Malte
La longue histoire d'un minuscule archipel méditerranéen
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Situé à 35°53' de latitude nord et à 14°30' de longitude est, l’archipel maltais – qui comprend les îles de Malte (247 km2) et de Gozo (68 km2) ainsi que les petits îlots de Comino, Cominotto et Filfolla – occupe une position plus méridionale que celle de Tunis, à un peu plus de 300 km de cette ville et de Tripoli, à environ 80 km des côtes siciliennes. Placé à égale distance du détroit de Gibraltar et de l’isthme de Suez, il constitue – avec ses deux grands ports bien abrités qui encadrent le promontoire où a été édifiée la ville-forteresse de La Valette – un atout décisif pour qui entend s’assurer le contrôle de la Méditerranée, et toutes les grandes puissances qui s’efforcèrent, à diverses époques, d’imposer leur domination sur la mer intérieure tentèrent successivement de le contrôler. Ve millénaire avant J.-C. : Des groupes venus de Sicile, relevant de la culture néolithique de Stentinello-Molfetta débarquent dans l’archipel et y introduisent une agriculture et un élevage encore rudimentaires. Apparition des premiers hameaux formés de huttes à plan ovale. Fin du Ve millénaire : Apparition de statuettes votives et de poteries grises incisées, dites de Skorba I et II (identifiées sur le site d’un complexe religieux archaïque). -4000 -3500 avant J.-C. : Apparition des premiers sanctuaires mégalithiques présentant le plan trilobé caractéristique de l’architecture maltaise (à Zebbug). -3500 -3000 avant J.-C. : Sanctuaire de Ggantija (à Gozo) et hypogée de Hal Saflieni (à Malte) Vers -3200 : Sanctuaires de Mnajdra et d’Hagar Kim, dans le sud-ouest de Malte. -3000 -2500 : Temple de Tarxien (au sud de Malte) La civilisation chalcolithique qui est à l’origine de l’architecture mégalithique maltaise caractérisée par ses structures curvilignes et ses trilithes colossaux – une trentaine d’édifices est identifiée, dont cinq sont particulièrement bien conservés –, est d’autant plus impressionnante que ces réalisations ont dû mobiliser sur de très longues périodes une population qui n’excédait certainement pas, à l’époque, une dizaine de milliers d’habitants. La découverte d’obsidiennes provenant des îles Lipari ou de Pantelleria révèle par ailleurs l’importance des relations maritimes et commerciales en Méditerranée centrale en ces temps reculés. Statuettes de déesses-mères et figurations astrales et animalières témoignent de l’existence d’un univers religieux complexe. Vers -2500 -2000 : L’arrivée de nouveaux venus entraîne l’effondrement de la brillante civilisation des sanctuaires mégalithiques, en même temps que se généralise progressivement l’usage du bronze. À partir de -1600, l’architecture se réduit à l’édification de simples dolmens. Les envahisseurs détruisent les anciens sanctuaires et utilisent même les ruines du temple de Tarxien comme cimetière à incinération (culture de la nécropole de Tarxien) IIe millénaire avant J.-C. : Seconde culture de l’âge du bronze, identifiée à partir du site de Borg in-Nadur Fin du IIe millénaire : Culture du fer identifiée à partir du site de Bahrija. Elle est en pleine expansion à l’arrivée des premiers colons puniques au IXe siècle avant J.-C. IXe siècle avant J.-C. : Malte devient à cette époque un relais pour les navigateurs phéniciens qui s'installent au même moment à Carthage, à Pantelleria et en Sicile. Cette occupation phénicienne n'a laissé que très peu de vestiges même si certains pensent que la langue maltaise – qui est sémitique – tire son origine de cette lointaine présence phénicienne. On attribue également aux Phéniciens le nom de Malte (supposé issu de « malât », qui signifie « l'abri » ou « le port ») ; d'autres préfèrent retenir « melite », le nom que les Grecs auraient donné à l'île en faisant ainsi allusion à son miel, qui était réputé.
Vlle – Ve siècles avant J.-C. : Prépondérance grecque. La cité établie à Malte semble avoir bénéficié, si l'on en croit une inscription retrouvée sur place, d'un gouvernement comparable à celui d'Athènes.
Milieu Ve siècle – 218 avant J.-C.: Domination carthaginoise. L'île devient pour Carthage un entrepôt et un arsenal en même temps qu'une base précieuse pour la conduite des opérations engagées en Sicile. Un temple dédié Astarté s'éleve alors sur le site de Ta'Silg. Les Romains en feront un sanctuaire de Junon, que les premiers chrétiens transformeront en une église consacrée à la Vierge.
-218 avant J.-C. : Le consul Tiberius Sempronius s'empare de Malte, qui demeurera romaine jusqu'à la conquête arabe. La possession de 1'île constitue pour Rome un atout stratégique majeur lors des campagnes africaines qui conduisent à la victoire de Zama en -202, puis à la destruction de Carthage en 146. Les Maltais sont considérés comme « alliés » (socii) du peuple romain et l'île est gouvernée par un procurateur. Malte et Gozo reçoivent ensuite le statut de municipe. La paix romaine assure la prospérité de l'archipel qui, rattaché administrativement a la Sicile, maintient durant toute la durée de l'Empire une vigoureuse activité commerciale garante de sa prospérité.
58 après J.-C. : Naufrage de Paul de Tarse et de l'évangéliste Saint Luc en route pour Rome. Paul prêche l'Evangile et accomplit des miracles. Il guérit le père du procurateur Publius qui se convertit et devient, selon la tradition, le premier évêque de Malte. La christianisation de l'île semble avoir été assez rapide.
395 : Lors du partage de l`Empire romain qui suit la mort de Théodose, Malte est rattachée à l'Empire d'Orient.
Ve siècle : L'archipel est peut-être, comme la Sicile voisine, pillé et occupé quelque temps par les Goths et les Vandales. 869 : Ahmed, le fils de l’émir aghlabide de Tunis, débarque à Malte où il est tenu en échec par la garnison byzantine. Il faut l’arrivée des renforts venus de Sicile, conquise à partir de 827, pour que l’archipel tombe aux mains des Arabes en août 870. 1533 : Le Grand Maître Villiers de l’Isle-Adam promulgue des « statuts et ordonnances » appelés à remplacer la législation sicilienne qui avait cours à Malte. Institution du tribunal de la Castellania dont les habitants sont désormais justiciables. 1535 : Expédition victorieuse de Charles Quint contre Tunis. 1541 : Échec de l’expédition contre Alger. 1546 : Dragut, l’un des plus fameux corsaires passés au service du sultan, ravage Gozo et s’empare en 1548 d’un navire de l’ordre chargé des revenus des commanderies italiennes. Il échoue devant les remparts du Borgo en 1551, mais pille de nouveau Gozo. Août 1551 : Les chevaliers du maréchal de Valier abandonnent Tripoli à Sinan Pacha. 1553-1557 : Le Grand Maître Claude de la Sengle renforce les défenses de l’île. Août 1557 : Jean Parisot de La Valette est élu Grand Maître de l’Ordre. 1560 : Djerba, prise par les chrétiens, est immédiatement reperdue. mai-septembre 1565 : Le « grand siège » de Malte, au cours duquel Dragut est tué, se conclut sur un échec des Ottomans. La victoire remportée par les chevaliers au prix de très lourds sacrifices est saluée dans tout l’Occident. 28 mars 1566 : Pose de la première pierre de la nouvelle cité-forteresse qui porte le nom de La Valette, construite sur le mont Sceberras par les soins de Francesco Laparelli, architecte italien de Cortone. 7 octobre 1571 : Placées sous le commandement de Don Juan d’Autriche, demi-frère du roi Philippe II, les flottes d’Espagne, de Venise et du Saint-Siège, auxquelles se sont jointes quatre galères de Malte, sont victorieuses à Lépante de la flotte ottomane. 1592 : Fondation d’un collège jésuite à La Valette. 1614: Le Grand Maître Alof de Wignacourt, par ailleurs protecteur du Caravage (présent à Malte en 1607-1608), fait construire un aqueduc assurant l’approvisionnement en eau de La Valette. 1664 : Les galères de Malte se joignent à l’expédition conduite contre Alger par le duc de Beaufort. 1645-1669 : Guerre de Candie, qui se conclut pour Venise par la perte de la Crète. L’ordre de Malte a engagé huit galères dans la lutte. 1760 : Le Grand Maître Pinto de Fonseca rend aux Turcs leur navire-amiral conduit à Malte par des mutins chrétiens ; le temps de la lutte contre les Ottomans est bien révolu. 1768 : Le Grand Maître décide l’expulsion des jésuites. 1775 : L’ordre doit faire face à une révolte de la population maltaise conduite par le prêtre Mannarino. Une autre tentative d’insurrection a lieu en 1784. Les Maltais souhaitent le rétablissement du Conseil populaire supprimé lors de l’installation des chevaliers. 1775-1789 : Le Grand Maître Emmanuel de Rohan-Polduc (qui occupera cette charge jusqu’en 1797) aligne sa politique sur celle de la France. C’est l’aboutissement d’une tendance apparue dès la fin du XVIIe siècle, liée au fait que la France fournit à l’ordre la majorité de ses effectifs et de ses revenus. 1780 : 65 % des navires ayant séjourné à Malte sont français. 1783 : La perte de Minorque encourage le gouvernement anglais à s’intéresser à Malte. 1785 : Des chevaliers créent à La Valette une loge maçonnique. Août 1789 : L’abolition des privilèges prive l’ordre d’une partie de ses revenus, mais la mise à la disposition de la nation des biens du clergé, votée en novembre, n’est pas appliquée à l’ordre, grâce à l’intervention du bailli de Virieu, son représentant en France. 2005 : Malte rejoint l’Union Européenne. 2015 : Malte sort de la procédure pour déficit public excessif qui lui a été appliquée en 2013, après qu’elle a recouru exagérément à l’endettement pour faire face à la crise financière entamée en 2008. |