateurs contemporains apparaissent particulièrement stimulantes, notamment à propos de Matisse et de Kandinsky, et conduisent Gilbert Dagron à conclure que « l’icône a légué aux artistes ou philosophes de l’art contemporain un vocabulaire utile, celui d’une rupture avec « l’art d’imagination » et d’un retour en force du symbolique. Si elle a fasciné les artistes contemporains, c’est sans doute aussi par la technique qu’elle mettait en oeuvre, par sa conception de l’espace pictural, par la force de son schématisme, par son usage de la lumière et par cette négativité sublime des oeuvres d’art répétitives, qui cherchent une vérité inatteignable par delà une réalité d’apparence, hésitent entre présence et absence, laissent à ceux qui regardent quelque chose à penser et stimulent leur créativité… »
 
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