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Manet
Inventeur du Moderne
Du 5 avril au 3 juillet 2011, au Musée d'Orsay
Organisatrice de la mémorable rétrospective accueillie en 1983 par le Grand Palais, Françoise Cachin, disparue il y a quelques semaines, ne sera plus là pour inaugurer, au Musée d'Orsay, l'exposition « Manet inventeur du moderne » dont la conception et la préparation lui doivent tant. Une présentation qui ne se résume pas à un simple survol chronologique de la carrière du peintre d'Olympia, mais qui prend en compte les nombreux travaux réalisés au cours du quart de siècle écoulé et replace le peintre dans l'art et l'Histoire de son temps, en proposant aux visiteurs des approches thématiques riches de sens qui permettent d'éclairer des aspects trop souvent méconnus ou négligés de son œuvre.

La « modernité » de Manet s'inscrit dans le rejet progressif de l'héritage romantique, dans l'adoption d'un « réalisme » bien différent de celui de Courbet, mais aussi dans une France que le Second Empire a entrepris de transformer rapidement. Créateur puissamment original, Manet, que l'on ne saurait réduire à son rôle de héraut supposé du premier impressionnisme, suit en réalité un itinéraire personnel qui le tient à l'écart des diverses écoles mais le conduit à s'investir pleinement dans un siècle en train de construire une société et des représentations nouvelles.

Le parcours de l'exposition, organisé autour de plusieurs questions tout à fait pertinentes, rend ainsi compte de l'évolution d'un artiste et d'une œuvre qui demeurent à de nombreux égards inclassables. Il nous rappelle tout d'abord l'importance, longtemps oubliée par ceux qu exaltaient d'emblée la « rupture » portée par le peintre, du séjour effectué de 1849 à 1856 dans l'atelier de Thomas Couture, là où le jeune homme, qui venait d'échouer au concours de l'Ecole Navale, a fait ses premières armes. Ami de Michelet, considéré comme le peintre officiel de la Seconde République, le maître, que l'on n'hésite pas alors à comparer à Véronèse, Rubens ou Géricault, était bien plus que l'artiste « académique » que l'on a longtemps prétendu identifier. Le réalisme de son Enrôlement des volontaires de 1792 ou la qualité de ses portraits ont incontestablement contribué à la formation de la manière propre à son élève. La sympathie qui l'unit à Baudelaire à partir de 1860 inspire au peintre du Déjeûner sur l'herbe le prosaïsme apparent de certains sujets, des danseuses espagnoles à la scandaleuse Olympia, dont on devine l'intérêt qu'elle suscita chez l'auteur des Fleurs du mal. L'exposition fait également une place à l'inspiration religieuse longtemps occultée du peintre dont les Anges au tombeau du Christ présentés en 1864, bousculent l'esthétique saint-sulpicienne alors dominante en matière d'art religieux.

L'importance du voyage effectué en Espagne en 1865 est bien soulignée mais Le Fifre est rejeté du Salon l'année suivante. Il n'y a pas là de quoi décourager l'artiste, dont les scènes de corrida suscitent pourtant l'ironie des critiques raillant « des toreros qui feraient peur aux vaches espagnoles... » En 1869, le Salon accepte Le Balcon, qui fait écho à celui de Goya et met en scène trois personnages qui s'ignorent : le paysagiste Antoine Guillemet, la violoniste Fanny Claus et, surtout, Berthe Morisot dont Manet réalisera de nombreux portraits et qui épousera son frère en 1876.

Manet ne participe pas, à la surprise des critiques qui l'identifient un peu vite comme le chef de file du mouvement contestataire, à la première exposition « impressionniste » de 1874 et se contente d'adapter à ses propres projets les divers éléments qui composent l'esthétique nouvelle tout en subissant, dans sa palette, l'influence de Renoir et de Monet. Il reste fidèle au Salon officiel, se lie avec Mallarmé et se félicite des succès de la République de Jules Grévy tout en se tournant vers un naturalisme plus subtil que celui des romans de Zola. A partir de ce moment, qui le voit bénéficier du soutien de la galerie Charpentier, Manet se tourne vers les scènes de brasseries ou de café-concerts autant que vers les portraits de belles mondaines ou demi-mondaines. C'est également le temps où il réalise des natures mortes dont la fraicheur séduit le public même s'il ne s'agit là, pour le peintre, que d'un genre jugé mineur.

L'éxécution de Maximilien, le malheureux « empereur » du Mexique ou celle des Communards de 1871 entraînent l'artiste vers une peinture d'Histoire marquée du sceau de la tragédie. Le portrait de Rochefort et le Bar des Folies Bergères constituent les ultimes chefs-d'œuvre avant la disparition du peintre, survenue le 30 avril 1883.
Deux conférences de Pascal Bonafoux sur l'exposition
Exposition « Manet, inventeur du Moderne »
par Pascal Bonafoux le mercredi 6 avril 2011 à 15h00

Plus qu'une rétrospective monographique, « Manet, inventeur du Moderne » entend explorer et éclairer la situation historique d'Edouard Manet (1832-1883), entre l'héritage réaffirmé du romantisme, l'im... Accéder à la conférence
Exposition Manet, inventeur du Moderne
par Pascal Bonafoux le mardi 3 mai 2011 à 15h00

Plus qu'une rétrospective monographique, « Manet, inventeur du Moderne » entend explorer et éclairer la situation historique d'Edouard Manet (1832-1883), entre l'héritage réaffirmé du romantisme, l'im... Accéder à la conférence
 
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