Logo Clio
Constantin le Grand
Constantin le Grand
Pierre Maraval
Tallandier
Paris
2011
Spécialiste du Bas-Empire romain et des premiers siècles chrétiens, auteur en 2009 d'un Théodose le Grand qui fait autorité, Pierre Maraval, professeur émérite à la Sorbonne (Paris IV), était tout désigné pour proposer au public français la biographie de Constantin qui lui manquait. Aucun grand travail de synthèse n'a en effet été consacré récemment à celui dont la mémoire est associée à la christianisation du monde romain.

Né dans les années 270, fils de l'empereur Constance Chlore et d'Hélène, Flavius Valerius Aurelius Constantinus servit sous Dioclétien et fut proclamé Auguste par ses légions en 306, à la mort de son père. Marié à Fausta, la fille de Maximien - qui avait partagé le pouvoir avec Dioclétien au début de la Tétrarchie - il contraignit ce dernier au suicide en 310 après qu'il eut comploté contre lui. Allié de Licinius, qui avait épousé sa sœur, il l'emporte sur un autre rival, Maxence, lors de la fameuse bataille du Pont Milvius livrée en 312 pour le contrôle de Rome. Selon la légende, c'est grâce à l'intervention du Dieu des chrétiens qu'il remporta cette victoire après qu'il se fut manifesté en lui commandant, lors d'une vision de la Croix « In hoc signo vinces ».

Dès 313, celui qui partage désormais avec Licinius la maîtrise de l'Empire promulgue les édits de Milan qui accordent aux chrétiens – encore persécutés quelques années plus tôt à l'époque de Dioclétien, la liberté de pratiquer leur culte. Intervenant dans les affaires de l'Eglise, il convoque à Rome, puis à Arles des conciles qui condamnent l'hérésie donatiste. Quelques années plus tard, il l'emporte sur Licinius et s'impose comme le seul maître de l'Empire, ce que confirme l'exécution de son rival et la réunion, en 325, du concile de Nicée, qui condamne l'hérésie arienne contestant le dogme trinitaire. Empereur-soldat, Constantin combat les Barbares sur les frontières du Rhin et du Danube et installe en 330, sur le site de l'ancienne Byzance, la capitale qui porta son nom et assurera à l'Empire romain, en Orient, un sursis étendu sur un millénaire. Entré en campagne au printemps de 337 contre les Perses sassanides, il meurt quelques jours plus tard à Nicomédie, à l'issue d'un règne de trente et un ans.

Se fondant sur une maîtrise parfaite des sources relatives à ce souverain, Pierre Maraval en trace un portrait nuancé, même s'il reconnaît que « sa personnalité nous échappe pour une part ». Il pointe l'ambition et le désir de gloire mais aussi la foi en la Providence et une religiosité sincère qu'il s'agisse de la vision d'Apollon dans le temple de Grand ou du ralliement ultérieur au christianisme. L'empereur mit certes la religion au service d'une ambition mais « Constantin païen était nécessairement religieux et Constantin chrétien le fut certainement ». Il est difficile de faire la part des propos hagiographiques et de témoignages contemporains, car le personnage était brutal, comme son époque. Impulsif, il se veut tout autant bienveillant.

André Piganiol a vu dans sa conversion au christianisme une « trahison » de l'héritage romain et des auteurs anciens l'ont accusé d'avoir préparé, du fait de son refus de célébrer les Jeux séculaires de 314, la défaite ultérieure de Rome face aux Barbares. Eusèbe et les historiens chrétiens ont tenu, bien sûr, un discours inverse, fondé tout autant sur le préjugé et le parti pris. Il reste que Constantin a été un imperator victorieux face à la menace barbare ou dans les luttes civiles, un chef militaire qui a su gérer ses victoires d'une manière suffisamment politique pour établir à l'issue un Etat impérial fort. Législateur, il a poursuivi les réformes engagées par Dioclétien. Pontife suprême, il a mesuré l'inutilité des persécutions antichrétiennes et a imposé la tolérance religieuse. La victoire qu'il attribue au Dieu des chrétiens le porte ensuite vers la nouvelle religion et l'encourage à donner à l'Eglise une part non négligeable des pouvoirs de l'Etat, notamment en matière judiciaire. On sait aussi le rôle qu'il s'attribue dans la lutte contre les hérésies.

L'homme de guerre fut aussi philosophe mais surtout bâtisseur, ce dont bénéficièrent des villes comme Trèves, Arles, Antioche ou Thessalonique, sans oublier Constantinople dont il fit la capitale de l'Empire d'Orient. Revendiquant comme modèles Trajan, Hadrien et Auguste, il laisse finalement à ses successeurs un empire provisoirement uni, dont les frontières sont stabilisées et qui apparaît alors en mesure de relever les défis du IVe siècle.
Une conférence de Pierre Maraval sur Constantin le Grand
Constantin le Grand
par Pierre Maraval le jeudi 10 novembre 2011 à 15h00

La tradition historiographique dans sa diversité considère la conversion de Constantin au christianisme comme un moment décisif tant pour l'histoire de la Chrétienté occidentale et de Byzance que pour... Accéder à la conférence
 
Mentions légales Conditions de vente Comment s'inscrire Vos assurances Qui sommes-nous ? Clio recrute Nous contacter ou nous visiter