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Inscription sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Unesco de la cité épiscopale d'Albi
Après le centre-ville du Havre reconstruit par l’architecte Auguste Perret au lendemain de la seconde guerre mondiale ou la ville de Bordeaux, riche de son admirable patrimoine architectural du XVIIIe siècle, ce n’est que justice de voir reconnu par l’Unesco l’intérêt majeur que présente la cité épiscopale d’Albi. Une décision qui a déjà assuré au chef-lieu du Tarn – riche de sa cathédrale Sainte-Cécile, de son palais épiscopal de La Berbie, de son église Saint-Salvy, de son hôtel de ville des XVIIe-XVIIIe siècles, de son Pont Vieux du XIIe et de son musée Toulouse-Lautrec – un accroissement d’un tiers de la fréquentation touristique au cours du dernier mois. Tournée vers les terres ensoleillées du Languedoc, cette ville déjà méridionale n’en conserve pas moins l’allure austère qui sied aux cités des hauteurs voisines du Quercy ou du Rouergue. La chaude couleur de la brique ne peut compenser l’impression de sévérité qui émane de la puissante architecture du château épiscopal et de la cathédrale, l’une des réalisations les plus ambitieuses du gothique méridional. C’est au confluent du Tarn et du Bondidou, l’un des petits affluents de sa rive gauche, que les hommes se sont installés sur le petit promontoire où un simple village gallo-romain allait devenir, au début du Ve siècle, le siège d’un évêché. Temps obscurs que ceux du Haut Moyen Age marqués par la domination des Wisigoths puis des Francs, et au cours desquels les chroniques ne mentionnent pas cette modeste localité. Il faut attendre le milieu du XIe siècle pour que la construction d’un pont permettant de franchir le Tarn entraîne la naissance d’un faubourg sur la rive droite de la rivière. Le centre ancien s’étend au siècle suivant. On ne sait ce qui valut à la ville que l’on donnât son nom aux hérétiques du Midi, généralement appelés « Albigeois » car, si saint Bernard vint prêcher en ce lieu, ce qui suppose la présence sur place d’un certain nombre de cathares, il est clair que ceux-ci ne constituaient qu’une petite minorité de la population puisque l’on estime qu’à la fin du XIIIe siècle, on en comptait environ cinq cents pour dix mille habitants. Les mots n’en ont pas moins la vie dure et, jusqu’au XXe siècle, on parlera de croisade contre les Albigeois pour désigner l’expédition militaire lancée en 1209 contre le pays cathare par le pape Innocent III. Les habitants d’Albi s’allièrent même à Simon de Montfort et obtinrent de lui de larges franchises, se gardant bien ainsi d’affronter les barons du Nord, auréolés de la sinistre réputation que leur avait value le sac de Béziers. Pour s’attacher l’évêque, les conquérants en ont fait le seigneur de la ville, ainsi soustraite à l’autorité du vicomte de Carcassonne, Raymond-Roger Trencavel, mort en prison à l’automne 1209. Les relations du seigneur-évêque avec les habitants ses ouailles se gâtèrent dans la seconde moitié du XIIIe siècle, ce qui explique la construction d’un palais épiscopal conçu comme une véritable forteresse, ainsi que les choix retenus pour l’édification, à partir de 1277, sous l’autorité de l’évêque Bernard de Castanet, de la cathédrale Sainte-Cécile. La ville souffrit des crises répétées des XIVe et XVe siècles. Comme l’ensemble du royaume, la région fut affaiblie par les fléaux que véhicula la guerre et par la répétition des pestes. La période 1450-1550 vit cependant le retour de la prospérité, fondée sur la production et le commerce du pastel et du safran, mais l’insécurité engendrée par les guerres de religion et les misères du premier XVIIe siècle eurent vite fait de ruiner les progrès ainsi accomplis.
Entamés en 1277 par Bernard de Castanet, les travaux de construction de la cathédrale furent financés par les ressources de l’évêque, qui draina vers sa cassette un quart des revenus ecclésiastiques fournis par son diocèse. L’utilisation de la brique comme matériau, de préférence à la pierre, familière aux architectes de la France septentrionale, permit des économies de temps et d’argent considérables. Il est également clair que le seigneur-évêque voulut affirmer – en se refusant à imiter les modèles architecturaux qui s’imposaient alors en Ile-de-France, en Picardie ou en Champagne, c’est-à-dire dans le domaine royal – une identité méridionale à laquelle étaient attachés les habitants de sa ville. L’austérité du monument participe par ailleurs au souci d’ascèse et de pauvreté qu’il convenait de mettre en avant si l’on voulait arracher les âmes des fidèles aux tentations d’un catharisme dont le succès tint pour beaucoup à l’humilité exemplaire de l’existence des parfaits. Les travaux furent terminés en 1390, mais ceux du clocher à l’allure de donjon, qui fait partie intégrante de la muraille urbaine, se poursuivirent jusqu’à la fin du XVe siècle. Les transformations intervenues au XIXe siècle, lors de restaurations nécessaires mais malencontreuses, ont quelque peu bouleversé l’équilibre général de l’édifice, mais sa structure essentielle n’en est pas affectée. Elle s’inspire d’innovations apparues à Toulouse au cours des décennies précédentes, notamment dans l’église des Cordeliers. L’absence de collatéraux fait disparaître ici les arcs-boutants caractéristiques des grands édifices gothiques du Nord de la France. Unité et simplicité commandent l’agencement intérieur de la nef, longue de quatre-vingt-dix-sept mètres et haute de trente. Outre un vaste ensemble peint du XVe siècle consacré au Jugement dernier, le décor de la cathédrale d’Albi vaut, malgré les destructions opérées lors de la Révolution, par près de deux cents statues investies d’une mission apologétique : affirmer par leur présence la puissance et la nécessité de la célébration divine. C’est ainsi que cette imposante cathédrale apparaît comme un instrument de combat et de propagande au service de la lutte contre l’hérésie, qui continue sans doute à troubler certains esprits jusque dans les environs de 1330.
Avec ses énormes tours Saint-Michel et Sainte-Catherine, le palais épiscopal dit « de la Berbie » apparaît comme une imposante forteresse et en dit long sur les craintes des évêques quant à la fidélité de leurs ouailles, toujours à la merci d’un réveil de l’hérésie. On ne peut abandonner l’Albi médiévale sans évoquer la collégiale romane Saint-Salvy, construite au XIIe siècle. Le clocher a été surélevé deux fois entre 1220 et 1240, puis à la fin du XIVe siècle, et ces rajouts ont été réalisés en briques, le matériau qui s’impose dans le gothique méridional. La tourelle qui le surmonte abritait un guetteur au moment où, avant la fin du XVe siècle, les étages supérieurs du clocher-donjon de la cathédrale Sainte-Cécile n’étaient pas encore construits et aménagés. Le XVIe siècle vit la construction de riches hôtels particuliers – tels que la maison Enjalbert, l’hôtel Gorsse et l’hôtel de Reynés – qui enrichissent également le centre ancien dont le caractère exceptionnel vient d’être reconnu par l’Unesco.
Pour visiter Albi avec Clio
FR 48 - 4 jours

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La cité épiscopale d'Albi sur le site de l'Unesco
Albi sur le site de l'Unesco

 
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