Assurbanipal, roi d'Assyrie
Daniel Arnaud
Fayard
Paris
2007
Historien et épigraphiste spécialiste du Proche Orient ancien, Daniel Arnaud est directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études et c’est à ce titre que, deux ans après nous avoir proposé un ouvrage consacré au néobabylonien Nabuchodonosor, il remonte légèrement dans le temps en se déplaçant vers le nord pour nous présenter Assurbanipal, sans doute le plus connu des souverains assyriens, qui régna sur Ninive et son Empire de 668 à 630 avant
J.-C. L’auteur voit dans ce long règne « un succès politique, économique et artistique continu » et voit dans la beauté et la perfection des bas-reliefs réalisés alors une raison suffisante pour porter un jugement positif sur l’homme et sur son oeuvre. Celle-ci est bientôt anéantie par les Mèdes à partir de - 615 car ces envahisseurs venus des plateaux étendus plus à l’est, au-delà des monts Zagros, mettent alors un terme à ce qui avait été la puissance d’Assur. Quelques décennies auparavant, celle-ci atteignait pourtant son apogée sous le règne d‘Assurbanipal, fils d’Assarhaddon, roi aussi guerrier que l‘avaient été ses prédécesseurs, qui acheva le siège de Tyr et conclut victorieusement, avec la prise de Thèbes, la campagne conduite en Egypte. Il brise la longue résistance de l’Elam et incendie en - 648 Babylone où il défait son frère Shamash-Shumukin. Monarque par ailleurs raffiné, il consacrait une bonne partie de son temps à la chasse – ce qui nous a valu l’admirable relief de la Lionne blessée du British Museum – et au rassemblement des ouvrages appelés à constituer, à Ninive, sa brillante « bibliothèque ». On suppose que son personnage a inspiré la figure légendaire de Sardanapale dont la mort a été immortalisée par Delacroix mais ce n’est pas la légende que retient Daniel Arnaud, qui exploite au mieux la documentation disponible pour reconstituer ce que fut cet empire guerrier que son centre de gravité sur le cours supérieur du Tigre prédisposait à dominer les marches sumériennes, élamites et babyloniennes du sud, tout autant que l’espace syrien abandonné par les Mittaniens et les Hittites à la fin du IIe millénaire, au point d’étendre un temps son autorité sur l’Egypte. Rien ne pouvait en revanche contenir la poussée des Mèdes venus du plateau iranien. L’empire d’Assur s’imposait par la force et la terreur mais il était générateur d’ordre alors que les nouveaux venus se contentèrent d’anéantir, avant de rejoindre les vastes espaces du plateau iranien où les Perses achéménides parviendront à les vaincre avant de succéder aux Assyriens comme maîtres de l’ancien Orient.