Le centenaire du festival de Vérone
C'est dans le grandiose amphithéâtre romain de l'Arena où se déroule son festival lyrique, que bat chaque été le cœur de Vérone, charmante cité vénitienne de Terre-Ferme qui connut son apogée du Moyen Age à la Renaissance. Il battra plus fort encore cette année à l'occasion du centième anniversaire de la création du festival qui coïncide avec le bicentenaire de Verdi...

C'est en 1549 que l'Accademia Filarmonica présente pour la première fois à Vérone une pièce, entrecoupée d'intermèdes musicaux : Il Geloso. L'auteur, le conteur italien Matteo Bandello, est connu pour une série de deux cent quatorze nouvelles dont l'une, rédigée en 1564, a inspiré trente ans plus tard à William Shakespeare son célèbre Roméo et Juliette. Une légende originaire de Vérone qui a fourni, au fil du temps, la matière d'une trentaine d'opéras...

Dès 1709, l'Accademia Filarmonica assure une saison musicale régulière, et le Teatro Filarmonico est inauguré en 1732 avec la création de Fida Ninfa de Vivaldi. Ce théâtre demeurera le centre de la vie musicale locale jusqu'en 1913, date de la création du festival, appelé à devenir l'événement majeur dans la vie culturelle de la cité.
Le festival est né d'une histoire d'amour inattendue. Le célèbre ténor véronais Giovanni Zenatello a épousé aux Etats-Unis, en 1913, la cantatrice espagnole Maria Gay, et il l'emmène tout naturellement passer des vacances dans sa ville natale. C'est là que les jeunes mariés rencontrent, au café de la Piazza Bra, l'impresario Ottone Rovato et le chef d'orchestre Ferruccio Cusinatti qui réfléchissent alors à la manière dont il conviendrait de célébrer à Vérone le centième anniversaire de la naissance de Giuseppe Verdi, le héraut de l'unité italienne, qui doit intervenir le 10 août suivant. L'idée de représenter un opéra du maître dans les gigantesques arènes séduit les différents protagonistes qui se rendent aussitôt sur place pour faire des essais de voix et d'acoustique qui sont rapidement jugés concluants.

Trois mois plus tard, l'anniversaire de l'auteur de Simone Boccanegra et de Rigoletto est célébré devant quinze mille spectateurs enthousiastes, avec une représentation triomphale d'Aïda dirigée par le chef d'orchestre Tullio Serafin, avec Giovanni et Maria comme interprètes des deux principaux rôles. Le succès est complet et, après la guerre, c'est de toute l'Europe que vont accourir les spectateurs pour participer à cette grande fête de l'art lyrique.

Divers instituts et associations ont successivement pris en main l'organisation du festival aujourd'hui dévolue à la Fondazione Arena di Verona, ouverte aux interventions privées. Une mutation qui a entraîné des efforts et des investissements qui se sont révélés payants puisque, dès 2001, un record d'affluence a été observé sur les gradins de l'Arena où, en 1947, Maria Callas a fait ses débuts. Les plus grands chefs, de Pietro Mascagni à Lorin Mazel, ont dirigé l'orchestre qui a triomphé – avec Aida, La Tosca ou Nabucco – lors de mémorables tournées à l'étranger, à Vienne, Tokyo, Mascate ou Louxor.

Cette année 2013 qui conjugue le centenaire du festival avec le bicentenaire de Verdi est l'occasion d'une programmation exceptionnelle qui entend bien atteindre des sommets pour rendre hommage à l'enfant chéri dont les chefs-d'œuvre ont tant de fois fait frissonner la foule sur les gradins de l'Arena.