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Comment l’art devient l’art. Dans l'Italie de la Renaissance
Comment l’art devient l’art. Dans l'Italie de la Renaissance
Edouard Pommier

Editions Gallimard
Paris
2007
On sait comment les artistes sortirent de l’anonymat à la charnière du Moyen Age et de la Renaissance, au moment où l’apparition du portrait symbolisait l’émergence de l’individu dans un monde qui, jusque-là, n’avait connu que le groupe, le clan et la lignée. Déjà auteur de Théories du portrait et de Winckelmann inventeur de l’Histoire de l’art, Edouard Pommier entreprend aujourd’hui de retracer les étapes par lesquelles les travaux des artistes se sont affirmés comme les manifestations d’une discipline noble, comme le produit d’un art « libéral » et non plus d’un art « mécanique », depuis que Dante a inventé au XIIIe siècle, dans sa « Divine comédie », le mot « artiste » jusqu’à ce que les obsèques de Michel Ange scellent en juillet 1564 l’accession de l’artiste au rang du génie appelé à remplacer le héros ou le saint. Capable désormais d’acquérir ici-bas la gloire réservée jusque-là au chrétien promis à l’immortalité, l’artiste accède avec Cimabue et Giotto, l’initiateur d’une peinture nouvelle qui rompt avec l’héritage byzantin et renoue avec les formes antiques, un statut nouveau. Boccace jette peu après les fondements d’une « histoire de l’art » inspirée des pages que Pline l’Ancien a consacrées à la peinture et à la sculpture grecque dans son Histoire naturelle. Bientôt, c’est Vasari qui confirme, avec ses Vies de peintres cette nouvelle approche de ceux ayant vocation à réaliser une création dont le caractère « divin » est parfois mis en avant. Brunelleschi, l’architecte du prodigieux Dôme de Florence, Donatello, Ghiberti Masaccio, Fra Angelico, Filippo Lippi, Paolo Uccello ou Luca della Robbia accèdent ainsi dans la cité des rives de l’Arno à un rang qui fait d’eux les maîtres indiscutés du Quattrocento. La découverte – en janvier 1506, lors de travaux effectués sur l’Esquilin – du fameux groupe de Laocoon, immédiatement identifié par le fils de l’architecte Giuliano de Sangallo comme celui dont parlait Pline, constitue une étape supplémentaire dans la construction d’une « histoire de l’art » qui, en parallèle avec l’affirmation sociale de l’artiste, contribue à la création d’un espace culturel nouveau, d’une autre représentation de la production du beau. Peu après, le De pictura d’Alberti décrit un tableau d’Apelle et l’auteur le commente en le comparant à des oeuvres de son temps… C’est aussi le moment, et les Vies de Vasari en témoignent, où se forme également peu à peu un public nouveau, adepte de « l’art pour l’art » et non plus constitué de simples fidèles séduits par une peinture édifiante.
 
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