Pierre Lévêque, professeur émérite d’histoire ancienne et président d’honneur de l’université de Besançon, nous a quitté le 5 mars dernier. Clio s’honorait depuis de nombreuses années de sa précieuse collaboration. Il fut le premier à nous proposer, il y a dix ans, de faire partager son érudition et sa passion de la Grèce à nos voyageurs et il fut l’un des membres fondateurs du Prix Clio de l’archéologie. Il était l’un des plus fins connaisseurs de l’Antiquité et particulièrement du monde grec, auquel il a consacré de nombreux ouvrages comme Empires et barbaries ou L’Aventure grecque. Il nous offre, avec ce dernier livre, une vision rafraîchissante et vivace des grands sanctuaires grecs.

Les livres consacrés à la Grèce antique laissent trop souvent place à une certaine frustration, tant l’accumulation des informations semble se faire au détriment de la spiritualité. Or nul sol n’a été, plus que la patrie des Hellènes, habité par les dieux.
Pierre Lévêque livre ici plus qu’un guide ou une histoire de la Grèce antique, une invitation au voyage au coeur de la civilisation hellénique, en une terre qui est la demeure des héros et des dieux. Muni des éléments essentiels d’histoire, d’art, de mythologie, le lecteur parcourt les grands sites de la Grèce, espaces où le sacré est partout : Cnossos, Mycènes, Athènes, Sparte, Corinthe, Epidaure, Olympie, Delphes, Délos… Palais, temples, sanctuaires et cités revivent sous la plume d’un des plus grands spécialistes du monde grec. Cartes et plans aident à l’orientation et à la compréhension. Géométrie subtile du théâtre d’Epidaure, effort pour faire cohabiter divinités anciennes et nouvelles à Délos, compétitions des cités pour élever les plus beaux « ex-voto » à Delphes. C’est le génie des Grecs, nos maîtres en intelligence et en beauté, qui transparaît au fil des pages. Chaque lieu retrouve son histoire, sa place dans l’univers mythique, sa géographie et son architecture sacrées. Citations des grands poètes, plans et dessins éclairent le propos. Mais l’auteur ne s’arrête pas à un parti pris descriptif. Ce qui l’intéresse, c’est la spécificité du génie grec, partout à l’oeuvre : dans la subtile géométrie du théâtre d’Epidaure ; dans les affinités électives qui font cohabiter dieux anciens et nouveaux sur le site de Délos ; dans la compétition des cités pour offrir à Apollon les plus magnifiques trésors à Delphes. Il donne ici une magistrale leçon d’intelligence d’une civilisation qui a façonné notre imaginaire.