Après le succès en 2010 de l'exposition « L'Or des Incas » La Pinacothèque de Paris présente au public un autre aspect des grandes civilisations précolombiennes en rassemblant – sous la direction scientifique de Sofia Martinez del Campo Lanz, éminente spécialiste de leur restauration – une collection de masques de jade mayas tout à fait exceptionnelle, qui permet de rendre compte des recherches effectuées au cours des dernières années et des résultats spectaculaires qui ont été obtenus. Les masques en mosaïque de jade qui constituent le cœur de l'exposition devaient assurer l'immortalité aux personnages d'exception qu'ils accompagnaient dans leur dernière demeure. On se souvient, à ce propos, du retentissement qu'eut, en 1952, la découverte du contenu de la crypte de Palenque, qui révélait, pour la première fois, que les « pyramides » mayas étaient aussi des tombeaux. On a découvert jusqu'à ce jour une quinzaine de ces masques, présentés pour la plupart d'entre eux à l'exposition organisée par la Pinacothèque. Un ensemble unique que les autorités mexicaines ont exceptionnellement accepté de présenter en Europe. Contemporaine de ces masques, la centaine d'œuvres réunie pour compléter la découverte des cosmogonies propres à l'univers mental et religieux des Mayas, sort également venues du Mexique pour la première fois.

Les Mayas se sont installés en Amérique centrale au cours du deuxième millénaire avant notre ère et ont occupé un espace partagé aujourd'hui entre plusieurs Etats, le Yucatan mexicain, le Guatemala, le Belize et le Honduras. C'est dans ces régions tropicales que fleurirent les cités-Etats de Chichen-Itza, Uxmal, Palenque, Piedras Negras, Tikal ou Copan. On sait également la place éminente qu'a occupée la civilisation maya dans des domaines aussi divers que l'astronomie, les mathématiques, l'écriture ou le calendrier. Mosaïque de principautés indépendantes les unes des autres, le monde maya atteignit son apogée entre le II^e et le X^e siècle de notre ère, période à laquelle appartiennent toutes les pièces exposées à la Pinacothèque.

On connaît les monuments impressionnants réalisés par les architectes mayas et découverts au XIX^e siècle par Stephens, Catherwood ou Désiré Charnay, mais ils ne doivent pas nous conduire à négliger le patrimoine considérable qui nous est parvenu dans le domaine de la sculpture, qu'il s'agisse des puissants reliefs de Copan, de Seibal ou de Palenque ou des précieux masques de jade pour qui les anciens Mayas avaient une prédilection particulière. Réservé à l'élite et étroitement associé au sacré, le jade était pour eux un matériau plus précieux que l'or et ils l'utilisaient, à partir de tesselles de pierres vertes dont ils adaptaient la taille et la couleur pour aboutir à des représentations naturalistes. Ces masques de jade ont été retrouvés dans des sépultures aristocratiques. Certains d'entre eux figurent les visages individualisés des dirigeants de la cité.

L'exposition présente aussi, outre les masques eux-mêmes, le reste du mobilier funéraire – pectoral, colliers, boucles d'oreilles, bracelets, céramique et autres offrandes – ce qui permet de réunir le contenu de six tombes. Les autres masques présentés évoquent des divinités du panthéon maya combinant des traits humains et animaux. Portés par des prêtres lors de cérémonies rituelles, ils leur permettaient d'endosser le visage du dieu et de se poser en intermédiaire entre les sphères terrestre et céleste. Autant dire que l'exposition présentée à la Pinacothèque ouvre sur une plongée tout à fait inédite dans l'au-delà des apparences, au cœur de la spiritualité insolite des Indiens de la forêt.